4- ^0^ N. / 9/ ^' p^:zo çu L> t-JH- C CD o ov->4 CD cr: 3 • 0 4 • çn ta a> <^ ro o H- o • 1-^ o SfJ »* 3 • t3« 3 _03 :t5 • *^ (DO UP P- C+tJ HWO) g (-•CO Pj@ • H. Hj (D (D • £3 O tS H" H' M m vjJI-» p O CD pi P « Q O H} f: VJI • CQ p: «H- ^^ c 3- CO tHf5 ra © ?■> p' m cl- W 4 CD H- • ^':;cn»c+^ <• p cf CD*C <<} H- <0 -»a> (0 pj O -»• {; CD -* a P< 03 S o tj c» o p • o H • . U 4 p H 1 tri CD H' ce p HHCD p. HO !3 CD hS • c1"& CD -»P t-J H ■t-^:z m h" ti o X et! N CO • h* O*. O P» 3 Si o o <^ ■^ d/'^' Cfï-^-T^Si^' S \ -f r^ 4 Jfio'K^ i! ^ MONUMENS AUTHENTIQUES DELA ^ RELIGION DES GRECS. E T D E LA FAUSSETE ^ DEPLUSIEURS CONFESSIONS DE FOI DES CHRe'tIENS ORIENTAUX: Produites contre les Théologiens Reformez , par les Prélats de France Se le^ Dofteurs de Port-Roial , dans leur fameux Ouvrage de LA PERPETUITE' DE LA FOI DE L'EGLISE CATHOLIQUE. Le tout démontré far des "Preuves "Juridiques , tirées des Manufcrits Originaux d^uu Concile de Je'- rufaler/i isf de deux Synodes Grecs , accompagnez d' uneT'raduétion Franfoife , ^ deplufieurs Let~ ires Originales Anecdotes , écrites en diverfe s Langues , ^ jointes à des Mémoires fécrets des Ambajfadeur s Chrétiens a la Porte Ottomane ^ à des Relations fort curieufes des Nonces Âpojîo- liques en Orient , ^ à diverfes autres Pièces très Authentiaues , qui jervent à détruire plus de cinq cens faux témoignages , emploiez dans les Controverfes au Clergé de France , contre les Re- formez, à établir la vérité de tous les principaux Dogmes que les Protejlansfoûtiennent contre l'Eglife Romaine,^ à faire voir ce qu'ils ont de conforme avec la Créance des Grecs pon Latinijez. Parle Sieur J. AYMON jMiniftre du Saint Evangile , & Doékur es Droits. A L A H A Y E; Chcz CHARLES D E L O , fur le Cingel , à l'Efpérance. M. DCC. VI IL y> ^<^ A'S" û-^-P Â. aHui . O.I 7 J il AH 3 SD.O v INDICE GENERAL Des principaux Manufcrits Originaux , 8c autres Pièces Authentiques , dont le contenu fe trouve dans cet Ouvrage , avec une Diflcrtacion Préliminaire très importante. VIngt-fept Lettres anecdotes ii? Cyrille Lucar , Patriarche Grec de Conjîantim- ple , tirées des Manufcrits Originaux , Grecs , Latins , y Italiens , qui n'a- -joient jamais été mis au jour , Q qui font tous écrits ^ ftgnez de fa propre main. La première de ces Lettres ejl adreffée aux très Magnifiques Seigneurs , Sénateur i 13 Gou-verneurs de la République de Genève , i^ aux très Vénérables Pajîeurs, Doéîeurs (^ Profejfeurs des Eglifes 6? Académies du même Etat , Page i La féconde eji adreffée à Mr. Diodati , Profejfeur en 'Théologie à Genève ^ T.y ^ La troifiéme eft cidrejfée au très illuflre George Abbat , Archevêque de Cantor- beri en Angleterre , 44 La quatrième ^ les V I L fuivantes ^ font adrejfées à Mr. Antoine Léger, Mi- mflre Réformé £5? Pafleur à Galata de Conflantinople ^ ^G.jufques à 121 La douzième 6? li^ treizième font adrejfées à Mr. Uytenbogaert , Miniftre y Pafleur à la Haie en Hollande^ ixj.jufques à igo La quatorzième (3 les X II L fuivantes , font adreffées ^M;'. David Le-Leu de "Wilhem , Confeiller du Prince d'Orange à la Haie ^ ijzfufqu'à 199 Il y a une partie de ces Lettres qui font écrites du Grand Caire en Egypte , £5? ^'Alcp ; les autres font fl^'Aléxandrie , de Conftantinople , de Tenedo , de Chio , de Rhodes , ^ de divers autres Pais du Levant , oh ce Patriarche fut obligé de fe trouver pour des affaires très importantes concernant la Religion ^ de- puis Tan 161 8. jufques à 1638. La Confeffion de Foi des Eglifes Grecques Orientales , tirée de ^Original d'un Ma- iiufcrit Crée du Patriarche Lucar, 237 Le Concile Grec de Jtrufalem , mtitulé , Bouclier de la Foi Orthodoxe , CJ" ApO' logte de la Créance des Grecs , faite Van 16'jz.fous le Patriarche Dofithée , par les Grecs de ladite Fille , £s? autres.^ 2.^^ Le Synode Grec de Conftantinople , affemblè par la faclion de Cyrile de Berce An- tipatriarche de cette Ville .f Van 1658. 319 Le Synode Grec de Moldavie , affemblè Van 1642. par la Cabale de Parthenius Expatriarche de Conftantinople^ de'pofé trois fois de fa Dignité .^ 33f Les Remarques très néceffaires de V Auteur fur tous les Décrets Synodaux de ces trois Conciliabules^ ta fur les contradiclions ^ fauffetez très manifcft es qu'ils contiennent , page 161. jufques à 475'. , (^ principalement dans les pages 267. 269.275. 280. 287. 292. 500. :?io. 511. 322. 525. 525-. 337- 539- 340- 344. 346.3^3.3^5-. 357. 3^3- 565- l66. 37J. 377. 37S- l^o. 385. 388. 390. 448. 455. 473. 474. 475-. Les Décrets d'un Concile de 338. Evêques Grecs qui nient la Prefence réelle de Jé- fus Chrift dans VEuchariftie , 408 _^ . Les Extraits de plufteurs Homélies d'un Patriarche Grec , approuvées par les Grecs •^ Orientaux , 284. Diverfes Remarques là-deffus , iS^. jufques à 298 Les Relations très importantes ^ curieufes de plufteurs Complots des Jéfuites de * a Con- CoufianiiiiDph contre la , Grecs 6? conire les Rêfortncz , avec riJiJlohe de leur b-Miiffhnent de tous les Etats du Grand Seigneur^ zoi .juf^ues à z^^ Les InfiruaioHsi^ Mémoires d'un Cardinal^ données à trois Emijfaires de la Cour " de Rome , touchant ces pernicieux complots, ^ m Le Mandat Impérial du Grand Seigneur , touchant un Privilège qu'il accorde aux François , foi'.s f, étexte que leur Religion ^ celle des Jéfuites ejl incompatible avec celle des autres Chrétiens, 2.35 Les Barats , ou Patentes du Grand Seigneur y touchant les Privilèges qu'il accorde aux Patriarches Grecs dans fes Etats , 486 ta Lettre très importante d'un Patriarche de Conftantinople nommé Denis de La- rifle contenant la Réfutation des calomnies d'un Ambajfadeur de France , qui a blatné y d'une manière outrageante, les Etats Généraux des Provinces-Unies des Pais-Bas , i^ tous les Réformez , fur des matières de Religion , touchant lef- quelles ce Patriarche Grec fait leur Apologie , 485 J La Lijîe , VAnalife 13 l^ Réfutation d'une quarantaine de fauffes Confeffions de K Foi , produites contre les Réformez , par les Prélats de France , £5? attribuées aux l Grecs Orthodoxes , de même qu'aux Mengreliens , Géorgiens , Nejloriens , Arme- ^**««, niens , Indiens , Ethiopiens , Cophtes , Melchiies , Maronites (3 autres Peuples Chrétiens, fèparez de la Cof?imunion de l'Eglife Romaine, ^çfj. jufques à ^01 Les Relations de Mr. de Nointcl Ambaffadeur de France , à la Porte Ottomane y. (3 celles de trois Nonces du Pape touchant la Religion des Orientaux, la craf- fe ignorance des Prélats , des Moines 6? de tout le Clergé Grec , 82. 427. 428 429. -464. 465' 466. Divers extraits de Lettres & de Mémoires adrejfez aux Doc~ îeurs de Port-Roial , concernant la Religion des Grecs, 11, 15. 58. 61.72.75'. III. 115. 168. 201. 211. 214. >//^«'^ 256. 513. 515-. 525. 357. 368.371. 599.405. 414. 419. ^zô.Jufqu'à A37. i^^l.juff/u'à foi. La Bulle très Authentique du Patriarche de Jérufaleni Neftarius , dans laquelle il s^infcrit en faux conire tout ce grand nombre de Confeffions de Foi , fuûtenant eue les Prélats de France n'ont obtenu aucun certificat par écrit , de la Crèan- ■ ce des Grecs Orthodoxes , 13 que tout ce qu'ils produifent fur cela , contre les Réformez , efl très faux , _ ^ 492: Il y a dans la produHion de ces Attejîations, compilées dans le grand Ouvrage de la Perpétuité des Doreurs de Port-Roial , plus de cinq cens faux témoignages marquez depuis lapage/^fi . de ce Folume , jufques à la f 01., ^ plus de mille im- pofliires démontrées dans les pages "i,^. 40. 262. 265-. 266. 269.271. 278. 280. 282.286.288.292. 297. 310. 3ti.3i8. 319. 320.321.325-. 316. 336. 337. 338. 339. 340 345". ;«/^m^ 35-8. & 363. 365-. 366 371. 377. 379. 380. 386. 388. 448. J^^J^. jufques à ^60. & 473. 479 ù^f^o. jufques à 501. Les Démonfîratmis de tout cet Ouvrage font fondées fur les meilleurs Aphorifmes de la Jurifprudence , mis depuis la page ^oz. jufques à In 5'28. La "Table Alphabétique des principales matières qui font contenues ■ dans toutes les parties de ce Folume , eft placée fur la fin , après la page 528. On y a mar- qué fort amplement , dans une vingtaine de pages , non feulement ce qui cfl expli- qué dans les Chapitres , les Paragraphes 13 les yîlinea de tous les feuillets } v mais auffi tout ce qu'il y a de plus fpécifique 13 àe plus remarquable dans chaque Période. D I S. s DISSERTATION PRELIMINAIRE. 'Hiftoire 8c l'expérience nous apprennent , que fi la Vérité , toute aimable Sc toute éclatante qu'elle eft , n'a jamais pu diflipcr entièrement les ténèbres de l'erreur , les artifices du menfonge n'ont pas auffi pu éteindre par tout , ni pour toujours , la lu- mière de la Vérité: cependant, on a vu que pour des opinions doutcufes Se quelquefois é- galcment fauflés , les hommes Ce font ftit la guerre aufli-bien dans la Chrétienté, que dans IcPaganifme; fans qu'un Parti ait jamais pu réduire l'autre à avoir les mêmes fentimens. Si l'on demande d'où vient cette étrange variété qui fe rencontre dans les Dogmes de la Religion , comme dans les au- tres Sciences : puifque les hommes participent tous à la même raifon ? l'on répondra qu'elle peut venir de la diverfité d'Education , oii de la différen- te difpofition du tempéramment , ou des paillons Se des intérêts qui ne font pas les mêmes , ou de l'ignorance de ceux qui jugent des chofes qu'ils ne con- noiffent point, ou enfin de quelque diverfité qu'il y a dans les eiprits, parles diffcrens raions de lumière qu'ils' reçoivent naturellement, ou furnaturellement. Cela étant ainfi , l'Equité naturelle demande qu'il foit permis à tous. ceux qui ont des opinions différentes , de chercher les éclairciflcmens qui leur font néceffaircs , dans tous les lieux , èc dans tous les ouvrages , où les différens Auteurs ont répandu quelque lumière fui- les matières de Controverfc ; puifque ce n'eft que par l'examen des difputes que les Grecs & les Romains , les Philofophes & les Théologiens , tant anciens que modernes , ont découvert mille véritez importantes , qui font très utiles à la Religion, & aux Etats qui en fçavcnt profiter. * On ^. DISSERTATION On peut même dire , qu'après l'admirable Révolution qui arriva dans l'Em- pire Romain , lors que la Religion Chrétienne y devint la dominante , par un cfiet extraordinaire de la Providence j les difputcs des Philofophes , 6c la liberté qu'ils prcnoient d'examiner tout , ne contribuèrent pas peu à difpoler les hommes à cmbrafler l'Evangile. A force de raifonncr Se de le réfuter mê- me les uns les autres , ils reconnurent la plupart des défauts du Pjganifme , 6c découvrirent des véritez dont les Chrétiens fe fervirent enfuite très avantageu* fement contr'cux. C'eft ce que l'on peut voir dans les plus anciens Apologiftcs de la Religion Chrétienne , qui ont ramafle une infinité de paflages des Philofophes Grecs 6c Latins , par lefqucls ils ruinent le Paganifme , 6c ctabliflcnt les Dogmes de l'Evangile , d'une manière à laquelle les Paiens n'avoient rien à répliquer de raifonnabic. Mais dans la fuite du tems , les Aflemblées des Fidèles fe trouvèrent com< polées d'un fi grand nombre de Juifs 6c de Grecs , dont les Préjugez 6c les fcn- timensétoientdifFérens Scoppolezles uns aux autres, qu'ils excitèrent dans le Chrif- tianifme des dilputes fi violentes, que jamais les Puiilanccs Souveraines 6c Poli. tiques , ne purent trouver le moien de les terminer : non plus que les Doéfceursdc l'Eglife , ni les Théologiens, qui depuis le tcms des Apôtres, jufquesàccjour, n'ont point ceflede difputer , 6cde fe faire une efpéce de guerre les uns aux autres. Ces difputes auroient beaucoup pu fervir à réduire la Théologie Chrétienne aux idées de fes premiers Fondateurs , 6c à les mettre dans leur véritable jour; fi ceux qui avoicnt le plus d'autorité 6c le plus grand nombre de Seftiteurs , n'avoient emploie que des raiions contre leurs Avcrlaires ; car on auroit enfin reconnu le fond des chofes , en les éprouvant toutes , par une difcuflîon bien éxaétc , fuivant le confeil de l'Apôtre , i. "ïhejf. ch. 5. verf. ai. pour ne rete^ nir que ce qui ejl bon. Mais au lieu de cela le Parti qui le trouvoit le plusfoi* ble étoit accablé d'excommunications par celui qui ctoit le plus fort. Quand les Empereurs furent devenus Chrétiens , les Anathêmes fe trouvèrent fuivis de confifcations , d'emprifonnemens 6c d'exils. C'tll pourquoi bien loin d'éteindre les difputes , des traitemens fi durs ne fervirent , au contraire , qu'à ir- riter davantage les efprits , en empêchant que ceux qui étoient en divifion jouif. fent de la liberté néceflaire pour découvrir , ou pour expliquer h vérité. Ce qui fe trouvoit autorilé par le plus grand nombre des Evcqucs , ou par le pouvoir des Empereurs , avoit le dellus , 6c l'on taifoit d'étranges Cabales, pour gagner les uns 6c les autres. Après quoi , il ne s'agiflbit plus que de chercher les moicns de defFcndrc les Dogmes qui avoient prévalu , 6c que l'on n'avoit plus la liberté d'examiner , fans s'expofcr aux peines que l'on failoir fouftrir à ceux que l'on nommoit Hérétiques; c'eft à dire à ceux qui ne fe foû> mettoient pas à l'autorité du plus grand nombre. L'Univers vit commettre , depuis ces malheureux tems , des cruautez effroia- blés. On foûtenoit des fiéges dans les Monaftéres , on fe battoit dans les Con- ciles , on entroic à main armée dans les Eglifes , on traitoit avec la dernière rigueur tous ceu.s que l'on foupçonnoit de favorifer des opinions , qui fouvent n'étoient entendues de perfonne , non pas même de ceux qui les deftendoicnt avec le plus d'entêtement 6c d'opiniâtreté. Il ^ PRELIMINAIRE. 3 Il falloir avoir beaucoup de courage & de confiance, pour abandonner le gros parti. Ceux qui ic donneront la peine de lire , avec quelque loin , THilloi. re des difputes concernant V Iconomachie , ou le Culte des Images , Se celle des conteftations qui ont produit la divifion Se la rupture entre TEglife Grec- que Se l'Eglife Romaine, y trouveront des exemples très remarquables de ce que nous venons de dire. Les difficultez inlurmontablcs qui fe font rencontrées dans toutes les diverfcs tentatives qu'on a faites pour ctoufter ce Schifme , font bien voir que fi l'en- têtement Se les préjugez ne damnent pas , ils font au moins très dangereux. On y remarque auffi d'autre part , que dans les occafions où des Théologiens éclairez Se dont l'imagination n'eft pas cchauffce par l'cfprit de parti , ou par la difputc , ne font pas difficulté de révoquer en doute des coutumes publi- ques Se de nier des faits conftans , on a raifon de dire qu'ils iont pouffez par \dcs motifs plus odieux que l'opiniâtreté Sc la prévention. Voila pourquoi la mauvaile foi qui fe trouve dans le procédé des Controver- " fîftes les plus modérez Se les plus judicieux , qui ont entrepris , ces dernières années , de foûtenir plus fortement que jamais , les dogmes erronez Se les pra- tiques idolâtres du Papilme , eft non feulement une violente prélomption de leurs pernicieux deffeins ; mais auffi , une preuve allez forte pour démontrer clairement Se d'une manière invincible, que l'Eglife Romaine eft bien différen- te du véritable Chnllianilme , puifqu'elle ne peut être deflenduë que par des voies obliques , Se par des moiens tout à fait injuftcs. L'Eglile Gallicane qui a dans fa dépendance une grande partie des plus beaux Etats, où l'Empire Papal ait établi fa Domination d'une manière Dclpotique, par Ja ruine fatale des Eglifcs Réformées, qui étoient alors les plus floriflantes , nous fournit aujourd'hui toute leule plus demonumens delà Tyrannie Se de la mau- vaife foi des Hérauts Se des déftnleuis du Papilme , qu'il ne s'en trouve dans toures les autres parties de l'Eglilc Romaine. On en fera facilement couvain» eu par les réflexions fuivantes. "Tous ceux qui ont recherché la principale caule des grandes Révolutions , donc les Proteftans ont reçu plus de préjudice que tous les autres Peuples de l'Eu- rope , dans le Siècle paffc , reconnoiffcp* maintenant par une funeffe expérien- ce , que la deftruèlion des Réformez de iMance étoit rèfoluc depuis la Paix des Pyrénées , Se nous pourrions faire voii , s'il étoit ncceflviire , que c'étoit une des conditions iecrcttes de ce Traite. La difficulté confiftoit à exécuter ce deffein , fans exciter de guerre civile, fie fans allarmer les Princes Proteftans. C'cft pourquoi les Politiques prirerit des raclures fort juftcs , pour affoiblir infenfiblement les Réformez de ce Roi- aumc , Se pour endormir , ou diviler les Puiiîanccs étrangères de leur Com- munion. Perfonne n'ignore quel en a été le fuccès ; mais il eut été plus avantageux pour le Papifmc, fi les Théologiens, qu'on cmploioit pour foûtenir la caule deRo4 me, avoientpûaufiî-bienréiiffirquelesfaifcurs de Propofitions, Se les inventeurs d'Arrêts. Cependant , on peut dire qu'il n'a pas tenu aux Dodteurs de l'Egli- fe Gallicane que les chofes ne foient mieux allées , Sc que s'ils n'ont perluadé perfonne, ce n'eft pas faute de capacité. * 2. Mr. 4 DISSERTATION Mr. Arnaud ^ dont le nom feul fait fon éloge , grand Philofophc , excel' lent Mathématicien, fçavant dans les Pérès , bien verfé dans l'Ecriture, & l'un despremiers Ecrivains de Ion Siècle , qui aremporté de mémorables viétoires fur des adverlaires très redoutables de fa Communion , fut le premier d'cntr'eux qui eflaia de donner un nouveau tour aux Controverfes. Néanmoins , avec tant de belles qualitez , il ne pût faire autre chsle que de répéter en diverfes occafions , dans fa Perpétuité de la Foi de r Egl'ife Catholique touchant VEucbariftie. Que prélentement la Tranflubftantiation étant la Doctri» ne commune de l'Eglife , il s'enfuit qu'il n'y a jamais eu d'autre créance; par* ce qu'il n'cft pas concevable que tous les Chrétiens fe tuflent accordez à chan- ger de fcntimenc ; & que fi cela s'étoit fait, il faudroit qu'on pût marquer un certain tems auquel l'Eglife Univerlellea varié lur ce point, ou quand 8c com- ment chaque Eglife particulière eft venue à corrompre l'ancienne Doctrine. Il efi; étonnant qu'après tant de preuves de fait , que Mr. Jubcriin avoit allé»/ guées dans un gros volume in folio de la créance des Saints Pérès , un Argumeniil métaphyfiquc ait fait fi grand bruit, & reçu des applaudiflémens fiuniverfels de toute la Communion Romaine. C'eftune marque prefque certaine de la foibl'ef-. fe d'une caufc , de voir ceux qui la foûtiennent éblouis du moindre fophilme, 2c triompher dans leur imagination fur une légère apparence de vérité. Il ne fallut pas de grands efforts pour abattre ces Trophées chimériques. Les Proteftans n'eurent qu'à montrer que ce raifonnement fuppofe qu'aucune erreur ne peut s'introduire infcnfiblement dans le monde , ni être embraflée par une Société nombrcufe , fans qu'on s'appcrçoive de fon origine : ce qui eft très faux; puifqu'à force de recherches , les Théologiens Rctormez font venus à bout de découvrir l'origine du Dogme prodigieux de la Trandubftantiation , & qu'ils ont montré comment les cxprcffions énergiques des Pérès , touchant l'Eucha- riftie , ont fait naître , durant les Siècles d'ignorance , l'idée obfcure de quel- que changement incomprchenfible , ou de quelque opération miraculeufe tou* chant l'humanité & la prélence réelle de Jé(us Chrirt dans ce Sacrement. Ils ont même marqué les Auteurs des deux opinions contraires au fens de Fi- gure & de Vertu: fçavoir XzConfiibftantiation^ ou l'union du Pain Se du Corps de Jéfus Chrift , laquelle ''Jean Damafcéne commença d'cnfeigncr publiquement en Orient l'an 778 tcXzT'ranJfubfiantiation , ou le changement de la fubltance de l'un en celle de l'auire , que Pafchafe Ratbert publia le premier , dans l'E- glife Latine en 818. Ainfi tout le fruit que les Catholiques Romains de France retirèrent de cette Dif- pute , fut de voir leur Hetïor terralîé par un Miniftre , qui remporta la plus belle ré- putation que jamais Théologien Reformé fe foit acquile ; car Ion Antagoniftc qui avoit de très beaux talens pour la Controverfc , ne manqua pas d'cmploier fon grand fçavoir & toutes les forces de Ion efprit pour le réfuter, icUement qu'on vit de part & d'aut^re dans le cours de cette fameule conceftation, tout ce que le génie, l'cloquenc'e , la leéturc & la Logique peuvent fournir de plus brillant , & de plus fort. Tout cela fit fentir à l'Eglife Romaine qu'elle rifquoit à perdre fon crédit, dans Tefprit de toutes les perlonnes judicicufes ôc équitables , fi on en venoit à la difcuflîon des Dogmes. C'eft pourquoi fçs Avocats prirent le parti des chi- caneurs. PRELIMINAIRE. y câncurs , £c le retranchèrent dans des tormalitez, des prefcriptions, & des fins de non recevoir: fur quoi elle prétend que fes adverfaiies font condamnables , fans qu'il foit néceflaire d'examiner qui a droit, ou tort dans le fond. M. Nicole fe chargea de plaider cette partie de la caufe , & il s'en acquitta dans fcs Préjugez légitimes contre les Calvinïftes , avec tout l'artifice 6c toute l'élo. quence qu'on pouvoit efpércr d'un difciple, ou d'un ami de Mr. Arnaud. 11 arriva dans cette conjoncture , que les Janféniftes eurent malhcureulement du dcflbue à Rome 5c en France , dans la célèbre querelle des cinq Propofi» rions , que le Pape condamna, & s'étant retranchez à dire qu'elles n'étoient pas dans r Augnflin de Janfénius ^ quoi qu'elles y fuflent véritablement , il s'enfuivoit de là que le Pape , ni les Conciles , n'étoient point infaillibles dans les faits : de forte qu'ils pouvoient condamner des gens comme Hérétiques , qui ne l'é- ^toient point du tout, en leur imputant des opinions qu'Us n'avoient jamais cn- feignées , 6c qui ne fe trouvent point dans leurs Livres. Non feulement les Janféniftes virent la confcqucnce ; mais ils la foûtinrent hautement, 6c avancè- rent plufieurs principes qui détruifcnt l'autorité de l'Eglife 6c fon infaillibilité. Les Proteftans François s'apperçûrent auflî-rôt de cette contradiction de Doc- trine , entre l'Auteur des Préjugez 6c fcs Amis , 6c ne manquèrent pas de les poufler ju(qu'à-ce qu'ils en vinrent aux prifes. Mr. Pajon Miniftre d'Orléans le fit , après avoir montré , avec Ion efpiit 6c fa pénétration ordinaire , que les argumens de l'Auteur des Préjugez font plus forts contre le Chriftianifme dans la bouche d'un Juif , d'un Païen , ou d'un Mahométan , que dans celle d'un Catholique Romain contre les Reformez. Environ le même tems , Mr. Claude répondit à Mr. Nicole , d'une manière directe , en montrant que l'excès de corruption , où la Doétrine 6c le Cul« te de l'Eglile Romaine étoienc montez , avoit obligé nos Pères à examiner déplus près la Religion , 6c par confcquent à fe féparer d'une Société , qui vouloit les forcer à recevoir, fous peine de damnation , une Créance 6c des Pratiques toutes oppofées à l'Evangile. Cela iuffifoit pour donner fujet aux Catholiques Romains de fe repentir d'à. voir donné ce tour aux Controverfes. Mais comme c'étoit là leur dernier re- tranchement , ils n'eurent garde de l'abandonner ; de forte qu'ils continuèrent à tourner leurs préjugez en divers fcns , 6c à les propofer avec autant de confian» ce, que fi on ne les eût jamais réfutez. Ces méchantes défaites plurent même fi fort à l'Aflemblée du Clergé de Fran. ce de i68i qu'elle en fit XVI. Méthodes de prefcription , fur le plan def- quelles on devoit travailler à la Converfion des Réformez. Bien plus , ces Mcflîeurs les crûrent fi convaincantes, qu'ils demandèrent au Roi qu'on en fie fignifier une copie à tous les Confiftoiies , s'imaginant peut-être, qu'ilyauroit des Miniftres 6c des Anciens , qui fe laiflèroient éblouir à ces illufions , ou épouvanter aux menzccs de l'Averti ffementPaJloral conçues en ces termes. Si vous refufez de nous obéir coraine cette dernière erreur fera pire que la premiè- re , ainji vos derniers malheurs feront pires que les premiers. Pour réuffir avec plus defuccès.l'Intendant ou quelqu'autreCommiflaireduRoi, alloit les Dimanches accompagné de quelques Eccléfiaftiques députez par l'Evêquc du Diocéze , 6c d'un ou de deux Notaires Apoftoliques , fignifier cet Ecrit aux Con- ? 3 lîlloircs , 6 DISSERTATION fiftoires.en femer plufieurs exemplaires parmi le peuple, & leur faire des harangues , pour les exhorter, de la part du Roi, à rentrer dans la Communion Romaine. Tout cela ne fcrvit de rien , car Mr. Pajon fit d'abord des Remarques fur cet Jvertijfement Sc fur ces Méthodes, & adrefla une Lettre à Meilleurs du Clergé, oii l'on ne voit pas tant de figures de Réthoriquc , à la vérité ; mais beaucoup plus de bon fcns 8c de folidité. Mr. le Do£teur Burnet , à prélcnt Evêque de Salisbury , qui a toujours fait "loire d'aller au fecours de fes frères affligez , voiant la plupart de nos Minif« ?res hors d'état de fe défendre , fe donna la peine d'examiner le Livret des Pré- lats de France, Se le réfuta. Enfin, Mv.Jurieu leur répondit par voie de ré- crimination , dans fes Préjugez, légitimes contre le Papifme, qu'il propofa au nombre de XIX. êc qui font autant de Méthodes , dont la moins plaufible a plus de force que toutes celles du Clergé. Ceux qui voudront fçavoir plus en détail ce que les Prélats de France firent/ en cette occafion , 8c les mouvemens extraordinaires qu'ils fe donnèrent pou( obliger le Roi à foûtcnir par la force & par la violence , l'éxecution de tous les projets qui pouvoient fervir à la deftruétion des Réformez , n'ont qu'à con. fultcr rHiftoirc de la Révocation de V Edit de Nantes , compofée fur de très bons Mémoires , 8c avec beaucoup d'ordre, de clarté 8c d'éxaditude , par Mr. Benoijî .., Pafteur de l'Eglife Wallonne de Delft en Hollande. Jamais il n'y eût dans le Chriftianilmc un fpcélaclc plus aftreux que celui qui parut dans cette occafion. Oa vit des Prélats accompagnez d'un grand cortège de Moines , paroîtrc en habit militaire à la tête des Armées , 8c enfui- te revêtus des habits Sacerdotaux , publier des Edits fanguinaircs : donner les ordres du Roi aux troupes , 8c bien-tôt après déclarer aux peuples les volon- tez des Partilans du Pape: porter le Cafquc après la Mitre, la Hallebarde après la Croflc , 8c l'Epéc après l'Encenfoir : fervir cour à tour au Camp 8c à l'Autel, pour arborer l'Etendard de la Papauté, de cette Reine fuperbe , qui eft la Mé. re des abominations , avec les Enleignes des Fleurs-de-Lis. Le zèle outré des Scythes pour leur grande Diane , 8c la faufie dévotion des Carthaginois pour leur Saturne, les fit paflèr pour les plus barbares 8c les plus cruels- de tous les hommes ; mais on peut dire , fans rien exagérer , que toutes ces cruautcz exercées dans les ténèbres du Paganifmc le plus groffier , font moins que rien en comparaifon de ce déluge de fang , dont l'ambition des grands , infatuczdu Papifme, a inondé tant de fois la Chrétienté. Les cruautez exercées depuis fi long tems pour foûmettre à l'Egliie Romai- ne tous ceux qui n'ont pas encore voulu fubir foii joug , font quelque chofc de fi aftreux, qu'on auroit de la peine à croire l'Hirtoire des horreurs des Siè- cles paflèz, s'il étoit poflïble de douter de ce qu'on voit encore aujourd'hui. L'Empire dcfolé , les Peuples révoltez , l'Europe en trouble par la Guerre très fanglante que font les Rois 8c les Princes Liguez en faveur de la Monar- chie Papale , font les funeiles malheurs que produit maintenant la Religion Romaine , prétendue Catholique , pour achever de fe foûmettre les Trônes 8c les Couronnes des Etats Souverains , oii fes Emiflaires trouvent le moien de jetter les femences de la difcorde pour les ravager entièrement. Les Nonces du Pape , 8c les Ambafladcurs du Roi de France , font les prin- cipaux PRELIMINAIRE. 7 cvpaux inftrumcns que l'Antichriftianifme fait agir pour cela , non feulement: dans les Cours de l'Europe, mais aufll dans l'Afîe , auprès du Grand Seigneur & des Princes Mahométans , qu'ils portent facilement à la perfécution & à la lirannie contre ks Chrétiens fujets de l'Empire Ottoman , quand ils refufent de favoritcr l'Eglifc Romaine dans fes prétentions, fur les matières de Religion. Pour être parfaitement convaincu de cela , on n'a qu'à jetter les yeux fur l'Hiftoire des Schifmes qui font arrivez entre ks Eglifes d'Orient & l'Egliie Romaine. On trouvera, fans remonter jufqu'à la première Epoque de ces dif- putes, que depuis le commencement du quatorzième Siècle de l'Ere Chrétien- ne , jufqu'à la fin du quinzième , il y a eu X I V. Patriarches Latins intrus dans le fiégc de Conftantinople par les intrigues , par les rufes, .& par la vio. ^lence du Papifme , Se que durant tout ce tems là il n'y a eu qu'une douzaine de véritables Grecs fur le même fîège , qui aient pu le tenir attachez à la Communion des Eglifes d'Orient indépendantes de la Papauté. Encore ne faut-il ^as s'imaginer que ceux d'entre ces Patriarches qui ont eu le courage de s'op.. 1 pofer aux ul'urpations des Papes , ou de rcjettcr les erreurs Se les abus de l'E- ^ glife Romaine , foient demeurez paiflbles pofTefleurs de leurs Charges , ni croi- re qu'ils aient pià éviter les pièges que la Cour de Rome leur a fait tendre par fes Emiflaires , qui ont toujours été foûtcnus dans les Etats du Grand Sei.. gneur , par les Ambafladeurs de France. On ne fçauroit trouver dans toute l'Hiftoire des Eglifes de la Grèce , un exemple plus mémorable des horribles attentats des créatures de la Cour de Ro. me Se de celle de! France , que celui de la mort tragique du Patriarche Cyrille Lucar qu'ils firent périr de la manière du monde la plus injufte 5c la plus criante, après l'avoir fait dcpofer trois fois , Se tourmenté fans relâche par la plus vio- lente 8c la plus cruelle de toutes les perfécutions. Les Partifans de la Papauté Se les défenfeurs du Papilme , furent tellement irritez contre cet illuftre Patriarche, depuis qu'il eut la hardiefle de publier une Confefîion de Foi fous le nom de l'Eglifc Orientale , toute conforme à celle des Eglifes Réformées , qu'ils ne ceflérent pas d'emploiermème après fa mort, tout ce qu'ils piîrcnt forger de plus propre à noircir fa réputation , 8e à com- battre fa Doètrine. Da'bord que ce Prélat eiJt été aflafîlné , ils firent aflembler un Synode à Conftan- tinople pour anathématifcr fa perfonnc Se fa Doétrine. Quelques années après ils en convoquèrent un autre en Moldavie qui fut beaucoup plus modéré , Se qui ménagea l'honneur de ce Patriarche d'une manière qui déplût fi fort à fes principaux adverfaires , qu'ils fe mirent à cabaler plus fortement que jamais avec l'Amballadcur de France, qui étoit pour lors à Conftantinople , de forte qu'à force de follicitations, de promeflès , Se d'argent , il trouva le moien de fuborner un grand nombre d'Ecclèfiaftiqucs , qui s'aflèmblérent dans la Ville de Jèiufalcm en 1672. , Se condamnèrent derechef , fous divers faux prétextes , la Con- fefîion de Foi Orthodoxe de Cyrille Lucar , en confirmant par leur Concilia- bule les deux Synodes qui avoient déjà fulminé des Anathêmcs contre lui, d'u- f ne manière bien diffèrenic , Se pour des raifons qui font incompatibles , com- me nous le démontrerons dans le corps de cet Ouvrage. Nous produirons divers témoignages des EgUfcs Grecques , fie plufieurs * 4 , Let> Allathis Bibliothécaire du Vatican dit , que pour foufcrirc des Ariicles j, contre les Catholiques , i^rcçût cinq cens écus en Allemagne; qu'il fut de- puis envoie en Candie, afin de ramailcr de l'argent pour le Patriarche, 6c " qu'à fon retour Mcktius aiant écc transféré à Conllantinoplc , il fe fervit de j, l'argent qu'il avoit pour occuper fa place , au préjudice d'un autre , qui étoic élu d'un commun confentemcnt. Mais comme l'ambition n'a point de " bornes , ce Sitge ne lui fervit que de degré pour s'clever à celui de Con. 3) flantinople. 11 y alla lui-même pour y faire fes pratiques ; mais s'étam trouve moins appuie que Tmotbéc , celui-ci lui fut préféré. Et comme Cyrilk " ne celîbit point de cabaler contre lui , & que T'imothce , qui en étoit infor- /" i> mé , étoit en état de s'en reflentir , Cjri//^ fut oblige de s'en aller au Mont/' Athos , d'où il partit cnfuite pour fe retirer en Pologne. J '* Le Patriarche Timothée mourut quelque tems après , aiant été empoifotmk J> chez V AmhaJJadeur de Hollande par Jofapbat de l'Hic d'Andros. L-c poifon l parut en ce que , fi-tôt que l'imathée fut retourné chez lui , il fut faifi d'u« ^""^i*^ ne colique violente, d'une pefanteur de tête, d'un éblouillement , d'une pal- pitation de cœur, 6c d'un tremblement de membres , ce qui l'obligea d'en- j, voier quérir un Médecin nommé Apollonius. Mais ce Médecin qui avoit été gagné par une fomme de mille écus, lui donna un nouveau poifon dans un '' remcdc , qui le fit bien-tôt mourir. 5> Cette méchanceté ne demeura pas inconnue. Car ce Jofapbat ^ qui fui fait en récompcnfc Archevêque de Calcédoine par Cyrille , s'étant depuis ^' brouillé avec lui , il fit en forte qu'on lui envoia des Janiflaires de fa con« 3î noiflance pour l'amener à Conftantinople, qui l'ctranglérent fur le chemin, 3> 3> 6c iettcrent fon corps dans la mer Cela n'arriva que long tcms depuis. Mais auffi-tôt après la mort de 7J- î» motbée , Cyrille trouva le moicn de fc faire élire Patriarche de Conftantino- ple , 6t pendant quatre mois , pour n'effaroucher pas les Grecs , il fit en* core profclTion de la Religion Grecque. Mais ap'ès ce tems , co7nme il avoit " fes engagcmens avec les Hollandais , qui lui prétoient de Pargcnt pour tous fes be-. jj foins , il ne différa pas davantage à s'acquiter envers eux de fis promefes , en publiant fes erreurs parmi le Peuple. Le Concile de Jcrufalcm que nous pro- duirons , déclare que ce Patriarche n'a jamais rien cnfeigné de contraire à l'Orthodoxie , ni en public , ni en particulier. Les Grecs ne furent pas long tcms a s'élever contre lui dès qu'ils eurent " découvert quel il étoit ; & l'aunt dépofé dans un Synode , ils obtinrent , j, en donnant de l'argent au Grund Seigneur, qu'il fût envoie en exil à Rhodes. Les Calvinijles attribuent ce foûlévement aux 'Jéjuites ; mais les Grecs n'aiment " pas afez les Je fuites pour s'' unir à eux. On verra dans la fuite que Mr. Sirnon, tout Papille qu'il cil, dit le contraire dans fon Hiftoire Critique furcefujet. Cyrille trouva bitn-tôt moi'.n de fortir de fon éxil en donnant de l'argent au " Sultan. Ëit comme les Grecs continuèrent de leur côte de faire tou» leurs J) effor s pour fe délivrer de la domination . l'on vit durant pluficurs années un étrange fpedacle dans cette Eglifc affligée. Car les Turcs fc riant de ces divi^ 13 félon \ P RE LIMINAIRE. divifions , étoient toujours prêts de bannir , ou de rérab'ir C}ri/le qu'on leur donnoit plus d'argent de paît ou d'autre. Les Grecs faifoicr^t ce qu'ils pouvoient pour le faire chafler de Conftantinople , en donnant de l'argent au Grand Seigneur. Cyrille de [on côté four fe maintenir prenait à iifiire des Hollamlois de grandes forâmes qu'il lez'oit enfuit e fur fes Eglifes. Enfin , comme il avoit fait périr plufieurs Evêques & Prêtres , il éprouva le même traitement qu'il avoit fi fouvent procuré aux autres. Car aiant été chaflé de fon Sicge pour la dernière fois , 6c relégué vers le Pont-Eu- xin , il fut tiré de prifon peu de jours après , & étranglé par l'ordre du Grand Seigneur , fon corps aiant été jette fur le rivage , y fut enterré ; mais la folle n'aiant pas été bien recouverte , il fut déterré déjà tout puant Se plein de vers , par des pcrfonnes qui croioicnt trouver quelque chofe de précieux dans fon tombeau ; 6c comme ils y furent trompez , ils laiiférent fon corps expofc aux bêtes. Voila la fin de ce Patriarche Calvinijîe , 'qu'ils n'ont pas manqué de faire pafler pour un Martyr , quoi que la caule de fa mort foit bien éloignée de lui pouvoir faire mériter ce titre. Qui s'ctonncra qu'un homme fi déclaré pour eux , ait fait une ConfcfTion de Foi qui leur foit favorable } Et qu'en peut-on conclure finon que les Calviniftes ont gagné , ou perfuadéun Grec, qu'ils l'ont élevé au Patriarchat p^r leur argent; ôc qu'ils ont tâché de s'en lervir pour femer leurs erreurs dans l'Orient. Mais d'en conclure comme fiit Mr Claude , que la Confcffion de Foi de ce Cyrille reprefente les fen"- timens de l'Eglife Grecque avant Cyrille , 6c du tcms même de Cyrille , c'eft abufcr avec trop de hardieilc de la fimplicité de les Leétcurs. L'Eglife Romaine , dit Mr Claude , a été fort choquée d'une déclaration fi dijlincîe (y fi claire , l^ s'efi frvie de la -pUime de quelques Grecs transfuges , ou deferteurs pour invectiver contre ce Patriarche. Alais fon Eglife Va toiijours reconnu pour vrai 13 légitime Patriarche , jufques à fon Martyre , qui arriva Van 1658., ^ fa mémoire a été {^ eft encore en bénédiction parmi ces Peuples .^ comme d'un Saint , £5? d'un Martyr de Jéfus Chrift. Qui dcvineroit jamais par ce recrt , ajoute Mr. jirnatid y que Cyrille ait été chaflc quatre ou cinq fois de fon Egitfe durant fon Patriarchat: que les Grecs ai^nt fait de continuels eftbrts pour fe délivrer de fa tyrannie : qu'il ait paflé dans l'éxil une partie de Çx vie ; qu'il n'ait été rétabli qu'avec de l'argent que les Hollandais lui prêtaient à ufure , 6c qu'il cxtorquoit enfuite des Eglifcs , dont il fe faifoic obéir par le moicn des Turcs : qu'il ait été folemnelkment condamné £c anathématifé après fa mort en deux Synodes, 6c par di-ux Pa-narchcs ; l'un qui et oit favorable à l'Eglii'e Romaine , l'autre qui lui étoit très contraire . 6c qui étoicnt avec cela très ennemis l'un de l'autre ? Et néanmoins c'cft là l'Hiftoirc que Mr. Claude a enveloppée fous cet embarras de paroles , ou plutôt fous cet amas de fiu (Jetez. N'y a-t-il donc qu';» tromper ainfi le monde , en lui difant hardiment, qu'un hoirmc anathtmatifé deux fois par toute l'Eglife Grecque , 6c qui n'a été juftifie par aucune Afllmbiée Eccufiaftiquc , eft regarde par cette Eglife même comme un Martyr Je ne répéterai point ici Içs autres oppofitions qu'on a hitai Cyrille Luc.ir * * 3 durant 14 DISSERTATION durant fa vie. Mais je remarquerai feulement en paflant , qu'aiant tâche " d'attirer à fon Parti le Patriarche d'Alexandrie GVrfl/î«//i , & lui aiant adreflë j, pour cela les lettres de V ybnbaJJ'cukiir de Hollande , fui l'invitait de s'unir aux Calviniftes , y lui promettait de faire ériger à Amfterdam des Séminaires oii Von " inp-Hiroit les Grecs ; ce Patriarche rcfufa ces propofitions , 6c témoigna qu'il ?) ne pou voit s'unir avec eux. Mr. Morery parlant du même Cyrille , dans fon Diclionaire Hi dorique , dit que rc Patriarche s'étant laillc gagner parles Pi oteilans" d'Allemagne , & des îJ Pais-Bas , cnvoia de jeunes Grecs en Hollande , pour être inftruits en la Doctrine des Calviniftes ; mais que le Pape Urbain VIII. aiant été averti de ce procédé par les Prélats Grecs Orthodoxes, ôc par les Catholiques des " Païs-Bas , n'oublia rien pour éluder ces defllins. Il ajoute dans le même lieu , qu'/7 mourut dans une pi fon ou il fut mis Vau 1658. On doit remarquer fur ces dernières paroles , qui fi la mort de CyrilU Lucar eft arrivée dans fa prifon comme le dit Mr. Morery , ce Patriarche n' pas fini fa vie de la manière que le difent Mrs. de Port-Roial dans l'Hilloire L^ que nous avons rapportée ci-delfus, tirée de leur Ouvrage de la Perpétuité delà ^*s*=^ foi , & nous démontrerons ci-après qu'elle eft toute remplie de faulî'etez Se en- tièrement contraire aux Aéles & aux Décrets du Synode de Moldavie inféré dans le Concile de Jèrufalem de 1671. Nous réfuterons auffi en même tems & par le moien des mêmes Pièces , la f^iufté narration qu'a fait Mr. Simon de la vie 8c des fentimens de ce Patriarche, dans fon Hijloire Critique de la Créance ^ des Coutumes des Nations du Levant. Et nous dcfabuferons ceux d'entre les Sçavans qui ont un peu trop bonne opinion de la fincérité de ce Critique , puilque nous avons des preuves en mam pour faire voir qu'il ne s'eft pas moins éloigné de la vérité lur cet article , que les autres Défenfeurs de l'Eglife Romaine. Voici comme il en parle depuis la page 52. jufqu'à la ^6- de fon Hiftoire. Cyrille Lucar , qui s'eft rendu fi fameux parmi les Grecs & ks Latins , '■* fut envoie par Alelece en Valachie : ce qui lui donna occafion en paflant par j> TAlIemagne , d'avoir des Conférences avec les Protcftans de ce Pais là , fçachant très bien la Langue Latine & la Théologie de l'Ecole. Etant de " retour de fa Commifllon , il le fervit de l'argent qu'il avoit recueilli pour 5) lesnéceffitezduPatriarchat , pour fe faire élire lui-même Patriarche Aiant été élevé à cette Dignité , il entretint fon commerce avec les Protcftans , fe fervant pour cela de Metrophanes Critopule qui alla au nom de fon Patriar- " che en Angleterre, £c dans une bonne partie de l'Allemagne, oii il s'infor- ,, ma le plus exactement qu'il lui fut polîlble , de l'état des Eglifcs Protef- tantes , dont il fit fon rapporta Cyrille , l'étant allé trouver à Conftantiilople " où il étoit , fongcant à entrer , par quelque voie que ce fût , dans le Pa- 3^ triarchat de Courtantinople. Ce qui le porta à lier amitié avec les A-inhajJh- deurs d' Angleterre (y de Hollande a la Porte , principalement avec le dernier , " qui lui fut utile dans la fuite pour avancer fes affaires. j> Cyiille n'étant encore que Moine , avoit fait une connoiflance aflez parti- S»-. culiére avec le Sr. Corneille Haga , qui voiageoit alors dans le Levant , Sc ' " lequel étant depuis rerouriic;\ Conftantinople en qualité d'Envoié de Mefjieurs j> les ' 3» PRELIMINAIRE. ij les Etats , renouvella [on ancienne connoijjance avec Cyrille , qui dans ce tems '* là étoic Patriarche d'Alexandrie , Se qui le pria de faire venir quelques Li< î> vrcs des Théologiens Protcftans , témoignant qu'il avoit de l'inclination pour leurs fcntimcns. Ce que le Sr. Haga ne lui aiant pu refufer, en don- " na avis à fcs Maîtres, qui ne manquèrent pas d'en^'oicr auflî-tôt à Confiant 3) tinople ajfez de livres pour pervertir toute la Grèce , s'ils etijjent été écrits j. dans la Langue du Pais. II étoit impolfible que les affaires de Cyrille n'éclataflent, au dehors , frin- ^' cipalement a'iant pour ennemis les Je fuites de Conflantinople , qui s'oppofoient en j, toute cboje à [es dejjéins , publiant hautement qu'il étoit hérétique ; Sc ils en donnèrent même ^vis aux Jéfuites de Paris , afin que le Roi en fût averti. y" On ne manqua pas d'en parler à V Ambajfadeur de Mejfieurs les Etats Généraux ^ qui étoit à Paris , £5? qui en écrivit à Conflantinople. \ Depuis ce tcms là Cyrille ne fe ménagea plus tant qu'auparavant à l'égard 7 des Jéfuites. Il ne fit même aucune difficulté de donner au Sieur Haga une } Confejfton de Foi écrite en Latin i^ de fa main , qu'il mit quelque tems après en Grec. C'eft cette même ConfeJJion qui a été imprimée à Genève en Grec (^ en Latin , (^ qui fit dire aux Proteflans que l Eglije Grecque s'accordoit avec ' ' eux dans les principaux points de leur Créance > fur tout , dans ce qui regardait ,, PEuchariftie. Cy-idle cependant , qui avoit un Parti puiflant dans Conflantinople contre " les Jéfuites , & contre la Cour de Rome , fût élu Patriarche, £c pendant ,, cinq ou fix mois il ne fit rien paroître dans fes aètions , qui marquât qu'il eût abandonné la Religion de fes Pères. Mais comme il avoit les Jéfuites pour ennemis , /'/ criit être obligé de fc déclarer pour les Hollandais , afin d'en être appuie. Il attacha aulTi à fon Parti un bon nombre d'Evêques & d'Ec- cléfiaftiques qui goûtoient fes fentimens , 6c qui étoient dans la même dif- pofition que lui , d'introduire des nouveautez dans l'Eglife Grecque. Mais 3) ils ne furent pas les plus forts , parce que les Jéfuites , qui ont un Collège à jj Con,lantinaple , oii ils inflruifent les' enfans fans en recevoir aucune rétribution , gagnèrent aifément le Peuple , ^ui fe foûleva contre Cyrille. On a remarqué ci- devant que Meilleurs de Port-Roial font dire tout le contraire à Mr. Ar- naud. On élût un autre Patriarche en fa place , qui s'était fournis par lettres à la Cour de Rome , qui avait appuie fon éleèîian. Mais comme Cyrille entretenoit 3' toujours un Parti dans Conflantinople , (3' que les Hollandais lui fournif oient de grandes fommes d'argent , il ne fut pas long tems fans être rétabli dans fon Patriarchat. Ce fut alors qu'il fc vengea des Jéfuites & de ceux qui avoient " appuie les intérêts de la Cour de Rome , (3' que le Calvinifme régna dans ,, Conflantinople. Ce qui apporta un grand defordre dans cette Eglife , parce que Cyrille y mcttoit tout à prix , afin de rendre aux Hollandois les fommes " qu'il avait empruntées d'eux. 5, Les Jéfuites 8c la Cour de Rome voiant que Cyrille étoit entièrement le maître , tâchèrent de le gagner , en lui propofant des accommodcmcns , & " en lui repréfentant le péril oîi étoit fon Eglife , s'il continuait fes liaifons jj avec les Calvinifles. Il témoigna qu'il donneroit volontiers les mains à un ac-. ^- ^ ij, commodément. 53 33 33 i6 DISSERTATION commodément. Mais comme /'/ continuoit toujours fis pratiques avec les Hol- '' landais , on fit un nouvel effort du côté de Rome pour le chafler de fon j> Siège : ce qui rcuflîr , mais pour fort peu de tems , parce que l'argent des Hollandais le rappelUi bien-tot dans fon Patriarchat. La Cour de Rome redoublant les efforts contre Cyrille , envoia à Con» >' ftantinoplc une pcrfonne en qualité de Vicaire du Patriarche. Le Parti de 3, Cyrille ne manqua pas de fe fcrvir de cette occafion , pour rendre les Jéfui- tes 8c ceux de leur Parti odieux auprès des Turcs, qui eurent de la jaloufie " de cet Envoie de Rome : de forte que ce dernier Parti fut maltraité par les j, Turcs. Cyrille néanmoins , qui fe rendit odieux par fes grandes vexations, y qui avait un Parti à foûtenir auffi puijjant qu'' était celui des Jéfuites de Con- ^^ ftantinoplc appuie par la Cour de Rome , fuccomba , 5c fut étranglé par un ^ j> ordre exprès du Grand Seigneur. Voila quelles font les fauiîes idées que Mr. Simon a données au Public dan: fon Hiff:oirc Critique touchant Cyrille Lucar , eu quoi il fait voir qu'il n'a p^. plus de fincérité que Mr. Arnaud i>c fes approbateurs Mrs. les Doéteurs de Sor-i bonne. Et puifque ces grands Défcnfeurs du Papifme fe prévalent du filencc ^ des Réformez , pour publier tous les jours dans le Chriftianifme pluficurs nou- velles impoftures , autoriiécs par des Grecs réunis à l'Eglilc Romaine ; il ed de la dernière importance de faire Içavoir à tout le monde , que les véritables Grecs , indépcndans du Papiime, ne iont point ceux qui ont figné les Confef. fions de Foi & les Aéles Synodaux , dont Mrs. de Port-Roial ont rempli le tioifiéme Volume de leur Perpétuité de la Foi , s'étant imaginez que n'y aianc plus de Minifl:res Réformez en France , ceux qui font maintenant dilperfez dans les Pais de Refuge , ne pourroient pas avoir de quoi réfuter ou détruire tant de Pièces qu'ils ont mifes au jour depuis cinq ou fix années , fous une forme qui lemblc les rendre très authentiques , Sc très propres à confondre tous les Reformez , fur les Controverfes importantes dont il s'agit. Ceux qui ne fçavent pas les grands avantages que l'Eglife Romaine tire main., tenant du filcnce des Miniftres Réformez , qui ont abandonné le point fonda- mental fur lequel roulent toutes ces difputes , pour s'attacher à des qucftions beaucoup moins importantes , n'ont qu'à jetter les yeux fur ce que nous allons mettre ici , pour juger combien il eil; nécellaire de réfuter d'une manière claire & folide tout ce que Meffîeurs de Port-Roial ^ les Doéleurs de Soibonnc ont publié de nouveau contre les Défcnfeurs de la Religion Reformée dans le hui- tième Livre de leur Perpétuité de la Foi , touchant la créance des Eglifes Grec- ques de l'Orient. Le tître du premier chapitre fait comprendre le but £c l'importance de ce dernier Ouvrage , par lequel ces Meffîeurs , choifis d'entre les plus célèbres Controverfiftcs de l'Eglife Gallicane , prétendent avoir mis nu jour tout ce qui efl: néccflaire pour fermer entièrement la bouche à tous les Miniftres Réformez, qui ont approuvé les Hypothéfes que feu Mr Claude a fait entrer dans cette grande Difputc. Les fuites en font de la dernière conféq'icnce pour tous les Chrétiens qui font feparcz de la Communion de Rome. C'eft ce qui p.iroitra clairement dans l'extrait que nous allons mettre ici , & que nous avons tiré du difcours préliminaire .Se de la conclufion du huitième Livre de la Perpétuité que nous venons de citer. Voici PRELIMINAIRE. 17 Foi ci en fub fiance les raifonnemens que ces Mejfieurs font là dejfus. Comme il y a quantité de gens qui n'ont pas moien de donner à l'étude '' des Controvcrlls autant de tems qu il en fauuroit pour examiner toute la ot Tradition : Qu'il y en a d'autres qui n'en font pas capables: & que d'aunes eniin après avoir entrepris cet examen n'y troui-cnt pas toujours aillz de lu- " miére pour fe déterminer dans le choix de tant de difîlrentcs opinions qui .j> partagent ceux qui portent le nom de Chrétiens, on a criî qu'il croit utile de propof-r i ces divcrfes fortes de perfonncs une voie plus courte pour les aider à prendre parti. Cette voie coniîftoir i leur montrer d'une part toutes V >> les Egiiles Chrétiennes unies au tems de Bérenger , dans la Confc{îion de la V^, Prélencc Réelle ; & de l'autre à leur faire tirer de là cette conf quence , T qu'étant impoilîblc que cette créance fc foit établie de nouveau dans toutes y> ces Eglifes , fans qu'il y ait paru aucune trace de cette innovation , on doic I ^ croire que c'ell la Doctrine perpétuelle de l'Eglifc. -^ Tout cela écoit compris dans un fort petit Traité : 8c ce fût en le réfu- '* tant que Mr. Claude commença à le fignaler dans le monde , 8c dans Ion ty Parti Sa première réponle contenoit toutes les ouvertures , 8c toutes les adreflés qu'il a depuis poulîées plus loin. II râcha premièrement d'éluder " cette preuve par une voie d'exception , en s'efibrçant de détourner les c{-. j> prits de cette nouvelle méthode , & en leur prélentant un amis de difficul- tez tirées des Pérès des fix premiers Siècles , pour leur perluader que le changement qu'on prétendoit être impolîîble , étoit efilélivement arrivé. 5) Mais comme il jugea bien que le monde ne le paieroit p.\s tout à fait de cette défaite , il répondit dircéfccment à l'argument du premier Traité de la Perpétuité , en niant le fait , c'eft à dire cette union de toutes les Egiiles 5' dans la Doétrine de la Tranfllibftantiation , 8c en avançant un fait entière. „ ment oppolé , qu'il exprima en ces termes décififs. i. Rép. p. 29. Je foHtieus , dit-il , que la T'ranjfubfiantiation (^ l'adoration du Sacrement ** font deux chofes inconnues à toute la terre à la réferve de PEglife Romaine. Car .}) tii les Grecs , ni les Arméniens , ni les Ruffiens , ni les Jacobites , ni les Ethio- piens , ni en général aucun Chrétien , hor frais ceux qui fe foâmettent au Pape , " ne croient rien de ces deux articles. j> On luivit à peu près dans la réfutation qu'on fit de cette Réponle de Mr. Claude , la voie qu'il avoit marquée. On tâcha de lui faire voir l'injufticc de Ion détour artificieux, 8c après avoir détruit ce qu'il avoit ellaié de inon- 55 trer touchant le changement inlcnfible qu'il prétendoit être arrivé dans l'E- jj glifc Latine durant le dixième Siècle : l'on confirma le conlentemcnt des Èglifes d'Orient avec l'Eglifc Romaine , par des preuves convaincantes, '' en témoignant être étonné que Mr. Claude eût ofè nier un fait fi conftan:. j, Mais cet étonnement venoit de ce qu'on ne connoiflbit pas encore fon cfpric , 8c fon génie : 8c que l'on s'imaginoit que pour l'obliger à fe ren- '^ drc , il fuffifoit que les chofes fuflcnt vraies ^ bien prouvées. On a été ,) bien contraint depuis de changer de fentimcnt. Et il eût grand foin de nous détromper fur ce pont dès fa féconde Réponle. Car bien loin d'y " demeurer d'accord de bonne foi de ce fait , qui ne fc pouvoir raifonn.able- >> *** ment i8 DISSERTATION ment contcfter , il continua de le nier avec encore plus de hauteur 6c de " ficnc qu'il n'avoit fait, ;) On avoue qu'on fut touche de quelque forte d'indignation en voiant une opiniâtreté fi dcrailbnnable ; de forte que pour elVaicr fi l'on pourroit faire ' céder un Miniftrc à l'évidence de la vérité , on ralfcmbh dans le premier 3' Tome de la Perpétuité un fi grand amas de preuves claires & précifcs fur ce point, qu'on craignit avec raifon qu'il n'y en eût trop , 8c que les Lee* tcurs n'en fuflcnt furchargcz. 3> Ce fût dans cette occafion que Mr. Claude voulut montrer jufqu'oLi il fça- voit porter fa hardiefle à nier les chofcs claires , 6c l'art qu'il prétend avoir de les obfcurcir. Car s'étant engagé de répondre à cet Ouvrage pour fatis- •" faire ceux de fin Parti , il ne voulut rien abandonner de ce qu'il avoit avan- x j, ce. Il foûtint de. nouveau , plus hautement que jamais , que les Grecs nç croient point la Tranflubftantiation. i " Il s'infcrivit en faux contre les Conciles qui ont condamné Cyrille Lucar^ j, contre le Livre à'v^gapius , & contre celui de Gabriel de Philadelphie II prétendit faire pafler pour faux Grecs £c pour Penfionnaires de la Cour de '' Rome ceux qu'il ne pouvoit éluder autrement ; ôc il tâcha de mettre de ■)) fon Parti tous les Grecs qui avoicnt vécu avant ces derniers tems. Il en fit de même à l'égard des Arméniens , des Cophtes , des Jacobites , des Nefto- ' riens, 6c des Ethiopiens. Et tout cela avec tant de hauteur, de confiance, 3' d'infultes , que cela pafle tout ce que l'on en peut dire. ^ Quand il promet dans fa Préface ce qu'il doit traiter dans fon Livre. On yvena , dit-il , les preuves de Air. Arnaud i'i folidemcnt détruites qu'on s'é- '} tonnera ,Je m'ajfure , j«';7 ait traité cette matière avec tant cf éblouiJJ'ernent ^ i^ j, néanmoins avec tant de confiance. Cela lui fera connoître qu'il ne faut pas juger des chofes fur les premières apparences. Car nous fommes ajfurez de deux chojes ; '' Vune , que les véritables Grecs ne tiennent point la Tranffubflantiation des Latins; j) ce que je croi avoir prouvé démonflrativernent ; Vautre .^ qus ce font eux feuls qu'il faut appelkr la véritable Eglife Grecque , quand même le Parti contraire devien- " droit le plus fort. }) Si l'on veut fçavoir ce que c'cft que ces prétendues démonfirations , on n'a qu'à lire la Réponfe générale du Père Paris : on y verra que ce ne font que de mifcrablcs chicaneries, du Minijlre Claude., indignes d'être pro. >i pofécs par un homme fincére 5c judicieux; 2c que jamais peifonne n'entre- ^ prît de combattre une vérité fi claire, par des raifons fi peu vrai-fcmblables. Cependant , Mr. Claude a p:rfifl:é à nier ce fait : tout ce qu'on lui a rc- 33 prcfenté ne lui a point fait changer de réfolution , 6c ne l'a point porté à j, reconnoître qu'il s'étoit mal engagé : on doit remarquer avec cela que bie;t loin qu'on ait trouvé mauvais dans fon Parti qu'il ait pris cette vole de le dé- " fendre , il en a reçu au contraire des récompenfes conjidérables , il s'y eft acquis j, par là une haute réputation : 6c enfin , que quelque fentim;nt que les Mi- niftres aient dans le cçeur des prétentions de Mr. Claude ., il ne s'en ert: point " encore trouvé d'aflez fincéres pour avouer qu'il s'étoit opiniâtre mal à pro* >3 pos à foûtenir des faits évidemment faux. 11 paroît donc que le deilVin de défendre cette Théfe , n'çft pas un ente- ' " "^ ' ' ■ - tement PRELIMINAIRE. ip \" :) tetnent particulier de Mr. Claude , mais que c'efl une confpiration -générale de '' tout le Parti. Quelques partagez qu'ils Ibitnt de fentimens parmi eux fur ■>■> ce point de fait , cette d:vifion n'éclate point au dehors. La crainte empê- che les uns de {z déclarer : & l'impreffion qu'elle fait fur les efprits cft fi '' forte , qu'elle agit jufqucs fur ceux qui font à Conftantinoplc , & qu'elle J> les empêche de rendre publiquement témoignage à la vérité. La plupart des autres croient fans examen ce qu'ils voient foûtenu avec fierté dans le Livre d'un de leurs principaux Mimftres. Enfin, ils s'unifient tous , quoi " que par divers motifs , dans cette prétention. j, Mais puifquG nous avons le moien de porter encore plus loin l'évidence de ce fait, & de \z mettre en un tel jour , qu'on ne pourra plus le nier fans une folie toute vifible : il eft important de ne pas négliger cet avantage , £c de faire voir aux fimplcs Calviniftes , par cet exemple, combien ils ont peu de fujet de fe fier aux affurances que leurs Miniiires leur donnent, que l'E- ■ criturc 8c Its Pcrcs favorifent leurs opinions : 6c combien ils en ont d'être >? perfuadcz au contraire , que s'ils font aflcz hardis pour les tromper dans des chofcs fi notoirement faufies qiCiU en font convaincus par des millions de té- moins i-ii-ans , ils les trompent fans doute avec bien moins de réfervc lors jy qu'il s'agit des écrits des morts , qui ne font plus en état de les démentir ; , 8c qu'ainfi péchant, comme ils font, dans le principe de toute inftruéVion , qui efl: la fincéritc 8c la bonne foi , ils ne méritent plus d'être écoutez fur >' des matières de Religion , où l'on a tant d'intérêt de n'être pas trompé. ,j Peut-être fc trouvera t-il des Miniftres, qui croiront nous pouvoir arrêter fur ces conféqu:nces: 8c qui étant forcez de reconnoîtrc que Mr. Claude s^eÙ. " mal engagé , 8c qu'il n'a point dû nier ce qu'il a nié , prétcndroient s'en jj pouvoir tirer d'une autre manière que lui , en difant que c'cfl: la faute d'un particulier, dont on ne peut rien imputer atout le corps : qu'après tout il ne "'' s'enfuit pas de là que la Doctrine de la TranIJubftantiation ait été perpéiueHe 3) dans l'Eglifc : que Mr. Claude a. eu tort de nier qu'elle foit univerfcllcment répandue dans tout l'Orient. ' C'eft là tout ce qu'ils peuvent répondre ; jnais cette réponfe en nous aban- ') donnant Mr. Claude , ne jufiifie néanmoins ni leur procédé ^ ni leur caufe. Car ont-ils dij fouflrir que dans une caufe commune , celui qui s'étoit chargé " de leur défcnfe , l'établît fur une fauflcté notoire, 8c qu'il contcftât quatre 5> ou cinq ans fur un fait dont la bonne foi £c la fincérité le dévoient faire convenir dès le premier jour ? Ne devoient-iis pas dcfavouer publiquement cette conduite , 8c ne point permettre que dans le deflein de défendre ce JJ qu'ils prennent pour vérité , on foùtint des fauflercz , en impofânt à tout jj l'Orient de croire ce qu'il ne croit point ? N'étoient-ils pas obligez de ren. drc tcmoignage^ à la vérité dans ce point , puifque ceux qui la cherchent " véritablement , la doivent honorer en tout , 8c ne la regarder jamais com- ,, me ennemie .' Cependant , y ?.-t-il jamais eu quelque Miniftre qui ait defavoué Mr. '' Claude.^ oudonné quelque chofe de meilleur au Public que lui lur cela, de- puis tant Je tems que cette Difputc a duré ; ^ qii'en peut-on conclure finon ^ qu'on n'a nul égard à la vérité dans leur Parti : 8c que ceux qui y régnent par le ïj *^* 2. crédit }> 20 DISSERTATION crédit & par l'autorué ne fc foucient pas par quel moien ils y tiennent les " Peuples attachez; & que pourvu qu'un Auteur fade du bruit , Se qu'il foir }> capable d'amufcr le monde par le ion de fes paroles , les plus intelligcns- d'emre les Calviniftes font bien aifes de le laillcr faire , 6c regardent toû- " jours comme un avantage l'impreffion qu'ils font par là (ur le commun dc' '> leur Parti M'.is s'ils ne peuvent pas fe mettre à couvert des juftcs reproches qu'on peut leur faire du peu de fincéritc qu'ils ont fait paroitre dans tout le cours " de cette Difpute , il leur eft encore moins poffible d'éluder les conléqucn- j, ces qu'on en tire néccflairemcnt contre leur Doctrine. Car il ne faut pas s'imaguîcr que Mr. Claude fe loit engagé fans de grandes & importantes " raifons à foûtenir , comme il a fait , que la créance de ces deux articles / »j n'ctoit reçiîë que dans TEglifc Romaine II étoit trop habile pour fejetter/ volontaircmentSc fans un très grand bcfoin dans une pareille extrémité. Voi'j,! " ci la radon qui l'a foi ce malgré lui à foûtenir le fut dont il eft- qucftion. ( 3> Il avoit entrepris de répondre au Traité de h Perpétuité; cela l'obligeoit- de montrer la poffibilitc du changement que les Miniflres prétendent être ^ " arrivé dans l'Eglile par le moien de Pafcafe , depuis le neuvième Siècle jufi ■>> qu'à ronzicrae S'il eût donc avoué qu'au Sicclc de Béyeugcr les Sociétés ,,. d'Orient faifoient profeffion dcs Dogmes de la Tianfllibltantiation Sc de l'a- doration de l'Euchanftie , il eût fallu dire par néctffité , que fans que \t " Livre de Pafcafe eût été vu dans l'Orient , fa Doctrine néanmoins y étoit ,, répandue : qu'en moins de ccni-cinquante ans elle s'y étoit glilîee dans tous les efprits : que chacun l'avoit reçue comm.e l'ancienne Foi , en oubliant " en même tems celle qui avoit été enfeignée julques alors : que perfonne n'a. j) voit remarqué ce changement pour s'y oppofcr : qu'il avoit été reçu de la même manière p.ir toutes les Sectes des Grecs divifces de l'Eglile Romaine '' depuis plufieurs Siècles, 6c qu'elles n'a. oient fait aucune difficulté d'adop» 3J ter en cette occallon tout ce qui leur étoit venu du Papifmc , quoi qu'il leur ait toujours éié fort fufpcct. ' Cela a paru très ridicule à Mr Claude : Se quelque hardi qu'il fût d'ail* î) leurs , il a bien vu qu'il ne rculliroit pas s il en.rcprcnoit de faire goûter au monde une telle abfurdité. Il a aulîi craint , avec raifon , que s'il réduifoic le difterent à ce point , il fût trop tôt termine , Se que le fens commun ne " fe déclarât tout d'un coup contre lui II a donc jugé qu'il valloit encore ,, mieux contcftcr le fait , & nier abfolument que les Sociétez d'Orient cruCi ient la TranlVubftantiation ; qu'il arrivtroii au moins par là, que cette Dif- " pute ne fcroit pas lî-tot finie : que peut-être on ne s'attachrroit pas à prou- j> ver ce fait avec tout le foin ncccflaire ; Se qu'il pourroit demeurer enlevcli fous un grand amas de nuages qu'il trouverott le moien d'y répandre ' Il y a lieu de croire que c'tll: par ces vues que Mr Claude s'tft détermi- J> né à prendre- ce Parti Si elles ne font pas d'un homme finccre , elle-s font au moins d'un ho uaio habi-^e ôc intelligent ; CS' (e ferait aux Minijires qui le voiidruient condamner à démontrer auparavant ce qu'il aurait pu faire de mieux. 3j ^l'ils tentent d'en faire quelque ejfai , y ils verruM par expérience que leur en- ^ treprife réujftra encore ^lus maL Car on peut dire que Mr. Claude a trou/c un . ^ P'RELIMINAIRE. ir un champ très vafte pour faire paroître fon efprit , pour étaler ies hypo- " théfes , ôc que tout cela lui a au moins krvi à lufpendre les efprits êc à les }) éblouir pour quelque tems. Mais il n'en fcroit pas ainfi de ceux qui auroient pris un autre chemin , ' & abandonne les Sociétez d'Orient. On les auroit condamnez fur la feule }} propofition de ce qu'ils auroient voulu foûtenir. Car qui cll-ce qui voudroic j, écouter un homme qui diroit férieuiement , j'avoue qu'au commencement de Tonziéme Siècle toutes les Eglifes du monde croioicnt la Tranflubftan- " tiation ; mais je prctens que c'elt le Livre de P afcafe c^ui lans avoir été con- jj nu dans l'Orient y a fait tous ces defordres 2c tous ces rcnverfemens : que c'eft ce Livre qui a fait recevoir fans bruit , lans dilpute , & fans lamoin- " dre contradiélion , la créance de cet Article rempli d'abfurdité : & que la 5) Do£trine inouïe de ce Livre a été approuvée dans toutes les Eglilcs di s Nel- toriens , des Arméniens , des Echiopicns , des Cophtes , des Grecs , &c *'' enfin dans toutes les Sociétez Chrétiennes du monde qui ne font pas de 1» 5> Communion des Réformez , ou des Protcftans , Se que cela cfl: arrivé fans que perfonnc fe foit appcrçû de ce changement. ' On peut reconnoître par tout ce qu'on vient de rapporter, qucc'efl: un » étrange Parti que celui du Calvmiime, puis qu'on ne le peut défendre qu'en .y s'engageant, comme a fait Mr. Claude , à ioûtenir des faufletez notoires Se à nier des véritez palpables , qui ont toute la certitude que des faits peu- " vent avoir tant par la raifon que par les fens : c'efl: à dire , qu'on ne le j, fçauroic défendre fins le détruire en même tems : puifque rien de ce qui dépend néccflaircmcnt d'une faulîeté ne fçauroit être véritable. " Ainfi les Livres de Mr Claude, par un cfilt bien con;raire à fon iiiten- }j ùon , peui-ent être juftement appeliez la deJlruSlion du Calvinifnie j puifque fai- fant voir qnon ne le peut défendre az'ee quelque forte d'' apparence qu^en foâtenant " que les Eglifes d'Orient ne foui pas d'accord avec VEglife Romaine ; ils font voir yi auffi quil ejt impoffble de le défendre raifonnahlernent , puifque ce fait eft abfolu- ment infoutenable . C'eft la conclufion qui fe tire naturellement de toute cette Difpute., & où le fens commun conduit tout d'un coup ceux qui l'c* J> coûtent lant foit peu. , Que s'il le trou^'e encore des gens qui ne concluent pas ainfi d'eux-mê< mes , ou qui rejettent cette conféqucnce , on les peut regarder comme aiant '' plus bcloin de prières , que d'éclairciflcmcns 6c de raifons. Quand on cft j, venu dans ks écrits jufques a contenter pleinement toutes les pcrfonncs de bonne foi , on peut s arrêter là , puifque la mauvaife foi & l'opiniâtreté " n'ont point de bornes. On croit pouvoir dire qu'on y eft arrivé dans les a matières qui font le iujct de ces trois Volumes , & principalement dans l'Ar- gument capital de tout cet Ouvrage. Car quoi qu'il n'y ait que le Dogme " de la Tranflubftantiation qui foit eflcntiel au but du Livre de la Perpétuité, 3-) on n'a pas laiflc d'établir divers autres articles qui en dépendent , & de les prouver avec la même évidence , par le grand nombre d'Attcftations & d'Ac- ^' tes qui ont été produits , fans qu'on y ait mêlé beaucoup de raifonnemens, j3 parce qu'ils font fi clairs Sc fi précis qu'on ne fçauroit rien ajoûicr à leur évidence , ni à leur force. Ainfi on doit regarder cet Ouvrage déformais ' :?^ * * T com.1 }J 2z DISSERTATIOÏÎ „ comme achevé , & comme n'aiant plus bcfoin d'être loûtenu par d'autres „ preuves , ni par de nouvelles réponics contre les attaques des Miniftres. V-'oila de quelle manière Mrs. de Port-Roial fie les Do£tcurs de Sorbonne parlent aujourd'hui touchant leur grand Ouvrage de la Perpétuité de la Foi , Se comment ils fe vantent d'avoir confondu les Miniftres Réformez. Ne diroit-on pas, à les entendre, qu'ils ont remporté une Viftoirc complette fur leurs Ad- verfaires, qu'ils fe figurent avoir tellement pouflezà bout par la produftion de ce gros amas d'Atteftations 6c d'Aétes compilez dans le troilléme Volume de cette famcufe Difpute, qu'il ne fe trouvera plus parmi eux aucun Théologien, ni Doéleur aflez habile pour faire voir la nullité de ces témoignages , ou pour réfuter ces foiblcs preuves , mais qu'ils cftimcnt être les plus irréfragables & les plus authentiques qu'on puifle jamais produire fur une pareille Qucftion? y M;iis nous les allons bien-tôt deiabufer de leurs vaines prétentions, en leur fai- fant voir que la Viétoire dont ils fc tiennent fi fiers , & pour laquelle ils ont ( chanté le Triomphe , n'eft qu'une chimère j Se que nous fommes , grâces à' Dieu , munis de tout ce qui eft nécefl'aire pour découvrir , à la face du Ciel 8c de la terre , leur mauvaife foi , fie pour détruire tout ce qu'ils ont mis au ^ jour de plus important fur cette matière. Les preuves & les lailons dont nous avons fait le choix , pour démontrer la vérité des faits que les défenfcurs du Papifme ont la hardiefle de nier , font fi évidentes & fi fortes , que les plus aveuglez fie les plus incrédules trouveront autant de clarté fie de certitude qu'il en faut pour démêler tout ce qu'il y a de vrai fie de faux dans cette grande Controvcrie , quoi que les DoéVeurs de TE- glilc Romaine fe foicnt appliquez depuis long tems à l'envelopper de mille difficultcz cntaflécs les unes fur les autres , dans l'elpérance qu'on ne pourioit jamais fonder toutes les profondeurs de ce chaos ténébreux , ni déterrer ce qui peut lervir à leur condamnation. On voit bien par les fuites fatales de cette grande querelle qui divife depuis fi long tcms le Chriftianifme en pluueurs ficlions , cruellement acharnées les unes contre les autres , que Dieu n'a pas feulement livré le monde corporel aux difputes des hommes illon l'Ecriture : mais que ]\ir un eflet bien plus terrible de h Juftice , il leur a même ab.mdonné les Divins Myftcres fie les véritez falutaires révélées par le Saint Efprit, en permettant qu'elles fuflcntcx- polées à leur contradiélion , qu'elles dcvinlllnt le fujet de leurs contcftaiions , fie que des Sophiftcs tcmcraiies s'en jouaflcnt avec infolcnce dans leurs difcours fie dans leurs écrits. Cependant, on ne peut pas dire de ces fortes àc difputes ce que le Sage dit de celles qui ont pour objet les chofes de la Nature: que les hommes par tou. tes leurs recherches n'arrivent jamais à en connoî're la vérité, Eccléfiafie ch. 2^. 1). II. : il eft certain au contraire qu'elle ne laillé pas de paroître fie même d'éclater au travers des nuages que l'on tâche de répandre pour l'obfcurcir , 6c que les pcrfonnes fincércs Se intelligcn'.cs trouvent le moieu de la découvrir au milieu de ces embarras de qucftions , 6c de faufllrs fubtilitez dont on s efforce de l'envelopper. Mais il faut rcconno-trc auftî que cet éclat n'eft pas pour tout le monde in- différemment ; que Cette lumière n'eft pas telle qu'elle difiipe toujours toutes les ' < > P îi'E L I M I N A I R E. 23 les ténèbres qui la couvrent aux yeux des homincs prcoccupcz ; & que Dieu n'a pas voulu qu'il y eût dans plulîcurs points de la Religion Chixtienne des claicczfi vives, que des efprits mal tournez , ou prévenus, ne fudcnt capables de le les cacher à eux-mêmes ; car Taveuglemenc des hommes eft tel , qu'il y a peu de chofcs donc ils ne puiflent douter. Et ce qui cfl: encore plus étran- ge , il n'y a point de raifons Ci foibles , qu'ils ne puillcnt quelquefois préférer aux preuves les plus folidcs , 6c auxdémonftrations les plus claires. Cela ne manque prelque jamais de leur arriver quand ils font agitez de quel- que paflîon extraordinaire , ou fortement appliquez à méditer lur quelque fujet qui concerne leurs intérêts particuliers ; car cette application fait qu'ils font cblouïs de ce qui les frappe au premier abord , 6c qu'ils ne voient aucune au- tre chofe pendant que leur imagination efl échauffée par la faufle lueur qui em- pêche les meilleures railons de paroître telles qu'elles font en elles-mêmes. 11 faut néanmoins que les queftions (e décident par la comparaifon des raifons de part & d'autre : car on ne peut fans témérité le déterminer fur celles d'un ftul Parti. Mais il arrive très fou vent, qu'on s'égare dans cette comparaifon, ou qu'on n'y procède pas de bonne foi. Combien y en a-t-il , qui n'ont pas aflcz d'étendue d'efprit , pour comprendre bien diftinftement les difFérens fu- jets qu'il faut combiner dans une leule idée , pour en connoître tout à la fois Je rapport mutuel? S'ils s'attachent à la confidération d'une raifon , ils oublient les autres , 6c ainfi ils ne les comparent pas véritablement. C'eft leur applica- tion préfente qui les détermine , 6c c'eft leur paffion qui les applique; & par conléquent , c'eft leur inclination ôc non pas leur lumière qui eft le principe de leur perfuafion. Voila pourquoi l'on ne fçauroit avancer un Principe qui foie plus faux dans la Religion , que celui par lequel Mrs. de Port-Roial , 6c les Doéleurs de Sorbonre , prétendent que ce qui leur paroît conforme à la vérité , doit être reçu par leurs Advcrfaires comme très certain , 6c que ce qu'ils jugent être faux n'eft point véritable. C'eft néanmoins fur ce fondement erroné qu'ils ont appuie tous leurs raifonnemens , 6c toutes leurs conclufions, dans tout le cours de cette Difpute. Ainiî leur grand Edifice de /a Perpétuité de la Foi n'aiant point d'autre foûtien que celui-là , tombe de lui-même auflî-tôt qu'on vient à le laper. La plus célèbre de toutes les Compagnies Eccléfiaftiqucs de l'Eglife Romai. ne , 6c la plus dévouée à foûtenir les intérêts de la Papauté, nous fournit tout ce qui eft nccellaire pour détruire 6c pour renverfer de fond en comble ce vafte Se fupcrbe Edifice , que les Sorboniftes ont conftiuit fur le fondement chancelant de la Tradition des Pcres. Ce font les Jéfuites , les plus redoutables Antagoniftes de Mrs. de Port-Roial , qui travaillent aujourd'hui à établir un nouveau Syftcme , pour faire voir , que tous les anciens Doéteurs du Chriftianil- me , 6c tous les Hiftoricns qui ont écrit avant le treizième Siècle , 6c fur le té- moignage defquels l'Egliie Romaine fonde lîi Doètrine 6c fon Culte , font des Auteurs luppoicz qui n'ont jamais dit un mot de ce qu'on leur attribue parmi les Chrétiens. Le projet de ce Syftcme a été formé par le Père Hardotiin depuis une quin- zaine d'années , 6c public dans deux volumes qui donneront bien de l'occupa- ^** 4 . lion 14 DISSERTATION tion aux Sçavans. Le premier eft fon Eflai Chronologique fur les Médailles de la Famiîle d'Hérode , £c le fécond fa Chronologie de l'Ancien Teftamenc. Ils ont été approuvez par des Théologiens 8c par des Provinciaux de fa Corn, pagnic qui a tant d'eftime pour lui. Se une fi haute idée de fii capacité, qu'elle lui a confié le foin de faire une nouvelle Edition de tous les Conciles , dont il y en a déjà fept gros Volumes in folio d'imprimez Cet Auteur applaudi de toute la Société Jcfuitique , dit hardiment à la page 68. de fon premier Eflai , que c'cfl une cbojè incroiable ^ une efpéce de prodige , que la multitude dJ' Auteurs fuppofez , tant facrez que Profanes ,, q/iune ajjemhlée dctcflable i3 digne d'exécration , pour ne rien dire des autres , a produits , il y a environ cinq cens ans. Et que c'ejl d'ailleurs une chofe furprenante combien il nous refie peu d'Ouvrages légitimes des Anciens , & que par conféquent ^ il ejl très diffi- cile de pouvoir en cela dijlinguer le bon du mauvais , y la vérité du menfonge. „ Cette Aflcmblée, félon l'opinion de ce Chronologifte , étoit fort fçavante, „ fort nombreufe , £c compofee de gens , dont ks uns étoient agitez de haine „ contre les Evêques , 5c particulicrcment contre ceux qui joignent des Di- „ gnitez temporelles à leurs Prélatures : les autres étoient des Athées , qui ne „ connoiflbicnt point d'autre Dieu que la Nature, ou l'Etre Univerfel: enfin, „ d'autres avoicnt pour but de ruiner la Foi , 6c d'établir des Dogmes contrai- „resâce que les Chrétiens doivent croire de rExiftcncc. de la Nature, & des „ Attributs de Dieu, des trois Perfonnes diftinftcs réellement entr'elies , Se 5, unies en une feule Efience ; de l'Incarnation de Jéfus Chrift , du nombre & „ de l'efficace des Sacremens , duCaraétére des Evêques 8c de leur prérogative 5, au deflus dts Prêtres ; en un mot de toutes les Traditions de l'Eglife. „ Ce fût donc pour ce deflein, ajoûte-t-il, que ces hommes s'unirent en(em- ,,'blc dans le treizième Siècle fous les Aufpices d' Artaxerxes Longimanus ^ àe. Da- „ri!is Nolhus^ èc d' Artaxerxes Alnenjon (i\ déGgne par ces trois noms fuppofez, „ l'Empereur Frédéric Second ) ôc qu'ils fuppoférent tant d'Auteurs que la po- „ pulacc des Sçavans prend aujourd'hui pour Anciens Ils ne fe contentèrent ^, pas de forger , félon leur deflein, un Thucydide^ un Denis d' HalicarnaJJé ^ un „ Diodore de Sicile, un Dion Caffius , un Tite-Live , un Suétone ,, un Tacite, fans „ parler d'un nombre furprcnant d'autres Auteurs Grecs & Latins, qu'ils com- „ polcrcnt malicieufement , pour abu fer de la crédulité de leur Siècle, 8c de „ celle des Siècles fuivans : mais ils portèrent leur effronterie Se leur impiété „jufqu'à fuppoicr une Vcrfion de l'Ecriture ; Verfion que les ignorans appel- „ lent la Verfion des Septante ; un Pentateuque Samaritain , un Origéne , un ,,Bafile, un Grégoire de Nazianze, un jcrôme , un Angufiin ■■, en un mot, tous „ les Pères Grecs 8c Latins , fans en excepter aucun. „ Ce n'efl pas encore tout : non contens d'avoir fuppofé des Livres en ces „ deux Langues , ils comptifcrent de faufles Annales en Arabe , fous le nom „d'un Patriarche Mclchite d'Alexandrie du dixième Siècle; Se même ils furent allez habiles 8c rufez pour inventer de nouvelles Langues , telles que font „ celle des Cophtes , 8c celle des Anglo-Saxons. Il y a un Auteur Moderne , Anonime, qui s'eft attaché à faire /èntir le ri» dicule Se l'impoflîbilité de cette Faétion imaginaire , c'eft pourquoi il nous fuffit pour nôtre deflein , de fiirc remarquer la-dcflus , que le danger que ces opinions 5 55 PRELIMINAIRE. ly opinions peuvent cauler à la Religion , regarde moins les Egl!{es Réformées que l'Eglift Romaine , parce qu'elle fe vante d'avoir fes plus forts appuis fur îcs Traditions anciennes, dans la prévention oii elle eft qu'elles lui font favo- rables. Mais le célèbre Antiquaire &Chronologiftc , dont nous venons de par* ier, en juge bien autrement, 8c c'eft le fcul endroit de fon Syftémc où il ait •raifon. I! trouve la Tradition fi contraire à la Religion Romaine , qu'il ne fait pas difficulté d'avancer, que ceux qui nous ont fuppofé les Pérès Grecs 8c Latins, étoient dans les fentiin^ns des Calviniftes Sc des Protcftans. Cet aveu donne un gain entier de caufe à Mr. Aubcrtin ^ an Miniftre Claude contre Mr. Ar- naud i^ le Cardinal du Perron. Il eft maintenant de l'intérêt des Docircurs du ^-Papifmede lailîer en repos les Reformez , pour réfuter du mieux qu'ils pour* \ ront cet Auteur , dont la redoutable Société Jéfuitique fe fcrt aujourd'hui pour Voufflcr lur toutes les Traditions adoptées par le Concile de Trente , êc qui d'un feul trait de plume les rend toutes Calviniftes. Les plus célèbres Théologiens & les plus habiles Controvcrfiftcs de ce fa« meux Ordre Amphibie, ont eu tant de démêlez avec les Proteftans , qu'ils ont enfin reconnu , par une fatale expérience , combien peu avantagcufe leur ell la Tradition , quoi qu'ils la faflcnt ionner bien haut , quand ils ont à faire au Peuple , qui n'entend pas toute la force de ce mot, & à qui il eft ailé de per- fuadcr que la R;ligion étoit telle du tcms des Apôtres , qu'elle paroît aujour- d'hui dans l'Eglife Romaine. Mais lors qu'il en faut venir au détail des Dog- mes , & aux difcuffions critiques des paflàges des anciens Pérès , des Hiftoires Eccléfiaftiques , Se des Conciles , ils s'apperçoivent bien-tôt que ce mot de 'Tradition n'cft qu'un grand nom , qui ne rcpond prefque jamais à l'attente de ceux qui étudient les Anciens avec un cfprit rempli des préjugez de la Théo« logic Scholaftique. "De là vient fans doute cet attachement que les Jéfuites ont pour les Auteurs modernes au préjudice de l'Antiquité , Sc leur cmpreflement à défendre des Li- vres que tous les Sçavans ont abandonnez. Tels font le prétendu Dciiis Areo- pagite 5 que les Jéfuites Martin Del-Rio , Pierre Halloix , 6c quelques autres ont voulu fcûtenir contre les efforts de tout ce qu'il y a de gens habiles Se éclairez dans toutes les Communions du Chriftianifme. Ces Moines ont foûtcnu de même , le plus long tems qu'ils ont pu ,^ les faufles Décrétales des Evêqucs de Rome , 8c François Turrien a fait des efforts incroiablcs pour en deftendre l'authenticité , quoi que cette malhcureufc Col- Icftion de Lettres publiées fous les noms d'une foixantaine de Pnpcs , foient des écrits dont la fauflcté eft très fcnfible , de l'aveu même des Dodeurs du Papifme qui ont intérêt à les dcffcndre , puifque c'efl: fur ces Lettres fuppo- fécs , qu'ell; fondée toute la Hiérarchie Romaine , (on Droit Canon , l'Autori- té de fes Souverains Pontifes , ?:C la plus grande partie de fes autres erreurs 8c de fes nouveautez diamétralement oppofées à la vérité de la Religion Chrétienne. L»s Lettres Paftorales , les Confellions de Foi , Se toutes les autres Confti- tutions des Eglifcs Grecques de l'Orient , que nous devons réfuter dani cet Ouvrage , font à peu près de la même nature que ces faufles Décrétales des Evcques de Rome , 8c forgées dans la même vûë , par quelques Eccléfiafl:t- ■'^*** ques z6 DISSERTATION ques Se autres perfonncs entièrement dévouées aux intérêts de la Papauté & du Papifmu- ; c'eft pourquoi nous en ferons voir la fauficté , par des Régies Juri- diques &: par des railbns qui ont beaucoup de rapport à celles dont les plus fçaxans Critiques de nos jours fe font hcurcufemcnt fervis contre ces Confti- tutions iuppol'ces ; 6c outre cela nous les réfuterons par une grande quantité de Pièces très authentiques , dans Icfqucllcs on trouvera des Dogmes 6c des faits entièrement contraires aux Documens Sc aux Atuftations dont Mrs. de Port- Roial ont rempli leurs quatre grandi volumes de la Perpétuité delà Foi ^ & fur tout le liuiticmc Livre Anonimc. Nous ferons voir que les Lettres de Mr. l'Ambanadeur de Nointch , celles du Patriarche Cyrille Lucar , & le Synode de Moldavie , font incompatibles avec le Concile Gtec de Jérufalcm de l'année 1671. On trouvera auffi dans cet Ouvrage quelques autres Pièces très importantes 6c curieufes , avec toutes/ les Réflexions néceflaires pour démontrer que ces Décrets , ces Confdlîons dc( Foi, 6c les Témoignages dont elles font munies, fe détruifent réciproquement, par le grand nombre de contradiftions qui s'y rencontrent , 6c par les fauflc- tez très manifcftes qu'on y découvre , lors qu'on pefe bien toutes les circon- ftances de ces Aétes , 6c qu'on en fait une jullc comparaifon avec diverles au- tres Procédures des Minières d'Eiat du Pape , que les Doéteurs de l'Eglife Romaine ne fçauroient délavouer. Ceux qui voudront confulter les propres Originaux dont nous avons tiré nos preuves , trouveront un Exemplaire authentique du Concile de Jérufalem 6c des deux Synodes Grecs, dont nous venons de parler, dans un Manufcrit bien conditionné, que nous avons mis en dépôt dans la Bibliothèque de l'Univerfi- té de Leydc en Hollande. Pour ce qui eft des Lettres 6c des Relations , on trouve! a les Originaux de celles de feu Mr. de Noiniel , parmi les M.mufcrits de réferve , qui font dans un Cabinet de la Bibliothèque du Roi de France , dans l'un des Volumes 011 l'on a r.iflemblé les Pièces qui concernent les Ncgo- tiations de fes AmbaOadcurs, 6c les Extraits que nous en produirons font léga- lifez en bonne forme par des Prélats que le Clergé de France ne defavouera point. Celles du Patriarche Lucar font dans la Bibliothèque de l'Univcrfité de Genève, oii elles ont été miles par Mr /.^^fr fidèle Miniftre du Saint Evan- gile , Profefleur en Philofophie , i^ Pafteur de ladite Ville ; qui nous a Hiit la faveur de nous donner les Copies bien atteftées de tous les Originaux qu'il a trouvez parmi les Ecrits de feu Mr fon Père à qui ces Lct'res fuient adreiîecs deConftantinople à Pcra de Galata par le Patriarche Lucar durant le cours de huit années que Mr. Lcger y demeura, en qualité de Miniftre, chez Wx Haga Ambafladeur des Etats Généraux : qui par un faint zèle pour l'avancement du Régne de Jéfus Chrill , protégèrent ce Patriarche jufqu'à la fin de fa vie , comme on le verra par le contenu de ces Lettres , qui Serviront aufîi à décou- vrir 6c à prouver les calomnies , les attentats 6c les violentes perfécutions de la Cour de Rome , 6c des Ambafladeurs de France , qui ont travaillé de con* cert pour faire périr malheureufement ce Patriarche. On fera voir d'une manière inconteltable l'impofture atroce de Mrs. de Port* Roial , en ce qu'ils ont poufl'é leur mauvaifc foi juffjues à imputer fans aucun fondement , 6c contre toute vérité , la mort du Patriarche fimotbéc à l'Am- ' ' ' balîadeur , PRELIMINAIRE. 27 bafladeur de Hollande , en difant que ce Patriarche fut empoifonné à la table de ce Miniftre, fie que pour empêcher qu'il n'en réchappât , un Médecin ga- gné par une groflc fomme d'argent lui donna une féconde fois du poilon , en faifant femblant de lui donner du fecours. II paroîtraaufli très évidemment qu'il n'y a rien de plus faux que ce qu'o- fènt avancer les Prélats de France & l'AmbalFadeur de Nointel ^ en dilant, que Leurs Hautes Puiflances , leurs Ambafladeurs , & plufieurs HollanJois , ont prêté de l'argent à ufure au Patriarche Cyrille Lucar pour entretenir une Fac- tion à Conliantinople contre les Grecs dévoucï^ au Pape, contre les Jcfuites 6c les autres perfonnes qui ctoient liguées avec l'Ambafladeur de France pour ex- terminer le Parti de ceux qui favoriloient Cyrille. Nous démontrerons au con- V traire que tous les Grecs dont la Créance étoit conforme à celle du Patriar- ^ che Cyrille , Se aux fentimcns des Réformez , fe font toiijours portez de leur propre mouvement à fe défendre contre leurs adverfaires , & à fe garcntir avec Cyrille du mieux qu'il leur étoit poiîîblc 6c par des moiens légitimes , des per- nicieux defieins 6c des horribles attentats des créatures du Papifme. Nous produirons avec tout cela , un grand nombre de Pièces très authenti- ques pour rcnverfer le principal fondement fur lequel Mrs. de Port-Roial 6c les Docteurs de Sorbonne ont élevé leur grand Edifice de la Perpétuité de la Foi prétendue de l'Eglifc Catholique ; 8c nous prouverons démonrtraîivement que toutes les Eglifcs Orientales de la Communion des Grecs indépendans de la Papauté, n'étoient point d'accord avec l'Eglile Romaine au milieu de l'on- 2,iémc Siècle , ni dans les fuivans , (ur la Doftrine de la Tranflubftantiation , ni fur plufieurs autres Articles , qu'on tient aujourd'hui dans tout le Papilme pour des véritez inconteftables , êc qu'on oblige de recevoir indifpenfablemenc comme des points fondamentaux de la véritable Foi. Il ne nous fera pas même difficile de faire voir qu'il y a des Grecs non La» tiniiez qui font encore maintenant dans les fentimens de nos Eglifes Proteftan- tcs fur la matière des Sacrcmens, comme plufieurs de leurs Prédéceflcurs y onc été depuis le commencement du Chriftianifme jufqu'à-ce qu'ils ont eu le mal- heur d'être infectez par les fuperftitions de la Communion idolâtre de l'Eglife Latine , 8c par les erreurs que les Emiflaires de la Cour de Rome ont trouvé le moien de faire infenfibleraent glifler dans toutes les Eglifes Chrétiennes de rOricnt. Nous infifterons principalement à faire voir que cela eft arrivé au fujet du Dogme de la Tranfllibltantiation , 6c qu'il n'y a que des créatures du Papifme 6c des Grecs ignorans 6c corrompus qui aient fourni des Atteftations aux Doc- teurs de Sorbonne 6c aux Controverfiftes de Port-Roial pour établir ce mon. flre d'erreur , avec celui du culte impie de l'Adoration du Sacrement de l'Eu- chariftic. Les Preuves 6c les Argumcns que nous emploierons pour détruire tout ce que ces plus fameux Théologiens de l'Eglife Gallicane ont produit de nouveau pour établir CCS deux Articles , faffiront pour les confondre entièrement : 8c pour faire voir à tout le monde , que ces Prélats fi célèbres 6c fi ruiez dans leurs Difputes , ont néanmoins fourni , très imprudemment , des armes pour combattre leur Parti : 6c qu'ils ont eu tort de fe flatter qu'il n'y auroit point ■^ ^ * -x- 2, de 28 DISSERTATION de Miniftre Réformé qui pût avoir tout ce qui eft néceflaire pour réfuter fo* lidtmcnt un Ouvrage, muni d'un aufïï grand nombre de Pièces extraordinaires^ qu'il s'en trouve dans les quatre gros Volumes qu'ils ont compolcz, avecheau^ coup de foin , de travail & de dépenle , pendant une douzaine d'années , pour démontrer que la Doctrine Se le Culte que les Protcftans rejettent , font des matières de foi , qui ont toujours fait une partie de la Créance, & du fcrvice Religieux , parmi tous les Chrétiens , dans les Eglilcs Grecques , auffi-bien que dans les Eglifcs Latines du Papilme. Nous ferons voir très clairement que cette groflc Compilation dont ils font tant de cas , ( & de laquelle ils fc fervent même avec beaucoup de fuccès , depuis quelques années , pour démontrer que les Miniftres de Charenton , 6c leurs adhcrans , ont été des impofteurs êc pour pervertir un grand nombre de / Reformez , ) ne contient aucune preuve certaine de ce qu'ils fe vantent d'avoir / mis dans une parfaite évidence. 11 y a trois de ces Volumes qui ne font remplis que d'un amas prodigieux de faufles glofes fur les paflàgcs controverfez des Pérès Grecs, Ôc d'une grande fourmilière de menfonges déguifez par un nombre infini de Sopliilmes dont on peut trouver la rèfolution dans plufieurs Auteurs , & principalement dans les Ouvrages de feu Mr. Jubcrtin ^ & dans ceux du Miniftre Claude , d'heureufe mé- moire : voila pourquoi nous laiflerons tout cela à part , comme très inutile ; &; nous nous attacherons uniquement aux queftions de Eut établies fur le grand nombre d'Aéles , de Certificats 8c de Témoignages que ces Mi-fiîcurs ont ran- gez dans le huitième Livre de leur troifiéme Tome , comme autant de Pièces juridiques dont ils prétendent que la matière & la forme iont à l'épreuve de toute forte de Critique , & plus que fufïifantes pour terminer à jamais cette famcufe Difpute , qui entraîne néccfl'airement avec elle , la décifion des plus grandes Controverfes qui font aujourd'hui un mur de fèparation entre les Pro- tcftans 8c l'Eglife Romaine. Les Sçavans 8c les Curieux , les Hiftoricns 8c les Critiques , trouveront ici de quoi s'occuper utilement 8c même avec beaucoup de plaifir , à caufe de la divcrfirè des penfées , des opinions , des maximes , 8c des f.ntimens bizarres qu'ils y trouveront , avec des Ecrits en quatre Langues dont le ftile eft très dificrent lis ne doivent pas craindre d'y rencontrer ks épines . ni les difîîcul- tez qui font ordinairement attachées à ces fortes de Difpuies. Nous avons pris un foin particulier de bien démêler tout ce qu'il y avoit de plus crabarrafiant , pour ne mettre au jour que des faits qui peuvent être vérifiez fans beaucoup de peine, par tous ceux qui voudront jettcr les yeux fur les Relations curitu- fes , fur les Lettres importantes , êc fur les Statuts Synodaux que nous pro- duirons avec une Traduction Françoife des Originaux qui font , les uns en Grec, 8c les autres en Latin , ou en Italien On trouvera auiTi en même tems dans chaque Paragraphe toutes les Remar- ques 8c les Inftruétions qui font néccflaires pour mettre dans une parfaite évi« dence , non feulement toutes les véritcz importantes qui font contenues dans ces Pièces authentiques , mais auffi toutes les conféquenccs qui en réfultent 8c dont on peut tuer de grands ufages contre les Doéteurs de l'Eglife Romaine , Se en particulier contre le Cierge de France , ôc contre les Miniftres d'Etat gui. PRELIMINAIRE. 29 qui travaillent de concert à favorifer les plus grands ennemis de la Religion Réformée , & à fiiire rciifTir les pernicieux dcfleins que la Cour de Romo forme tous les jours pour la dtftruftion des Etars Protcftans. Si après cela quelques Controvtrfiftcs dérailbnnabks viennent à combattre nôtre Ouvrage par ignorance . par opiniâtreté , ou par quelques vues 6c inté- rêts du Papil'me , qui font ordinairement ians bornes j nous leur déclarons par avance , qu'il n'y auioit pas de juftice à nous demander des Réponfes toutes les fois qu'ils s'avifcront de nous attaquer , en révoquant en doute des véritcz aufli palpables que celles que nous étalons ici , d'une manière très évidente , parce qu'ils méritent , en ce cas , qu'on les traite comme ceux qui nient les premiers Principes des Sciences , & ks Axiomes inconteftabics , fur lefquels ^tous les plus folides raifonncmens des hommes font fondez , aufli-bien que tou- tes les connoilîances dont ils font capables. Ces Axiomes inconteftables que nous emploierons dans cet Ouvrage font éta- blis fur les Loix de la Juri/prudetice , & appliquez à la matière des preuves authentiques dont il s'agit ici fur les Qiieftions de fait , concernant la Religion des Grecs. Nous devons par conféquent emploier dans cette Controverfe les Maximes dti Barreau , par une Méthode Juridique dont les Théologiens n'ont pas allez de connoiflance pour s'en prévaloir auffi avanrageufemcnt que nous le pouvons faire tn cette rencontre. Et pour cet effet il ell n^ceffaire que nous fartions remarquer à ceux qui ignorent le Droit Canonique 8c le Droit Civil , qu'on doit ji^ger fort différemment des voies Sc des méthodes de prouver les véritcz de la Foi , & de combattre les erreurs , lors qu'on les regarde en el- ks-mémes, ou qu'on les coniidére par rapport à ceux que l'on defirc perfuader. En ne regardant certaines méthodes qu'en elles-mêmes , on a fujet de dire qu'elles font capables de conduire l'efprit jufqucs à lui faire connoître quelques véritez avec certitude , Sc l'on peut mettre de ce nombre toutes celles dont les principes font clairs ou certains , & les confcquences évidentes. Mais il n'en eft pas ainfi lors que l'on compare ces méthodes avec les différentes difpofitions des hommes. Car ils font pleins de tant de ténèbres, êc leurs préoccupaiions font fi bizarres , qu'il n'eft pas poffiblc de trouver une lumière qui foit propor- tionnée à tous ces diff lens obfcurciffemcns. Les unes font bonnes pour cer- tains efprits , les autres pour d'autres : les unes font plus propres à difliper cer- tains nuages & certains préjugez , les autres éclairciffcnt plus diftinélcment cer- taines difficultez. On ne doit donc pas s'étonner que pour faire voir la fauffeté & l'inutilité des Attcftations que ks Doéteurs de Port-Roial 8c de Sorbonne produifent contre la Doftrine des Réformez , & qu'ils étalent fous le titre de Pièces jlii- thentieiues , nous mettions en ufage une Méthode Juridique iiiuficée dans les di{« putes de Théologie. Cette Méthode confifte dans l'examen des Loix civiles 6c des ftatuts Eccl.fiaftiqucs dont les Jurifconfultes fe fervent pour reculer les Témoins & pour rejttter les Ecrits 2c toutes les preuves qui ne font pas fé- lon les formes du Droit. Nous en avons fait un Recueil qui f ra mis à la fin de cet Ouvrage , pour fervir à juger de la validité des Monumens que nous de- vons produire , 8c de /.« faiijfeté des Pièces que nous devons rejctter. On trouvera parmi cts Monumens Authentiques douze Lettres Originales du fa- **** 3 raeux ,o DISSERTATION PRELIMINAIRE. meux Patriarche Cyiille Lticar , qui font écrites de fa propre main , Se qui n'ont jamais été mi'fes au jour. Sa ConfeJJion de Foi que nous avons aufll en Original & qu'il a confirmée & augmentée par un grand nombre de Paflages de l'Ecriture Sainte 6c des Pércs Grecs. Les Ailes Originaux d'un Concile tenu dans la Ville de Jérufalem par des Grecs aflemblcz de divers Pais de l'Orient en l'an i67X. Les Décrets de deux Synodes àc Conftaminople & de Moldavie confir- mez par ce même Concile de Jérufalem. Di-verfes Relations Anecdotes fort curieu- fes Se pliijicurs autres Pièces très importantes, légalifées par des Patriarches & par des Miniftrcs d'Etat qui ont écrit fur le même fujet. Tous ces Monumcns Authentiques feront joints à une centaine d' Axiomes tirez des XII. Tables de l'ancien Droit Romain , des Plébifcites , des Senatufconful- tes , des Edits des Prêteurs , des Réponfcs des Jurifconfultes , des Confiitutions x des 'Empereurs , des Refcrits des Princes , des Glofes des Légiftes , des Canons f des Apôtres , des Décrets des Conciles , des Brefs des Papes, des Sentences des* Pércs, 6c enfin des principaux ^/'/7or/7///« des Théologiens 6c des Dodeurs qui ont écrit fur les Loix Divmes 6c humaines. Nous emploierons tout cela dans cet Ouvrage , pour y démontrer Juridique- went la fauffeté de plus de cinq cens Attcfiations , contenues dans une 'vingtaine de Confeffions de Foi des Grecs , qui ont été corrompus 6c fubornez par les Doéleurs de "Port-Roial 6c de Sorbonne , par des Emiflaires du Clergé de France , ôc de la Cour de Rome , 6c même par des Agens 6c par des Ambafladeurs des Princes de la Communion de l'Eglife Romamc , qui n'ont rien épargné pour fournir à leurs Controverfiftcs de quoi confondre les I\Iiniftres Réformez , ^ tous les Chrétiens Protejlans , dont la bonne Caufe fe trouvera foûtenuc dans toutes les parties de ce Volume , par tous les moiens 6? par toutes les Pièces dont nous venons de donner une idée générale dans cette Uiflertation. Qii'il nous foit donc permis , en la finiflant , d'emploier les mêmes paroles qui fc trouvent à la fin des Livres de la Cité de Dieu , £c de dire com- me fit ce Docieur qui les avoit compofcz conirc les Paicns , 6c pour la Dé- fenfe du véritable Chiiftianifme , que nous croions fatisfaire par cet Ouvra- ee à l'engagement où nous fommes entrez , 6c que nous conjurons ceux qui y trouveront de l'excès , ou du défaut , de nous le pardonner : puifque nous y avons travaillé félon la méfure de nos lumières , 6c à proportion des moiens qu'il a pliî à la Providence de nous fournir pour cela ; il eft par confcquent très jufte que tous ceux qui en feront contens ne s'arrêtent point à nous en attribuer la gloire , mais qu'ils fe joignent à nous pour en rendre grâces à Dieu. M O N U- \ MONUMENS AUTHENTIQUES Nouvellement découverts , pour démontrer LA VERITABLE RELIGION DES GRECS. E T LA FAUSSETE- DE PLUSIEURS CONFESSIONS DE FOI Des Chrétiens Orientaux; Produites contre les Théologiens Rcformez^par les DoEleurs de Sorbonne i§ de Port-Roial^ dans leur fameux (j' grand Ouvrage de la Perpétuité de la Foi de l'Eglife Catholique. LETTRES ANECDOTES. DE CYRILLE LUC^R, P A P E ^ P AT R I A RC H E ET JUGE Oecuménique ( a ) des Eglifes Chrétiennes du Trône Impérial de Conflantinople. Aux très Vénérables Syndics , Sénateurs , Pajleurs (^ Prufejfeurs , du Confeil , de l'E- glife Cj? de r Académie de Genève. LETTRE PREMIE'RE. CvtiUo , Patriarcha di Conftantinopoli. ÀMPLISSIMI cMAGNIFICI Reverendiflimi è Vcncrabili S I- GNORI .SENATORI , Dottori , Miniftri , Profcflbri è Govcrnatori dclla Republica è Chie- fa di Geneva : Amici é Fratclli in Jefu Chriflo , dilcttiffimi 6c oflervan- difllmi. Poil: Pacfm 6c Fraternam falutem. DOvevo baver e qualche materia di Confolatione per dar guflo fpiri- tuale fcrivendo aile dotiffwie Per- fone vofire , cho di conîinuo fervite à Id- Cyrillc, Patriarche de Conflaniinople. Très GRANDS ^ MAGNIFI- QUES S EIGNEU RS ^ SE- NATEURS, très Révérends ^ Vé- nérables Doéîeurs , Miniflres , Profef- feurs ^ Gouverneurs de la République 13 de VEglifc de Genève : Amis £5? Frè- res très honorez, £5? bien-aimez. en Jéfus Chrift , après les fouhaits d'une Paix Fraternelle ^ de toute forte de bonheur. I E ne dcvrois pas écrire à des Per» fonnes auffi Illuftres que vous l'êtes par vôtre grande Erudition , fans a- voir des ouvertures à vous donner fur A ' dio. z LETTRES A iUo , è vigilate fer il beneficio délie anime Chriftianc , che fi pafcano del verbo fanclo Prediccito neW E-vangelio del noftro Si- gnore Jefii Ch iflo ^ e da gli fanSti Âpo- jloli al mondo communicato è piiblicato. Ma in quejle parti ejfendo il Jiato délia Chiefa noflra Grcca , molto mi fera , è di moeftitia pieno , per H contintii travagli è perfecutioni di quelli che totalmente da quella cercano d''ejîinguer la verita , uon rejia che materia di Itt^o è di pianto , co- rne à pieno le potra informare il Dotiffi- mo mio Signore Antonio Legcro , che qui prefente ha vedtito , è cou la 'mano loccato le piaghe nofire. L'Antichrifto non dorme , ne cejfa di cercare mioi-i viodi e niwve arti , è ado- perare li fuoi inftrumenti per opprimer l'Evangelica irrifà , è li profeffori di quella : nel che fono 'molto induflriofi gli Jefuiti , è fagaci per ejfeguir ogni loro in- tento. Uno difcepolo di loro , Metropolita di Vena , che nella gioventu fua ha fre- guentato la loro fchola , qui in Galata , è Fera di Conjlantinopoli , bavendo fettc fecreta di fatfe Patriarcha , he penfato démolir me del 'mio hioco , con tutto che per le virtii délie Leggi è Canoni e ordina- tioni Ecckfiajliche , non pote-va cjfer , io 'uiiiente , Icgttimo Patriarcha ; ma quel fcelerato , prima per via de "Turchi , che non rifguardano che al guadagno , è per guadagnare nonriguardano Iddio Créa- ture , ne rifpettano gJi huomini , ma ogni rnale admettono per tirar mercede , h fpo- gliar quai fi 'voglia iiijle , b jniiijle. Ho- NECDOTES les matières Spirituelles de la Thcolc gic, qui piiHcnt vous f<)ire plaifir; car vous êtes continuellement attachez au Service de Dieu , 6c ne cclllz de veil- ler pour le bien des fidèles Chrétiens qui fe nourrillent fpirituellcment de la Parole de Dieu, contenue dans TEvan. gile de nôtre Seigneur Je fus Chrijl , annoncé au mond-c par la Prédication des faints Apôtres. Mais nôtre Egli- le Grecque étant réduite , en ce Pais dans un très miférablc état , fie affligée / en diverfes manières , par les tourmens/ continuels de ceux qui la pcrfécutenc fans relâche , 8c qui travaillent lans ccflc à y éteindre toutes les lumières de la vérité : il ne nous rell:e plus que de trilles objets de deuil , qui fe prcien« tenc en foule , pour exciter nos gémif- fcmcns 8c nos larmes, comme vous en lerez amplement informez par nôtre cher Ami , le très Dofte Mr. Antoine Léger , ( b )<5ui a touché de fes propres mains nos plaies , êc yû tous les maux dont nous fommes affligez. L\lntechrift ne s'endort point , il cherche fans celle de nouveaux moiens pour ofiulquer la vérité , 8: de nou- veaux artifices pour opprimer ceux qui font profcflîon de fuivre les Dogmes de l'Evangile ; 8c pour cet effet il n'a point de meilleurs inftrumens que les Jéfuitcs , parce qu'ils ont beaucoup d'induftrie 8c de fagacité pour faire réuf- fir tout ce qu'ils entreprennent. ( c ) Un de leurs dilciplcs , métropolitain I de Fcna , qui pendant fa jeuncfle fut à leur école , ici à Galata , que nous appelions ordinairement Fera de Con- ftantinople , forma le dcflcin de me chafier du Siège que j'occupois , quoi qu'il fçût fort bien que les Loix , les Canons , £c les Statuts EccKfiaftiquci ne lui permettoicnt point de fe faire proclamer comme Patriarche légitime, pendant que je ferois en vie j mais ce ra DU PATRIARCHE LUCAR. :ta ftiel traditore , Metropolita di Vena , tifata repéra delli tiirchi , e de alcuni •Chriftiani , che pcggiorifono che Tur- chi nel procéder; di puai ha fatto mul- ti irigamii , che non ft puono fcri'ver •■, ma finalmenîe , paffato il Grau Signore in _4fia , per andar alla giierra contra il Perfiano , h feqHito , è per flratagemi fecreti atténue un ordine al Fice-Rè ^ che era fopraflante di Confiant inopoli , che lui fojfe promojfo al rnîo luoco , e piglio del fangue delli po-veri venta mille 'folori , \è lida alli Turchi per mandarme in effilio B Rhodes , doije fui canfinato mefi dieci fette. ^lel Apafiata traditore fa moite cofe per J'oftentarfi , ma conafciute le fue quaUta^ Pha tanio odiato il papula ^ è glï Ecclefiafiici , che una volta can gran ftrepito , falevati tutti , hanno quel ma- ledetto depofta , e bandita can dishonore , è .me richiamato e liberato. S Arrii'ai qui à punta qnefti glorni , per Providenza Divina , fopra la partenza del dotijfimo mio Signore Léger , perche h un tal Dottare , che qui ha tanîo ferz'ita la Cbiefa , /'/ quale tutti mi amiama , e di lui faciamo gran ftima per le Chnfiiane fue qualita , è per baver perfide fe fervit d'abord des Turcs , qui ne cherchent que leur profit , & qui pour faire quelque gain , abandon- nent Dieu leur Créateur , Sc n'ont des égards pour qui que ce foit ; mais au contraire forment toute forte de mau- vais defleins pour s'tmparcr du bien des innocens , de même que de ce- lui des coupables. Voila pourquoi ce Métropolitain de Ff«« pour faire réiif- fir fa trahifon , cmploia les Turcs 8c quelques Chrétiens , dont le procédé efi plus mauvais que celui de ces Alahomé- tans. ( d ) Il fit enfuite plufieurs fourberies qu'on ne fçauroit expri- mer par écrit ; mais enfin , le Grand Seigneur étant allé en Afie faire la guerre au Roi de Pcrfc , il ob« tint , par des ftraragcmes fccrets , un Refcrit de Sa Hauttfie par lequel il étoit enjoint au Caimacan ^ qui com- mandoit pour lors dans la ville de Conftantinople , de l'inftallcr en ma place ; enfuite il extorqua vingt mille écus du fang des Pauvres , dont il fit préfent aux Turcs , afin qu'ils m'envoiaflent en exil à Rhodes , où j'ai été relégué pendant dix - fcpt mois. Ce déloial Apoltat ne man- qua pas de faire jouer plufieurs ref- forts pour le maintenir dans ce Pof- te ; mais fa perverfité , & fcs mau- vaifes inclinations , aiant été recon- nues , il fut tellement hai du Peu- ple Se du Clergé, que tout d'un coup il fe fit un foûlcvement général , par lequel cet exécrable fut dégradé & ban- ni hontcufemcnt , 6c moi rappelle 6c tiré de mon éxil. J'arrivai ici , par un effet de la Di- vine Providence, ces jours paflcz, juf- tcment lors que mon cher Ami , le Doéle Mr. Léger étoit fur fon départ. J'ai été ravi d'avoir cette occafion fa- vorable pour l'accompagner de cette Lettre , par laquelle vous connoûrez A à 4, LETTRES à mi in moite cofe i articoli délia fede mol- ta luce prefentato , alla cognitione délia •verità , accompagnaffe con le prefente mie aile ckirita vojire. Ritornato diinque (jui non fom andato al Patriarchato , ma alloggiai in Cafa del Eccelentijfimo Im- bacciadore di Fiandra , dove ricevo le •vifte de tutti , è fto m al^uanto ripo- Eeco Clafijfinii è Dofti Slgnori che io conipcndiofamente ho defcritto iina Hijloria che altrimente mi faurebbe d''un pinello di qiialche faamdo Hiflorico bifo- gno per delinearla , con tntto cio qui non cejfa il maie , non cefla la perfecutio- rte, fcrpe corne lacqua fotto la paglia Ha invidia l'Antichrifto al Regno è alla gloria del noftro Rcdentore : non fopporta la grandczza è dilatione fua ? fa paura alli fimplici con il nome di Calvino , Dottor Santiffimo è Sapientif- fimo , che ncl Ciclo Gode è participa con gli " ' ïli fanti , che cariflimi fono al lo- lo Redentore. Li Lihri> e Opère di Calvino \ niimo ê!i qiiejli refragarii ha mai letto , ne ha notifia dcila Pottrjna d'un tal PotWye. ANECDOTES qu'il eft très digne de vos faveurs ; car nous pouvons vous aflurer , que tous ceux de nôtre Communion Vont tou- jours fort ejlimé , & que nous le ché< riflbns tous avec une afiedion particu. liera , ( c ) non feulement à caufe de fon grand fçavoir 8c de fes vertus Chrétiennes accompagnées de plufieurs beaux talens ; tnais aujji parce qu'il a rendu de très bons fervices à VEglife y , 8c nous a donné plufieurs éclaircifle- mens tant fur des Articles de Foi , que fur d'autres matières qui contriv buent à la connoiilance de la vérité/ Depuis mon retour en ce lieu , je n'ai point encore été prendre poflcilîon de mon Palais Patriarchal : j'ai tou- jours demeuré chez fon Excellence i'Ambafladeur de Hollande ; où je commence à goûter un peu de repos Se où je reçois toutes mes vifites. Voila, très doéies 8c illuftres Sei- gneurs , un petit narré dans lequel un plus habile Ecrivain que moi pourroit trouver aflcz de matière pour faire une très belle Hiftoire ; mais au défaut d'une meilleure plume , je dois ajou- ter moi-même à ce que je viens de vous dire , que nos malheurs ne di. minuent point; que la perfécution dure toujours : Elle nous mine fccrettcment comme l'eau qui ferpente de tous co- tez fous le chaume. V Antechrifl %'o'<^- pofc à l'avancement du Régne de Jé- îus Chrifl; : il eft envieux de fa gloire, . 6c ne cherche qu'à ufurpcr fon autori- té. ( f ) 11 jette la terreur dans l'ef- prit des fimples par le nom de Cal- - '■cin ce Doétcur très Samt 8c rempli . defagefli;, qui eft maintenant en pof- feflîon de la félicité Célefte des bien- heureux qui font unis inféparablement avec Jéfus Chrift leur Rédempteur. Jamais aucun de ces tran/grefleurs des Loix Divines, n'a eu connoiflan- ce delà Théologie de ce Poâ:eur , ni jet- CÇH DU PATRIAR ■ Con tutto cio , con ^uelNome di Caivi no , fpa-z-oitono fignoranti , è ftmplici ; ma per gratta di Dio , fi hanm oppofto quelli che conofcono la verita , è hanm deffipato le ténèbre dagli animi di moJti , nel che ha fatto gran profita la prefientia ^(?/ Dotiffimo mio Signor Léger ; ^w/ predicando è ficrivendo ha molto numéro alla Lttce con-vertiti , è gli adverfiarii mirabilmente confiifi. : non ardificono com- pareiv alla gloria del Evangelio del no- ttro S ignore Jefii Chrifio ; Et io che in- Higitato per hteretico , qiti pre fente fiono , ma niffi'.no ardificc piu parlare : anzi ve- nendo tutti con fubmifiione dimandono per- dono , fuor di duoi , h tre capi , // quaJi amhora non ho admefio alla mia prefien- tia , con tutto che intercedono alcuni per loro , ma io rifiervo alla prima Congrega- tione dove à me convie ne pre die are , trat- tar li conforme il loro merito , che qt<.efio gli fiara morte. ■ Eco che aile AmpUfiime vofire Per- 'fone , (? Reverentie vofire le -aprole vificerc del mw cuore , corne à Fratelli miei Amantifllmi , abbrazando la Domina voftra, che è Orthodoxaè Catholica, è ahhorrcndo la Dottrina delli adverfia- rii , la Dottrina Romana FALSA è COR ROT TA. So che per qnefia mia Profeflîone , contra me fi fiollcva- no , è conjuraiio gli Monti , ma io fiempre diro , // Signore è mia illumina- tione è fialute di cbi temero ? Il Signore CHE LUCAR. y té les yeux fur les Ouvrages d'un fi fçavant homme. Cependant, ils fe fervent de ce nom de Calvin pour épou- vanter les fiuiples & les ignorans ; mais par la grâce de Dieu , ceux qui con- noiflent la vérité fc font oppoffz aux pernicieux defleins de ces réfraftaircs , & ont drffipé les ténibnrs de l'ignoran- ce d'un très grand nombre de pcrfon- ncs. Mr. Eeger que je chéris 6c con- fidére comme un Théologien fort fça- vant , a fait beaucoup de progrès pour cela depuis qu'il eft ici, non feulement: par fcs Prédications , mais aufli par fes Ecrits , qui ont deffiUé les yeux à beau- coup de monde, & tellement confon- du les ennemis de la vérité, qu'ils n'o- fent plus fe préfenter devant ceux qui font briller les lumières de l'Evangile de nôtre Seigneur Jéfus Chrift. Ceux là même qui m'ont voulu faire palier autrefois pour hérétique , me voiant ici , n'ofcnt plus ouvrir la bouche , fi ce n'eft pour me demander pardon. Ils me font tous venus témoigner leur foû- milTion, à la réfervc de deux ou trois à qui je n'ai pas encore voulu donner Audience, quoi qu'il yait des gensqui me follicitent en leur faveur , parce que je veax les mortifier par quelques rudes cenfures , comme ils le méritent, dans la première Congrégation où je dois prêcher, félon le droit que j'en ai, par ma dignité Patriarchale. Voila , mes très illuftres 6c vénéra., blés Seigneurs , les ouvertures que j'a- vois à vous donner , en vous dccou» vrant l'intérieur de mon cœur , com- me à des Frères bien-aimez , pour vous faire connoître que je reçois vôtre Doc- trine qui eft Orthodoxe i3 Catholique : que j'ai en horreur celle de vos ad- vcrfaires : que je détefte les Dogmes de VEglife Romaine parce qu'ils fiont FAUX ^ CORROMPUS. Je fçai qu'il y a des orgueilleux qui s'clcvent con- A z Pro- é LETTRES A Protetfor délia vita mia da chi mi fpa- ventaro ? Et con qitefta fperanza cinîo combattero in quefto tempo délia mia -vec- chieza contra gli refragarii , in fine che Jddio Benedetto mi chiami , i per le ora- tioni voflre mi facci gratia del Regno del Cielo , dove ci vederemo con "joftre Signorie , AmpUfifime i Reverendiffime , con vefle biancbe addotati con le palme in mano , nel confpetto del nojiro Signvre Je- fii Chrifto : per la ctii gloria tutti milita- mo , i fi abrazaremo in gloria perenne , è etierna félicita. ^lefia mia buona difpofitione volevo intimare anco alli Clariflimi è Dotiffimi Paftori è Scniori , dcUa Synodo di Hollandia , ma non -mi e fiato il tempo di ficyiver per il Reverendiffimo mio Si- gnor Lcger > trovandomi ocupatiffimo ; ma 0 pnntato con l'Excellent iffimo Si- gnore Imbafciatorc CORNELIO HAGA , Columna i firmament o del la fedc Catholica Orthodoxa , di cio fare con Voccafiione delli Jp.icii , il che fi ejfie quira fenzct diibio. Per fine à tutti voi Signori miei , è Fratelli , prego benedit- îione dal Cielo ^ i ogni profperita. Di Per a di CoyiJïantinopoU alli 7 Agofto 1 636. Deik Signorie veftre Clariffiine & Re- verendiflime Amico obfequemiffimo. CY R 1 L L U .S , FATRIARCHA , Coultaiitinopolicanus, NECDOTES tre moi, ne pouvant fouffrir la déclff* ration que je viens de faire , & que pour cela aufli des gens puiflans& re- doutables conjurent ma perte; mais je dirai toujours, le Seigneur efl ma lumiè- re y ma délivrance , de qui aurai-je peur ? Le Seigneur efl le Défenfeur de ma vie ; qui poiura me fai) e trembler ? Et en fondant mon efpérance là-deflus , j'emploierai ce tems de ma dernière vieilleflc à combattre ces réfra<5baires , ju(qu'à-ce que Dieu me retire de cette , vie, 8c me fafle la grâce, en exauçant^ vos prières , de m'introduire dans fon Roiaumc Célefte , où nous nous ren« contrerons tous en la compagnie des Fidèles , devant le Trône glorieux de nôtre Seigneur Jéfus Chrift , qui nous adoptera comme les Athlettcs qui au« ront combattu pour la Foi , en nous donnant des Palmes à la main ôc des vctemcns blancs , pour nous mettre en poflcffion de la félicité parfaite , quf nous unira tous dans la jouïllance du même bonheur pendant toute l'éter- nité. J 'a vois réfolu de faire auffi conaoî- trc le bon état de mes aflfîiires , Se mes fentimens fur les matières de Religion , aux très célèbres & très DoèVes Paf- teurs & Anciens des l'Eglifes Synoda- les de Hollande ; mais les occupations^ extraordinaires que j'ai maintenant , ne m'ont pas donné le loifir de pou- voir écrire par la voie de mon très cher & vénérable Mr. Léger , porteur de la prcfente , c'eft pouiquoi j'ai pris de nouvelles mefures pour envoier , fans faute , ma Lettre avec les premiè- res Dépêches de Son Excellence Mon- fieur rAmbalfadeur ( des Etats Géné- raux ) CORNEILLE HAGA, qui efl le Défcnfieur i^ V appui inébranla- ble delà Foi Catholique Orthodoxe. ( ^ ) Je finis en vous fouhaitant , Mefficursêc très chers Frères , la bénédidion du Ciel,, DU PATRIARCHE LUCAR. 7 Ciel , 8c toute forte de profpcritc. Très illuftres Seigneurs 6c très vé- nérables Mcffieurs , Vôtre Ami très affeaionné CYRILLE PATRIARCHE de Conftantinople. A Pera de Confiantiuople le 7 Août 1656. J7 REMARQUES HISTORl QJJES , CRITIQUES, POLITIQ^UES ET MORALES, Sur les endroits de la Lettre I. du Patriarche Lucar , qui font marquez par les lettres (î , b, c, d , e, f, g, qu'on trouve dans le corps de ladite Lettre, renfermez au milieu de deux P'arcnthéfcs , dont on fe fervira aufTi dans les Lettres luivantes pour indiquer les Notes qu'on mettra à la fin de chacune fur les matières qui auront befoin d'éclairciflcment. ( a ) Pa^e , Patriarche , (^ Juge Oecuménïq^iie. PAPE: Ce nom qui en Grec fignifie Père , le donnoit autrefois à tous les Evêques , comme on le voit dans les Epîtres de Saint Auguftin 8c de Saint Jérôme , 8c dans les Ouvrages des anciens Auteurs Ecclcfiaftiques. Eu* tychiiis rapporte (\\i'Héracleas Patriarche d'Alexandrie dans le troifiéme Siècle , prit le titre de Pape. Alcime Avitus Archevêque de Vienne donne ce même rître aux Patriarches de Conflantinoplc 8c de Jérufalem : mais Grégoire VII. léant en un Concile tenu à Rome vers la fin du XI. Siècle , fit ordonner que le nom de Pape demeureroit propre au feul Evêque de Rome ; cependant les Grecs non Latinifcz , qui ne font point fournis à fa Jurifdiftion , ne lui cèdent point ce titre , voila pourquoi Cyrille Lucar 8c les autres Patriarches Grecs fe dilcnt Papes , attendu qu'ils n'ont point renoncé à ce titre d'honneur commun à tous les Evêques, avant les ufurpations faites par les Papes de Rome , com- me on le peut voir dans les Ecrits de Saint Auguftin Epift. 15. 18. 22a. 2j6. Aliitus de Vienne , Epift. 7. {3 i?- Baronius , ad 10 Januarii. Sirmond , ad Ennodii lib. 4. Du Cange , /« GloJJar. Latinitatis. PATRIARCHE ; Ce mot , dérivé du Grec , fignifie Chef de famil- le ; c'cft pourquoi tous les Chefs des Générations , dont il cft fait mention dans l'Ancien Teftament , depuis Adam jufques à Jacob , iont nommez Patriarches : mais , dans le Chriftianifme , ce nom a été donné aux Evêques des Eglifcs d'Alexandrie , d'Antioche , de Jérufalem 8c de Conftantinople , de même qu'à rEvêque de Ro;ne, qui fait encore nommer aujourd'hui Patriarchies , les cinq A 3 princi. 8 REMARQ^UES SUR LES LETTRES principales Egiifes de cette Ville Capitale de l'Empire d'Occident. Il y a eu de très grandes difputcs fur cela entre les Patriarches de l'Eglife Grecque , £c ceux de i'Eglife Romaine, mais les Orientaux n'aiant plus voulu entretenir de Communion avec les Latins , depuis l'onzitme Siècle , ne fe font auiH plus attachez aux difputcs de la Primatie de l'Evêque de Rome. Car la Ville de Conftantinople étant devenue la Capitale de TEmpire d'Orient , Michel Ceri'.A larias qui n'avoit que le titre d'Evêquc de Bifance l'an 1043. obtint de l'Em» pcreur Confiantin , la qualité de Patriarche, 6c enluitc la Primatie fur les trois Patriarches d'Alexandrie , de Conilantinople 6c de Jérufalcm. Depuis ce tems là jufques à l'indallation du Patriarche Cyrille Lucar , il y a eu {ur le Siège de Conilantinople , quatrevingt Patriarches ; entre Icfqucls il s'en eft trouvé de. puis l'an 14^3- jufques en 1599. , treize qui étoient Latins , 6c qui aiant été élevez fur ce Siège par les intrigues , par les cabales 8c par les violentes fac- / tions de la Cour de Rome, ont caufé mille défordres 6c une corruption gêné, raie dans toutes les Egiifes de ce Patriarchat aufîl-bicn que dans les autres Pri. matics des Grecs. 11 ell; bon de remarquer ici qu'outre les quatre Patriarches dont on vient de parler , il y a maintenant dans les Egiifes Orientales fix au. très Patriarches de diftcrentes Nations , qui font féparez des véritables Grecs , à fçavoir, le Patriarche des Maronites 2c celui des Jacobites qui prennent tous deux le titre de Patriarche d'Antioche : 6c celui des Cophtes qui s'appelle auf- fi Patriarche d'Alexandrie ; celui des Géorgiens, celui des Nefi:oricns6c celui des Arméniens , qui eft ordinairement à Conftantinople. LePaïs des Grecs eft ce qu'on appelle aujourd'hui la Turquie Méridionale en Eu. rope ; mais ils font difperfcz en plufieurs autres endroits , comme dans la Moldavie , laValachie , la Pologne, la Mofcovie , 6cdans laNatolie,ou Aiie Mineure. Ils par- lent non ieukment Grec , mais aufti Turc 6c Arabe , félonies Peuples parmi Icf- qucls ils font , 6: leurs Offices 6c Prières fe font dans la Langue vulgaire des Pais où ils demeurent. Il y a parmi eux un grand nombre de Chrétiens La- tiuifez, obéiilans à l'Eglife Romaine, 6c particulièrement dans Icslflts de l'Ar. chipel ; c'cft pourquoi il y a plufieurs Confcilions de Foi fignécs par des Grecs, qui font très différentes les unes des autres ; 6c on verra dans la fuite de cec Ouvrage , que celles dont Mrs. de Port-Roial , 6c les Doéleurs de Sorbonne fe font fervis contre les Réformez , n'ont été lignées que par des Grecs La- tinifez ., 6c par des gens que la Cour de Rome 6c le Clergé de France ont trouve le moien de fuborner. Voiez, l'Hifloire des Rcligious par Jo-vet. Le Théâ- tre de la, Tiirquie par Mr. le Fe-vre. Léo Allatius , ijj le Père Maimboiirg , tou- chant la Religion des Grecs , Mr. Smith , i^ Mr. Simon , dans leurs H:Jioires des Nations du Levant , tf! fur Vetat préfent des Egiifes de la Grèce , ^ Baronius dans fes Annales , avec le Supplérdcnt de Henri Sponde. JUGE OECUM EN IQ^UE. Ce terme Oecuménique , fignifîe Général^ ou Univerfel , 6c vient du Grec ô*xs!«s»d , qui fe prend pour la terre habitable: comme qui diroit Reconnu par toute la terre , ou dont le pouvoir s'étend fur toute la terre. Ce fur au Concile de Calcédoine tenu en 45-1. qu'on cmploia pour la première fois le nom d'Oecuménique. Les Prêtres 6c les Diacres de l'Eglife d'Akxandiie , prcfentant leur Requête à ce Concile , auquel Saint Léon prcfidoit par fes Légats , donnèrent ce titre au Pape , lors qu'ils s'a. drclîérenc DU PATRIARCHE LUCAR. 9 drelîérent à lui en ces termes , comtfte s'il eût été prcfcnt. An très Saint £5? très heureux Patriarche Oecuménique de la Grande Rome , Lcon. Les Patriarches de Conftantinople s'attribuèrent cnluite cette qualité, & voici comment. Le premier Concile de Conftantinople qui fe tint en g8i fous le Pape Z)«. vjafe &■ l'Empereur Théodofe le Grand , fit un Canon par lequel il ordonna. ^le PEvêque de Conftantinople aurait les prérogatives d'honneur après FEvéquc de Rome , parce qu'elle étoit la nowcelle Rome : ce qui le faifoit non feulement Pa. triarche , mais auffi le premier des Orientaux. Cet honneur lui fut auffi défé- ré par le Concile de Calcédoine en 45"!. mais dans des termes encore plus forts: car le a8. Canon ordonne que la Chaire de Conftantinople ait des prérogatives EGALES à celles de l'ancienne Rome ; de ibrte que comme l'Evêque de Rome , par la prérogative de fa Primauté , a Jurifdiélion fur tous les Patriar- \ chts des Eglifes Latines , celui de Conftantinople l'ait aufll fur tous ceux des Eglifes Grecques. Ce Canon fut autorifé par les Loix Impériales , & les Pa- triarches de Conftantinople fe font toujours , depuis ce tcms là , maintenus en la poflcflion de ce titre d'honneur , 8c de ces droits. M^is les nouveaux Pa- triarches de Conftantinople n'en demeurèrent pas là; car voiant qu'on avoit ap- pelle le Pape Léon , Patriarche Oecuménique , dans le Concile de Calcédoine, ils prirent auflî ce titre j qui leur fut enfuitc déféré par les Empereurs & par les Conciles des Grecs. Ainfi dans un Concile tenu à Conftantinople en 518. Jean III. du nom , Evêque de Conftantinople , fut appelle Patriarche Oecu- ménique : mais Jean. IV. furnommé le Jchiciir ^ prit ce titre avec plus d'éclat que les autres , dans un Concile Général de tout l'Orient , qu'il avoit convo- qué fans la participation du Pape Pelage II. qui lui défendit enfjite de pren- dre la qualité d'Oecuménique ; néanmoins ce Patriarche fe l'attribua toujours , même dans les Aélcs d'un Synode qu'il envoia à Rome , 8c depuis fes Succef- feurs ne s'en font jamais départis ; voila pourquoi le Patriarche Lucar fe dit Juge Oecuménique des Eglifes Grecques ; car c'cft ainfi qu'il faut entendre cette univcrfalité , 8c non pas fans reftriétion , comme le prétendent les Papes de Rome, en voulant s'attribuer une Jurifdiftion Souveraine fur tous les Evê- ques 8c fur tous les Primats de la Chrétienté. Si on ajoute à ces Remarques , ce que le Père Maimbourg a inféré dans VHiftoire du Pontificat de Saint G;v- goirc le Grand ; on aura de quoi fe perfuadcr qu'il faut entendre le mot à'Oe- aiménique dans le fens que nous venons d'expliquer; 8c que c'cft ainfi que l'en- tendent les Patriarches de Conftantinople , d'oti il réfulte que les Evcques de Rome qui fe dilent Juges Oecuméniques de toutes les Eglilcs de la Chrétien- té , fans aucune réferve , tombent dans le cas qui a fait dire à Saint Grégoire , que celui d'entre les Evéques , ou Patriarches , qui fe diroit Oecuménique , voulant priver tous les autres de leur Jurildiétion Eccléfiaftique qui eft d'in- ft;itution Divine , pour être Supérieur 8c Juge de tous les Evcques , ne pou- voit s'attribuer cette qualité fans blafphême , ni ufurpcr une pareille Autorité dans le Chriftianifme , fans devenir Ântechrift. ( b ) Nôtre cher Ami le DvEîe Monfieur Antoine Léger. Ce fidèle Miniftredu Saint Evangile ctoit originaire des Vallées de Piémont'. A4. 11 lo REMARQUES SUR LES LETTRES 1\ éxerçoit les fondions Paftoralcs de fon Miniftérc avec beaucoup de zélc êc d'édification parmi les Vaudois , lors qu'il fûc appelle pour aller à Conftanti- nople , dans l'Hôtel de Monfieur Haga , qui étoit pour lors Ambafladeurà la Porte Ottomane , de la part de Leurs Hautes Puifîances , les Etats Généraux des Pro^'inccs-Unies des Pais-Bas. Mr. Lcgcr fe rendit auprès de ce Minif, tre à Péra de Conftantinople en l'an i6i8. , & il en revint en 1656. , comme il paroît par les Lettres du Patriarche Cyrille Lucar que nous devons produire. Mr. Léger aianc appris qu'une maladie contagieuie faifoit de très grands ravages en Piémont , & que la Pefte avoit enlevé prclque tous les Paf- teurs des Vallées Protcftantes , il y revint pour fcrvir les Eglifcs de la Patrie , qui étoient dans une grande délolation: ,mais il n'y demeura pas long tcms fans être expofé à la perfécution du Clergé Romain , parce que les Créatures de la Cour de Rome ne pouvoient fouffrir , dans cet endroit de l'Italie , un Minif- tre Réformé , qui s'étoit acquis une grande réputation dans les Eglifcs Chré- tiennes des Grecs Orientaux , non feulement par fcs Prédications très édifiantes, mais auflî par fes Doftes Ecrits , 8c par fes fçavantcs Difputes contre plufieurs fameux Controverfiftes , & emr'autres , contre un Grec nommé Coreffi , & contre le Jéfuite Foiirnier. Ce Pafteur que la Divine Providence avoit deftiné pour un Emploi plus confidérablc , fe retira à Genève , oxi après avoir exercé quelque tems le faint Miniftére , il y fut établi Profefleur en Théologie , Sc mourut dans cet Emploi en 1661. , après avoir fait connoître , par expé- rience, qu'il étoit fort fçavant dans la Théologie, & très habile dans les Lan* gués Orientales , auffi-bien que dans les belles Lettres , comme divers Auteurs en ont rendu témoignage dans plufieurs Ouvrages qui ont été mis au jour par les Sçavans. Il étoit Oncle dr feu Mr. Jean Léger , Profefleur dans l'Univer- fité de Lcyde en Hollande, qui a donné au Public l'Hiftoire des Vaudois , où il fait mention du Profefleur de Genève fon Oncle , dans les pages 68. Sc 6^. de la féconde Partie. Mr. Antoine Léger a confacrc au fervice de l'Eglife un de fcs fils portant le même nom , qui efl; maintenant Pafl:eur Sc Profefleur en Philofophie , dans la célèbre Académie de Genève. C'eft lui qui a eu le foin de conîcrver les Lettres Originales que le Patriarche Lucar écrivoit à Mr. fon Père , lors qu'il réfidoic à Galata , ou à Pcra , chez l'Ambafliideur //^^<î , ^ que ce Patriarche étoit dans fon Palais de la ville de Conftantinople , comme auflî lors qu'il fût relégué à Rhodes. Cet éloigncment fournit de nouvelles occafions à des Let- tres qu'ils s'écrivirent réciproquement. Le Patriarche , dans les fiennes , parle de la manière dont quelques Emiflaircs du Pape voulurent l'enlever pour le conduire à Rome , 8c de diverfes autres chofcs par lefquelles il paroît combien il étoit éloigne des Dogmes Se du Culte du P;ipiime , Se comment il approu- voit la Religion Réformée , avec les plus intégres Eccléfiaftiqucs de fon Pa« triarchat , qui l'ont toujours cftimé 8c honoré, comme on le verra par diverfes Pièces que nous inférerons dans cet Ouvrage. Ceux qui voudront confulter les propres Originaux des Lettres de ce Patriar- che , les trouveront dans la Bibliothèque de TAcadèmic de Genève. Il y en a trente-une, fous l'adrefle de feu Mr. le Profefleur Lcgcr , qui ont été mifes en dépôt dans ce lieu , afin que chacun puilfe y coUationner avec les Originaux , les DU PATRIARCHE LUCAR. n les Originaux , les Extraits que nous en donnons ici , dont Mr. Léger le Fils, maintenant Profefleur en Philolbphie , nous a donné des Copies dùèmenc léga- iifées , que nous mettrons auffi pour l'ulagc des Sçavans Se d(.s Curieux , dans la Bibliothèque Publique de l'Univcrfité de Leyde , avec un Exemplaire ma- nufcric authentique , de la Confeffion de Foi du Patriarche Lucar , figné de fa propre main, qui nous a pareillement été remis par un efFet de la généieufc U« bcralité de Mr. Léger le Fils. 11 y a ai. de ces Lettres Originales du Pa. triarche , qui ne fervent qu'à confirmer à divers égards, ce qui eft contenu dans cette Conftffion de Foi , & dans les neuf autres principales Lettres du même Patriarche, que nous produirons en indiquant les numéros fous lefqucls on les trouvera dans la Bibliothèque de Genève , Se nous ne produirons que celles là toutes entières : parce qu'au lieu des autres qui ne contiennent que la répétition des mêmes chofes , nous avons crii qu'il valoit mieux joindre à ces neuf Lettres principales , celle que le même Patriarche adrefla aux Syndics , aux Migiftrats Se aux ProfcfleurS de la Ville 5c de l'Académie de Genève. Cet. te Lettre paroît ici fous le numéro premier. On en trouvera auffi l'Original dans la même Bibliothèque. Nous mettrons fous le numéro %. une Lettre fore importante de ce Patriarche adreflëc à feu Mr. Diodati , d'heureufc mémoire, Pro« fefleur en Théologie à Genève. On en trouvera l'Original dans la Bibliothè- que de Mr. J. Aiphonfe Turrettin Pafteur 6c Profefleur en Théologie ôc en Hiftoirc Eccléfiaftique dans la même Ville. Il y aura fous le numéro 3, une Lettre de ce Patriarche envoiée d'Alexandrie en Angleterre , à l'Archevêque de Cantorbcri , nommé Abbat , dont il efl fait mention dans la Lettre précé- dente de feu Mr. Diodati L'Original de cette dernière Lettre eft dans la Bi« bliothèque de l'Archevêché de Cantoiberi. Et pour conclufion de cette dou« zaine de Lettres , nous y ajouterons un Extrait d'une autre Lettre fort curieu- fe que ce même Patriarche adrefla au célèbre Mr. Uyttcnbogaert , qui étort Pafteur Arméniens la Haye, l'an 161:5. Cette Lettre qui eft fort longue, con- tient une explication des Rites de l'Eglife Grecque de Conftintinople , tou- chant l'adminiftiation du Baptême, 6c celle de la Sainte Cène, Sc pkifieurs autres particularitez très confidérables , avec une Hiïtoire abrégée des S-étes qui fe font féparées des Eglifes qui relèvent de la Jurifdiétion des Patriarches de Conftantinople , d'Alexandrie , d'Antioche 8c de Jérufalem. Mr. Léger nous a donné avis , qu'il a auffi remis dans la Bibliothèque de Genève , une copie de cette Lettre qu'il a trouvée parmi les Manufcrits de feu Mr. fon Père. Les Curieux pourront voir dans la Bibliothèque de Leyde la Tiaduètion Latine qui en fut faite l'année 1684. par Mr. Uyttenbogaert , 6c qui a ttè mile dans fon Recueil des Lettres EccleCaftiques 6c Théologiques des Hommes lllurtres Sc Sçavans. Les Originaux des autres Pièces Authentiques dont nous lommes munis , ôc que nous mettrons dans cette Bibliothèque, confirmeront d'une ma- nière inconteftable , tout ce que nous publions ici fur cette matière. Nous au- rons ©ccafion de faire dans la fuite plufieurs autres réflexions très importantes lur l'authenticité 6c furie contenu de chacune de ces Pièces en particulier, quand nous comparerons l'Original de la Confeflîon de Foi du Patriarche Lu- car , que nous avons entre les mains , avec l'Original du Concile de Jérufalem leau fous le Patriarche Dojithée l'an 1672., & lors que nous mettrons tout B cela Il REMARQJJES SUR LES LETTRES cela en parallèle avec les Synodes de Conftantinople 6c de Moldavie , pour découvrir les fourberies des Grecs Latinilez , qui ont voulu en impoferà tout le monde , pour favorifcr les pernicieux defl'cins de la Cour de Rome , & les nia!igr»es entreprifes du Clergé de France contre les Réformez. ( c ) Les Jefuites ont heaucaup d'induftrie ^ de fagacité fmtr faire ré'uffir tout ce qu'ils entreprennent . Ceux qui connoiflent bien le fort Sc le foible de la Société Jéfuitique , en portent le même jugement que le Patriarche Liicar , £c conviennent qu'elle nourrit dans fon fcin des gtns d'intrigue , qui font capables de taire rciiflîr les plus difficiles entreprifes. On trouve dans le i.'Tome du jugement des Sçavans^ que le célèbre Mr. Baillet en parlant de leurs Ouvrages de Littérature dit , qu*il ne faut que confidérer le Volume qui a pour titre , la Bibliothèque des Auteurs delà Compagnie de Jépis ^ pour être perfuadé qu'ils font non Iculement très cu- rieux, mais aufîi qu'ils ont une induftrie toute particulière pour conduire à leur but les chofcs qui les concernent , 6c toutes celles qui ont du rapport à leurs deflcins. 11 n'y a point de preuves plus convaincantes fur cette matière , que les faits inconteftables par Icfqucls on peut démontrer qu'il n'y a point d'Or- dre Monaftique dans le Chriftianifme , qui le foit acquis , en fi peu d'années, une puifl'ance lî prodigieufe que celle oi;i les Jefuites ont trouvé le moicn de parvenir , tant pour les chofes fpirituelles que pour les temporelles , dans le vieux monde £c dans le nouveau , malgré les fortes oppofitions de leurs ad-< verfaires. Il cft certain que jamais aucune Communauté Ecclcfiaftique n'a eu autant d'ennemis & au dehors êc au dedans , que les Jciuites en ont eu , Sc ont encore : cependant , leur autorité qui eft montée fi proraptemcnt à un fi haut point , femblc plutôt croître tous les jours que diminuer. Les feuls Li- vres qu'on a publiez contr'eux , formcroient plufieurs nombrcufes Bibliothè- ques, lis peuvent dire que bien des gens les condamnent par prévention ; Sc ils ne manquent pas de s'en prévaloir , afin que fans prendre la peine de ré- pondre aux plumes qui les maltraitent , ils aient un lieu commun général qui afîbibliflé les acculations. Mais il eft aufii très évident qu'il y a bien des gens qui, fans être préoccupez, foûtienncntavecrailon , que plufieurs chofes ont rendu juftemcnt odieufe cette Société. On n'acquiert pas une fi grande puilîance , difent-ils , & on ne la conferve pas fi long tcms , fans le fecours d'une Politi- que humaine très nifincc. Or n'eft-ce point V Encyclopédie de la mauvaife Mora- le quant aux péchez fpirituels } D'ailleurs , ce font les Jéiuites qui ont pouflé le plus ardemment 6c le plus loin les conféquences de plufieurs Doétrincs qui expofent les Etats à de continuelles révolutions , les Proteftans au carna- ge , 6c la Religion Chrétienne au plus déplorable état que l'on puifle appré- hender. Cela eft fi vrai , que tous les Théologiens de la célèbre Société de Sorbon. ne ont crû être obligez de s'oppoler d'une manière très folemnelle aux entre» priies des Jefuites , par la Ccnfure qu'ils publièrent le premier du mois de Dé-« cembrc de l'année 1554. contre les Bulles de Paul III. 6c de Jules 111. où ces deux Papes difent , qu'après avoir attentivement examiné l'ioftitut 6c la ton. DU PATRIARCHE LUCAR. 13 conduite des Jéfuites , ils lont obligez d'approuver , l'un êc l'autre , comme très utiles à l'Eglife , & de recommander leur Compagnie en général , & leurs perfonnes en particulier , à toutes les Puiffanccs , foit Ecclcfiatl-iqucs , ioit le- culiércs. Voici les termes de la Cenfure. Aiant là 6? ''f^'-' phfficios fois , difcuté ^3 examiné avec un très grand foin , pen- dant flufieurs mois .y jours 13 heures ^ tous les articles des deux Bulles de Paul II J. (3 de Jules III. , la Faculté a prononcé ce qui fuit. Cette nowcelle Société , qui s'attribue particulièrement le mm inufité du Nom de Jefus ; qui reçoit indifférem- ?»cnt 6? fi licentieufement toute forte de perfonnes , quelque méchantes , illégitimes i3 infâmes qu"" elles puiffent être. . . . fenible 'violer VhonrKur qui ejl du à la Religion Mo- naftique. . . . Elle apporte le trouble en Vune 13 Vautre Police , Civile (3 Eccléftaf- tique. . . . Cefi pourquoi toutes chofes diligemment examinées (3 confidérées , cette Société femble périlleufe en ce qui regarde la Foi , propre à troubler la paix de VE- glife , à rcrroerfer la Religion Monafiique , (3 née plutôt pour détruire 'que pour édifier. 11 y auroit bien des réflexions à faire fur une telle Cenfure j mais il n'eft pas ncccfl'airc d'infifter plus long tems fur cette matière , puifqu'il y a un très grand nombre de Livres Se de Théfcs dont les Jéfuites fe font déclarez ks Auteurs , qui confirment ce que les Doâeurs de Sorbonne déclarent par cette Cenlure , qui donne une idée lî afTreulc de la redoutable Société dont on vient de parler. Ceux qui voudront confulter quelques-uns des Ouvrages Icanda- leux où ces pcrnicicufcs maximes de l'Antichriftianifmc lont contenues , n'ont qu'à jetrcr les yeux fur une demi-douzaine de Volumes qui ont été cenfurez par tous les Théologiens de la Faculté de Paris depuis une cinquantaine d'au- •nées. Elle a cenfuré en i6ii. la Doctrine de Mariana Jéfuite, & la Réponle Apologétique à V Anticoton , favorables à ceux qui attentent à la vie des Prin.. £cs. En 1615. elle a condamne le Livre de Beca?i , & en 1626. celui de Lan.- tarelle , qui étoienr préjudiciables à la Souveraine Autorité des Rois. En 16x7. elle a cenfuré h Somme Théologique du Père Garafe Jéiuite , qui eft rem- plie de propofitions erronées , fcandalcuics 6c impics. En 1631. elle a condam- né les écrits des Jéfuites Anglois , qui attaquoient l'autorité des Evêques. En J648. elle a ccnluré le Livre du Pérc Celot , qui rcnverfoit la Hiérarchie ; & en i6t8. l'Apologie des Cafuiftcs qui avoit pour but d'abolir entièrement h Difciplinc Eccléfiaftique . &c d'introduire la tolérance de toute forte de vices. S'il y a des gens qui doutent de ce qu'on vient de dire , 6c qui fouhaitent d'en avoir des preuves qui foient plus abrégées ôc qui ne foicnt pas moins au- tcntiques ni moins ccrtaints que ces Décrets publics de la Sorbonne , ils n'ont qu'à lire une Thcfc que les Jéfuites firent imprimer à Lyon & qu'ils foûtin- rent publiquement dans leur grand Collège de la même Ville le z6. Août de l'an 1697. Voici la cinquième Propofition qu'ils y avancent. H n'eft pas évident d'une évidence -morale proprement dite , que la Religion Chré- tienne foit véritable. Cette même Théfe fut foûtenuè quelques années auparavant dans le Collège des Jéfuites à Cahors Ce fût le 30. Janvier de l'an 1693. fous les aufpi- ccs du Père François V Honoré Jéfuite , & Profcfleur en Théologie. Voici les trois Propufirions qui furent afïkhécs , à la vûë de tout le monde , iur la por- te de rUnivcrfùè. B 2 i. Evidens 14 REMARQJIES SUR LES LETTRES I, Evidens non eft quod exijlat nunc in terris aliqua ver a Religio. z. E^'idens non eji quod omnium , qua in terris exijîunt , -verie , fimiUima fit Chriftiana. g. ^ù aiunt Religioncm Chrijïianam ejfe evidenter veram , fateantur necejfe efi- faljdm evidenter eJfe. I II n'eft pas évident qu'il y ait maintenant aucune véritable Religion fur la terre. z. 11 n'eft pas évident que la Religion Chrétienne foit très conforme à tou« tes celles qui font véritables. 5 Ceux qui difent que la Religion Chrétienne eft évidemment véritable , font néccflâirement obligez d'avouer qu'elle eft évidemment faufle. Voila de quelle manière les Jéfuites renverfent de fond en comble tout le Chriftianifme. Les Curieux qui defîreront un plus grand détail fur cette ma« ticre , n'ant qu'à demander à Paris un Exemplaire de deux Lettres anonimes qui furent écrites à l'occafion de ces Théfes , par deux Doâreurs de Sorbonne , & celle que le Père V Honoré Jéfuite Sc défcnfcur de ces trois propofitions , en- vola au célèbre Mr. Robert Ferel , Doien de l'Univerfité de Cahors. Cette Lettre dont nous avons une copie entre les mains , fut écrite le a3. Mai 16515. ^*"^ le Collège de la Flèche en Anjou fur les fontiéres du Maine, où le Roi Henri le Grand fonda un très beau Convcnt pour les Jéfuites en 1603., ce qui donna occafion à une Satyre qu'on fit pour lors contr'eux , ôc qui fut exprimée , très judicieufcment , par ces deux Vers Latins , Ipfis Arcum Dola dédit : dédit aima fagittam , Gallia ; quis funem quem meruêre dahit ? De Dole ils ont eu Vyîrc , la Flèche de la France ; La Coi'de , où la trouver , leur digne récompenfe .* (d ) ^elques Chrétiens dont le procédé eft plus mauvais que celui' de ces Mahométans. C'eft une chofe étrange qu'il y ait des Chrétiens qui vivent d'une manière toute contraire aux maximes de l'Evangile qu'ils font profeffion de fuivre ! On ne peut voir fans étonncmcnc que pluficurs d'cntr'eux foient plus déréglez quant aux mœurs que les infidclcs & ks Mahométans, Toutes les Hiftoircs qui ont été publiées depuis une cinquantaine d'années , fur les mœurs des Nations dU' Levant , Se les nouvelles Relations de l'état préfent des Eglifcs de la Grèce , féparées de la Communion de Rome , font voir qu'il n'y a point de corruption dans la Turquie , qui foit égale à celle du Pap/me. Nous ne rapporterons point ici ce qu'en ont écrit divers Auteurs Proteftans fort cèlèbrts , comme Mr. Sinitb , Hottinger & plufi' urs autres , parce que ceux de la Communion de Rome s'imagineroient , peut-être , que leurs témoignages font furpefts ; mais ils ne fçauroient rejetter ceux des gens de probité de leur propre Religion , Se fur DU PATRIARCHE LUCAR. 15 fur tout ceux qui en font très bien informez , pour avoir été fur les lieux. Mr. Simon , tout Partilàn qu'il eft de TEglifc Romaine , n'a pu s'empêcher de mettre au jour pluficurs Relations , dans Ion Hiftoirc Critique des Nations du Levant, qui confirment à divers égards ce que le Patriarche Lacar dit tou. chant la mauvaife conduite de plufieurs Chrétiens, qu'il trouve plus infuppor- table que celle des Turcs. Un Religieux de la Communion de Rome , que ces Infidèles ont dctenu prifonnier , & qui eft foit connu fous le nom de Seplem-cajïrenfis , a fait des éloges, très dignes de remarque , fur les bonnes mœurs de ces Mufulmans dont il loue la probité , la charité , la debonnaireté , la dévotion & les autres vertus qu'ils font paroîire dwns toutes leurs aftions , comme on le peut voir dans le Traité de cet Eccléfiaftique Régulier, cité par divers Auteurs Modernes. Tous ceux qui ont quelque connoiflance de l'établiffement du Mahométif. me, fçavent que l'Alcoran donne la liberté de confcience aux Infidèles, & que Mahomet Premier traita fort humainement une troupe de Chrétiens qui lui fu- rent demander des Sauvegardes. Cela fe trouve à la page 1 1. de l'Hiftoirc des Sarrazins écrite par Eimacin. On trouve pluficurs autres exemples de cette conduite modérée dans l'Etat de TEmpirc Ottoman , mis au jour par Ricaud. Si on veut bien approfondir cette matière , on rencontre une infinité de preu- ves très convaincantes pour fe pcrfuader, que les Turcs n'ont jamais exercé de fi grandes cruautez contre les Chrétiens, que celles dont le Papilme fe fert de- puis long tems , contre ceux qui rejettent les erreurs 6c les fuptiftiiions de fa Communion, En faifant la guerre contre les Peuples du Nord , contre les Vaudois en Italie, contre les Proteftans en Allemagne , contre les Réformez en France t^ dans les Pais-Bas , le Papifme a répandu plus de fang , pour eaufc de Reli- gion , que les Turcs n'en ont répandu , je ne dirai pas dans toutes leurs per- fécutions contre les Chrétiens , mais dans toutes les Guerres qu'ils ont faites , ou foûtenucs , depuis l'établiflcment de leur Empire jufques à préfent Il leroit inutile de rapporter ici des témoignages en particulier de la con- duite inhumaine des cruelles faélions de la Cgur de Rome , & du procédé barbare des Princes qui luivcnt aveuglément fcs pernicieux confeils. Le Maf* lacre de la Saint Barthékmi dans lequel on vit malheurtufement périr tant de milliers d innocens 8c de fidèles en un feul jour, peut donner une idée dece que le Papifme fanguinaire eft capable d'entreprendre & d'exécuter , puifque c'cft le plus horrible de tous les attentats qui furent jamais connus du genre humain. Les Vêpres Siciliennes, dont les François n'oublieront jamais le fu- neftc carnage, peuvent auflî fervir à démontrer que tous ceux qui fuivent les véritables maximes de l'Antichriftianifme de Rome , font par tout également lànguinaires , perfides 6c meurtriers. Cela eft fi vrai que tous les Hiftoriens , & ceux là même qui font les plus dévouez à la Papauté , ne peuvent s'empêcher d'en rendre des témoignages publics. En voici un , qui peut tout leul convaincre les plus incrédules , de ces faits que nous avançons. Il eft tiré de l'Hiftoire des Iconodaftes mifc au jour par le fameux Père Maimboiirg Jéiuite. Cet Auteur qui pallie continuel- lement , dans tous fcs Ouvrages , ce qui peut donner quelques mauvaifes im- B 3 prcflions 1(5 REMARCiUES SUR LES LETTRES rrtffions touchant l;i conduite de ceux de fa Communion , fe trouve pourtant forcé , par l'évidence de la vérité , d'avouer , au milieu du 6. Livre de cette Hiftoirc, que „ l'Impératrice Théodora aiant formé le dcflcin de chafler de l'Em- „pire les J^aidkiem , qui refuloient d'adorer les Images , en donna la comnait- „fion , avec des forces très confidcrables , à des gens qni en uférent avec tr«p „ de rigueur ^ de cruauté ; parce quau lieu de s^appliquer d'abord à les ramener ^ydoucemcnt £5? avec charité ^ à la connoijfance de la vérité , ( ce font les propres „ termes dont le fert ce Jéfuite , ) ils Je faiftrent de ces miférahlcs ^ qui étoient épars 5, dans les Filles , 6? dans les Bourgades , 6? Hi en firent mourir pi es de cent -mille „dans toute ï" Afie , par tonte forte de fuppliccs. Ces dernières paroles font fi re- marquables, qu'il n'en faut pas davantage pour être perfuadé que les Scélateurs du Papifmc ont toujours été infiniment plus cruels que les Seétateurs de Ma- homet , contre ceux qui n'étoient pas de leur Religion ; voila pourquoi le Pa« triarche Lucar a eu raifon de marquer dans fa Lettre , fur laquelle nous fai- fons ces notes , qu'il y a des Chrétiens de la Communion de Rome dont la conduite eft plus mauvaife que celle des Mahoraétans. On verra plus particu- lièrement dans la fuite que ce furent des créatures de la Cour de Rome , Se des Emiflaires du Clergé de France, qui perfécutérent ce Patriarche & le chaf- férent de fon Partriarchat de Conftantinople , d'une manière auflt cruelle & aufîî injufte que celle de l'Impératrice Théodora dont on vient de parler , quand elle en bannit le Patriarche Jean , pour mettre en fa place Méthodius Iconolatre^ comme on le peut voir dans Moreri , & dans les Annales du Cardinal Baro- jiiiis , fur les Articles qui concernent les Révolutions du VIII. Siècle. ( e ) Nous pouvons vous ajfurer que tous ceux de nôtre Communion Vont toujours fort ejtimé , i^ que nous le chérijfons tous avec une affection particulière. Les Remarques que nous allons faire touchant les grandes louanges que le Patriarche Lucar "a. données à feu Mr. Léger ^ Miniftre & Profefleur Réformé, ferviront à faire voir que les Grecs non Latinilez ont , iur les matières de Re- ligion , des fcntimens bien diffèrcns de ceux des Théologiens de la Commu- nion de Rome ; & que les maximes de ces Grecs Orientaux font auïïi fort op- poléesà celles de tous les Doétcurs duPapifme , quand il s'agit de parler avan- tageulement de ceux qui font profellîon d'une Religion que l'Eglife Latine condamne. Pour bien connoître la diftercnce qu'il y a entre le Chriftianifme des Grecs Antipapaux , 6c celui des Scélateurs de la Communion de Rome , il ne fiut que comparer les Eloges qu'on trouve ici dans la Lettre du Patriarche Lucar ^ avec les invcétivcs & Jcs termes injurieux dont les écrits des Auteurs Papiftes font remplis , dans les endroits où ils parlent des Reformez & des autres Chré- tiens qui rejettent les erreurs & les abus de l'Eglife Occidentale. Il paroît d'un côté que tous les Grecs du Patriarchat de Conftantinople ejfiment (^ chérijfent les Minifires du Saint. Evangile qui leur enfeignent les Dogmes de la Religion Ré- formée. On voit au commencement de cette Lettre , qu'un Pvi.riarehe très illuftre ôc très vénéiabie qui occupe le Suge Primat ai de tout l'Orient , Se qui connoît aufil-bicn la Religion Proteftanco que la iknne , parle toujours avec DU PATRIARCHE LUCAR. 17 avec éloge des Mrniftrcs Piotcftans & des Théologiens Réformez. Il donne à Cdi-iu l'ur !a fin de la roéme Lettre , la qualité de Doilenr très Sçai-ant & O;- ^/^& Les Hiftoircs Civiles 6c Eccléfiaftiques de toutes les Nations de l'Europe Se des autres Peuples qui ont eu quelque relation avec la Cour de Rome , font remplies d'un fi grand nombre de preuves de fait, touchant l'ambition de* mcfurée des Papes , 6c les funcftes ravages cauf-Z dans le Chriftianifme , par leurs continuelles ufurpations , qu'il ne faut pas s'étonner que les Patriarches Grecs de l'Orient s'en plaignent fortement , lors qu'ils écrivent à des Chrétiens dans les Pais Occidentaux , où la Papauté (e trouve maintenant foûtenuë par une Hyérarchie, dont les vexations font plus à craindre que celles des Tyrans, les plus inhumains du monde. 11 n'y a point de fidèle dans l'Eglife Latine qui ne fçache par une funefte expérience , que la Cour de Rome ne c;fle de mettre en ufage toute forte de moiens obliques , pour opprimer tous ceux qui ne veulent pas fubir lejougdu Papilme ; mais comme il y a fans doute beaucoup de Chrétiens qui ne fçavent pas jufqu'où peuvent aller les attentats extraordinaires que les Papes mettent en œuvre, lors qu'il s'agit d'étendre leur Jurifdiétion , 6c d'acquérir de nouvelles forces , pour iubjugucr ceux qu'ils appellent Schifmatiques , ou Hérétiques , nous démontrerons ici la vérité de ce que le Patriarche Liicar-i.à^\i fur cet arti- cle , par un extrait fort curieux d'une Lettre très importante & authentiqua du Pape Pie IL au grand Sultan Mahomet II. Cette Lettre qui a tant donné d'occupation aux Controvcrfiftes , fut tirée de la Bibliothèque du Vatican par François Sanfovino , & enfuite citée dans le premier Tome de l'Hiftoirc de Mahomet Second , écrite par Gaillet qui eft un Auteur Paprfte , non fufpect fur cette matière , puifqu'il s'accorde avec les autres Hiftoriens qui en parlant des Lettres de Pie IL ont pris celle-ci , fous le numéro 596. de la compilation qui en a été faite par Sanfovino. L'ambition des Papes ne peut mieux être reconnue que dans cette occafion , oii le Pape dont il s'agit , ofire 6c promet F Empire des Grecs à Mahomet Roi des Turcs , s'il veut fe ranger de fon Parti , 6c lui aider à faire la guerre , pour détruire tous les Chrétiens qui ne veulent pas fc foùmettre à l'obéïflance de l'Egliie Romaine : lui faifant entendre qu'il étoit en fon pouvoir de don- ner l'Empire d'Orient à celui qui vouJroit le fecourir , 6c que les Souverains Pontifes de Rome , fts Piédécefi'curs , avoient donné l'Empire d'Occident à Charlemagne , pour rccorapenfe des bons lervices qu'il avoit rendus à la Pa- pauté. Si tu veu.x , dit le Pape à Mahomet , étendre ton Empire parmi les Chrétiens, y rendre ton notn glorieux , tu nas que faire ni d'or , ni d'argent , ni d'armes , ni de vaijfeaux. Une petite chofe te peut rendre le plus grand , le plus puiffant i^ le plus célèbre de tous ceux qui vivent aujourd'hui. Si tu demandes en quoi cette ihofe confifle ? On le peut facilement découvrir ; elle n'eft p.is difficile à trouver , i^ il ne la faut point chercher bien loin , elle fe rencontre dans tous les endroits du monde j c'eji un peu d'eau pour te baptifer. Si tu veux entrer par ce moi en dans l'Eglife C Cbré- 2o REMARQ^UES SUR LES LETTRES Chrétienne , il n'y aura aucun Prince dans VUnivers qui ie furmonîe en gloire , oi-: qui f égale en ■pu'ïjfance . Nous t'appellerons Empereur des Grecs, 8c de l'Orient, tif ce que maintenant tu occupes avec violence y injuftice , tu le polféderas de droit & avec équité. 'Tous les Chrétiens t'honoreront ^ i^ te feront Arbitre de leurs dif- féf'ens , (^c. . . Les Peuples ne redouteront pas ton Empire , & nous ne les affif- "terons pas contre toi , mais plutôt , NO US IMP LO RERONS TON BRAS CONTRE C EU X ^UI USU RP E NT §U E L ^U EFO I S CE &UI APPARTIENT A LEGLIS E RO MA I N E ^ ET ^UI LEVENT LES CORNES CONTRE LEUR MERE. Et com- me nos Prédécefleurs , Etienne , Adrien , 6c Léon , appellérent à leur fccours Pcpin & Charlemagne , contre Aftulphe , & Didier , Rois des Lombards , 13 après avoir été par eux délivrez de Toppreffion des Tyrans , TRANSFERE- RENT i leurs Libérateurs U EMPIRE DÉS GRECS , nous aufli NOUS EMPLOIERIONS TON ASSIST AN CE , ^ ne te fe- rions point ingrats du bien-fait que nous aurions reçu. Leéteur qui méditez ces chofes, fans paffion , remarquez bien ici les carac- tères de l'ambition des Papes en cette Epître à^ Eugène ! Eft-ce un ■zélé Apof- iolique (3 Chrétien qui le fait parler ainfi , pour toucher le fuperbe courage de ce Barbare , en lui promettant un Empire nouveau , dans lequel il pourra fai- re valoir toutes fes forces , Sc emploier le fer & le feu , avec toute forte de violence, pour exterminer tous ceux qui ne veulent pas obéir aveuglément aux Pontifes de Rome : 6c pour détruire tous ceux qui ont la hardielîe de lever les cornes contre VEglife Latine ? Jamais l'Antichriftianifme de la Tyrannie Pa» fale a-t-il paru fi bien marqué de tous les caraftércs oppofcz à l'Evangile , que dans cette occafion ? Il y a dans cettre Lettre une malice diabolique. Le Pape , au lieu d'y fai- re paroître que les Chrétiens Grecs affligez fous l'Empire de ce Barbare , fai- foient pitié aux Latins , Sc au lieu d'exhorter ce Prince féroce , à les traiter humainement , femble n'avoir entrepris cet Ecrit , que pour les dénigrer com- me de faux Chrétiens , £c pour faire paroître que leur perte étoit réfoluë à la Cour de Rome , & que tous les adhérans du Papilme dévoient unir leurs for- ces pour les fubjuguer entièrement. Il faudroit un long commentaire pour développer tous les traits de l'Anti- chriftianifme , de l'injuftice 6c de l'inhumanité , qui fe rencontrent dans cette Epître ; mais pour abréger cette matière , nous dirons en peu de mots , ce qui coiicerne fept ou huit de ces principaux articles fur Icfquels on doit remar- quer, i. Qi-ie cette façon de convertir les hommes, en leur promettant lado- mination du monde , n'eft pas Apoftolique. z. Qiic c'eft une choie ridicule de promettre à un Prince étranger 8c puiflant les Etats dont il eft déjà en pof» feffion. 5 Que c'eft rcnverler toutes les Loix Divines 6c humaines , de vou- loir qu'un Prince infidèle qui fe fait baptifer , doive après cela être regardé comme poflédant de droit , £c avec équité , ce qu'il avoit auparavant occupe avec violence , 6c ufurpé avec injuftice. 4 Qu'il n'y a rien de plus contraire aux maximes de l'Evangile , 6c au Droit des gens , que de vouloir qu'un Prince qui vient d'abandonner fa Religion , par des motifs temporels , foit en confidératiou de cela , l'Arbitre de tous les Chrétiens. 5. Que c'eft violer les régies DU PATRIARCHE LUCAR. 21 régies de la charité & de la prudence , que de découvrir à un infidèle les di- vifions , les maux & les defordres de la Chréuenté. 6. Qu'il n'y a point de prétention plus mal fondée que celle de vouloir aflujcttir tout le monde aux ft.itutsde l'Eglife Romaine , & prétendre que tous les Evéqucs & les Parriarches Chrétiens relèvent de la jurifdiétion d'une Primatie qui a été ufurpée par tou. te forte d'injuftices. 7. Qu'il n'y a jamais eu de plus grande impofture que celle dont les Papes fc fervent , en difant , comme on le voit dans cette Let- tre , pleine d'orgueil 8c de fourberie , que l'Empire de Charkmagne eft une rémunération des Pontifes de Rome , & qu'ils ont le droit de donner les au- tres Empires du monde , à ceux qui fe rendent dignes d'une pareille gratifi- cation , par leurs bons fcrvices envers l'Eglife Romaine. 8 Que c'dl la plus grande de toutes les perfidies , & la plus horrible de toutes les profanations , de vouloir cmploicr un millére de piéte tel que le Baptême , pour engager un Prince Mahométan à faire la guerre à tous les Rois & à toutes les PuilVances de la Chrétienté , qui ne veulent pas reconnoître l'Evéque de Rome pour le Souverain Monarque du Monde pour le Chef univerlll de. toutes les Eglifcs, & pour le Juge infaillible de tous les dift'ércns que la Religion peut faire naî- tre parmi les hommes. Tout cela fait bien voir que l'ambition, l'impiété, 6cla tyrannie des Papes, qu'on découvre dans cette Epître , marquée de tous les carafteres les plus af- freux de l'Antichrilbanifmc , que Pie II. Pontife Romain , a tracez lui-même au naturel , font des preuves authentiques & des démonftrations incontcftables , que le Patriarche Lticar a eu raifon d'emploier tous les termes énergiques dont il s'eft fervi, pour faire le portrait hideux delà Papauté dans cette première Lettre , 8c dans les autres que nous allons produire pour achever le Tableau de l'Antichriftianifme de l'Eglife Romaine & pour le mettre en parallèle avec \' Antipapifnie des Grecs Orientaux qui rejettent la Communion des Latins , 6c le joug iufupportable du Papifme. ( g ) J'ai fris de nouvelles mefures pour envoler , fans faute , ma Lettre avec les premières dépêches de Son Excellence Mr. V Ambajjadeur des Etats Généraux , Corneille Haga , qui ejî le Défenfeur (^ V appui itiébranlable de la Foi Catholi- que Orthodoxe. On ne fçauroit donner à Mr l'Ainbafladeur Haga tous les éloges qu'il méri- te pour avoir conduit à une très heureufe fin non feulement toutes les plus im- portantes affaires d'Etat qui lui ont été confiées par les Etats Généraux des Provinces-Unies des Pais-Bas ; mais auffi parce qu'il a travaillé avec un très grand zèle & avec beaucoup plus de luccès que tous les autres Ambaflàdeurs , à rétablir le véritable Chrillianifme parmi les Grecs , & parmi les Mahomé- tans. C'eft par le moien de cet illuftre Miniftre , RJfident à la Porte Ot- tomane, que les Chrétiens de tous les Pais Occidentaux , apprirent en 1653. qu'il y avoit plufieurs Grecs dans les quatre grandes Primaties des Eglifcs Orientales , qui convcnoient avec les Proteftans , fur les points fondamentaux de la Réformation. On fit , en même tems , imprimer à Genève , la Con- C z feiîlon II REMAKQJLJES SUR LES LETTRES fifùoti de Foi de Cyrille Ltuar , Patriarche de Conibmtinople , qui fut cnvoice au LcvatiC par Mr. Haga , & qui s'ctant trouvée conforme à celle qui avoit été drelfec fiAr Calvin , la Cour de Rome s'enallarraa fi fort, qu'elle mit en œuvre touics fcs r; flourccs peur faire dépofcr ce Patriarche. Mv. Haga le protégea d'une façon loiire partica.iérc, comme on le voit par la Lettre qu'on vient de produire *>' coi/r.T);; il paroît encore mieux dans la fuite , par les autres Pièces que nous ma' rom au jour Le Pape fit agir les jéfuiies , qui ont un Collège à Conftantinople , 6c Icur fournit de groflts fommcs d argent , pour gagner les principaux Officiers da- Grand Seigneur qui dégradèrent par trois fois Cyrille , 6c l'envoiérent en exil à Rhodes ; mais les Métropolitains, les Evêques , 6c les autres principaux Ec- cltfiaftiques de fon Patriarchat , qui l'eftimoient beaucoup , fe joignirent à Mr. rAmbaflhdeur Haga , & trouvèrent le moien de le faire rétablir autant de fois que les Partifans de la Cour de Rome fe fervircnt des impoftures des Jéfuites pour le faire chaflcr. Cependant , Mr. Haga qui étoit chéri & honoré de tous les Grecs non Latinifez , voulant féconder les bons defieins des principaux d'entr'cux qui travailioient à foûtenir l'Expofition Orthodoxe de la Foi de leur Patriarche Cyrille^ fit venir à Conftantinople une très grande quantité de bons Livres propres à ce pieux deflein , qui lui furent envoie/ d'Hollande , par or- dre des Etats Généraux & aux dépens des Provinces-Unies , qui n'ont jamais rien épargné pour l'avancement du Régne de Jéfus Chrift. Les Doéteurs de Sorbonne & de Port-Roial n'ont pu s'empêcher de rendre ce témoignage dans leur troifiémc Volume de ta Pcrpctnité de laFoi-y tant pour ce qui concerne l'envoi des Livres dont on vient de parler, que pour le grand zélé que tous les Députez aux Etats Généraux firent paroître dans cette occa- fion , auffi-bicn que leur Ambafladcur Haga. Si on confulte l'Hiftoire Criti- que de Mr. Simon à la page 55. , & le VIII- Livre de la Perpétuité de Mrs. de Port-Roial à la page 491., on y trouvera que ces grands Controverfiftcs de l'Eglife Gallicane , parmi les invectives qu'ils font contre les Reformez , dé- clarent que cet Ambaiîadeur diftribua gratuitement un fi grand nombre de ces Livres venus de Hollande , qu'il y en auroit eu allez pour pervertir tous les Peuples de l'Orient , ( c'eft ainfi qu'ils parlent ) fi les inltruélions qu'ils con- tcnoient avoient été traduites en Arabe , & en Grec , qui font les deux Lan- gues dont on fe lert ordinairement en ce Païs-là , parmi les Gens de Lettres. Ces Doéteurs avouent aulfi, que la Confeffion de Foi de Cyrille Lucar cnvoice à Genève par Mr Haga , donne aux Réformez le moien d'éloigner d'eux le reproche de fingularité, donc ils font accufez par leurs adverlaires, lur les ma» tièrcs de Religion. Tout cela fait voir que Mr. Haga a rendu de très grands fervices aux Etat? Proteftans en Europe , &c aux Grecs dans l'Afie , non leulcment pour les af- faires Politiques êc temporelles , mais aufll pour la Propagation du véritable Chriftianifme. Il fut même fi fort eftimé des Miniftrcs d'Etat de la Porte Ottomane , du Mnphti 8c de tous les Dofteurs Mahométans , pendant tout lé tems qu'il demeura à Conftantinople , que le Grand Seigneur le faifoit venir dans fon grand Confeil pour l'entendre opiner &: pour profiter de fes avis qui étoicnt toujours accompagnez d'une grande lumière , Se d'une parfaite fageflc "lur toute forte de matières. Oa DU PATRIARCHE LUCAR. 13 On peut dire que c'étoit un AmbaHiidcur du premier ordre , dont le grand 6c racivcilkux génie embraflbic tou: , Hilloire , Pliilorophic , Jurifprudence , Politique, Controvcrfcs, Dogmes de Théologie fpcculative & de Morale , beaux Ans . Science des détails 6c des beioins d'un Etat. Il dtméloit d'une manière judicieule 6c admirable les difiërens myftércs des Couronnes , pofliédant égale- ment bien , 8c le Monde , 6c la \''ille , 6c la Cour. Jl fçavoit faire une jufte eftime de toutes chofes. Il ne fe contentoit pas d'entendre fur les points con. teftez ce qui fe difoit de part 6c d'autre , mais il les cxaminoit par lui-même, 6c en jug'-oit toujours fainement fans jamais porter à faux. Dans le Cabinet il fe jouoit des matières les plus embarraflees ; il avoit le talent d'appercevoir d'à» bord un faux raifonnement enveloppé fous des termes vrais , ne (e laiflant point éblouir par de grands mots, par des paroles vuides de fcns, ne fe conten- tant point d'une étude luperficielle, mais d'une connoiflancc par laquelle il fon- doit les chofes à fond. Dans les converfations il parloit des grandes affaires comme s'il eût ignoré les petites , 6c des petites comme s'il eût ignoré les gran- des ; donnant à chacun le moien de faire paroître fon efprit , fans fe préva- loir du fien , fe foûtenant toujours par un tour fin , 6c particulièrement par une grande délicatefîe de pcnfées , fondées fur la droite railon , qui lui avoit appris le fccret de civilifer toutes les Sciences. Voila pourquoi ceux qui ont bien connu cet Ambafladcur , ont dit que c'é- toit un génie heureux, qui d'un airnoble 6c aifé fçavoit traiter avec les Grands 6c avec les Miniftres j qu'il étoit né pour parler aux Monarques, qu'il avoit un cœur facile , ouvert , propre à fe faire des Amis chez les Etrangers , di- gne de l'aftcction de tous les Princes ; qu'il avoit un efprit infiniment éclaire pour entrer dans toute forte d'aflair;s , infiniment prudent pour les manier à propos , infiniment modéré pour fçavoir les fufpendre dans l'occafion ; un ju- gement ferme , incapable de mollir , de prendre le change , de fe laiflér cor- rompre par les prcll'antes follicitations d'un Courtifan accrédité ; une grande droiture qui décidoit toujours en faveur de la juftice , qui dans les diiierens partis qui peuvent fe former entre les Monarchies , fçavoit demeurer neutre ; ne s'attachant qu'à la vérité , 6c aiant l'elprit fi éloigné de tous les faux préju- gez qu'il eût prononcé, en cas de bcfoin , contre ioi-raénie. Il avoit un fi grand fond de Religion qu'il ne manquoit point d'emploier fon fçavoir 6c fon crédit aupiès des Souverains pour les portera abolir les cul- tes idolâtres , à réformer les ufagcs lufpccls , à bannir les Icandales, à ctouiFcr les Icmenccs des faufles Doétrincs , à faire revivre l'ancienne Difcipline Chré- tienne , 6c pour cet cftet il déméloit , avec une profonde fagelfe , les différcns projets de toutes les Cours , Se emploioit tous fes taiens pour fe gagner le gé- nie de la Nation avec qui il négocioit , fans choquer celui de la fiennc. 11 ne perdoir jamais de vûë les intérêts du véritable Chriftianilme Réforme , s'ap- pliquant de tout fon pouvoir à l'établir parmi les infidèles, 6c à lui rendre fon premier luftre 6c fon ancienne pureté parmi les Grecs , qui n'étans pas fournis au pouvoir Dcfpotique delà Monarchie Papale, ni plongez dans toutes les er- reurs 6c les idolâtries de l'Eglifc Romaine , font beaucoup mieux en état de reformer les abus qui {c fonr gliflcz dans les Eglifes de l'Orient , où les Emif- iàircsde l'Antichriftianilme ne cefien: de femcr la zizanie, pour la confondre C 3 avec 24 REMARQ^UES SUR LES LETTRES avec le bon grain que les Grecs ont confervc , en rejettent la Cemmunion des Latins. Qui ne voit qu'il falloit un Ambafladeur tel que M.x.Hagai, pour faire tou- tes les grandes choies donc nous venons de parler. Les bonnes qualitez qui font les Miniilres d'Etat , ne font qu'à moitié un tel Mmilbe. Des talens un peu extraordinaires fuffifcnt pour ceux-là ; mais il en falloit de très éminens pour celui-ci. Un Envoie d'un fi beau caraftére en qui étoient réunis ces ad- mirables dons du Ciel , 8c qui les relevoit même par des manières officieufes 6c pleines de politefle , j'ofe le dire , n'cll pas donné cous les jours aux Etats Réformez , ou Proteftans , ni envoie indifféremment à tous les Princes de la terre. On le vit paroître au commencement du Siècle palle, dans la plus gran- de Monarchie de l'Orient , 6c il y fût reçu avec cette pompe , cette magnifi- cence fi capable d'augmenter la vénération des Peuples . en même tems qu'elle étale la Dignité Se la Grandeur des HAUTES PUISSANCES dont il étoit une fidèle Copie , & la Majefté du GRAND SEIGNEUR Se du SOU- FER J I N MO N J R^U E de VEMPIRE OTTOMAN ^ quiluiien- dit les honneurs extraordinaires , 8c lui accorda les faveurs particulières dont nous allons faire maintenant ici une courte narration , par laquelle nous finirons les Remarques que nous avons crû nécelîaires pour l'intelligence de cette prémié< rc Lettre du Patriarche Lucar. Lors que Mr. Haga fût envoie à Conftantinople en qualité d'Ambafladeur, de la part des Etats Généraux , il fut introduit avec une très grande Pom- pe à l'Aud-iencc du Caimacan , 8c enfuite à celle du Grand Seigneur. Caimacan ell le nom du Gouverneur de Conftantinople , qui eft comme le Lieutenant du Grand Vizir. On choifit ordinairement pour cet Emploi un homme cou- rageux , intrépide , & capable de rcfifter aux infultes des Janillaircs , 8c des autres troupes , qui fe mutinent fouvent en l'abfence du Grand Vizir On envoia , fur les neuf heures du matin , au quartier de rAmbafladeur , vingt-cinq chevaux, entre lefquels il yen avoit un plus richement couvert que les autres dcftinépour l'Amballadeur, qui l'aiant monté rencontra dans fa mar. cheàune demi-lieuë de la Ville, le Cbiaoux Bâcha, accompagné de trente au- tres Chiaoux , tous couverts de Vcftes de toile d'argent ( les Cbiaoux lont des Officiers du Grand Seigneur qui font la fonèlion d'Huifficrs 8c d'Exemts , il y en a environ cinq cens , leur Capitaine le nomme Cbiaoux Bacba , lequel eft fort confidèré. Us s'aflemblent ordinairement dans le Palais du Grand Vizir , afin d'être prêts à exécuter fcs ordres , 8c à porter les Letcres de Cachet dans toutes les l?rovinces de l'Empire Ottoman. Le Grand Seigneur les envoie auflî comme Ambafladeurs dans les Pais Etrangers. Us portent à la main un bâton couvert d'argent , qui a un bouton au haut , 8c font armez d'un Cime- terre Se d'un Arc avec fes Flèches. ) Apres les premiers complimens le Bacba, fe mit à main droite de l'Ambafiàdeur, qui eft la place la moins honorable en Turquie , 8c le conduifit à l'Hôtel qui lui avoit été préparé dans la Ville. Le lendemain on lui apporta, de la part du Grand Seigneur, un préfcnt de quan- tité de rafraîchiflemens. Le jour fuivant , au fortir de fon diner , le même Chiaoux Bacba , accompagné du Secrétaire 8c du Trélorier du Caimacan , qui avoit fait amener vingt-cinq chevaux de main, le vint prendre pour le condui- re DU PATRIARCHE LUCAR. ij re à l'Audience du Caimacan. Aiant mis pied à terre., il rencontra dans l'Anti- chambre le Bâcha des Janijffaires ^ où aiant quitté leurs fouliers , ils entrèrent dans la Salle d'Audience , qui étoit toute remplie de Perfonnes de qualité. Il y avoit auprès de l'eftrade un tabouret couvert d'écarlate , où l'on fie aflcoir l'Ambafladeur , qui avoit derrière lui debout fon Secrétaire , fon Truchement & plufieurs Hollandois , qui l'avoient accompagné en fon Voiage. Quelque tcms après l'on vint pofer un autre tabouret de velours fur l'eftrade, Se immé- qu'il fut affis l'on entendit un grand cri de plufieurs per« fonnes , à trois repriles , & dès qu'il eût ceflë le Caimacan commença à parler &à^aire fon compliment , auquel l'Ambafladeur répondit. Après quelques dif. cours indiflerens on fervit du Gaffe & du Sorbet , & cependant on les enccn- foit tous deux. Cela étant fait on mit fur l'Ambafladeur & fur quelques-uns de fa fuite , des Veftcs de toile d'argent , jufques au nombre de vingt-cinq, avec Icfquelles il prit congé , remonta à cheval , & fût remené dans le même ordre , jufques au lieu où il avoit été rencontré , mais le Caimacan prit congé de lui au bas de l'efcalier. Huit jours après Monfieur Haga eut audience du Grand Seigneur dans un lieu proche d' Andrinoplc , où il fut conduit avec les mêmes Cérémonies & avec le mê- me nombre de chevaux. Ce qu'il y eut de différent fut, qu'au lieu d'être re- çu dans quelque Palais de la Ville , on le conduifit à une licuë de là , & on le Ht entrer dans une Tente du Chiaoux Bacba , où il trouva trois Ccges rangez, dont l'un étoit de velours pour l'Ambafladeur , & les autres de drap , pour fon Secrétaire 6c pour fon Truchement. Après qu'il y eût attendu environ de- mi heure , on le vint prendre pour le conduire à l'Audience. Le Chiaoux Bâ- cha , avant que de monter à cheval , quitta fon petit Turban pour en prendre un plus grand , & chauffa des caleçons de toile d'argent. Il avertit l'Ambaf- fadeur qu'il ne pouvoit faire entrer au lieu de l'Audience, que treize perfonnes en tout , dont il y en auroit dix qui feroient obligez de fortir dès qu'ils auroient fait la révérence au Grand Seigneur , & qu'il falloit qu'il reconnût cela comme une faveur finguliére , parce qu'ordinairement l'on n'y admettoit que quatre ou cinq perfonnes au plus , & qu'on leur donneroit à chacun une Vtfte. On leur fit voir en paflant fous une tente quantité de coff'res pleins d'or, d'ar- gent £c de pierreries très precicufes , & ce fût là qu'on leur mit des Vertes de Brocard fur les épaules. Dès qu'ils approchèrent de la Tente du Sultan , elle s'ouvrit tout à coup, & auflîtôt le Bacba mit l'Ambâffadcur entre les mains de deux hommes qui en le foûtenant à droite & à gauche , le conduifirent vers l'Empereur, pendant que les treize perfonnes qui dévoient encrer avec lui fu. rent fiifis doucement par les deux mains chacun par deux hommes. L'Ambal- fadeur 8c fes deu>; Conduéteurs en mettant le pied fur le Tapis , au milieu du- quel le Sultan étoit affîs , firent une profonde inclination, & incontinent après fe reculèrent de quelques pas , en même tems ceux de la fuite de l'Ambaflà- deur en s'approchant les uns après ïes autres, vinrent au même lieu, faire la ré- vérence, en inclinant la tête jufqu'à terre , avec les deux hommes qui les te- noient faifis par les mains. C 4 Cette i6 REMARQUES SUR LES LETTRES Cette Ccrcmonie ctant achevée on fie fortir toute la fuite , excepté le Sécré- tnirc 8c le Truchement , qui furent placez au côté gauche du Grand Seigneur, en forte qu'ils ne le pouvoient voir que de profil. Il avoit autour de lui des muets & des nains , 6c tout auprès de fa Pcrfonne le Caimacan , le Favori 6c le Secrétaire d Etat. Il n'étoit pas allis à la façon ordinaire des Turcs , mais dans une Chaife , aiant un oreiller de velours rouge cramoifi fous fes pieds. Son Turban étoit chargé de trois bouquets de plumes de Héron , dont l'un lui pcndoit fur le front, 6cles deux autres étoicnt debout des deux cotez de la tête. Son Juftc-aucorps étoit de brocard d'or à fond cramoifi , chargé dùme grolfc chaîne de diamans , £c fa Vielle étoit de drap d'Hollande doublée de Martre zibeline. L'Ambafiadcur fit fon compliment en Çc tenant prcfquc tout devant le Grand Seigneur avec les mains libres j mais les hommes qui avoient conduit le Secré- taire 6c le Truchement , les tcnoient toujours par les mains. Le compliment étant fait , le Secrétaire d'Etat prenant les Lettres de Créance des mains de l'Ambafiadeur, les donna au Cahnacan , qui les remit au Favori, 6c celui ci les pofa fur l'eftrade auprès de l'Empereur. Après que le Truchement eût expli. que le dilcours que l'Ambafiadeur fit quand il préfcnta fes Lettres , on le remc. na , avec ceux qui l'avoient fuivi , de la même manière qu'on l'avoit fait en. trcr ; mais ceux qui l'accompagnoieni fortirent en marchant à reculons. Quand ils furent dehors , le Caimacan fit dire à l'Ambafiadcur , par le Truchement , que ce fcroit lui qui feroit expédier la Réponfe du Sultan à la Lettre des Etats Généraux. Dès qu'il fut forti de la Tente on la vit fermer en un moment, 6c on le remit entre les mains du Chlaoux Bâcha , qui prit congé de lui après l'avoir conduit jufqu'au dernier cheval de la garde qui fe tenoit rangée le long du chemin oii l'Ambafladeur devoit pafler. Plufieurs autres Chlaoux 6c Jgas l'accompagnèrent jufqa'à fon logis dans la Ville d'Andrinople, qui étoit à une lieuë de la Tente du Sultan. Le Grand Seigneur failoit donner deux cens trente écus par jour à Monficur Haga^ pour fa dépenfc de bouche , mais le Chlaoux Bâcha en prcnoit quarante jiour fon droit. Les Miniftres étrangers ne traittent jamais d'affaires avec le Grand Seigneur, fi ce n'eft par l'cntrcmife des Bâchas , 6c principalement par celle du Vizir Azem , qui efl: le premier Fizir. Aufîl ne voient-ils le Sultan que deux fois , c'cft à due à la première Audience , 6c à celle de congé; mais il n'en fut pas de même à l'cgard de Monfieur Haga , il a toujours eu un accès fort libre auprès du Grand Seigneur , 6c tout ce qu'on vient de dire , fur cet Article , fait aflcz voir que le mérite extraordinaire d'::ucun Aaibafladeur n'a jamais été mieux reconnu que celui de ce Miniftre des Provinces-Unies des Païs-Bas, qui font toûiours un choix très judicieux des perfonncs qui ont les meilleurs talcns pour faire réufTir leurs bons deficins , félon l'occurence du tems , des, lieux, 6c des affaires , comme on le verra encore plus amplement dans la fuite de cet Ouvrage. LET- DU PATRIARCHE LUCAR. 17 LETTRE SECONDE. DE CYRILLE LU C A R PATRIARCHE DE CONS-T ANTI- NO P LE , à Monfieur Diodati^ Profejfeur en Théologie à Genève. Molto Reverendo Signore vnJsfuChri- fto , dilettiffimo. LAudato fia il Signore Iddio Creatore noftio i^ Padre di Providenza , che in facilita con il fuo Santo Spirito uni/ce li fuoi eletti , quant unique di fiant i , con- forme che U Apofioli di Jcfu Chrillo di- fperfi per il mondo , chi nelP Afia , chi nelP Europa , a tant a difianza ira loro interpofia , erano pur uniti con il lega- me délia charità è del fpirito fanSloè pre- dicavano iina 13 ifieffa fede , in gloria del Sr. N. Jefu Chrifto , in cdificatione dél- ie anime , cio é anco à noi quefio tempo ac- caduto , non havendo punto impedito la difiantia , che non s'introduceffe tra V. Reverentia e >ne quella conofcenza Chrifi. tiana , che molto hene conviene à fratelli in fpirito , 13 rninifiri fi del i del verbo d'iddio. Havevo prima délia lettera mandata- rai cValVUniverfita Fofira , per il Reve- rendo Signor Leghero , quando anco mi facevate mentione del Padre Mctrophan mio , havuta grande allcgreza , per il buon principio che pigliavamo di piu oltra conofcerfi [a] fapendc anco che tutti voi che mi fcrivevate , fête li veri confalo- tiieri dejr Euangelio è délia fede orthodo- xa , per la qiiale non vi fpermiate a vi- gilie è fatiche perenni , con ardente defi- derio di promover la verita Evangelica^ Monfieur très Vénérable 13 hicn-aimé en Jéfus Chrift. LOué foit le Seigneur Dieu nôtre Créateur , qui par fa Providence Paternelle unit facilement tous fcs Elus avec les liens facrez de fonEfprit, quelques éloignez qu'ils foient les uns des autres : comme il l'a fait dans le tems que les Apôtres de Jéfus Chrifi étoient difpcrfez les uns en Afie , les autres en Europe 8c dans les autres par- ties du monde , où la diftance des lieux , la plus vafte , ne les empêchoit point de vivre dans une parfaite u- nion d'efprit & de charité, en prêchant tous une même Doftrine à l'honneur de Nôtre Seigneur Jcfus Chrifi & pour l'édification des peuples. Le même bonheur nous eft aujourd'hui arrivé, puifque l'éloignemcnt de nos Eglifes n'a mis aucun obftacle à cette connoii- fance Chrétienne , qui s'cft faite entre nous , d'une manière qui convient fi bien à des frères en eiprit , & à des fidèles Miniftres de la Parole de Dieu. La lettre que vôtre Univerfité m'en- voia par Monfr. Léger , me caufi d'a- bord une grande joie , quand je vis, qu'en me parlant du Pcre Métropha- ne , nous entamions une matière qui nous donnoit lieu de faire une connoif- fance plus particulière les uns avec les autres [«] voiant auffi par tout le con- tenu de vos Lettres que vous portez le véritable Etendard de l'Evangile 6c de la Foi Orthodoxe , pour laquelle vous n'épargnez ni les veilles , ni les D * delhi i8 LETTRES A (Ma quai imprefa Iddio benedetto fem[tre profperara il veflro fanêlo propo/ito ; Ma pHol qnando effo Doîtor Leghero mi ha prefentalo la Biblia di Foflra Re- •verentia , non vi puojfo dire quant o hab- bi ftimato quella faut a opéra , riputando la utilijfima, alla fanta Chic fa délit fide- li , qi'.ale certo compara immort alita al no- me l'aflro , tanto fia detto fenza invidia : quella mi ha fato molto piu conofcervi , £5? ejfervi quafi famili are fenza chem'im- pedifca la diftantia del liioco ; s'aggwnge à quefio che é pcr niezo il benedetto in- firumento del Signor Dotor Leghero ; il qiiale dévot 0 alla Cbiefa , Dottrinae per- fone Voftre , non manca converfando con noi , ejfaltar le virtu Vofire , i far ogni altra digniffima mentione di voi , corne di .tuttfi il P'enetabile ÇoUcgio di Geneva. Spero che queflà alianza ridundaraper lavenire in qiialche utilità aile anime Chrijliane^ è Chiefa ixra ^i JefuChri- fto , alla qiialc noi ncl corfo délia vita noflra non habbiamo potuto effer utili con- forme il noftro defiderio , perche il Pa- iriarchale carico che per venti anni hab- hiamo foflentato in gli rifpondo , che tuto mi rimetto al prtiden- tijjimo è ChnfiidHiJfimo judicio di Voftra Re-ceren1ia e de tutto H Collegio dellifra- telli miei in Cbrifto , è Pfofeffori in quel- la Univerfita, U quali tutti faluto fraîer- namente : fe à i-oi parera quella Confejfione degna di atteftar , èfar à tutti manifefto , quello che mi qui morienle profejjiamo , in norainc Doraini , dia-fi in luce , con alcuni fcriturali , e teftimonianze di quelle che ho racolto con il Signor Dottor Leg- hcro^fi:condo "vi parera. Tutto lafciamo è recommandiamo alla Chrifiiam charita voftra. Speramo in Dio che feguitaremo con al- îrijigni pin évident i far ccnofcer al mon- da che noi non vogliamo haver Com- munione alcuna con la Romana Chie. fa , come quella che é madré di erro» j avois prévu cela, avant que mon écrit fût rendu public , j'aurois dreflë une Conkfllon plus ample 8c munie de beau- coup de témoignages , mais j'efpére , avec l'aide de Dieu , de rendre cet Ouvrage plus complet à l'avenir. Cependant, Monfieur, puifquej'ap- prens par vos Lettres que vous n'at- tendez que mon ordre pour mettre cette Confeffion de Foi au jour ; je vous déclare que je confens volon- tiers que vous faflîez pour cela tout ce que vôtre prudence Chrétienne vous fuggérera 6c tout ce que mes frères en Jéfus Chrift , vos Collègues , & les Profefléurs de vôtre Univcrfité , jugeront être plus utile 6c plus conve- nable en agiffant de concert avec vous. Je les faluë tous fraternellement . Si vous trouvez , que cette Confefiîon puifle fervir à témoigner 6c à faire connoître à tout le monde quelle eft la Créance dont nous faifons ici profeflîon en mou. rant , au nom de Dieu , mettez là au jour, avec quelques Paflages de l'Ecriture Sainte 6c quelques témoignages des Pé- rès , dont j'ai fait un Recueil avec Monfr. le Dofteur Léger. Si cette com- pilation ne vous paroît pas utile , ou con- venable , vous en ferez ce qu'il vous plaira , car je m'en remets entièrement à vôtre piété Chrétienne. Nous elpcrons qu'à l'avenir Dieu nous aidera à faire connoître à tout le monde, par des marques plus éviden- tes , que nous ne voulons avoir aucune Communion avec VEglife Romaine : parce D 4 li. ^4 LETTRES A ri, è corruptrice del Verbo d'Iddio, è nido délie fuperftitioni : quanttimque mol- ti makfidi traditori acciochati non vogîi- no conofcer à confejfar la -oerita. H/iuvebbe qui occafione proponer alcimi atti , quejio tempo fequiti , di alcuni Ro- mani Heretici temerarii , che per adula- re iî//'Antichriilo , foto nome fpeciofo de difcnfione délia Romana fede Catholica , i-amw fcrivendo contra di noi , per far forfi rimora al corfo è alla vocatione no- Jira , ma H lafciamo corne Cani che ba- gliano , ne vagliono per mordere. ^.ejïofia pakfe al Ciclo 6? alla Terra^ che ncl negocio dclla Religionc la Chie- fa Greca, ^ noi tutti , non vogliamo Communione con li Papifti. Lontano da noi , è dalla noflfa Chiefa ConflantinopoU- tana [c] ^anto à me fapia il monda che foHO gia huomo at empâta , i voglia morire^ qiiando à Jddio placera , con la verita di 'Jeftt Chrijlo nel ctfore , nella biioca , è quella baver Jigillo è marca nella confcien- tia. Il gregge crediito-mi al pojfibile dri- zaro alla via , che risguarda il Regno del Cielo : del reflo , niuno mi molejli , ne vo- glio fopracio eflendermi piu , oltra , ma per far fine , mi parve aviffar P^oflra Re- verentia che jo ho duoi Perfonaggi ami- ci in Ingliterra. Uune é il BcatiJJima Archivefco-vo di Cantiiaria Gcorgio Ab- h^x., per fonadi quella flima è qu alita ^ che rejfempiarita (^ integrita è le altre rare virfiitifue gli dam il crédita che malt a pin hene di me deve faper Voflra Reveren- tia : quel Stgnore per lettere fimpUcimen- NECDOTES quelle falfifie la Parole de Dieu , ^par- ce qu'elle ejî la Mérc des erreurs , ^ k Nid des fuperjîitions : quoi que des per- fides foûtiennent le contraire , Se que beaucoup de perfonnes s'aveuglent là deflus , & trahiflent leur confciencc , plijtôt que de confefler cette vérité. Je pourrois vous faire ici quelque Relation de ce qui fe pafle maintenant parmi nous , au fujet de quelques Pa- pijles Hérétiques £5? téméraires ; qui pour flatter FAntechrifl , & fous le prétexte fpécieux de vouloir défendre la Créan- ce de l'Eglife Romaine , qu'ils appel- lent Catholique , ces Hérétiques dis- je , publient des Ecrits contre nous, qui font comme autant de pierres d'a- choppement dont ils fe fervent , pour nous empêcher de fuivre nôtre vocation, & d'éxecuter nos bons defleins ; mais nous laiflbns ces gens là comme des chiens qui aboient 6c qui ne peuvent mordre. Qu'il foit donc manifefte à tout le genre humain , Se publié à la face du Ciel Se de la Terre , que pour tout ce qui concerne la Religion , ni NOUS , ni L'EGLISE GRECQIJE , ne voulons point avoir de Communion avec les Papi- fies. Qu'ils fe tiennent donc éloignez de nous Se de nôtre Eglife de Conilan- tinople. [r] Pource qui eft de moi, que tout le monde fçache que je fiiis parvenu à la dernière décrépitude , Sc que lors qu'il plaira à Dieu de me reti- rer de cette vie pcriflable , je veux mou- rir en aiant la vérité de Jéfus Chrift dans le cœur aufli bien que dans la bouche , S\. gravée comme un fceau dans le fond de ma confcience. Je fe- rai tout ce qui me fera poflîble pour fai- re entrer dans le véritable chemin du Roiaume des Cieux le troupeau qui m'a été confié. Quant au refte , que perfonne ne me vienne tourmenter , car je ne veux pas faire un plus long te DU PATRIARCHE LUCAR. te è dame comfciuto. [d] ValtroiVEo- celentiffi'Mo Cavalier Thomas Rôs. FA qui bnbafciatore , da Iddio S ignore dona- to tnolte virtii è perfeëiioni. Ne fi mara- vigli Vofira Révèrent in fe jo mi laudo de fimili fogetti , mentre che li comfco ejfer dalla fttprema, gratia dotati di heneditio- ni. Hor havendo qucfli amici , mi par che mancamentû farehbe ftampando-fi la Con- fejfione mia è délia Chiefa Greca , di non dargli quahhe raguaglio , fcgno di huona i Clnijîiana correfpondentia con queJli per- fonaggi. Percio defidero che Voftra Re- verentia fi contenti puoi che fiara in liice la ConfeJlioHc mandar in mano di efio Bea- tiflïmo Àrcivefcovo dtwi Erffemplari ^ n- no per lui , Paltro che facci capitare in mano di ejfio CavalieroRôs. Et jo puoi de qui con mie letcre , gli raguagliaro , è daro conta di quello giudicaro effer di bi- fozno. difcours là defllis; mais en finiflant , il me paroîc néceflaire , Monficur , de vous donner avis que j'ai deux llluftres Per- fonnages en Angleterre qui font mes fidèles amis. L'un eft le très heureux Archevêque de Q'kxw.ox^tzxy , George Abbat . Je ne doute point , Monfieur, que vous ne fçachiez beaucoup mieux que moi combien il s'eft acrcdité & dans quelle eftimcilcft à caufe de fon intégrité 6c de fes bonnes qualitez , jointes à plu- fleurs autres vertus extraordinaires d'une vie exemplaire. Pour moi je ne con- nois ce Prélat que par le commerce de Lettres que j'ai eu avec lui. [cl] L'autre eft rilluftre Chevalier Thomas Rés. Ceft un Gentilhomme de très grande qualité , qui a été Ambafladcur en ce Pais, & que k Ciel a favorifé de plu- fieurs excellentes vertus qu'il pofléde dans un degré de perfeélion très émi- nent. Vous ne devez pas être furpris, Monfieur, de ce que je fais l'éloge de ces illuftres Perfonnages , puiique je ks connois , & que je fçai que Dieu les a ornez des vertus dont je viens de parler , & comblé de fcs plus pré- cieufcs bénédiftions. Cela étant ainfi, il me femblequejc manquerois au devoir de la véritable amitié, fi , en faifànt imprimer ma Con* feffion de Foi , qui efl la même que celle de l'Eglife Grecque , je n'en faifois pas une gratification à ces illuftres Perfon- nés , pour leur témoigner le dcfir que j'ai d'entretenir nôtre bonne & Chré- tienne Correfpondance. Et pour cet effet je vous lupplie de vouloir bien prendre ia peine, quand cette Confcf- fion fera mife au jour, d'en cnvoicr à Monfr. l'Archevêque . deux Exemplai- res : un pour lui , & l'autre pour le Chevalier Rés , auquel la Grandeur aura la bonté de le faire tenir. Et après cela je leur écrirai moi-même dici, 6c les informerai plus amplement de E Aprejfii i^ LETTRES A Aprejfo quejîo ptpm Volera Reveren- tia che jo ho ricepmo il Plakcrio m Ri- ma, traduîodi Foflra Rn^srcntïa. ^.'e- fio mi pare Ji ào'vrMe ihîïtilarè Riftoro del Spirito ; perche !o compara con li Hymni cii S Gregono Nazianzeno, èdel Dotijimo Syncfio., li fiali Hymni , noi nella gioventu quakhe volta cantavamo pcr fphiînal rijioro. Par-chc V. Rsverentia quclli hahhi imitati nella Paraphrafi del Pfalterio. Iddio Signore benedUa la Perfona Foflra^ è vi confervi in augmenta delli fuoi l'he- fori , nella fua Sanëla Chiefa. A quel la 'aggiongo è la prego che per leterc non fo- liciti il Signor Dattor Leghero de qui le l'arfe , per qtiejla tempo , façendo bifogna : è conforme pitoi che ci moftrara la facili- ta de Voccafione , cofifi ejjequira con con- tenta di Foftra Révèrent ia è di tutto IlFe- ritabile Collegiu. Data in Conftantinopoli , Alli is- Âprile Stylo Vechto. I^S^. CYRILLO PATRIARCHA di Conftantinopoli fcrive di Mano propria. NECDOTES tout ce qui me paroîtra néccflairc , ^ de tout ce qui pourra leur faire plai- fir. Il ne mereftf plus, Monfieiir, après ce- la , qu'à vous donner avis qiiL j'ai reçu k Plautier que vous avez traduiten vers Italiens. Il me fcmble que cet Ouvrage divroit être intitulé la Coujolation de P Ame : parce que je le compare avec les Hymnes de S. Grégoire de Nazian- ze^ & avec celles du Dofte Synejius que nous chantions autrefois pour nous réjouir fpirituellemcnt dans le tems de nôtre jeuncfle. Il paroît, Monfieur , que vous les avez imité dans la Paraplirafe de vos Pfcau- mes. Je fouhaite que le Seigneurjous benifle & vous confcrve dans fon Egli- fe très Sainte, en y augmentant lesTré- fors. Il ne me relie plus qu'un mot à ajouter à tout cela ; c'ell que je vous prie de ne pas folliciter, par vos lettres, le Doéteur Léger à partir maintenant d'ici , parce qu'il eft très nécellaire qu'il y refte encore quelque tems : Se lors qu'on pourra trouver, dans la fuite, des con- jonftures moins difficiles , on fera en for- te qu'il s'en aille, pour fatisfaire à vô-< tre defir 8c à celui de tout le Vénéra» ble Corps de Vôtre Univerfité. Donné à Cunlitintinople le i^. d'Avril : Vieux Stile, 1632. CYRILLE PATRIARCHE de Conftantinoplc , écrivant de ma propre rnaifu RE. DU PATRIARCHE LUCAR. 37 REMARQJIES SUR LA LETTRE IL DU PATRIARCHE LUCAR. (a) Me eau fa d'abord une grande joie , quand je vis ^ qu'en me parlant du Père Me- irophane nous entamons une matière q:ii nous donnait lieu de faire une conno'Jfance plus particulière les uns avec les autres. METROPHANE , furnommé CRITOPULE, Auteur Grec, a (ait une Confelîlon de Foi de TEglife Grecque, publiée par des Protef* tans d'Allemagne , en faveur defqucls il la compofa. Elle a été imprimée en Grec ôc en Latin à Helmftat en 1661. Ce Critopnle prend , dans le Titre de ia Confcflîon de Foi , la qualité àc Protofyncclk At la grande Eglife de Conftan- tinople. Il étoit Prêtre Régulier , c'eft à dire Moine élevé à la dignité Sacer- dotale, Se c'eft ce que les Grecs appellent dans leur Langue Hieromonachos. Le •fameux Cyrille Lacar Patriarche de Conftantinople , qui vouloir connoître par- faitement l'état des Egliies Proteftantes de l'Europe, le députa pour aller en Angleterre , afin de s'informer éxaftemcnt de l'état & de la Doclrine de ce P;îïs. là. Meirophane aiant débarqué à Hambourg , parcourut une partie de l'Alle- magne : 8c ce fût en ce Pais là qu'il compofa cette Confeffion de Foi qui fa- vonfe la Religion des Proteftans , comme plusieurs Ecrivains Catholiques l'ont remarqué, & entr'autres Monfr. Simon dans fon Hiftoire Critique des Nations du Levant à la page 1-7. de l'édition de Francfort de l'an \6%\. Metrophane %'2.x.- fâche principalement à faire connoître dans fa ConfefHon de Foi les Dogmes de fon Eglife ; & il raifonne en homme de bon fcns , fc d'une manière beaucoup plus circonfpcéte que ne font ordinairement les Théologiens des Eglifes Orien- lales. Il y a une Lettre de Coringms à la tête de cette Confeflîon de Foi , adreflee au Traducteur, où il s'étend fur la créance des Grecs contre Lco Alla. ftus , Bibliothécaire du Vatican. Le public cft redevable de la Verfion Latine de cet Ouvrage à Jean Horneius. (b) Il y a beaucoup d'autres Ecclèfiafiiq^ucs Séculiers ^ Réguliers^ qui me font •venus parler , avec les Agens de la République de Raguie, £5? quim'onî dcinandé fi cette Confeffion de Foi publiée fous mon Nom eft une véri. table Expofition de ma Créance : fur quoi je leur ai fait la même Rèponfe qu'à l' Ambaffadeur de France. R A GLT S E eft une Ville 8c République de Dalmatie fur le Golphc de Ve- nifc, avec Archevêché , fous la Jurildiélion Eccléfiaftique du Pape. Le Gouver- nement de ce petit Etat Souverain qui a quelque rapport à celui de la Répu- blique de Venife, fuit néanmoins des maximes de Politique très diftcrcntes. de cel- les dcsauties Pais de l'Europe , 8c voici en deux mots quelque chofe de fort remarquable là deflus. C'eft que la crainte de perdre une Liberté imaginaire y eft fi grande, que cela oblige les habitans à changer de Doge 6c de Gouvcr- E 2. neuf 38 REMARQJJES SUR LA LETTRE II. neur tous les mois, & à renfermer les Commandons dans leurs poftes, l'efpacc de fix femaincs. Pour cette raifon les Gentilshommes n'^y fçauroient porter l'cpéc i ni coucher dehors de chez eux, fans en donner avis au Sénat; & durant la nuit les étrangers , Se fur tout les Turcs , font renfermez à clef chez eux. Outre cela les portes de la Ville ne s'ouvrent jamais , qu'à trois ou quatre heu- res du jour en Eté , & à dix heures du matin en Hiver. Les Ragujois paient tribut aux Turcs qa'ils craignent , aux Fcnitkm qu'ils haiffenc , au Pape qui les flatte , à l'Empereur qui les menace , au Roi d'Efpagne qu'ils ne connoiflent que de nom , 6c à plufieurs autres Princes par divcrfes confidérations. Voila quelle cft cette République de Ragufe dont les Agens qui étoient à CoH« ftantinople dans le tcms que le Patriarche Lucar publia fa Confeffion de Foi , lui demandèrent fi elle ctoit véritablemexit de lui : lur quoi il leur répondit la même chofc qu'à l'Ambafladeur de France ; c'efl à fçavoir qu'il l'avoit écrire de fil propre main , pour expliquer fa Créance & celle de l'Églife Grecque , en ajoutant que fi quelqu'un y trouvoit des erreurs & vouloit les lui montrer , il lui rcpondroic comme un fidèle Chrétien , 6c félon les bons témoignages de fîi Confcience. Cette Réponfe fert à faire voir une infignc fauflctéque les Dcélcurs de Port- Roial ont foûtenuë dans leur Ouvrage de /« Perpétuité de la Foi ^ contre les Mi., niftrcs Réformez, 6c fur tout à la page i66. de leur Troifitrae Livre contenant la Réfutation des vingt-fix preuves qu'emploie Monfr. Claude , pour démontrer, que les Grecs ne croient pas la Tranffubftantiation. Voici le langage que tien- nent ces Doéleurs du Papifme dans l'endroit que nous venons de marquer, 6c; l'impofturc donc ils fe font fervis pour éluder la force des preuves qu'on tire, des Lettres du Patriarche Lucar contre les Dogmes erroncz de l'Eglife Ro- lûaine. „ Pour bien juger de h foibleflc de cette preuve {tirée delà Confejfion de Foi. ^y de Cyrille] il elt important (difent ces Meflicurs de Port-Roial ) de faire con-. „ noître quel étoit ce Patriarche de Conftantinople. On auroit bien des chofes. „ à en dire , mais pour ne détourner pas l'efprit du Lefteur, nous nous conten- „ terons de rapporter ce que deux témoins irréprochables nous en ont appris. „ Le premier fera Cyrille lui même qui s'eft dépeint d'une manière, qui paroît allez ingénue dans une Lettre à Monfieur Léger Miniftrede Genève, y ai vou- lu 3 dit il i écrire ces cbofcs à vôtre Révérence , afin de la fuppUer qu'elle me ferve „ de témoin , s'il m'' arrive de mourir , que je mourrai Catholique Orthodose dans la Foi „. de nôtre Seigneur Jéfus Chrift , 6? dans la DoEîrine Evangélique qui efi conforme „ à la Confejfwn Belgique , ^ i celles des autres Eglifes Evangéliques qui s'' accordent „ toutes etitr' elles : que je détefle les erreurs des Papijles ^ les fuperjîit ions des Grecs : „ que j'approuve £5? que j'embrajfe la Doctrine de V Illuflre Douleur 'Jean Calvin, ,,. y de tous ceux qui.fuivent fes fentimens. C efi ce que je vous prie , Alonfr. Léger , „ d'attefier pour moi , puifque c'efi avec une confcience très fincére quefembraffe cet- ,j te Dotîrinc , ^ que j'en fais profeffion comme ma Confeffion le fait voir. Voila „ (continuent ces Meffieurs) l'un des deux vifages du Perfonnage fous lequel il , „ fe faifoit voir aux Calviniftes. ,, Si l'on fouhaite fçavoir quel étoit l'autre (ajoijtcnt ces Mefiîeurs) fous lequel 5, il a paru pcud,Jiot fa vie à la face de toute fon Eglife, on l'apprendra de Par» ■iitloinius ^ DU PATRIARCHE LUCAR. 39 „ themus^ qui eft à préfent Patriarche de Conftantinople , 6c qui à raifondefon grand âge a pu être témoin oculaire de ce qu'il rapporte, Cyrille n'étant mort que depuis trente-cinq ans. Voici donc comme en parle ce Patriarche dans une Conférence qu'il eut l'an pafîc en préfence d'une douzaine de Métropo- litains, & des plus confidérables Officiers de fon Eglife, avec Monir. de AW,ï- tcl Ambafladcur de fa Majefté très Chrétienne auprès du Grand Seigneur. La „ calomnie que Von a fait à Cyrille Lucar en Vaccufant de participer aux dogmes des „ Cahinijles fur le faint Sacrement ^- fur V invocation des Saints i^ fur plufieurs au, „ très points^ étoit une invention de fes Ennemis. ( ces dernières paroles font re- marquables) „ // n'en a jamais rien paru durant fi vie à la face de fon Eglife , ce „ Patriarche aiant toujours confervé la Foi Orthodoxe de la préfence réelle de Jefus „ Chrijl au faint Sacrement , 13 de la T'ranffiibfiantiation du pain £5? du vin en fon „ Corps ^ en fon Sang , (^ de tous les articles qui font de la croiance de r Eglife- Grecque , ainft qu'il Va témoigne par des Profeffions de Foi qu'il a faites en ce n „ tems lài Il ne faut que ce feul Extrait de la Lettre de Monfr. l'Ambafladeur àt Noia, tel pour découvrir les Impofturcs des Doéleurs de Port-Roial Se du Clergé de France qui s'eft fervi de leur plume pour défendre la Doctrine de l'Eglife Ro. maine ; & voici comment on peut démontrer leurs plus inlîgncs fourberies. Si Monfr de A'oi*/!?/ dit la vérité , il faut néceflairement que les Doctreurs de Port« Roial Se tous les Controverfiftes de l'Eglife Romaine , qui ont publié &: foû- tenu que Cyrille Lucar étoit un Calvinifte, reconnu pour tel, êc que c'eft pour cela qu'on l'a dépofé 8c envoie en exil j il faut , dis-je , que tous ces Doéteurs du Papifme foient des Impofteurs , puifqu'ils difent tout le contraire de ce que Monfr. de Nointel déclare ici , en marquant pofitivement dans fa Lettre produi- te par Mcffieurs de Port-Roial , que le Calvinifme imputé au Paîriarcbe Cyrille ejï tene invention de fes ennemis 13 qn^H n'en a jamais rien paru durant fa vie. 11 y a trois autres conféquences bien plus importantes qu'on peut tirer de la Lettre de Monfr.de Nointel ^ c'eft 1°. Que Cyrille z été dépofé injuftement puifque c'eft par l'invention de fes ennemis qui l'ont faufleraent accufé d'être Calvinifte. 20. Que les Doéteurs de Sorbonne êc leurs adhérans n'ont pu dire , fans une ca- lomnie atroce , que Monfr. Haga Ambafladcur des Etats Généraux, 8c plufieurs Holiandois, ont fait monter Cyrille fur le ficge Patriarchal à force d'argent , & qu'ils lui ont avancé de groflcs fommes , parce qu'il f.ivorifoit ouvertement le Parti du Calvinifme que ce Patriarche travailloit à érablir dans les Eglifes Grec- ques de l'Orient. 5°. QLie les deux Conciles tenus à Conftantinople 8c en Mol- davie, après la mort de Cyrille ., 8c pour condamner fa Doétrinc , font des Piè- ces fuppofées, de même que le Concile de Jerufalem tenu l'an 1672. qui approu- ve ces deux autres Conciliabules dans Icfquels on trouve , comme nous le ferons voir plus amplement dans la fuite , que le Patriarche Cyrille n'y eft condarn. né que fous prétexte qu'il n'a pas voulu défavouer par écrit fa Confcffion de' Foi qui paroifloit dans tout l'Orient fous fon Nom , 8c parce qu'il a refufé de ' faire une Expofition de Doélrine contraire à celle là. Cependant Monfr. de Nointel dit expreflement dans la Lettre que Mcflîeurs de Port-Roial ont pro- duite, comme nous venons de le raporter , que le Patriarche Cyrille a témoigné far des Profeffions de Foi qu'il a faites en ce tcms-là qu'il admet toit la Doctrine de E 3 • /.r' 40 REMARQUES SUR LA LETTRE II. la Tranffiibftantiation ijf tous les autres articles de la créance de rEglife Grecque. . Si cela eft vrai, comme ces Do6teurs de Sorbonne le foûtiennent avec l'appro- b.uion de foixante-quatre Prélats du Clergé de France , voila trois Conciles des plus nombreux qui fe foient aflemblez dans la Grèce , qui ne contiennent que des fliufletez , & nonobftant tout cela , ces fameux Controverfilles de l'Eglife Gallicane les ofcnt produu-e dans leur grand Ouvrage de la Perpetnité de leur Créance, pour combattre les Réformez, en mettant ces faux Aftes au nombre des Pièces les plus Authentiques qui foient dans tout leur Ouvrage. Si ces Meilleurs fe veulent rétraéter de ce qu'ils ont foûtenu en produifanc cette Let- tre'de Monfr. de Nointel contre le Miniftrc Claude , 8c avouer qu'ils l'ont fa« briquée eux-mêmes, ou bien convenir que Monfr. de Nointel ne dit pas la véri« te , il s'cnfuivra de là qu'un des plus célèbres AmbaHadcurs de France eft un Impofkur, 6c outre cela que ce Miniftre aiant été emploie à la Porte Ottomane pour y taire drcfler & figncr toutes les Atteftations qui font imprimées fous le Titre de Pièces Authentiques dans l'Ouvrage de la Perpétuité de la Foi de ces Mcfiieurs de Port-Roial, il eft très évident qu'ils n'ont pioduit que des faufles Pièces, ou tout au plus, que des Ecrits qui ne méritent pas qu'on y ajoute plus de foi qu'aux Lettres fuppofées de Monfr de Nointel , & qu'aux faux témoi- gnages que ces Meffieurs ont produits fous le nom de cet Ambafladeur dans l'en* droit fur lequel nous venons de faire ces Remarques. Voila déjà un échantillon des Impofturcs de Mcflicurs les Dofteurs de Sorbonne £c des Agens du Clergé de France. On en verra de plus confidcrables dans le Corps de cet Ouvrage. Le Concile de Jcrufalem nous en découvrira un très grand nombre : & nous pou^ vons dire ici par avance que le VMu-à\c\\Q Parthénius que Monfr. l'Amballadeur de Nointel &c les Doéleurs de Port-Roial citent comme un illuftre témoin , étoit un fourbe 6c un menteur , puifqu'il a fait aflèmbler le Synode de Moldavie ÔC ilgnc tous les Anatliêmes que ce Conciliabule a fulminez contre Cyrille Lucar , en lui imputant des fcntimcns £c des Dogmes qui ne font point dans faConfclliou de Foi , comme nous le démontrerons dans la fuite. (c) ^j/il foit donc manifefie à tout le genre humain , 6? publié à la face du Ciel^ delà -Terre., que _.y pour tout ce qui concerne la Religion .^ ni NOUS, ni L'EGLISE GRECQUE, ne voulons point avoir de Communion avec les Papifies. ^l'ilsfe tiennent donc éloignez de nous , fi? de nôtre EgUfe de Conjlantinopole. Les Grecs , non Lntinifez, ont une fi grande avcrfion pour l'Eglife Romaine, qu'ils fulminent fouvent des eîç^^mmunications contre les Papes Se contre tous leurs adhérans; c'eft pourquoi leï^atriarche Lucar fuit l'exemple de fes prédé- ccfleurs quand il dit que hci ni P Egll%^recque ne veulent point avoir de Communion çvec les Papijles : 8c lors qu'il dcclai%^ dans un autre endroit de fa Lettre à Monfr. Diodati^ que l'Eglife Romaine eu la. Mère des erreurs 8c le Nid des faper- Jfiiions , il tient en cela le môme langage que les autres Patriarches Grecs ont tenu fur cette matière. Cel.i eft fi vr.n que plufieuis célèbres Théologiens de la Communion de Rome n'ont pas ofé le nier ; mais au contraire l'ont avoué publi- DU PATRIARCHE LUCAR. 41 publiquement , dans les écrits qu'ils ont mis au jour pour expliquer les fentimens des Grecs qu'ils appellent Schifmatiqucs. Nous nous contenterons d'en mettre ici deux témoignngcs qui font fort con- fidérables , & que le Papifmc ne fçauroit rejctter fans rendre fufpcdil: tout ce qu'il y a de plus authentique dans les Ouvrages de fcs propres Hilloricns, & de ceux qui ont écrit par un ordre exprès de la Cour de Rome. Le premier de ces Témoins eft le Jcfuitc Dandini , qui a fait un Voiage au Mont Liban, en qualité de Nonce fous Clément VIII Ce Jcfuite voulant rendre compte au Pape de ce qu'il avoit obfervc dans les lieux où il fit quelque féjour , publia une Relation de l'iflc de Candie & en y faifant le Portrait des Grecs, on trouve qu'il en parle dans le Chapitre cinquième en ces termes. J'aurois bien des chofes à dire , fi je voulais rapporter toutes les mauvaifes atîions des Prélats i3 des autres Eccléjiaftiques de cette Nation (Grecque) leur féparation de PEglife La^ tine , les Malédiétions ^ les Excommunications qu'ils fulminent contre elle , dans les jours les plus faints , i^ lors ciue nous prions Dieu pour leur converfion. Les Grecs prononcent ces Excommunications 6c ces Malédictions contre TE-- glife Romaine dans leur Office Solemnel , en préfence de tout le Clergé & du Peuple , le premier Dimanche de leur grand Carême , qu'ils appellent à caufè de cela le jour de VOrtbodoxie , & le Pape leur rend la pareille à Rome le Jeudi avant Pâques nommé in Cœna Domini , dans la Cène du Seigneur , 6c ce même jour là il excommunie auffi plufieurs autres Nations , & même des Rois Se des Princes de fa propre Communion fous des prétextes qui n'ont pas nn fondement fi raifonnable que celui qui oblige les Grecs à fulminer leurs A. nathêmes contre le Papifme ôc la Papauté. Le (ccond Témoin irréprochable que nous devons produire fur cette matière eft Syh-eftre Syropule , grand Eccléfiarque , Auteur de l'Hiftoire du Concile de' Florence, qui a été imprimée a la Haye en 1660. fous le nom de Sguropule c\[i' on a mis dans le Tître : mais c'eft une faute : car fon nom eft véritablement Syro' ptile ^ comme il paroît par la foufcription à ce Concile. De plus, il y a un Ma- nufcrit de fa main dans la Bibliothèque du Roi de France où il prend le nom àe Syheftre Syropule^ Diacre, grand Eccléfiarque & Staurophore ou Porte-Croix ^ qui font de certains Officiers du Patriarche , ainfi nommez à caufc qu'ils por- tent une Croix fur leur Chapeau , pour fc diftinguer des autres. Son Hiftoire du Concile de Florence fait voir que TEglife Grecque ne convient point avec la Latine, 8c que les Chrétiens Orientaux ont même tant d'averfion pour le culte des Saints canonifez par les Papes , qu'ils s'en mocquent quand ils les voient dans lesEglifes, comme il paroît dans l'Hiftoire de Syropule qui en parle en ces termes, ^land f entre dans quelque Eglife des Latins , je ne fahic aucun des Saints que j'y voi , parce que je n'en connais pas un. J'ai même de la peine à y reconnaître jéfus Chrijl .^ que je n'adore point auffi , farce que je ne j'çai de quelle manière ils le reprefentent. Je croi que cela fuffit pour juftifier ce que le Patriarche Lucar dit à Monfr. Diodati.^ quand il lui protefte , que lui ni ceux de fon Eglife ne veulent point avoir de Communion avec le Papifme. On peut dire la même chofe des autres Eglifes des Grecs qui font dans les Pais du Levant. Ils pnt tous une haine implacable centre l'Eglife Romaine : Se E 4 . l'cx- 41 REMARQ.UES SUR LA LETTRE IL l'expérience a fait voir que fi quelques-uns d'cntr'eux ont fait en divers tems cer- taines démarches pour fc réiinir avec les Latins, ce n'a été qu'en apparence feu. kment , ou pour des vues temporelles & de Politique. Nous pourrions en rapporter ici une infinité de preuves ; mais pour ne pas nous écarter des bornes de nos Remarques, nous ne produirons qu'un feul exemple ti« ré de Plliftoire des Jéfuitcs écrite par Sachini. 11 dit , au fuiet des Grecs Cophtes dans le fixiéme Livre de fon Hiftoire , que , le Jéfuite Roderic fût envoie par le Pape Pie IV. vers cette Nation en i^dx. parce que les Cophtes avoient écrit au même Pape des Lettres pleines de foûmiflîon & de refpcét, comme s'ils cullenc reconnu que l'Eglige Romaine étoit la Maîtrcfle de toutes les autres. Ce Jé- fuite aiant eu quelque conférence avec deux Cophtes, que le Patriarche Gabriel avoit nommez pour cela, les fit entrer en apparence dans fcs fentimens touchant l'autorité du Pape : mais comme dans la fuite ce Jéfuite prefla le même Patriar- che d'cnvoier des Lettres de foûmifiîon 6c d'obéiflancc au Pape, lui repréfentant qu'il ne dcvoit faire aucune difficulté , puifque dans les Lettres précédentes il a- voit appelle le Pape, Père des Pérès, \z Pajleur des Pajfciirs , ècle Maître de fou., tes les Eglifcs ; il répondit à cela , que depuis le Concile de Chalcedoinc & l'é- tablillcment des diftcrens Patriarches indcpendans les uns des autres , chacun étoit Chefèc Maître abfoln dans fon Eglife j & que fi le Patriarche même de Rome loraboit en quelques erreurs , il devoit être jugé par les autres Patriarches. 11 répondit de plus , qu'à l'égard des Lettres qu'il avoit écrites au Pape , l'on ne ilevoit pas prendre à la rigueur ce qui n'étoitque des termes de civilité 6c de mo-. dcftic ; ôc que s'il avoit parlé d'obéiflancc 6c de foûmiflion , il l'avoit fait à la manière qu'on a de coiàtume d'agir avec fes amis. 11 ajouta enfin , que s'il y avoit quelque chofc dans les Lettres qu'il avoit écrites au Pape , qui ne fût point conforme à la Doctrine de fon Eglifc , cek ne lui dcvoit point être imputé , mais au porteur des mêmes Lettres , qui les avoit fans doute corrom- pues. Voila comment le Patriarche des Cophtes Ujxwi les Envoiez du Pape , après cfu'il en eût reçu , des mains du Conful , l'argent q.u'on lui envoioit de Rome. Cette Hifl:oire, qui cft rapportée plus au long par le Jéfuite 6'flf/j/«/, 6cplufieurs autres Relations de même nature , quejepafl'e fousfilence, fourniflent des preu- ves inconteftables que les réunions des Grecs avec l'Eglife Romaine font toujours fimulées 8c qu'elles n'ont jamais été faites , ou cntreprifes , que pour des inté- rêts humains. C'eft pourquoi on ne fçauroit dire , ians parler contre la vérité 5c contre l'expérience même , que la piotcftation contenue dans la Lettre du .Patriarche Lucar n'eft pas fondée fur de bons motifs , puifqu'il paroît au con- traire , comme nous venons de le démontrer , que tous les véritables Grecs font dans le même fentiment que lui Se ont la même averfion pour l'Eglife Ro- maine , 6c voila pourquoi ils anaihematifent tous ceux qui font dans la Commu- nion du Papifme. Cd)7V DU PATRIARCHE LUCAR. 43 - ( d ) y ai deux Illuftres Perfonnages en Angleterre qui font mes fidèles Amis. L'un eft le très heureux Arcbei-éque de Cantorberi Gtorge Abbat. . . . Je ne comtois ce Prélat que par le cofnmerce de Lettres que fai eu avec lui. George Ahbat ., qui eft nommé par quelques-uns ^i^^o/ , Archevêque de Cantor- beri & Primac d'Angleterre naquit àGuildford, dans la Comté de Surrci , ! an 15-62., il fit fes études à Oxford , & y devint en i^^j. Principal du Collège de rUniveffité. Deux ans après on lui donna le Doienné de Winchcfter , qu'il garda jufques à ce qu'en l'an 1609 '^ fuccéda à T'ho-mas Mouton au Doienné déGlo- ccfter. Jufques là Ton élévation n'avoit été ni fort éclatante , ni fort prompte; mais dans la fuite elle fit de très grands progrès en fort peu de tems. 11 obtint l'Evêché de Lichtfield le 5. de Décembre 1609 , l'Evêchc de Londres au mois de Février 1610. & l'Archevêché de Cantorberi au mois de Mars fuivant. Son érudition , 6c le talent qu'il avoit de bien prêcher , contribuèrent moins à ces grands fauts de fa fortune, que la faveur du Comte de Z)««^i^r, dont il avoit été Chapelain. Sa conduite ne plût pas à tout le monde. La fcvérité qu'il avoit pour les Eccléfiartiques , 6c fa connivence fur la propagation des Nonconformif- res, étoient deux chofes qui faifoicnt parler contre lui. La dernière a été eau fc qu'un Auteur moderne a dit, que fi Laud avoit fuccedé à B.incroft , 6c que le projet de conformité n'eût pas fouffert l'interruption qu'il louflVit fous Ahbat , il n'y a point de doute qu'on n'eût fait ccflèr le Schifme dans l'Angleterre. C'eft ■Fulkr qui parle de la forte. Abbat devint défagréable au Roi Jaques 1. poura''oir été contraire au dellèin que ce Monarque avoit formé de marier le Prince de Galles avec l'Infante d'Efpagne ; mais après la mort de ce Roi , l'Archevêque ^^- hat fût cftimé 8c chéri pendant quelques années du Roi Charles I. qui fuccéda au Roi Jaques, 6c tous les Ennemis que ce Prélat avoit ne purent jamais le difgra- cier à la Cour , jufques à ce qu'ils élevèrent une furieufe tempête contre lui en lôay. qui le rcnverfa. Il ne s'en faut pas étonner , car le Duc de Buckingham Favori du Roi lui vouloit du mal , 6c ne pouvoit digérer que de certaines per- fonnes qui lui étoient odicufes fuilcnt très fouvent à la table de l'Archevêque, cil ils éioicnt fort bien régalez. Le prétexte dont on fe fervit, fût que ce Prélat refufa fon approbation à un Sermon du Doéteur Sibthorp fur robéïflancc Apos- tolique , encore que le Roi lui eût commandé de l'approuver. Alors on le fuf- pendit de toutes les fonftions de la Primatie 6c on les fit exercer par quelques Prélats, cc^i^nàiLnx. Abbat fe retira dans le lieu de fa naiflànce , 6c puis au Châ- teau de Croyden, oîi il mourut le 4. d'Août 1633. On voit fon Tombeau avec divers ornemens Se avec pluficurs belles infcriptions dans l'Eglife de Guildford , qui fervent de Monument pour faire connoître à la Poftérité les excellentes vertus , le grand fçavoir 6c le rare mérite de cet Uluftre Prélat. Il a compofé durant le cours de fa vie plufieurs Ouvrages de Piété 6c de Littérature très importans , qui ont donné occafion au Patriarche Lucar de lui écrire fur diverfes matières concernant la Religion des Grecs, oommeon le verra par les Lettres fuivantes. F LETTRE 44 LETTRES ANECDOTES LETTRE TROISIE'ME. De Cyrille Lucar Patriarche de Conftantinople , cnvoice d'Egypte en Angleter- re , au très lllurtre George Jbbat , Archevêque de Cantorberi , en i6i6. Cyrille étant , en ce tenis là Patriarche d'Alexandrie. BcQtiffimo Se Magnificentiflîmo Do juino Archiépifcopo Caniuarenfi , to tius Anglix Primati Se Mctropolitano. GEORGIO ABBATI. Mihi multis nominibus colcndiflîmo, officiolc cum honore 6c débita rcve- rentia in Brittanniam tradantur ifts:. CTRILLUS Dei graiia Papa y Paîriarcha magn£ Urbis AlexandriiS , ^ yndex Oecumenicus ._ Beatiflime & Ampliflïme Archiepif- cope Cantuarcnfis , totius Angliae Pri- mas & Metropolitane , Domine Geor- gi, Domine ÔC Frater Chariffime. EXopto amplitudini vejîra profperam 'valet udinem , ad émolument um £5? eo- agmentationem conacditi tibi gregis. Cum jam Chrijii gratià t^gypto noftrce redditi , pace fruamur Ecclcfiajlicâ , res ■poftulat lit fidem per literas Beatitudini 'vefiris aftriSlam liber émus. Nufquam fi- quidem magis quàm hac in nojlra Cbrif- tus Ecclefia altam agit pacem , fiulla de fide Vite aut contentions inter nos glifcente , idque adeo inimicis Chrijliani nominis a- (errimis ^ infejlijjimis habcms moderan- Au très heureux Çs? tris magnifique Seigneur Archevêque de Cantorberi , Pri- mat i3 Métropolitain de toute l'Angle^ terre , GEORGE ABBAT. ^e ces Lettres hù [oient rendues avec honneur ^ refpeSt , dans la Grande Bre- tagne , y d''unc manière obligeante , pour lui témoigner que je lui fuis tris dévoué par diverfes confidérations. CYRILLE par la grâce de Dieu ," Pape 6c Patriarche de la grande Vil- le d'Alexandrie , 6c Juge Occumcni* que. Tris Heureux l^ ilhijlre Archevêque de Cantorberi , Métropolitain £5? Primat de toute V Angleterre , Seigneur George , Monfeigneiir £5? tris cher Frère. . JE fouhaite une parfaite fanté à Vô- tre Grandeur , pour la confcrvation 6c la profpérité du troupeau qui vit fous fa conduite. Puifque nous fommes de retour, par la grâce de Dieu , dans nôtre Egypte, 6c que la Paix Ecclefia* ftique y régne , nous fommes obligez de mettre la main à la plume pour nous acquiter de ce que nous avons promis à Vôtre Grandeur par nos Lettres. Et pour cet effet nous lui dirons que ja» mais nôtre Eglifc n'a été dans un plus îibtts. DU PATRIAR ilhf. A quibus etkmfi variis exagitc- \ mur exerceaniurque modis , mbis tamcn pro Chrijii nomine que»! [piramus , cujuf- que fligmata in corpore civcumferimus $ ab iftiufmodi hominibus perquam vohipe ejl affligi , 'vexari , &?.,/; neceffe efi , diirif- fima atqiie ultima fiiftinere , ut hâc explo- rât ione , fides noftra magis magifque fplen- àefcat y i^ Dci gloria illuflrctur. Ab lois igitur nihil mbis timemus , fed à canibus potius ^ oprariis fubdolis , H]- pocritis dico , quibus folenne efl aliml clau- fum babere in peclore , aliud promptum in lingua , qui Dcum ipfiim projeHa au dacia impeter c haud erHbejcunt , dmnmo- db Romani Pontificis tyrannidi qiioqno /no- do velificentur . m emijfarii terrorem mirum in modum mbis incutiuHt , no/lraque iniponunt fim- pUcitati , cui mancipandtie -varias admo- vent machinas , maxime freti eruditionis fuco , (^ fpinofarum di/'putationum aca- leis ^ ciirn nos interea eruditorum penuria laborcmus , qui cum Sophiftis iftis tequo Marte congrediantur . ( a ) Etenimprcpter peccata noftra defpicabiles fa5ti fumus pr£ omnibus gentibus , i^ cum imperio arîes quoque libérales amifimus. CHE LUCAR. 45 f;rand repos que celui dont Jéfus Chrift a fait jouir prcfentcmcnt. 11 n'y a aucu- ne contcftation parmi nous fur les ma- tières de la Foi , & il ne s'y élève au- cune diipute , parce que les plus vie lens 8c les plus dangereux ennemis du Chriftianifme, mettent un freina leur langue. Et quoi qu'ils nous tourmen- tent 6c perfécutent en diverfes maniè- res, nous fouftronsavec un très grand plaifir , toutes les peines &: les vexations qu'ils nous font pour le Nom de Jéfus Chrifb , que nous confeflbns , 8c dont nous portons les ftigmates fijr nôtre corps : 8c nous foufïrirons même très volontiers , s'il eft nécefiuire , les plus cruels 8c les derniers fupplices , afin que nôtre foi reluifc de plus en plus, par cette épreuve , 8c que la gloire de Dieu foit manifeftée parmi ces peu- ples infidèles. Nous ne craignons donc rien de ces fortes de gens , mais plutôt de ces chiens muets, de ces entrepreneurs rufez. je veux dire, de ces Hypocrites qui font profeflion de dire tout le contraire de ce qu'ils penfent dans le fond du coeur; qui n'ont pas honte de porter leurauda-. ce jufques à s'en prendre à Dieu mê- me, pourvu que cela puifle favorifer, d'une manière ou d'autre , la tyrannie du Pontife de Rome 8c le faire arriver à fon but. Ces èmifl'aires nous épouvantent d'u. ne façon extraordinaire , 8c {c préva. lent de nôtre naïveté pour nous en fai« re acci-oire. Ils emploient diverfes ma- chinations pour nous rendre efclavcs 8c fe confient principalement fur le fça- voir qu'ils ont pour dèguifer toutes chofes , & pour faire naître plufieurs difficultez très cpineufes , dans les dif- putes , pendant que de notre côté nous Ibmmes dépourvus de Dofteurs capa- bles d'entrer en lice con'.re ces Sopbi- fies, pour les combattre à forces égales. F z H^c 4« LETTRES ANECDOTES Hac chn crebrb animum feriret cogi- îatio , negotium tandem cum charitate ve- ftra contulimus , veftrumqiie confilium £5? auxilium imploravimus. Ac ex refponfo •vejîrie Beatitudinis maximum cepimus fo- latiiim qiio , non fine mandata Principis nobis aiithorcs fufjlis ,. ut quendam e no- ftratibus tranfmitteremus , qui fedulam Sacra 'Théologie apud vos navaret opS' ram. . En igitur hominem Gnecum ( Metro- phanem Cricopulum , poftca Patriar- chatn Alexandria: , ) ( b) gradu Pres- hylerum , Gr^ecis literis non leviter tinc- tum , Ecckfue noftvie Alexandrins alum- num ^ haud obfcuro lo.co.natum ^ ingenio ad î'econditiorem eruditionem imbibendam pro- be, cornparato. Cujus prugre£us non pœ- nitendosfore fperamus y Gratis divins au- ra cœlitus afpirante , 13 Beatitudine ve- Jîra dextram auxiliatricem porrigente. Acquia, ut ex te audio ^ aUubefcit hoc Confilium noftrum SereniJJimo (^ à Deo coronato Régi Jacobo primo , gratis de- bentur ipfius humanitati , quâ ad cœlefiis Régis boniiatem (s" mifericordiam proximè accedit. A quo certè nec aliud ex pe Sari foterat , utpote eut Deus cœlitus benedi- xerit , y uberrimis eum gratis donis lo- cupletaverit ^ l^ ex fpeciali providentia tanti talifque Imperii guhernaculis admo- veriu {a) On peut bien dire que c'eft par nô- tre faute que nous iommcs devenus les plus méprifables de tous les hommes , 6c que nous avons laide périr les Arts Libéraux, depuis le boulcvcrfemcnt de nôtre Empire. Après avoir eu très fou vent l'cfprit frappé de cette trifte penféc , nous a« vons enfin cxpofé nos befoins à vôtre charité , 6c demandé vôtre confeil 6c vôtre fccours. Sur quoi nous avons re- çu une très grande confolation par la réponfe de vôtre Grandeur , qui nous a donne avis , que , félon l'ordre du Prince qu'elle a confulté , nous de* vons envoier quelqu'un de nôtre Na- tion chez vous , pour le faire appli» quer foigneufcment à l'étude de la Théo* logie. Voici donc un homme Grec {Me- trophane Critopule , qui fut enfuite Pa' triarche d' Alexandrie ) {b) élevé à la di- gnité du Sacerdoce, dans nôtre Eglife d'Alexandrie. Il eft confidérable par fon extraétion , par la Littérature dans tout ce qui concerne la langue Grec- que , 6c parce qu'il a l'efprit pénétrant & le génie propre à concevoir tout ce qu'il y a de plus difficile dans les Scien- ces. Nous cfpérons que par le fecours célefte de la grâce de Dieu , il fera de grands progrès fous les bons aufpices de vôtre Grandeur. Et parce que , fuivant l'avis que vous m'avez donné, le Roi Jaques Pre- mier , couronné de la main de Dieu , a pour agréable nôtre dellein; il eft juf- te que nous rendions les actions de grâces qui ibnt ducs à fa grande clé- mence par laquelle Sa Majefté imite de fort près la bonté 8c les compaflions du Roi célefte. On ne devoit pas s'at« tendre qu'un tel Roi en agît autrement, puifque Diuu à répandu fur lui les bé- nedi6tions çéleftes, qu'ill'a enrichi des DU PATRIAR Quapy opter primo à Beàtitudlni ve- Jlra petimus , ut , nojiro mrnim , ftim- ma mm re-verentia , £5? humillima cor po- rts inclinatione , celfijfimam ipftiis Maje- fiatem 'venerabimdè falntet , ctâ ex intims nos fenfihus vitam prolixam i^ feneclutem produêlam comprecamur . Ddnde ab ipfius humanitate fubmijjijfimè petimus , ut pro innatei £5? prope dixeram immenfa benig- nitate , fcintilluhmi bcneficentia aliquam huit; nofiro Metrophani jttbeat affulgere. A(t extremim , fi quid in hifce l'iteris vojîris , quod ad hune hominem inflruen- dum , perpoliendum pertineat , defidere- fur , id omne tua facile ajfequetur , fup- plebitque prudent ia , quem Deus extulit , i3 tanquam facem clarijfimam in edito loco conftituit , ut (3 M^ folatio ejfe pojjis , nec tuis tantum Britannis , fed ^ Gracis mftratibus lucem porrigas. Vale vir BeatiJ/îme : largiatur tibi Do minus Deus diuturnam (y felicem litam , unaquc vires fubmimjiret , quibus i3 Regni negotiis 13 Ecckfite curis par fis fubeun- dis. Ex^gypto, Cal. Mardis, œrœ Chri- Ilianx Anno 1616. CYRIL LU S PAPA iS Patriarcha Alexandrie. CHE LUCAR. 47 précieux dons de fa grâce , & lui a don- ne, par une difpofition toute particu- lière de fa divine Providence , k timon pour gouverner un fi beau 8c fi grand Empire. C'cft pourquoi nous prions vôtre Grandeur de falucr de nôtre part , avec tout le rcfpcct poffible , & par une très profonde révérence, fa très Haute Ma- jefté , à laquelle nous fouhaitons , de l'intérieur de nôtre cœur & par toutes les faculrez qui nous animent , une lon- gue vie donc la durce s'augmente fane ceflc , par un très grand nombre d'an- nées , jufqucs à la dernière décrépitu- de. Après cela nous demandons très humblement à Sa Majcfté , qu'il lui plaife de vouloir , par fa grande bonté , & fi j'ofois le dire, par fon immenfe bénigni- té , faire reluire quelque petite étincelle de fcs faveurs fur nôtre Mctrophane . Enfin , s'il manque quelque choG dans ces Lettres qui regarde l'jnftruc-. tion 8c la poUtefle de cet homme , vô- tre prudence y fuppléera facilement, puifque Dieu vous a élevé & pofé comme un flambeau très luifant en un lieu éminent , afin de pouvoir être en confolation aux autres , 6c éclairer non feulement les Peuples de vôtre Breta- gne , mais auffi les Grecs nos Compa- triotes. Je prens congé de vous très heureux Prélat , Se fouhaite que le Seigneur Dieu vous donne une longue Se hcu« reufe vie , 6c qu'il communique toû-. iours à vôtre Grandeur toute la force qui lui eft néceflaire pour fubvenir aux bcfoins de fon Eglife, 6c pour travail- ler en même ttms aux affaires Civiles du Roiaume d'Angleterre. jyLsypte le premier du mois de Man 1 61 6. ae l'TEre Chrctie»r,e , CYRILLE ? A P E y Patriarche d'Alexa>ulrie. F3 RE- 48 LETTRES ANECDOTES R-EMARQ^UES SUR LA LETTRE III. ( a ) Ils fe confient principalement au fçavoir qu'ils ont , pour déguifer toutes cho- fes ■) iâ pour faire naître plufietirs difficultez très épineufes clam les dijpu- tes , pendant que de nôtre côté , nous fommes dépourvus de DoReurs capables d'entrer en lice contre ces Sophiftes , pour les combattre à forces égales. LEs Sophiftes ne cherchent point la vérité, mais l'art défaire des objcftions, & d'y répondre à la faveur de cent termes de nouvelle fabrique qu'ils n'en- tendent pas eux mêmes. Les uns veulent fe diftinguer par des interpréta- tions fubtilcs , & les autres s'étudient à les contredire. Cela donne lieu à des difputes qui caufent de très funcftes divifions parmi les Théologiens , auflî bien que parmi les Philofophes, Sc qui quelquefois ébranlent Se renverfent même le Gouvernement. Si l'on dreflbit l'arbre généalogique des héréfics , on verroit que leur filiation cft fondée principalement fur ces deux caufes. La première confifte en ce que les difputans fe veulent trop éloigner de leurs advcrfaires; ce qui fait qu'ils paf- fcnt iufqu'à l'autre extrémité. La féconde, vient de ce que le defir de vaincre On abandonne le terrain qu'on ne peut défendre, ÔC l'on fe fortifie de quelque nouvelle invention. Il ne faut pas s'étonner qu'il y ait aujourd'hui parmi les Grecs des Seholafti- ques qui fuivcnt cette méthode , comme il y en avoit du vivant du Patriarche Lu- car à Alexandrie Les Sophiftes ont toujours été plus rafinez dans la Grèce que dans tous les autres Païs du monde. Diogéne Lacrce qui vivoit du tcms à'Sin- tonin le Philofophe , nous en fournit des exemples très remarquables dans le fécond Livre de fon Hiftoire, touchant la vie de Socrate., où il dit, que le Phi- lofophe EiicUdc de Mégare fe mit à rafiner les fubtilitez de la Logique, 8c que dans la Scéte qu'il fonda il eût pour fuccefleur Euhulide qui fut l'inventeur de divers Sophifmes cxtraordinaircment captieux 8c embarraffans. Voici les noms qu'il leur donne: le Menteur .y le T'rompeur , TEle^re ^ le Voilé ., le Sorite^y le Cornu .^ le Chauve. 11 fuffira pour nôtre but, de faire connoître ce que c'ctoi't que le Menteur 8c le So}itc , pour donner une idée de tous les au- tres. Le premier de ces Sophifmes que Ciceron au i. livrer'? divinatione ^}^^pû\Q Mentiens 8c que les Grecs nomment 4//^à'^4/<,» , Menteur c.:)nfi(l:e en certains ter- mes qui fcmblent fe détruire eux-mêmes , ou comme dit le Jurifconfulte Jfri.> canus^ c'eft une manière de raifonncr par laquelle tout ce qu'on établit comme très véritable fe trouve entièrement faux. En voici un exemple, tiré des Que- ftions Académiques de Ciceron. Si vous dites que vous mentez ^ (^ fi en le dif'attt vous dites la vérité , vous mentez : or vous dites que vous mentez , ^ en cela vous di- tes la vérité , donc vous mentez en difiant la vérité. C'cft un Syllogifme où par la DU PATRIARCHE LUCAR. 49 la raifon même qu'un homme dit la vérité , on lui prouve qu'il ne la dit pas. On peut faire le même Sopbifmc en fuppofant qu'un homme qui fe parjure , jure qu'il fc parjure , car tout à la fois il jure la vérité, & par confequent il ne fe parjure point , & il jure une faufleté , 8c par confequent il fe parjure. Les Grecs tiroicnt les mêmes confcquences contradiéloires de ce que le Poète Epi- vieuide Candiot de Nation , avoit dit que tous les Candiots étoicnt menteurs, Se c'eft ce que l'Apôtre Saint Paul difoit auffi de ceux de l'Hic de Crète. Les Stoïciens donnèrent tête baiflëe dans ces fauifcs fubtilitez de la SecT:e de Megare. Les Logiciens d'aujourd'hui mettent quelquefois en jeu les propofitions qu'ils ^ypdlcntferpfas faljijicantes , qui fc falfifient elles mêmes ; telle eft celle-ci, fem- fer-mcntior , je mens toujours. Il eft clair qu'à la faveur du bon fens on peut connoître Tillufion de ces fortes de Sophifmcs , & néanmoins Jriflote dans le 7. Livre de fa Morale dit fort férieufement que le Menteur jette dans une extrême perplexité. Seneque en juge d'une manière bien différente, car il fe moque dans fa 4. Lettre , de la multitude de Livres qui avoient été faits fur ce Sophif- me. Cependant, le célèbre Philofophe Gajfendi Se Mt. Ménage qui ont eul'appku- dilîement parmi les Auteurs modernes , à caufe de leur grande pénétration fur la manière de bien raifonner , n'ont pas trouvé qu'il foit auffi facile de bien démêler le vrai d'avec le faux dans cette cfpéce de Syllogifme , que fe l'imagi- nent ceux qui n'en ont pas fait l'eflai. Le fameux Doéleur Cujas aiantpoféun cas de la Loi Falcidie où le nœud étoit indiflbluble, le compare au Sophifme dont nous venons de parler. Hefychius nous apprend que les Philofophcs Grecs fc font tellement appliquez à cette forte de diipute , que Diodore , l'un des difciples à'EubuHdc en fut fi fort entêté & infatué , qu'il mourut de deplaifir , pour n'avoir pu foudre fur le champ les qucllions de Dialcétiquc que Stilpon lui avoit faites. Ces difputes fondées fur les fubtilitez de Stilpon furent fi meurtrières, queplii* fieurs de fes difciples féchérent fur pied en s'appliquant trop à les faire valoir. Il y en eût qui par la véhémence de ces Combats , Se par la méditation conti- nuelle de CCS Argumens Sophiftiques , contraélérenr une maigreur qui leur fit perdre la vie , Se cela fût mis fur leur Epitaphe. En voici un des plus rem.ar- quables , tiré du 9. Livre de la Bibliothèque de l'Hiftorien Athénée. Hofpcs, Philetasfum, mendax 8c captiofa ratio meperdidit , vefpertinîcque ac noéîurnœ ftudiorum curas. Je fuis Phikte , logé dans ce 'tombeau , parce qu'un raifonnenient captieux £5? iroM'' peur , y les études auxquelles je me fuis fortement appliqué , depuis un bout de la nuit jufqu'à Vautre .y m'ont fait perdre la vie. Pluficurs autres Philofophcs Grecs ont fait des efforts extraordinaires pour trouver la folution des Sophifmcs qui les embaraflbient. Le Menteur dont nous venons de parler n'ètoit pas celui qui leur faifoit le plus de peine : il y en avoit F 4 un 50 REMARQUES SUR LA LETTRE III. un autre qui leur paroiflbit beaucoup plus difficile: & il l'eft en effet, coith me on le verra , parce que nous allons dire maintenant en faveur de ceux qui n'ont pas connoillance de h Logique Epineufe des Grecs, 6c de lu Dialetliqtie cap» tieufc de leurs Sophiftes. Celui de tous les raifonnemens qui embarrafle le plus tous les Philofophes & tous les Théologiens, eft celui que les Grecs ont apellé ra(,f,v.j5, dumot mfii qui (\'^n\Ç\ç. AcervHS y\ix\ A'hnceau. 11 eft compoféd'un amas d'interrogations où l'on ne trouve aucun bout. Cicéron le décrit d'une manière qui fait entendre l'étymologie du mot dans le 4 Livre de fcs Queftions Académiques Ces Sophif- tes ( tilt \\) fe fervent d'un certain genre d'interrogations captieufes. Ils ajoutent ou diminuent peu à peu de certaines parties dont un Corps efl compofé , ou de certaines ^ualitez qu'ils fuppofent être dans le fujet dont ils parlent : ijf après cela ils en tirent des concliijions qui font entièrement contradictoires ^y ^ démontrent quelles réfultent naturellement des prémices de leur Syllogifme fait par gradation , qu'ils appellent Sorites. On trouve dans Sextus Empericus quelques exemples de l'emploi que l'on peut faire de cette manière d'interroger. Elle eft très propre à faire voir que l'efprit de l'homme ne parvient jamais à la connoillance du point fixe , qui féparc les qualitcz oppofées , ou qui détermine précifément la nature de chaque chofe. En quoi confifte ( demandent ces Philofophes) le .peu, le beaucoup, le long , le large, le petit, le grand? &c. trois grains de bled font-ils un monceau? On leur répond que non : quatre le font-ils ? Même rcponfe qu'auparavant ; Ils continuent d'interroger fans fin 6c fans ccfle de grain à grain, & fi enfin on leur répond , voila le nombre qui fait le monceau , ils font voir que la réponfe eft abfurde , puifqu'elle fuppofe qu'un fcul grain conftituë la différence de ce qui n'eft pas Monceau &c de ce qui l'eff. On pourroit démontrer en fuivant cette méthode que la différence qui fe trouve entre un homme qu'on dit être chauve & celui qui ne l'eft pas , con- Ilftc en un feul cheveu de leur tête : 6c qu'une goûte de vin de plus ou de moins enivre un grand buveur : de forte que fur ce fondement l'ivrognerie ôc la tempérance, le vice & la vertu, la vérité 6c le menfonge , ne différent en aucune chofe qui foit connue des Philofophes , ou des Théologiens, avec tou. te la précifion qui eft néccffaire pour en porter un jugement certain. Voila quelles font les conlcquences de cette méthode des Sorites qui ont jette les Dia- lecticiens de la Grèce dans un embarras dont ils n'ont jamais pu fe tirer 6c il eft fi grand qu'il dcvnne encore maintenant la torture aux Philofophes moder- nes les plus éclairez, comme on le peut voir dans le premier Tome des Oeu- vres de Gajendi, 6c lur tout dans le 3. Livre de fa Logique. Un homme du monde 6c peu verfé dans les difputes des Dialefticiens fe mo- queroit de toutes ces queftions fophiftiques , il en apellcroit au fens commun & à ce degré de lumière qui dans l'ufage de la vie civile iuffit pour nous fai- re difcerner en gros , le peu , le beaucoup , les dimenfions 6c les qualitcz contraires ou relatives de chaque fujet; mais un Dialefticien de profcffion ne peut pas recourir à ce Tribunal , il eft obligé de répondre en forme , 6c à moins qu'il ne trouve une folution félonies régies de l'Art, il perd le Champ de Buaille ; fa déroute 6c (a défaite font un événement inconteftable. Ceux qui fuivent ces rubriques de la Logique trop rafinée tombent dans leurs DU PATRIARCHE LUCAR. fz leurs propres pièges ; car après avoir embarrafîë leurs anragoniftes , ils fe trou- vent eux-mêmes incapables de fe foûtenir contre les Sophifiiies qu'ils ont inven- tez ÔC-que l'on peut emploier contre leurs dogmes. Ils découvrent des difficultez auxquelles ils ne peuvent répondre, 6c quoi qu'ils fallent profelîion detreZ)oç- matiqucs ,''ûs travaillent, en cfFjt, pour le Pyrronifmj autant que les plus ou- trez Sceptiques^ qui foûtiennent que la Conclufion tirée d'un Syllogifme, dont la Majeure & la Mineure font véritables , eft tellement vraie, qu'elle n'empê- che pas qu'une Conclufion contraire ne foit véritable , auffi bien que celle qui lui eft concradiftoire ; de manière qu'à leur égard toutes chofcs ne paflcnt que pour des probabilitcz. Ces Sophiftes ne regardent pas l'étude de leur Dialeélique comme un moien pour parvenir à la découverte de quelques nouvelles véritcz ; mais comme un jeu d'efprit dans lequel ils s'exercent , ik: dont toute la fin n'eft que de con- fondre tellement le vrai avec le faux, parle moien de quelques fubdlitez , qu'ils puilîent également foûtenir l'un 5c l'autre , fans paroîtrc jamais forcez à fe ren- dre par aucune raifon , quelque opinion extravagante qu'ils veuillent defflndre. Et c'eft en effet le fuccès ordinaire de toutes les difputes publiques , où l'on voit ordinairement que des opinions toutes contraires étant débattues par les ar- gumens de l'Ecole, triomphent également, fans que les matières en foientplus eclaircies, ni qu'aucune vérité en foit mieux établie. Cet efprit de difpute 6c dialefticien a ébranlé toute la Religion 6c obfcurci les vcritez fondamentales du Chriftianifme depuis qu'il a palle des Chaires de Philofophie aux Auditoires de Théologie. Les plus grands Poirrts de la Morale Evangélique font devenus problémati- ques par les difputes des Cafuites, depuis qu'ils ont emploie la Dialc6tique da fameux Abclard , £c les termes barbares de la Logique des Nominaux fie des Reanx , des T'hoffiiJIes S^ des Scotijics , pour foûtenir le pour 8c le contre dans tout ce qui peut favorifer les intérêts de TEglife Romaine Ces Théologiens ont mis en ufage cette méthode de leurs dillinélions fubliles 6c abftraites depuis qu'ils ont reconnu que leur Doftrine n'avoit rien de folide , 6c que leurs opi, nions étoicnt infoûtenables. Ils ont eu recours à des form.ilitez, 8c à des chica- nes pour affoiblir la vérité dont ils fe jouent, en faifant valoir l'artifice des pa- roles capticufes dans toutes les occafions , où ils manquent de preuves réelles 8c de bonnes raifons. Voila pourquoi leurs Antagoniiles fe trouvent obligez de s'exercer dans ces fortes de «> «»»' 3 ^f'»' '''^» v/z-^-n-,. La dcfcription de CCS trois Autels de Samothrace dont parle Tertullien., fait voir en quoi cette puif- fance appcUéc divine confiftoit. Devant les Colomnes ( dit il ) il y a trois Autels dédier, à trois efpéces de Dieux , M AGNIS , POTENTIBUS -, VALENTIBUS, c'eft à dire , à ceux qui peuvent tout pour Vcxécution des chofes difficiles , Sc l'on croit {ajofite-t-il ,) que ces Dieux font ceux de Samothrace. AuGx Farron les appelle-t-il DIVI POTES. & il prétend que c'eft le Ciel Se la Terre. La connoifl'ance des influences Céleftes , & celle des vertus phyfiques des corps fublunaires, font les reflbrts de cette fcience : la Phyfique en un mot, eft la Divinité feule qui prrfide à la fabrique des Talifmans dont il s'agit : mais on a tellement abufé de cette fcience, & attribué tant d'effets fuperftitieux aux pro* prictez naturelles dc3x;orps Phyiîqucs , que S. Clément d'Alexandrie, clans fou difcoiirs aux Nations , détefte même celui qui a invente cet Art , & qui l'a appris aux habitans de Samothrace.. Les Egyptiens, de qui la plupart des autres Peuples ont appris le fecrct des Talifmans ., en avoient pour toutes les parties du Corps, 8c£'eil: pour cela qu'on trouve tant de petites figpres différentes de Dieux , d'Hommes , d'Animaux , & de Plantes dans les tombeaux anciens de ce Païs là. Ces figures fontlaplû, part déterre de toutes couleurs, ou d'une pierre luifante, comme le Talc. Il cfl: certain qu'on a bien diftingué dans l'Antiquité & parmi les ténébies du Pagai nifmc, ce que nous appelions 7rt///»/«»j , d'avecles fecrets ;»^^.^?/w , comme on le voit dans Traillan^ dans Galien , & fur tout dans Alexandre Apbrodifée qui n'ell pas un Auteur d'un nom médiocre, & qui ait dit les chofes à l'avanture^ C'cft dans fon Traité de la deftinée , où parlant des effets dont on ignore les caufes , il dit que , tels font certains remèdes Amuleta Cachets-, Pilaclcria^ Pré- fervatifs , reçus dans le monde , qui produifent des eft'vts furprenans par une vertu purement naturelle. Cet Auteur ne dit pas leulcm..-nt qu'on peut met- tre ces Talifmans au nombre des remèdes naturels , mais il témoigne les avoir éprouvez avec fuccès Galien affùre la même chofe dans fon 9. Livre de la.pro.^ priété des remèdes //»//>/«, oîi il explique la vertu des pierres gravées de Jafpe verd. Il eft très évident, par tout ce qu'il rapporte touchant les opérations ex- traordinaires de ces remèdes, qu'ils ne font appeliez Naturels ou Simples , que parce qu'ils ne tombent point fous les régies communes de la Médecine , ni de l'Art, 8c parce qu'ils n'ont pas été inventez pai' le fecours delaraifon, puif- qu'elle n'a jamais pu découvrir entièrement la véritable caufe de ces effets pro- digieux que les ignorans mettent au rang des Miracles, & que d'autres per- fonncs regardent comme ,des enchaiitemcns. , ou comme des opérations ma* giques. Les uns 6c les autres changeroient de fentimenSj s'ils avoient la connoiffance des chofes naturelles, comme ^/i^^r//i? GraW, Syphorian ^ Campege ^ Campanellay Ariftophane , Roger- Bacon, P Ivtin , Apulée , le Cardinal Cajctan & plufieurs autres grands Philofophcs qui. ont dcmontré la poffibilitè de ces opérations & qui en ont donné des expériences inconti-ftables. Ceux qui voudront confultcr les écrits de M. Baudelot Avocat au Parlement de Pans , Se fur tout le fécond Tçmede fes Voiages, y trouveront de quoi fe convaincre que la Philofophie " donne DU PATRIARCHE LUCAR. jj donne des lumières fuffifantcs pour découvrir ces myftéres de la Nature , 6c pour les mettre en ufage devant ceux qui doutent de leur bon fuccès , fans qu'il foit ncceflaire d'avoir recours aux abominations de la Magie. Les découvertes que les Cartéfiens ont faites depuis un demi- ficelé dans la Phyfiquc Ibnt très propres à développer les replis de cette matière; en quoi l'on peut reconnoîtrc l'utilité de la Philofophic moderne pour rétablir cette fcicncc dont les plus grands hommes de l'Antiquité faifoicnt tant de cas, que Ictems, ridolatrie, 8c les fuperftitions ont prefquc anéantie , en la voulant pouf. fer au delà des forces de la Nature. Il en faut revenir aux premiers principes dont Jarchai , Philojirate , Chr nella prefenîe tribuUitione •■, cdio occup? ;i m écrire , pour me confoler ferivevû di qui , quclio che nicejjario à dans l'aifliftion oùjefulspréfentcmcnf,• ///£' DU P A TRI A f/»fare-va ptr confmdcr , fe anco mm-if' fe , // auverfarii traditori e invidioft ini- 'mici délia verità e di me : e tutto in tm tempo in quejio effilio mi concorfe e mi ba grandamente cofifolato. (b) jRitigyatio Voflra, Revefentîa cbe mi ha-vete mandata quelli Ubretti : non ha- 'iiendo altri quelli iego ^ rilego. Mi raccomindo al Signo'/e Iddio (^ ai- le- erationi Fojlre. SalutQ tutti li Sigmri delh Fojîra Ckiefa. Di Tenedoalli ig Mano. 1634- Cyrillo Patriarcba di Conjlantinapoli. RCHE LUCAR. j^^ 1 j'avois auflî la main à la plume pour vous marquer tout ce qui me paroif- foit nécefîaire pour confondre mes ad- verfaircs , en cas que je vinfle à mou- rir , 8c pour fermer la bouche à ces perfides qui neceflent d'être ennemis de la vérité , aufll-bien que de moi : Se c'eft alors que j'ai reçu vôtre Lettre qui m'a donné une très grande conlb- lation, dans mon exil {b) Je vous remercie , Monfieur, de ce qu'il vous a plû m'envoier quelques petits Livres : je n'en ai point d'autres , c'eft pourquoi je les lis& relis très fou« vent. Je me confie en Dieu , 6c me recom- mande à vos prières. Je faluë tous les Meffieurs de vôtre Eglife. De T'enedo le \^ Mars 1(^34. CYRILLE Patriarche de Conftantinople. Cette Lettre fe trouve dans la Bibliothèque de l'Univerfité de Genève fous le Numéro XV". REMARQ^UES SUR LA LETTRE IV. DU PATRIARCHE LUCAR. ( a ) Monfieur Antoine Léger Miniflre du Saint Evangile £5? Pajîeur à Galata de Conftantinople. NOus avons mis dans les Remarques de la première Lettre du Patriarche Liicar ^ pluficurs chofes qui concernent Mr. £f^«- autrefois Profcflcur en Théologie à Genève, où Mr. fon fils eft aujourd'hui Profcfteur en Phi« lofophie Se dans les belles Lettres. Et nous avons dit que ce fameux Profef- four en Théologie éxerçoit les fonctions Paftoralcs de fon Miniftére à Fera de Galata dans l'Hôtel du célèbre Mr. Haga , dont nous avons auffi parlé , qui réfidoit à la Porte Ottomane du vivant du Patriarche Lucar ^ en qualité d'Am* bafladeur des Etats Généraux des Provinces-Unies des Pais-Bas. 11 ne nous rcfte donc maintenant ici , qu'une petite remarque à faire pour expliquer ce qui concerne le Lieu où Mr. Léger a fait fon féjour en Orient , 6c G 4 où 58 REMARQUES SUR LA LETTRE IV. où le Patriarche Liicar lui adreflbit fes Lettres pendans fon Exil à Tenedo : fur quoi nous avons aufii quelque chofe à dire. C'eft à Fera de Galata que Mr. Léger demeuroit. Ce lieu eft le Faux-Bourg de Conjiantinople : féparé de cette Ville par un Port qui a demi-mille de large. Galata a la forme d'une petite Ville qui n'cfl: Icparéc du Bourg de Fera que par quelques Cimetières. Il y a dans ces deux lieux beaucoup de Chrétiens qui n'ont pas la permiflïon de s'établir dans l'enceinte de la Ville de Conftanti- nopk. La plupart de ces Chrétiens font delà Communion de l'Eglifc Romai» ne, & vivent fous la direftion des Jéfiiites qui y ont un Collège, des Capu- cins qui y ont un Convent , 8c de plufieurs autres Moines ou Eccléfinftiqucs (é- culiers que la Congrégation de Fropaganda Flde ôc la Chambre Apoitoiique de Rotne y entretiennent. 11 n'y a qu'un petit nombre de Genevois 8c d'autres Réformez , qui demeurent ordinairement à Fera & à Galata : mais plulieurs Grecs de conlîdcration y font établis avec de très beaux privilèges, depuis que les Empereurs Chrétiens de Conftantinople ont été fubjuguez , par le Grand Seigneur. Ce fut Mahomet IL qui s'en rendit le maître l'an i45'5- & qui l'aiant faccagée y fit venir les habitans du petit Empire -de Trébizçnde ,^ des autres Villes de l'Afie pour Ja peupler. C eft à Fera & à Galata que logent les Ambafladcurs Chrétiens, excepte ceux de r Empereur , du Roi de Fologne , 6c de la République de Ragufe ^ qui de- meurent dans Conftantinople. Au bas àc Fera eft le petit Bourg appelle "Topha^ »«,.qui eft le lieu où l'on jette en fonte les Canons & autres pièces d'artille- rie. Galata^ Fera^Tophana ^ étant fur de petites collines autour du Port, for- ment comme \xx\ Amphithéâtre , d'où l'on voit tous les Vailfeaux , 6c les plus fu- perbes bâtimens de Confiant impie. Le mélange des cyprès & des maifons de bois peint , avec les dômes des Mofquèes qui font fur les lieux les plus élevez , contribuent beaucoup à ren- dre cet afpcèt agréable. On peut dire fans exagération que ce grand baflîn, qui eft entre Conftantinople & Galata^ fait non feulement le plus beau Port du monde ; mais auflî le plus commode : car il n'y a que deux vents qui régnent fur cette Rade , tour à tour , 8c fans aucune tempête : à fçavoir le vent de Nord ^ & le vent de Sud.^ ou de M'dy. Quand te premier fouffle , il ne peut rien venir de la mer de Marmora } mais alors les VaiiTeaux qui viennent de la mer Noire ont le vent en poupe , §c fournillcnt la Ville de toutes les provifions néceflaires. Au contraire, quand le Sud domine rien ne peut venir de la mer Noire y & tout vient delà mer âc Marmora , ou mer Blanche. Ainfi ces deux vents font comme les deux Clefs de Conftantinople , qui ouvrent & ferment l'en- trée aux Vaiflcaux, & quand l'un & l'autre ceflènt , les petites Barques y vont à la rame , & abordent de tous cotez chargées de provifions autour de cet .Am- phithéâtre, que la Nature Zz F Jrt ont formé d'une manière fi admirable , qu'il ne s'eft jamais rien vu de plus magnifique , de plus agréable , fur la face de la terre , que cette admirable Perfpcftive , dont le Serrai!^ le Palais du Grand Seigneur ÎQVii\A.^^\\.\i belle partie. (b) Foire ■DU P A T RI A R C H E L U C A R. îp (b ) Fétre Lettre m'a donné une grande confolation dans mon exil. On voit par la date de la Réponfc que le Patriarche Lucar fit à cette Le£« tre qu'il étoit relégué à Tenedo le 28 Mars de l'an ^634. . T'enedo eft une petite Ifle de l'Archipel , vers la côte de la Natolie , 8c au Midi du Détroit des Dardanelles ^ à dtux lieues de l'ancienne Troye ^ & auprès du fameux Promontoire de i'/^^^V , appelle maintenant Cap de Jannizari. Cette Ifleavoit autrefois un Evêche fous la Métropole de Metelin. Du tems que Troye, fi célèbre dans l'Hiftoire fubfiftoit , l'emdo étoit confaerée à Apol- lon. Les Gr^« qui feignirent d'abandonner l'efpcrance de prendre Troy^, 6c qui le cachèrent dans un des havres de Tenedo , pour mieux deguifcr leur dtflein , ont rendu cette Iflefamcuie. La Juftice s'y éxcrçoit avec tant defévérité & de rigueur , que , fuivant la Loi "de Tenniis fon Lcgiflatcur , lors que le Juge étoit affis il y avoir toujours un Officier derrière lui qui tenoit une hache à la main, pour frapper fur l'heu- -re, ou le criminel, ou le faux" téniotti. Les Fénitiens 6c les Génois ont long tems difputé entr'eux la poflefTion de cet- te Ifle; mais les 'turcs l'ont prife fur \es Fénitiens , & en font maintenant les Maîtres. Ce lieu éft muni d'un Port très avantageux à caufe de fa fituation ; êcs'il étoit aux Chrétiens, ils y pourroient faire un bon Arfcnal , pour tenir en bride tout le Détroit de Gallipoli , 8c fc conferver tout l'Archipel ; mais les Turcs -qui ont prévu cela depuis long tems gardent ce pofte avec un très grand foin, ■& y envoient en exil les priibnniers d'Etat , qui ne font pas entièrement con- vaincus des crimes dont on les accufc , & principalement les Eccléfiaftiques d'un •Caraftére diftingué , tels que font les Métropolitains êc \t% Patriarches des Egli- fes Chrétiennes de l'Orient. Si on defire de fçavoir au vrai lefujet pour lequel on y relégua le Patriarche -Lucar , on n'a qu'à faire attention à ce que nous allons dire. L'Empereur Mahomet IL , après la prife de Conftantinople , aiant donne la liberté de confcience attx Grecs, eut la curiofiré de vouloir être informé de la Religion Chrétienne, i6c de leur croiance; mais le Patriarche étant mort , Se tous les Miniftres de l'Eglifc retirez , on lui amena George Scholarius perfonnage fort fçavant , avec lequel le Sultan eût une longue Conférence dans laSacriltie de Sainte Saphie ^ où eft préfentement la falle d'armes du Serrail ., 6c cet Empereur fût fi fatisfait des réponfcsque Scholarius lui fit fur toutes fes demandes , qu'il releva au Patnarchat. Il prit le nom de Gennadius , 8c le Grand Seigneur lui fit préfent d'an riche Pafioral^ qu'il lui mit entre les mains ; d'un P^//i«»2 enrichi de pierreries , d'une Vcfte de martre Zibeline , d'une Haquenéc blanche, 6c d'une Pcnfion de deux mille cinq cens ccus par an. Il lui adîgna une place au i>/'u«» auprès des deux Cadileskiers , 8c lui donna la perniiffion de marcher à cheval par la Ville , & de porter publiquement une Croix d'or fur le devant du bonnet Patriar- chai. Outre .cela il lui donna la Jurifdiftion fpirituellc êc temporelle fur les Grecs^ H k 6o BEMARdUES SUR LA LETTRE IV. le pouvoir de les juger & de les châtier fuivant la rigueur des anciens Ca- nons , & laifla au Clergé le choix de ce Chef , duquel il fe réferva feulement l'agrément Tous CCS beaux Privilèges furent amplement énoncez dans des Lettres Pa- tentes , fignccs de !a propre main de cet Empereur ; mais ils ne durèrent pas long tcms à caufc de la jaloufie de quelques particuliers vicieux 6c ignorans, qui ne pouvant fouflrn- que le Siège Patriarchal fiit rempli de peribnnages veitucux, Se Içavans , offrirent de l'argent au Cra/id Vifir ^ lequel infinua au Sultan de profiter de la mefintclligence & de l'ambition de ces Chrétiens , pour augmenter fon Trcfor, par le fréquent changement de Patriarches dont la digni- té fut mife à V Encan. 11 n'y eût que trois Parriarches qui jouirent de tous ces avantages: à fçavoir Gcnnaditts , Ifuhrus , & Jûafapbiis. Le quatrième nomme A'Iarc Chllucarabes y ignorant & ambitieux , ne pouvant s'élever à cette dignité par fa vertu, ni par fon mérite, piopofa , non feulement l'extinclion de la penfion accordée par l'Empereur; mais de plus s'engjgca de lui en donner une de parcillefom- me de deux mille cinq ctns écus , & de l'accompagner de prefcns au Grand Vifir , & aux autres principaux Miniftres de laPor/^ , qui lui procurèrent l'agré- ment de fa HautcJJc. Ce Patriarche n'eut pas avec tout cela la fatisfaètion de jouir long tems de fa Dignité , car la vénalité qu'il avoit introduite fût caufe de fa dcpofition , fufcitee par les Trebifontins , qui donnèrent cinq mille écus pour lui fubft;tu«r Simeon leur Archevêque Marc fe voiant dèpofé fit une puiflante brigue parmi le Clergé , qui fe par- tagea , 6c on afilmbia un SinoJe à Cunjîantinoplc , durant lequel Denis Métro- politain de PhilipopoU , Difciple de Aiarc Eugène Archevêque d'Ephefe , profi- tant du crédit qu'il avoit auprès de la Pnncelfe Marie , belle-mere de l'Em- pereur yV/i:?/;^;^^?/ //. , obtint par fes prcfens la dignité que les autres difpu- foient. Cependant fon Pontificat ne fut pas de longue durée; car foi t par un remors de confcicnce , ou à caufc , félon quelques-uns , qu'on l'accufoit d'être Juif, il abdiqua la Dignité, & fe retira dans un Monallcre au Mont Athos. Ce qui donna lieu aune nouvelle brigue, & au retour de 6'/V«£'o« au Siège Patriarchal , moiciuiant une autre fomme de deux mille Sequins. Ce Patriarche mourut peu de tems après; & le même Empereur, qui avoit tu tant d'eltime pour la di- gnité Patnarchalc , indigné de toutes ces cabales s'empara des biens de ce. Patriar- che, 5c de tous les Vaks facrcz de fon Eglifc. Depuis ce tems-là l'ufigc Simoniaquc de s'élever à la tête de l'Eglife Grec- que à force d'argent , fut établi , & changé en un tribut de douze mille écus par an , que le Patriarche paie au Grand Seigneur , fans compter les préfens des Miniftres de la Porte ; 8c le changement des Patriarches eft fi fréquent qu'on en a vu dans une même année cinq vivans nommez Paifnis^ Diunijlus^ Par- thenius , Methodius, iff Dimifius de Larip , qui cnchérillbicnt les uns fur les au- tres d'une manière fi Icandaleufe , que le Graml Vifir Hamer Kioprulii\it con- traint de leur impofer filence, pour appaifer cette querelle, qui mérite une dcfcription , pour faire voir Tétat déplorable du Ckrge Grec ^ & le peu de cas qu'oa DU PATRIARCHE LUCAR. 6i qu'on doit faire des témoignages que ces prétendus Patriarches ^ Expatriarches , 6c yfntijhïtriarcAes , fimQninquLb , ambitieux, & ignorans , rendent les uns con- tre les autres , ou en faveur de ceux qui leur donnent quelque efprance de les faire parvenir à leur but qui cft ordinau'emcnt éloigné de toutes les régies de l'équité & de la bonne confciencc. C'efl néanmoins de ces fortes de gens fans piété 6c fans Religion , que les Dofteurs de Port-Roial 6c de Sorbomie ont men- dié les Atteftations que nous devons réfuter dans la luite de cet Ouvrage : voila pourquoi nous allons achever, ici l'Hilloire fcandalcufè de la conduire jinti- chrétienne de ces cinq fameux Atitcigonijles , fie nous en ferons Tapplication dans une autre Remarque fur la fin de ce Livre. Voici donc en peu de mots leur procédé irrégulier 6c les horribles attentats par lefqucls ils ont fait paroître qu'ils écoient agitez de toutes les plus violentes paiTions qui entraînent les hommes abandonnez au vice dans rcxcès de tous les plus grands crimes. Nous ne rapporterons- aucune chofe fur cela qui ne foie confirmée par des témoins irréprochables , 8c il fuffira d'en nommer un qui a .vu de fes propres yeux les fatales cntrcprifes & les énormes attentats de ces An- tipalriarches Simmiiaqucs , comme il l'afîure dans un Ouvrage qu'il a dédié au Roi de France l'an 1695. où il s'exprime en ces termes dans la féconde page de fon Epitrc préliminaire. 'Je me fuis appliqué SIRE, pendant plufiours années que fai eu Phonneur de fer-vir VOTRE MAJESTE' à la Porte Ottomayie , à re- chercher des Mémoires JUSTES 8c VERITABLES de la croiance , ^ dts cé- rémonies des Eglifes Grecques , afin de déjabufer ceux qui ont donné dam cette fauj/e idée (des Calviniftcs.) Ils font tirez , SIRE , des conférences que j^ ai eues durant mon Emploi avec divers Patriarches , i3 autres Prélats réfugiez dans le Palais de vôtre Majcfté « Pera, qui efi leur azi le ordinaire. . . . Ils rrCont appris qii'il y a des Roiaumes , £5? des Provinces entières dans V Empire Ottoman , ou , la four- ce de la Foi eft prefque tarie , i^ fur le point de fe perdre entièrement.., ijfc. C'cft Monfieur (-/c /« Crw.v Papifte outré qui tient ce langage Se qui ajoute ce qui fuit à la page 1 09. du même Ouvrage. „ Parthenius-iMcr-AÎûx. des dépenfes extraordinaires 8c de grands emprunts pour j, àii^o^iiàcx Dioniftus ^ duquel le peuple étoit très fatisfait , réfolut après fon „ exaltation d'augmenter les Décimes fur le Clergé .^ qui confentit à une taxe pour ,, l'amortiircmcnt des gros intérêts qu'il falloit paier ; mais l'excès auquel ce j, Patriarche porta cette impofition , fans avoir égard aux revenus des Egli- „ fes , força ceux qui ctoient Iczez de fe cacher pour fe garentir de cctt-e „ injujlice. „ Methodius Expatriarche ^ & les Métropolitains d'Héraclée , de Cifique ^ de „ Nicomédie., d'Athènes , de Rhodes , & de Candie., fe retirèrent au Palais du .,, Roi à Pera , où ils furent très favorablement reçus , ôc traitez de Mr. de „ Nointel (NB.) pendant qu'ils donnèrent a.is à Pannjoti {c''efi un Pcrfonnage qui a donné trois faux témoignages contre les Etats Généraux des Provinces-Unies des Pais-Bas, ^ contre leur Ambajjadeur , Corneille Haga , à la Porte Ottomane., comme on le fera voir dans un autre Article, oit ce Témoin fera récufé juridiquement.) ,, Ils donnèrent donc avis à Panajoti Interprète de la Porte de ce qui fe paflbit , „ duquel la réponfe tarda long tems à caufe de réloigncmcnt du Grand Sei- y, gi:cur , qui étoit à la chafie dans les montagnes de Depojlyallajy en Servie. 6z REMARQ^UES SUR LA LETTRE IV. (On doit remarquer en ceci , que ces Métropolitains ^ P Interprète Panajoti étoîent engagez par diverfes grandes confidérations , à fuivre les conj'eils de Monfteur de Noin» tel AmbalFadeur de France, £5? à favorifer tous fes deffeins ^ dont le principal était celui de confondre i^ de fubjuguer les Grecs Aniipapaux , (^, tous les adverfaires de la Communion de Rome-. „ Quoi que ces Prélats priflcnti comme le dit Mr . de la Cmx , toutes les pré- „ cautions poflîblcs pour cacher leur négociation avec Panajoti ,,elle ne pût 5, être fi fécréte , que Parthenius n'en fût averti » & ne fit tous fes efforts pour „ les arrêter, de crainte qu'ils ne fe tranfportaflent auprès du Grand Fi/ir , . „ ce qu'il ne pût pourtant pas empêcher. „ Il envoicrent leurs domcftiqucs parterre, les attendre à Rodojlo z.vtc\tu\'s „ équipages, ôc s'étant deguifez 6c embarquez de nuit, ils arriveront au rcHi* „ dez-\ous avant que Parthenius eut avis de leur départ. „ Auffi'-tôt qu'il le fçût , il fit courir après eux , & foûleva les Créanciers „ 'turcs, mais fa diligence fut inutile, & ne les empêcha pas d'arriver à Phili. „ popoU qui n'ctoit pas éloigné du lieu où étoit la Porte , d'où ils députèrent „ deux des plus habiles pour donner avis à Panajoti de leur venue. „ Cet Interprète , malgré le crédit qu'il avoit auprès du Gr««i^ /^//?r, trouva ,j de grands obftacles dans l'efprit de ce premier Miniflre 6c des principaux „ Officiers de la,Por/^, qui étoient dans les intérêts àc Parthenius à eau fe de „ fes prcfens, c'eft pourquoi Panajoti eut beaucoup de peine d'obtenir un Com« „ miffaire, pour aller à Co»/?««/'i»o/>/É' informer des mal verfations 6c des éxaâions „ de ce Patriarche, qui avoit levé dix mille écusen quatre mois, làns juftifier „ leur emploi. „ Ce Gommiffaire arriva à Conjlantinople le 17. Septembre 1671. 8c fit arrê- „ ter Parthenius , lequel emploia toute fa Réthoriquc pour corrompre cet jiga^ . „ qui le fit conduire chez le Caimacan , où les Métropolitains de fon Clergé lui j, reprefentércnt un état de toutes les fommes qu'il avoit levées, defquellesnc „ pouvant pas juftifier l'emploi, iis demandèrent fa dcpofition 6c le retabliffc- 5, ment de Denis de Tejalonique fon prédéceflèur , qu'il avoit fait dépofer, avec 5, lequel ils fe tranfportérent à jlndrinople , où la Po?/e étoit de retour, croiant „ l'obtenir facilement ; mais tous les amis de Parthenius s'y oppofércnt fi forte- „ ment, que ces pauvres Prélats étoient à la veille de vorr triompher leur per- „ fécuccur, lors qu'un autre Denis Archevêque de Larijfe leur demanda leurs „ fuffrages , fe faifant fort de la dépofition de Parthenius par le crédit de Cara- 5, mouftapha Pacha , Caimacan. „ L'humeur fiére 6c fuperbe de ce Denis ^ qu'ils connoiffoient parfaitement, . „ les tint quelque tems en fufpens ; 6c ils n'auroient point écouté fa propofî- „ tion , fi le méchant état de leur affaire 6c la cramte de la confirmation de „ Parthenius , ne les cûr forcé de lui donner leur confentemcnt , fur lequel „ il fit préfent de trente bourfes (c'eft quinze mille écus) à Caramoujîapha Pa^. ■ ,j cha , qui extorqua l'agrément du Grand Vifir. „ Eu effet, ce ne fut que par force 6c fur les importunez du Caimacan, 8c „ la quantité de plaintes qu'on fit à ce premier Miniitrc intégre ÔC droit, qu'il „ le dépofa , 6c reçut Denis de Lariiïe fans cérémonies, 6c d'une manière plei ^ ne d'indignation 6c de marques de chagrin , à caule du défordre & de la „ mcfîntelligencc de ce Clergé. » // DU PATRIARCHE LUCAR. 63 rt II ne voulut point lui donner une audience publique dansfon Serrail or» „ dinaire , mais ordonna qu'on le conduilît incognito à Ton Jardin hois de la Vil- le, Z)e«;.f n'y trouva perfonne pour le recevoir félon la coutume , bien loin de cela on le fit attendre long tcms dans une Salle , de laquelle le Chiaoïix Bâcha l'introduifit au cabinet du Grand Vifir où il étoit affis, en habit de Di- van feulement. „ Ce premier Miniftre fans regarder ce nouveau Patriarche , dit d'un ton „ furieux à ceux qui l'accompagnoient : Chiens fans foi ijj fans loi , la zizanie , „ la difcorde iâ lajaloufte régneront-elles toujours parmi 'vous , i^ ne cejj'erez-iousja- „ mais de vous petfécuter les uns les autres ? „ Le Métropolitain d'/Z^vj^//? qui préftntoit le Patriarche, lui répondit : Sei« „ gneur , les defordres 6c les malverfations de Parthenius nous ont arraché les „ plaintes de la bouche. „ Qu'a donc fait ce malheureux , répliqua le Vifir, a-t-il péché contre vôtrt j, maudite Loi ? „ A quoi aiant été répondu qu'/7 avait commis des crimes ft énormes , qu'on avoit „ honte de les découvrir ; il demanda celui qu'on vouloit lui fubftitucr, & on „ lui préfenta Denis de Lariffe , qui fe profterna à fes pieds , pour baifer fa „ Vefte, & pour recevoir celle qu'il lui fit donner au lieu du Pallium ^ en lui „ difant , Prens garde fur ta tête de ne pas dépenfer un fol inutilement ; i3 i^ous au- „ très chiens maudits , je vous ferai tous mourir , dit-il aux M- tropolitains , fij'en- „ tens parler de vous de plus de ftxmois : car il fçivoit qu'ils auroient beaucoup de peine à fe contenir un plus long terme, ils fe retirèrent accomp:igncz du „ Chiaoux Bâcha, fuivi de quelques-uns des fiens, qui conduifircnt ce nouveau „ Chef de VEglife Grecque au Siège Patriarcbal. On peut ajoutera cela que Parthenius, qui fupplanta M^/^o.^/»/ , étoit riche, fort connu Se fort eftiméà la Porte ; Mais Ion crédit & fes richefles n'empê-. chérent pas qu'au bout de l'an , il ne fit place à Denis Evéque de Lariffe. Ce nouveau Patriarche , non content d'avoir fait reléguer dans l'Ule de Rhodes , fon prédecefleur , le fit encore excommunier 11 voulut même que la Sentence d'ex- communication fût prononcée à haute voix dans un Synode de rous les Evc- ques, qui étoient alors à Conftantinople. Denis ncfutguéres plus heureux que Parthenius La femme de Panajoti , Interprète du Grand Seigneur , lui donna de l'oc- cupation 6c du chagrin. Cette femme impéricufe au dernier point , entê< tée de la grandeur 8c des richcfics Je fon mari , traitoit le Patriarche d'une ma- nière peu ri-fpeftucufe, 6c en même tems peu digne de l'une des principaKs i\ia~ /ro»« de l'Eglifc Grecque. Denis ne pût voir fou procédé ians reifentimcnt. II fit paroîtrc.pour elle autant de mépris , qu'en méritoic fon anugance. Mais il s'en fit une ennemie irréconciliable. Panajoti entra dans les fentimens de fa femme, 6c réfolut de fe venger du Pa- triarche. L'occafion s'en préfenta peu après. Gerajtme Evéque de T'urnova , fur les frontières de Valachie , parut comme Candidat , c'eft adiré comme pré- tendant à la prémicre Dignité de l'Eglife. Il ne pouvoit mieux s'adrcfîcr qu'à Panajoti, qui, étant Crte, Sc aiant l'oreille du premier ^//îV , étoit très propre à le produire. Et en effet , cet interprète , preflc par la complaifantc qu'il H 3 avoit 1) (54 REMARQUES SUR LA LETTRE IV. avoir pour fa femme, agit avec tant de diligence Se de chaleur , que Gera- Ibne obtint le Patriarchat. DerJs fut dcpofé, 6c il fulut qu'il fe contentât de l'Evêché de Philippopolis , où il demeura en qualité de Pro'cdros. Ce tî-' tre fe donne à ceux qui ont été Patriarches , fs? fignifie Expatriarche. ParthcntHs étoit cependant relégué à Rhodes^ comme nous l'avons déjà dit, bien qu'il fut fort éloigné dcConJlantinopIe^ il apprit dans l'on exil tous ces chan- gcmens. Il ne douta point dans les difpofitions où étoit la Porte, qu'à la fa. vcur des richefles , qu'il avoit eu foin d'amaflcr , lors qu'il étou Patriar- che , il ne piât fe rétablir. Quoi qu'il en foit , il rcfolut d'en faire la ten. tative. Peu après la mort de Panajoti ^ le Proteftcur de Gera/îme y il brigua fi puif. famment , que bien qu'il eût de grandes difficultez à furmonter, ^ ma /gré les yliiathemes lancez contre lui^ il emporta le Patriarchat. Mais il ne le poflcda pas long tems. Denis Evcque de Philippopolis , marcha fur fcs traces , & le fup. planta pour une féconde fois. Toutes ces dernières brigues furent mifes en ufa- ge par le Patriarche Parthcr.ius l'an 1678. Sur ce que nous avons dit que ce Patriarche fut relégué à Rhodes , on doit remarquer que c'cfl la coutume de s'aflùrer toujours de la pcrfonne du dernier Patriarche , & de faifir fes biens quand ils font dans un lieu connu & du ref- fort de la Porte Ottomane ^ pour acquiter une partie des dettes de l'Eglife, 6c pour paier ce que le nouveau Patriarche a donné devant que d'être inftallé. On ne le fait pas fans quelque prétexte ; mais il eft aifc d'en trouver , par- ce que la ncccfllté qu'il y a de tems en tems de païer les dettes de l'Eglife, fait que les Patriarches lèvent fouvent des fommes très confidérables. D'ailleurs , un foin prcvoiant pour l'avenir, les lie d'amitié avec les richefles iniques. Ils tâchent d'avoir de quoi fubfifter avec honneur, lors qu'ils fe ver- ront obligez de rchgncr leur Dignité , & de rendre compte de leur admini- ftration, & ils ne manquent pas de faire argent de tout pendant qu'ils font en état de (c prévaloir de leur Charge , comme ce fermier trompeur dont il eft parlé dans l'Evangile. Il y a encore une autre réflexion à faire fur cela , c'eft que les Evêques Grecs mourroient de faim , fans ces fréquens changemens des Patriarches. En ef- fet , cela leur donne occafion d'impofcr de nouvelles taxes : ils lèvent eux-mê- mes l'argent dans leurs Diocézes, & en failant des Colkétes pour les bcfoins du Patriarche, ils ne manquent pas de faire quelque chofe pour fubvenir à leurs ncccflliez particulières. En cette difpofition d'affaires, ne peut-on pas dire que le Grand Seigneur c^ le véritable Chef de. V Eglife Grecque , 6c le fcul Arbitre des diflcrens qui y ar- rivent; D'un autre côte , n'cft-ce pas une chofe déplorable que cette Eglife, autrefois fi renommée , déchue maintenant fes propres entrailles , 8c foit en pioye à la violence ôc à l'aarice d'une Nation infidèle comme nous venons de le faire voir? Au commencement, un Patriarche ne paioit rien pour être inftallé: Dans la fuite il n'ctoit obligé que pour la fommc de dix mille écus Mais le grand nombre de Prètendans qu'on voit aujourd'hui . eft caufe que l'ontn paie vingt- cinq mille, pour le moins, &: la plupart du tems beaucoup davantage. Voila DU PATRIARCE^E LUCAR. dj V'"oila les fources générales des plus grands defordrcs qui arrivent dans les Efilifts Grecques de l'Orient , & fur tout dans le Patriarchat de Conftantino- ple, où la dépofition de ceux qui occupent ce premier Sitge cft plus fréquente que celle de tous les autres, parce qu'il efl plus expofé aux cxtorfions des Mi- niftrcs de la Cour Impériale du Grand Seigneur. Le Patriarche Lucar en a rcflenti les funeftes cffeis pendant une douzaine d'années , aiant clé conduit en exil & rapcllé trois ou quatre fois. Mais outre ce que nous avons dit des mo- tifs généraux qui font dégrader les autres Patriarches , il y en avoit un tout particulier qui faifoit regarder avec jaloufie Cyrille Lucar , & qui lui attira la perfécution de plufiturs Métropolitains 6c autres Ecclefiaftiqucs des Eglifes Grecques. La plus grande partie des Evéques 5c des Prêtres de ces Eglifes étant fort ignorans , Se reconnus pour tels de ceux qui les fréquentent , ne pou* voient fouflrir qu'un Patriarche auflï fçavant 8c éclairé que l'étoit Cp/Y/f , pré- fidât à toutes leurs plus célèbres Afllmblées 8c leur fit quelques cenlurcs pour les obliger à fe rendre plus capables d'exercer avec fuccès leurs fondions Paf- torales. Quelques-uns d'cntr'tux aiant des relations avec les Jéjuites qui font établis à Pera, ne manquèrent pas de les Confulter pour apprendre comment ils pourroient éviter la confufion qu'ils recevoient , quand ils étoient en préftnce de leur Patriarche qui leur faifoit fouvent des queftions lur les matières de Contro- vcrfe, auxquelles ils ne fçavoicnt que répondre. Ces Jéjuites & les autres Emiflaircs de la Cour de Rome qui ne laiflcnt échap- per aucune des occafions qui leur paroilllnt favorables pour étendre ks bornes du Papifme . donnèrent avis au Pape & aux Ambaffadeurs de l'Empereur & du Roi de France, de l'ctat où fe trouvoit alors une partie du Clergé du Pa- triarchat de Conftantinople : 5c reprefenterent que fi on f»uvoit gagner le Pa- triarche Lucar , on attireroit en même tems , fans aucune difficulté , la plus gran- de partie des Ecclcfiaftiques de fa dépendance. Sur cet avis le Pape d puta trois pcribnnes qui vinrent à Conftantinople 6c qui firent diverfcs propofitions à Cyrille; mais aiant trouvé qu'il avoit deslen- timens entièrement oppofez à lacroiance de l'Eglife Romaine ^ ils changèrent de batterie, & au lieu de le folliciter amiablement par des remontrances accom- pagnèes de belles promefles 6c de grandes offres de fervice , comme ilsavoient fait au premier abord. Ils s'efTorcèrcnt de l'intimider par des menaces auxquel- les il fut infcnfiblc, de telle forte qu'il leurrefifta ouvertement en face 6c d'une manière intrépide, comm.c on le peut voir dans fa première Lettre qui eft à la tête de cet Ou>. rage. Il n'en fallut pas davantage peur attirer à ce Patriarche l'indignation du Pa- pe, 6c l'animofité de toutes lès Créatures. Il y en eut dès lors un grand nom- bre qui machinèrent fa perte, 5c qui pour cet cfFet excitèrent contre lui quej- qucs-uns de ces Prélats ambitieux dont nous avons fait le portrait, qui font tou- jouïs prêts à étouffer tous les bons fentimens que la véritable Religion inlpire , 6c à violer toutes les régies de l'équité 8c de la juftice pour s'élever au deflus de leurs confrères , 5c pour monter fur le Trône Patriarchal , où ils efpèrent de s'enrichir aux dépens de toutes les Eglifes fur lefquelles ils exercent par ce moicn un pouvoir cyrannique. 66 REMARQUES SUR LA LETTRE IV. 11 y eut plufieurs Métropolitains qui fe liguèrent avec les Jéfuites pour avoir de l'argent , & qui leur promiT^nt de favorifer le Pape dans tous fes dcfleins s'il leur fourniflbit de quoi acheter le Patriarchat. Onen^'oia plufieurs bour- fcs à ceux dont nous avons- parlé dans la Dijfertation Préliminaire de cet Ouvra- ge , & ils s'en fervirent avec taiit de fuccès qu'ils firent reléguer deux fois C7- rille ; mais voiant qu'il avoit eu le bonheur d'être rétabli , & que tout ce qu'il y avoit de gens de probité & de bonnes âmes dans fon Eglifc s'épuifoient pour le maintenir dans la pofieffion de fon Patriarchat, ilsfircnt de plus grands efibrts qu'ils n'avoient fait jufqu'alors pour renchafler.Sc voiant qu'ils n'avoient au- cun légitime prétexte pour y réiilTir fi ce n'étoit à force d'argent , ils donnèrent foixante mille écus au Métropolitain de T hejfalonique nommé Athanafe. Ce Vtz- lat aiant diftribué cette fomme pour faire agir 6c entrer dans fon Parti ceux qui pouvoient lui obtenir cette Dignité, qu'il avoit tâché d'avoir par des voies obli- ques depuis long tems , fut enfin inftalié en la place de Cyrille Lucm- que le Grand Vifir envoia dans Tlfle de 'Tenedo le 5". Mars de l'an i-654. 6c c'eft de ce lie» qu'il écrivit la quatrième Lettre qui nous a donné lieu défaire ces Remarques -touchant les faux prétextes dont les Grecs k fervent pour faire exiler leurs Pa- triarches, 8c pour les Anathématifer" fans aucune raifon ni formalité. Voila pourquoi l'Eglife de Conjîaniimple eft maintenant dans le défordre 8c dans la confufion par les brigues des Eccléfiaftiqucs, Se c'efl: pour cela auffi que 'la Dignité des Patriarches , qui étoit fi confidérable autrefois eft tombée main- tenant dans un fi grand mépris que le moindre Prélat , ôc quelquefois un Moi- ne, quand il a de l'argent , entre en poflcflîon de cette première Charge de î'Eglife Orientale , avec auffi peu de cérémonie qu'un Prêtre prend pofléffion d'une Cure, d'une Chapelle, où d'un petit bénéfice à fimplc tonfure. LETTRE C I N C^ U I E' M E. De Cyrille Lucar Patriarche de Conjlantinopk , à Mr. Antoine Léger Miniftrc du Saint Evangile & Pafteur de l'Eglife Réformée qui s'aflcmble à Pera de Conftantinople fous les Aufpices de l'JrnbaJfacleur des Etats Généraux des Provinces-Unies des Pais-Bas. Revcrendifilmo mio Signorc Léger in Monftenr Léger , mon très cher Frère en Jeftt Chrifio Fratcllo Cariflîmo. VEnuto mi qui à Scio ( a ) ho trova- to ripofo , libcrato dalle mani d'eW Inimicî , corne Voftra Rêver entia in- tendera dal Eccelentijjimo Signore Am- bafciaîor noflro , al quale do raguagUo farticolare d'ogni cofa. JESUS CHRIST. DEpuis que je.fuis arrivé ici à Chio {a) je vis en repos , étant déli- vré de la main de mes ennemis , comme vous en ferez plus amplement informé par fon Excellence Mr. l'Am- bafladeur {Haga) à qui j'envoie le dé- tail de tout ce qui me concerne. Laudata DU PATRIAR Laudataftci la Divina Providenza, che fer U fuoi ha cura è non li la/cia al fine. Nel mio allogiamenio ho frequentia dvlli Gentilhiiomini di qi'.efto paeje h àcWï dotti , & lî difpuca anco mediocra- mente. Hieri parlando del Médiat or e ho impa- rato un bel Dogma dal Dottor Cortffi, dicendo-mi che e hen vero che e un Mc- diatorc Jefu Chrifto : ma puoi dice che fono anco altri Minori che intercedeno. Cofi dice Coreffi. Monfu Lcgcr , fopra la mia confcicn- tia , parla in 'uerità , che il Corefli è gli altri qui fuoi adherenti fono tanto igno- ranti che agU huomini di difcretione fan- no naufea li loro ragionamenti e le loro difpute , £5? //' Jefuiti fi fanno bette di loro , è flupifco che non fén' accorgono che fono pri-vi di fenfo è di giudizio. Con tutto cio il volgo ignorante flima Corefîî , non per la dottrina , maper che e buon Compagne : quefto ho efplorato in ire giorni che fon à fcio , 13 ho voluto communicare à F- Rei-crcntia per che fa- piate con chi difputarete fopra quella cofi fiiblime materia délia Tranflubftantia- tione ; la quale , di un pezelo 0 di Pane 0 di Scnleta fa un J E S U CHRIS- TO. {b) Del rcfio Signor Dottore Monfu Lé- ger, per il mio ftato è che è co?ne fia , fua Eccelentia facilmente vi raggionera. CHE LUCAR. 67 Loué foit Dieu qui a foin des fiens , & ne les abandonne jamais en- tièrement. La Noblefle de ce Pais , & les fça- vans , viennent fouvcnt chez moi , Se nous y difputons quelquefois d'une ma- nicre convenable aux converfations familières. Hier en parlant du Médiateur, j'ap. pris un beau Dogme du Docteur Co- refii , qui m'avoua bien , comme une chofe très véritable , que Jcfus Chrifi efi un Médiateur ; mais qui me dit en- fuite , qu'il y en a encore d'autres moins cotîfidérables qui intercèdent auffi. C'cft de la forte que Coreffi parle. Mr. Léger , je puis vous dire en vé- rité , & fur le témoignage demacon- fcience , que Coreffi & tous ceux qui lui adhérent en ce Pais , font fi igno- rans , que les perfonncs qui font capa- bles de quelque difccrncment , ne peu- vent fupporter leurs difcours , ni en- tendre leurs difputes , fans en avoir dv. dédain. Néanmoins les Jéfuitcs font les dupes de ces gens là , & je m'étonne qu'ils ne s'apperçoivent pas que ce font des Sots^qm n'ont aucun jugement. Tout cela n'empêche pas que Co- reffi n'ait quelque réputation parmi le vulgaire , non pas à caufc de fon fça- voir , mais parce qu'il aime à fe diver- tir & à faire bonne chère J'ai connu cela depuis trois jours que je fuis ici à Chio , ôc je n'ai pas voulu manquer de vous en donner avis , afin que vous fçachicz quel eft ce génie qui doit difi puteravec vous, fur cette matière fu. blime 6c rafinée delà Tranfiubftantiation qui fait d'un morceau de pain , ou dUme petite miette féche , un JESUS CHRISt. {h) Quant au rcftc , Mr. le Doéteur Léger , fi vous defirez de fç.ivoir quel eft mon état, & de quelle "manière je J Per 6Z LETTRES ANECDOTES Per fine lafahto , t gJi prego dal Si- gnorc ûgni bene. Di Scio alli ,* Aprile 1635-. CYRILLO PAl'RIARCHA. me trouve maintenant ici , fon Excel' knce vous en informera fans aucune difficulté. Je finis en vous faluant , & en priant le Seigneur qu'il vous comble de tou. tes fortes. de biens. à Chio le * Avril 162 f- CYRILLE PATRIARCHE. Celte Lettre a été mife en Original dans la Bibliothèque de l'Univerfité de Genévt fom le Numéro XX IF. avec k s autres écrits du même Patriarche. REMARQ^UES SUR LA LETTRE V. DU PATRIARCHE LUCAR. (a) Depuis que je fuis arrivé ici à Chio , je vis en repcs étant délivré de la main de mes ennemis. LE Patriarche Lucar fut relégué à Tenedo au commencement du mois de Mars 1634. , à caufe des faufles accufations que fes ennemis intentè- rent contre lui , fous les divers prétextes , dont nous avons fait un détail allez long, dans nos Remarques fur la quatrième Lettre de ce Patriarche: c'eft pourquoi nous paflbns de cette matière à celle qui concerne les particularitcz de celle-ci, & nous les expliquerons en deux Articles. Le premier contiendra une defcription fort fuccincî:e de Tlfle de Chio où le Patriarche Lucar fut con- duit après avoir demeuré treize mois en exil à 'Tenedo , comme il paroît par la datte des deux dernières Lettres ci-deflus. Le Second Article fervira à fai- re connoître plus particulièrement le génie, la conduite, & les fcntimens er- ronez du Doéleur Corejfi ^ avec une Relation très curieuie, par laquelle on apprendra de quelle manière la Doètrine de ce Controverfiile , quia fait beau- coup de bruit après la mort du Patriarche Lucar .^ fut approuvée par quelques Grecs Latinifez.y 6c rejettée par les Grecs Orthodoxes ., dont la créance étoit con- forme à celle de ce fameux Patriarche , comme nous le démontrerons ci- après. CHIO, que quelques Hifloriens 6c Géographes nomment SCIO, cft une Ifle de la mer Egée dans l'Archipel , entre Samos 6c Lesbos , proche de l'Afic Mineure. Elle eft détachée de la Terre ferme de Natolie par un Canal de trois lieues appelle le Détroit du Cap-Blanc , parce que les rochers qui le bornenc font couverts d'une écume bhnche j ^ui fe forme des vagues de la Mer , "".""' que • DU PATRIARCHE LUCAR. dp «ue les vents de terre ne ceflcnt d'agiter fortement dans ce détroit. Cette Iflc a environ vingt-cinq ou trente lieues de lour, avec une Ville de ce nom , qui cft à 1 Orienc de l'ifle , où il y a un bon Port 8c un Château b)en fortifié, & c'cft là que le Patriarche Luccvfu: conduit. Quelques-uns ont compte jusqu'à trcnte-iîx Villes dans cette Ifle, qui fut fujettc aux jiiheniens ., puis aux Macédoniens , enfuite aux Romains , & enfin aux Empereurs Qrccs. J_,es Génois s'en rendirent maîtres l'an 1546. Elle fut gouvernée en forme de République par les Mahons , premiers Gcntils-homoics de la maifon Jujiimani de Gênes. Ils paioient un tribut au 'furc. Mais le Bajfa Piait la prit par .ordre de Soliman l'an l'y 66 fous prétexte qu'ils ne paioient pas le Tribut, & qu'ils avoicnt donné avis à ceux de NLilte du dcflcin qu'on avoit de les affié- ger Les Officiers du Grand Seigneur qui lèvent le Garafch , ou Tribut par tête, k font paier encore trois ans après la mort , par les héritiers du défunt. Il y avoit autrefois un Evêque fuft'ragant de Rhodes , qui fut depuis Mctro» politain. Aujourd'hui cette lile n'a plus que fa Ville Capitale £c quatorze ou quinze Villages, dont les habitans cultivent le Lentifque & le 7'erebhiîhc ^ pour en tirer le maflk Sc la térébenùne , dont on fait beaucoup de cas dans toute l'Europe. La Ville de Chio n'eft maintenant habitée que par des T^^r^j- 8c par des ^'^/J" > mais il y a dans fes fauxbourgs beaucoup de Chrétiens Latins 8c Grecs , qui ont chacun leurs Evêqucs , 8c plufieurs Convents de Moines , avec d'autres Maifons Religieufes. C'eft pourquoi il n'y a rien de plus fufpcél que les Re- lations 8c les témoignages qui viennent de ce Païs-là , touchant les matières de Religion, parce qu'on ne peut jamais fçavoir au jufte , m démontrer d'une manière incontcftable , fi les preuves par écrit de la créance 8c du culte re« ligieux des Chrétiens de cette lile, qu'ils fourniflent, font atteftees ou fignées par des Grecs Latinifez , ou par di.s Grecs entièrement fcparcz de la Communion de l'Eglifc Romaine. On rencontre les mêmes difficultez, quand il s'agit de porter quelque juge- ment, fur les Confcfiîons de Foi, 8c fur les témoignages des Grecs , qui font difprrfcz dans les autres Eghfes Chrétiennes de l'Orient, parce qu'il y a des Emiilàircs de la Cour de Rome, 8c des Créatures du Papifmc , qui fe four- rent parmi les Grecs non latinifez , en déguifant leurs véritables fentimcns , pour t'uvorifer les dcficins du Clergé de l'Eglife Romaine ?:C les entreprifes des Papes, quinecellent de mettre en œuvre tout ce qui peut achever de corrom- pre la véritable Religion Chrétienne dans tcmtes les Lglifts qui ne font pas en- core enticfcment foûraifcs à la jurifdiction tirannique de l'Empire Papal. (b) Tout cela ti" empêche pas que Coreflî n'ait quelque réputation parmi le 'vulgaire^ non pas à caufe de [on fçavoir , mais parce quU aime àfe drcertir 13 à faire bon- ne chère. . . je nai pas voulu manquer de vous en donner avis , Monfienr , afin que vous fçachiez quel ejî ce génie , qui doit difputer avec vous fur cette matière fiiblime o rafinée de la Tranllubftitntiation , qui fait d'un morceau de Pain, ou d'une petite mxciic féche , un Jcfus Chriil. On trouvera le véritable Portrait de George Coreffi ou Corefius , dans la neuvic- 1 2 nie 70 REMARQJJES SUR LA LETTRE V. me Lettre du Patriarche Litcar fous le numéro a8. ci-après. Il y eft repré^ fente comme un Epicurien fans foi 6c fans Religion : comme un téméraire 6c un fanfaron : comme un difciple des Jéfuites , ne fçachant autre chofe que les chicannes des controverfes de Bellarmin : comme un homme qui feignoit d'être ennemi des Papilles , 6c qui cependant étoit penfionnaire de la Cour de Ro. qu il avoit entrepr fortes de moiens obliques , chez tous ceux qui étoient allez ignorans & allez mal aviftz, pour ne pas rcconnoître que c'ctoit un charlatan^ un fourbe ^ S<. un ?nenteur. Voila une partie des couleurs qui font emploiées dans le Portrait de ce Peribimage tracé dans la Lettre qu'on verra toute entière fous le Numéro que nous venons d'indiquer. Et voici de quelle manière les dcfenfcurs du Pa. pifme en parlent eux-mêmes. Mr. Moreri reprefente George CoreJJius dans fon Di£tionaire Hiflorique com- me un Grec Schifmatique de l'IOe de Lhio , 6c dit que ce Moine a pris la qua- lité de Théologien de la grande Eglife , qu'il a cent pluficurs Ouvrages contre les Latins , oià il fuit la méthode (^- les expreffions des Scbolafliques , parce qu'il avait étudié la Théologie dans les écoles d'Italie. (Voila un aveu qui donne gain de caufe aux Reformez, en ce qu'ils prétendent que Coreffius ziié. fuborné par les Latins Sc imbu de leur Doftrine dans les écoles du Papifme , & dans les Collèges des Jéfuites. ) Mr. Moreri qui étoit un Doéleur en "Théologie fort at- taché à la défenfe des dogmes de l'Eglife Romaine n'a pu cependant cacher cette vérité; mais au contraire, il ajoute dans le même Article que Coreffiuseft en partie , r Auteur de V Abrégé de la Théologie des Grecs , publiée par Grégoire Protofyncelle de la grande Eglife de Chio. Léo Allatius qui a fondé divers Collèges dans l'ifle de Chio^ d'oii il étoit natif , 6c qui s'eft acquis une grande réputation par fon fçavoir 6c par fes au- tres belles qualitez , fous le Pontificat A'Urbaiu VIII d'Innocent X. ^d' Aie- sandre VII. qui le fit garde de la Bibliothèque du Vatican , en confidé- ration de fa Littérature , & parce qu'il avoit exécuté heurt ufcment l'or- dre qu'il lui avoit donné en i6zi. de faire tianfporter à Royjie la Biblio- thèque fi renommée & fi précieufe de l'Univerfité Proteftante d'Heidelberg , ce Dofteur, dis-je , qui ne peut être en aucune manière l'ufpect aux Théolo- giens de la Communion de Rome, & qui a parfaitement bien connu la Reli- gion des Grecs, non feulement pour avoir été Profelllur dans un Collège de cette Nation à Rome, mais audî pour avoir fortement tiavaUlé à les rciinir tous à l'Eglife Romaine , nous donne une idée du Moine CoieJ/ius très conforme à celle qui fe trouve dans les Ouvrages de Mr. Smith , & dans ceux des autres Proteftans qui ont rejette les témoignages de ce Prétendu Théologien Grec , en foûteiiant qu'il n'étoit point Antipapal. C'eft dans un Livre de Léo Allatius qui a pour titre , le Confentement perpétuel de F Eglife Occidentale ts? Orientale , que cz Bibliothécaire du Pape reprefente Corefjius comme un homme rude & bar- bare dans fes exprimons, en déclarant en même icmsque ce Moine f'/o/? néan- moins redevable aux Latins de ce qu'il fçavoit, aiant étudié à Pife^ qui eft une V.iilc des Etats du Grand Duc de Tofcam. ^ Mr. » DU PATRIARCHE LUCAR. 71 Mr. Siinon qui cft un Auteur fort eftimé dans le Parti de l'Eglife Romaine parle auflî de Coreffiics , dans Ion Hiftoire Critique de la Créance des Nations du Levant , oii il développe un fait de très grande importance, touchant un Ou- vrage Dogmatique , dont il reconnoît que ce Moine eft le véritable Auteur , quoi que l'on Livre ait été mis au jour, & produit contre les Réformez fous un autre nom. f-^oici les propres termes dont il fe fert à la page 45. de fa Critique. „ On a im- „ primé à Fenife en 165^. fous le nom d'un Prêtre & Moine Grec , nommé „ Grégoire , un petit Abrégé de la Théologie des Grecs , en forme de Catéchif- „ me ^ où fe trouve non Icukment le mot fumr.i^an , TranJ/ubJlantiation ^ mais la „ manière dont elle fe fait y cil déclarée fort au long. ... Ce Grégoire prend „ la qualité de Protofyncclle de la grande Eglifc, & faifoit fa réfidence dans un „ Monaftére de l'ifle de Chio. Il témoigne dans fa Préface être rede-vahle de la „ meilleure partie de fan Ouvrage à George Corejfius ^ qu'il qualifie d'un des plus „ fçavans Théologiens de Ion Eglife, qui prend en effet la qualité de Théolo- gien de la grande Eglife , 6c qui étoit auffi Médecin de fa profeflion. Voila un Témoignage qui quadre fort bien avec le Portrait que le Patriar- che Lucar fait de ce Médecin qui abandonna fa profeffion pour faire le Con~ trovcrftjle fous les aufpiccs des Jéfuites. Le Catéchifme de ce prétendu fçavanc Théologien qui étoit à la vérité très expert à faire le Bateleur , ôc qui fous l'habit de Moine ^ s'étoit acquis à jufte titre, la réputation d'être un bon vivant .^ comme Ta fort bien reprcfenté le JPatriarche Lucar ^ en difant que le peuple le tcnoit pour un buon Compagno ; fon Catécbiff/ie , dis-je , tant eftimé des Secta- teurs du Papifme , a pour Titre, abrégé des Divins i^ Sacrez Dogmes de P Egli- fe , (Grecque ou Latine fi on veut, car il ne nomme ni l'une ni l'autre) pour l'utilité des Chrétiens ^ co?npofé en Langue vulgaire y par Grégoire Prêtre Moine ^' Protofyncclle de la grande Eglife , faifant fa réfidence dans le Saint Monaftére nou- leau de Chio. Ce Grégoire n'a été que le Ti ucheman du pauvre Médecin dif- gratié parmi lesSçavans, je veux dire du Moine Coreffius^ qui avoit befoin du fecours de cet autre Moine, fon compagnon de mifére , pour rendre fon Ca- téchifme intelligible au Vulgaire grolTier & ignorant , qui faifoit beaucoup plus de cas de POrviétan de ce Théologien , que de Ça Dialetiique rafinée : par la- quelle il s'eftbrçoit de prouver la manière dont fe fait la Tranfjnhftantiation dans l'Euchariftie, ians pouvoir faire comprendre , ni au peuple , ni aux Moines de fon Convent , ce qu'il difoit concevoir lui-même fort clairement, 6c fans y voir aucune difficulté : pendant que fts difciples confeflbient ingcnûmcnt, & de très bonne foi, qu'ils n'y voyoiuit goûte. Nous ne dilbns pas cela Ians en avoir de bonnes preuves. En voici une qui en vaut foixantc-quatre, puifqu'dle eft tirée du propre Ouvrage de Mvfijeurs les Doftturs de Port-Roial muni de 64. grandes approbations des Prélats de France & des Théologiens de Sorbonne , fans compter le témoignage de Mr. de Nointel y Ambaflàdeur de France i\ la Porte Ottomane ^ qui donne le poids à tout ce que ces fameux Controverfiftes produifent contre la créance des Re- forme?,: 6c c'cft ce qui rend nôtre preuve d'aurant plus irréfragable qu'elle ne peut être détruite, fans que tout l'Ouvrage de A? Perpétuité de la Foi de P Eglife Romaine foit renvtrfé £c réduit tnpouffierc. I 3 Ceux 71 REMARQUES SUR LA LETTRE V. Ceux qui voudront conférer cft que nous allons rapporter ici, avec la Let- tre de Mr. de Nuintel ^ en trouveront un Extrait imprime dans le /ot/V/Vw^" Livre des Preuves Authentiques des Docteurs de Porc-Roial , fur la matière de VEucha- rijlie à la page 495. du troifiéme Volume. Cette Lettre cft datée de Conftan- tinople le 29 Septembre 1671. Voici les propres termes dont fe fcrt Mr. de Nointel^ en parlant du Catéchifmc du Moine CoreJJius mis au jour fous le nona de Grégoire^ & ce que lui dit là deflus le Patriarche Metbodius ^ qui étoit un de ces cinq compétiteurs & antagoniftcs qui alpiroient tous , en même tems, à la Dignité Patriarchale du Siège de Conflantïnople par les horribles attentats dont nous avons parlé dans les Remarques iur la Lettre IV. mife ci-devant, où nous avons auili fait voir que le Gra»d-nfir Kiopruli regardoit Méthodius & les autres quatre Patriarches , à fçavoir Paifms , Dionijius , Partbemus 6c Dionifius de Larijfe , comme des chiens , des traîtres , des perfides , & comme des gens fans honneur 6c fans confcience , parce qu'ils avançoicnt plufieurs faufletez & impoftures les uns contre les autres. Voici donc ce que dit Metho' dius à Mr. de Nointcl. „ J'ai parlé au Patriarche Méthodius de la Lettre de l'Anglois nommé Ba- ,, zire : je lui ai demandé fi le xwox. àcl'ranjfubflantiation inféré dans le Catcchif, j, me {de CorejJius) qu'il m'avoit envoie par l'Archevêque d'Andrinople , im« ,, primé à Venife l'an 1655". & compofé par Grégoire Jeromonaque ^ (c'eft à di« „ re Moine & Prêtre) avoicété cenfiirc ? „ Il a répondu qu'il n'avoit point de connoiflance qu'on eût jamais public „ aucune ccnfurc contre cette parole en quelque lieu qu'elle fe trouvâr. {ce qui „ fuit fait voir la menterie du Patriarche Méthodius ) Mais qu'il fe fouvenoit fort 3, bien d'une hiftoire arrivée fur ce fujet touchant le même terme , qui cft „ dans la Confcjfon Orthodoxe de l'Eglife d'Orient j voici comme il l'a ra- „ contée. „ Lors que Parthenius { Antagonifle de Méthodius , & auflî peu digne de foi que lui & que leurs trois autres compétiteurs Espatriarches dont nous avons parlé ci-dcfllis ) tenant le Siège de Conftantinople, voulut approuver la Confcf- „ fion Orthodoxe de l'Eglife d'Orient, il aflémbla fcs Métropolitains & les Oifi- j, ciers de fon Eglifc pour régler les prétentions de Corydale qui foiitenoit qu'il ,, en falloit retrancher le terme fiSTï^wn?, franfjubflantiation. ( Ce terme a donc été contcllé d'abord qu'il a paru dans les Confcffions publiques des Egîifes Grecques, oîi il étoit inconnu du tems àc Syrigue premier Auteur de cette Cow- fefjion prétendue Orthodoxe qui donnoit l'allarme à plufieurs Grecs à caufe de fes innovations, que le Patriarche Méthodius rcconnoît ici , en fe contredifant lui-même par cette Relation.) „ On enjoignit à Corydale de dire fes raifons: „ 2c comme il étoit grand Philofophe, & qu'il pollèdoit afiéz bien les Langues „ Latine & Grecque, il s'expliqua avec toute l'adrefle 5c la lubtilité qu'il pût. „ 11 remontra que non feulement cette parole ne fe trouvoit point , ;;/ dans les „ Pérès Grecs , ni dans les Conciles Oecuméniques , mais qu'elle étoit contrefaite Cm „ celle de Tranffubfiantiation FORGE'E par les Litins ; 5c que {i les Grecs „ la rccevoicnt , ils donncroient lieu à leurs adverfaircs de (e glorifier $'«V/j." les ,,fnivoient i:)ANS CNE CHOSE Q^U I EST DE LEUR IN- „ VENTION. ( C-atc rcmomrance de Coiydile cft très digne de remarque, & DU PATRIARCHE LUCAR. f^- & l'ur tout, ce qu'il dit de la Nouveauté de Xi.TrûJiffubJlantic.tion , forgée par les Latins, & inconnue aux F ères Grecs^ aux Conciles Oecuméniques de V^nc'ien GhriftianifmeJ Celte manière de parler n'étonna point Syrigue. Il étoit grand Théologien & inîérejfé à défendre la vérité du Livre qu'il a\ oit rédigé : & ce qui Ty por- „ toit davantage, c'elt qu'il paroiflbit dans l'intention de Corydale qu'il n'en „ vouloir pas feulement aux paroles , mais qu'il avoit pour but de détruire le „ Sacrement même. C'eft pourquoi fouhaitant qu'il s'en déclarât, il lui dcman. „ da l'explication du mot fttrtsaiumi. „ Corydale <\m ne biaifoit point répondit , qu'il marquoit le changement d'une fubftance en une autre. Mais il n'eût pas fi-tôt achevé de prononcer ce difcours , qu'on lui dit que l'Eglife ne prenoit pas tant garde aux mots qu'à leur fignification ; & qu'ainfi le terme de Tranjfuhftantiation pouvoit défi- gncr la Croiance de l'Eglife d'Orient. Ce fut ainlî que Syrigue fut le vain» qucur & qu'il lui fût permis de fe fervir de ce terme. „ Methodius m'a afluié (dit Mr. de Nointel ) la vérité de cette Hiftoire comme aiant été témoin de toutes ces particularitez , parce qu'il affilia àl'Ai- femblée où elles fe font palîces en l'année 1641. 11 étoit en ce tems là Su- périeur des Prêtres d'une Eglife de Galata ; 8c comme il s'eit fouvenu de ceux qui s'y trouvèrent , il m'a dit que les Métropolitains ctoieiu Pachome de Calcédoine , Parthenius d'Andrinoplc , Daniel de Serres , Grégoire de La- rilfe , Anthyme de Cyzique , Cyrille de Nicomédie , Joannicins d'Heraclée , Macarius de Tornouë; 8c que ks Officiers de la grande Eglife étoicnt Laf- f(?m grand Logothétc, PM//)/)i? de Chypre Protonoiaire , Gcor^f? Eccléfiarque, ,, Nicolas Pttit Logothétc. NB. C'eft une chofc très digne de remarque , 8c à la quelle les Lcéleurs doivent bien prendre garde en examinant cette matière, que laConfcffion dePoi des Eglifcs Grecques de l'Orient , qui porte le titre d'Orthodoxe, foit un Ouvrage non feule- ment forgé par un Auteur moderne fans réputation 8c qui fut accufé publiquement d'être un Novateur fur la matière de la Traujfubftantiation ; mais déplus qu'il ne fe foit jamais trouvé perfonnc dans les Eglifcs des Grecs qui ait voulu approuver cette Confeffion de Foi, fi ce n'eft les huit Métropolitains , 8c les quatie Ec- clcfiaftiques fuborncz par le plus exécrable de tous les Patriarches , à fçavoir Parthenius le vieux qui ufurpoit le Siège de Conilantinople l'an 1641., 8c qui en fut chaflé hontcufement l'an 1644. Après quoi la Cour de Rome 8c les Ambafladeurs de France lui fournirent de l'argent pour acheter de nouveau le Patriarchat l'an lôf/. , 8c encorcdi.ic années après, parce qu'il enfut banni par trois fois, comme l'avouent les Doétcurs de Port-Roial à la page 449. de leur huitième Livre des pièces 8c des témoignages dont ils ont fait la compilation dans le 5. Volume de la Perpétuité de Mr. Arnaud. Ces Sorboniltes difent cx- prefl'ément que ce Parthenius fut chajjé du Patriarchat d'une manière canonique , aiant été convaincu d'éxaétions immcnfes y«r les Eglijés , tant par les Métropoli- tains, nue par les principaux Grecs , qui ont demandé fa dépofition. Cette décla- ration de Mcffieurs de Port-Roial prouve d'une manière très authentique les grandes extorfions de Parthenius qui força comme un cruel Tiran quelques Offi- ciers de fon Eglife , & ks huit Métropolitains nommez dans l'article précédent , à 1 4- confentir 24 REMARQUES SUR LA LETTRE V. confentir que la Confelîion Erronnée de Syrigue fût mife au jour fous le non» de l'Eglifc Grecque Orientale , pour faire plaifir aux créatures du Papifme qui l'avoicnt fécondé dans tous les attentats qu'il fit pour s'élever furie Siège Pa- tnarchal , afin d'aObuvir fon avarice 6c fon ambition. Nous ferons voir dans la fuite que ces douze Perfides corrompus , ou intimi- dez par leur abominable Chef Parthenius^ font les premiers 6c les principaux de ceux qui ont figné les Atteftations que les Dofteurs de Porc-Roial & de Sorbonne produifcnt contre les Reformez , 6c qu'ils ont donné le branle à tous ceux qui ont foufcrit les Synodes de Conftantinopk £5? de Moldavie , confirmez par le Concile de Jérufalem de l'an \6ji dans lequel on verra que les Noms de ces huit Métropolitains, ôc de ces quatre Officiers de l'Eglife de Conltan- tinople, tiennent le premier rang. Cela fuffit pour détruire l'autorité de ces Synodes des Grecs dont le Papifme fait tant de cas , puifque les principaux témoins qui en ont été les auteurs , font auffi récufablcs que Parthenius leur Chef, qui a été contraint de le réfugier dans le Palais de l'Ambafladeur de Fran» ce, pour éviter le châtiment dont il étoit menacé par les Grecs non Latinifez, qui ont auffi improuvé la Confeffion de Syrigue mife au jour par les Dofteurs du Papifme comme une Pièce Orthodoxe 6c très Authentique , bien qu'elle n'ait jamais eu d'autre approbation que celle de ces lâches 6c perfides Etherodoxes, dont nous venons de parler. Il ne nous rcfte maintenant , pour achever le portrait du généreux Athlète Corydale , qu'à produire la féconde partie de la Relation de Mr. l'Ambafladeur de Nointel ., qui fait voir de quelle manière ce Théologien Grec foûtint l'ancienne Doc- trine Orthodoxe des Chrétiens Orientaux oppofée à la nouveauté du Dogme erroné de la Tranfllibftantiation , 6c comment il eut la hardicfle de tourner en ridicule les fentimens de Parthenius 6c de fcs dix ou douze adhérans , quoi qu'il ne fût pas moins expofé qu'eux aux extorfions 6c aux violences tyranni- ques de ce £iux Patriarche. Voici les propres termes dont fe fert cet Agent du Clergé de France , je veux dire Mr. de Nointel , dans fa Lettre écrite de Conftantinoplc le ap Septembre 1671., ôcaJrclî'éeà Mr. yîruaud dans le tems qu'il travailloit fortement à fon grand Ouvrage de Controverfe touchant la Pcr- pétifité de la Foi de rEglife Romaine. Cette petite Hilloire cft également curicu- fc 6c utile, comme on le va voir. „ Celui qui étoit l'Auteur de cette Opinion qui rejette la Tranjfubflantiation^ „ ( àlçavoir Corydale) approchoit fort du Calvinifme , comme vous le voicz bien : „ mais vous en ferez entièrement convaincu quand vous fçaurez une hilloire „ dont on m'a afluré la vérité, 6c qu'il ne fera pas mal aifé dejuftifier , com- j, me vous le verrez par les circonftances qui fuivent. „ Les Patriarches de Conftantinople étant obligez de venir tous les ans un „ Dimanche de Carême officier dans l'Eglife de Crifoppii dédiée à la Vierge , 3, 6c fituée à Galata , 6c Parthenius le Vieux fatisfaifant à cette ancienne coû« „ tume, il arriva que Corydale fit une raillerie fort téméraire fur l'Euchariftie. „ Ce fût en parlant à un Religieux qu'il rencontra cherchant de certains poif- „ fons nommez des Seiches , qui fculs font permis aux Grecs pendant le Carc- „ me. Comme il le vit aflez en peine, parce qu'il n'en trouvoit point, il lui „ reprocha qu'il fc fatiguoit inutilement , 6c que s'il vouloit prendre un vieux „ foulier DU PATRIARCHE LUCAR. 75 ^'j.foulier qui étoit auprès de lui 6c le bcnir ,11 fe changcroic en Seiches , aufll „ bien que le pain & le vin après la confccration étoicnc changez au Corps 6c „ au Sang de Jéfus Chrift. „ Le Religieux ne répondit rien ; mais étant retourné au Palais Patriarchal ,avec plufieurs autres, que le Patriarche y avoit menez pour les y trader, il „ demanda a Methodius , à prélent dépofé du Siège , fi la bcnédiétion pouvoit „ faire d'un foulicr un poilîbn , comme la Confécration faifoit du pain 6c du vm „le Corps 6c le Sang de Jcfus Chnft. Mais la réponfe étant que c'écoic une „ impiété de parler de la ibrte , Se une granJe harditfl'e de faire une telle rail. „lcrie en préiencc du Patriarche, le Religieux qui l'avoit fait exprès, afin d'é« „tre entendu , dit que Cvryda/e éioii l'Auteur de cette profanation. „ 11 r.ulîu dans ion deflcin : car le Patriarche étant inllruit de la chofe , s'in« „ forma le lendemain de quelques Métropolitains 6c Officiers qu'il alî'cmbla , „ de ce qu'ils penfoient d'un homme qui auroit tenu un difcours de cette na» „ture?*Leur fentimcnt fut qu'il ne pouvoit être moins que Cahinijie. Il ne faut pas s'étonner que les adhérans de Methodius aient opiné de la for- te , puilque cet Expatriarche étoit l'un des cinq Compétiteurs dont nous avons fait mention ci-dcvant , qui travailloient chez l'Ambaflàdeur de France pour faire dégrader les Grecs Orthodoxes , 6c pour acheter le Patriarchat de Con- ftantinople , en offrant plufieurs Bourfes au Grand Viftr ^ 6c aux Miniflres d'E« tat de la Porte , qui regardoient cet Ambitieux & tous ceux de la Faction , comme des traîtres 6c des perfides , parce qu'ils n'avoient m Religion , ni hon- neur, ni confcience. „ Ainfi, ( ajoijte Mr. de Nointeî) Methodius 8c Tes Officiers firent venir Cory- ,,dale., qui étoit alors dans la Mailon Pacnarchale; on l'interrogea s'il avoit dit „ces paroles dont le Religieux l'accufoit ? 6c parce qu'il le nia en prcfcnce de ,, fon Accufateur, 6c qu'il n'y avoit point de témoignage luffifant pour une en- ,, ticre convuSlion , on i'obiigca feulement défaire un écrit fur ce lujet , par ,, lequel il déclaroit , que fi on pouvoit le convaincre d'avoir avancé une telle ,, profanation, il vouloit fe condamner lui-même à fc retirer de Conllantinoplc. „C'ell: une condamnation qu il n'a pas feulement prononcée , mais qu'il a éxé- ^, cutée depuis par fi retraite dans la Morée , vojant bien qu'il n'y avoit que „ trop de preuves qu'il adhéroit au Calvinifme, „ L'Acte de cette déclara:ion eft infère dans la grande Eglife ; 6c je ferai ,, mes diligences pour l'avoir , afiti que la preuve foie authentique , 6c que vous j.voiez au jufte les termes qu'on a exigez de Corydale j mais quand je ne pour- ,, rois pas l'avoir , il me femble qu'étant appuie fur le récit d'un homme pré- ,, fent , qui a été Pa:riarche, 6c qui m'a tau cette Hilloire par occallon, la vc- ^, rite en eft fjffifammcnt établie. „ Vous connoîtrez encore mieux l'efprit de Corydale quand vous fçaurez qu'il „a étudié à Padoue en Philofophie , fous le premier Régent de rUniverfuc de „ cette Ville , nommé il Cremonim , qui eft mort comme je croi , 6c dont les „ écrits ont été ceniurez par la lacréc Congrégation de Rome. Il ne f^tut donc „pass'éionncr qu'un dilciple inftruit dans cette ccolc fe foie attaché à des opi- ,, nions nouvelles, 6cc. On peut dire , au contraire, qu'il eft foiU étonnant qu'un Eccléfiaftique Grec^ K ave 76 REMARQUES SUR LA LETTRE V. ait perfifté dans la véritable Doftrine de Ion Eglifc , après avoir étudié en Ifa« lie, 8c qu'il ait ofc s'ôppofer à l'Approbation que fon Ritriarche , 8c plufieurs Métropolitains , ioîjtcnus par la Cour de Rome 8c par l'Ambafladeur de Fran- ce , vouloient donner à la Coufi-ffion de Foi erronée de jMelcce Syrigue , 8c qu'il ait poulie les antagomftes du Patriarche Lucar jufques à faire les piquan- tes railleries dont Mr. de Nointel a informé les Doétcurs de Port-Roial dans fa Lettre dont nous venons de donner un Extrait. Sur quoi le Lecteur pourra encore faire trois Remarques très importantes. La première, c'cft que jamais ces fameux Controverfiftes de l'Eglile Galli* cane n'ont produit TAde de la prétendue Rétiacfcation de Corydale , parce que bien loin d'avoir été enregiftrée dans les Livres de la grande Eglile de Con« flantinople, Mr.de Nointel a reconnu dans la fuite, que Corydale n'a point ré. voqué ce qu'il avoit foûtenu en prélence du Patriarche Parlheniiis 8c des Mé- tropolitains qui furent convoquez pour entendre les raifons de cet Eccléfiafti* quej mais au contraire qu'il a toujours foûtenu d'une manière intrépide fes fen- timcns Orthodoxes contre la Tranilubftantiation, tellement que pour éviter les cruelles pcilccutions que lui fufcitoicnt les Grecs Latinijcz les aniagoniiles , li fe retira dans la Moree , oii il a toujours perfifté dans la même Créance que les adhérans du Patriarche Lucar &c des autres Grecs léparez de la Communion de l'Eglile Romaine. La féconde Remarque qu'on peut faire là dellus , eft qu'on ne doit ajouter aucune foi aux témoignages de ces Patriarches Simoniaques 8c de ces Grecs de leur cabale, qui ne font aucune difficulté de donner leur approbation a tout ce qui vient de la Cour de Rome , pourvîi que les Agtns du Papilme leur don- nent de l'argent 8c leur aident à obtenir les Dignitez Eccléfiaftiques pour lef* quelles ils briguent continuellement , en foulant aux pieds tous les Canons de la Difcipline , 6c toutes les régies de l'équitc 8c de la juilice , comme nous l'avons fait voir ci-devant. La troifiéme Sc la dernière Remarque que nous fouhaitons qu'on faflc ici , confifte à faire l'application de cette Relation hiftonque de Mr. de Nointel à un endroit de l'Ouvrage fi célèbre du Miniftre Claude , par lequel il combat la Défenlc de la Perpétuité de Mr. Ârmud , en lui produiiant l'extrait de la Lettre d'un Anglois nommé Bajire qui contient ces termes, je fçai qu'un cer- tain Moine du nombre de ces faux Grecs , a'v oit fait gli£er le terme de Tranlîubltan- tiation dans J a Catécbeje que fat niiie à Confîantinoplc : auffi fut-il pour cela même ccnfuré par les mêmes Grecs. Les Doèlcurs de Port-Roial ont foiitcnu que cet- te Lettre de Bafire étoit faufle , parce qu'il ne démoncic pas d'une manière in- cont( ftable que le Catéchifme de Co;t///« attribué à Grégoire de Chio ait été cen- fuic par les Grecs de Conllantinople ; mais en niant ce fait , ils ne gagnent rien; puilqu'il paroît , 8c qu'on leur prouve d'une manière irréfragable , par la Re- lation de Mr. de Nointel , le plus fameux 8c le plus illuftrc de tous leurs té- moins . que la ConfeJJion Orthodoxe < ainfi qu'ils l'appellent) attnbucc a Mélétius Syrigue qui contient la même Do£trine que ce Cathcchifme , 8c qui cft fi fort vanréc par les Sorboniftcs , 8c par tous les Grecs Luinillz , a été cenfuréc à Conftantinople par tous ceux qui étaient du fentiment de Corydale, èi. qui ré- futèrent de loufcnre au Synode de Moldavie , où Syrigue fût député par les An- tagomftes DU PATRIARCHE LUCAR. yy tagoniftes de Cyrille Lucar , dans le tems que fes ennemis travailloient à faire condamner ft Confeflton de Foi. On verra dans la fuite ce que ces Grecs per- vertis firent pour cela dans un Conciliabule tenu l'an 164.5. ^°"s "'^ Prince mercenaire, oC entièrement dévoué au fervice de la Cour de Rome. LETTRE SIXIEME. De CYRILLE LUCAR P ATRIARCHE de Confiant inople tnvoxcc àt rifle de Rhodes , où il ctoit relégué , à Mr. le Docteur Antoine LEGER Minijire du Saint Evangile ôc Pafteur de l'Eglife Reformée de Pera à Con- ftantinople. Reverendiflîmo mio Signore Léger. PolT: Salutem. D / fcio in fréta ho fcritto puoche righe fignificandoli il lalore di al- cuni che profe£'ano ejfer Tbeologi. Hora qui arivato il mio giovane Mele- tio , mi ha portato la fna , per la quale mt anima .. e mt confola. Ricevo tutto da Voflra Re-ccrentia co- rne da un veto è fidèle fervo d'' Iddio Si- gnore , per gratia fingolare. Le fofire fanie orationimi agiutaran- no fempre in que fi i miel cafi ., li quali in- trepidamente fupporto , confiderando che li averfarii fenza giufiizia , fenza timor d'' Iddio , fenza verita , con reprobo fenfo, è cattiva confcientia proccdono. Jo dunquc ho da temere daquefii fumi- ganti Zocht ? ^tello che Iddio di me do- manda , quello fara non altro. Vedono quefii furbi che non puonno Z'in- cer con la mia vita , £5? mi hanno or dit 0 tanti tradimenti che fcriver-U non puojfo. Mon très honoré Mr Léger, après vous avoir falué. JE vous écrivis quelques lignes d'a- bord que je fus arrivé à C/jio , pour vous faire fçavoir quelle eft la capa- cité de certains prétendus Théologiens. Mon jeune Meletius eft venu ici du depuis , & m'a apporté vôtre Lettre , par laquelle vous m'encouragez 6c me confolez. Je reçois tout ce qui me vient de vô- tre part-, Monfieur , & l'eftime comme une faveur très particulière d'un fidè- le ferviteur de Dieu. Vos prières me feront toiijours d'un grand fccours dans toutes mes difgra- ces , lei'quelies je fupporte d une ma- nière intrépide, en confidérant que le procédé de mes adverfaircs n'eft fondé ni fur la vérité, ni fur la juftice ; & que ce font des gens de mauvaife con- fcience qui n'ont aucune crainte de Dieu , 6c qui font livrez à un fcns ré- prouvé. Craindrai-je donc ces emportez ^ ces furieux que la pailîon aveugle ? Non fans doute ; car il ne m'arrivera jamais rien que ce qu'il plaira à Dieu que je fouffre. Ces Fourbes s'apperçoi vent bien qu'ils ne peuvent pas venir a bout de leurs deflcins pendant que je vivrai ; c'cft K 2 ^itl tb lettres a ^- florien d'cnvoitr dans les Indes un Evêque de fa Communion , ils donnèrent des ordres dans les Ports de mer de leur dépendance , fur tout à Ormus , de ne laifllr paffer dans ks Indes aucun EccU'fiaftique Syrien. Comme ils éroicnt alors les maures de la mer , en ces Pais-là , ils firent fi bien, que Mar-Abraham n'eut aucun fucccfTcurde fa Communion Ce fut alors que Don Alexis de Menefes , Religieux de l'Ordre des Augu- ftins, 6c Archevêque de Goa entreprit de haute lutte des vifites. où il eut kiai- coup de contraJiftions à efluier de la part des Chrétiens indiens .^ quoi (ju'il fût appuie de toute l'autorité des Princes Païens , qui tremblant tous au nom des Portugais , n'étoient pas en état de s'oppoftr à leur cntrcprifc. K 4 Les 8^ REMAR(ilIES SUR LA LETTRE Vr. Les Jcfuites qui avoient depuis quelques années à Faipicota dans le Roiau- me de Cuchin un Collège , oii ils enfcignoient la Langue Syriaque à la jeu- ncfle, fécondèrent courageufement l'Archevêque dans fcs entrepnfes , & l'on peut dire que le changement qui s'ell fait en ce Pais là, leur doit être princi- palement attribué. Après la mort de Mar- Abraham , l'Archidiacre de fon Eglife refta chargé de l'adminiflration du Diocéfe des bides , jufqu'à l'arrivée d'un nouveau Prélat, qu'ils attendoicnt inutilement. Mencfes commença parpropofer à cet Archidia- cre d'anathématiier fon Patriarche. Cela toucha vivement cet Eccléfiaftique. 11 en perdit la couleur : toutefois il diffimula ion reflentimcnt ; car l'Archevê- que lui dit: Signez , Père ^ c'efi un faire le faut. On comprend afllz le feus de ces paroles , qui venoient d'un homme qui avoit la force en main j & l'on voit parla combien eft déplorable le l'ort de ceux qui ont à faire avec des gens qui le gouvernent par de telles maximes Cependant ces pauvres Peuples s'oppofoicnt avec toute la confiance imagina- b!e aux entrepnfes de Menefcs ; ils en vinrent même quelquefois à prendre les armes ; mais on leur faifoit bien-tôt connoître l'inutilité de leurs efforts. Il fal- lut donc iicchir pour un tems: l'Archevêque les fit confentir, au moins en ap- parence , atout cequ'il voulut. Les menaces, les préfens ÔC les care fies ne fu- rent point épargnées. Avec tout cela, rien ne les fcandaliza tant que la Con- firmation. Menefes prêchant un jour en habits Pontificaux, dans la Ville de Paru., de- vant une grande multitude de Chrétiens Indiens , il s'étendit fort fur les pré- rogatives de l'Eglité de Rome, 8c fur l'excellence de lés Sacrcmens. On l'é- couta aficz paiflblemcnt, jufqu'à-ce qu'il vint à exhorter ces Peuples à recevoir la Confirmation. Alors ils fie foûlevérent tous , mettant la main aux armes., {ff di- rent hauiefhent qu'ils ne fie laififcroient pas confirmer ; que leurs Eveques n'avaient jamais fait cela aux Chrétiens, £5? que ce Sacrement n'avait pas été injlitué par ]é- lus Chrirt ; que PAubevêque avoit dejfein de les r«/c/;ï?efclavcs i^ vafiaux des Por- tugais : ils entendaient par là le fiigne de la Croix que FEveque leur fia: fuit avec l'hui- le fur le fi; ont en leur adminifirant la Confirmation ; 13 le loufHct qu^on donne en fiuite, leur paroi Jfioit un figne de fujettion £5? cV captivité. Ils difoient , que fi ceux de Vaipicota avoient eu le cceur afllz lâche & aflez avili pour le \:i\9ii:r fouffletter . pour eux ils ne l'cndureroient jamais Cependant i)/i?«(?/ô' prit de nouvelles mtfurts pour continuer ia Mifîlon dans les Indes. Il fe fît accompagner de plufîeurs Soldats Portugais , & il ne fe hazardoit point iuil parmi les Chrétiens du Pais Dans le cours defcsviGtcs il entreprit beau- coup d'autres chofes : il régloit ks afl'iircs do guerre , il orJonnoit dts fuges, il intiniidoit les Princes Païens ; en un mot , jl faifoit prcfque autant les fon- dions de Capitaine que celles de Prélat. Les ravages qu'il fît de toutes parts obligèrent enfîn les Chrétiens Indiens à fe plaindre aux Rois leurs Souverains des attentats de cet homme contre leur Religion & leur liberté. Il mettoit en oeuvre la violence 5c toute forte de jnoicns obliques pour amener à l'Idolâtrie des Chrétiens qui s'en étoit nt prc- fcrvez jufqu'alors. II reduifoit tome la Religion Chréti-nne à de m:fc!ables chicanes tirées de la Théologie Scholuftique , & c'cft eu ctla que confilte en- core DU PATRIARCHE LUCAR. S^ core aujourd'hui le Chriftianifme de ceux d'entre les Portugais, qui ne font dans leurame, ni Juifs, ni Mahométans. 11 n'cft pas néccflaire de s'arrêter plus long tetns à faire des réflexions fur l'entê- tement opiniâtre que cet Archevêque avoit, à réduire par force des gens qui lui réfiftoiciit de toutes leurs forces, pour fe fouftraire à fa cruelle tyrannie. Il fufïic de dire, qu'il fe rendit fi odieux , dans toutes les Villes de la côte de Malabar ^ qu'on ne pouvoit plus le foufFrir ni le regarder. C'eft pourquoi le Roi de Cochirif & quelques autres Princes , lui ordonnèrent de fortir de leurs Etats, & de cefler d'inquiéter les Chrétiens leurs fujets : mais Menefes leur répondit hautement qu'il n'en ferait rien ; que fa Jurifdiëlion n'éloit point nuifihle à la leur y quil était Fartugais ^ ^ la féconde Perfanne de l'Etat des Indes : que s'il arrivait qu'on le tuât , Dieu rangerait fa mort , fur les Princes qui en feraient les Auteurs , (^ que les Portugais ne manqueraient pas de leur faire rendre compte de fa perfanne. Il parloit quelquefois d'une manière plus hautaine & plus infultante , difanc aux Gouverneurs des Villes où il entroit accompagné de quelque grofle efcor- tQ ^ fi le Rai de Cochin vôtre maître fouffre que je fois maltraité dans fon Pais ^ il s'en refjentira^ ^ fa Majeflé le Rai de Portugal en fera infortnée. Cet Archevêque en ufoit ainfi, parce qu'il avoit remarqué, qu'en matière grave parmi ces Peuples, la raodcftic ôc l'humilité ne produifoicnt pas tant d'effet fur leur cfprit que l'arrogance , lefafte, & la fierté. Voila pourquoi , fous pré- texte qu'il avoit un plein-pouvoir du Pape & la Piotcétion du Vicc-Roi de Portugal , il cxerçoit par tout fa Jurifdiction , fans fc foucier des Gouverneurs, ni des Ordinaires des lieux , avant même qu'ils eufllnt voulu rcconnoître Ci. qualité. C'eft ainfi que cet Envoie du Pape plantoit en cePaïs-là la Religion Romaine, & qu'il n'épargnoic rien pour en venir à bout. 11 donnoit les Or- dres malgré les Evêques Diocéfains , Se il faifoit auparavant abjurer la Religion des Neftoriens à ceux qu'il ordonnoit. Ceux qui prenoicnt les ordres étoient obligez de jurer l'obéïfîîjnce au Pape , & de ne point reconnoître d'auircs Evo- ques, que ceux qui (croient envolez de fa part L'on peut recueillir de cette Hiiloire, que Ménéfes èc les Prélats de la Com- munion de Rome , ont fait aux Nejloriens de grandes violences pour la Reli- gion ; que les Millionnaires , comme gens peu habiles dans la Théologie Orien- tale .^ les ont inquiétez très injuilemenc , 6c qu'ils ont donné par là occafion aux Evêques reléguez 6c cmprifonnez , de dilTimuler pour un tems , comme auflî d'introduire des nouveautez dans leurs Eglifes ; à quoi ils étoient contraints par la violence. C'eft pourquoi nous avons vu que Mar- Abraham aiant été épou- vanté par un Bref du Pape , & encore plus par la crainte qu'il avoit d'être con- duit une féconde fois à Rome & d'y périr malheureufement dans les Cachots de rinquifition , comme Mar-Jofeph fon prédécefleur , abjura de nouveau fa Religion dans un Concile, où le Vice-Roi le contraignit d'aller pour y f^ùre profeffion de celle de l'Eglife Romaine. Mais il ne fût pas plutôt retourné à fon Eglife , qu'il enfeigna le Nefloria- nifme comme auparavant; & il écrivit même a fon Patriarche de Babylone que les Agcns du Papifme l'avoient contraint d'affifter au Synode de Goa. La fuire de cette Hiftoire fait encore paroître davantage les violences qu'on exerça con- L trc 84 REMARQUES SUR LA LETTRE Vr. tre ces Chrétiens pour les réunir à l'Eglife Romaine , ÔC pour les obliger « foufcrire à la Proftfîion de Foi du Pape Pie IV. On peut auffi remargaer dans tout ce que nous venons de dire lîir cet arti- cle , le grand zcle des Chrétiens Orientaux , 6c les grands tftbrts qu'ils ont faits pour défendre leur ancienne Religion contre les attentats de la Cour de Rome 6c du Papifme. Ceux des Indes qui prétendent avoir reçià leur Reli- gion de l'Apôtre Saint T'humas telle qu'ils la profeflbicnt du tems àc Ménéfes^ n'oublièrent rien pour faire connoître à ce prétendu Patriarche , ( muni des Patentes de la Cour de Rome pour les perfccuter comme un autre Saiil en- voie par le grand Sannedrin Antichrétien ^) que leur averfion pour le Culte de l'Eglife Romaine étoit fi grande , qu'ils fe bouchoient les yeux avec les mains à la Mcffe des Latins , quand le Prêtre élcvoit l'Hoftie pour la faire adorer à ceux qu'on traînoit par force dans les lieux où ce Vicaire du Pape faifoit cé- lébrer les Offices 6c adminiftrer les Sacremens avec toutes les cérémonies idolâtres 6c fiiperfi-itieufcs des Papiftes Occidentaux. Ces Chrétiens de Malabar firent aufil paroître un fi grand zélé pour leur Patriarche de Babylone , que quand on leur demandoit , fi le Pape n'étoit pas le Chef de l'Eglife , ils répondoient qu'il étoit le Chef de l'Eglife de Rome, qui eft une Eglife particulière, autrement de l'Eglife de Saint Pierre ^ 6c non de l'Eglife de Saint Thomas^ diftinguant toujours ces deux Eglifes, comme in- dépendantes l'une de l'autre. Ils fe plaignoicnt fortement de l'ufurpation ty- rannique des Papes 6c des cruelles vexations de tous les Evêques Latins^ 6c ils accufoient en particulier Ménéfes leur grand pcrfccutcur , d'envie, d'ambition 6c de mauvaife foi , ajoutant qu'il tâchoit de renverfcr la Religion de Saint T'humas^ pour leur faire embraiVcr la Romaine , afin que par cet artifice il demeurât le maître de toutes les Eglifes 6c de tous les Peuples des Indes Orien- tales, 6c enfin ils proteftoicnt qu'ils ne vouloient obéir qu'au Patriarche de Ba- bylone^ Chef de leur Religion Chrétienne Orthodoxe ^ 6c qu'ils ne la quitteroient jamais pour fuivre les erreurs de celle de Rome 6c les abominations dans lef- quclles tout le Papif/ne cii plongé fous la Jurifdiétion tyiannique de la Monar- chie des Papes Antichrétiens , qui violent impunément toutes les Loix Divines 6c humaines pour fubjuguer tous les Peuples, 5c tous ks Monarques, 6c pour établir leur Empire ablolu dans toutes les parties du monde. Voila quelles font les rsaximes de la Cour de Rome, 6c celles de fon Clergé 8c de fes Emillhires , quand ils peuvent trouver des occafions 5c des prétextes favorables pour détruire tous ceux qui s'oppofent à leurs pernicieux difleins; comme fit le Patriarche Lucar , dont l'cmpnfonnement Se l'exil , nous ont don- né lieu de faire ces Remarques , touchant les moiens injulles 6c violens dont les Papiftes fo font fervis pour dégrader ce Saint Prélat , dans la Turquie , comme le faux Patriarche Menefes 6c les Jéfuites dégradèrent , dans les/W^.f, les Evc^ues Mar-Jofeph 6c Mar- Abraham .^ par ordre du Pape, qui n'avoit aucune Jurif. diélion fur eux , non plus que fur les autres Prélats de l'Orient ; que Us Mdfion-. naircs de l'Eglife Romaine ne cefl'ent de perfccuter, comme on le verra encore plus amplement dans la fuite de cet Ouvrage. LETTRE DU PATRIARCHE LUCAK. «î LETTRE SEPTIEME. De CYRILLE LUCAR PATRIARCHE de CONSTANTINOPLE» à Mr. Antoine LEGER Miniftre du Saint Evangile, 6? Pafieur de l'Eglife Réformée de Fera , à Conjîantinopk. Revercndinimo Signore Lcgcr. Poft falutem. HO molto bene letto il trattato fuo di Euchariflia, i-olgare ^ daJeiman- dato-mi , i moite cofe nicejfarie da quello copiât 0. ^iel mi ha datu gran Itice , è Foftra Re-verentia far a opéra di gran merito ap~ preffo Iddio -, fe lo fara flampare , con quel altro délia Mêtuofiofî , t fe gU pla- ce jo fîeffo lo tradurio anco in lingiia Gre- ca corne Fojira Reverenîia rhai:era ordi- riato. Ch h mando dunque per il mio giova- /le Meletio , per che credo non ha altro ejfemplare , c defiderofapere de lei fe qnef- to ha vijio il Coreffi , homo Icviffimo é di granprefuntionc , che mifervira ajfai fuperlot fe per cafojo andava in Scio nel- lufcita. di qui. Di pin hahia à fapere che mile lettere (he jo fcrive-va à Pojira Révèrent ia quel- le che fono da quelU Traditori intercette fcrrceva è dimandavo falutione d''un dubio che ho queléquefio. Légende VEpifloh di S. Giacobo , Mon très honoré Mr. Léger, après vous avoir falué. J'Ai lu avec beaucoup d'attention vôtre Traité de VEuchariflie , écrit en Langue Vulgaire , depuis qu'il vous a plû de me l'envoier : &; j'en ai copié pluficurs chofes très néceflai- res. Il m'a donné de grandes lumiè- res , & ce fcroit une œuvre très agréa- ble à Dieu , fl vous le faifiez impri- mer avec cet autre Ecrit de la T'ranffub- flantiation. Je le traduirai moi-même en Langue Grecque fi vous y confcn- tez , d'abord qu'il vous plaira de me l'or- donner. Je crois que vous n'en avez point d'autre Exemplaire , c'efl: pourquoi je vous le renvoie par mon jeune Meletius : Se je fouhaiterois bien de fçavoir fi Corefftus , cet inconftant Sc ce petit génie , qui préfume tant de lui-même , a vu cet Ouvrage : car fi par hazard , j'allois à Chio ^ en fortant d'ici , il ne me fci.i pas inutile d'en être informé ; (parce que j'y rencontrerai ce pcrfonnage.) De plus, je dois vous faire fçavoir, Monfieur, que dans les Lettres que je vous écrivois, &: qui ont été intercep- tées par ces traîtres, je vous dcmandois l'éclairciflcmcnt d'un doute que j'ai , ôcen voici le fujet. En lifant l'Epîtic de Saint Jaques L a icdo 8^ LETTRES A vedo che nel fecondo Capitolo parla con- j trafan Paolo , de Jufticia fidci. Ne mi ■par confcntir con lui , dove dice , «/Sgjn»^ Ohra queflo ho notât o che fan Jacobo fcrivendo aile 12,. Tribu -mii ci ^x,rm^, non predica il Myfterio (^(?//'Incarnatio- ne , ne di quello piinto fi ricorda. Anzi del Nome di Jclu Chrifto à pena fa mentione una 0 due volte , èfredamente , ma délia Dottrina e del Myfterio nada , corne Vannofatto gli altri ; folo à la mo- ral itâ attende, (a) E' ptioi nonfo chifia quefto Giacobo , perche non truovo altri che diioi Giaco- bi : uno il fratello di Gioanni , che nelli Atti C. IX. fil da Herode trucidato \ Valtro Giacobo di Alfco. Truovo un altro Giacobo Fratello del Signorc, Gai. i. v. 19. Duoi Giacobi fono ftati difcepoli : è dubito che quel Giacobo d'Alfeo non fii quel che c frater Doinini. (Z-) Non lo pHoffo dichiarare non haz'endo Rpprefto di me quclli autori che 'mi potef- fero cfplicare il dubio. Con primo ficuro vcnira noftio huomo attendero fua rif poftil. E per fine prcgbo Iddio hcnedetto che confervi Voflra Révèrent ia in btiona fa- NECDOTES je trouve , que dans le chapitre fécond, il parle contre Saint P(T«/, touchant /« Juftificationpar la fui : & il me femble qu'il ne s'accorde point avec cet Apô- tre, dans l'endroit oii il dit, Abraham nôtre Père n'a-t-il pas été juftifié par les œuvres ? Outre cela j'ai remarqué, que faint Jaques ^ en écrivant aux douze Tribus qui^ font difperfées , ne leur annonce point le Myftére de l'Incarnation j mais au contraire qu'il le met tellement en oubli qu'à peine fait-il mention , une ou deux fois , du Nom àejéfus Chrift : 6c cela même avec tant de froideur, qu'il ne dit pas un mot de ce grand Myftére , que les autres Apôtres ont prêché ; car il ne s'attache qu'à mo. ralifer. ( a ) D'ailleurs, je ne fçai point quel eft ce Jaques , car je n'en trouve que deux qui portent ce nom : l'un cft ce- lui (\\i'Hérode fît mourir par l'épée , comme il eft écrit au la. Chapitre des Aétes des Apôtres , à fçavoir Jaques frère de Jean ; l'autre eft Jaques fils ài'Alphée. Je trouve un autre Jaques frère dii Seigneur , dont il efl fait mention au 19. verfet du premier Chapitre de l'Epître aux Galates. 11 y a eu deux Jaques Difciples de Jéfus Chrift : 6c je doute bien que celui qui eft fils à'Alphée , ne foit le même que celui qu'on nomme le frère du Seigneur. (b) Je ne puis pas, néanmoins, me dé- terminer entièrement là-deflus : parce que je n'ai pas ici auprès de moi les Auteurs qui pourroient m'expliquer ce doute. J'attendrai donc la réponfc qu'il vous plaira de m'envoicr fur cela, d'a- bord que mon jeune homme pourra ve- nir en lureté. Je finis en priant le Seigneur Dieu , à qui appartient toute bénédiétion , nita , DU PATRIARCHE LUCAR. g/ Mita , è profperita. Di Rhodi alli *,' Guigno l6^f. £>i Foftra Reverentia , AffeiSionatiffimo Fratello in Jefu Chrifio. CTRILLO PAtRIARCHA. qu'il vous confervc en bonne fanté & profpéritc. De Rhodes h ** Juin 1635". Je fuis , Monfieur , avec beaucoup d'eftime , vôtre très affeiiionné Frère en JeTus Chrill, CYRILLE PATRIARCHE. Hette Lettre a été mife en Original comme les précédentes dans la Bibliothèque de rUniverJité de Genève , fous le Numéro XXIII. REMARQ^UES SUR LA LETTRE VIL DU PATRIARCHE LUCAR. -(a) y ai remarqué ^ dit Cyrille Lucar , que Saint Jaques en écrivant aux douze Tribus qui font difperfées , ne leur annonce point le Myftére de l'Incarnation ; mais au contraire , qu''il le met tellement en oubli , qu'à peine fait-il mention um ou deux fois du Nom de Jéfus Chrift : i3 cela même avec taM de froideur ^ qu'il ne dit pas un mot de ce grand Myfiére , que les autres Apôtres ont prêché j car il ne s'attache qu'à moralifer. LEs plus célèbres Auteurs qui ont parlé de l'Epître Catholique attribuée à l'Apôtre faint Jaques , ont douté qu'elle fût véritablement de lui , pour les mêmes raiibns que le Patriarche Lucar infinuc dans fa Lettre à Mr. Léger ^ en lui demandant fon avis hà-defllis. Nous nepou vons pas fçavoir quel, le reponfe ce Miniftre lui fit : mais il y a néanmoins lieu de préfumer , qu'é- tant fort bien verfé dans la connoiflànce des Saintes Ecritures , & de tout ce que les plus habiles Critiques ont mis au jour fur cette matière, il n'a pas man. que de lui citer les principaux paflages des premiers Hiftoriens du Chnftianif. me, qui ont déclaré quelle étoit leur opinion touchant cette Epître , & fur tout ce qu'en a dit Luther^ & ce qui lui a été objcfté par fes Antagoniftes , au com- mencement de la Réformation , Se dans la fuite â tous les Reformez , par les Controverfiftes de l'Eglifc Romaine Un des plus fameux a été, fans contredit, hlonCicur T Evêque de Aleaux , qui fait un reproche très fanglant à Luther dans le 5 Livre de Ion Hiftoire des Fa- riations au Numéi-o 48. en ces termes. „ Luther , ce hardi Reformateur , re- „ tranchoir du Canon des Ecritures tout ce qui ne s'accommodoit pas avec Çz% „ penfces, & c'tft à l'occafion de cette Onûion , qu'il écrit dans fon Livre de „ la captivité de Babylcne , fans aucun témoignage de V antiquité ; que l'Epître de „ Saint Jaques ne paroît pas digne de l'cfprit Apoftolique , ni par confequcnt „ être l'ouvrage de cet Apôtre à qui on l'attribue maintenant. L 5 Nous m aEMARqUES SUR LA LETTRE VU, N©iws ji©tt>f©«s iXm à €©«p iiàr, ^at eette ©bftrvaiie» de Mr de M(?«»?« eft tr>?; f<*Wli^^ Oft «'a ^tt'à !* comparer »we ee qui « été éerii par Ofigém , plu» geuKs fiiccles a\"ane Luitikm dans le Traité a i . lur i'f^i»/ ^?(!»« , où ec fameux Doilcur d'Alexandrie, qui naquit au commencement du 5. ficelé , déclare très expicfl'ment que plujïeurs fidèles réjetloknt cette Epitre. Eufehe dit quelque cho. fe de plus fort que tout cela , dans le fécond Livre de fon Hiftoirc Eccléfia- ftique, en allurant c\\i'il y avait peu d'anciens qui en eiijfent fait mention. Et Saint 5^(?rc;«e après lui rapporte dans fon Traité des Auteurs Eccléfiaftiques , que /V« affuroit , que ce n'était pas V Apôtre Saint Jaques , mais un certain autre , qui Va- •voit écrite fous (on nom , bien que peu à peu , avec le tom elle eut été reçue (^ au- tarifée. M'^bitaker dans fa réponfe à Duraus Jéfuite Ecoflbis , prouve fort au long que l'Epître de Saint Jaques fut fufpeftc à bien des gens dans l'ancienne Eglife. La grande Critique du célèbre Richard Simon, touchant les Livres Canoni- ques de l'Ancien & du Nouveau Teftamcnt , fournit plus de preuves qu'il n'en faut pour démontrer , que les fçavans Théologiens Sc les autres Doélcurs, tant anciens que modernes , ont tenu le même langage que le Patriarche Lucar , quand ils ont parle de l'Epître de Saint Jaques, 6c de l'Epître de Saint Jude , qui a auHî été mile au rang des Ecrits Apacripbes par divers Chrétiens depuis qu'elle a commencé de paroî^re, jufqu'à préfent , quoi qu'elle ait été mife dans le rang. des Livres Canoniques par Saint Athanafe , Saint Jérôme , Saint Grégoire de Nazianzc , 6c long tems auparavant , par le Synode de Laodicée , 6c enfuite par divers Conciles des Grecs 6c des Latins. Mr Juricu , fuivant les traces des plus habiles Théologiens n'a point fait difficulté d'étaler les principales difficultez qu'on peut faire contre cette dernière Epître Catholique , dans fon Hiftoire Critique des Dogmes ^ des Cultes bons (^ mauvais, publiée l'an 1704. Il fait remarquer fur le contenu de cette Epître, que le Combat de Michel F Archange contre le Diable , touchant le corps de Aîoife, n; fc trouve que dans des Livres Apocryphes. Origcne dit auffi , com- me robferve fort bien Mr. Jurieu , que cette Hiiloire eft tuée d'un Livre qui s'appelloit V Jfcenfion de Meife j qui étoit un Ouvrage plein de rêveries 6c de fables. Mais ce qui eft encore plus étrange, c'eft que l'Auteur de cette Epître at- tribuée à Saint Jude, reçoit évidemment comme véritable la Fable des Anges, qui avoient couché avec les Filles des hommes avant le Déluge , d'oii étoient venus les Geans. Car il dit au verfet 7. ^le les Filles de Sodomc (^ de Gomarrhe s''étoicnt laij/ees aller à la même paillardife que ceux-là , fçavoir que les Anges, dont il venoit de dire qu'ils n'avoicnt pas gardé la pureté de leur origine , 6c qu'ils avoient abandonné leur domicile. 11 attribue aux Anges d'être tombez dans le même crime que Sodomc 6c Gomorrhc , qui eft de s'être détournez après une nuire chair, &: d'avoir commis paillardife. Cela fait foupçonner à quel- ques Théologiens que l'Auteur de cette Epître n'a pas été Saint Jude , mais quel- ques-uns de ces premiers Chrétiens pleins de zélé 6c de piété , 6c qui avoient un peu trop de Foi pour ces pièces Apocryphes, qu'on trouvoit en fi grand nom- bre dans ce Siccle-là. Mr. Juricu ne prétend pas , nonobftant toutes ces difficultez , que cette Epî- tre DU PATRIARCHE LUCAR. tre foît Apocryphe , & on peut dire la «jémc choie de ecUc de S»int J^fites , mais on ne fçauroit pourtant mettre au nombre des Livres Canoniques plu- fieurs écrits fort anciens, qui ont été attribuez aux Apôtres, & aux Evangé- liftes: non feulement par des gens idiots & trop crédules; maii auflî par des Théologiens d'une grande réputation , qut ont tu le fom de confcrvcr autrefois , avec les Livres Sacrez , plufieurs Ouvrages qui font aujourd'hui mis au rangde» pièces fauflément atrnbuées à ceux dont elles portent le nom. Ceux qui auront la curiofité de voir ce qu'il y a de plus important fur cette matière , trouveront dequoi fe contenter par h lecture d'un leul Volume de mille pages in 8. qui a pour titre, /?ff«(?/7 des Livres Apocryphes du Nouveau Te- Jlament ^ corrigé (jf accompagné de témoignages , de cenfiires^ i^ de remarques .^ par Jean Albert Fabrice DoReur en Théologie , ProfeJJeur (^ Retteur du Collège à^Ham~ bourg l'an IJOT,. La Compilation de cet Ouvrage a été faite avec une très grande exactitude, & accompagnée des jugemens qu'ont portés les Sçavans en divers tems de tous les Ecrits qui ont paru manufcrits , ou imprimez , fous les difterens noms des Auteurs Canoniques. Le Sçavant Théologien, qui a pris la peine de faire ce grand Recueil , y a inféré les Titres & les Fragmens d'une cinquantaine d'E- vangiles difterens, dont quelques uns des plus rares & inconnus, font mis tout du long dans ce Volume, de môme que plufieurs Epîtrcs & autres Ouvrages attribuez aux Apôtres & aux Difciples de Jéfus Chrift. Il n'eft pas étonnant après cela , que le Patriarche Lucar fe foit trouvé cm- barraffe iur le jugement qu'il devoit porter touchant l'Epître de Saint ^'^^'-'^j, qui lui ftmbloit indigne d'un Apôtre , non feulement parce qu'il n'y eft fait aucune mention des grands Myftéres qui font contenus dans les Epîtrcs Cano- niques, dans les Evangiles , & dans les Actes des Apôtres; mais aulli, parce que l'Auteur de cette Epître femble n'attribuer la Juftiftcation des fidèles qu'aux bonnes œuvres , & contredire formellement l'Apôtre Saint Paulqui ne l'attribué qu'à la foi toute feule. L'éclaircillcment que le Patriarche Lucar demande là-deflus roule fur une manére qui a été fort agitée dans l'Eglife , & fur tout parmi Us Latins , depuis le commencement de la Réformation, & qui apparemment le fera encore long tems, malgré tous les efforts des Thcolog,icns. 11 s'ag:t d'accorJcr Saint Ja- ques & Saint Paul fur la matière de la )uftihcation , au fujtt de laquelle ils paroiftent fi contraires, qu'il femble qu'ils aient avancé des propolitions tout à fait Gontradiétoires , Saint /•î'w». il n'a pas voulu dire que les œuvres fuflent la caufe principale & méritoiie de nôtre Juftification j puifqu'elle n'clt proprement duc, qu'à la mifcricorde du Pcre , 8c aux mérites de la mort du Fils; mais que les œuvres nous juftifient entant qu'elles font la condition que Dieu exige de nous fous l'Evangile, pour être juftifiez, c'eft à dire, pour obtenir la rémiffion des péchiz, aquife par féfus Chrift. L'^^uteur entrepend enfuite de prouver cette Doétrine , premièrement par divers autres paflagcs de l'Ecriture, dont les uns parlent en général des bonnes œuvres , de la piété , de la fainteté , de l'obéïflance , comme d'une condition nécellaire , pour être agréable à Dieu par rapport au falut , c'eft à dire pour être juftifié; les autres prcfcrivent certaines œuvres particulières , comme abfolu* ment néceflaires à la Juftification ; comme font tous ceux qui parlent de la re« pentance 6c de l'amendement de vie. Qiie fi on demande à ce Doéleur , quelle eft donc l'cfticace de la foi pour la Juftification , puifqu'elle eft attribuée aux œuvres? Il répond que cette foi .dont l'Ecriture fait de fi magnifiques éloges, & à laquelle elle attribué tant de merveilleux eftcts, fur tout par rapporta la Juftification, n'cft pas une vertu parti- culière Se unique , mais qu'elle renferme en foi tous les devoirs du Chriftianifme. Qiie par tout où elle eft confidérée comme une fimple vertu , diftinéle & fé- parée des autres, tant s'en faut que le Saint Efprit l'élève au dcflus de toutes les autres vertus , qu'il ne lui doruie au contraire que le iroifiéme rang , éle- vant l'Erpéiance & la Charité, ou l'Amour, au delllis d'elle. Que fi la Foi a quelque avantage fur les autres vertus , ce n'^ft que parce qu'elle en eft com- ine le fondement £c la mère; non qu'elle les produile néctftàirement , mais parce qu'elle cft toute propre à les produire. Ce Doétcur lâche de prouver en fécond lieu la Juftification par les œuvres, par l'idce même que nous avons de ce mot de Juftification , qui renferme un Juge, un Client, & une Loi Le Juge c'eft Dieu , le Client c'eft l'homnve pécheur, la Loi c'eft celle que Saint Jaques appelle la Loi de Liberté , parlez. 6? ^'g'JJ'<^z^ dit cet Apôtre , comme des gens qui doivent être jugez par la Loi de liberté. Elle eft appellée Loi de Liberté , parce qu'elle nous délivre; i. du joug des cérémonies de Moife ; 2. du reat 6c de la peine du péché; 3. 6c principa- lement , parce qu'elle nous arrache à la force 6c à la tyrannie de la corruption, au joug de laquelle ont refté allujettis tous ceux qui ont demeuré fous la Loi Moiaique , fans efpcrance d'en être délivrez. C'eft cette même Loi , qui cft appellée \a.Loi Roiale, par cet Apôtre, c'eft à dire la Loi de Jéfus Chrift nô- tre Roi. 11 prérend que cette Loi eft la même que celle du Décalogue, à fçavoir, la Loi Morale perfcdionnée par Jéfus Chrift ^ non feulement par des explications plus claires 6c par des préceptes plus txafts , maisauftl parce qu'il porte efficacement les hommes à la pratiquer tant par les fecouis extraordinaires de fa grâce, que par les grandes promefles qu'il y a ajoutées. Le DU PATRIARCHE LUCAR. 91 Le troifiémc argument du Docteur^»//, pour la Juftification par les œuvres, cft tiré de la nature même de la Foi, à laquelle les Théologiens attribuent d'or- dinaire trois aftcs , la connoiflance , le confentement , 6c la confiance , & dont aucun , félon l'explication qu'en donne cet Auteur , n'a une liailbn néccûhirc avec la Juftification. La connoiflance fe trouve dans les Reprouvez ; & fi Ca- ineron en attribue une particulière aux Elus , qu'il prétend être efficace & fa- lutairc par elle même , il a été fuffiiamment réfuté par Epfcopius ^ dit le Do- ftcur Bull ^ 6c condamné par les Synodes de Dordrecht, d'Alez , 6c de Cha- renton. Le confentement fimple ne peut pas non plus juftifier, puifqu'il fe trou» vc dans les réprouvez 6c même dans les Démons. La chofe cft plus difficile à l'égard de la confiance , fur tout parce que les Théologiens ne fc font pas tous expliqué de la même manière fur ce fujet ; 6c qu'il y en a qui l'ont étrangement embrouillé. Cette confiance eft ou con- ditionnelle, ou abibluë. La conditionnelle fe trouve dans tous ceux qui croient la Religion de Je fus Chrift véritable , 6c qui pourtant ne font pas tous juftifiez. Il y en a au contraire plufieurs, qui après avoir écé convaincus delà vérité de l'Evangile, 6c pirluadez que celui qui en obfervera les préceptes, jouira des biens infinis qu'il promçt , ne peuvent pourtant fe réfoudre à abandonner leurs paffions , pour obéir à l'Évangile 6c fc mettre en état de jouir du bonheur qu'il promet. 11 rcfte la confiance abfoluë , par laquelle quelqu'un croit que fes péchez lui font aéluellcmcnt pardonnez , fans être fufpendu par aucune condition. Mr. Bull accufe prefque tous les Théologiens Réformez , qui ne font pas Anglois, d'établir cette confiance comme l'Acte formel de la foi juftifiante. 11 eft vrai qu'il y en a plufieurs , qui fe font expliquez allez obfcuréraent fur ce fujet ; mais il y en a auffi, fur tout parmi les Modernes , qui ont fi bien développé cet- te matière, qu'il femble qu'il n'y ait rien à ajouter : tels Ibnt entr'autres, Mr. yurieuy dans fa Réponfe au Renicrfemcnt de la Morale de Mï.Jîrmud , 6c Mr. Claude dans fon Traité de la Juftification. Pour revenir au Docteur Bull , il prouve que cette confiance abfoluë ne peut être ni l'Aétc principal , ni même un Aétc de la Foi juftifiante ; parce que perfonnc ne peut être abfolument afiuré de fa juftification , qu'il n'ait exé- cute auparavant tout ce qui eft requis pour être juftifié, 6c qu'il n'ait par con« fequent déjà été juftifié, d'oii il s'enfuit que la confiance abfoluc n'cft pas l'ac- te de la foi juftifiante; mais une fuite de la juftification. Car comment, dit l'Auteur, le Chrétien peut-il être afluré de fa Juftification, s'il n'a exécuté les conditions requifts dans l'Evangile pour être juftifié.? Eft-ce par une révélation particulière, différente de la révélation Evangelique .? Mais ce feroit établir un enthoufiafme ridicule. De plus , ou cette ptrfuafion eft contraire à l'Evangi- le, ou elle lui eft conforme; fi elle lui eft contraire, elle cft faufle, fi elle lui cft: conforme , on retombe flans la première abfurdité , puifque perfonne ne peut être afluré de la rémiffion des péchez par l'Evangile , s'il n'a rempli les conditions que cet Evangile impofe pour l'obtenir. En un m.ot, félon ce Doc- teur, ni la confiance conditionnelle , ni l'abfoluë , ne peuvent conftituer l'ef- fence de la Foi juftifiante , puifque l'une £c l'autre fe trouvent dans les Ré- pic'ivez. M Le pi REMARQUES SUR LA LETTRE VU. Le quatrième argument de l'Auteur pour la Juftification parles œuvres, cft tiré de la manière dont Dieu jugera les hommes au dernier jour. Tout hom- me , dit-il, eft juftifié en cette vie, de la même manière, dont il fera jugé au dernier jour; or il fera jugé par les oeuvres & non feulement par la foi ; donc il eft juftifié en cette vie par les œuvres. L'Auteur prouve la Majeure & la Mineure de cet argument dans tout le Chapitre V. de fon Ouvrage. Le dernier argument de ce DoÊteur eft tiré de la confellîon implicite des Théologiens contre lefquels il difpute. Les Théologiens Réformez ont deux hypotefcs. La première, que la Foi qui juftifié cft vive , c'eft à dire fertile en toutes fortes de bonnes œuvres La féconde , que les bonnes œuvres font abfolument néceflaires pour être fauve. Selon la première de ces hypothcfcs, toute la diftcrence entre ces Théologiens 6c le Dofteur ^7///, confifte dans cet- te fubtilité métaphyfique , fi c'eft la foi qui eft vive qui juftifié , ou fi c'eft la foi entant que vive, fubtilité dans laquelle le peuple n'cft guères capable d'en- trer. On ne peut s'empêcher de rire, dit ce Dofteur , quand on lit cette pro* pofition dans des Auteurs graves : fides fœta bonis operibus jujiificat ante farttim j la foi grojje de bonnes œuvres juftifié avant que d'en avoir accouché. Après tout, ajoute cet Auteur , quand on a une fois enfcigné que la Foi eft le leul inftru- ment de la Juftification , fic.que les bonnes œuvres n'entrent pour rien dans cet Ade , vous a^rez beau forger tant de diftinétions que vous voudrez; vous ne perfuadcrez jamais à un homme imbu de cette maxime , qu'il lui foit néceflaire , ou pour être juftifié , ou pour être fauve , de faire de bonnes œuvres. Qiiant à la féconde hypothéfe , que les bonnes œuvres font néceflaires pour obtenir le falut; l'Auteur en conclut auflî qu'elles font donc néceflaires pour être juftifié ; puifque par la Juftification on aquicrt le droit au falut , 6c à la vie éternelle. La féconde Diflertation du Do&eur Bull eft faite pour concilier Saint Ja- oues avec Saint Paul , qui dit expreflement , au 3. chapitre de fon Epîlre aux Romains y (\\it rhom?ne eft juftifié par la Foi ^ fans les œuvres de la Loi. L'Auteur réfute d'abord l'opinion de ceu>; qui ont prétendu, que Saint Jaques ne. vouloir parler que de la Juftification devant les hommes, £c Saint Paul ., de la Juftifi- cation devant Dieu. La principale raifon qu'il en allègue , c'eft que fi Saint Jaques parloit de la Juftification devant les hommes , il auroit dit , non que l'homme eft juftifié non feulement par la foi , mais auffi par les œuvres : mais que l'homme eft juftifié par les œuvres & nullement parla foi: puifquc la Foi étant une habitude de l'amc qui ne fe voit point ; elle ne peut être reconnue des hommes, que par les fruits extérieurs qu'elle produit. D'autres ont crû que Saint Jaques parloit d'une foi faufie& morte, & Saint /•««/ d'une foi vive & opérante par 1 amour. Le Dodeur Bull réfute cette féconde cxpofition par le même argument par lequel il a réfuté la précédente. Saint Ja- ques ne dit point que la foi ne juftifié pas ; mais qu'elle juftifié , & que les œu- vres juftifient auflî: or il eft faux que la foi morte juftifié, de quelque manière que ce foit. 11 y en a qui diftinguent entre la première & la féconde Juftification^ La pre- mière , c'eft à dire , le commencement de la Juftification , n'eft due qu'à la feule DU PATRIARCHE LUCAR. 95 feule foi ; la féconde , c'eft à dire fa continuation & fa perfection eft auflî le fruit des œuvres Ceux de la Communion de Rome approuvent cette diltin- étioncn l'expliquant de l'infufion de la Jufticc. Il y a des Réformez qui ne la rejettent pas; en prenant la première Juftification , pour la première entrée de l'homme dans la participation à la faveur 6c à l'amour de Dieu. Le Dofteur Bull croit que les Théologiens qui adoptent l'opinion de l'Eglifc Romaine (c trompent , parce qu'ils attribuent au mot de juftificr un fens qu'il n'a point dans cette difpute. Il me aux féconds , que l'homme puiflc entrer dans la faveur 6c dans l'amour aétucl de Dieu , avant que d'avoir fait de bonnes œavres. Il avoue pourtant que les œuvres, qui précédent la Juftification , font moins parfaites £c en plus petit nombre que celles qui la fuivent. Enfin , l'explication des uns & des autres eft contraire & au but de Saint Ja- ques , 6c à celui de Saint Pa^d. Au but de Saint faques , puifquc bien loin d'accorder le droit de la première Juftification à k foi , il la regarde, au con- traire, confidérée en elle-même 6c féparément, comme une chofc vaine , inu- tile 6c morte. Au but de Saint Paul ^ puifque cet Apôtre exclut abfolunient Sc fins limitation, non feulement de la première 6c de la féconde Juftification, mais même entièrement du falut, les œuvres dont il veut parler. La dernière opinion eft celle du fameux ^o/?/?' de la Place ^ qui concilie Saint Jaques avec Saint Paul ^ en difanr, que nous ferons accufez principalement de deux chofes devant le Tribunal de Dieu ; la première , que nous fommes pé- cheurs ; la féconde, que nous n'avons pas obfervé la condition de l'Evangile, qui eft la foi. Nous ferons juftifiez de la première accufition par nôtre foi, 6c de la féconde par nos œuvres. Mais, dit Mr. BulU ce Théologien fe trompe & dans la Théfe 6c dans THypothéfe. Dans la Théfe , en fuppofant que la foi remplit toute la condition de l'Evangile , 6c que les œuvres ne doivent être confidèrées que comme des preuves £c des marques de la foi. Dans l'Hy- pothéfe, en ce qu'il fuppofe que Saint Jaques ne regarde les bonnes œuvres néceflaires que pour cette féconde Juftification; 6c que Saint Paul regarde ia foi comme fuflilante pour la première; deux propofitions , dont il prétend dé- montrer ab'blumcnt la fauflcté. Après avoir rt'futé les autres Théologiens fur la manière de concilier Saint Jaques avec Saint Paul , il vient à l'expofition de fon fentiment. 11 luppofe d'abord, que faint Paul doit être expliqué par Saint Jaques, Se non Saint J^z- qucs par Saint Pa/d : non feulement parce que les paroles de Saint Jaques lont claires, évidentes 6c fufceptiblcs d'un icul fens; mais auflï parce que fon Epi- tre, de même que la première de Saint Jca}i , celle de S.iint Jucle , 6c la fé- conde de Saint Pierre, ont été écrites contre de faux Doétcurs , qui abufoicnt des Epîtrcs de Saint Paul , pour défendre leurs erreurs. A l'égard de Saint Paul ^ l'obfcurité de fa Doétrine ne peut procéder que de ' l'ambiguité de l'un de ces trois mots, Juflification, Foi, Oeuvres. L'ambigui- té du premier mot a c'tè ôtée dans la première Diflcrtation, oij l'Auteur a fait voir, que par la Juftification Saint Paul entend l'Acte par lequel Dieu , en qualité de Juge.abfout l'homme innocent, le déclare jufte, 6c lui donne droit à la vie éternelle. Pour ce qui concerne la Foi , le Doèlcur ^«//prétend , que dans le Difcours M 2 àc 5>4 REMARCIUES SUR LA LETTRE VU. de Saint Paul on ne doit point la prendre pour une vertu fimple & unique , . mais pour toute la condition de l'Alliance Evangélique , qui renferme par con. féqucnt toutes les œuvres de la piété. Dans le iVile de Saint P««/, la Foiopé* rante par la charité, la nouvelle créature , l'obfervation des préceptes de Dieu , font des termes Synonymes . comme cela paroît fi l'on compare les trois parai, lelcs citez par le Doéttur Bull ., à fçavoir ce que Samt Paul dit aux Galat. v. 6. & VI. 16. \.Corintb. vii. 19. 8c i Corinlh. xiii. Il paroît que Sz\t\\ Paul lui-même fait entrer les œuvres dans la Juftification , quand il dit que ce n'cft pas ceux qui entendent la Loi, qui font juftes devant Dku, mais que ce font ceux qui mettent en éxecution la Loi qui feront juftificz , ce qui prouve que par la Foi , il entend toute la condition Evangélique. Mais d'où vient cette manière de parler qui dans le langage de Saint Paul femble n'attribuer la Juftification qu'à la Foi toute feule } C'eft parce que la Foi eft le commencement & la racine de toute la Tufticc Evangélique , fans laquelle aucune vertu ne peut être falutaire , & qui produit toutes les vertus, fi l'on n'empêche , ou fi l'on n'arrête fon efficace. Outre cela , Saint Paul a bien voulu le fervir du mot de Foi plutôt que d'un autre , pour exprimer toute l'obeifl'ance Evangélique; afin d'en faire voir la facilité, Se d'en exelurre le mérite; car ce mot de Foi renferme prefque en foi-même l'idée de grâce. En eflTet , elle fuppofc une révélation & une vocation de la part de Dieu, qui précède toute obéiflance delà part de l'homme. D'ailleurs elle exclut le mé- rite, parce qu'elle fuppofe des promefles de la part de Dieu, qui portent l'hom- me à l'obéiflance d'une manière forte Sc efficace , & parce que cette Foi a fon rapport à une promeflè gratuite , 6c à une récompcnfe qui n'eft dûë qu'à la grâce de Dieu qui l'a promife. Toutes ces raifons font appuyées de plufieurs paflàges de l'Ecriture Sainte , que nous ne rapportons pas ici pour éviter la pro. lixité dans cette explication. 11 refte à fçavoir ce que Saint Paul entend par les œuvres , qu'il excluddes caufes de la Juftification. Pour le bien comprendre il faut fçavoir le but qu'il fe propofe, & les ennemis qu'il a à combattre. Les Juifs s'etoicnt imaginez que l'Evangile étoit diamétralement oppofé à la foi , ce qui empèchoit plufieurs d'entr'eux de l'embrafler. Ceux qui ne purent réfifter à l'evidcnce de l'Evan- gile voulurent pour la plijpart retenir les obfervations de la Loi, par le refpeft qu'ils avoient pour Moifc , & y obliger même ceux des Paiens , qui avoient fait profeffion de la Religion Chrétienne. Cela excita des difputes, qui furent heureufement appaifces par les fages dtcrets du Concile de Jérufalem. Mais elles ne le furent que pour quelque tcms. De faux Dofteurs , qui ne cher* choient que leur intérêt , les renouvellérent bien-tôt après , & les Eglifes de Rome & de Galatie , furent particulièrement expoféesàces difputes. Cela obligea Saint Prt/// d'examiner f.v/);^o/'f^ , l'ongine , la nature , la fin 8c l'ufage de l'Alliance Mofaïque, ce qu'il fait dans fcs Epîtres aux Romains 8c aux Galates, 011 il prouve que Dieu n'a point eu dcflcin de donner cette Loi, pour être une Alliance, par le moicn de laquelle on pût obtenir le falut 8cla vie éternelle, que jamais perfonne n'eft parvenu ni ne parviendra à la vérita» ble Juftification par fon moien. Cela pofè il eft aifé de conclurre , félon \x pçnfée du Doè^eur Bull , que par les oeuvres dont parle Saint Paul , il faut cntec* DU PATRIARCHE LUCAR. py entendre les œuvres prefcrites dans la Loi de Moife ^ qu'il appelle pour cet ef- fet prefque toujours les œuvres de la Loi. Il faut outre cela remarquer que Saint Paul rejette en même ccms toutes les opinions faufles £c corrompues , que les Scribes & les Pharifiens avoient ajoutées à la Loi de Moife. Enfin , parce que l'Apôtre n'avoit pas feulement à faire aux Doftturs de la Synagogue, mais auffi aux Philofophes Paiens , il fait voir en même tcms que les œuvres réglées fur la fimple Loi naturelle Se produites parles feules forces de la natu- re, ne peuvent procurer le falut à l'homme. Il cft vrai , que comme les Paiens ne faifoient pas autant de fonds fur leur juftice , que les Juifs fur la leur,- il ne s'attache pas beaucoup à les réfuter , fe contentant de le faire en paflant & comme par occafion. Il paroît de là, que les Préceptes de la Loi Morale entrent aufTi dans la difpute de l'Apôtre ; non confidcrcz en eux-mêmes ; mais eniant qu'ils faifoient partie de la Loi Mo« faïque. De là vient que Saint Paul fe fcrt de deux fortes d'argumens donc les uns ne regardent que les commandemens de la Loi cérémonielie , 6c les autres ceux de la Loi Morale ôc de la Loi cérémonielie tout enfemblc , en un mot , toute la Loi Mofaïque. Le Doétcur Bull explique fort au long les argumens dont Saint Paul fc fert pour établir fbn opinion. En voici la fubftance en peu de mots. Le premier qui regarde toute la Loi Mofaïque , cft que cette Alliance éioit deflituée de la grâce qui pardonne 6c accorde la rémiffion des péchez. Le fécond Argument de Saint P:^«/, pour prouver l'impuiflance de la Loi àjuftifîer le pécheur, eft ti- ré de ce qu*elle étoit privée de la grâce fanélifiante, qui retient l'homme dans robéïflànce & lui fait obfcrver les Commandemens de Dieu C'eft ce que ligni- fient ces paroles, ce qui étoit impojjible à la foi farce ([u'' elle étoit foihle contre la chair ^ à caufe que les convoitifes de l'homme étoient plus fortes que la Loi. Sur quoi il faut bien prendre garde que l'Auteur parle de la Loi prife pré- cifement en elle-même , telle qu'elle fut donnée fur la Montagne de Sinai , 6c non de toute la Religion enfcignée aux Juifs, 6c qui dans le fonds n'étoit pas une Religion différente de l'Evangile. Cette diftinftion paroîtroit , peut-être, frivole, fi elle n'étoit appuiée de l'autorité de Saint Pi^///, qui confidére fou- vent la Loi de Moïfe à ce premier égard , comme lors qu'il dit que l'Alliance Evangélique eft plus excellente que l'Alliance légale , parce qu'elle contient de plus excellentes promefles; ce qui ne fc peut dire de la Loi prife d'une manière îpirituelle , puifqu'il eft fur, comme le Do6teur.B«//le foùticnt, qu'à cet égard elle avoit les mêines promeflés que l'Evangile. De toutes ces Remarques, l'Auteur conclud premièrement , que SàWilPaid n'cxclud de la Juftifî cation, que les œuvres faites en vertu de la Loi Mofaïque , £c conféquemment de la Loi naturelle fans la grâce Evangélique. Secondement, que bien loin que l'Apôtre exclue de la Juftification les bonnes œuvres , au con- traire fon but eft de montrer, que la véritable juftice des œuvres eftabfolument ncceflaire pour la Juftification ; 6c que l'Evangile eft le leul moien nécefîaire pour parvenir à cette juftice. Apres avoir parlé des Argumens de l'Apôtre contre la Loi en général , le Do- cteur Bull vient à ceux qui concernent en particulier la Loi cérémonielie, fur Icfquels il ne s'arrête pas long tems , parce que la matière n'eft pas difficile. M 3 Nous 9^ REMARQUES SUR LA LETTRE VIL Nous rtmarqueions rculcmcnt à cet égard , qu'il fait voir que Saint Paul op. pofc ces ccrémonies àlajuflice fpirituelle 8c incerne de l'Evangile. Ce Docbeur pafle eniuite aux principales erreurs, qui rcgnoient parmi les Juifs au fujet de la Juftification & du rpoien d'obtenir le liilut, & qu'il croit que Saint Paul a réfutées dans fes Epîtres. En général, ou ils attribuoient trop de puiflance & de liberté à la volonté humaine, ou ils ignoroient, du moins , lancccffitéde la grâce de Dieu. D'ail- leurs contens d'être à l'abri des peines civiles donc les violateurs de la Loi étoicnt menacez, ils ne pouflbient pas la fanétification plus loin, & croioient par cela feul s'être bien aquitez de leur devoir envers Dieu. Ils foûtenoienc même que celui qui s'attachait fcrupukufement à robfefvation éxa£le de quelo^uc précepte , était éxenit de robfervation des autres: d'où vient leur Axiome cité par Mainionides, qui operamdat pracepto liber ejl àpracepto. Sur ce principe, ils chofiflbient le précepte qui les incommodoit le moins, 8c négligeoicnt tous les autres. C'eft ce que leur reproche Jéfus Chrifi dans l'Evangile. Les Pharifiens en particulier s'attachoient à l'obfervation de quel- ques cérémonies frivoles, qu'ils avoient reçues par tradition, & les préferoient aux préceptes importans de la Loi. C'efl en quoi ils faifoient confifter toute leur juftice ,• fe mettant d'ailleurs fort peu en peine du Meffie, qui devoit leur cnfeigner une Juftice tout autrement excellente. L'Auteur finit fon Traité en faifant voir, qu'il y a quatre erreurs dangereu- fcs à éviter fur la matière de la Juftification. La première eft le mérite des œuvres enfcigné par les Théologiens de l'Eglife Romaine. C'eft cette erreur que la Confeïîîon des Eglifes Réformées a principalement voulu condamner, quand elle a parlé de la Juftification par la feule Foi. La féconde erreur qu'il faut éviter eft celle des Jntinoméen s ou Solifidiens, qui nient la nécefllcé des bon- nes œuvres pour la Juftification & pour le faluc. La troifiéme erreur qu'on doit éviter, eft celle des Pélagiens ^ qui croient que la grâce de Dieu n'eft pas néccflaire pour faire de bonnes œuvres. Enfin , la dernière erreur à éviter eft celle des Maiiicbécns ^ qui ancantiflbient entièrement le franc arbitre, 6c é- tabliflbient une fatale ncceftîté. Voila une Diflertation qui nous paroît fuffifan- te pour refoudre le doute du Patriarche Lucar , touchant la contrariété appa- rente de la Doélrine de Saint Paulix. de Saint Jaques fur la matière de la Ju- ftification par la foi fans les œuvres , ^ par les œuvres jointes à la Foi. Il nous faut maintenant paflcr à l'autre difticulcé que ce Patriarche propofe de la maniè- re qui fuit. (b) fe ne fç ai point quel ejl ce Jaques , car je n'en trouve que deux qui por- tent ce nom : Pun eji celui ^«'Hérode^& mourir par répec , comme il eft écrit au ii. chapiti e des Acles des Apôtres ^ «/(•«ijoir Jaques /i'ercr/c Jean; l'autre eft Jaques _;î/x d'Alphce. . . . Je doute bien que celui qui eft fils d'Alphée ne foit le même que celui qui eft nommé le Frère du Seigneur rî« 19. vcrfet du premier Chapitre de l'Epitre aus Galates . L'Epître qui porte le nom de l'Apôtre Saint Jaques eft attribuée par les plus Sçavaus Théologiens , &: par les plus habiles Critiques , non pas à Saint ja- ques DU PATRIARCHE LUCAR. 97 qnes fils de Zéhédêe , & frëfe de Saint JeUn ; mais à Saint Jaques frérc de Saint Jude Apôtre ; c'eft le même Saint Jaques qui fut Evêque de J>.rufalem , & que Saint Paul appelle le frère du Seigneur , c'eft à dire, félon l'opinion He quel- ques-uns , & félon le langage des Généalogiftcs Hébreux , le Coufin de Jéfus Chrifi. II n'y a point d'Auteur moderne qui ait mieux difcuté cette matière que le célèbre Richard Simon dans fon Hifioire Critique des Auteurs 8c des Ouvrages Canoniques du Nouveau Teftamtnt. Mr. Dupin fameux Dofteur de Soibon- ne en a auflî parlé d'une manière très judicicufe dans fa Nou-velle Bibliothèque des Auteurs Ecclejiajliques ; où il conclud, que l'Epître dont nous parlons, ne peut être d'un autre Saint Jaques ^ parce que Saint Jaques fils de Zébédée éto'it mort avant que l'Evangile fut publié hors de la Judcc , & que cette Epître eft adreflee aux Chrétiens qui étoicnt difperfcz parmi les Gentils , & aux fidcles qui n'étoient point dans la Judée. Voici donc en abrège ce qui fe trouve dans les Hiftoriens Eccléfiaftiqucs touchant les deux Saints Jaques Difciples de Jé- fus Chrifi , qui donnent lieu à la Qucftion du Patriarciic Lucar. Ceux qui voudront le détail des preuves de ce que nous allons dire les trouveront dans les Annales de Baronius , dans les Ouvrages de Bellarmtn , dans ceux de Pame- lius , de Combefis , de Henri de Valois , 6c dans pluficurs autres célèbres Auteurs qu'il fcroit inutile de nommer. Saint Jaques , dit le MAJEUR , Apôtre, étoit fils de Zébédée. Il fut appelle par Jéfus Chrifi à l'Apoftolat avec fon frère Jean , 6c l'un 8c l'autre curent le nom de Boanerges , c'eft à dire , fils du tonnerre. Hérode Agrippa , pour gflgner les bonnes grâces des Juifs à fon avènement à la Couronne, com- mença fon régne par faire couper la tête à ce Saine Apôtre. On dit que celui qui l'a voit accufè fe convertit , voiant que le Saint alloit à la mort avec tant de confiance. & quelques Auteurs ajoutent , qu'il hà\>ûiz Philetas &c Kernwgene , tous deux Magiciens. Si cela t 11 ils corrompirent depuis leur Foi, comme on le peut inférer de ce que Saint Paul en dit dans fa féconde Epître à Timothée. Saint Jaques fut le premier des Martyrs entre les Apôtrt-s. 11 mourut l'an 41. de l'Ere Chrétienne, félon le calcul fondé fur les circonltances de ce qui eft con- tenu dans le ix. chapitre des Aétes des Apôtres. On voit à Icrufalcm une Eglife dédiée à fon nom, bâtie à trois cens pas de la Porte de Sion. C'efl une des plus belles 8c des plus grandes de la Ville. Le Dôme qui eft au milieu , & porté fiir quatre gros pilhers , eft percé en hsut comme celui du Saint Sepulchre, ce qui y donne un grand jour Cette Egli- fe appartient aux Grecs Arméniens , qui y ont un Monaftère bien bâri , où il y a loiijours un Evêque , ôc douze ou quinze Religieux , qui y font le Servi- ce ordinaire. On dit que l'Eglife 6c les iogemcns ont été fondez pjr les Rois d'Efpagne. pour y recevoir les Pèlerins de leur Nation. Proche de là, eft une Million qu'on révère . comme la demeure de Saint Thom^js Apôtre , félon la tradition du Pais. On dit unechofe prodigieufe de cette M.ufon , qui eft que les M.ihoraètans & les Juifs n'y peuvent entrer qu'aux déptns de leur vie C'eft pourquoi on la tient toujours fermée, de peur que quelque Infidèle n'y entre par mégarde , & ne s'expofe au châtiment du Ciel , que quelques-uns ont éprouve, s'il en faut croire Douklen, dans la Relation de fon Voiage de laTcr- M 4 rc- 98 REMARQ^UES SUR LA LETTRE VIL re-Sainte : mais des Politiques bien fcnfez ont témoigné plus d'une fois que les ylnnàiiens ont eu l'adrcflè de faire courir ce bruit pour mettre leur Thre- for à couvert dans ce lieu, & poureffraier les Turcs, afin qu'ils n'ofcnt abor- der ce lieu pour le piller, comme ils font quelquefois ailleurs, quand ils peu- vent mettre la main fur ce que les Chrétiens ont de plus précieux 6c de plus grande valeur. Les Efpagnols fondez fur je ne fçai quelles Traditions, prétendent avoir eu Saint faqucs pour Apôtre , bien qu'il n'y ait point d'Auteur ancien qui l'ait écrit. L'Evêque de Compoftelle , voulant alléguer ce voiage prétendu du Saint, pour défendre l'indépendance de fon Eglife de celle de Tolède , dans le Grand Concile de Latran , fous Innocent III. ne pût répondre aux puiflantes raifons de Roderic Ximcnes fon Archevêque , qui lui nia formellement ce Voia- ge. Le Cardinal Baronius , qui dans fes Remarques fur le Martyrologe Ro- main , avoit fbûtenu cette Tradition chimérique des Efpagnols , étant depuis convaincu par beaucoup de raifons folides , fondées fur divers témoignages d'Au- teurs célèbres , changea de fentiment dans fes Annales , Se improuva l'opinion des Efpagnols. On fçait afléz ce qu'il lui en coûta. Se combien il a été trai- té indignement par les Auteurs de cette Nation. Ils fe vantent encore d'avoir le Corps de Saint faqucs ; mais c'efl: afiez fi on leur en laifle une partie , puif- que l'autre eft confervée dans l'Eglife de Saint Saturnin de Thouloufe. Et ou« tre cela, Nicolas Chorier ^ Hiftorien du Dawphiné , prétend que les Reliques, que les Efpagnols confcrvent , font d'un Homme de cette Province, nommé faques (bien diftcrent de l'Apôtre ) qui avoit été enterré au devant de l'Eglife des Echerolles , à une licuë de Grenoble, 6c dont la tête fut portée en Galli- ce. Les curieux doivent voir l'Epître d'/»«6ff«/ 1. àDecentius, & celle de Grf- goire VII. aux Rois d'Efpagne. Baronius T. IX. Jnnal. ^n. Chr. 8i6. Sponde iu £pijl. An. Chr. 44. Godeau. Hijl. Eccl. U. i.n. 18. Cborier Hijî. du Daufhiné Tom. 2. lib. I. Sccl. ^ p. 15. Saint faques dit le MINEUR , Apôtre, étoit fils à'Jlphée ^ nommé dans TEciiture le Juftc ^ & le frère du Seigneur, c'cft à dire, félon quelques Inter- prètes, IcCoufin de fcfus Chrift. Il etoit aufli le frère de Saint fudc Apôtre; bien que quelques Auteuis de la Communion de Rome aient mis ces deux vcritez en doute. Il fut choifi pour gouverner l'Eglife de Jérufalem , 6c en cette qualité d'Evéque il opina dans le Concile tenu par les Apôtres à Jérufa- lem l'an 49., ou 5-0.; & conclud qu'il ne falloir point obliger les Gentils qui le convertilîbient , à obferver les cérémonies de la Loi Mofaïquc , ce qui fut approuvé de tous les autres Apôtres. Saint Paul l'appelle une des Colomnes de l'Eglife; & fa vie parût fi lainte, que fofeph croit que la ruine de Jérufalem efl- arrivée pour punir les Juifs de l'avoir fait mourir. vlnanus II. Grand Sacrificateur des Juifs, le fit condamner, 2c le livra entre les mains du peuple. Eufcbc ^ après Hegef,ppe , dit, que les Juifs l'aiant prtflc de défavouer publiquement la Doétrine de fcfus Chrift ^ il l'avoit foûtenuë avec une mcrveilltufe confiance , & que cette Confc filon faite fur les degrcz du Tem- ple , mettant en fureur les Pharifiens fes principaux ennemis , ils le précipitè- rent en bas, où un foulon le tua d'un coup de levier , & aixifi après avoir gou. vcrnc DU PATRIARCHE LUCAR. pp vcrné Ton Eglife environ 19. ans , il reçût la Couronne du Martyre l'an de grâce 6i Sain: Epiphane dit , que ce Saint Apôtre avoit permiffion d'entrer dans le Sanctuaire du Temple , ce que la Loi n'accordoit qu'au feul Grand Pontife. Saint Chryfoftome ajoute , que fon affiJuitc à la prière lui avoit fait venir ces genoux & le front dur comme le cuir d'un Chameau , étant ordinairement couché à terre durant l'oraiibn. Ce il de ce Saint Apôtre que nous avons une Epître, qui cft la première entre les Catholiques, Sc quicft adrefiee aux Tri- bus d'Ifracl difperfces , c'eft à dire aux fiJcIes d'entre les Juifs qui étoient ré- pandus en divcrfes Provinces hors de la Judcc. On attribue à cet Apôtre un Evangile qui a été mis entre les Livres Apocryphes, & une Liturgie qui fc trouve dans plufieurs Editions de la Bibliothèque des Pérès, 6c qui efl-autho- rifée par le témoignage de Proclus de Conllantinople , 6c du Concile in Trul- lo de la même V^ille. Cependant il eft très certain que cette Liturgie n'cft point un Ouvrage de Ssint Jaques dont elle porte le nom. 11 fuffit de jetter les yeux defllis pour être convaincu qu'elle ne peut avoir été en ulage que plu* fieurs fiéclcs après la mort de cet Apôtre. Mr. Helie du Pin ^ Docteur de Sorbonnc , ik plufieurs fçavans Critiques de l'Eglife Romaine, ont fait voir par mille preuves inconttftables que cette Li« turgie eft fauflement attribuée à l'Apôtre Saint faunes , Se que celui qui en a été l'Auteur eft fort fufpeét & inconnu. Si on recherche avec foin les motifs qui ont porté les Grecs à attribuera cet Apôtre la Liturgie dont il s'agit , on n'en trouvera point d'autres que ceux qu'ils tirent d'une Tradition incertaine , 8c à laquelle on ne fçauroit ajouter foi, puifque les plus fçavans Grecs n'en demeurent pas d'accord cntr'eux , & que leurs Evêques aflcmblcz dans le fixiéme Concile qu'on nomme in Trullo , n'ont attribué cette Liturgie à Saint faques , qu'en fuivant une Tradition popu- laire qu'ils n'ont point examinée à fonds, comme il paroît dans le 52, Canon de ce Concile. Cela cft fi vrai , que Théodore Balfamon à qui on demanda par Lettres, fi la Liturgie qu'on lilbit dans les Eglifesde Jerufalem 6c d'Alexandrie, fous le nom de Saint faques^ étoit véritablement de cet Apôtre , fit cette rcpon- fe qu'on trouve au y. Livre de fon firr. Grec. Rom. Que m l'Ecriture Sainte, ni aucun Concile Oecuménique n'avoit attribué à Saint faques cette Liturgie qui porte fon nom. On pourroi: ajouter plufieurs autres preuves femblables pour faire voir que Saint faques , ni les autres Apôtres , ne font point les Auteurs des Liturgies qui portent aujourd'hui leurs noms. Eufebe & Saint fèronic^ qui ont écritdes Catalogues allez cxaéts des Ouvrages des anciens Auteurs Èccléfi-iftiques , n'auroient pas omis ces Liturgies , s'il y en eût eu quelques-unes de leur tcms. Mais la vérité eft qu'on s'eft fervi des noms des Apôtres & de leurs Difciples, pour autorifer les différens ufages qui le font introduits peu à peu dans les Êgli- fes, oii l'on voit qu'il eft arrivé de fi grands changemens , qu'elles n'ont pref- que rien qui rcflente la pureté 6c la firaplicitc des premiers Chrétiens. N LETTRE BLIOTH.Ei'A I 100 LETTRES ANECDOTES LETTRE HUITIE'ME. De CYRIIXE LUCAR PATRIARCHE de CONSTANTINOPLE, envolée de Rhodes à Mr. Jntu'im Léger Miniftre du Saint Evangile 6c Paftcur de l'Eglilé Reformée de Pera , chez l'Ambafladeur des Etats Généraux dei Provinces-Unies des Païs-Bas , à la Porte. Révère ndifTimo Prédicatore, Mio Si- gner Legero , in Jcfu Chrifto : Fratello dileâiiTmio. MI confolano le Lettere cli Fojîra Rcverentia , per che fono piene di fpirito e di charita Chrifiiana : maffitiie ritrovandomi io queflo tempo nel horto del Secolo ; dove coglio li fnttti mor- tifcri del mondo , pietii di amaritudine è di pena. Solo délia fpcciilatiom délie cofe fpiri- toali , piglio riftoro. è infimil flato che io funo , risgum-dando in alto, donde vient ogni agiuto à q'.'.elli che hanno la fperanza nel fignore , puocu conto facio délie pcrfcciitio- ni degli adverfarii : è afpetto con gran confidenza il folevo délia Divina miferi- cordia. Una cofa mi aporta difpiacere, perche il Lihro r/f Tranflubftantiatione^;' ^0- Jlra Revcrentia che io haveva , è cafcato nelle mani di qticili fcekrati Traditori : è gli l'avifo per cheprocuri prevedermi d'al- tra copia. 7o faccio gran Jlima di quel libro, per che CorciTi é H fuoi feguaci ci çonfondom Très vénérable Prédicateur Mr. Léger » mon bien aimé Frère en J E- SUS CHRIST. LEs Lettres de vôtre Révérence me donnent une grande confola- tion , étant remplies de l'Efprit fic de la Charité Chrétienne ; mais fur tout , dans ce tcms , oii je me trouve dans le Jardin du Siècle , dans lequel je cueille les fruits mortels du Mon- de , pleins de peine 6c d'amertu- me. Je n'ai rien qui me foûtienne que la contemplation des chofes fpirituel- les: car dans l'état oi^ijefuis, tournant mes regards vers le Ciel , d'où vient le fccours à tous ceux qui efpércnt au Tout-puiflant , je compte pour rien les pcrfécutions de mes adverfaues: Scj'at- tcns avec une grande confiance que Dieu veuille m'en délivrer par fa gran. de raiféricorde. Il n'y a qu'une feule chofe qui me caufc maintenant quelque déplaifir , c'efl: que vôtre Livre de la T'ranjfub- jlantiatim cft tombé entre les mains de CCS perfides fcélérats : Se je vous en donne avis , afin que vous m'en faf- ficz avoir un autre Exemplaire. Je fais un grand cas de ce Livre, parce qu'il a tellement confondu Co- ' talrnsn- DU PATRIAR talmente chc reflano muti délia forza dél- ia vroa Verità , conlenuta nelli argomm- ti. La prégo dunque che hahhïa foglia di farmi-lo copiare , che ne ho bifogm per rnandarlo anco in Candia , dwce hanno portât 0 la mia Confcflloiiej ^ diibita- no fopra ^uel articolo. Ha talmente la dottùna dcl Aotichrif to prei;ali'.to che con gran difficolta ci hi- fogna ûppugnarla. Se Iddio ci dara lihtrta pajfar di fcio, io intrarb in fiecato contra Coreffi è Ber- li : è publicaro la verita délia dottrina 1-era Evangelica , è délia Coiifcflîone nojîra , la quale à tutti li Papifti èjlata una lanza al fiança. E à quel Hypocrita falfo Patriarcha Contzrï fimilmente^ 5? Corne altro fttr- hs ad Athanafio mmi-,, (a) il quai cor- rendo fe ne la à Rorna , per vefiire dice il Capello di Cardinale , per hai-er depofto un Patriarcha Calvinifta , t quefto pré- dica per tutto doir cnrrendn paz-za. In qnejloj^ato fi tn'.oz-ia>no noi ; è non é nifi'imo che habbia timor de Iddio , h chrifiiana difcretionc diplacitar quefli in- convénient i. Ma corne fion Fcccbio, furfii ancora Id- die benedetto mi dara gratia difarli conofi- cere in che ténèbre fiono. Non ho altro per hora. CHE LUCAPv. loi refifiiis 6c tous fesSjctateurs, qu'ils font I demeurez muets par l'efficace de la vc- I rite , par la force des argumens £c par i'évidwncc des preuves qu'il contient. Je vous prie donc , Monlîcur, qu'il vous plaife de m'en faire expédier une copie , car j'en ai b.foin pour l'en* voier auffi dans l'ille de Candie , oii ma Confejfwn de Foi a été portée , & où l'on doute de cet Article de XzTranfi- fiiibfiantiation. La Doctrine de rAntechrifl à telle* ment gagné le dcflus , qu'il faut fe donner beaucoup de peine pour la combattre. Si Dieu m'accorde la liberté de for- tir d'ici 6c de palier à Chlo , j'entrerai en ' lice contre Corefiiiis 6c Berli ., & pu- blierai la vérité de la Doctrine du Saint Evangile fans déguifcment , & celle de ma Confie filon de Foi , qui a donné un coup de poignard au cœur des Pa- piftcs. Elle a produit le même effet contre cet hypocrite & faux P.ici iarche Conta- ri 6c contre cet autre fourbe Athanafit Peskes ^ (a) qui s'en va en toute di- ligence à Rome , pour y recevoir , à ce qu'il dit, le Chapeau de Cardi- nal , qu'on lui donne , parce qu'il a dépoie un Patriarche Calvinifle. C'eit dcquoi il fc vante dans tous les lieux où il pafîe, en courant Voila quelle eft la fituation dans la- quelle je me trouve : cependant il n'y a pcrfonne qui ait la crainre de Dieu, ni la prudence que devroit infpirer la Religion Chrétienne , pour remédier à ces inconvéniens. Mais comme je fuis dtja fort vieux , peut-être que Diru m'accordera la grâ- ce de faire connoitre à mes ennemis les ténèbres dans kfquelles ils font plongez. Je n'ai pas autre chofc à vous dire préfentement. N 2 Jddio 101 LETTRES ANECDOTES Iddio Signor henedica la molto degna perfona voftra y è le fatiche che in gloria del Signore portate , èvi doni ogni bene è contento. Z);Rodo(^)alli ,'* Luglio 1635'. Di Voftro Signor'ta Revere-ridijfima , Affeâionatiffimo & Amorevoliffimo , CTRILLO PATRIARCHA. Que le Seigneur Dieu bcniflc vôtre digne perfonne , & les peines que vous prenez pour fa Gloire , 6c vous donne toute forte de bien Se de contcn« tcmcnt. De Rhoda ( b ) /f ^ * Juillet 1635-. De Vôtre Révérence le très cher & très affeâionné Serviteur, CYRILLE PATRIARCHE. Cette Lettre a été mife en Original avec les précédentes , dans la Bibliothèque de rUniverfité de Genève , fous le Numéro XXX. REMARQUES SUR LA LETTRE VHI. DU PATRIARCHE LUCAR. {^) Je publierai fans déguifement la vérité de la DoSlrine de ma Confelîion de Foi, qui a donné un coup de poignard au cœur des Papiftes. Elle a produit le même effet contre cet hypocrite isî faux Patriarche Contari , y contre cet autre fourbe Atha» nafe Peskes. Cl'rille Contari , ctoit un Difciple des Jéfuites^ Métropolitain de5«W, ou Berhée ^ que les Géographes modernes nomment ^lep : ville de Syrie très renommée dans les Ouvrages des Anciens , qui difcnt qu'elle fût rétablie par Scleucus Nicanor Général de l'Armée de Demetrius So/er, Roi de Syrie C'eft ce Nicanor qui fût envoie en Judée pour ruiner la Ville 8c le Temple de Jérufa- lem^ & qui en fût empêché par Judas Machabée ^ lequel s'étant oppofé aux dcf- feins de cet impie, avec trois mille hommes feulement, tua trente mille hom^ mes des infidèles l'an 5953 de la Création du Monde. Ce Métropolitain Contari aiant obtenu des Lettres de recommandation du Patriarche Lucar pour aller faire une Colltétc en Mofcovie & en divers autres Pais pour les bcfoins de l'Eglife de Confantinople , ne fût pas plutôt de retour, qu'il emploia tout l'argent qu'il avoir ramafle pour faire dégrader fon légitime Patriarche , 8c il y rciiffit à la faveur des brigues que les Jéfuites lui aidèrent à faire ; mais après avoir ufurpé le Siège Painarchal , par cette Simonie , il en' fût chaflc honttufcmcnt au bout de ftpt jours, comme un autre Ziniri, ôc re- légué dans l'Iflc de T'enedo ^ parce qu'il n'avoit pas dequoi paier toute la fom« me qu'il s'ctoic engagé de donner aux Turcs pour faire dégrader Cyrille Lu- iar^ Pen* DU PATRIARCHE LU CAR. 103 F'cmiaiic ce tems là, Jibanafe Métropolitain de fbeffaloiiique ^ Ville cckhre de Macédoine , fe prévalut de l'exil de Cyrille £c de Loutari pour occuper leSié- ge Pairiarchal. Il donr:a Ibixante mille ccus pour en obtenir l'inv-cftiturc 6c c'ell à cela que le Patriarche Lucar fait allullon par le mot de Tnijxi;, qui clt un terme dérivé de TArabe Pesk qui fignifie , ce qui cft offert pour réi^al en préfence de quelqu'un. Nous ne fcaurions donner ici une idée plus jufte du motif qui a porté le Patriarche Lticar à donner à cet Athanafe Ufurpateur de l'on Siège , le furnom de Peskes qu'en expliquant ce terme par un autre qui a la même iîgnification dans la Langue Françoife , c'ell celui de Régale. Il y a deux fortes de Régale t à fçavoir la Spirituelle & la Temporelle La Régale Spirituelle confifte dans le droit qu'un Monarque a de nommer pendant la va- cance d'un Siège Epifcopal la Perfonne qui doit occuper cette Dignité. La Régale Temporelle eft le Droit que ce même Souverain a de percevoir le revenu d'un Bénéfice vacant , ou de recevoir une certaine fomme pour hommage de celui qui en prend poffclîîon : 6c c'eft au premier & au dernier de ces droits de Régale que fe rapporte le Peskes , ou le Don que les Patriarches de Conftan- tinople font obligez de faire au Grand Seigneur, quand il leur donne les Pa- tentes, en vertu dcfquelles ils entrent en pollcflion de ce premier Siège Ponti- fical de l'Orient. Voici pluficurs autres droits que les Grecs de Conftantinople paient au Grand Seigneur. Comme la Religion eft ce qui engage les peuples , l'Empereur Ottoman pour adoucir Tefclavage des Grecs , 6c les accoutumer au joug , leur accorda une entière liberté de confcience , 6c l'exercice public de leurs cérémonies, avec de grands privilèges au Patriarche, defquels nous avons parle ci-devant, 6c leur affigna tous les dehors de Conftantinople, depuis les fept Tours jufqu'au Fanal pour leur habitation , fous le Tribut de neuf dragmes d'argent par tête , valant environ un écu de France. Ce petit uroit a triplé par la fucceflîon du tems , 6c ce Tribut pcrfbnnel ap- pelle Carache , monte préfentem^nt à trois écus 6c demi par tête, qui fe paie dès quinze ans , 6c s'exige très rigoureufement de tous les mâles. L'on a joint à cette impofition capitale plulieurs autres charges très rudes, nommées De-vif- Jirmé, Kurek-Accbejfi ^ Surfat ^ A-car iz , ^ A-ve-AccheJjl. Le Deviffirmé eil la décime des enfans mâles , que l'on arrache du fein de leurs parcns pour les circoncire , 6c les îixxz Mahomet ans. Cette dureté oblige les Chrétiens qui ont du bien , de quitter la campagne , pour fe réfugier dans les grandes Villes, où l'on lII éxcmcdccc cruel 6c fenfible Tribut. Kurek-Accbeffi , efl un droit des armes , deftiné pour l'entictien des Ga- lères. Surfat , fe paie pour la fubfiftance de laMaifon du Grand Seigneur lors qu'il fait la guerre i il falloit autrefois qu'il y allât en pcrfonne, mais à prcfent il fufFit qu'il quitte fon Scrrail , 6c failc une démonftiation de fc mettre en campagne par la fortie des Etendars à queues, 6c par celle des Tentes Impériales. Avariz, eft un Tribut annuel pour la fourniture de l'Orge, Foin, Paille 6c Bois, que les Grecs de la campagne font obligez d'amener au Serrail du Giand N 3- ScigULur, ,04 REMARQUES SUR LA LETTREVIIÎ. Seigneur, à celui des Vifns Sc des autres grands OfBciers de la Porte, auxquels fa Hautcfle fournit l'Etape. Avc-Acchcffi , cft un droit de chaflc qui le lève pour les menus plaifirs de l'Empereur \ & pour l'entretien de fes équipages de cliafle. Ces droits font fort rudes , mais ils le fcroicnt beaucoup moins, fi ceux qui les exigent n'abufoicnt pas de leurs commiflîons pour s'enrichir. Les habitans de Conflantimplc , & des Capitales des Gouvernemens , font cxemts du Deviffirme & de VÂvariz.; 8c ceux qui font richi.s s'exemptent des autres par des privilèges qu'ils achètent aiïcz cher, parce qu'ils les font jouir d'un repos apparent. Outre ces Impôts que les Grecs paient au Grand Seigneur & à fcs Officiers , ils font furchargez de plufieurs autres impofitions pour l'entretien de leurs Pa. triarches , de eurs Evêques & de leurs Curez, ou autres Eccléfiaftiques qui exer- cent les fondions Paftoraks Les revenus des Patriarches font cafucls &: fort modiques, à caufe des petits droits de Décimes qu'ils retirent de leurs Prélats qui font pauvres : mais ils foulent le Peuple en exigeant douze Jfpres de chaque maifon Cr^ifj.w de leur Jurifdidion : douze écusSc demi par an de chaque Prêtre, Scie droit de Maria- ge d'un ccu pour le premier, lequel double au fécond & triple au dernier; car l'Eglife Grecque ne permet point de pader à de quatrièmes Noces. Les Curez reçoivent ces droits Patriarchaux, defquels ils rendent compte à leurs Métropolitains, qui les envoient aux Patriarches, & tous ces revenus cn- femblc compofent une fomme d'environ foixantc mille livres par an , à ceux d'Antioche & d'Alexandrie. Ceux de Confiantinople 6c de Jérufalcm font plus riches, l'un à caufe de la grande étendue de fon Patriaichat, £c parce que les Peuples de fa Jurifdiâion font plus à leur aiic, & l'autre, à fçavoir celui de Jérufiilem , à caufe du Feu Saint qui lui rapporte plus de vingt mille écus qu'il a trouvé le moien de tirer par un faux miracle, dont nous démontrerons la fourberie dans un Article particulier , en ex- pliquant ce' qui concerne les bougies de cire que ce Patriarche envoie tous les ans aux Princes de Mofcovie , de Valachie, de Moldavie, & à tous les principaux Seigneurs Grecs qui lui f lequel lui rapporte cinq mille écus qu'il retire des Curez : Ce- lui des Mariages, qui cil confidérablc , à caufe du grand nombre de Grecs ha- bitans à Conllantinople , Se aux environs : Se enfin du Don gratuit de l'Em- pereur de Mofcovie, Se d'une quête que l'on fait pour ce Patriarche pendant le Carême dans les Eglifes de Conftantinoplc Sc de Galata, oîi il va célébrer la Mefle Se Prêcher, en récompenfe dequoi, il n'en fort jamais, qu'il n'emporte au moins quatre ou cinq cens écus. Le provenant de tous ces droits ne monte pourtant qu'à la fommc d'environ quarante nulle écus. Se il faut qu'il en depenfc beaucoup plus pour fe mainte- nir DU PATRIARCHE LUCAK. loy nir contre ks cabales , & pour fatisfaire à l'avidité infatiable des Turcs, qui le contraignent d'emprunter de grofils femmes pour les leur donner , & de les ex- torquer tnfuite par divcrfcs cxaftions de Ton Eglife, laquelle cft préfcntcment chargée de plus de quatre cens mille écus de dettes , dont les intérêts la con. fommcnt & caufent de grandes querelles parmi ks Eccléfiaftiques , 8c fort fou- vent la dépofition du Patriarche , ainfi qu'il eft arrivé pendant la vie de Cy- yiile Lucar, 2c fur tout pendant fon exil à T'encdo & à Rhodes. Nous allons faire une Remarque Hiftorique 8c Géographique touchant cette dernière Iflc dans la note fuivante. (b) De Rhodes le \^ Juillet 163 y. de VEre Chrétienne. Nous avons expliqué dans les Remarques fur la Lettre VIL du Patriarche Lucar , de quelle manière il fut conduit de Tenedo à Rhodes , 8c le danger qu'il courut d'être enlevé par des Corfaires , qui avoient formé le deflein de le con- duire prifonnier à Rome. Il fut hcurcufement délivré des mains de fcs enne- mis par les bons offices que lui rendit l'Admirai des Turcs en le faifant conduire avec une Sauve-garde 8c une Efcorte jufqu'à l'Ifle de Rhcdes. C'eft de la Ville Capitale de cette Ifle que la Lettre précédente de ce Pa- triarche fut adrefl'ée à Mr. Léger. Cette Ville eft fuuée au bord de la Mer, fur la pente d'une Colline qui s'élève infenGblement , 8c dans une Plaine agréable vers la partie Septentrionale de cette Ille. Elle ert environnée de divers petits coteaux, pleins de fources vives, 8c couverts d'orangers, de grenadiers 8c d'au- tres arbres de cette nature. Lors qu'elle fut a ffiégée par M^/Ç)owf^ II. en 1480. elle avoit une double en- ceinte de murailles, fortifiées de plufieurs grofles Tours : mais au Midi, 8c du côté que les Juifs habitoient dans la Baflc-Ville , les Tours étoient plus éloi- gnées les unes des autres; 8c c'eft ce qui rendoit cet endroit plus foible. Le quartier où demeuroient les Chevaliers de Saint Jean de Jérufalem , étoit le plus fort; car outre que la mer l'enfcrmoit au Septentrion 8c â l'Orient, il ctoic défendu par des Battions 8c par des Tours. Le Port regarde l'Orient, 8c un peu le Septentrion. Il eft formé par deux Moles, qui, en s'approchant l'un de l'autre, en demi-cercle, nclaiflcnt d'ef- pace entre-deux , que ce qu'il en faut pour le paflagc d'une Galère. L'entrée eft flanquée de deux grofles Tours, bâties fur deux Rochers; 8c c'eft fur ces deux Rochers que fut planté autrefois ce grand Colofle de Bronze, fi fameux, qui a palTé pour une des fept Merveilles du monde. Cette énorme Statué du Soleil .y haute de Soixante ^ dix coudées, avoit un pié fur une de ces Pointes de Rocher, 8c l'autre pié fur la Pointe de l'autre Rocher , fi bien qu'un Navire paflbit avec fes voiles déploiées entre les jambes du Colofle. Deux petits Golfes accompagnent le Port du côté du Septentrion , & du Midi. Le Golfe qui regarde le Septentrion eft fermé par un Mole qui entre plus de trois cens pas dans la mer ; 8c à l'extrémité de ce Mole il y a un Fort, qu'on appelloit la Tour de Saint Nicolas. L'Hiftoire fabuleufe des Arabes dit, que ce fût le Calife Muai-ias , qui aiant aflîégé Rhodes fit bâtir cette Tour pour battre la Ville , £c l'éleva à une hauteur fi prodigicufe, que fon N 4 faîte ïo6 REMARQJJES SUR LA LETTRE VIIÎ. fnîte touchoit le Ciel , & que fes fondemcns defcendoient jufqu'au centre de la Terre. La vérité eft, que l'an 1464 après que les' Vénitiens eurent levé le Siège de Rhodes , le Grand Maître Zécofla fit conftruire cette Tour , qui fut appellcc la Tour de Saint Nicolas , parce qu'il y avoir une Eglife de ce nom dans le lieu oii elle fut bâtie. Mahomet II. regarda l'Ifle de Rhodes comme un lieu qui lui pouvoit faciliter la conquête de l'Egypce & de la Syrie , & forma Je deflein d'aflicgcr la Ville en 1479. La Flotte Otromane commandée par le Bâcha /'«/fo/o^ae , arrivadevant Rhodes le z\ Mai 1485 , clic étoit compcfie de cent Ibixantc voiles, & faifoit pour le moins cent mille hommes. Les Turcs aiant mis pic à terre , fe logé, rent d'abord fur le Mont Saint Etienne ^ & dans les plaines voifines. A peine fu- rent-ils campez, qu'une troupe d'Avanturiers alla tfcarmouchcr jufqu'aux por- tes de la Ville ; mais ils furent taillez en pièces par le Vicomte de Monteil^ frè- re aîné du Grand-Maître d'AubuJj'on. Le Bâcha Paleologue fit mener plufieurs grofles pièces d'Arttllerie pour dreflcr des Batteries qui renverfcrent la Tour de Saint Nicolas , 6c qui firent plufieurs brèches aux murs dont la Place étoit enceinte , & les Alîîegeans !ui donnèrent plufieurs rudes aflàuts , tantôt d'un côté , tantôt d'un autre , fans jîouvoir réiifiîr; c'cft pourquoi ils réfolurent enfin de l'aflaillir de tous cotez le 27 Juillet, & ils cxécutcrent leur projet avec tant de furie, qu'ils entrèrent dans la Ville par le quartier des Juifs; mais le Grand- Maître Se les Chevaliers s'étant mis à la tête de leurs troupes , les rcpoufl'ércnt avec tant de courage & de fuccès , que toute l'Armée Ottomane fut contrainte de fè & fit voile vers le Port de Fifco., où aiant débarqué l'Armée de terre , elle con- tinua fon chemin vers Conftantinople. Rhodes demeuradepuis ce tcms là en la puilHince des Chevaliers de Saint Jean de Jerufakm , jufques à l'an 1 5-12. que So'^ lirmnW. s'en rendit Maître parla trahifon d'y^'wara/ Portugais, Chancelier de cet Ordre, dont le Grand Maître 8c les Chevaliers fe retirèrent à Malthe , où ils ont fait depuis ce t^ms là leur réfidence ordinaire. Les curieux pourront vérifier ceque nous venons de dire dans les Relations du P. Bouhours ^ & dans J'Hiftoire d'AubuJfon. ^■^*^ LETTRE DU PATRIARCHE LUCAR. 107 LETTRE NEUVIEME. De Cyrille Lucar Patriarche de Conflantimple , à Mr. Antoine Léger Minidrc du Saint Evangile , êc Pafteur de l'Eglife Réformée qui s'alîcmble à Pera de Conftantinople , fous les Aufpices de V Âmbajjadeur des Etats Généraux des Provinces-Unies des Païs-^as. Molto Révérende mio Signer Léger Fratello i^ Amico in Jefu Chriflo of- fervatiflîmo. DIficilmente in q^ucfla Patmo che fi troviamo poffiamo baver nuove délie coje che cofii pâjjdno : fe à pofla non fia^ t/io d'alli noftri domejlici avifati , 0 d^lli bmni amici ragnagUati. A me fempre conjîava il mal animo ai Géorgie Q,osz^\fuoto copertura d'ella ve- rilà Evangelica. Ma hora di cofli ve- nendo qui H noftri huomini ci hanno rife- rito che detto Coreffi é venuto à Conftan- timpûli con un Scolaro di Jefuiti cd al pré/ente ft trova cofii. Et é pitt che vero che non havendo riuf- cito nell'arte délia Medicina che profejja- va ft é fatto mercenario è parafita di iina perjona infâme £5? indegna per oppugnar la vera dotrina d.el Noflro Signore Jefu Chriflo , è delli San&i ApofloU , è di tut- ti li Doltori Orthodosi. E crcdendo Vinfelice di haver truovato la fua fortuna in profperita , cafca nel precipitio deWéterna danmtione , trave- Jiito di varie forme di Herefia. Mon très honoré Frère en Jcius ChrifV > £5? mon cher Ami Monfieur Léger. IL eft bien difficile que nous puif- fions avoir des nouvelles de ce qui le pafle dans vos quartiers, fi nos do- meftiqucs ne nous en donnent pas avis, ou fi nos bons Amis ne nous font pas le plaifir de nous les communiquer. J'ai toujours été convaincu que Geor- ge Coreffus avoit de très mauvais fen- timens, cachez fous la belle apparence des véritez de l'Evangile; mais à prc- fcnt ceux qui étoicnt à mon fervicc dans ce Pais là étant arrivez ici, m'onc rapporté que le même Coreffius eft ve- nu à Conftantinople , avec un Difciple des Jéfuites . &c qu'il eft maintenant dans cette Ville là. 11 eft très certain que ce perfonnagc n'aiant pu réiiffir dans l'Art de la Mé- decine dont il faifoit proftflion , s'eft rendu Mercenaire & Parafile d'une per- fonne infâme 5c fans honntur , pour combattre la véritable Doétrine de Notre Seigneur Jcfus Chrift 6c des Saints Apôtres, 8c celle de tous les Doc- teurs Orthodoxes. Ce malheureux s'imagine d'avoir trouvé fa fortune dans la profpérité mondaine , £c cependant il fc précipi- té dans le malheur de la damnation éternelle , en fc déguifant pour femer diverfcs Hêréfies. O Pri- io8 LETTRES Primamente é Idololatre , è puoi Ju- ftitiario , T'erzo contemptore délia gra- tia , corruttore ciel Scicramento delPEu- chariftia. F'uol che Chrifto nojlro Signore habbia molti compagni nella Mediatione. // Purgatorio doppo la morte , è per dir tiitto ha per fuo maéftro Béllarmino , fi bene fimula non ejfer Papifta i puoi per dir quello che é con verità di confcienjia ê un Bravo Epicureo ihe non credeniente. (a) Con li Papifti non confona , perche di lui conto non fanno. Con li Grcci con- fona ^ perche aprejfo quelli mifcri truova d'ingrazzar la planza. Ma lui é troppo aliéna da tutti fervan- do nelfuo cuore un infigne Atheifmo. Et cofi fe volt a agatando il niondo. Con que- fie mafcare ê venuto coflî. Non fo quello che operi il valcnte Se- dutore. Spero che fara conofciuto il tra- ditore per tal quai é , é la gloria di Jefu Chrifto reflara intégra , è il Cott&.con- fufo è vergognatû. Non ho tempo difcriver altro pr oper an- do di par tire Mi h al, ma fuppliro coti al- tra occaftone , come havero piu ozio. ANECDOTES Premièrement , il cft Idolâtre. Se* condement partifan du Mérite des Oeu- vres. En troifiéme lieu , il ynéprije la Grâce de Jéfus Chrift & corrompt le Sa- crement de VEuchariftie. Il veut que Jéfus Chrift ait plufieurs aflbeiez dans V office de la Médiation. Il tient qu'il y a un Purgatoire après la mort, & pour tout dire, Bellarmin cft fon Maître , & il adopte fes fentimens, bien qu'il fafle femblant de n'être point Papifte. Et on peut dire de plus , fans mentir 6c en bonne confcience , que dans le fond c'eft un vrai Epicurien .^ qui ne croit aucune chofe. (iî) Il ne fympathife point avec les Pa« piftes , parce qu'ils le méprifcnt entie» rement. 11 s'accommode mieux avec les Grecs , parce qu'il trouve chez ces malavifez de quoi fe farcir le ventre. Cependant , il eft fort éloigné des fentimens des uns ÔC des autres , par- ce qu'il n'a dans le fond du cœur, qu'un franc Athéïfme. Voila pour- quoi il fait le Pantomime 6c la Chate- mite , n'étant venu là ble Mafque monde. Je ne fçai pas quels font les exploits de ce grand Scdncleur. J'efpére que ce traître fera reconnu pour ce qu'il eft, 6c qu'il ne pourra ternir en aucune manière la gloire de Jéfus Chrift ; mais au contraire que Coreffius fera couvert d'opprobre Se de confufion. Je n'ai pas le tems de vous écrire autre chofc , parce que Mihal eft fur fon départ , mais j'y fuppléerai une lors que j'aurai plus de M refto ftiamo benè fani , per gratia â'Jddio : pregando fua Divina Majefta che conp:rvi Voftra Reverentia in buon Jlato è fànita , perche ferviate alla Chiefa de Jefu Chrifto in lUilità délie Anime Chriftiane, , fous ce dou- , que pour attraper le autre fois , loifir. Au refte ces à Dieu : je me porte bien , gra« & je le prie qu'il confer- ve vôtre vénérable perfonne en fanté, 8c en fi bon état , que vous puiffiez toujours travailler dans l'Eglife de Je* fus Chrift , pour l'utilité des Ames ' Chrétiennes. Saliito DU PATRIARCHE LUCAR. 109 Salut 0 tutti di Ca/a. Il S ignore Cop- i Je faluè tous ceux de ch&i vous, fa, è la Magnifica Signera hconorn è gli 1 Monfieur Copfa , la Magnifique Da. (iltri. Di Rhodi alli l^ Giugno 1636. CrRILLO PATRIARCHA. me Leonore^ 6c tous les autres. De Rhodes le J^ Jf(i„ 1636. CYRILLE PATRIARCHE. . Cette Lettre a été mife en Original comme les précédentes dans la Bihliothéqut de VUni-verfité de Genève , fous le Numéro X X V I IL REMARQ^UES SUR LA LETTRE IX. DU PATRIARCHE LUCAR. (a) CV malheureux Coreffius , s"" imagine d'' avoir trouvé fa fortune dans la pi'ofpé- rité mondaine. Il fe déguife pour femer diverfes Héréfies. . . Il efl Idolâtre ^ par- tifan du mérite des Oeuvres. . . Il corrompt le Sacrement de V Euchariflie ; ilrné- prife la Grâce de Jéfus Chriji : il lui affocie plufieurs Médiateurs : il croit qu'ail y a un Purgatoire : il eft Difciple de Bellarmin , i^ cependant il n'eft point Papi- Jle , mais plutôt un vrai Epicurien. NOus avons fait voir dans les Remarques de la Lettre V. que George Co- reffius eft un des principaux Témoins que les Doûeurs de Port-Roial & de Sorbonnc ont produit dans leur Ouvrage de la Perpétuité de la Foi , & nous avons démontré à la page 70., & dans les trois fuivantes , que ce Difciple des Jéfultes écoit un débauché , fans /oi 6c fans Religion ; 6c que par conféquent il n'y a jamais eu de témoin plus récufable que ce Parafite dévoué au fcrvice des perfonnes infâmes On trouvera auHi dans le même lieu des preuves convain- cantes de fes fourberies 6c de fes Impofturcs, 6c de quelle manière les Dofteurs de Sorbonne 6c les autres Se£tateurs du Papifme ont adopté une Théologie Ete- rodoxe, compofée par ce faux Dofteur, 6c imprimée à Venife en i6g). fous le nom emprunté de Grégoire Prêtre , Moine 6c Protofyncelk de la grande Eglife de Chio. Cet Ouvrage qui eft une efpcce de Catéchifmc , qui porte le Titre d'Ahregé des Divins ^ Sacrez Dogmes de r Eglife Orientale , contient un précis de la Do- urine du Cardinal Bellarmin fur les matières de Controverfe agitées entre les Proteftans 6c ceux de la Communion de Rome , fur quoi on doit remarquer que Coreffius y canonife toutes les erreurs 6c les idolâtries du Papifme , afin de perfuader , autant qu'il lui eft poffible , aux ignorans, que ce font les propres Dogmes 6c les Pratiques Religieufes des Grecs non Latinifez , qui font con- tenues dans ce Catéchifme. Les Doâ:eurs de Sorbonne l'ont produit contre le O z Mini- 110 REMARQUES SUR LA LETTRE IX. Miniftre Claude ôc les Théologiens Réformez , comme une Pièce très Authen- tique , fur tout depuis qu'ils ont trouvé le moicn de le faire approuver parles Grecs Subornez dans le Concilu de Jcrufalcm tenu fous le Patriarche Dufithée l'an 1671. Nous produirons dans la ïuite de cet Ouvrage pluficurs témoigna- ges pour réfuter cette Doftrine erronée de Coreffins^ c'cft pourquoi il nous fuf. fît d'avoir fait remarquer ici en paflant , quelles font les Erreurs 6c les Hé- réfies de ce pcrfonnage dont le Patriarche Lucar fait le Portrait dans la Lettre que nous expliquons. Mais avant que de finir cet Article , il nous paroît ncceflaire de faire quel- ques réflexions fur l.i matière de l'Epicuréifme que ce Patriarche attribue à Coref- fuis. Se que pluficurs Philofophes & pluficurs Théologiens modernes repréfcn- tent fous une faufle idée , qui a jette prefque tout le monde dans une erreur très grofliére fur les Dogmes d'Epicuye , 6c fur les mœurs corrompues qu'on attribue à ce Philofophe , dont la Seéte a été fi renommée dans lePaganifme, & fi décriée dans le Cbriftianifme par des Théologiens 8c des Cafuitcs qui n'onc jamais fçij la véritable Théorie , ni la Pratique de VEpicuréïfîiie contre lequel ils invedivcnt ôc déclament de toutes leurs forces. La calomnie n'a jamais rien refpeété, elle a porté fon venin jufques fur le Trône, elle s'cft glilfée parmi les plus faintes Sociétez, elle a fouvent attaqué Se prefque opprime l'innocence , & la Divinité même n'a pas été à l'abri de (ts atteintes; Se comme fon fuccès dépend la plupart du tems de certaines circon- Ilanccs, 6c de la manière dont on l'infinuë, celle que les Stoïciens ont publiée contre Epicure a été de ce caraétére. L'extérieur afFtété de ces Philofophes , leur zélé apparent pour la vertu , l'auftérité faftueufc de leurs préceptes , Sc les magnifiques expreffions donc ils ont voilé leurs impoftures , ont eu d'abord quelque fuccès. C'eft le pro- pre de la calomnie de répandre pendant quelque tems fon poifon ; mais dans la fuite la vente triomphe de fcs artifices, & la calomnie fe détruit par fa pro- prc foiblcflè. La fauflcté de celle qu'on a feméc contre ce Philofophe a été découverte, puifque ce grand homme fut l'amour des fçavans de fon Siècle ; fa Patrie l'ho- nora par des ftatucs , fa Doctrine éclata par fcs écrits ; l'on failbit même gloire , au rapport de Pline^ de tenir de fes portraits dans les fales , de les por- ter fur foi , ôc l'on célébroit le vingtième de la Lune des Fêtes en l'honneur de fes images. 11 cxpolii aux yeux de l'Univers la beauté de fon intérieur par la manière de bien vivre qu'il cnfcigna , 6c il mcprifa de réfuter les impoftures de fcs en- vieux. Falloit-il d'autre Apologie qu'une vie fans reproche, Se une vertu fans aftcclation? 11 a trouvé chez fes propres ennemis des témoignages de l'intégrité de fes ■mœurs. Senéque a travaillé pour fa gloire. Se fi l'autorité de ce Stoïcien eft de quelque poids , les principaux de la Scéte ne croioient pas aflurèment ce que le vulgaire s'imaginoit à fon défavantage. Ses paroles font remarquables. „ J'a- „ vouerai , dit- il , fans avoir aucune complaifance pour le fimple peuple , „ qu'iijî'/Vari; n'enfeigne rien qui ne foie conforme à l'équité Se à laraifon: j'ofc „ même aflurer que fi l'on vouloit approfondir fcs préceptes , on n'y trouve- „ roic DU PATRIARCHE LUCAR. m roit rien qui ne fût de la dernière fcvérité. Jl emploie toute fon éloquence pour montrer que cet illuftre Grec n'eft pas fi éloigné que l'on croit des opi- nions des Stoïciens, qu'ils ont un même but 6c une même fin ; mais que leur méthode eft différente. Ckéron, parmi les objeftions qu'il fait à ce Philofophe, marque toujours de l'eftime pour lui ; & Saint Auguftin même , dont la piété ne peut être fufpec- te , n'a point ce zélé injufte qu'ont de certains efprits , qui même aujourd'hui condamnent Epicure , fans fc vouloir donner la peine d'examiner fa Mo- raie. Ce fçavant Doreur , après avoir refléchi fur tous les Philofophes , fait un aveu glorieux à la mémoire d'Epicure : Je reu[[e préféré ^ dit-il, au Liv. 7. de ben. vi. c. 16. à tous ceux que V antiquité nous vante , s'il avait crû dans Vautre vie des peines Çf? des récompenfes. Saint Jérôme a rétabli la réputation de ce Philofophe en écrivant à Jovinien. „ N'eft-ce pas une chofe digne d'admiration, dit ce Père de l'Eglife, (\\i'Epi- „ cure ^ qu'on regarde comme le maître de la volupté , ne dife autre chofe dans „ fes Livres, Cnon qu'il ne faut pour fubfifter agréablement, que des herbes , „ Se des fruits , & une fimple nourriture ; que la recherche de la délicatefle des „ viandes donne plus de peine qu'elle n'apporte de plailir au goût , que de „ l'eau Se du pain fuffifent au corps , Sc que l'excès n'eft point néceffaire pour „ fa confervation ; c'cft feulement par le plaifir d'être vicieux qu'on s'y aban- „ donne; le boire Se le manger doivent fervir pour appaifcr la faim , 6c ctein- „ drc la foif, 6c non pas pour flatter l'intempérance. Ceux qui vivent parmi „ le luxe des fcftins , cherchent enfuite des plaifirs criminels ; 6c d'ailleurs la „ fagefle , qui n'eft que l'ouvrage du travail , ne s'acquiert point dans ce gen- „ re voluptueux de vie. Il femble que ce Saint Doéleur ait prefque entière- ment pris ce paflage de Porpbire., où il parle de l'abftinence des viandes : Il y rapporte les fcnnmens 6c les préceptes d'Epicure fur la frugalité , 6c fur h manière de garder la tempérance , qu'il aflurc avoir été jufqu'à fon tcms invio- lable aux Scftateurs de ce fameux Grec. Genuftus P letho grandi Platonicien , qui vivoit il y a près de deux cens ans, dit qu'Epicure r^gardoit la tranquillité de l'efprit comme le Souverain bonheur de la vie, 6c Jean Gerfompzrhnl âe l'opinion différente des anciens Philofophes fur cette même félicité, rapporte que quelques-uns l'ont mife dans le plaifir des fens , mais qu'Epicure , dont Sénéque parle avec tant de vénération dans fes Epîtres , la mettoit dans le calme de l'efprit: après quoi ce Chancelier de l'U- niverfité de Paris ajoute, o^' Ariflippe ^ Sardanapak 6c Mahomet , qui ont fou- tenu que les plaifirs du corps faifoient le bonheur de la vie, font indignes du nom de Philofophes. Enfin, dans ces derniers tcms, le célèbre Philofophe Alalehranche a fait pa- roître la Doftrine cVEpicure avec tout le luftre qu'elle méricoit: il a fait écla- ter ce qu'il y avoit de louable dans fes moeurs , par la belle Apologie qu'il a laiflce pour fa juftification. Il rend juftice à la vertu Païenne, en faifant voir l'excellence de celle du Chriftianifme, 6c s'il donne des louanges à l'une, c'cft pour faire briller davantage celle qu'on apprend dans l'Ecole de la véritable Religion , où les fidèles rcconnolflent que les lumières de la raifon ne font O 3 pas m REMARQUES SUR LA LETTRE IX. pas fuffifantes pour conduire l'homme dans le chemin de la vertu , fans le fc- cours particulier d'une grâce efficace, que Dieu accorde à tous ceux qu'il veut conduire à la connoiflance & à la pofleffion de la félicité & du bonheur éter- nel qu'il n'accorde qu'à fcs éliis, par le mérite & l'interceflion de Jé/us Chrift le Sauveur du monde. On doit avouer (m'Epicure n'a pas connu la vraie Religion, puifqu'il a été plongé dans les ténèbres du Paganifme, qui étoit le Culte de fa Patrie, & ce- lui de la plus grande partie du monde; mais on peut néanmoins foûtenir qu'il a vécu moralement bien : c'eft outrager la bonne foi , infulter à l'antiquité , abufer le prcfcnt , & mentir à la pofterité , que de faire pafler pour un mé. chant homme , & pour un voluptueux , celui dont la vie a été bien«glée , qui a montré les charmes qu'il y avoit à bien vivre , les moiens de fuir le vi- ce , 8c qui a voulu enfin , que les paflions fuflcnt domptées par la réfléxioh que les hommes railonnablcs doivent fiiire fur les trilles effets qu'elles produi- fenc , quand on fe laiffe emporter à la fougue de tous les mauvais defirs qu'el- les font naître. Le fameux Doéteur Arnaud critiqua de toutes fcs forces cette Doftrinc à'E- pcure , d'abord que le P. Makbranche s'en fut rendu l'Apologifte , & qu'il le mit à foûtenir que tout plaifir eji un bien , i^ qu'il rend actuellement heureux celui qui le goûte. L'Auteur des Nouvelles de la République des Lettres en don- nant l'extrait du Livre de Mr. Arnaud , qui contient diverfcs réflexions Phi- lofophiqucs 6c Théologiques fur le nouveau fyftême de la Nature & de la Grâ- ce, fe déclara fur cet article pour le P. Makbranche. Il n'y a rien de plus inno- cent , dit-il , dans fon troifiéme Article du mois d'Août 1685'. , ni de plus cer- tain que de dire, que tout plaifir rend heureux celui qui en jouit, pour le teras qu'il en jouît, 6c que néanmoins il faut fuir les plaifirs qui nous attachent au corps. .. Âlais , dit on , c'eji la vertu , c''eji la grâce , c''ejl V amour de Dieu feul qui ejl nôtre béatitude. D'accord en qualité d'infirument , ou de catife efficiente , comme parlent les Pbilofophes , mais en qualité de canfe formelle , c'ejl le plaifir , c'eji le contentement qui ejî nôtre feule félicité. Là-dcflijs Mr. Arnaud prit à partie le Nouvellifle de la République des Let- tres, & lui adreffa un Avis , inlcié dans le premier Article du mois de Décem- bre 1685". , dans lequel il leiréfuta de point en point , 8c félon toutes les ré- gies de fa manière de combattre , qui étoit lans doute celle d'un très habile Logicien. Le Nouvellillc répliqua dans fon Journal du mois de Janvier 1^86. Se foûtint toujours Ion Dogme , & s'attacha principalement à Ôter les équivo- ques qui ont été répandues fur cette matière , par la diverfité des phrafes tro- pologiques , dont on s'eft iervi : la plupart des Ecrivains aiant donné à la caufe le nom de l'eflèt, je veux dire aiant appelle bonheur , ou malheur , non pas ce qui l'eft effcétivement , mais ce qui le caufe. 11 s'engagea même à réfuter ceux qui s'imaginent que les plaifirs de nos fens ne font point fpirituels : il foûtint qu'à ne les confidérer que félon leur e«//Ve phyfique , ils font purement fpirituels, 6c qu'on ne peut les appeller corporels qu'en conféqucnce d'un rap- port accidentel 6c arbitraire qu'ils ont au corps; car ce rapport n'eft fondé qu'en ce qu'il a plû à Dieu d'établir pour la caufe occafionnelle de ces plaifirs, l'ac- tion de certains objets iur le corps de l'homme. Mr. DU PATRIARCHE LUCAR. 115 Mr. Arnaud ne voulut pas avoir le dernier ; il réfuta tout de nouveau Ton adverfaire par une doue Difl'ertation , mife dans le 6. Tome de la Bibliothè- que Univerfelle , ol\ il n'y a rien de plus important , ce nae femble , que la dernière partie. Elle a pour titre , Examen d'une muveite'fpéadation touchant la fpintualité i3 I^ matérialité des plaijirs des fens. Il la commence de cette ma» niére: „I1 ne me refte plus, Monlîeur, qu'à vous dire un mot de la plus im« ,, portante chofe de vôtre Ecrit. C'eft une penfce Métaphyfique fî fubtile 8c fi ,abftraite, que j'ai une double peur: l'une de n'avoir pas tout à fait bien pris „ vôtre penfée : l'autre de ne pouvoir dire la mienne d'une manière qui puifle „étre entendue de tout le monde. Vous prétendez, Monfieur , qu'il faut dif. „tinguer deux chofes dans les plaifirs des fens , \&ur fpiritualité que vous rc „ gardez comme leur étant eflentielle , 5c leur matérialité que vous voulez qui „leur foit accejjoire i^ accidentelle : d'oij vous concluez qu'un plaifir des fens y, pourro'it demeurer idem numéro , le même en fon individu , & n'avoir rien de „ matériel , parce que la matérialité en peut être féparée. Mr. Arnaud développe enfuite fort nettement la Doctrine de fon Adverfai- re , 6c la combat d'une manière très digne de fa L.ogique £c de fon habileté ; mais ie croi pourtant qu'il n'a pas raifon dans le fond , &: qu'il n'a pas allez pris garde à la difiérence qui fe trouve entre nos fentimens éc nos idées. Le rapport de nos idées à leur objet cil eflentiel ; 6c il a raifon de dire , que Dieu ne pourroit pas faire que l'idée du cercle fût féparée du rapport au cercle. Mais il n'en va pas de même de nos fentimens. Nôtre ame pourroit fentir du froid fans le rapporter à un pied, ou à une main , tout comme elle fent la joio d'u- ne bonne nouvelle 6c le chagrin , ians les rapporter à aucune des parties du corps: 6c fi pendant qu'elle cft unie à un corps elle rapporte à quelque partie de ce corps la douleur 6c certains plaifirs , le lentimcnt de la briilure, le cha« touiUement , 6cc. , ce n'eft que par un ètabliflement tout à flui libre de l'Au- teur de fon union avec le corps , ce n'eft qu'afin qu'elle puifle mieux veiller à conlerver la machine qui lui eft unie. Si cette raifon cefToit , il ne fcroit plus néccflaire qu'elle rapportât hors de foi les fentimens , 6c néanmoins elle feroit toujours fufccptible de la modification qu'on nomme douleur , plaifir , froid, chaud : Dieu pourroit lui imprimer toutes ces modifications, ou Ians fc rqglcr fur aucune caufe occafionnelle, ou en fe réglant fur une caule occafion- nellc qui ne feroit pas un corps j mais les penfées de quelque efprit. L'Auteur de l'Art de penfer a raifon de dire ,, qu'il cft très pofiîble , qu'u* „ne ame féparée du corps loit tourmentée par le feu de l'Enfer, Se qu'elle (tn- „te la même douleur que l'on lent quand Ton cft brûlé, puifque lors même ,, qu'elle étoit dans le corps, la douleur de la brûlure étoit en elle, 6c non dans „ le corps, 6c que ce n'étoit autre chofe, qu'une penfée de triftefle qu'elle ref- „fentoit , à l'occafion de ce qui fe paflbit dans le corps auquel Dieu l'avoitunie. Mais il n'a pas raifon de fuppofer qu'il faudroit que Dieu dilpolât tellement une certaine portion de la matière à l'égard d'un efprit , que le mouvement de cette matière fût une occafion à cet efprit d'avoir des penfées affligeantes. Un être tout à fait immatériel pourroit faire la fonètion d'une telle caufc oc- cafionnelle , 8c en ce cas là nôtre ame pourroit fentir le même plaifir que nous nommons fenfucl Se corporel ,' elle le pourroit , dis-je , fentir fans le rapporter O 4 à 114 REMARQJJES SUR LA LETTRE IX. à une bouche , ou à une oreille, comme nous y rapportons préfentement le plaifir de la bonne chcre & de la Mufique. D'où il rcfulte que le plaifir, de quelque efpcce qu'on le fuppofc , peut faire le bonheur de l'amc par tout où elle le trouve unie à la macicre. , ou féparéc de tout ce qui eft matériel 8c corporel. Cela mcriteroit un difcours.à part ; mais n'étant pas ici le lieu de traiter cette matière à fond , il nous fufiît d'avoir fait remarquer en peu de mots que le Patriarche Lucar n'eft pas le feul quia attribué à Epicure 6c à Tes Sectateurs des fcntimcns 6c des maximes bien différentes de tout ce que les Philofophes & les Théologiens modernes les mieux verfez dans la connoiflance de l'antiquité publient de la Doétrine & des mœurs de ce Philolophe fi fameux parmi les anciens Grecs. Cette diverfité d'opinions qui partagent aujourd'hui les Sça- vans fur cette matière , nous oblige d'ajouter encore deux ou trois courtes ré- flexions à cet article pour rendre plus intelligible ce que nous venons de dire. Il eft ncceffaire d'obferver d'abord, que prefque tous les anciens Philofophes qui ont parlé du bonheur de l'homme , fe font attachez à une notion externe, gc c'eft ce qui a produit parmi eux un fî grand partage de Icntimens , que félon Farron ^ il y avoit deux cens quatrevingt-Sc-huit opinions différentes fur ■ la nature du fouverain bien. Il y a un peu d'exagération dans ce nombre , comme on le peut voir dans le dixneuvicme Livre de la Cité de Dieu de Saint Jngnjlin : mais cela n'empêche pas qu'il ne foit très véritable que les uns ont mis le bonheur de l'homme dans les richcffes; d'autres dans les Sciences ; d'autres dans la réputation ; d'autres dans la ; vertu j & d'autres dans plufieurs autres chofes. 11 eft clair qu'ils ont attaché l'idée de la béatitude , non pas à fa caule for- melle , mais à la caule efficience ; c'eft à dire , qu'ils ont appelle nôtre bon- heur ce qu'ils ont jugé capable de produire en nous l'état de félicité, & qu'ils n'ont point dit quel eft l'état de nôtre amc quand elle eft hcureule. C'eft cet état que je nomme la eau fe formelle du bonheur. Epicure n'a point pris le change , il a conlîdéié la béatitude en elle-même , 6c dans fon état formel , & non pas félon le rapport qu'elle a à des êtr'S tout à fait externes, comme lont les caules efficientes. Cette manière de confidércr le bonheur eft ians doute la plus éxaéle , & la plus digne d'un Philolophe ; Epicure a donc bien fait de la choilîr , Sc il s'en eft fi-bien lervi qu'elle l'a conduit prècilément où il falloit qu'il allât : le Icul dogme que l'on pouvoit établir railonnablement félon cette route , ttoit de dire que la béatitude de l'homme confifte à être à Ion aile , 8c dans le Icnti- ment du plaifir, ou en général dans le contentement de l'elprit. Cela ne prou- ve point que l'on établit le bonheur de l'homme dans la bonne chère , 8c,dans les autres plaifirs des lens ; car tout au plus ce ne peuvent être que des caules efficientes , & c'eft dequoi il ne s'agit pas : quand il lera queftion des caules efficientes du contentement , on vous marquera les meilleures ; on vous indi- quera d'un côté les objets les plus capables de conlervcr la lanté de vôtre corps, 6c de l'autre les occupations les plus propres à prévenir l'inquiétude de votre elprit : on vous prelcrira donc la lobriété , la tempérance , Sc le combat con- tre les paflîons tumultueules Sc déréglées qui ôtent à l'ame Ion état de béati- tude , DU PATRIARCHE LUCAR. ny tudc , c'eft à dire l'aquieicemcnt doux 8c tranquille à ia condition. C'ctoient là les volupttz oii Epicure failoit confifter le bonheur de l'homme. On le ré- cria lur le mot de Folipté , les gens qui étoient déjà gâtez en abulcrenc , les ennemis de la Scfte s'en prévalurent , 5c ainfi le nom d'Epiciire devint très odieux. Tout cela eft accidentel au Dogme , 8c n'empêche pjs (\w''Epkure n'ait lolidement philolophé. Bien entendu qu'il commettoit une grande taute en ne rcconnoillant pas qu'il n'y a que Dieu qui puifle produire dans nôtre amc l'état qui la rend heureufe. LETTRE DIXIE'ME. De Cyrille Lucar Patriarche de Conftantinople , à Mr. Antoine Léger , Miniftrc du Saint Evangile, Pajîeur ^ Profejfeur en Théologie i Genève. Al molto Révérende M. S. Antonio Légère, Amico ollcrvatiffimo, Mol- to Re-verendo Signoyc doppo lefrate- ne falutationi. ALVimpro'vifla il benedetto Voflrofuc- cejjore M. S ignore Sartorio mi è "ue- nuto auvifare che U corrieri ordina- rii Venetiani hanno da part ire , è fe vo- lojfe fcriverli. Subito lafciato à parte ogni altro affa- re , con la mano tremantc mi mejji a f cri- ver e la pre fente , perche glifaciamo inten- der il buon flato noflro nel qnak •vii'iamo , ha-vendo fempre mentor ia deilaperfonafua, che ha lafciato imprejfe ncgli animi di tut- ti gli noftri Greci qualua di humanita, di dottrina, è di ianiita , che in Ici rii plendevano , con univcrfal Hitisfatione di tutti lifedeli, è confufione dell'au verfarii. (^a) E 1-ero che M. Signor Sartorio é imi- tatore délie virtu di Fojlra Rcverentia , è del "calore , che fatisfa ajfai al fiio uffi- cioài predicare ortliodoxamcnte il ver- be d'iddio, è pafccr quejlo piccolo Ovile fen^ refpermiar à fatiche di ftadii , con Autres vénérable Mr. x'Vntoine Léger, montres cher i^ honoré Ami , après vous avoir faine fraternellement. JE vous dirai que Mr. Sartorio vô- tre fucccfleur , très louable , m'efl: venu donner avis , à l'improvifte , que fi je voulois vous écrire , le Courier ordinaire de Venize étoit fur le point de partir. J'ai d'abord laiflc toutes mes autres affaires , 6c me fuis mis à écrire cette Lettre avec la main tremblante, pour vous faire fçavoir la bonne fituation oii je me trouve préicnttmcnt , 6c le fouvenir que je confcrve toujours de vôtre chère Perfonne , qui a laiile dans l'efcrit de tous nos Grecs les traces de r honnêteté àzTérudition, Se de \a.fainteté qu'elle faifoit briller au grand contente- ment de tous les fidèles , i3 àla confufion de nos adverfaires. ( a ) Il eft vrai que Mr. Sartorio eft un parfait modèle de vos vertus 6c de vô- tre capacité , 6c qu'il s'acquite fort bien de fa Charge , en prêchant la Parole de Dieu d'une manière Orthodoxe , 6c en édi- fiant ce petit troupeau par une vie 'Ci P éfeni- ii6 LETTRES A éfetnpUrita di vita notabllc , pcr il che da tutti c riverito &; honorato. ( b) Ma la lotiga prattica che Fojlra Rê- ver entia ha havHta qui è la familiarità con tutti à la Chriftiaria prattica, M pvegUato gli arùmi alli noftri , che di lei ' ricordandofi , è dclh fua dottrina , ed altre fue qualità la bcnedicono , onde hahhi da creder che qui ha lafciato buon noiuc. {c) Havnto pitoi qui la nuova dcl fuo hiton arriTo in Gcncva., TUTTI fi habiamo rallcgrato è renduto gratic alla Majefta Divina, che non lafcia U fnoi fedeli alla clifcretione delli peccatori : il che giornal- mente lo proviamo in noi iflejji. Non ho tempo dafcrii'cr moite cofe^ ma quefio non voglio prétérit e , che di Vene- tia w;i auvifa Soplironio, Mcrropolita di Athcnc , mio CUcntalc è molto incli nato alla Religionc Reformata, corne fa FORSE p^ojlra Revercntia ^ lui m'avi- fa Corne à Roma la Congregatione de propaganda INFIDELITATE , che cofi fi deve cbiamare , pigliando nuova del mioritorno dalPcflilio è che ho da haver il pofleflb dcl Patriarchato , {che ■piacendo à Iddio infino alli 15;. di marzo 10 haver 0 , havendo io afpetato fecondo Vor- dine dell Excellentiffimo è prudent ijfimo Si- gnore Intibafciadore di Hollanda , è il fiiofano confeglio la mutatione , {3 H cam- biamento de tutte le Porte , è delli Magi- ftrati deir Imperio , che qui adejfo par ejfer nuo'vo mondo , ) hora l'infana Congrega- tione pigliando nuova di queflo hanno va« liamente difcorfo di me. NEC DOTES éxeinplaire , parmi beaucoup de fati«- gucs 6c de voiages , qu'/Y n'y a pcilbn. ne qui ne l'honore & ne le rcfpefte. Mais les habitudes que nous avions- contraâécs , en convcrfant familière- ment avec vous , Monfieur , pendaat vôtre long féjour en ce Pais, ont tel- lement réveillé dans l'efprit d'un cha- cun de noui ^ le fouvenir de vos inftru- £tions Chrétiennes Se de vos autres beaux talens, que tous nos Grecs ne ceJJ'ent de vous louer (^ de vous bénir. Cela vous doit entièrement convaincre que vous avez lailîe vôtre réputation fort bien établie en ces quartiers. Nous avons TOUS eu une grande joie quand on nous a donné la nouvel- le de vôtre hcureufe arrivée à Genè- ve ; & nous en avons rendu grâces à la Divine Majcfté , qui n'abandonne jamais les ficns au pouvoir des raé- chans , c'eft ce que nous reconnoiflbns nous-mêmes tous les jours , par nôstrc propre expérience. ' Je n'ai pas le tcms de vous écrire beaucoup de chofes , mais je veux néanmoins vous faire part d'un avis que j'ai reçu de Fcnizc , par une Let- tre de Sophronius Métropolitain à.' Athè- nes qui ell un de mes amis , fort bien intentionné pour la Religion Réformée^ comme vous le fçavez, PEUT-ETRE, Monfieur. Il me dit qu'on a parlé di- verfcment de moi à Rome , dans la Congrégation de la Propagation de l'I N- FIDELITE', ( car ceft ainfi qu'on la doit appeller, ) touchant la nouvel- le qui s'y eft répandue de ma déli- vrance de l'éxil , & de mon retour en ce Païs , où je dois rentrer en poflcflion de mon Patriarchat , le if. du mois de Mars prochain , Dieu aidant. Je l'au- rois pu faire plutôt , mais en fuivant le bon confeîl de fon Excellence, Monfieur Y Amhajfadeur de Hollande , qui 'Un Giefuita chiamato Tarquino , fe ne va dell?ip^ Urbano, per infligarlo à 'voleifi rifentire contra il Vechio Patriar- cha Cyrillo chc é Herctico , edinimico délia Santa Chiefa Catholica Romana, ^ parla quanta gli é piaciuta ; ma il Pa- pa p'm difcreta è Politico , per levarfe da doffb tin huomo importuno èfenza ccr- vello, rifpofe molta bene che la fua Autho- rita non pafla in Turchia , ma che fi habhia patientia infino alla venuta del Spagnuolo Imbafciadore , del quale fi he ben qualche cofa parlato dclF hgQnte deW Imperadore , ma itttto rifoluto infumo. Vengo à dirli che la di-vina mifericariia mn lafciara mai U fuoi fedeli , 7je permet- tera che la mana delli ad-verfarii fi^a poien- te fopra di loro : ma fcmpre li protégera. Laudatofia il fuo lanto nome. Di altre cofe minute che Voflra Révè- rent ta me ha. . . . que (la volt a non gli puajfo rifponder. Jfpctto pigliar il pofief- fo came ho fcritto di fopra , è fi:river puai alla Santa Synodo , è rifponder alla man- iatami. AÏrhora con qiiella rifpafta daro conto à Voflra Reverentia del refio. DU PATRIARCHE LUCAR. n^ efl très prudent , j'ai attendu que tous les Officiers de la Porte 6c les Magi. ftrats de cet Empire fuflcnt changez , ce qui aiant été fait , il lemble main, tenant que ce foit un nouveau mon* de. Un Jéfuitc appelle Tarqiiin efl: allé à Rome .f vers le Pape Urbain, pourl'in-. citer à faire paroître les effets de fa ce 1ère contre le vieux Patriarche Cyrille .^ Se à le traiter comme un Hérétique 6c comme un ennemi de la fainte Eglife Catholique Romaine. Il lui a dit tout ce qu'il a voulu ,■ mais le Pape mieux avifé 8c agiflant en bon politique , pour fe débarraflcrde cet importun écerve* lé , lui répondit fort bien , que fon Autorité ne s'étend pas dans la Tur- quie , mais qu'il devoit avoir patience jufqu'à-cc que l'Ambafladeur à'Efpagne fût arrivé ici. 11 eft vrai que l'Agent de l'Empereur a dit quelque chofe de fa venue , mais tous les dilcours font allez en fumée. Cela me donne lieu de vous dire que Dieu ne permettra jamais que les fidèles foicnt vaincus par leurs adver* faircs , mais qu'au contraire fes fervi- teurs feront toujours protégez par un effl't de fa divins miféricoide. Loué foit fon Saint Nom. Pource qui eft des autres chofes de moindre importance dont vous m'avez parlé. . . Je ne puis vous donner au- cune réponfe maintenant. J'attens d'ê- tre remis en polîeffion de mon Patriar- chat , comme je vous l'ai dit ci-dcllus, après quoi j'écrirai à toute vôtre fainte Aflemblée Synodale , en répondant à la Lettre qui m'a été envoiée , 8c alors je vous informerai amplement de tout le relie. Nous efpcrons que par la bénédiétion de Dieu , VEtat Eccléfiaftique fe rétabli- ra : que la foi Orthodoxe de r Evangile s'augmentera : que la vérité brillera , 5c P 2 RIFOR* Per gratta d'Iddio fperamo che il Stato Ecclcfiafticofi rcitiiuira. La fede Ort- hodoxa Evangclica li propagara, è la verità rifplendcra , è T U T T O SI ii8 LETTRES RIFORMARA fccondo la NORMA dd VERBOdlDDIO. (r/) Tarmi che quel dcrnente Theologo il Corcffi fi vogli riconofcer haver falla to. AU ha fcriîto m unafua Lettcra che fcrivendo per cafo à Voflra Reverentia la falutafle à nome fuo , è chmnia Foftra Reverentia mio «rKuajwuriiV, ( e ) Jo non gU ho fcritto , ma gU ho fatto rlire che non fcrivero à Voftra Reverentia îal falt'.te di rai perfonà ma che lui volen- do-la falutare , fa fcrivere , ^ che fcri- va. Li Articoli li piu importaiiti chefono da quefli traditori oppugnati ^ fono, délia Verita del Sacramento , perche é molto dolce nel gtifto delli ignoranti il vocabulo délia falfa Tranflubftantiatione ; Cofi anco l'interccffione delli piccoli Inter ccflbri : li prieghi alli Santi, è l'Adora tione de gl'Idoli, (/) Dio Signore apri pcr il fuo Santo Spi- rito le menti nojîre '<»* «pf»»»^ , quel che nella fcrittura prophétie» Se EvangcHca fiamo infegnati. Prego per fine che la Maiejîa. Divina confervi è guardi la perfona Voflra , e la protega , è benedica per fempre. Saluto tutti II Reverendifimi Dottori fratcrnamence , è gli pregbo dal Signore ogni be ne dit tione iprofperità. Di Galata alli lo. Marzo Stylo nuovo 1637. Di Voftra Reverentia amicijjirao Fratello CYRILLO PATRIARCHA. ANECDOTES que TOUT SERA REFORME' félon la REGLE de \i PAROLE DE DIEU, {d) Il me femble que cet extravagant de Théologien , Corefjlus , veut reconnoî-» tre qu'il s'efl: trompé. Il m'a prié dans une de fes Lettres de vous faluer de fa part , quand j'aurai occafion de vous écrire , 6c en me difant cela il vous nomme vaon fécond Se mon appui dans les Controverfes. (c) Je n'ai point répondu à fa Lettre,' mais je lui ai fait dire que je ne vous prefenterai jamais les faluts d'une telle perfonne , 6c que s'il dcfire de vous faluer, il peut le faire lui-même, puif- qu'il fçait écrire. Les plus importans Articles de la Religion que Corefjlus 6c fes perfides adhérans ccablilîent font , celui de la prefence réelle du Corps de Jéfus Chriji dans le Sacrement de V Euchariftie : parce que le mot de Tranffubflantiation plaît beaucoup aux ignorans : de même, la Médiation des petits InterceJJéurs : les prières adrejfées aux Saints : y V Adora- tion des Idoles. ( f ) Dieu nous fuflc la grâce d'éclairer nos entcndcmens des lumières de fon Saint Efprit, afin que nous puif- fions bien comprendre ce que les Pro-. phetes 6c les Evangéliftes nous enfei- gnent dans leurs Ecrits. Je finis en priant la Divine Maje- fté qu'elle confcrve vôtre Perfonne , qu'elle la prenne en fa garde: qu'elle la protège 5c la comble toujours de fes bénédiftions. Je faluc fraternellement tous les Vé- nérables Dcfteurs de vôtre Eglife , 6c adrcfledcs voîux au Seigneur tout-puif- {ant, afin qu'il les bcnifle 6c fafle prof* perer en toutes chofes. De Galata le 10. de Mars Style Nouv. l6p. Je fuis , mon très honoré Monfieur, vôïre tris affeâ tonne Fre'rc, CYRILLE PATRIARCHE. Cette DU PATRIARCHE LUCAR. 119 Cette Lettre a été mife en Original avec les précédentes dans la Bibliothèque de VUniverfité de Genève fous le Numéro XXXI. REMARQUES SUR LA LETTRE X. DU PATRIARCHE LUCAR. (a) Votre chère perfonne qui a laijfé parmi tous nos Grecs les traces de rhonnêie* té, de l'Erudition , i^ de la Sainteté qu'elle faifoit briller au grand contentement de tous les fidèles, {^ à la ccnfufionde nos adverfaires. (b) Il n'y a perfonne f/« n honore (^ qui ne refpeSîe vôtre Succejfeur Monfteur SiV'» torio , qui s'acquite fort bien de fa Charge , en prêchant la Parole de Dieu d'une manière Orthodoxe. (c) Le fouvenir de vos Inftructions Chrétiennes. . . . étant renouvelle dansl'ef- prit de chacun de nous. . . . tous nos Grecs ne cejfent de vous louer £s? de vous bénir. Cela vous doit convaincre que vous avez laiffé vôtre réputation fort bien établie en ce Pais. Nous avons TOUS eu une grande joie quand on nous a donné la nouvelle de vôtre heureufe arrivée à Genève j £5? nous en avons rendu grâces à Dieu. TOut ce que nous avons à dire fur les trois Articles précédens , extraits de la Lettre 10. du Patriarche Lucar , aboutit à faire remarquer la faufleté de la Thc'fe des Dofteurs de Port-Roial, par laquelle ils ont voulu perfuader à ceux qui ne connoiflent pas quelle eft la véritable Religion des Grecs fépareiz de la Communion de l'Eglife Romaine ., que ce Patriarche étoit le yj/// qui adhéroit aux fentimens des Réformez ; 6c que tous les autres Grecs de fon Patriarchat ctoient fort éloignez de recevoir fa Doilrine comme Orthodoxe, Si on péfe bien toutes les expreffions contenues dans ce peu de lignes que nous venons de rapporter, on y trouvera dequoi fe convaincre qu'il n'y a que des gens qui font véritablement dans les mêmes fentimens que les Reformer, qui faflcnt des éloges de la perfonne 6c de la DoElrine d'un Mmiftre Protef- tant , comme ceux que les Grecs de Conftantimple ont fait m.ttre dans cette Lettre de leur Patriarche, en faveur du Minifire Léger , Se fur tout en faifant une fi belle Apologie de fcs Sermons 6c de toutes (es infruBions .^ de même que de celles de fon Succcflcur Mr. Sartorius qu'ils déclarent être très Or- thodoxes. Ce ne font pas des Papifes qui tiennent ce langage. On n'a jamais entendu aucun Théologien de l'Egliic Romaine parler de la forte Tout le monde fçait qu'ils ne ceflcnt d'invtftiver contre les Dogmes des Réformez , 6c qu il n'y a point d'injures, ni d'Anathêmes, qu'ils ne mettent en ufage pour con- fondre 6c pour accabler ceux qui les enfeignent. 11 paroî: ici que les G; ces non P 3 lati- lîo REMARQ^UES SUR LA LETTRE X. lalinifez foiu tout le contraire , en louant les Protcflans & leur Doclrinc. Il faut par confcqucnt qu'ils aient une bonne idée de la Religion des Chré- tiens Reformez , £c une grande averdon pour les Dogmes Se le Culte de l'Eglife Romaine , puifqu'ils ne lui donnent jamais que les titres dont les Auteurs Sacrez ic fervent pour défigncr l'Anticliriftianifmc. Voila pourquoi cette idée rcgne dans tout ce que le Patriarche Z.//«r dit contre la Papauté & le Papifme ; Sc c'eft aufli dans cette même vûë qu'il témoigne l'efpérancc qu'il a d'en voir reformer les Abus , corriger les Erreurs & abojir les Idolâtries, comme il s'en exprime dans les trois Articles fui vans, qui font auflî extraits de la même Lettre. ( d ) Nous efpérons que par la bénédiBion de Dieu , l'Etat Eccléfiaflique fe réta- blira : que la foi Orthodoxe de l'Evangile s'augmentera : que la vérité brillera^ y que tout fera réformé félon la Régie de la Parole de Dku. (c) Il vie femble que cet extravagant de théologien Corcflîus , veut reconnaître qu'il s'efi trompé , &c. ( f ) Les plus importans Articles de la Religion que les perfides adhérans de Corefîîus veulent foâtenir , font ^ la Tranflubftantiation, /.-? Médiation des Saints, Tln- \oc^ûon des Créatures, l'Adoration des Idoles , 6cc. Il y a trois chofes fort remarquables dans cette dernière partie de la Lettre du Patriarche Lucar. La première , c'eft qu'il établit le même principe que les Protcftans ont emploie pour la Réformation de cette partie du Chriftia- nifmc qui a rdnoncé à la Communion idolâtre de l'Eglife Romaine , 5c drell'J une Conftfllon de Foi tirée de X^ feule Parole de Dieu , & une Difciplinc Ec- cléfiaftique pour tout ce qui concerne le Culte extérieur des Eglifes Prote» fiantes, dont toutes les Régies font entièrement conformes aux Préceptes de Jé« fus Chrift , tant pour la Théorie que pour la Pratique, de tout ce qui fait l'cf- fcnce du véritable Chriftianifme , tel qu'il fût établi parles Apôlres fans aucun mélange des traditions humaines. La féconde chofe qu'on doit remarquer , ceft que le Moine Coreffius àiÇci^Ac des féfuites , après avoir été le plus crue/ ennemi de Cyrille Lucar , pendant que ce Patriarche étoit exilé à Cbio , Se le plus grand Antagonifte du Mini- rire Léger, quand ce Pafttur Réformé iioxii Fera de Conftaïuinople , fe foit repenti en quelque forte d'avoir combattu la vérité, 6c calomnié ces deux per- fonnes , pour favorifcr les pernicieux deflèins des Emiflaires d^ la Cour de Rome, qui ont mis en ufigc tout ce que la perfidie 6c les plus violentes pafîîons leur ont pu fuggérer, pour faire périr malheurcufcment ce Patriarche , 6c ce Miniftre, parce qu'ils étaient les principaux défcnlcurs i\ç.\' Orthodoxie à.xs\'s>\c% Eglifes Grecques de l'Orient ; quoi qu'il y eût beaucoup de Prélats 6c d'au- tres pcrfonnes qui foûtenoicnt la même Doèlrine, 6c qui cependant n'avoicnc point de Relation avec le Minillie Léger. Cela paroîc en ce que le Patriar- che Luccir lui donne avis au commencement de cette Lettre lo , que Sophronius Métropolitain d'Athènes ell un de fcs bons amis , 6c qu'il cft bien intention- né I DU PATRIARCHE LUCAR. m né pour la Religion Réformée. N'eft-il pas étonnant aprcs cela, que les Do- cteurs de Port-Roial ofent dire que Cyrille Lucar avoir été fuborné par le Mi- nière Léger , & qu'il n'y avoit aucun Prélat dans les Eglifes Grecques , qui fût du icntiment de ce Patriarche de Conftantinople. Cor c_^/.'i lui-même , tout attaché qu'il étoit au Papifme , donne un démenti , auffi-bien que Sopbronitis , à ces Controvcrfiftes fi fameux de l'Eglife Gallicane. On peut enfin remarquer fur le j. Article ci-deflus , que le Patriarche Lii- car condamne cxprcflement les mêmes Dogmes que les Reformez tiennent pour Etherodoxes , & les mêmes cultes qu'ils rejettent comme fuperflitieux , ou comme idolâtres. Ce Patriarche y marque fpécialement l'opinion de la T'ranf- fubjlantiation 8c de la Préfence réelle , comme très erronée 6c entièrement con- traire à la Doétrinc de Jéfus Chrift ; cependant , il n'y a point d'Article de Foi , que les Doéteurs du Papifme foûtiennent avec tant d'opiniâtreté que ce. lui là; mais nous le paflbns maintenant fous filence , parce que nous devons produire dans la fuite dequoi le renverfer d'une manière plus particulière fie plus efficace. LETTRE ONZIEME. He Cyrille Lucar, Patriarche de Confiant impie , à Mr Antoine Léger, fire du Saint Evangile , Pafieur i^ Profc£cur en T'hcologic à Genève. Mini- Molto Reverendo Signore , NOn niancharo di penfare infin tanto quello cbe pojfo fare per fatisfacione del fm deftderio , iforfe qualcbe parte del ben publico. Il Conciliu Fiorentino mantifcritto ve- deremo di truovare , è confideraremo fo- pra le altre fue richiejfe. ( a ) Le buone mve d'ella Chrifiianità ve- nute per li Signori Stati , mi fanno ejjer molto alegro. Iddio benedeîto aintti quelli Principi Mon très honoré Monfieur. JE ne manquerai point de m'appli- quer incefiâmment à faire tout ce qui me ferapoflible , pour vous pro- curer ce que vous defirez ; & peut- être auffi quelque chofe concernant le bien public. Je ferai en forte de trouver h Con- cile de Florence Manufcrit , & n'ou- blierai point de faire toutes les réflé. xions néceflaires fur vos autres deman- des. («) Les bonnes Nouvelles de la Chré- tienté , qui nous font venues en ce Pais , de la part des Seigneurs Etats Généraux , me font un extrême plai- fir. Je fouhaite que la bcnédidion de P 4 . per m LETTRES ANECDOTES Dieu , & fon affiftance , favori fent toujours ces Puifianccs , pour la prof- péritc & le bonheur univerfcl de l'E- glife. per bénéficia del ben commune délia Chie- fa. Il Patriarcha iie 'Patriarche CYRIL LO. CYRILLE. Cette Lettre qui e fi fans datte , a été mife en Original avec les précédentes , dam la Bibliothèque de VUniverfiîé de Genève , fous le Numéro X V 1 H. REMARQ^UES SUR LA LETTRE XL DU PATRIARCHE LUCAR. CEux qui voudront fçavoir la vérité de toutes les intrigues du Concile de Florence , doivent avoir recours aux Hifioires des Grecs £c les comparer avtc celles des Latins. Les uns & les autres outrent fouvent la matière: c'eft pourquoi il faut prendre le milieu entre les deux extrcmitez, Sc confulter les Acles Originaux quand on peut les trouver; au défaut de quoi, on rifque de fe tromper: car il y a fort peu de Conciles imprimez, dans Icfquels on ne trou- ve quelque fallîfication , & c'cft ce qui a obligé le Miniftre Léger de recourir au Patriarche Lucar pour avoir quelque Exemplaire Manufcrit du Concile de Florence. 11 n'y a jamais eu d'AflembIce Eccléfiaftique , dans l'Eglife Romaine, dont les A£tes loicnt plus fufpcfts que ceux de ce Conciliabule de Florence .^ produits par les Latins , attendu qu'ils ont fait tout ce que la rufc 6c l'adrcfle leur ont pu fuggérer en cette occafion pour en impofer à tout le monde : 8c qu'ils ont fait imprimer un grand nombre de Lettres fuppofées , 6c de Relations faites à plaifir pour donner à entendre à toute la Pollérité que tons les Grecs Orientaux fe font unis , de bonne foi, à l'Eglife Romaine dans ce Concile ; mais l'évé- nement a fait voir le contraire d'une manière très évidente , puifque les Hi- fioriens de fa Communion qui déguifcnt, autant qu'ils peuvent, tout ce quife palîà à leur défavantage dans celte occafion , ne fçauroicnt néanmoins s'empê- cher de laifler entrevoir dans leurs Narrations , que cette prétendue Réunion n'a été qu'une feinte de quelques Grecs hypocrites qui ne furent pas plutôt re- tournez en Orient après avoir fait leur Cour au Pape dans ce Conciliabule, qu'ils levèrent derechef le mafque pour agir contre lui , 6c pour le faire Ana< thématifer comme on le peut voir dans l'Hiiloire de ce tems là, dont nous di- rons ici deux mots en nous fervant des propres termes qui fe trouvent dans les Annales de Baronius., dans celles de Rainaldi , dans l'Abrégé de Sponde , 6c dans l'HiItoire du Jéfuite Maimbourg , touchant cette dernière Rupture des Grecs que tous DU PATRIARCHE LUCAR. 125 -tous ces Auteurs Papiftes regardent comme un Schiftnc, dont voici la defcription en abrégé. Le Pape Eugène IV. s'étant brouille avec les Pères aflemblcz au Concile de Sale, pour ibûtenir fon Autorité, en convoqua un à Fcrrare , où l'Empereur d'Orient, le Patriarche de Conftantinople , & plufieurs autres Perfonnes de l'Eglifc Grecque, fe trouvèrent. Mais cette Ville aiant été attaquée de la ma- ladie contagicufe, après XVI. feflions, on fût obligé de transférer le Concile à Florence l'an 1439 Le Pape s'y trouva lui-même , ^w ce J cm Palcologne'Em' pereur des Grecs, &ony tint la première Seffion , quieftlaXV'Il.,en comptant celles qui avoient été tenues à Ferrarc. Ce fut un jeudi 26. du mois deFcvrier , là on difputa de la ProceJJion du Saint Efprit , & les Latins après deux difcours que le Cardinal Bejjarion fît à ce (ujet , cabalerent de telle forte , que quelques Gréa fouf- crivirentà la créance des Zrt//;.'j, mais l'Evêque d'Ephefe s'y oppofa avec quelques autres Prélats Orientaux. Enfuiteon régla du mieux qu'on pût les autres Articles de la Créance des Latins ôc des Grecs , en palliant ce qui ne plaifoit pas aux uns ou aux autres; fie enfin, on conclut une efpéce de 2^o/mT«f(? réciproque, à laquelle on donna le nom cCunion dans les Actes & dans les Lettres circulaires, qui furent foufcrites des uns êc des autres, le 21. jour de Juillet de la même année. Qi.ielque tems après , l'Empereur feayi repafla à Conftantinople , pour s'y oppofer aux progrès des Armes du 'Turc. Cependant , après le départ des Grecs , le Concile dura encore trois ans, & il ne fût conclu qu'en 1442. dans l'Eglife de Saint Jean de Latran à Rome. Plufieurs Auteurs ont écrit que l'Empereur Taleologue n'étoit venu en Italie que pour mendier quelque fccours contre fcs ennemis, 6c que les Prélats Gwx qu'il amena avec lui , étoient des gens qui ne cherchoicnt qu'à lui faire plai. fir, & qui pour faire entrer le Pape dans les defleins de cet Empereur, vou- lurent bien , par une lâche complaifance , foufcrire le formulaire captieux 6c équivoque de la Confeffion de Foi des Latins , dans le defléin de fe rccraéler cnfuite , quand ils auroient obtenu tout ce qu'ils demandoient à ce Pontife , 6c c'eil ce qu'ils ne manquèrent pas de faire quelques mois après la conciu- iîon du Concile de Florence. Caren 1443. les Patriarches d'Alexandrie, d'An- tioche 6c de Jérufalem , qui avoient fouicrit à ce Concile parleurs Vicaires ou Députez , ne laiflérent pas de convoquer un Synode à Jérufalem , oili ils ex- communièrent Metrophanss , Patriarche de Conftantinople , comme fauteur des Hcrcfies des Latins. Ils traitèrent d'exécrable Conciliabule le Concile de Flo- rence , 8c menacèrent même l'Empereur, par une Epître Synodale qu'ils lui adrellcrent, de l'excommunier, s'il continuoit à en authorifer les dccilîons. L'Empereur qui étoit un Prince aflez craintif, relâcha beaucoup de fa pre- mière fermeté: de forte que tout l'Orient demeura dans le Schifme , à la rc- ferve d'une partie du Clergé de Confl;antinople , qui fuivoit encore fon Pa- triarche. Confiantin Paleologne , fuccefleur de fean , prévoiant les defleins de Aiahomet II. Empereur des Turcs, envoia l'an i45'i. des Ambafladcurs au Pa- pe pour lui demander du fecours , dans l'extrême danger où il avoit trouvé les aflfàires à fon avènement à la Couronne. Il n'avoit pu encore obliger les Greo- à fe foûmctre aux Décifions du Concile de Florence , proteftant qu'il était fort jéfolu de travailler au plutôt à la réduction des Schiimatiqucs. " (^ Le ti6 REMARQUES SUR LA LETTREXÎ. Le Vapc Alcolas V. cnvoia à Conftantinople le Caidinal Ifidore ^ pour faire accepter le Dccrct d'union au nouvel Empereur , qui le reçût avec quelques- uns de ia Cour & du Clergé : mais comme enfuite , en célébrant la Liturgie dans l'Eglife de Sainte Sophie , on eût fait commémoration du Pape , & du Patriarche de Conftantinoplc, toute la Ville s'émût, & fuivant l'avis du folù raire Gennadius., qui étoit le Chef du Parti déclaré contre Rome, tous les Grecs y. à la réferve de quelques-uns qui avoicntreçû le Légat du Pape , fe mirent à crier ANATHEME contre tous ceux qui s'étaient unis avec les Latins. Pendant que les créatures du Pape s'opiniâtroient à foûmettre par force à l'o- béïflance du Siège de Rome , les Grecs de Conftantinoplc qui perfiftoient dans les mêmes fentimcns , que ceux d'Alexandrie, d'Antioche Se de Jtrufalem , Ma- homet II. fe mcttoit en état de venir fondre fur eux, & de prendre cette Vil- le Capitale de l'Empire d'Orient : ce qu'il fit en i^3o LETTRES Si arnho ad Papam Romanura , ille'am- bos excommiinicahït , ^ pro haretkis hahe- bit. Eriquiie eji ijfa mifiria , qu^ vcritatis fonfufio ; Nemoque fit qui tanto poffit ob- i-iarc abfurdu , tantamque explodere à ChriJIiafiitate obfcocnitatcm ; videritur ali- qui exprobrare Ecclefue Orientis ■^-i» »>««■- %av, (licerarum ignorantiam ) qiiodvi- dçlicet iiide lit ter arum fludia {^ Philofo- phia in alias partes migraverint . Sed cer- te ob hoc ^ qiiod mine àucKrJm (indoftus) fit Oriens , -valde heatus reputari potejî : et fi enini ob tyrannidein l'ut car uni mul- tis fit opprcjfus 'miferiis , neque fiit ei al- la difi-endi commoditas ; at iiide magnum fmnit emolumentum , quia non novit qu£- nam finit ill^e pefiifer£ qutsftiones , qu£ hoc tempore hominuni inficiunt aures ; no- '■^•a portent a fiionjlraque funt ei à! x-Myô-nfilu , (innovationes) rnetucnda magis qua-m ampleSlenda . ANECDOTES ce que je dis de vous, ou tout ce que je vous écris Si nous les attribuons au Pape de Rome , il nous excommuniera tous deux , 6c nous fera pafîcr pour héré- tiques. Voila la miférc du tems , telle cft la confufion de la vérité , qu'il ne fe trouve perfonnc qui puif- fe remédier à un tel malheur , 8c bannir de la Chrétienté une telle tur- pitude. Il y en a qui femblent repro- cher à l'Eglife d'Orient r»;. dfLii!-%M> , Ton ignorance. Se fon peu de connoif- fancc dans les belles Lettres , fous pré* texte que l'étude des Lettres 6c de la Philofophie , eft paflcc ailleurs. Mais , certes , c'eft par cette raifon que l'O- rient ignorant peut être réputé bien heureux. Car quoique par la Ty- rannie des Turcs , il foit accablé de mi- féres , 6c qu'il foit privé de tous les moiens de s'inftruirc , on peut dire qu'il en retire un grand avantage , at« tendu qu'il ne fç.iit ce que c'eft que ces Queftions peftiférécs , dont les oreilles font aujourd'hui rebattues. Nouveaux Monftres , nouveaux Pro- diges que ces Innovations , qui font plus à craindre qu'à embraflcr. Nôtre Peuple fe contente de la foi tou- te nuëen JéfusChrift , qu'il a reçue des Apôtres, 6c de fes ancêtres; ilyperfévé- Content us eJi incompta fide Cbrifii , quam ab Apoftolis , majoribufiqne fuis efi edoSîus , in illaque ufique ad fian- guinem perfie-verat , nunquam démit ,. rejufques à répandre fon fang , il n'y nunquam addit , tiunquam mutât , fiemper idem manet , femper inîegram wV ôf.yj^s^icw ( reftam de Religione opinioncm ) te- net fievvatque : (^ fit quis ulterius volue- rit fierio ftatum Chriflianum in Ecclefiia Orientis ob fier v are , rem magni moment i miraculumque animadverteret : nam ipfi Chrifiiani , ex quo reduëii fiunt infiervi- tutcm^ et fil Ht à domefiicis angtiibus ., ab infidelibus perficquantur •) i^ fit propriis fubfîantiis privari fie videant •, i^ fit rap- tos fihos à propriis amplexibi'.s ^ ^ fi continuofie afiilitlos tribuhtofijiie , ut rJl ajoute, il n'en diminue rien ,11 n'y fait aucun changement , il demeure tou- jours le même , 6c retient 6c confcr- vc la droite 6c intégre Orthodoxie de la Religion. Qiie fi quelqu'un defiroit que l'état Chrétien obfervât quelque chofe au delà dans l'Eglife d'Orient, il verroit fans doute quelque chofe d'important , quelque miracle. Car depuis que ces Chrétiens ont été ré- duits à la fervitude , quoi que perfé- cutez par les ferpens domtftiques , par les infidèles, quoi qu'ils fe voient pri. am- DU PATRIAR a^pîius , ijla iamen profide Chrifii pati non e[l eh grave , prompteque bakiit , /// 'rmltotici eft probatum , / fefc ohtukrit occafio -, ipfam mortem fubire. Forfan Dei omnipotent ia inde apparente^ un- de tanta 'jMmmibus donatur gratta , OTE >) ir.mg ^u/ûui; c* Jir^îvfi'a ■n}^HXT^'. (CUin illius potentiel in infirmitate peificiatur ) an non eft hoc miracidum > an non funt ifta fii^mcita Dovûni Jefu qua gejlabat Pauliis ? qtiQ ctim Chriftiani Orientales huJHS vitis connnoditates pro nihilo po- nentes , ut caducafqne reputantes , ani- vium ad iimtm erigitnt finem , qui efl b' ■" truy.a FiuJxpftcXc- ygfS/iov Cj (nifi,Si?ci^im profucrit homini , fî lu- cratus fueric totum miindurn , 6c ani- ma lua mulflctur ? } At quoniam ii , qui per îatum orbem j allant profitent ur que foli agruni Evan- gelicuni operari , cum fapientes mundo ap- parere i/ehnt ^ i-i/x.yi^,iTs kj i^toyvûf/.otî; , <&alti-loqui £c cœleftiura rcrum pe- •riti } proprianique dvctrinam tanquam 131 nu fuffifamment le zélé de vôtre Cha- rité , 5c le defir dont vous brûlez de voir les Eglifes Chrétiennes répandues par le monde, unies enfemble en vé- rité & en charité , te pofées fur cette Pierre Angulaire , qui cfl: le véritable fondement , outre lequel perfonne ne peut en poicr un autre ; afin qu'étant ainfi fondées , & comme un champ arroféesde la pure Parole de Dieu , elles croifîent par tout en Chrift qui cfl: le véritable Chef, duquel tout le Corps étant formé, prend fon accroiflemcnt, pour me fcrvir avec vous des Paroles de Saint Paul ^ puis qu'enfin il nous rend cohéritiers de fon Roiaume ; Afin que nous foions en effet héritiers de Dieu , £5? cohéritiers de Chrift. Croiez , Monfieur, que nous vous fommcs très obligez d'une intention aufli fainte que la vôtre, 6c de cette probité qui vous a porté à nous la fouhaiter ; & qu'il eft très facile à Dieu d'accomplir, lui qui des pierres peut fufciter de la femencc à Abraham ; s'il voicit , félon ce que vous nous mandez fi prudemment dans vos Lettres tous les ans , que nous fuffions tclkment difpolcz à vouloir nous défaire des pafiîons dont les hom- mes, qui aiment lesQuerelles & les Con. trovcries , lont animez ; 8c ncttoier nos cœurs des impiétcz de l'un & de l'au. tre , en forte que tous tant que nous fommes nous n'afpirions qu'à une mê- me fin, à fçavoir à la Gloire de Dieu, 6c au falut denos ?.mes ; dont nous de- vrions ierieuieracnt avoir loin. Car que profitera-t-il à r hojiimc de gagner tout le monde ^ s'' il fait perte de fon ame ? Mais comme ceux qui ie vantent par toute la terre , 6c publient d'être les leuls qui travaillent au Champ du Sei- gneur, voulant paiïèr pour iages devant le monde , pour dileurs de myftéres , (^ pour expérimentez dans les chofes célcJ- R de Ï3Î LETTRES A de cœlo delapfam oflentare , nos fi he- ne tantum vel quid faciunt , vil fea- tiimt , quod non mprobatur , fed fi maie , fi perverfe , ita ut i^ ipfi pro- prio digiio tangant , ohfliyiate dèfendunt nunquam fe mak vel facere vel fentire , contumcliosè ajjïrmant. Et quod pejus , fiammis £5? focii infurgnnt iis , qui vel Chrifliane admonuerint , vel modo aliqiio errorem eorum palam facere propofuerint. Non licere dicentes , injuriam , quis to- tam Chriflianitatem contaminât , propul- fare. Nec faltem proprios fines munir e , ad evitandum malum , quod ut ya^y^n». ( gangrîEna ) ferpit. Eheu , qu£ fpes unquam erit , Demn optimum maximum hominibus inconverfabiliter elatis , ut unio- fiis £5? dileSlionis ratio infmuetur benepla- citurum ; Non video , ni/i difficulter , hoc noftra tempeftate perfici pofife , qucAido nec loqui datur , nec dicere verum. At è con- trario tecum ago , vefiraque cum Eccle- fia , video me pojfe confidenter tra5îare ; animadverto meum poJfe fipiritum in vo- bis acquiefcere , quia Chrifliane agitis , facem Chriflianam. diligitis , unionem in veritatate Domini non evitatis. ^od fi , viciffim vos mecum eodem anima g^fii- ritis , jam poteft dici , igr^m vent mitte- re in terram , ^ quid volo nift ut accen- datur ; ^lod fit tu modeftia. motus de te frotulifli , quod aquius de me affirmarl pojfet , imparem videlicet te in fcribendo futurum , at fiemper pares uterque eri- mus , fi res ut fe hahcat , fcripferimus at- que narraverimus. Si veritatem colueri- musj ipfique obtemperati fuerïmus. NECDOTES tes, & vanter leur Doftrine, comme fi elle leur avoir ctcinrufc du Ciel, s'ils- croient , ou s'apperçoivcnt que nous aions faitquelque choie de bon, non feu- lement , qui n'cft pas condamné , mais même fi l'on a fait quelque chofe de mal, ou d'indigne, en forte qu'ils puiffent le toucher du doigt , ils nous défendent avec opiniâtreté, & foûtienncnt eftronte- ment, que jamais ils ne font rien de mal, & que jamais ils n'ont de mauvais fcnti- mens; & qui pis eil ilsperfecutentpar le fer 8c par le feu , ceux qui auront voulu les reprendre chrétiennement, ou qui auront propofé en quelque manière de publier leurs erreurs. Difant qu'il n'cft pas permis de divulguer une chofe qui; fait une tache à toute la Chrétienté. Pas même de munir fes propres fron. tiércs , pour éviter un mal qui gagne 8c ferpentc comme la gangrenne. Mais- hélas ! quelle efpcrance y aura-t-il ja- mais , que Dieu , tout bon 8c tout puif- fant puifle s'accommoder avec des hom- mes remplis d'orgueil, quel moien de leur infinuer l'union 8c la charité ? Je n'en vois aucun , dans ce tems de ca- lamitez où il n'eft pas permis de par- ler, ni de dire la vérité. Mais aujour- d'hui tout au contraire j'ai à faire avec vous 8c avecvôtre Eglife, 8cjerecon- nois que je puis m'y confier , Se trai- ter en toute fureté. Je m'appcrçois que mon efprit peut s'accommoder avec vous , parce que vous agiiïcz en Chré- tiens , que vous aimez la Paix de Chrift, 8c que vous ne cherchez que l'union, en la vérité du Seigneur. Que fi réci- proquement vous agi fiez avec moi dans le même efprit , c'eft maintenant que l'on peut dire ; je fuis venu mettre le feu en la terre , ôc que veux-je , finon qu'elle foit brûlée. Que fi par un eflfec de vôtre modeftie , vous avez dit de vous , ce qui fe pouroit à meilleur tî< tre dire de moi; à Içavoijr que vous ne DU PATRIARCHE LUCAR. 133 pouriez m'égaler en fait de Lettres , je vous aflure que nous irons tou- jours de pair, quelque chofe que nous écrivions , & que nous nous mandions; pourvu que nous cultivions la vérité, & que nous y obcïffioDs. J'avoue que celui qui manquera à ces chofes ne fera pas égal à l'autre; 6c je ne croipas qu'il importe que les hommes qui font conduits parl'Efpnt de Dieu, foicnt douez de cette élégance , 8c de ces ornemens du difcours , qui ne fervent & ne font propres qu'à chatouiller les oreilles des JPcrfonnes délicates, pour vîi qu'ils publient les chofes , qui font de la vérité Evangélique, ^ qui appar- tiennent à la Piété Chrétienne ; en for- te que nous puiffions dire que nom fam- ille certe impar , quem ifta defecerint , tiec arbitrer referre , Ji homines qui Dei aguntur fpiritu , minus polleant élaborât a elegantia , ormmentifque verboru-m , qua ad nihil altud , nifi ad demulcendas mi- res homitium cUmatorum , tanti'jn ea ex- pimant » qU'S E-vangeliae veritatis pie- tatifque Chriftian.'C Jint , ita ut dicere «V»- (idiotas efle in vcrbis, fcd non in cognitione , quas ctiam loquimur , non jîudacior vero fa5fus videor , quta ad te fcrjbo , cuifas vifcera cordis noflri ape- rire , £5? de quacunque re necejfaria fruc- tuofas reddere £i? accipere voces. '^od fi ^ erraicro , me non comhires in alla ; neque fuper prunas extendes , vel confpeHu tortoris territabis. Non enim certe fides Chrifli Catbolica hâc tyranhi- de fufleniatur , fed miferabiliter debella- tur. Admombis tamen fraterne. Si tibi quidfimik acciderit , ego tecum eodem mo- do procedam ^ 13 femper utrifque fufpeSla ^ quie debent ejfe hominnm , '■cera i^ infal- libilia , Scriptura ^ Evangelii erunt ver- ba. lermonibus, quosdocct humana fapien. m^cs des idiots dans nus difcours , mais tia, fed quod docet Spiritus Sanélus.) ( "on dans la connoijfance, que fions m par- lons pas le langage qu'enfeigne la fagejje humaine , mais celui que nous enfeigne le Saint Efprit. Il me fcmble que je deviens plus hardi en vous écrivant , à vous , dis- je , à qui il eft permis d'ouvrir fon cœur ; 6c avec qui l'on peut raifon- fonner avec fruit de toutes les chofes néce flaires. Que fi j'ai été dans l'erreur , vous ne me brûlerez pas dans la chaudière , Se ne m'étendrez pas furies charbons, ni vous ne m'épouvanterez pas par l'af- peâ; d'un boureau ; car ce n'cft pas par cette Tyrannie que la foi Catholique de Chrift fe maintient, mais c'eft par là qu'elle eft aflaillic & combattue mi. férableraent. Cependant , je vous prie de m'ad- moncfter fraternellement ; Sc fî quel- que chofe de femblable vous arrivoic, j'en agirai de même avec vous £c nous réglerons félon l'Ecriture 8c l'Evangi- le, tout ce que les hommes nous dé- biteront comme vrai 8c infaillible, lors qu'il nous paroitra fulpcft. R 2 Pofiea 134 LETTRES A Poflea quia vhmt me H. T. Jlriclis | elile&iouis funibus , fieri neqnit , qtiin ego eodem animo tibi fuadeam , quam meri- to tibi fini affe^ns , de iis ad te fcriben- do , de quibin pcr liiieras vel ad me^ vel ad lllultriflîmum Cornelium Hagam Oratorem, datas, petiifii : neque obfta- bit locorum intcrcapedo , hoc facere. Nam ttt follicitudo mea , à gravijfimis aliis me retraxit impedimentis , ut opportimitatcm naSlus , ad te iftas cxarare queam : Sic intercapedlnem diligent iafemper fuperabit mea. ^:ad autem dicis non ejfe gradu diflinc- tos , prudenter hoc charitas tua perpendit^ at dignitas , vere finceri hominis mentem nunquam valet alicnare. Neque res ulla saducafaciet ullum excejfum pati. Deinde fi gradu difiin&i fumus , uter- que tamen mor taies fumus , uterque fervi Dci fumus y uterque ^oria Del egemus. Neque prodefl in gradu conditionis ohli- vifci humante, ^od fatis éleganter annuit Sinefius Philofophus , cuvi fcripferit , •f^iîiniî «|io-7)i7©-. (Ooorte: ""idem cum fortuna animos non cft(.i , I necjue proptcr prtefentem dignitatern amico- rum memoriam minoris facere xquum cft ) ^od cum nec illud mijfum facien- dum puto , quod fcribit Dominât io tua , fibi relatum , de dotiis mihi à divina ma,- nu coUatis ; nam vellem , ex affeSlu potim referentium totum intelligaî , non quod re ipfa talis fim , cui quoi défrnt , potius pofftdere defiderarem, At in fuihi-s ^h- NECDOTES En fuite comme V. H. m'a attaché à vous par des liens étroits de chari- té, il ne peut fe faire, que par un mê- me efprit je ne tâche de vous pcrfuai der , avec combien de juftice je vous fuis acquis, en vous écrivant touchant les chofes fur Icfquellcs vous m'avez demandé mon avis , par L.ettres , & au très illuftre Ambafladcur Corneilh Haga , fans que la diftance d«s lieux y puiflé apporter d'obftacle. Car comme je fuis délivre de plufieurs très fa« cheux empêchemens , en lortc que j'ai maintenant la commodité de vous écri- re cette Lettre ; ainfi ma diligence furmontera toujours la diftance de l'é« loignement. Quant à ce que vous dites que nous ne lommes diftinguez par aucun de- gré , c'eft une prudente remarque de vôtre charité ; car la dignité ne peut jamais détourner l'clprit d'un homme fincére ; & jamais aucune chofe périfla^ ble ne fera loufirir aucun excès. Que fi nous lommes diftinguez l'un de l'autre par quelque degré , cela n'empêche pas que nous ne foions l'un 8c l'autre mortels , tous deux fcrvitcurs de Dieu , 6c que nous n'aions befoii» de fa Gloire. Et il ne icrt de rien, quand on eft élevé aux honneurs , d'oublier que l'on cft homme ; à quoi fe rappor- te ce que le Philofophe Sinefius a écrit: allez élégamment quand il a dit, il ne fmt pas que la bonne fortune donne lieu à l'orgueil , Sc il eft jufte que l'eftime qu'on fait de fes amis ne diminue point quand on eft parvenu à quelque Dignité. Je dois ajouter à ce- la , Monficur , touchant ce que vous m'écrivez , qu'on vous a fait entendre que Dieu m'a favorifé de plufieurs ta- lens , qu'il ne faut pas vous imaginer que je poflcde cftcétivement ces dons ; car j'aimerois beaucoup mieux avoir iuiî DU PATRI AR •:i!!t Deo ejje , acquiefcendiim opcrtet. Nec atnpUus ejfe procraflinanânm ar- bitror, remaggycdi ^ qu^e cordi eft Do- mtnationi tu te. Si vero proUxiiis i^ in- dodlius hoc fecero , meam non condemnet infcitiam. Anfa enïni mihi exigua data , in rehus que. ^{cdfi quis dixerit ab utroquepro- . Augiifiinns qiiando de procejjîone interna verba facit , à Pâtre dicit pro- cedere Spiritum SanEium ; quando "vero de externa , £5? à Filio aj/erit. In hoc animadverto Jacobutn Aiminium , in Thefi ubi fupra , nil prorfiis ab bàc fen- tentià differre , ciim replicet non femel , de Spiritu Sanclo verba faciens , à Pâtre émanât , t? à Filio mittitnr , emanare cnim nil aliud efi , nifi interne procéder e , fff à Pâtre habere ejfe hypoflaticum ■, à Filio autem niitti ,ut(3à Pâtre , efi ex- terne, ^ adfaniîificationem creaturarum y id ejl , temporalitcr procedere. Iftam fentcntiam ampkWitur Ecclefia Gneca , adverfus quam pertinacia Ro- manorum infurgeni , milita nobis obji- cit , , (3 maxime quod perfonas Filii fs? Spiritus SanBi confimdimiis , quia , ut di- cunt , auferimus relationem inter illas , qui>^r, , ( hutni- lem Se fimplicem ) qtialem arbitramur ejfe iflam , ^sfir-n^i-mi à to®- ? Gi£ f'? ■" ( baptizatur fervus Dei in Nomine Pa- tris, Se Filii, ècSpIrhusStin&i) Sed ante cmnia Ecclefia Graca fervat aîiqtias c£- remonias , ut [tint abrenunciatio Sathance^ fufceptonim infantis fidei profejfto , nvmi- nis impofitio ," trina merfio , aliaqiie pan- el momcnti , fed omnes piis oratimibus comitat£ , de quibus fine utilitaîe longum ejfet di (fer ère -y ^c. \ In Sacramento Eucharifti.-e ijîas ma- xime fcrvari tenet ci»^i» «jTï» Kj iv>iôr,aai ixXctm , è iftH Ttî; fi.it- siixE» âi;W; xiyut, Trii-n £5 «ur» 3-«*Tfç , tjÏts yj tV( li tujta, fi.3 li -f atutiii Slx^x.ïii; -ni iz^ ynXXÛf c>-:;:,vw^«, ^c. (cum accepiflct panem êc benedixiflct, ficgic eum , dediique difcipulis , & aie accipite , comedite , hoc eft corpus meum. Et cum acce- pilllt poculum 6c egiflet gratias , de- dit cis dicens : Bibitc ex eo omncs , hoc cfl enim fanguis meus novi fœde- ris , qui pro multis eftiinditur.) Statim Spiritum SanSlum invocantes dicimus , S"iï c» , Tzi j c* Tûi yn-niO/ità tutu, ti^h ov cufta V Xâ ANECDOTES L'Eglife Grecque fc trouve divifée en plulicurs Nations entre lefquelles font les Géorgiens , les Mingreliens , les Arabes, les Chaldéens, les Ethiot piens, les Egyptiens, les Mofcovitcs, les Rufïïens , les Bulgariens , les Scla- vons, les Albanicns, les Caramaniens» les Valaques , les Moldaves , les Grecs> Sec. Toutes ces Eglifes perfévérent conftamment dans la Foi de Jcfus- Chrift , & obéïflent à l'Eglife Grec- que dont ils obfervent les coutumes facrées. On ne s'appcrçoit d'aucune inno-" vation fur les matières de Foi , dans ces Eglifes, fi ce n'cft touchant quel- ques Cérémonies qui font un peu d\€- ferentes dans quelques Provinces. Il y a des peuples groflîers Se ignorans, qui fe laiflent aller quelquefois à des fuperftitions que nous tolérons , fans préjudice de la Foi , parce qu'il ne nous eft pas pofîiblc d'y remédier , à caufe de plufieurs grandes difficultez. Ces peuples , nonobftant tout cela, perfévérent toujours .conftamment dans la Profcffion eilentielle de la Foi , 6c ne fe départent jamais de ce qui leur a été enfcignc des le commencement, Sec. Ces Nations ont quatre légitimes. Patriarches , entre Iciquels celui de Conftantinople tient le premier rang, celui d'Alexandrie le fécond , celui d'Antioche le troifiérae , celui de Jé- rufalem le dernier. Il eft manifefte que l'Archevêque de Conftantinople n'a jamais exercé les fondions Patriar- châles avant l'établiflement de l'Em- pire en Orient , Se que celui d'Alé* xandrie étoit le Primat des autres , comme on le peut inférer du premier Concile , le plus célèbre de tous , & s'en convaincre par diverfes preuves : mais le Privilège de ce Patriarche a été aboli par l'autorité de l'Empereur Jure DU PATRIAR 'Jare tamen mnqiiam Conflantinopolï- iams Patriarcha loci obtiymi[fct prima- itwt 5 nifi rogatus Alexandrinus fiiA [pon- te ceffiJJ'et ; neq^iis ceffijfet nift p-iivÛegiis iJonatiis major ibus , ^ titiilo fiipra Con- Jîantimpolitanum , quibus ad hoc ufque iempus Akxandrinus tôt lus Orientisfrni- tur admirât iom ; qucs fiiis^ qui ultra fi- nes Orientis funt , aliqnis fermone expo- tieret i fahulam dicerent , é' tameu vera funt. ILec autem ad tuam Dominationem , non quia de primatu cum Conftantinopoli- tano contendami'.s ; nam hoc quierere in Ecclefia eft lacerare Ecclefiam , ^ fto- liditas ejet atqiie ineptia Ecclefiafticis (le primatu loci détriment o a>iimariim con- trovcrfari. Primus 13 magis heatus efl qui ad exem- flum Patili fe conformât , qui minirnus in Ecclefia ej]e profitebatur ^ jcd phs omnium adificabat. At quoniam vcritas ita fe ha- bet , hoc fcribere non neglexi tibi amico rneo , ifîo ordine primatm loci inter illos fer'vatur , in reliquis pari funt confortio praditi , eoque modo fraternitas intégré eonfervatur ^ ^c. CHE LUCAR. 149 Confiantin , qui ne vouloit pas fouf> frir que Bifance qu'il appelloit fa nou- velle Rome , fût privée de l'honneur d'avoir un Primat fupérieur à tous les autres. Le Patriarche de Conftantinoplc n'auroit pourtant jamais obtenu la Pri- mauté dans tout l'Orient, fi celui d'A- lexandrie ne la lui eût pas cédée vo- lontairement , à la réquifition de ceux qui l'en prièrent, & il n'y auroit point renoncé fi cet Empereur ne lui eût pas accordé des privilèges beaucoup plus confidérables , avec un titre d'honneur fi-ir le Patriarche de Con- ftantinoplc , dont il a confervé julqu'à préfent la jouVflance , au grand éton« nement de toutes les Nations Orienta. les , Se cela s'eft fait d'une manière qu'on ne fçauroit expofer aux peuples éloignez des confins de l'Orient , fans qu'ils ne miflént ce qu'on leur en di- roit au rang des fables , néanmoins ce font des chofcs très véritables. Je vous écris cela , Monfieur , quoi que nous ne foions point en difpute touchant la Primauté du Patriarche de Conftantinoplc : car les diftércns qui roulent fur cette matière ne font pro- pres qu'à déchirer l'Eglifc , & ce fe- roit une folie 6c une très grande im- prudence aux Eccléfiaftiques, de con- tcfter fur la Primauté d'uri Siège Epif- copal j au grand piéjudice des âmes fidèles. Celui là eft le premier 5c le plus heu- reux qui fc conforme à l'exemple de Saint Paul , qui en proteftant d'être le moindre des Apôtres , édifioit plus que tous les autres. Je vous écris tout ceci, Monfieur, comme à un bon A- mi , dans la feule vue de vous faire connoîtrc que je ne néglige rien pour vous infornier de la vérité de ces cho- fes , comme vous le defirez. C'eft ain- fi que les Patriarches gardent entr'eux T 1 Neque ip LETTRE S Neque tîhi hoc pratereundim , quod emnes Patriarche , prêter Confiantinopo- litanum , ordincm optimimi ( de qiio fu- pra ) regiminis fer-vant . Ecclefiaflici ; ^ caufa.ejl , .quia ékSfio iUorum ejl légiti- ma ) Jîat-qm in iis quorum nihil inter eji , nifi florentem , bene reclam £5? ordi- natam.afpicere Ecclefiam , quod fi quid praterirent ^ Alexandrinus judex efl "vi ci- nus ^ adlimitanduni^ Ifi corrigcndum ea ^ maxime ouce ad fidem fpeclant. Confto-nt'inopoîitanHS-vero non ita , quia mis ■ 'turcica ^% ^Vi -A 7^Af^,^>■ , ( & pluri- roum ) fine prahabita ckHione , confir- mât illurn qui plus dederit , quod vehe- menter eis exprobrat Alexandrinus. At non valet l'iircica (ompetcre violentia , quie fiibi querit jnfle vel injujle accipcrc , ideoque moigis à qii-ibus datur fa-vet ; dein- de diftantia.locorum ■) (^ alla difficulta- îes ob fiant , ut huic ah fur do provider i pfifû , i^c. 76ient}or efi Confiantinopolitanus prop- ier latus hnperatoris , at omnium infeli- ■iior. Antiocbenus (^ Hitrofolymitanus , ANECDOTES l'ordre de la Primauté de leurs Siè- ges , dans tout le rcfte , ils s'eftiment égaux , 6c ne dominent point les uns fur les autres ; cela fait que l'union fra^. ternelle ell toujours fort bien confcr* véc , &c. Je ne dois pas vous cacher ici que ce bon ordre du Régime Eccléfiaui- que dont je viens de parler n'eft ja- mais violé que par le Patriarche de Conflantinople : & cela vient de ce que l'Eleftion des autres trois Patriarches efl: légitime , étant faite par des per-. fonnes qui n'ont point d'autre vûë, ni d'autre intérêt que celui de bien régler toutes chofes dans l'Eglife, & de la gouverner d'une manière qui la rende tîoriflante. Ils ont auffi cet avan< tage de pouvoir recourir au Patriarche d'Alexandrie leur voifin ,- dans tous leurs befoins, attendu qu'il eft leur Ju- ge 6c leur Ccnfcur pour déterminer 6c pour corriger ce qui donne lieu aux difputes , 6c principalement ce qui con- cerne la Foi. Il n'en ell pas de même de celui de Conftantinople , parce que les Turcs n'aiant aucun égard à fon Elcftion, fe prévalent de leur grande autorité , 6c de la force du Grand Seigneur, pour confirmer celui qui leur fait de plus grands préfcns , Se c'eft de quoi-le Pa- triarche d'Alexandrie blâme fortement ceux de Conftantinople : Mais les Turcs ne peuvent jamais fe contenir quand ils trouvent l'occafion d'exer- cer leur violence , 5c d'avoir juftement, ou injuftemcnt ce qu'ils cherchent; c'eft pourquoi , ils favorifent toujours ceux qui leur donnent davantage. Outre cela la diftance des lieux Se pluficurs autres difficultez empêchent de reme^? dicr à ces defordres , 6cc. Le Patriarche de Conftantmople efl: le plus puiflant, 6c en même tcms le plus miferable de tous fes Confrères 3 prg^ DU PATRIAR prohi ac humiks praJati , ^ix fibi fiiffi" ciunt. Alexmdrinus malus eft ^ quia fi- ne "vi fratrum infandoi debcllaî aliquan- do conatus , . fempcrqiie Us formidolofus Içj fnfpe6îus eft : de fua vero autoritate y tejiimatione apud omnes , alii dicant. Hinc efl , qnod nifi Jthamfîum confir- majfet , non ejfiet Antioch'ne Patriarcha j nifi [ho veto C5? opéra eleSîus T'heophanes non efiet Hierofolymitanus j nifi nupe-i' eieciffei Neophitmn Confiant inopolitanum , non efiet Timoteus- : £5? ifîe quantum fibi timeat , quia mala via eft adeptus. Pa- triarchatmn^ lUuftriffimo Oratori remit- to ut fcribat . ^lod fi vult flire Domi- natio vejîra quare ejetlus fit Neophitus : ok militas fuf.s contamacias. Illc à principio tyfannide ufus- gradiim iftum afcendit , deinde multo plus tyran- nico ufus efl regimine : ut vero adjutores haberet , fuarurn voluptatum faîelUtes , aliquos nebuloncs Romanos in Eccle- fia noftra praedicantcs , introduxit , multos crrorcs docentes , 6c lîmplicem populum feducentes ; adrnonitus fuit non femel à me , nec fe moderare voluit : hoc eft , quod me- co'egit , omni alio fuperato labore\ l^ privato detrimento fpreto ^ operam dare , ut gradii privaretur , q/tod ;perfeRum fuit . At vacanîem hciim fibi Timothcus per CH E LUC AR. 151 à caufe de la Proteftion Se de l'opprcf- llon de l'Empereur Turc. Les Pa- triarches d'Antioche cC de Jérufalcm aiant de la probité, font néanmoins des Prélats fi peu confidérables , qu'à peine ont-ils de quoi pourvoir à leurs pro- pres befoins. Celui d'Alexandrie cil ordinairement un pervers , qui forme de pernicieux defleins pour détruire fcs Collègues, & qui leur efl: toujours redoutable & fufpcét. Pour ce qui cil de fon Autorité 6c de fa réputation j'en laiflc parler aux autres. Delà vient que s'il n'avoit pas confirmé Athanafe^ il ne feroit point Patriarche d'Alexandrie, fi Thccphancs n'avoit pas été élu par fon fuffrage & par fon entre» mife, celui qui efl: Patriarche de Jérufa- lem ne le feroit point ; s'il n'eut depuis peu fait dépofer Neophite de fon Siège de Conftantinople,77»/o//;fV ne le feroit pas. Je remets à Monfieur l'Ambailadcur à vous mander en quelle apprchcnfion il eft pour lui-même, parce qu'il a obtenu le Patriarchat par des voies obliques. Que fi vous dcfirezdc fça voir pourquoi Neophite a été dépofé , je vous dirai, que c'effc. pour pluficurs malvcrfa- tions. En premier lieu , c'efl: que c'cft par la Tyrannie qu'il eft parvenu à ce de- gré , 6c qu'y étant parvenu , il a gou- verné fon Eglife encore plus Tyranni- quemcnt. Et afin d'avoir des gens qui le foûtinfient , il a introduit dans '/lôtrc Eglife certains fripons , fatellites de fies voluptez , pour y. prêcher Ifl enfcigner quantité d'erreurs , ^ pour féduire le fimple Peuple , je l'ai plus d'une fois averti de fon devoir , mais il n'a pas '' voulu fe modérer; c'eft ce qui m'a-' oblige , après avoir furmonté toutes les ^ autres peines , 6c méprifc mon propre ■ dommage, de travailler à fa dépofition, . ce qui a été exécuté. Mais Timotbée , volant \-x Place v;i» T 5 • UHiki- LETTRES ANECDOTES i5i numeratam Tiircis pecuniam occupavit , oh hoc ei parit formidinem nomen Ale- xandrini Patriarchce , ^ adhuc ufque in aliqiia commotione Conflantinopolis ejl , * EkElio Patriarcharum^ pr^etermïjfo Conftantinopolitano , flat in iis qui funt a"2^,-î( 4 7n>A(7t/«f, (optimntes Reipublicîe) qui congrcgati tina cum Clero , pojl ha- bitas orationes folitas eligunt , quem ap- tiorcm jiidicarinî. Ubi fuerint ele£ii^ ut habeant pojj'ejfum , aliquam fumviam de- fomint Titras , qui Minijlri fuerint illius Provincide , {^c. Jlexandrinus Turcis non fohit , nunquam cum Turcis rem ali- quam gerit Ecclefiaflicam ^ nunqua-m illos vult confiliarios ., t3 focios. Caufa vero ejl prudentia ^ induftrîa Patriarcharum prateritorum , qui provi- dentes huic négocia , femper animas fuh- ditorum unit os canfcrvarunt ; à qua uni- tate bona malaque pendent , qu^ major eji per Dei gratiam , noftris temporibus , fiât que in omnibus pro nobis mirabiliter , neque unqtiam finit Ecclefiam turbarc Â- lexandrinam , prompte ad'uerfis occurrens , magis magifque quand o vacans eft. ^am- vis pro aliis calumniis , more Turcico ab infidelitate excogitatis ^ detrimenta patia- iur quotidiana , i^c. Ubi elecli fuerint Patriarche , cofife- crantur tribus ad minus Metropolitanis vel Arcbiepifcûpis in confecrativne inter- f De Eleâione îatriiichaium. cante s'en cft emparé par le moien d'u- ne fommc d'argent qu'il a comptée aux Turcs. A ces caufcs le nom du Pa- triarche d'Alexandrie lui fait peur , Se la Ville de Conftantinople eft encore aujourd'hui dansuneefpécede trouble. * L'Eleftion des Patriarches , à la ré- ferve de celui de Conftantinople, eft entre les mains des plus coniidérables de la République , lefquels étant aflem- blez avec le Clergé , après avoir fait les prières accoiitumées , élifcnt celui qu'ils ont crû être le plus propre pour remplir les devoirs de celte Charge ; Apres leur éleélion , ils donnent aux Turcs qui font les Miniftres de cette Province , certaine fomme d'argent, pour entrer en poflcffion de leur Digni. té , Sec. Il n'y a que le Patriarche d'A- lexandrie , qui ne paye rien aux Turcs qui ne traite jamais avec eux des affai- res Eccléfiaftiques; & qui ne les veut point pour fes Confeillers Se Ajoints. La caufe de cela eft la Prudence Sc l'Induftric des Premiers Patriarches, qui pour prévenir ces inconvéniens , ont toujours entretenu l'union parmi les Peuples qui ctoient foiîmis à leurs foins; car c'eft de cette union que dé- pendent les biens Scies maux, laquel- le eft d'autant plus grande en nos jours , par la Grâce de Dieu , Sc eft fi forte- ment enracinée dans le cœur d'un chacun, ce qui eft furprenant, qu'elle ne fouftre point que l'Eglife d'Alexan- drie foit jamais- troublée, allant au de- vant des maux ; mais fur tout Sc bien particulièrement , quand le Siège eft vacant : Qtioi que pour d'autres calom- nies forgées par l'infidélité, à la mode des Turcs, elle fifle tous les jours de grandes pertes , Sec. Quand les Patriarches ont été élus, ils font confacrez , tout au moins par trois Métropolitains, ou Archevêques , • De l'Eieltico dts Valriarchci. 'venientibus. DU PATRIAR •venientibics . Ccf.eniouiie principales con- fecrationis funt ijla : Stat ek£îus in tem- pli medio , fuppofitum calcam patmum , in qiio Aquilci picia ejî , qmm aimit mmi- danam ftgnificare gloriam , qtiafi ei ah- renunciet , fideniqae alla voce profitetur , Symbolum recitans , i^ promit tens 'fi fi- delem fore Chrifio £5? Ovili. ^lam cœ- remoniam foUtie fiquuntur orationes ami invocatione Spiritus San£îi , y manuum impofitione , ^ Patriarchatns mminatio- tie : (^ hic finem habet confier atio. Simili modo ^ Ârchiepifcopi i3 Epif- copi confecranttir . jlt hoc habent plus Pa- triarchiBy qnod finita confecraîionis cœre- monia , datur eis baculus in manu , cum ampliori commendatione fubditarmn ani- ?mrum , ^ aliquibus caput olco ungitur , quod dicitur Confirmationis, iitHiero- folymitano 13 yikxandrino y at non aliis : quare vero pratrr confiiettidinem ^ non a- liam catipzm aniniadverto , nifi qiiam col- ligo ab iis quee tune recilantiir , in ipfo faifOf Ht f:nt'vindelicet 'S.e/tçttv^vs^i' , ( un- (bti Domini ) ad fimilitudinem eorum ^ qui in T'cfiamcnto %-eîeri: at quia indifte- rens eft cœrcraonia , non tUnntur alii, ^c. Vnufqiùfqiie Paîriarchct fiios habet Ar- rhiepifiopos i^ Epifcopus , plitres habet Conjîantinopolitanus cateris , (3 poft ip-- fum Antiechenus. Alexandrintis per fuani Diteceftm habet fuos Chorepifcopos , dn- centis ab annis : catifas icro recenfere effet prolixuni , quaro tton habet Archiepifcopos (3 Epifiopof. CHE LUCAR. 153 qui interviennent à la Confécration , Dont les principales Cérémonies font ; Que celui qui eft clû , cil debout au milieu de l'Eglife , foulant à fes pieds un morceau de drap fur lequel efc peinte une Aigle , que l'on dit ligni- fier la gloire du Monde ; comme s'il y renonçoit j il fait enfuite une Con- feflîon de Foi à haute voix en récitant le Symbole, & promet d'être fidèle à Chrift , èc au 'Troupeau. Après cet- te Cérémonie fuivent les prières ac- coutumées , avec l'invocation du Saint Efprit, l'impofition des Mains, & la nomination du Patriarchat , qui fait la clôture ou la fin de la Confécra- tion. Les Archevêques 6c les Evêqucs font" confacrez de la même manière. Mais ce que les Patriarches ont de plus, c'ell qu'après la cérémonie de la confécra- tion, on leur met en main une Crof- fe , & on leur recommande plus ample- meiit le foin des âmes qui leur font confiées ; A quelques-uns on oint la tête d'huile , que l'on dit, de Confir- mation , comme à ceux de Jcrufalem & d'Alexandrie , mais non aux au- tres; je n'cnfçaurois dire le motif, fi- non que c'eil une ancienne coutu- me , comme on peut le voir par ce qui fe recite dans ce moment, à fça- voir , afin qu'ils foient les Oints du Seigneur , à la façon de ceux du vieux Tellament ; mais comme cette Ceremo' nie efi indifférente y les autres ne l'ob^-- fcrvent pas , &c. Chaque Patriarche a fes Archevê- ques 6c fes Evêques ; Celui de Cou- ftantinopic , en a plus que les autres , 6c après lui le Patriarche d'Antioche ,. celui d'Aléxandriea dans tout fon Dio- céfe fes Chorévêques depuis deux cens ans ; mais de dire la raifon pourquoi il n'a ni Archevêques , ni Evêqucs , cela nous méneroit trop loin. T 4. Cbore- 154 LETTRES Chorcpîfcopi Vicarii funt , differunt ab Epifcopis y quia ifti in proprio Epifcopatu or dinar e y conftitucre (y difponere pojfunt pro libito i Chorepifcopi fine fuperioris fa- cultate non pcffunt , iâ<^- • * ^ia vero aliquid fcire per optât de Hareticis in Oriente , neque de illis quid- 5 qj'.id pro tempofe fuerit W.'fS. eorum notare neglige- G)iiattior adhuc îifque funt feSlts , quibus Ecclefa noftra non com- municat , Artnenica , Coptica , Maroniti- c-a y ^ Jacobitica , quarum deformis efl ritiis , plufque, brut^ cœremonite ,; infidci ratione bteritici , in moribus y aliis dir- ciimfiantiis Ecdeftaflicis dices , nil eos à belluis differre , tôt tenebris ignoranti^e offufi , ut vix fciant , fi credant , vel . qiiid credant : unaquieque tamen obflinata efl in propriis ftcperfiitionibus i3 errori- .bjis. ■■j- Armeni , Manichjei doBrinam fe- quuntur y multa credunt de propria Reli- gione. Eorum Ecdefiaflici DU tcneniiir in terris , quia legiiminibus abflinent , je- junii tempore ^adragefimalis ; fed DU ifti , Deus verus efl mihi teflis , multoties {iomachum mihi fecerunt , ^' qui perci- fit eorum obfcœna fcf fubmorofa ridicu- le 5 fine dubio flomachatur. At forfan tibi non difplicebit , fi mihi particeps fueris in quadam parte » acci- dit enim mihi quod quondam Bafilio.y ut Gregorius refert ,, ^um Armeno Atbenij difputantiy quem.è latere ferit Gregorius , kS 3clJlliuS iTt^aXxau lîuï tiy.lui Tniç-i > ( VIC- ■• De Hxreticis in Oriente. t-De Seàa Aimcnica. ANECDOTES Les Chorévêques font des Vicaires t diôerens des Evêques , en ce que ceux- ci peuvent conférer les Ordres dans leur propre Evêchc , 6c dcgarder , ou éta- blir les Eccléfiaftiques à leur volonté; au lieu que les Chorévêques ne le peu- vent faire fans la perraifllon de leur Su- périeur, ôcc. * Mais comme vous défiiez de fça* voir quelque chofe des Hérétiques de l'Orient , je tâcherai de vous écrire tout ce qui les concerne ; Il y en. a de quatre Scétes , avec lefquels nôtre Eglife n'a aucune communion. Ces Scâ:es font l'Arménienne , la Copbte , la Alaronite , 6c la facobite ; dont le Rite cft difforme 6c abfurdc , & les Cérémonies plus que brutales. Ils font hérétiques quant à la foi , 6c dans leurs mœurs , comme dans toutes les autres cinconftances de Ja Religion , ils ne différent en rien des bêtes. En- fin, ils font enveloppez de ténèbres, 6c d'une ignorance fi craffe, qu'à pei« ne fçavent-ils ,- s'ils croient , ou ce qu'ils croient. Cependant , chacune efl opiniâtrement attachée à fcs pro- pres erreurs 6c fuperftitions. f Les Arméniens fuivent la Doétrine de Manichée; ils croient plufieurscho- fes qui font particulières à leur Reli- gion. Ils cftimcnt leurs Eccléfiafti. ques , comme des Dieux en Terre , parce qu'ils s'abiliennent de légumes pendant le Carême. Mais ces Dieux m'ont fouvent chagriné , Dieu m'en crt témoin; auffi elt-il impoffibledene pas s'irriter en voyant leurs manières obfcénes, fottcs , 6c ridicules. Mais j'eipére que vous ne ferez pas fâché d'en connoître avec moi quel- que partie ; Car il m'eft arrivé la mê- me chofe, qui , au rapport de Grégoi- re , arriva à Athènes à Bafile difputant contre un Arménien j c'ell à dire Bafi- toriam * Dts He're'ti^uij Orientaux. "J" De U Si>iie des ^rm/tutni. DU PATRIAR toriam in aheram partem inclinare fa- cic. ) Hoc modo tnibi occurrit quidam Arme- nus , Barfabas nomine , cum ejfem Hie- rofolymis , in T'emplo Sancti fepukhri , ibi- que nata opportunitate ^ quia fupercUio fus uir menus erat , feque dotliorem cateris fuis profitebatur , coram populi frequentia cum minus unquam credidijjem in tam ignoran- tem hominem^ incidere^pro tempore mihi vi- fumfuit , tenture cujus effet fpirit us ; tan- dem congredimur , colloquium noflrum inde habuit principiuifi^ quod Dominus nafierje- fus Chrijlus , non >Ç étwraâcu/ , (fecundum apparentiam ) ixl verfatus cum homini- bus , 'vel pajfus eft , quia Arment credunt Scifcitanti vero mihi , (^ nrgenti im- pium ejfe crederc , non realiter pajj'um Do- rainum , quod idem efl , ac realiter opéra- tiim falutem nofiram negare , aliifque ra- iionibus inconcuffis t3 teflimoniis Ei-ange- hi confufus Barfabas , veritatem quidem fateri erubuit , at elegantius fe mihi op- ■ponere excogita-vit ; cumque animadvertif- fet aliter fe non pojfe meas rationes anni- hilare , uno verbo tota-m qu efi apud illos Copias quidam Cafis , Pe- trus vocatus : Cafis interpretatur Pres- byter : ille me fiepius adiré folet , fatcîur fe proprix Religionis er rares cognofcere , y reprehendit fuos : at ego ei parum cre- do j quia fi quud os profert ^ confient ia magîs difplicet , hoc efi , quia nunquam ''qui me déplaît le plus en ce bon Sei~ mihi faciem ^ nifi oculos folos aperit ^to- gneur ^ c'eft que de tout fon vifage " ' ' - - ' il ne me laillc voir que les yeux ; car il a toute la tête couverte d'un voile, 8c ne la remue qu'en devant , ou en derrière , fans jamais laiflèr voir fa fa- ce , en forte que vous diriez que c'eft un mafque de Théâtre. Je ne veux plus , Monfieur , vous importuner de chofcs fi abfurdes 8c fi ridicules. 11 y a chez ces Cophtes un certain Cafis , appelle Pierre ; ( Cafis veut dire Prêtre. ) Celui-là a coutume de m'aborder fouvent ; il a.'ouë qu'il rcconnoît les erreurs de fa propre Re-. ligion , 8c remontre Se corrige les fiens. ^ diilaf- DU PATRIAR âiBaJfet non amplius vellet Presbyter ejfe Coptarum , (^c. * Maroniîica SeSla ejl Semi-Romana, imo incipit eJfe toiz Romana; quiamulti Maronitie profeEli Romam litteris opérant na-vartint , indeque in montem Lybanum , Caftellum , in Provincia Phœniciee , ubi efi eorum refidentia principulis , migra- rimt , optime à Romanis inftrucli , êc modo tota quafi gens illa Romanam fequitur Religionem. Cii?n maxime eorum primus Epifcopus fe Papiflam pro- fit eat tir ^ Csf quia Antiocheni Patriarche Diœcefis contigua eft Alaronitis , timeo ne incipiant ôc vicinos inficere , pra- fertim , cum à parte Patriarche , £5? à nobis admoniti , con-veniens tamen non fit cautio; homo enim Arabs, non capax cft mali quod ferpit, i^c. CHE LUCAR. ijp Mais j'ai de la peine à le croire j car fi fa confcience lui avoit dicté ce qu'il profère de fa bouche , il ne voudroic plus être Prêtre des Cophtcs. La Sedre des Maronites eft à demi Romaine, quedis-je, elle commence d'être toute Romaine; ce qui s'eftfait parce que plufieurs Maronites aianc quitté leur Patrie , s'en font allez à Rome , où ils fe font appliquez à l'c- tude des belles Lettres ; 6c après cela ils font retournez au Château du Monc Liban dans la Province de Phenicie, 011 ils font leur principale rcfidence, 5c étant parfaitement bien inftruits par les Papilles , ils fuivent prefque tous la Religion Romaine , & principale- f facobitica eft viïijftma t^ fpurcijjima natio , mqnc de illa eft quod aliquid fcri- battir , nifi quod ob hareftn fuam Nefto- rianam nos latere non de beat , i^c. Ifta funt peftes in Oriente , quas Deus per co'inmune flagellum infidelium moderatur ne nobis mceant , l^c. Hac omnia magis curiofe quam cum utiliiate fcribimus , tibi ynorcm gerendo ; maxime cum fciamus iS cHriofitatem ali- quando deleiïare , quando fieri potuit bre- viiis ifta noiare voluimus , ^r. 5 De Stda tU'urutii», | De StlU 'JaciUtict, ment à caufe que leur premier ti^ve-i que fait profeflion d'être Papifte. D'ailleurs, comme le Dioctfe du Patri- arche d'An-t'oche eft contigu à celui des Maronites , /appréhende qu'ils n'in- fecîent leurs voifins j attendu fur tout , que bien qu'ils foient admoneftez de la part du Patriarche & de la nô- tre, cette précaution n'eft pourtant pas fuffifante ; car tm Arabe n'eft pas capa- ble d'arrêter un mal qui rampe ^ quife ghffe, (^c. * La Sefte des Jacobites eft la plus abjeéte 8c la plus infeflce de rou- tes , c'eft pourquoi il ne vaut pas la peine de vous en dire autre chofc, fi. ce n'cft qu'elle fuit l'hcréfie de Nefto^ rius. Ce font des Pcftcs dans l'O- rienr dont le venin ne fcauroit nous nuire , parce que Dieu en arrête l'effet par le fl^au commun des Infi- dèles , 6cc. Nous vous écrivons toutes ces cho- fes, plus pour fatisfairc vôtre curiofi- té , que dans l'attente de vous appor- ter du profit , en vous obeiflant j vu fur tout, que nous fçavons que lacu- V EJent f De U Sc3« des iMatonites. -f DeUSeilede? Jacobites. i5o LETTRES A EJfeiit alia magis ncccffaria ad fcri- hendiim , ■pcrtimntia ad illas materias , qn£ hoc tempore à do&is agitanttir afque cyib.vâliiy ; ut illa Jiint , qii^e de libcro arbitrio, prxdeftinatione , & juftifica- tionc , de quibiis quid certc tenendum nondum confiât mundo. Ecckfia nojîrafemper idem tcmdt , una cademque via ifta docuit , qui habct fomnium loquatur fomnium , qui ha- bct fermoncm Dci , loquatur fermoncm Dci vcrc : quid paleis ad triticum? Debent quibiis hoc creditum efl , opus facete E'vangeliftie , imphrcqiie Minifte- ri'.'.m cum fobrietate ^ ut non ebrius paf- fionibus, quibus plenafunt Jéiuitaium opéra , non mentir i , fed veritatem dicc- re pr^e fumât. S cr ibère me de hifce aliquid non permittit angnfliim tempus , imo ne- que opus ejfe arbitrer , quia gravioribus , do^ioribufque convenit fine metu laborem ijium fubire ; ut fumrnatim fecit facobus Ârminius qui meojudicio doBus vir fuit. ^uia l'C-o thefes fcrib'.t , in quibus im- plicite continent iir materi^e , opus non cur- fim , /// ego fect , fed ferio legi librum fuum oporteret , ut poffit de ilio dari co- pia fus judicium fi? non tenter arium ; qiiod ?nihi tune pojjet pro libito Char it as Veftra imponere , ft proprïis ejfem in laribns , li- ber ab hoc molejîo itinere , cito me re- verfurum fpero ft Deo placuerit. Scribet ad me confidenter Dordnatio vejira , ref- ponfa 'vero grata viciffun accipict , -mequc amicum et finceruvi cffe Uiculentius intcl- liget , in Chrilloque fratrem. NECDOTES riofité réjouît quelquefois ; mais nous aurions voulu le faire plus fucciiicftc. ment , fi nous avions pu , 6cc. Il y auroit d'autres chofes plus né- ceflaires à écrire touchant cette matiè- re , qui font aujourd'hui l'occupation des fçavans; telles font, par exemple, les queftions qu'on agite touchant le Franc- Arbitre , la Prédeftination , la fuf- tification , 13 autres femblables , dont tout le monde ne convient pas encore. Nôtre Eglife a toujours eu les mê- mes fentimens ; elle a toujours marché dans cette feule 6c même voie ; Celui qui a des fanges qu'il raconte des fonges , 6? que celui qui a la Parole de Dieu , prêche la Parole de Dieu en 'vérité : Pourquoi joindre la Paille avec le Fro- ment ? Ceux à qui ce foin efl confié doivent faire le devoir d'un Evangélifte , & remplir leur Miniflére avec Ibbrieté, afin qu''éxempts des paj/îons , dont font remplis les ouvrages des Jéfuites , ils ne prciumenc pas de mentir , mais de dire la vérité. Le peu de tems que j'ai ne me permet pas de m'écendre fur cette matière, 6c même je ne croi pas qu'il foit ncceflaire, attendu que c'eft le fait des perfonnages Graves & Sçavans, d'entreprendre hardiment ce travail; comme a fait en abrégé faques Armi- nius y qui , à mon avis , doit avoir été un homme fçavant. Mais comme il a écrit des Théfes dans lefquelles font contenues ces ma- tières implicitement , il fimdroit lire cetOuvr;tge, non en courant, comme j'ai fait , mais avec beaucoup d'attention , afin d'en pouvoir donner un jugement plus mûr , & qui ne fût point tcmé- raire ; ce que vôtre charité pouroit 'impoferfclon fon bonplailîr, fij'é- m tois chez moi , exempt de ce voiage qui m'efl fort pénible. J'efpére de re- venir bien-tôt, s'il plaît à Dieu ; ce- Prce- DU PATRIARCHE LUCAR. i6i Praîerea tneis litteris animadvertet ^ ifuod nunquam aliquhl exaratiir , qmd mi- bi non ditlet ratio ijj z-eritas , qnibiisfcm- fer mea fubmittcnda ejfe "volo : abjlt à me^ à confcientia , à inoribus , ut l'critas vel negligattir , vel non aliis omnibus pnepo^ natiir. Ob 'veritatem ego (^ cum propriis mets fratribus Ecclefiaflicis Gracis , contro- verfor : hoftis fum ignorantiœ , fs? ut poptihtm fimpliccm effe , »^'-c.)y;, (indoc- tuno ) non molejle fera ^ cum fciam. >$ c» tf! àfcst^iee .g ]JiS,u» ( èc iH ignoraiitia Sc rcrum iraperitia ) fahari pojje homines adverfus fidei hojles in dies quafi dimican- tes, rionarmis^ fedpaticntia, certantes ^ ut tmdequaque fe Chrijîi fidèles p^obent. Ttam\\\\ difplicetPaftorcs & Epifco- pos nollios , tenebris ignoranciae ob- înergi : hoc eft , qiiod noftratibtis expro- hro , at nil proficio. Naài iflam commo- ditatem JefijiuE \\\ Conftantiiiopolim fundamenra jecerunt , ad crudiendos pueros , 8c proficiunt quot vwlpes in- rer gallinas. Obruet tandem Roitiana dodtrina mundum , dum modo huic negotio tan- tam operam impendunt Curite Romanse Satellites , nift Deiis propitius fuerit , cujus dextrafola navem nojlram turpi ijîo naufragio falvare pote fi etiam. pendant , vous aurez la bonté de m'é crire en confidence , 6c de recevoir fa. vorablement mes réponies , en étant perfuadé que je luis vôtre très fincére ami , ^ Frère en Chrifi. Outre cela vous remarquerez par la lecture de mes Lettres, que jamais je n'avance rien que ce que me dictent la raifon 6c la vérité , auxquelles je veux toujours foûmcttre la mienne. A Dieu ne plaife que je néglige la vérité, ou que je ne la préfère à toute autre chofe, quand il 's'agit de régler ma con- fcience 6c ma conduite. Je difpute même avec mes propres frères, les Eccléiîaftiques Grecs, pour l'amour de la vérité , car je fuis en- itemi de V ignorance ■■, cependant cela ne me fait pas de peine de voir que le Peuple foit fimple 6c ignorant, car je fçai que les hommes peuvent être fau. vez quoi qu'ils ne foient pas habiles dans les Iciences , pourvu qu'ils combattent tous les jours contre les ennemis de la Foi, non avec des armes, mais avec la patience , pour montrer qu'ils font fidèles ferviteurs de Chriil , de quelque côté qu'on les attaque. Mais ce qui me fâche beaucoup , c'eft de voir que nos Pafieurs l^ nos Evéques foient plongez dans les ténèbres de V igno- rance. C'eft ce que je reproche à nô- tre Nation, mais fans fruit. Les Jé- fuites aient trouve ki commodité favo- rable de s'' établir à Confiantinople , pour infirtùre la jeuneffe , y font les mêmes progrès que les renards au milieu des pou- les. A la fin , la Dodrine de l'Eglife Rc maine inondera toute la terre, pourvu que les autres (atclIitesdelaCourdcRo- me s'emploient à cette affaire avec autant de zèle qu'eux , à moins que Dieu ne nous foit propice , dont la main feule peut fauver nôtre vaifleau de ce hon- teux naufrage. y 4 Una- i6i LETTRES A Unaque fpes nobis fua efl m'ifericordia \ £i? fotcntia , allas vires noftrie tenues ef- fcHt tantx rcfifterc perfcciuioni , quant , fVceter alias , ii qui Religionis fiint Gra- \ ca in Pûlofiia (^ Lituania , Ruteni , mi- fere aâmodiim fentitmt probantque , ob vim qua: eis infcrtur ab Ecclefiafticis Romanis, opéra Jefuitarum, u: Eccle- fiœ fe iubjiciant Romance. | ^lia vcro hoc fc faÈluros ricgant , nil intcntatum rclinquunt Jcfuitx , ut vo- ti compotes fiant) hinc terrores, fu- ga: , exilia , cœdes , multaque alia , quxiblo tcmpore Antichriftiiuturale- gimus, confugiunt ad Ecclejiam Gracani miferi , cum jani "videant everfas illiiis Regni leges , extinSlum fœdus de lihertaîe fewanda , ablatam omnem raîionem tiien- da pacis piiblicce , lelimus Eccleftajiica atitoritate noftra ad Regem , ad froceres , intercéderez rogare y iitVihcri dimittercn- titr. Contigiî Alexandrini Patriarche pa- trociniiim hoc fe fiifcepijfe , nec neglexit fcribere ad Regc'i/i , ad magnâtes omnes , hortari iïïos ^ quo fiai potuit ^ protcftari pro jiifiitia , pro jure , pro legum reve- rentia , £î? tandem rogare , objecrare. At omnia vana , adhuc iifque illinc certior faEîtis fum , pejus ingravefcere perfccu- tionem 13 violent iam , quo plus 6? Mof- toviam occitpare defperant. ^i£ ccrte in Polonia incepta muJtis aliis fuhmina-i i -videntur dominiis , ^ quid NECDOTES Auffi toute nôtre efpérance efl et» fa Mifcricorde £c en fa Puifîance; car autrement toutes nos forces feroienî trop foiblcs pour réfifter à une ft gran- de perfécution , dont ceux entr'autres , qui font profeffion de la croiancc des Grecs en Pologne, en Lithuanie, en Ruffie , rellentent 8c éprouvent les miférables effets , par la violence que leur font les Eccléfiafiiques Romains , par le moien des Jéfuites , afin de les foûmei- tre à V Eglifs Romaine. Mais parce qu'ils difent qu'ils ne le feront jamais , /'/ ny a rien que les fé fuites ne tentent i^ n entreprennent pour parvenir à leurs fins. Delà la fraieur^ la fuite , Véxil , la mort , i§ plufieurs autres chofes que nous lifons ne devoir ar- river qu'au tems de V Antechrifl feule- ment. Dans ces extrémitez ces miféra» blés ont recours à l'Eglife Grecque , volant que les Loix de ce Roiaume font renvcrfées, que le lien qui dc- voit entretenir la liberté eft rompu, que tout moien de maintenir la Paix publique eft ôté ; félon nôtre autori- té Eccléfiaftique , nous avons bien vou- lu en écrire au Roi 8c aux Princi» paux , pour prier, pour intercéder pour eux , à ce qu'ils pûllcnt être mis en li- berté. C'étoit le devoir du Patriarche d'A- lexandrie d'entreprendre cette défen- fe , il l'a fait , il a écrit au Roi 6c à tous les Grands du Roiaume, il les a exhortez autant qu'il a été en fon pou- \ oir ; il a protefté de leur droiture, 8c de leur refpeét pour les Loix ; en- fin , il a prié , il a fupplié ; mais en vain ; au contraire j'apprens de ces quartiers que la Perfécution devient plus violente , en forte qu'ils défefpé- rent de pouvoir demeurer plus long tems en Mofcovie. Certes les chofes qui ont été com- mencées en Pologne femblent mena- mirum DU PATRIAR mirutn fi 13 ipfam Conftantinopolim ag- gredi aufi funt ; Audio vos cavere vobis- met ipfts , ne hoc ferment um detrimentum aliquod populis vejiris inférât ; ^ -valde mihi placuit. Idem , prout poîermus , nos quoquc omnt t empare faciemus , (3 tam magis , fi vejlro fpirituali conflio adjuti fueri- mus , z'eftra charitatc profequuti , qua -vos "jiciffim à noftrajujlum erit , ut uno fpi- ritu , fidem Chrtfli Ortedoxam ampleèlen- tes , utrique pergamus ad fupernts voca^ tionis adimplenda mandata , fidellter cer- tantes , (^ fempr veritaîeni de f enfante s. ht Ecclefia Catho^ica incr'ementum , in gloriam quoque fempitcrnam Dei Patris , (jf Filii imigeiiiti , £^ Spiritus SanBifui , cuJHS heneditlio (3 g^'atia, tecum , mi di- lecliffime , femper fit , faveatque tuis vo- tis atque laborihiis quotquot fujiines , pro exercendis pietatis officiis , in utilitatem Spiritus eoritm , qui tuis mellifluis fruun- tirr fermonibtis. Ne auiem amplius tadio tibi fimiis , jinem Utteris iniponimus , dextramque dexrrœ jungimus , fraternoque afl'eélu te falutamus. Lihros mihi miffos ab llluftriflîmis Ordinibus , tibi primum rediero , Deo àante , videho , 13 dupHci gtijtu legam , quia mihi ab ipfis Domiuis miffi funt, quibus quidem per litteras meas quam plurimas egi gratias ; quod fi Domina- tio vefira ore tenus adhuc plures addcret , s^atam rem mihi praftaret. CHE LU CAR. x6i f cer plufieurs autres Seigneuries ; £t faut-il s'en étonner puilqu'ils ont ofé attaquer Conftantinople même ? J'ap- prens que vous prenez vos précau* lions pour empêcher , que ce levain n'apporte quelque préjudice parmi vous, & cela na'a fait plaifir. Nous agirons toujours de même , autant que nous le pourons ; 6c nous le ferons avec d'autant plus de zélé & d'empreflcment , que nous ferons fécondez de vôtre Confeil Spirituel , 8c animez de vôtre charité dans l'ac- tcntc que vous mêmes étant animez de la nôtre , il fera jufte , qu'emhraC» fant d'un même Efprit la Foi Ortho- doxe de Chrift, l'un 8c l'autre perfi- ftions à accomplir les Ordres de nôtre vocation d'enhaut, en combattant fi« délement, Se défendant toujours la vé- rité. Le tout pour l'avancement de l'E- glife Catholique , Se pour la Gloire de Dieu le Père , du Fils unique , 6c de fon Saint Efprit , dont jefouhaite, mon cher Monfieur, que la bénédiction & la grâce , demeurent à toûjouis avec vous. Qu'elles favorifent vos vœux, Se toutes les peines que vous fouffrez^ en exerçant les œuvres de pieté, pour le profit de l'cfprit de ceux qui onc l'avantage d'affifter à vos agréables en- tretiens. Mais afin de ne vous point en- nuiir , nous finiflbns cette Lettre , en joignant nos mains enfemble ^ i^ en vous faluant d'une affeElion fraternel- Je verrai à mon retour , s'il plaît à Dieu , les Livres que Mrs. les Etats Généraux m'ont envoiez , Se je les li- rai avec un double plaifir , parce que ce font ces Meflîeurs eux-mêmes qui me les ont envoiez ; dont aufTije Kur ai témoigné ma reconnoiflancc par mes Lettres ; que fi vous aw.z 'a y, Fro î<^4 LETTRES A Pro îibro vero Arminii , nie iihi dehere faîeor , rcpendere tamen ciirabo ad propria revertens atiquo manufcripto ^ ifi fi quid al'md ?nihi eft , omnia communia tua cha- titati erunt. Opfarem quoi mihi faccret Imuhnfum catalogum aitHoruni elccîorunt recentiorum (exceptis zis quos Illuftriffimi Ordines ad me^ ) qui graviter atque do^e fcripferiint , ïïi tttriamque Scripturam , maxime in Li- bres Mofis , in majores Prophetas , in E- 'vangelia Paulique Epijîolas , quihufqiie "VOS ad f lus utimini. Et aJios aufores , qui fcripferunf tum in ^heologia , tum in Philojophia , i^ aliis in artibus^ ac etiam in Mathematicis^illumque froxima occafione admemitteret.. Etmihi adderet nomina DoSorum , qui apud vos [tint famofi ^ nominati , viciffîmque no- bis i'rnponeret , quidquid ei ab iftis parti- bus _ cor di pojfet ejfe 5 femper prompte gra- tificahimus. Tua humanitaîi , quam opîimc vaJere CMpimtiS.. Data: in Valachia îo. Cal. O^obris 1613. N E C D O T E S,&c. la bonté d'y ajouter encore quelques autres rcmercimens, voas me feriez un grand plaifir. A l'égard de vôtre Livre à'Arminius, j'avoue que je vous en fuis redevable. Se je tâcherai aufli de vous en tenioi. gner ma gratitude par quelque manuf^ crit , quand je ferai de retour chez moi. Et s'il y a en mon pouvoir qucU que chofe de plus important, je vous proteftc , que tout vous fera, commun avec moi. Je delîrerois que vous vouluffiez me faire un bon Catalogue choifi des Au< teurs modernes , ( à la réferve de ceux que les Seigneurs Etats m'ont envoiez ) qui ont écrit d'une maniè- re grave 6c fçavante , fur l'un & l'au* tre Teftament ; mais particulière- ment , fur les Livres de Moïfe , fur les grands Prophètes , fur les Evan* giles, Se IcsEpîtres de Saint Paul , ^ ceux dont vous vous fervez le plus. Comme auflî les autres Auteurs qui ont écrit , tant fur la Théologie, que fur laPhilofophie, les autres Arts, 6c les Ma* thématiques, 6c que vouseuffiezlabon* té de me l'envoier par la première oc« cafion ; êc qu'il vous plût d'y ajouter les noms des Doéteurs les plus fameux gc de plus grand renom d'entre vous; 6c qu'en revanche, vous me donnafllez. quelque commiflîon en ces Quartiers , touchant les chofes qui vous feroient le plus de plaifir. Nous ferons fans cefle des vœux- pour vous , 6c pour vôtre fantè , que. nous fouhaitons qui foit bonne. Donné en Valachie le i o. des. Calendes d'Oêîobre 16 15.- xim XIV. lettres' ANECDOTES. ORIGINALES. DE CYRILLE LUCAR PAPE ET PATRIARCHE DALEXANDRIE, A MONSIEUR DAVID LE-LEU DE WILHEM, Confeillcr au Confeil des Princes d'Orange , Se à celui de Brabant. AVIS. Concernant la nouvelle découverte de ces Lettres , & l'illuflre Famille de Mon- lîeur de IVilhem^ a qui on eft redevable de ce précieux Monument. Onficur DAVID LE-LEU DE WILHEM, autrefois Confciller au Confeil des Princes d'Orange & à celui de Bra- bant , mérite d'être mis au nombre des hommes illuftres du XVII. Siècle. Il ctoit iflli d'une très-noble (A) Se très-an- cienne famille , & il naquit à Hambourg le 15. de Mai 1588. Sa Mcre qui (B) joignoit à la noblefle du fang beaucoup de zélé pour la Religion Protcftante , le fit très bien élever, .-6c l'cnvoia étudier à StaJe dès l'âge de dix ans, fous de fort bons maîtres : & après qu'il eut profité à Hanaw des leçons de fean-Gcorge Crobius , 8c de Jean- Rodolphe Lavaterus , elle le mena à l'Académie de Franeker. 11 y demeura trois ans , après quoi, fçavoir en 161 1. il en partit pour venir à Leide , oii il fit de grands progrès , tant dans la Philofophie , 8c la Jurifprudcnce , que dans les Langues Orientales, Sec. Après cela il alla en France, 8c s'arrêia quelque tcras à l'Académie de Saumur , Sc enfin en 1615., il alla loger à Thouars chez le dofte André Rivet , dont il (C) fe fit eftimcr d'une façon très particulière , entr'autres choies par les connoifiances qu'il avoit aquifes en Thfologie. Il fe perfectionna beaucoup dans le Levant par les voiagcs qu'il fit au Grand Caire, à Jcrufalem , à Alexandrie, 8cc. les années 1617. 1618. 8v 1619 11 eut une grande familiarité avec Cyrille Lticar ^ 8c il conféra fouventavec ce Patriar. che ilir les diffcrens de l'Eglife Grecque , Sc de l'Eglife Latine. Il reçût plu- fieurs Lettres de ce fameux Patriarche qui méritent de voir le jour, ^.. que Monfieur MAURICE LE-LEU DE WILHEM, fon fils , qui eft aujourd'hui Préfident du Confeil Sc Cour Féodale de Brabant à la Haye , nous a fait l'honneur de nous communiquer, 8c permis de publier, X 2 pour i66 A V r s. pour fiuisfaire la curiofité des Sçavans , fur la matière que nous étalons dans cet- Ouvrage : en nous déclarant qu'il veut bien, à nôtre réquifition , faire undon gratuit de ces Lettres aux Eglifes Reformées de ces Provinces , ôc pour cet eftet nous les mettons en dépôt , félon fon ordre , dans la Bibliothèque de l'Académie de Leide , oii chacun aura la liberté de voir ces Originaux. M y en a quatorze qui fervent à nôtre deffein , 8c treize autres fur diverfes ma-^ tiéres détachées que Monfieur le Préfident DE W 1 L H E M conferve enco- re dans fa propre Bibliothèque à la Haye. Après que Mr. DAVID LE-LEU DE WILHEM , fut de retour de ce grand voiagc , il s'arrêta quelques années à Amilerdam ( D ) avec fon frère ; rhais la forte envie d'une connoiflance plus parfaite des Langues Orien- tales , Se l'inclination qu'il avoit pour le Levant , l'engagèrent à y faire un fé- cond voiage l'an lôzf. Il eft fur qu'il fit ces voiages en habile homme, c'efb à dire en faifant de belles & de curieufes obfervations , & en acquérant une grande connoiflance de l'Arabe , du Perfan , du Chaldaïque , & des Lan- gues mortes des Nations fçavantes , qu'il entendoit parfaitement, 6c outre cela il pouvoit parler aifèment la plupart des Langues qui font aujourd'hui en ufàge dans l'Europe. Il fit rencontre en ce Païs-U du doétc Golius , ( E ) qu'on lui avoit reW commandé > avec qui il lia une amitié fi intime , qu'elle a duré autant que leur vie. Etant de retour en Hollande environ l'an 165 1. il fe fit .tant eftimcr du Prince d'Orange , Frederk-Hemi , qu'il obtint la Charge de Con- feiller au Confeil de fon Altefl'e à la Haie. 11 èpoufa cnfuite une fœur du célè- bre Mr. Zuylichem^ femme de beaucoup (F) d'efprit de laquelle il eut quatre enfans, comme on le verra ci-deflbus. Les Etats Généraux aiant fait de belles conquêtes dans la Province de Bra- bant , par les armes viâorieuies du Prince Frederic-Henri ^ augmentèrent le Con- feil de cette Province l'an 1654. 6c y donnèrent une Charge de Confeiller à nôtre Mr. de WILHEM. Ils le firent Surintendant du même Pais l'an 1640. Comme il aimoit les Sciences 8c les beaux Arts , jamais les grandes oCi. cupations que tant de Charges lui donnoient , ne l'empêchèrent d'étudier beau- coup , Se d'entretenir (G ; un grand commerce de Lettres avec les fçavans; 11 fe failoit un plaifir de les prottger , 6c de les fervir en toutes rencontres , cC à la Cour , Se ailleurs. 11 eut une très belle Bibliothèque , fournie des Livres lés plus excellens en toutes fortes de Facultcz. On y trouvoit un grand nombre de Manufcrits très curieux-, Arabes, Pcrfans, Chaldaïques , Sec. Le préfent qu'il fit de (H) Mo- mies , de Manufcrits , Sc de telles autres raretez à l'Acadcmie de Leide , y eft conferve encore comme un précieux ornement. Enfin il mourut dans fa maifon 7. de Janvier i6')8. aiant fervi fidèlement Sv avec beaucoup d'application trois Princes d'Orange , fgavoir Frédéric y Guillaume II. Sc Guillaume-Henri , qui fut eiu fuite Roi.d'Angletetre. (A) IJfu d'une- très Noble (^ très mcieme Fdmiïïe. SUe atenujang parmi la Nobkfle d' Artois ôc du Carabrefis dès l'an 1096.; " ~ aiant. AVIS. 1^7 aiant pofledédès^cc tems-là, entr'autres biens , les Seigneuries Se terres de Ban- tœux ÔC de Bantoufe] , de "Wilhem, de Chantemcvle, de Froidebize , d'Avef- nes lez Gobert , &c. , comme il paroît par une Sentence donnée dans le Confeil de Brabant à Bruxelles, le f. de Juillet 1678. George LE-LEU DE WIL- H E M Père de celui qui fait le fujet de cette Remarque , fortit de Tournai au commencement des troubles de Religion , car il fut profcrit avec fes cinq Frères , parce qu'ils avoient enterré leur Mère , fans obferver les cérémonies de la Communion de Rome. Il paroît par un Afte authentique du ix. de Dé- cembre 156 j. qu'ils abandonnèrent leurs Terres à la confifcation des Magi. ftrats qui agiflbient pour établir \t Papifme en perfccutant 6c en banniflknt les Réformez. ( B ) «y^ï Mère quijoignoit à la nobkjfe du fang beaucoup de piété , £5* beaucoup de zélé pour la Religion Proteftante^ Cette Dame s'appelloit Gilliette -van Opalfens^ ^ étoit fille de Jean van Opal- fens Ecuier, & de Damoifelle J eanne T Empereur d'Oppyck, (œwràcfeanl'Empe^ reur d'Oppyck Seigneur de Malerit , Scc. qui fut député à la Duchefle de Par» me , Gouvernante des Païs-Bas , par la ville de Tournai , avec les Nobles Con- fédérez. Madame de WILHEM étoit à Paris le jour de la Saint Barthéle- 7iii , & fut fauvée du Mafl'acrc comme par miracle : fon Mari étoit alors à Roifcn , 6c fut préfervéauffi. Son Père Jean "van Opalfens avoit eu le même bonheur quel- ques années auparavant. On l'avoit condamné à mort pour caufe de Religion : k Sentence étoit déjà prononcée; mais il s'échappa de la prifon de Tournai par la- connivence du Geôlier , 6c fe fauva en Angleterre. ( C ) André Rivet dont il fe fit ejîimer. ■ Pour connoître la liaifon qui fe forma entr'eux d'eux , Sc l'eftime finguliére que Mr. Rivet eut pour lui, il ne faut que voir l'Epître dédicatoire de fon Com- mentaire fur leDécalogue. Elle rend aufîi un témoignage très avantageux à la vertu , à la fcienc€ , à la piété 6c aux autres belles qualitcz de Mr. David de "WILHEM. Le Titre porte , Jd Jmpliffimum praftantiffimum pietate iS ff-ul- tiplici eruditione virum D. Davidem de WILHEM. ( D ) Après qu'il fut de retour de ce grand voiage il s'arrêta quelques années à Aniflerdam avec fcn Frère. C'eft à dire avec Paul LE-LEU DE WILHEM, Préfidcnt des É*e- vins, 6c Receveur de la Ville d'Amfterdam , il a époufé Hillegonde van Bcunin-- gen j fœur de feu Mr. Conrad van Beuningcn , il connu par fes Ambaflàdes. (E) Il fit rencontre en ce Païs-là du dolîe GoVms qié' on lui avoit recommandé. Nous avons entre les mains l'Onginal de la Lettre que Mr. Rivet écrivit à' X 5 Mon- 1(58 AVI S. Monfieur de WILHEM à Jîep , le 19. d'Octobre 1615". dont voici un Extrnit. Seri'o adhuc tibiïiteras itineris ttii Hierofulymitani ^ (5' eas quas à Patriar- cha Alcxandrino acceptas mihi communlcafti , quas vcl tibi , vcl ei qui tuo nomine eas pet et , refiltuam curn "jolueris. Commsndatïone mea apud te non opiis habet Cla- rijjimus Golius , w'r in rara éruditione rara pietate , y modeftia praditus ^ tioftrt defnnSlo Erpcnio intimus , £5? miBi tam propiio nomine qiiam tali necejjitudine cha- rijfimus , {fie. Cela nous apprend que Mr. Ri-vet ctoit alors le dépofitaire des Lettres que le Patriarche Cyrille Lucar avoit écrites à Mr. de "WILHEM, l'an i6i8. Se 1619. Elles furent confiées à Mr. Rivet depuis le 5. Novembre i5io. , comme il paroît par une Lettre de ce Miniltre que nous avons auffi en Origi- nal, Se dans laquelle on trouve ces paroles. Accepi fafciculum Literarum D. Pa- tyiaych£ y mià curn libellis qiios mihi mifijli^ cumliteris tuis gratijfimis ^ quas expec- t:ibam non fine allquo metu ne aliquid tibi accidiJJ'et , ex quo à nobis difceffijli , quia iiefciebam te mutajfe conftlium de proférions in turbatas illas regioncs. . . . Âliquot jarn Epiflolas percurri ^ ^ curn primum licebit per otium , onmes i$ fingulas legam, lit eas tibi reflituam prima occaftone. Intérim grattas habeo pro illa tuâ libérait ufu- râ, i:f pro firiptis adjunêîis. Mr. de WILHEM lui envoia ces Lettres d'Am- fterdam à Leide lors qu'il étoit fur le point de s'en aller faire un fécond voiage en Egypte , & il les communiqua à. Mr. Rivet pour fatisfaire fa curiofité tou- tlianc la DoElrine du Patriarche Lucar ^ dont il lui demandoit des nouvelles par une Lettre qu'il lui envoia à Amfterdam , ^ qui eft datée de Leide le 24. Odobrc 1620. Nous l'avons auOj entre les mains, 8c voici les termes donc Mr. Rivet le fert. Audio te rurfns vicditari^ idque brevi ^ fecundam in t/£gyptum pere- grinationcm ^ quam ut tibi fecunda fit apud cœleftem Patrem precibus 13 votis procura- bo. Si mihi datum fuiffe técum verba conferre libenter inquifiviffem de rerum fiatu in co traSlu , pnefertim de Chriflianifmi reliquiis. Audii ibi effe Patriarcham virutn pium , doârum , 8c purioris doclrina: amantem. Si digneris de hls l§ talibus ali- quando qu.edam mihi fgnifcare dum ad D, Heurnium aut alios arnicorurit literas dabis ^ gratijjimum faciès leteri amico ^ qui nunc itcrum dat tibi manura t^ de novo tecum contrabit bona fide , iSc. Mr. Rivet a fait fçavoir au public le commerce que fon Ami Mr. de WILHEM avoit eu avec le Patriarche Cyrille Lucar; car nous trouvons ces paroles dans l'Epîtrc dcdicatoire de fon Commentaire fur le Décalogue tome I. pag. i2a^. Ex Us (Regionibus) etiam t^Egypto , qua ta- hernaculo Dei infervircnt abfluUfii non pauca , aliis Uberaliter communicaturus , ad communem utilitatem. Intcr qu'.e non yninima funt , qu£ ex intima illa admiffivne curn Rsvere:idiJJimo Cyrillo tum Patriarcha Âlexandrino , haufijli; cujus communi- cationis fruSlus , i^ fednlitatis iUie in eo de rébus noflris plenhis informando utilita- tem , ringentibus adverfariis , etiamnum colUgimus £î? percipimus , poftquam évcSfus eji ad fummum inter Orientales Chrifianos dignitatem. ^ce argumenta funt ^ quan- ta fuerit in te propagand.-e n:er£ Réligionis cura , etiam inter remotifimos à nobis. Nous avons auffi mis les Originaux de ces trois Lettres de Mr. Rivet avec les 14 précédentes du Patriarche Lucar àzm la Bibliothèque de l'Academiede Lei- de , par ordre de Monfieur le Prefidcnt DE WILHEM, pour fervir de témoignage à la Pofléritc fur cette maticre. (F) Fem- AVIS. i^p ( F ) Femme de beaucoup d'cfp-'u . . . de laquelle il eut q^aaîre cnfans. Elle s'appelloit Confiance Hiiygem , ^ aveit beaucoup de levure. Mr. Dcfcar-' tes l'cftimoit beaucoup , Sc lui dcmandoit volontiers, £c même avec dïfércnce , ce qu'elle penlbit fur les nouvelles id^es de Philofophie qu'il invcnioit Elle furvécut environ dix ans à fon Mari, & mourut le i. de Décembre 1667. fore regrettée de tout ce qu'il y avoic de gens raifonnablcs à la Haie. Mr de WI L. HÉM laifla trois filles £c un fils, Mr. Maurice LE-LEU DE WIL- H E M. C'cft un très Illulbe 8c honnête homme , qui a beaucoup de fça. voir & de mérite , 6c dont la convcrfation a mille agrémens. Nous en pouvons parler par expérience , car c'eft une des connoillànces que nous avons eu Thon, neur de faire , en cherchant des Manufcrits dans les Bibliothèques des plus II- luftres Pcrfonncs de Hollande. Dès que Monfieur D E W I L H E M eut fait (es études il voiagea en Italie, en France , en Allemagne , en Hongrie , en Suéde, ôc en beaucoup d'autres Pais , Se fe fit confidérer des gens diftinguez. 11 accompagna à Oran- ge en idôj'. Mr. de Zuylichcm fon Oncle , lors que cette Principauté fut re. mife , avec toutes les formalitez ncceflaires , fous le pouvoir de fon légiti- me Maître. Il fut reçu alors Dofteur en Droit avec beaucoup d'uplaudilfc- ment, comme on le peut voir dans la Relation de Mr. Charnbrun , imprimée à Orange l'an 1666. Il a été toujours fort curieux , non feulement des antiquitez de fon Païs , mais aufîl des antiquitez Romaines. L.C defir très louable qu'il avoit d'en acquérir une parfaite connoiflance lui fit interrompre fes études de Jurifprudence prati- que l'an 1670. pour aller voiager une féconde fois dans un âge plus avancé, & s'étant arrêté à Paris pendant quelques mois , il entreprit le voiage d'Italie avec Don Ftancifco Brancacciu neveu du Cardinal de ce nom , Sc avec Mef- ficurs de Grancei fils du Maréchal. Il s'arrêta une année entière à Rome afin de fouiller tout ce qu'il y a de remarquable dans cette faraeufe Ville. Etant revenu en Hollande il s'appliqua fortement à examiner le Droit Public , Se l'intérêt des Princes Se des Etats de l'Europe. Son génie le portoit à cela , Se la connoillancc qu'il avoit de beaucoup de Langues lui fourniflbit de grands .fc- cours dans cette étude. Il alla en Suéde au mois de Novembre 1671. avec fon Excellence Mr de Haren Ambafliideur des Provinces-Unies , Se il fut choifi par les Etats Géné- raux , fclon leur réfolution prife le a6. d'Août 1671. pour avoir foin desafiai. Tes de la République en cette Cour-là , lors que cet Ambafladeur fut fur le point de s'en retourner. Les mêmes Etats , peu de jours après , lui conférèrent la Charge de Confeiller à la Cour de Brabant , à la place de Mr. Fagel qu'ils avoicni fait leur Greffier ; Se enfuite il a été élevé , par fon grand mérite , à la Char- ge de Préfident du même Confcil. Comme il avoit lié de très bonnes habitudes à la Cour de Suéde, Se qu'il étoit fort bien dans l'efprit du Chancelier de la Gardie^ Se des autres Sénateur* du RoiauraC) les Etats de Hollande fignérent au mois de Juin 1673. o"^ r"-"- X 4 fblutio» I70 AVI S. folution pour faire qu'il fût envoie en cette Cour-là en qualité de Député ex traordinairc des Provinccs-Unies. L'année fuivante il eut deux fois aux mêmes Etars la nomination à la Charge de Confciller à la Cour de Hollande, premiè- rement de la part des Villes, & puis de la part des Nobles. Il époufaen i68j. la fille aînée de Mr. Timmers , Bourguemaître de Rotterdam , qui a été Dircéteur de la Compagnie des Indes , 6c Député pluûeurs fois à l'Amirauté de la Mcufc. ( G ) Jamais les grandes occupations que tant de Charges lui donnaient ne Veni' ■péchèrent d'étudier beaucoup &' d'entretenir un grand commerce de Lettres avec les Sçavans. Et fur tout avec Saumaife , Heurnlus , Rivet, De/cartes, Hein/tus, Foffius , Jnnius, Manajfé Bm-Ifrael qui lui dédia fon Traité de Creatione. Cette Epître toute feule peut fervir de preuve à cet Article , 8c clic mérite d'être conful- tée. Les Lettres qu'il reçût de tous ces Sçavans du premier ordre , 6c de plufieurs autres Hommes très iliuftres , font par monceaux parmi les papiers de Monficur DE W, ILHEM Ton fils. Il y en a beaucoup dont il pour- ra faire un jour préfcnt à la République des Lettres , & outre cela de plu- fieurs autres Manufcrits très rares & importans qui ne méritent pas moins de voir le jour, (H) Le prefent qu'il fit . . . h V Académie de Leide. Voici là-dcflus un témoignage public , tiré de la Préface de Mr. Rivet citée ci-devant : Id mihi filentio non ejl pratereundum , quod erga banc nojiram Acade- miam , ftudioi'um ttïorum olim promotricem , matrem proinde tuam , liberalem admo- dum te prabueris : faSîum eft enim id cura tuâ (^ are tuo., ut Theatrum in eâ Ana- totnicH?n , tôt raris , pretiofis xtiftuxUi-, , exterorum omnium qui illud invifunt animos in admirationem rapiat ; inter qune eminent duo condita cadavera ( Mumias vocanc ) anttquijfima , quiS in iy£gypto eruta , l^ à te redempta , integerrima , te mittente , ad nos pervenerunt. C'eft à dire que tout ce qu'il y a de plus rare 6c de plus précieux dans le Théâtre Anatomiquc, & parmi les Monumens des antiquitez curicufes de l'Académie de Leide que les étrangers admirent , 6c fur tout deux Momies très anciennes, eft dû aux foins 6c à la libéralité de feu Mr. David LE-LEU DE WILHEM, Père de Monfieur le Prcfident DE >5^IL. HEM qui, en imitant cette généreufe libéralité , fait aufil préfent aujour- d'hui, à cette même Académie, des Originaux authentiques 6c très importans des Lettres fuivantes qui n'ont jamais vu le jour, 6c dont nous allons faire part aux Sçavans 6c aux Curieux qui pourront par ce moien connoître le génie 6c la Religion des Grecs Orientaux, 6c en particulier ce que le fameux Cyrille Lucar en a écrit dans le tcms qu'il étoit Patriarche d'Alexandrie , 6c avant qu'il eut des connoiflances £c des relations avec les Proteftans , comme il ^naeu dans la fuite, quand il a été fait Patriarche de Conilantinople. Ces Lettres ont été écrites dans un tcms que ce Patriarche ne pouvoit être fufpeél en aucune manière aux Papiftes, 6c on y remarque par tout une gran- de fîncérité, une grande franchife, ôc une liberté qui eft tellement éloignée de la AVIS. ,71 facon'rainte Se du déguifemcnr qu'il ne fait pas la moindre difficulté de décla- rer , ^arii aucun détour ni ambiguïté , ce qu'il penTe , & ce qu il croit & tout ce que fon Eglife cnfeigne & pratique fur chaque Article de la Re;igion Chré- tienne. On y verra combien il étoic éloigné des f-ntimens de l'Eglifc- Romai- ne, & CCS Lettres que nous produifons font fi exprcflls & fi claires fur les ma- tières dont il parle, qu'elles n'ont pas, be loin de Commentaire ni de Remarques comme ks précédentes, c'cft pourquoi nous les donnons telles qu'elles font en Original , les unes en Latin 6c les aunes en Italien , avec quelques termes & paf- fagcs Grecs , nous contentant de les accompagner d'une fimple Trad"uction Fiançoifc. Elles ont toutes été écrites depuis l'an 1618 jufqucs en i6i9.,& quoiqu'une partie de ces Lettres n'aient point de datte, ce qut nous venons de dire touchant Je tems auquel elles furent écrites fe peut démontrer , non feulement par la da- te qui fe trouve fur trois de ces Lettres, mais aufii par la date de celles de feu Mr Dazid Le-Lea de WILHEM à qui ce Patriarche répondoit, £c outre cela parce qu'il y aune infinité de preuves 8c de Relations qui font foi comme Mr. de "W^ILHEM fit fon premier voiage à Jérufaltm, au Grand Caire, à Ale- xandrie & à Alep, les années 1617. 1618. 6c 1619. , comme cela parojt auflî par diverfes Lettres de Mr. Rheî , & de pluficurs autres Sçavans qui ont écrit en ce tems là dans les Pais Orientaux à Mr. de WILHEM , ou reçu de fes nouvelles des lieux que nous venons de marquer. Ce fut pareillement en l'année 1618. que Cjrille Liicar adrefia une Lettre au célèbre de Dominis Evéque de Spalatro en Angleterre, dans laquelle il le louoic beaucoup d'avoir abandonné la dignité qu'il avoit dans l'Eglife Romaine, pour embraiVer la Religion Chrétienne Réformée Cette Lettre fe trouve dans la Bi- bliothèque deTUnivcrfité de Genève, & fi on veut des preuves encore plus au- thentiques & plus irréfragables contre le Papifme , des Articles de Foi que ce Patriarche d'Alexandrie . & les Prélats de fon Eglife , condamnoient dans I3 Communion de l'Eglife Occidentale, on n'a qu'avoir les Anathémes qu'il pu- blia en Orient, 1 an 1(^16., & la Cenfure qui en a été faite à Rome, Ôc impri- mée aux dépens de la Congrégation Papale de Propaganda fide , dans la même ville de Rome l'an 1651. 2c on y trouvera de quoi fe convaincre delà confor- mité qu'il y avoit alors fur les principaux Articles de la Créance, entre les Ré- formez de l'Europe, 6c les Grecs du Levant, qui vivoient fous la Jurifdiétion de Cyrille Lucar zlors Patriarche d'Alexandrie. ^Nous allons outre cela le démontrer-' encore , par une furabondance de preuves dans les Lettres fuivantes. Mffi % LET-- 171 LETTRES ANECDOTES ORIGINALES. DE CYRILLE LUCAR P. PATRIARCHE D'ALEXANDRIE. LETTRE (iU A TO RZI E' ME. Mife fous ïe Numéro I. dam la BMiotbéque deVJcademie de Leide , i^ adreffée^ A M^. DAVID LE-LEU DE WiLHEM, Confeiller au Confeil des Princes d'Orange, &à celui de Brabant. îîumaiiiffime Domine David Araice canflirae poft falutem. Dilatio refponft 'caufam hahuit quia una volebam remittere Libres , Col- iationem ^ Rainoldum 13 fimul certio- iem facere 1". Humanitatem de meo in Alcxaiidriam dicejfu : quem die Luna fu- tur um fpero. Praterea fateor me occurrerc non pojfe modis quibus utitur erga me , compeîenti (3 pari elegantia verborum. l'anta enim efi fmpUcitas nojîra, ut non largiatur illam facilitatem traSiandi , quâ pollent HoUandi^ ingénia , unde ut fmus fem- per inferiores oportet. Et quia hoc nunc mibi accidit, fatis am- biguë qnali induftria te vicijfim ego per- gam laudare , ut qiùfcribendo \e humi- Monfteur David , mon très cher amiypki$ d'honnêteté , après vous avoir falué. LE retardement de ma réponfe vient de ce que j'ai voulu vous rcnvoicr les Livres dont j'ai fait la confron- tation , tous enfemble avec celui de Rainoldus , Sc vous donner en même tems avis de mon départ pour jiléxan- ^ne, qui fera, comme je l'cfpére, Iun« di prochain. Outre cela , je vous avoué" franche- ment que je ne fçaurois vous écrire . d'une manière qui puifle convenir à l'élégance des Lettres dont vous me favorifez, car nôtre ftile cft fi fimple, qu'il ne nous fournit pas le moien de nous exprimer avec la même facilité qui fe trouve dans ces beaux efprits élevez en Hollande , c'ell pourquoi nous ne pouvons que leur être toujours beau- coup inférieurs. je fuis maintenant dans ce cas 6c je ne fçai de quelle manière vous louer dignement, ni de quels termes je dois liari , DU PATRIARCHE LUCAR. Sari , cul merito plura debentur iyxâ/it'^ y me lui merito deherem htmiliari exal- tas. . . Intérim miraris qiiia te in meamfami- îiaritatem admiferim ; attamenfcire debes me virtuofos omnes ^ amare , ^ pro te- niiitate mea omni officia profequi et fi enim inter barbaros vivimus , £3* cum barbaris in hâc tam corrupta verfemur ■77»a fft--yi fbrri- fn/utt^tiij ^ V^ t^- lwul lliwil \.VA^U1 , IJW lui LUUt l-ll LUII" bertas à^ommxmr^ truHandi coram qiiu- \ fidération de ces grandes vertus 6c de Ucumque de Religionis materia. ^adautem non expeElabas ut tibigra- tias agerem , «0» efi quod dicatur. Cau- fam ob quam gratias referunt homines al' ter , alteri , nullam ejfe aliam arbitror , ni fi quia graîitttdo beneficii accepti tefiifi- cttur. ces beaux talens , qui fe trouvent na- turcllcment accompagnez , dans vôtre noble Perfonne , d'une très grande honnêteté , civilité 6c politelTe , donc vous ornez 6c aflaifonnez devant tou- tes fortes de perfonnes , les difcours que vous faites fur les matières de Re- ligion. Il n'eft pas néceffaire , Monfîeur, que je m'arrête à vous dire pourquoi je vous ai fait des remercimtns aux- quels vous ne vous attendiez point, lî me femble que les hommes n'ont in- troduit l'ufags; des aélions de grâces, les uns envers les autres , que pour fe témoigner réciproquement leurs feu- tim.ns de gratitude, pour les bienfaits qu'ils reçoivent. Y a- Nul- Î74 LETTRES A Nullum ego in flatu meo majus reputo ah homine mihi coUari poJJ'e bencficum ^ fi- ent me quis ali^uid doceat quod nefcive- ram. Omiùa 7nundi »« rxv^ny^x reputo. Nihil amhio , nihil fit io , nifi ut fimpcr alï- quid difcam. ^odfitutot authores no- bis accommodafti qiios percurrendo tôt per- ceperam , tôt didiceram qu^e nutiquam apud nos audita funt : quid mirmn fi oh ifiud gratins retiiU ? If no fit quos alios babes quos mihi communices , iterum novas gra- ttas me îihi relut urum non diffidas. Retinoldmn legi neque titulus Idolola- frite potuit me offendere , qui per Dei gratiam huicetrori non afientior ; prout me in Catecheft , quam orientalibus meis Maturus fum , fatis me explicaturum fipero. ^lod fcripferam de RemonfirantihUrS ^ Contrare monfir antibus ft judititim vo- cari débet ut tibi placet , at non fuit fe- rium cum de utriufque non definiret fcn- tmtia. Optime tua Dominatio confiderat pacis iifficultates : at mihi videtur qtiod poffit invmiri modus 13 facilitas qua pofiint cofti-enire , dummodo voluerinî verbo Dei NON jiBSCONDItO jed RE- VELATO adherne ^ omni alia con^- ientione pofpofit0. NECDOTES Pour ce qui efl: de moi , je mett au rang des plus grandes faveurs qu'on puifle me faire , dans l'état où je me trouve , les cclairciflcmens qu'on me donne fur les véritcz que j'ignore. Je ne confidére toutes les chofes temporelles du monde que comme du fumier. Je n'ai point d'autre ambi» tion , ni d'autre dcfir , que celui d'ac- quérir toujours quelque nouvelle con- noiflancc- C'eft pourquoi , vous , Monfieur , qui m'avez prêté tant de Livres, dans Icfquelsj'ai appris 6c dé« couvert beaucoup de chofes dont nous n'avions jamais entendu parier en ce Pais , devez-vous être furpris que je vous en remercie ; Non fans doute r mais au contraire , vous pouvez être afluré que fi vous avez quelques autres ouvrages à me communiquer , je ne manquerai pas de vous en faire de nou« veaux remercimcns. J'ai lij Rainoldus fans que le titre à Idolâtrie m'ait choqué en aucune ma- nière , parce que , grâces â Dieu , je fuis fort éloigné de cette erreur, com- me j'cfpére de le démontrer aflcz clai* rement , dans le Catechifme que je dois mettre au jour , en faveur de mes Grecs Orientaux. Ce que je vous ai écrit des Rcmon- trans & des Contre-remontrans, pour fçavoir fi on en doit porter un juge, ment comme celui que vous approu- vez , n'a pas été dit fcricufement, puifque mon difcours n'eft pas dc- cifif pour les uns 6c pour les a.u- tres. Vous examinez fort bien , Monfieur, les difficulttz de la Paix Chrétienne; mais il me lemble qu'on peut trouver un moienfacile de convenir, fi on veut s'attacher uniquement à la Parole de Dieu ^ non pas CACHE'E, mais RE- VELE'E, & mettre à part toutes les autres difputcs. Jfii DU PATRIAR TJii IraSlatus magni 7nommti Junt ^c. !habeo aliquot gnecos inter alios Pfellim tff . Csterum die luna proficifiar. Hu- ierum me miîtet fi et placet , reliquos té- mat apud fe. Jccipict à latore fuos li- bres. Offcro me tuce Hamanitati , uhi- (unquefuero, i3 quacutique pntuero. Be- 3te Valeat. Parcat properanti oh tempo- ris anguftiam. Tua Humanitatis , jimicijjimus Frater in Domino ■i CTRILLUS Patriarcba Jkxandria. CHE LU CAR. 17$ Ces traitez font de grande impor- tance , &c. j'en ai quelques-uns en Grec, & cncr'autres Pfellus , &c. Au rcfte je partirai lundi, vous me pour* rez cnvoier Huterus , fi c'cft vôtre bon plaifir , & garder les autres auprès de vous. Vous recevrez vos Livres par le porteur de cette Lettre. Je vous of. fre , Monfieur , tout ce qui efl: en mon pouvoir, en quelque part du monde que je fois Je vous fouhaite une bonne fanté , cxcufez-moi de la précipita- tion avec laquelle je finis , àcaufe du peu de tems qui me refte. Je fuis , Monfieur , Vôtre très intime Frhe dans l'unioti du Seigneur, CYRILLE Patriarche d'AIéxandriCc LETTRE QJl I N Z I E' M E X>E CYRILLE LUCAR PATRIARCHE D'ALEXANDRIE, A MONSIEUR LE-LEU DE WILHEM, Confeiller au Confeil des Princes d'Orange 6? à celui de Brabant. Mife en Orù ginal dans la Bibliothèque de V Académie de Leide ,fous le Numéro IL Dottiflîmo & molto magnifico Sigmre David , poft falutem. LI complimenti nobili fuoi , è le corte- fe manière che fi contengono nel prin- cipio délia fua , jo attribiiifco pin îofto airaffetto che mi porta che a miei meriti. Ma fia com^filer fi voglia , rin- ^ratio il Signore che «s -m >:«<&«« -ni Tn^m Trk Do&e 0? Magnifique Meflîre Da- vid, après vous avoir falué. J a mon mente,' que vous avez E n'attribue pas mais à l'afLûion pour moi , les grands complimens & les difcours officieux qui font contenus dans le commencement de vôtre Lettre. Mais quoi qu'il en foit, je rends grâces au Seigneur de ce que j'ai l'occafion fiivorabk de vous décou- vrir svec une entière confiance la con- formité qu'il y a enire mes fentimens 6c les vôtres. Y 5 Laudo 2^6 LETTRES A LauJo totam illam rationem quant âe- lineavit , qiiaqttc pojfet fervari pro refor- matione Ecckfia. Rgo omnia illa Capita apte credo ad triapojfe reduci qua ft mijfa fièrent 13 op- pofita introducerentur facllis ejfet Rsfor- matio. Exphdatur Ambitio , Avaritia & fu- perftitio. Introducatiir humilitas , ad exemplum Chrifii Domini , Contemptus lemporalium & Simplicitas Evangelii £j* facile obtinetur cupitum. NeJla Chiefa 'R.oraiva. non fi hada fperar queftp , che gia molto hem fiapia- mo che loro non danno Segni di Rifor- ma , ma oflinatamente defendom il loro dogma. Ecclefiam Grcecam nil tàm pejfiundat ut fapcrftitio. làdio proveda corne fia , è gli place. ^uanto alla voce Arabica unitamente 'voi Signoria 13 p fit habbiamo flargato dal fienfio per non haver letto mimmi (3 copti- lativè fiyllabas , fied ex una voce duas fia- ciehamus. Sciât crgo quod vox ifia una eft ABRAXIS 6? il fim praceptore di- îeva bene che non e voce Arabica. Del refto 6ff. Côn ciofaccio fine è me h raccomando di cuore. IL PATRIARCHA. C. jSffedionatiJfmo di Foi Signoria,. NECDOTES J'approuve , avec un entier applau* diflèmcnt , ce projet que vous avez formé , 6c fur lequel on pourroit fc régler pour la Réformation de VEglifie, Je crois que tout ce qu'il contient peut fort bien être réduit en trois Ar- ticles dont le contenu étant rejette Se le contraire introduit dans l'Eglife, la Réformation feroit très facile. Qu'on écarte V Ambition , l'Avarice 6c les fiuperfiitions i 6c qu'on fubflituë en leur place l'Humilité , félon l'cxem* pie de Jéfus Chrift , le mépris des cho- fies temporelles , 6c Izfiimplicité Evangé- Uque^ 6c l'on obtiendra facilement ce qu'on dcfîre. Il n'y a pas lieu d'efpérer que PE- glifie Romaine fafife cela , d'autant que nous fçavons fort bien que ceux qui la gouvernent ne font aucune démar*- chepour la Réformation, mais au con« traire s'obflincnt à foûtenir leurs Dog. mes. Il n'y a rien qui rende plusmépri.* fable l'Eglife Grecque 6c qui la des- honore tant que la fuperftition. Dieu veuille y remédier félon fon bon plaifir. Pour ce qui eft du mot Arabe il eft arrivé , Monfieur , que vous 6c moi nous (brames également éloignez de là véritable (ignification pour avoir fait deux mots des fyllabes dont il eft com- pofc , au lieu de les lire conjointe* ment 6c fans les féparer. Vous fçaurcz donc que ces trois fyllabes ne font qa'un feul mot ABRAXIS , c'eft à dire Perfiecution , 6c que vôtre Précep» tcur avoit raifon de foûtenir que ce ter» me n'cft point Arabe. Je pafle le refte fous filence, Mon- fîcur , 6c finis , en vous baifant Içs mains de bon cœur: car je fuis. LE PATRIARCHE C. Très affcûionné 4c vôtre illuftre per- fçnnc. LET- DU PATRIARCHE LUCAR. i7r LETTRESEIZIE'ME DE CYRILLE LUCAR PATRIARCHE D'ALEXANDRIE, A MONSIEUR DAVID LE-LEU DE WILHEM, ÇonfeiUer au Confeil des Princes d' Orange , 6? à celui de Brabant. Mife en Origi- nal dam la Bibliothèque de r Académie de Leide , fous le Numéro [II. Molto Magnifico Signore ofler- vatiffimo. HIeri in ver fer a , qiiando il latore dél- ie fue mi fi prefento , non hebbi tempo di fubito rifpondere. Hora cio faciendo gli fo intendere che quelle per il Signer Merula^ ne baver o cura di farle capita- re ^ fe à iddio placera. Ma doveva l'oi Si- _gnoria havermele mandate piu prima per- che nel mio plicho , ch» cou la Galea del Sevidan ho mandato^ fi farehbono accom- pagnât e , ma gia che fon reflate infino ve- ■^erdi fi fara tlmegtio. ^anto per ïi Lihri che mifcrive , gli h mando con ufura di infinité gratie. Lei é patrona del fuo , è pur ejfer deve certa the ancho del mio puo à fuo piacere difpo- Sopra quello mi ha fcrftto ho aggionto Gomaro , fj? // Canone Pafchale deii Argyro. // Venatore cw »ç3-â iiU,,i la fua dottrina é pefiilentijfima : non folo fuella di Predcftinatione ; ma molto piu ^iella di Ecclefia , pichc ogriuno puoter Starnella fua propria ReUgione , è puoter Très magnifique , £5? très honoré- Monfieur. Hier au foir , quand le porteur de vôtre Lettre vint chez moi , je n'eus pas le tems de vous faire réponfc. Je vous l'envoyé maintenant en vous donnant avis , que fî Dieu le veut, j'aurai foin de fiure tenir vos Lettres à leur adrefle , par Merula. Vous au« riez dû me les envoier plutôt ; car jc les aurois mifes fous l'enveloppe de mon paquet , que j'ai envoie par la Galère du Sevidan : mais puifqu'elles font demeurées en arriére, je ferai du mieux qu'il me fera pofTible pour les donner à quelqu'un d'ici à vendre-» di. -» Pour ce qui efl: des Livres que vous me demandez, je vous les envoie Sc vous en remercie infiniment. Vous en êtes le maître puifqu'ils font à vous; mais vous pouvez aufli être afluré qu'il ne tient qu'à vous de difpofer comme il vous plaira de tout ce qui m'appar* tient. Outre les Livres touchant lefquels vous m'avez écrit , vous recevrez (ja- niarus , (S le Canon Pafcal d" Argyrus que j'y ai ajouté. Le Fenateur n'enfci- iine rien qui ne foit erroné : Sa Doc- trine eft'rès dangereufe. non Iculemcnc pour ce qui concerne la Prédeftination ; X 4 #^ Î78 LETTRES A ej/cr faho , confirma : in qneffo niodo^ mi far che aufcrt otnncm Reformationem ab EccLlia : imo damnât dummodo eun.icm fintm conftituit asqualcmcjuc prîem um cœco 6c videnci: Hsretico & Onhodoxo. Chî computaffl quefti y altri errori che fi contengono in queftofuo fcritto , truova- rebbe ce qtteftadottrinaé troppo exiùale. . La Differtatione de Idolo Halleniî é molto élégante, fo fempre havendo crc- duto che Lipfio haveva li fiioi givrni fi- nito non Gatholico ma Reformato. jlJJ'ai diibitavo di quello qui fe fcri've'va , ma puei a%-ertiîe da voi Signoria hebbi gran gufto à ieggere in quai modo fii dalllatito- re di qiiejio fcritto -rifutato. Li abri iihri che fono rejiati apprend di me , ?ni fara gran f a-cor e laffiarmeU , corne una allra volta gli ho fcritto , che pigUando da me il loro pretio , lei piufacil- menie fe ne potra pro-iederedi quelli ijiefi. Dove che fe fi contenta di comptâtes ■/e mi fara avifato qtiando gli piix.cera ^ fa- cendo jo penfiere di dejjender in Aleflandria doppo le fejle , per transferirme à Con- ftantinopoli : ende m VogUo ejfer ccrto ■ddh fm gratis. N E C D O T E S mais encore beaucoup davantage tou-- chant ce qu'il cnleigne de TÉglife, puifqu'il foùtient que chacun peut fai- re Ion falut dans la propre Religion. Il me fcmble, que par ce moicn, il dé- truit entièrement les motifs qui peuvent donner lieu à la Réformation de VEgli- /? , & qu'il condamne même ceux qui facroient néccflaire, puifqu'it s'attache à prouver que tous les hommes arrivent ' enfin au même but , fff que la récompeit- je des aveugles 'i^ de ceux qui font éclairez des Hérétiques ^ des Orthodoxes nefi point différente. Celui qui feroit le Catalogue de ces erreurs , 6c de toutes les autres qui font contenues dans cet écrit, trou* veroit qu'elles font tout à fait pernicieu* fts. La Difîcrtation de l'Idole A'Hâîle eft très élégante. J'avois toujours crû- que Lipfius avoit fini fes jours, nory pas Catholique , mais Réformé Je. doutois allez de ce qu'on écrivoit ici; mais j'ai lu avec beaucoup de plai* fir les avis qui me font venus de vô» tre part , Monficur , par lefquels j'ai? appris de quelle manière il fut réfuté par l'Auteur de cet écrit. Vous ne fçauriez me faire une plifs frande faveur , Monfieur , que celle e me lailler les autres Livres que j'ai encore chez moi , comme je vous l'ai écrit une autre fois, en vous déclarant que j'étois prêt à vous en rcmbourfcr la valeur , & que vous pourriez faeii Icment trouver ailleurs , quand il vous plaira , les mêmes Ouvrages. C'eft pourquoi, fi vous avez lacom* plaifance de m'accorder cette faveur , je îbuhaite que vous m'en donniez avis le plutôt qu'il vous fera poffible , d'à»'* tant que j'ai projette de faire un voia« ge vers Alexandrie d'abord après les fêtes, pour m'en aller de là jufques à Conjtantinopk ; Vçila pourquoi j'ai be« DU PATRIAR Per cofa al ttiondo che foffe , jo non h importunarebbe , m:i per libri , ejfendo £he qui , ne in tutto V Oriente ft truovi- m } tni contento coji à lei corn' a ogniun al- iro effer fenza danno moleflo : masime ejfendo flaoïpati , £5? fuonofi in ogni tem~ fonella fua Patria truovare. Non mi occorre per hora altro dirgîi , che pregarli dal S ignore ogni félicita è con- Jento. J)i vol Signoria AffeStionaiiJfimo. Per Servirla. IL PATRIARCHA C, CHE LUCAR. 179 foin de fçavoir fi je puis me tenir aC furé d'obtenir de vous cette grâce. je ne voudrois pas vous importuner pour aucune chofe qui foit au monde : mais quand il s'agit de quelques Livres qu'on ne peut trouver ici, ni dans au- cun endroit de l'Orient, je m'adreflè à vous Se à tous ceux qui me les peuvent procurer , fans que mon importunité leur caufe du préjudice , & je le fais avec moins de répugnance quand ce font des Ouvrages miprimez & qui fc peuvent toujours facilement trouver dans vôtre Patrie. Je n'ai maintenant aucune autre chofe à vous dire , fi ce n'cft que je fais des vœux au Seigneur afin qu'il vous donne toute forte de félicite S: de contentement. Je fuis , MONSIEUR, Fotre très affeElionné ferviteur. LE PATRIARCHE C LETTRE D I X-S E P T I E' M E DE CYRILLE LUCAR PATRL^RCHE D'ALEXANDRIE, A MONSIEUR DAVID LE-LEU DE WILHEM, Confeillcr au Confcil des Princes d'Orange, 6c à celui de Biabant. Mife en Original dans la Bibliothèque de r Académie de Leide j fous le Numéro IV. Humaniffimo & gratiofifiîmo Signor David obfcrvandiiîimo. J Nanti che jo me ne parti ancora pin d,''una volt a trataro con i-oi Signoria. E corne intendera Vurgenti caufc che mi Ttiuovanu paffare à ConfiantinopoU , non gli rincrefcera fe bene anco d'inverno me Trèsgratieux (^ très honoré Seigneur David. J'Aurai lieu, Monfieur, de m'entre* tenir encore plus d'une fois avec vous par mes Lettres avant mon dé- part. Et quand vous fçaurez les rai- Ibns importâmes qui m obligent d'al* Z mcm igo LETTRES A metto in viaggio : bert- che infino Gemro , che [ara tempo di qui partirmene , fi aleni- ra anco Vexafperatione del tempo : l^ per gratta d'iddio , fpero di ottenire dalla fu- perior clementia il buon falvamento corne la prudenza di voi Sigmria mi augura. Jo dunque faro fcmpn pronto à fervir la, i^ compiacerle, à ognifuo cerna. "Délia dotirhta del Venatore^// dico che Je Clémente Aleflandrino , Eufcbio , fc? Lotira molto ptiochi , oltra alcirai He- retici , quanto à quel Articula, de gratia erga Gentiles Idololatras , habbino cofi fcritto, lo fo bcne: ma jo che délia gra- tia non cofifento^ non puojfio con lui con- tenir e : è tanto piu nella d'ottrina délia- Prédcftinatione , è ncV Articolo de Ec- clcfia, nel qualc abbracia tutti: e tutti doverfi falvare y fia di qual-fi voglia 1<£- Ugione pur che creda in Clirifto : quefio é intolerahile , perche é Articolo che appor- ta piu danno di quello che fanno gli al- tïi. Per li Libri che fi ha contentato con- ccdermi , la ritigratio infinitamente ma gia-che la difcomodo è raggione che non habbia altro donativo : percio prontamen- te gli offero ogni altra fatisfaciom , ^ di quefio /itmip^nffiTU. NEC DOTES 1er à Conftantinoplc, vous ne trouve- rez pas mauvais que je parte avant la fin de cet Hyver : outre que d'ici au mois de Janvier , qui fera le tems de me mettre en chemin , la rigueur du tems s'adoucira : 6c j'efpére que Dieu , par fa bonté, m'accordera i-.\ grâce d'en haut , pour me garentir de tout dan- ger, & me conduire auffi heureufemcnt que vous me l'augurez par vôtre fagc prévoiance. Je ferai toujours prêt à vous rendre fervice, & à vous complaire dans tou- tes les occafions où vous m'indique- rez ce qui vous pourra faire plaifir. Je vous dirai que la Doctrine du /^o nateur ^ touchant la grâce, dont il veut que les Gentils idolâtres foicnt partiel- pans , ne m'eft pas inconnue , non plus que ce qui le trouve dans les E« crits de Clément d'Alexandrie , d'Eufé- be y de quelques Latins, & d'un petit nombre à,' Hérétiques , qui font dans le même fentiment fur cet article ; mais je fuis d'autant plus éloigné de cette opinion du Venateur , qu'il foûticnt aufîî d'autres erreurs fur le dogme de la Prédeftination & fur celui de l'E- glifc , enfeignant que tous ceux qui croient en Jefus Chrifl peuverrt faire leurfalut, dans quelque Religion qu'ils vivent. Cela eil: un Dogme infuppor- table , & qu'on ne doit point fouffrir, parce qu'il cauf plus de préjudice que tous les autres articles crioncz qui don- nent quelque atteinte à la véritable Re- ligion. Pour ce qui cft des Livres que vous avez bien voulu me prêter , je vous en rends mille grâces: mais puifque vous ne pouvez pas vous en priver i'ans in- commodité , il n'cft pas raifonnabÏÊ que vous m'accordiez à l'avenir de pa- reilles faveurs : c'eft pourquoi je vous offic de mon côté tour ce qui peut con- îrebahncer vos gratifications & tout m DU PATRIAR Di San Georgio Cavalière è Mar- tyre , corne vora intender rtLiftoria , gli mandaro Surio , che fcrive la fua Vita : ma perche multae fabulce de Georgio narrantur , ho ■paura che anco quejlo non fia f avala. Jopuoco conto facioo pingatur, h non pingatur, c con-cio gli facio riverea- 2a. ylffeSiionatifJlmu Servitore IL PATRIARCHA C. Al NobiliJJîmo S'ignore David de Wil- betn. CHE LUCAR. iSr ce que je puis avoir d'utile pour vocrc ] fer vice. ' Quand il vous plaira d'examiner l'Hiftoirc de Saint George , Chcalicr 6c Martir , je vousenvourai Suriu'; yai a écrit fa vie : mnis je crains fon que tout ce qu'il en dit ne foit une F.iblc , parce qu'on publie de tous cotez p!u- fieurs faufles narrations de ce preienuu Saint George. Pour moi je me foucie fort peu qu'il foit peint, ou qu'il ne le foit pas, 5c fans difcourir davantage je vous fais la révérence , étant , Vôtre très afFeétionné Serviteur, LE PJTRIJRCHE C. A très Noble Seigneur David de Wilhem. LETTRE D I X-H U I T I E' M E. DE CYRILLE LUCAR, PATRIARCHE D'ALEXANDRIE, A MONSIEUR DAVID LE-LEU DE WILHEM, Confeiller au Confeil des Princes d'Orange, & à celui de Brabant. Afife en Original dans la Bibliothèque de V Académie de Lcide , fous le Nutnero V. Doétiffime Domine David Dileâifiïroe. DE Cœna Domini quidquid fcripfe- rit vicli. Prima fententia efl Ro- manorum , fecunda Lutheranorum , tertia Orthodoxorum Iflam egofequor. At tua Dominatio non varias Jententias erat pollicita récit are , fed de modo pra- âicandi , aliquid notare , hoc fi mihi pr^ef- tabit j pergratum faciet. J Très do£le £5? bien aimé Monfieur David. 'Ai vu tout ce que vous avez écrit de la Cène du Seigneur. Le pre- mier fentiment eft celui des Papif- fes , le fécond eft celui des Z?///:;«7V»j-, & le troifiéme eft celui des Orthodoxes. Je fuis la Doébrine de ceux-ci. Vous n'aviez pas promis, Monfieur , de ra. porter les différentes opinions des uns Z 2. De i&i L E T T R E s A N E C D O T E s 6c des autres ; mais de faire quelques remarques touchant la manière de par- ler avec toute l'éxaclitude néceflàirc fur cette matière : voila pourquoi vous me ferez un très grand plaifir de m'ea dire quelque chofe. Nous, n'avons pas maintenant fajet de craindre le mal contagieux ; car il ne paroît encore rien de tel , qui nous doive épouvanter. Le Seigneur très grand , dont la bon* té eft infinie , conduife 6c conferve toujours vôtre chère perfonne faine 6c fauve. J'attens, que vous me donniez avis de vôtre départ, fi vous êtes refolu de faire voiage. 3e morbo Contagii , nondum habetnus quod timeamtis : nibil enim taie apparet qnod poffit nos îerrcfacere. Deus Optimus^ Maximus tuam Huma- nitatem aiflodiat Zjf confervet incolumem. ExpcSio Ht me ccrtiorcm faciat fi dif- Kffura. CYRIL LUS. CYRILLE. LETTRE D I X-N E U V I E' M E DE CYRILLE LUCAR , PATRIARCHE D'ALEXANDRIE A MONSIEUR DAVID LE-LEU DE WILHtM, Confeillcr au Confeil des Princes d'Orange , 6c à celui de Brabant. Mije en Original dans la Bibliothèque de V Académie de Leide^ fous le Nimier 0 V I. Doèbifîîme Domine David. Ita me fentiofatisfaSîum ex tuo Scrip- to , tit loco refponft nibil amplius ha- beani , nifi gratias quarn plmimas ut libi reddam. Caufa mihi es qtiod hborem oheam ut luci argumenta meis quotidianis annota- '■fiunculis interponam , quia facilmsjuvent meam memoriam. Ex iis , qine coram te nudiks îertius leila funt , jam non dubito tuam pruden- ttam comprehendcrc ^ nojîram ejje Sen- Très dolîe Monficur David.. JE fuis tellement fatisfait de vôtre Ecrit qu'au lieu d'y répondre , je me trouve obligé de vous en faire beaucoup de remercimens. Vous me donnez fujet , de Aiire tous- les jours des notes fur vos qutftions , pour en faciliter le fouvenir dans ma mémoire. Je ne doute point que vous necotn* preniez fort bien , par le moien de cê- qui a été lu dernièrement en vôtre prc* tsntiar»: DU PATRIAR tmtiam tUam qu.t Figuram admittit , in boc Myfterio, (3 modiimpradicandi Sci- er aannt aient , ficùt (^ mandacationem Spintualem credimus : ita ut ^i/z/fidc ac- cedit ad Menjam Domini , non lifibik tantiim Corpuris tsf Sanguïnis Sacramen- ttm aecipt^fed SPIRITUALITER. fc? interne participât Tero Corpori t3 San- gutni Domini Nojiri fefu Cbrifti^ Gaudgo ergo quod unà idemqtie fentimtts ■in bac veritate. Utinam ^ in relirais û quse func in qiiibus dijfentimus. Tuant Dominationem Deus Optimus , Maximus , cujiodiat ah omni adverfo , £=? confervet incolumen. 15 Martii 1619. tti£ Hiwianitatis Jmicifjimus. CYRILLUS, &c. CHE LU CAR. 183 fcnce que r.ôtre fcnciment eft celui qui aJmet la Figtire dans ce Myftére , fie une rnani^:ic de parler Sacramentelle ( y îropologique ) conforme a la Alan- diication Spirituelle que nous croions : de forte que celui qui s'approche de la Table du Seigneur anniié de la Foi, ne reçoit pas feulement le Sacrement vifible du Corps & du Sang , mais par- ticipe intérim urcment & SPIRI- TUELLEMENT au v-ritable Corps 8c au Sang de nôtre Seigneur Jéius Chrift. J'ai par confcquent bien de la joie que nous foions du même fentiment en tout ce qui concerne cette vérité. Dieu veuille que nous foions pareille- ment d'accord fur toutes les autres , s' il y en a quelques-unes touchant lefquel- les nous ne convenions pas entièrement. Je fouhaite , Monfieur , que le Grand Dieu , par fon immenfe bonté, vous prefcrve de tout danger & vous confer- ve toijJDurs en parfaite fanté. Le 15. de Mars 1619. Vôtre très intime & véritable ami. CYRILLE, ^c- LETTRE VINGTIEME DE CYRILLE LUCAR PATRIARCHE D'ALEXANDRIE, A MONSIEUR DAVID LE-LEU DE WILHEM,. Confeillcr au Confeil des Princes d'Orange , Se à celui de Brabant. Mife en Original dans la Bibliothèque de V académie de Leide , fous le Numéro VII. Humaniflîme Domine David , poft Saluitm. o J; varias occtipationcs , quas hahiii- mus , non licuit ad tuam Dorni- TMtionem mittere meorum aliquem , cui J Très affable Monfieur Dcnid ^ après vous avoir falué. E dois vous dire que les diverlês^ occupations que j'ai eues , ne m'ont pas permis de vous envoier quel- Z 5 dareu' i84 LETTRES ANECDOTES darenîtir illi Libri ad me ferendi : vix pot ni ijla hora p^Jentis Tabellaritm dcf- tiiiare. Si qnos ergo hahet , per ijlum ad me fecHve 'ûintenttir , efi emm Religtojus do- vius mae. Si tiice Dominationi pïactierit aVtqnem authorem , qui non ex occafionc , fed nata vithUjj, de PricdeJlinatioHe traclaverit , gratimn mibi praflabit. Solam enim , ex iis qua hoc tcmpore agitant ur , ijîam ego Controverftam arbi- tr.or difficilioi'ern ^ l^ùyamviï,nv , maximè- fue debebo tua Humanitati fi aliquo mo- do in Ixac materia mete opitulabitur imbe- cillitati. Pr^ cmc^y.iS i) Ta'ia'y 'ItSii'i vr.^iit l- Sî» , âXif^,; ^ ^ iîf ©- hy.T(^. Huit addo ^ alterum. «AA« Tnttiii ùhtxS -Tmâ^à ùXXs^.'as'.) ir» lît/i kx6 Xfttit TV^tunbirtw mte^t» ^ùXcvMitti «|(«, y.tcfUTa , | . TU ccy.yis fiîiu\r,-^-ui , t« uth^ t» xot-fta c-Ç-x- \ Magnanime Monfteur David. J'Ai confronté vos notes avec le Tex** te de BellarmiH , & elles fe trouvent fortjuftts. La féconde Remarque n'ell point faune. La fcptiéme ne doit pas être entièrement rejcttée, parce qu'elle eft en partie conforme au vé- ritable but de l'Antiquité. Je n'approuve pas Icrcfte, non plus que vous. Je veux bien vous marquer ici quel- que chofe de ce que nous chantons dans notre Eglifc les jours de Jeâm , afin que vous puifîiez avoir une jufte idée de ce que nous obfervons dans ces oc- cafions. Nous jeûnons par des abftinences qui font agréables au Seigneur, & qu'il approuve. Le véritable Jeûne confifte à s'éloigner du mal , à contenir fa langue , .à réprimer les defu's , à re- noncer aux convoitifes , 5c à s'abftenir de la médifance , du menfonge & du parjure. Cela eft le véritable Jeûne qui eft faint 6c très agréable à Dieu. Voici un autre Motet que j'ajoute à celui-là. Le '^eûne ne confifte pas feulement à s'abftenir des alimcns , mais auffi à fe détourner de tous les mauvais de- firs , 5c à dompter les pallions de la' chair qui fe révolcenc , pour ne s'y i%6 LETTRES ANECDOTES F'ideas fi ex hifce poffit aliquod ahfur- dum coUigi ciim orania conformia fint l'crho Dei. Talc nos profitemur cjje dehcre Jeju- TÙum. Intérim doSirinam illam dono ha- heat tua humanitas à me qui multh plu- ra ei debeo. Bcne ValeaE. Amiciflimus tuus; CYRILLUS. laifler point aflujetir, afin de nous met- tre en état de participer dignement à l'Agneau qui a été immole pour le fa- lut du monde , en célébrant volontiers , comme enfans de Dieu , fpirituelle- ment, la mémoire de la Réiurreftioiî du Sauveur d'entre les morts , Sc en marchant avec joie dans la carrière des vertus , & dans les doux plaifirs des bonnes œuvres, nous réjouïfl'ant en cc« lui qui nous a aimez. Voicz , Monficur , fi on peut tirer quelque abfurdité de cela , puifquc tout cft conforme à la Parole de Dieu. C'cft un tel feîme que nous faifons profcffion d'obfervcr. Cependant , re- cevez , s'il vous plaît , cette Doétrine comme un petit prci'ent que je vous fais , en reconnoifl^mt que je vous ai des obligations beaucoup plus grandes dont je ne fçaurois m'aquiter. Je vous foufaaite une parfaite fânté , étant , Votre très intime ami, CYRILLE. LETTRE V I N G T-D E U XI E M E DE CYRILLE LUCAR P. PATRIARCHE D'ALEXANDRIE, A MONSIEUR DAVID LE-LEU DE WILHEM, Çonfeiller au Confeil des Princes d'Orange, £c à celui de Brabant. Mife en Original dans la Bibliothèque de V Jcademie de Leide , fous le Numéro IX. HumanilTime Domine David. RAtionem fcjunii talem ejfe dehcre ne- 7H0 eft qui contradicat , tamen ^ hoc ■verum eft quod tempus fejunii dijiingui dcbeat. Très affable Monfieur David, IL n'y a perfonne qui ne convienne que le Jeûne doit être tel que celui dont je viens de vous parler, cepen- dant il eft vrai aufli qu'il y a un ccr- Cum DU PATRIAR Cufft enim oh infirmitate à? corruptio- ne, quânatiiranoftrapoUet f impediamiir pojfe tola z-iia nojira taie Jejunium oh- fervare , fit ut convoiienti ajfigmto ali- qno tempore , tam epus utile , tentemus aJfei«>-,f «'« ad uamn finem refpiciens , ad obedietitiam Romano Pontifict. Mi dice voi Signoria che gli mandi il Libro di Cicmcnte Papa Romano , compoflo per li Copii. Jo ne ho , ne fo che Libro fia quefio. La fini a i falfa Légat ione delli Copti , tontinetur in fexto Torno Annodimn Baro- nii , Jub titulo Legationis Ecclefue Ale- xandrtme : è gli mando il Libro perche Voi Signoria lo leggi ; che ben conipre- hendera quanto hanj'aputo fare certi ma- ttigoldi Copti , per aga ti are ejb Clémen- te, comme Vhanmfatto. Ma puoi Baronio per adular il Papa ba ditaîo quanto Voi Signoria vedera in m'écrire , je ne douterois point de vô* trc bonne amirié, d'aurant que je fuis crès ail uré que vous en avez autant pour moi , que j'en ai pour vous. Je palle maintenant aux principa- les choies qui font contenues dans vô- tre Lettre. J'ai rt-çû vos Livres , 6c je fuis bien fâché de n'avoir pu encore vous ren- dre aucun fervice réciproque , je ne manquerai pas de vous les rendre avec une infinité de remircîmens. Deux jours avant que vôtre Lettre me fû: rendue , j'avois remis , entre lis mains du porttur de la prefente , le Livre que j'avois reçu du très illu- flre Conful , & je l'ai prié d'avoir la bonté de vous le donner. Vous le recevrez donc , s'il vous plaît, Monlîeur, des mains de fon Ex- cellence; mais vous n'y trouverez pas grand chofe qui vous piaife. Ce qu il contient eft tiré du troifiéme Concile Général , 8c du qu.unéme. Ce n'cfl que flatterie , dont tout le but n'ell que de foûmettre tout le monde à l'o-. bciïlance du Pontife Romain. Vous foubaitez que je vous faflc te« nir le Livre ou Pape Clément VIII. qu'on dit avoir été compofe par les Cophtes } mais je ne l'ai pas , ni ne cornois en aucune manière quel peut ccre cet Ouvrage. La faufle 6c pritenduc rclinion des Cophtes avec ce'Pape eil mife dans le fixiémeTomc des Annales de Baronius, fous le Tîtrc d'une Légation de TEgli- fe d'Alexandrie. Je vous envoie ce vo- lume par la kéture duquel vous pourez faciiemcnr d'couvrir tout ce que cer- tains fourbes de la Secte des Cophtes ont fçû mettre en ufagc pour trom- per , comtiK; ils ont fait , le Pape Clément. Mais Baroniiis n'a pas manqué d'a- jouter beaucoup di. choies, à cette Hif- Aa z fiefto rpo LETTRES ANEC quefto Tomo pagina 69 1 . yiltro mn ho fo ^ra ^uefto. toire vous , pour le verrez Mi domanda di pin l'oi Signoria il Li- hte del mio Antccejjore , e lu non hafcrit- to fopra cio akuna cofa^ ne ft é fiampa- to akuna cofa fua di momento , fiiori chc un Libre! to contrit fudeos^ il qnale co- rne truovaro con comodiîa mandaro à Voi Segnoria. Sopra cio non mi ricordo baver altro the una Catechefi in lingua Arabica , compojla dal Bellarmino in latino , c tra- dutta da akuni Arabi , e ftampata in Rama à fine per fafcinar que (la gente , ma frufira «y^Ais-xisn , oleura & operam. E per haver fatio la fp'efa il Slgnor Monfu Debrevcs , ne mando molîi eJJ'cm- plari in mano del Illujlriffrmo Segnor Con- fole y è lui me la communico. Finalrdtnte perche dcfidera intendere fc qui fono Ntftoriani , oaltra gente di He- retici ,, fapia che qui ne fono oltra H Cop ti , i U Armeni , è Ncftoriani , li qua U quando primamente qui fono venuti , delitefcebant : che non fono pin di quindeci anni , ma hora vedo che fi fono dilatât i , in due contrade , è h Copti communicano con loro j cioe caci cum decis. Gli hanno affegnaio un templo fuori di Caèro , per nome Ecclefia SanEîi Mœnis , iove fe m -vano ogni Sabbaîo i D^winica DOTES flatter le Pape , comme la page 691. de ce même Tome. Je n'ai pas autre chofe à vous dire là-deflus. Vous me demandez outre cela le Livre de mon Prcdecciîcur , il n'a rien écrit fur cette matière , & il n'a fait imprimer aucune choft de conféquence , fi ce n'cft un petit Li« vre contre les Juifs, lequel je ne man- querai pas de vous envoier par la prc« miére commodité, d'abord que je l'au* rai trouve. Je ne me fouviens pas d'avoir autre chofe touchant cela, qu'un Catéchifmc en Langue Arabe , compofé en Latin par Bellarmin , 6c traduit par quelques Arabes , enfuitc de quoi il a été impri- mé à Rome 2c envoie en Orient pomr fcduire & aveugler cette Nation ; mais ceux qui ont formé ce delîcin confu« ment inutilement leur bien 5c perdent toutes leurs peines. Monfieur de Brèves qui a fait impri- mer ce Livre à fes dépens , en a en- voie plufieurs exemplaires à Monfieui' le Conful , Se c'eft de fon Excelkn* ce que j'en ai eu la communication. Enfin , puifque vous défirez d'être informé s'il y a ici des Neftoriens & des autres Peuples Hérétiques , vous içaurez qu'il n'y a que les Cophtes , les Arméniens ^ & les Neftoriens , qui fe tenoient cachez dans le teras qu'ils commencèrent de venir en ce Pais, il y a environ une quinzaine d'années; mais à prcfent je vois qu'ils font répan- dus fort au large dans l'cteiiduë de deux contrées, 011 les Cophtes conamu* nient avec eux, à fça^oir les aveugles a' ce ceux qui font pareillement aveu» glcz. On leur a affigné hors du Caire , un Temple nommé l'Eglifc de Saint Mœue o\x ils vont toas les Samedis, pet DU PATRIAîl fer far Sacro : ma de dottrina , de fcien- tia , de moribus , fono molto inferiori al- U Copti , tr«t II quali credo cbe gia hab' bia fentito Foi Signoria che travagU che fono , qui caitfati dalla morte del loro A- buna, qmdinterpretatur Patriarcha. Vanno puoveretti da mal in pcggio , e non fi conjettura al fine altro che la total loro roina , per non volerfi fottopôrre al governo nofiro , // qiial perche hanno ten- tato molti anni , li miei Antecejfiori , con danno (^ vanamente , jo ho dcliberaîo di 7im msiermi nelPimpreJa. E qui al pre fente un Frate Francefcano il quale predica in cafa del Confole Vene- iiano , il quai fa profefpone di moite lingue: é "oeniito due 'volte à vifttarmi ^ è ho ve- dtito clye é piii Scotifta, che altro. AUi htochi ^'Efaia , £5? di Habacuc , 1 è di Jcrcmia , gli rifpondo che danmatur in ipfn Idololatria , mi dichiararo molto bene in quelli ArticiiU che gia ho commin- ciato fcriier , ma per il caricho molto gra- •ue che poriianw qiiejli giorni di ^tadra- gefima , non finiti , in quelli fi -ha anco di îrattare di Predefljnatione. In tutto jo miprévakro ciel giudicio di CHE LUCAR. ipr & les Dimanches pour y célébrer leurs offices & y faire leurs dévotions ; mais à l'égard de leur dodrine , de leur fcience & de leurs mœurs , ils font beaucoup inférieurs aux Copbtes : 6c je crois que vous aurez dtja entendu parler des grands troubles & des agi- tations don: ceux-ci font tourmentez depuis la mort de leur Abuna , c'eft à di. re de leur Patriarche. Les affaires de ces pauvres malheu- reux vont de mal en pis , & donnent lieu de conjcéturer qu'ils verront bien- tôt leur ritinc totale , faute de vouloir ié foûmettre à nôtre gouvernement Ec. cléfiaftique , de la manière que mes pré- deccflturs le leur ont prbpofé depuis long tems , fans y réiiffir , aiant au contraire produit quelques mauvais ef- fets , j'ai réfolu de ne faire plus aucu- ne tentative pour cette rciinion. Il y a maintenant ici un Religieux de l'Ordre de Saint François , qui prê- che dans la niaifon du Conful de Ve- nife. C'eft un Moine qui fc vante de fçavoir pluficurs Langues , mais étant venu deux fois chez moi pour me ren- drc vifite , j'ai reconnu que fon plus grand fçavoir confifte à faire des ar- gumcns félon la méthode des Scotif- tes. Pour ce qui cil: des Partages à''Efaie , d^Habnpejîas fignaque ferenitatis in dies wdicari ma' jora. Ego femi cîaufus domi , magno cum di- fcrimine , ah alto femper dedi CbriJUanis nieis refponfa , qute dure propter defunc- tos^ (^ defuKffo>^m ambages opus erat : i3 per Dei gratiam fanus ad prafens uf- que Cî? incolumis fiita. Dominus Franfman , 6? Ule cîaufus , tum nemine ut audio , îraëlat. Ex quo Navis appuierai in Alexan- drjam bis ad me domo fcripfit , de adien- tii Navis ccrtiorem fecit , tff officiofe me compellavit , addideratque quod Litlera ad ttiam Dominatiunem ex Batavia mtjf<£ fiipta Navim alleram vehebantur ^ quam ad hune diem anchoram fpere jecije , pro tuo voto in foppem. Si iia fe hahet ^ tihi gratulor , nec de- fpero quam primitm iterum me po(fe tua dulciffima frui pr^fenîia : quod ut fiât , optimâ tuàfanitate (^ profperitate ^ Deum mifericvrdem toto corde (^ animo precor. CHE LUCAR. i5>7 qu'il y manque un feul homme. J'ai reconnu combien la Providence du Grand Dieu toui-puiflanc & tout bon, pourvoi: à la confer^ation de vô- tre Perfonne , en vous tirant de ce Pais , afin que vous ne vifTiez pas le tri- fte fpcétacle de nôtre deuil oc de nos fouffrances : mais nous efpérons que Dieu nous fera déformais propice & fa» vorablej.car rinfcftion de ce mal con- tagieux n'cft plus fi grande qu'elle é- toit, 6c la tempête commence de s'ap« paifer, en telle forte que nous voions des phénomènes qui nous préfagcnt le calme , 6c l'entière diffipacion de ce nuage peftilentiel. J'ai été contraint de refter chez moi à demi enfermé , ôc de faire defcendre par mes fenêtres, avec beaucoup de pré- caution , quelques billets contenant les réponfes que jeJevois faire à mes Chré- tiens touchant les cas difficiles qu'ils me propofoient au fujct de leurs morts Se de leurs agonifans, & je n'ai fenti , grâces à Dieu, jufqu'à prefenc, aucu« ne atteinte de mal. Monfieur Franfman fe tient enferme de telle forte, à ce qu'on m'a dit, qu'il ne voir perfoime pour aucunes affai* res. 11 envoia deux fois fes Lettres chez moi , après que le Vaiffcau eût abor- dé à Alexandrie , 6c me donna avis de l'arrivée de ce Navire. Il s'expli- qua là-deflus d'une manière fort obli- geante , 6c me fit içavoir que les Lettres qu'on vous envoie de Baiavia font fur l'autre Vaifleau , qui pourra vous tranl- porter à Joppe , félon vôtre dcfir , n'aiant pas encore levé l'ancre jufqu'à prefent, comme je l'ei'pére. Si vous pouvez profiter de cette voi- ture je vous en félicite , 6c ne defefpé- re pas d'avoir le plaifir de vous voir encore une fois, 6c de profiter de vô- tre agréable converlâtion. Je prie Dieu Bb a In- rpS LETTRES A N E C D O T E S Intérim qua mihi jujja reîiquit , ?< equar , Amiens iUe meus , non negh enequar , xi ut Tentavi optima dexferitate , quit celât fcilicet ahftriifa cxtrabcrc. Expertus fumy ni fallor ^ VUCCts amicum ^ alia fimiilan- tem , alia profitentem , forfan non igna- Tus quid pojjit inter viros amicos Philo- fpphicHS nodus , qticm non indiffblubik'm diimtaxat effe , Jed nec permittentem cer- inm cjl in minimo titrbari. S'is bono animo. Ubiqtic régnât virtus , nbique fiiperior ejl , ubique jtivat pojjiden- tem. Te tua' gratia omnibus te dignum , i§ honore i^ vcneratione commendant. Cura ut valeas ,. mbifque ut te incohi- men rejlitu^s. Datœ Cayri 1619. iz. Maji Stylo Grer goriaiio. îWfC Dominatiofiis Nohilijfimie ami- (us ^ Servus in Domino. CYRILLUS P. de toute raffeûion de mon atne que ce bonheur me puiflc arriver fans que vôtre fanté reçoive la momdre altéra-, tion , ni vôtre profperité le moindre cchcc dans le cours de ce voiage. Cependant , je n'ai rien négligé de tout ce que je pouvois faire pour m'a. quiter de la commiflion que vous me donnâtes touchant mon ami Mr. Frans- man. J?ai tâché de pénétrer avec beaucoup de dextérité dans les Secrets qu'il ne ré- vèle point J'ai reconnu, par expcrien-f ce , que fon génie eil: le même qu'é- toit celui de l'ami ài'UUJfe , & qu'il dit- tout le contraire de ce qu'il pcnfe, fçachant peut-être fort bien que le nœud de l'amitié Philofophique n'eft pas feulement indiUbluble parmi les amis , qui font affidcz , mais qu'il ne permet pas même de révéler la raoin-< dre chofe de ce qui pourroit altérer la véritable amitié. Aiez bon courage ; la vertu régne par tout , elle triomphe par tout , Sc fecourt par tout celui qui la poflede. Les Talcns que vous poflcdez font connoître que vous êtes digne de l'hon* neur & du refpe£l de tout le Mon., de. T-âchez de vous bien porter , 6c de vous rendre fain & fauf auprès de nous. Donne au Caire le 12. Mai 1619. Stile. Grégorien. De vôtre Seigneurie le bon ami & Serviteur au Seigneur, CYRILLE P. I LETi DU PATRIARCHE LUCAR. 1-^9 LETTRE V I N G T - S E P T i E' i\l E DE CYRILLE LUCAR PATRL^RCHE D'ALEXANDRIE, A MONSIEUR DAVID LE-LEU DE WILHEM , Gonfciller au Confeil des Princes d'Orange , 6c à celui de Brabanr. Mife en Original dam la Bibliothèque de V Académie de Leide , fous le Numéro XIV. Doftiffiino & Nobiliilîmo Signorc David oflcrvaciffimo. HO intefo quanto mi fcrive per la de- liberatione del Illttjlriffimo Sigmr Confole. Je puoco doppo mezo porno far o cofiî, confia Signoria llluftrïffima. ^lanto puoi per la partenza di Foi Signoria , mi place (^ mi difpiace. ^el- lo perche fi jlargara aliqiianto dalla for- tuna del maie, ^lefto perche jo mi ho da privar di quel bene che godeio dclla fua nobilijfima {^ molto à me frutuofa con- verfatione : ma jo verro cofti inperfona , a dirgli quello che piu m'importa. ^ânto alli Glohi che fi è degnata à me puoco merite-vole donare , jo non inten- do con parole ring^atiarla ^perche quefto è molto puoco. Très Docle , très noble , (^ honora" ble Mr. David. J'Ai fort bien compris tout ce que vous m'écrivez au fujet de l'avis que vous a donné Monfieur le Con« fui. Je ne manquerai pas de me ren- dre chez fon Excellence après midi. Pour ce qui eft de vôtre départ , Monfieur, j'en aurai en même tems du- plaifir Se du déplaifir. Il me fera plai- fir en ce que vous ferez , par ce moien , éloigné du danger auquel vous ères expofé de contraéttr le mal conta- gieux de ce Pais. J'en fentirai un grand déplaifir attendu que vôtre abknce me privera de l'avantage que j'avois de pouvoir profiter de vos fçavans entre» tiens , & de vos plus excellentes in- ftruélions: mais j'irai chez vous pour vous dire de bouche ce que j'ai de plus- important. Pour ce qui cft des Globes dont il vous a plû de me gratifier, fans que je l'aie mérité , je ne me contenterai pas de vous en témoigner ma reconnoif- fancc par quelques paroles qui n'abou- tiroicnt qu'à des complimcns inuti-- les. Bb 5: m- 100 LETTRES ANECDOTES Ma ben le diro che qitejli tenniro ncïla Came: a mia plu fecreta per havere fem- pre 7ttcmoria délia perfona fua , alla qtia- le da quel giorno che ho conofciuta infm hora , / ben ho iiivuto fuo affetionatijji- ,mo , ma tanto pu per l'avenire. Havendomi lafciato molti vefiigU délie 'virtu fua , délie quali mai mi potrofcor- ,.dare. Tanto con la prefente ^ e doppo me- zo giorno faro per cotnparire. Infm tanto h facto reverenza è me gli racomando , pregando la Divina Maje- fia , conforme il fuo voto , che donando- gli vita longa , gli doni tanta gratia di giovar per titta la fua vita la Cbiefa di Chrifto Noftro Sigmre à beneficio délie anime. Fiat , Fiat. Di Voftra Signoria Illuftriffima Aftec- tionatiflimo Servitore, CTRILLUS P. Mais je vous protefte , Monficur , que je les tiendrai dans mon Cabinet de réferve , pour y conlerver toiîjours le fouvenir de vôtre illuftre Perfonne , pour laquelle j'aurai une affl6tion qui s'augmentcri de plus en plus à l'ave- nir, Se qui furpallera de beaucoup cel- le que je vous ai témoigné depuis que j'ai eu le bonheur de vous connoîcre jufqu'à prcfent. Je m'y fens d'autant plus obligé qu'il me relie divers monumens de vos ver- tus , lelquelles ne s'eftaccront jamais de ma mémoire. Je ne vous du-ai pas autre chofe maintenant par cette Let- tre , attendu que je me dois trouver chez vous aujourd'hui après midi. Cependant, je vous faluc très hum- blement , 8c après vous avoir témoigné le grand cas que je fais de vôtre ami- tié , dont je vous demande la continua- tion , je prie Dieu qu'il prolonge beau- coup les jours de vôtre vie , & qu'il vous faflc la grâce de pouvoir toiîjours travailler aufïi utilement que vous l'a- vez fait , ôc que vous le fouhaitez , pour le bien des âmes fidèles , & pour l'a- vancement du Régne de Jéfus Chrift. Ainfi foit-il. Ainfi foit-il. Ce font les vœux que fait pour vôtre très illuftre Perfonne. Fôtre très affeélionné ferviteur, LE PATRIARCHE CYRILLE RELA- DU PATRIARCHE LUCAR. 201^ RELATION TRE'S IMPORTANTE, Dans laquelle on découvre les noirs complots des Jéfuitcs, CONTRE LE PATRIARCHE LUCAR, Et les preuves de ce qui a été mis en abrégé dans la Dijfertation Préliminaire de cet ' Ouvrage , depuis la page i^. jufques au commencement de la i6. touchant les -ma-- chinât ions de la Cour de Rome^ ^ celles de Je s Emijfaires , qui étant découver'» tes , obligèrent le Grand Seigneur de bannir les féfuites de tous fes Etats , parce que le Patriarche Lucar les convainquit de plufieurs impoftures. NARRATIO HISrORICA, Turbarum quas Conftantinopoli mo- vcrunt féfiiitts adverfus Cyrillum Pa- triarcham , anno Domini \6%j. 8c 1628. , & alia notatu dignifiima A Chryfofculo Logotheta magncE Ec- cltfiie viro Doclo qui fuit teftis oc cularis fidelitcr confcripta. Jd illuftriJTmum Dominum DAVID DE WILHEM. LIteris tuis ( quas novijfrûiè fupcrioris Augtifti Kal. datas accepi ) mecum agere videris ui ajfolent , qui dulcioribus convivarum ferculis condimenta acriora admifcent : nam quod affeilu (^ conftlio JHves , ac laudibus ahfentem ornes , mihi non poteft ejfe non gratijfimum. Longe jucnndius quod valeiudinem , fa- cultates , atque debitam virtuti tuee gra- tiam , ex anima fuccedere fignifices. Sed wit , quara imponis mihi provincia 3 op- NARRATION HISTORIQUE, Des troubles que les Jcfuites fufcitérent à Conjiantinople , contre le Patriarche Cyrille, Pan de grâce i6zj.^ i6x8, 6? de plufieurs autres chu fes très dignes de remarque^ fidèlement rapport t'es par C\\\yio(c\i\Q Logotbete , c'cll à dire. Chancelier de PEglife Patriarchale 5 homme do£le j qui en a été le témuia oculaire. A très illuftre Monficur DAVID- LE-LEU DE WILHEiM. VOs Lettres , Monficur , que j'ai reçues datéts du premier d'Août dernier , font compofécs d'un mélange auffi agréable que celui des mets les plus exquis, qu'on a coiîtume de fcr- vir dans les feilins . où les douceurs fontalîaifonnées de plufieurs chofcs qui en relèvent le goût ; car vous me don- nez de bons confcils , 5c me témoignez vôtre afTcélion en p:niant avantageuie- ment de moi dans les lieux où je ne fuis pas connu ; tout cela ne fçauroiE me faire que du plaifir. Mai* j'en ai beaucoup davantage quand je vois , par le contenu de vo- tre Lettre , que. vous êtes en bonne fanté, que tout vous réulfit à fouhair, Bb 4 pid,. 20i RELATION TRE'S IMPORTANTE DES pido gravis , nec minus invidiofa , ff? obloqais ounoxia prout varie in ejiifmodi materià.nffeilifunt leclorum animi. ^tare nihil tibi priejîare non mahte- rini , (luani hanc r/arrationem exponcre , 'prajhtim cum ex literis ttiis conjicere , ft , prajtidicia nonmiUa , plurimorum mentes adeo occupaffe^ ut novuni errorem inducere , quam conceptas opiniones re- moverc , fiterit longe facilius. Sed cum te fperem , propria magisfa- tisfadîionis , quam altrecationis ftudiofim, volai tibi palam facere , quantum apud me poffis > etft prudentia quideni repugnet £5? alio me avocet ratio. Rem ipfam negutionem meorum ut cognovi j habeto. Decem ab hinc menfcs , orta hic ejl in- ier Ecclefiam Gracam iL5? fcfuitas dijjen- îio : etfi non tum primum , fuerunt inter eos turbot caner ^ablegatio. Sedes fixerant in iirbe Galatâ , Tiir- carum Imperatoris permijjn , Gallicâpro- teSlione tuti , ante annos viginti quinque. Per quod tempus , amplas Collegis adçs extruxerant j Bibliothecam compa-' 8c qu'on rend juftice à vôtre mérite; cependant , je fuis fort embarafle de la tâche que vous me donnez. Elle eft fcabreufe &C propre à me faire haïr ôc blâmer félon que les Lecteurs {z trouveront diverfement prévenus fur la matière dont il s'agit, C'eft pourquoi, j'aimerois mieux vous accorder toute autre chofe , que de mettre au jour la Relation que vous me demandez , attendu , fur tout , que j'entrevois dans vos Lettres , que les préjugez ont tellement offulquc l'efprit à pluficurs pcrfonn^s dnns cette rencontre , qu'il feroit beaucoup plus facile de leur faire recevoir quelque nouvelle erreur , que de leur faire abandonner les fcntimens dont ils font entêtvz. Mais aiant lieu de prcfumer que vous ne defirez pas tant d'avoir quelque nouvelle matière pour difputer , que des éclairciflemens pour vôtre iatisfac- tion particulière , j'ai bien voulu vous faire connoître combien vous avez d'af. cendant fur moi : quoi que la pruden^. ce , ni l'état de mes occupations ne me permettent pas de vous écrire tout le détail d'une affaire de cette nature. Recevez donc en bonne part le narré que je vous en fais , félon la connoif- lance que j'en ai. 11 s'eil élevé ici depuis dix années une difpute tntre les Eccléfiaftiques de nôtre EgUfe Grecque & les Jéfui- tes : quoi que ce ne foit pas la pre- mière fois que leurs querelles ont cau- fé des troubles , des eraprifonneraens 6c des éxils. Appuicz de la Proteétion de la France s il y a plus de vingt- cinq ans qu'ils s'étoient établis à Ga< lata. Où pcnJant ce tems - là ils y avoient bâii un ample Collège , y raverafti COMPLOTS DES JESUITES raverant numtrofatn ; £5? fua non parmi | p-omeverant commoda ; nec non ex plèbe multos ( infinmieris fexus i3 atatis f£- i^ puer os ) m partes fuas pelle- mmas , fcerant. De Gr£C!S loquor ; nani minus pote- rant apiid Romanenfes , qui antlquls Fran- cifci 6f Dommlcl famUïis magh addic- ti , verebantttr ferlo , ne focletas hnec no- va , (^ negotlofa nimlum fibl arrogan- do , veterum qitletem , £y Privilégia In dtfcrlmen adduccret. SI quldem rudla (^ effera Tiircarum Ingénia , qiiantani'ols In- novatlonem , fufplctoni 13 odlo repente rjertt'.nt. ■Collegium autem hoc , gratis £5? charl- iatis ergo , Grammatkte , Artlum , 13 linguarum eriidltlonem profeffiim , popii- larem auratn captabat : cumque lllls par- tlbus , nulla pateret fchola libéra ^ (3 ob Typograpborum penurlarn , magna ejfet llbrorum rarltas , Griscl ( qui eriidltlo- vem rnajorls faclunt qu 5c y recevoir quel- ques inftruclions , fans faire aucune dépe nfe. Pour leurs femmes, elles étoicnt fa* cilement amorcées par l'éloquence 6c les doux entretiens de ces nouveaux Direéteurs, qui avoientl'adrefle de les engager à venir faire chez eux quel- que confeffion auriculaire de leurs pé« C c focietate 2.04 RELATION TR'ES focietate fuâ indigmjjlmum ducebant. Interea l'iri meîioris nota , £5? paulo fagaciores pr£ cateris{ Cynllus Patriar- cha, & Provincice cius Epifcopi )an- guem in herbà fubolehant , {^ quant iu- ventuti fua perniciem^ hic beneficii color invehere augurabantur ; nimirum inflare cuique tentationem , per Eva ftue fuduc- ta latera in finn grajfantem. Metuehant qiioque ne iftac artificio Pro- felytas Roma educaret ,, qui olim totam fubverterent Ecclejiam.- ^a p-optcr quam peter ant modejîijpme ne in apertam dijfentiomm. erumperetur , fe fuofqiie his fediiliionii iUecebris fiéducebatU ^ Hinc ilU îachrymrf- rio aggredi , dein corruptum prodere ei- qtte famam , ac fidei esiflimationem apud araicos adimere. Adeamrem , fummiffi fiint Roma circa Februarium 1624. Jefuita quidam Be- rillus , ingénia fat is ver fut 0 , qui Patriar- cham ad agendiim fecrcto cum CauJ/acis , ( quod crirnen erat Majeflatis ) aâduceret : Et Profelyta Jefuitico ; Gracanicus , in Jcfuitarum Co//r^/o, Ronue educatus ., cui nomen Canachio RoiTi , qucm fccre- tis etiam fub figno lij figiHOf Cardinalis Brandini mandat i s .^ de CyrilIo( fplen dido polUcitationum apparatu ) ad recon' filiationem pelliciendo muniverant. Sed quis fuerit ejus negotiationis fco- pus -y i3 qua barum irarum origo , me- lius judicabis ex ipfius Mandati Apo» grapho, quod hic parenthefts injlar fu- IMPORTANTE DES Que le Pape avoit accorde , par loa autorité, que l'on cmploiât à cet ufa- ge dix mille Rifdales , qui avoientété léguées en aumône par une certaine Veuve Françoife. Fondé fur cette efpérance , on in- venta de nouvelles tromperies , & on mit de fauflés accufations fur le tapis, Icfquelles aiant été découvertes à tcms, on y remédia auffi-tôt ; mais non pas fans qu'il en coûtât derechef à cette pau- vre Eglife un fomme très confidérablc. L'année luivante la perfécution fem- bloit être beaucoup ralentie; mais on ne laiiîbit pas d'agir par finefle Se fous- main. Car on avoit projette à Rome de faire une tentative pour gagner Cyrille à force d'argent , & de faire fçavoir après cela au Public comment il s'é- toit laifle corrompre afin de le per- dre de réputation auprès de fes Amis, 6c qu'ils n'cuflent plus d'eftime pour lui. Le mois de Février de l'an 1614., on envoia de Rome , pour cet effet , un certain pcrfonnage rulé £c ingé- nieux, nommé Bérilk ^ qui avoit or- dre d'accufer Cyrille ait quelque intel- ligence fccrette avec les Cofaques , en quoi il devoit le faire palier pour criminel de Léze Majeflé. On envoia aufiî en même tems un faux Grec Profélite des Jéluites, inf- truit dans leur Collège de Rome, qui fe nomraoic Canachio Rojfi. 11 avoit été muni à Rome d'un Mandat fignc , 8c leellé par le Cardinal Brandini , & rempli de plufieurs grandes promef- fes très fpécieufes , en faveur de Cyr/Y- le , pour le porter à fe réunir avec le Pape. Mais vous jugerez beaucoup mieux de l'origme ik du principal but de ces animofirez 6c de ces duifions, par la Copie de ce Mandat que j'infère dans biicio. COMPLOTS DES JESUITES CONTRE LES GRECS.m jicio. Aleum ejl' narrare 3 tuumexfen- cette Relation , en forme de Paren- fu tuo coUigcre. théfe. Je dois vous faire un narré fidèle , & c'eft à vous , Monfieur , à en juger félon vôtre prudence. INSTRUTIONE INSTRUCTION P E R CANACCHIO ROSS L I. NOn i-i effendo flate Lettere ne deï Patriarcha , ne de Prchti , non li fi piio rifpondere , fenon in voce confor- mtindofi alla Relatione del Alejfo. I I. JLa Chiefa Romana ha fempre defide- fata Punione , e pace cou tut te le Chlefe , fpecialmente cou l'Orientale , tanto per ait} i tempi hem mérita délia Chiefa Ca- tolica. E non folo ne tempi antichi , ma ul- limamente ancora nel tempo del Patriar^ eha Hieremia , ha fatto quel , che ha fotuto per ajutarla e riunirfela; nonper- donando in cio ^ neafpefe^ ne a fatiche. Jînzi per quejlo iflejfo fine ha fondato e manîiene il Collegio de Giovani Grx- ci , con le fine rendit e , accio che quella natione fi nobile (^ ingcgnofa ritorni àfio- rire in pietà y in Lettere corne altre vête hafiorito. I I I. Nel particolare propofio del Patriar. cha prefente , Noftro Signore tanto gran Fatttore e Padre délia JSaîione Gr^ca , POUR CANACCHIO R O S S I. N'Aiant reçu aucunes Lettres du Patriarche Lucar ni des Prélats de fon Eglife , on ne peut leur répon- dre que de bouche 6c en ic confor* mant à la Relation de Mejfo. II. L'Eglife Romaine a toujours fou- haité l'union Sc la paix avec toutes les Eglifes , 6c principalement avec l'Orientale, qui a reçu autrefois tant de bons fcrvices de PEglife Catholi. que. Et non feulement dans les fiécles paflcz; mais encore en dernier lieu, aiant fait tout ce qu'elle a pu pour l'aider ôc fe la réunir , durant la vie du Patriarche Hieremie , n'ainnt épar« gné ni les dépenfcs , ni les travaux, pour cela. Mais au contraire, elle a fondé Sc elle entretient aclucllement un Collé-, ge pour l'éducation des jeunes Grecs, afin que cette Nation fi noble Sc fiin- duftricufc puifle devenir aufli florjf- fante par la piété Se par les belles Lee très , qu'elle Ta été autrefois III. Pour ce qui eft des propofitions par- ticulières qui ont été faites au Pa- triarche Grec qui vit aujourd'hui , nô- Dd " in 211 RELATION TRE'S IMPORTANTE DES in particohre , cume "ooi jleffo [apte ^ havcte 'vediito congli occhi^ volonticrofif- fîmamente fpendcrebbe ogm gran fmmna di denaro , fer riunir fi nobil membro al- la Cbiefa , £5? ajiitar in partkolare quel- la Sedia dclla quale dipende il riuianen- te deirOrienie ; mafuppojlele Relationi, €he di Conftantinopoli fono veniite , îî? "oengono continiiamente delV'2iX.x\zxc}a&y mn. vede in che maniera fi pojfa fare. ï V. Di luifiamo auvifati , che NegaVIn- 'vocatione de Santi -, Il colto , e venera- îione délie Imagi , e Rcliquie de Santi ; la prefenza Reale di Chrifto nell'Eucha- riftia ; la Libéria delV Arbitrio ; l'autori- ia de Santi Concilii ; le Traditioni -y Vaii- îorita de Santi Padri -y la necefiita délia Confejfione Juricolare , e lo fpiegare in tfi^a II pcccati délia mente ; e che in loco di lei havejfe introdotta une certa Con- fejfione fatta à Dio public amente , con parole gênerait. Che manda i giovant k findiare nclla IJuiverfita d'Inghikerra , dove s'infe- gna quefia dottrina , per poter poi per ■mefu Ivro diffeminarla per il Levante. Che h queficfine ha fatto flaniparef3 tgli fiejfo dtffemina , dandogli a Fefcovi, iome Catechefî , pieni di quefti e fimili errori condannati , già tanti anni fa , non folo dalla fede Apoftolica , e dal Concilio Tridentino , madaftioi Prede' eeffori ancora. tre Souverain Pontife dont la protec.« tion paternelle eil; fi grande 6c fi fpe« ciale envers l'Eglife Grecque , com- me vous le Içavez, pour l'avoir vu de vos propres yeux , emploieroit très volontiers des fommcs immenfcs , pour réiinir à l'Eglife Romaine un Membre fi noble , & pour donner un fecours tout particulier au Patriarche de Conftantinople , dont les démar- ches peuvent donner le branle à tous les autres Chrétiens de l'Orient; mais en fuppofant la vérité des Relations qui font venues de ce Païs là, ôcfui- vant les nouvelles qu'on en reçoit cn« core tous les jours , le Pape ne voit point de quelle manière cette réunion le fera. I V. Nous avons des avis que ce Pâ* triarche nie VInvocation des Saints i le Culte ^ la Vénération des Images £5" des Reliques des Saints j la préfence réel- le de Jéfus Chrijl dans V Euchariftie ; le Franc Arbitre , Yautorïté des Saints Conciles ; les Traditions > V autorité des Saints Pérès ; la néceffité de la Confef- fion [Auriculaire , & l'explication qu'on y fait des péchez de penféc} aiant in- troduit au lieu de cela , une certaine Confefiîon publique , faite à Dieu d'une manière vague &: par des expreffions générales. On nous dit aufil qu'il envoie de jeunes difciples étudier à l'Uni- 'vcrfité d' Angleterre y où cette Doûri. ne leur eft enfeignée , afin de la ré- pandre dans tout l'Orient par leur entremife. Que pour cet effet il va lui-même diftnbuant à des Evcques une efpécc de Catéchifme qu'il a fait imprimer, tout rempli de ces erreurs 8C d'autres femblables , condamnées depuis long tcms, non feulement par le fiége Apofto* îique, & par le Concile de Trente, Chs^- COMPLOTS DES JESUITES Che à coniemphtiom delU Ambafcia- dori Hugonotti. conli quali Uberamen- te communica^ ha toîto via il Synodi- co , £3* hd lafciato di far riverenza alla fantijfma Eucharijiia. V. Che defiàerarebhe fua fantità che tuffe quefie cofe fojfero falfe , e che lui corne Capo de fi nobil Natione fojfe taie quale richiedono i bifogni prefenti e fpirituali , e temporali de fuoi fadditi ^ per potercon huona faccia & cofcienza mettsr mano ad ajutarlo. V L Che fe quefie fono calonnie , e U pare di poter far conflare a jua fantita lafua Jnnocen'za , ne faccia capace /Atnbafcia- dore di Francia, .0 ^^//'Imperadore. Che alla Relatione loro^ per ejfer per- fomdi tant a autoritàe virîii , fi prefterà ogni fede : e per niezzo loro rnandi à noftro S ignore , la Con?i:{rione délia fua , Fede -, nella quale accetti il Concilîo Fiorentino, e danni glerrori de Cal- vinifti, e Luterani; che non mancherà la fede Apoftoiica dvgni ajuto : ^ fa- vore per ajutare , e rimsttere in piedi la Chiefa di Conftantinopoli , e tutîe Valtre dipendenk dalci. VIL Che non è per richiedere fua Santità , m da lui , ne dagValtri Prclati Grîe ci . altre conditioni , fenon quelle che yî [ono conchiufe e fiabilité nei facro Con CONTRE LES GRECS. 215 mais auffi par fes préd°ct fleurs. Que les Ambafladeurs Huguenots lui applaudiflcnt , 8c qu'il ne fait aucun fcrupule de communier avec eux. Qu'il a ôcé le Synodicon , 8c qu'il ne fait plus aucune génuflexion devant la très Sainte Euchariftie. V. Que Sa Sainteté fouhaiteroit bien que tout cela ne fût pas véritable, 8c que ce Patriarche, comme Chef d'une Nation fi noble , fût tel que les bc- foins fpirituels 6c temporels de fes fu« jets le demandent maintenant , pour pouvoir le regarder de bon œil , 8: lui donner en bonne conicience un fecours effedif 8c réel. V I. Que fi les rapports qu'on fait de lui font des calomnies 8c qu'il foit en état de pouvoir faire connoître à Sa Sainteté qu'il eft innocent, il doit en informer l'Ambafladeur de France, ou celui de l'Empereur , 8c les en con« vaincre par de bonnes preuves. Que l'on ajoiîtera une pleine 8cen* tiérefoi à leur Relation, attendu que ce font des perfonnes fort diflinguées par leur vertu 8c par leur caraétcre. Qu'il fafl*e tenir à Sa Sainteté , par le moien de ces Ambafladeurs fa Con. feflîon de Foi par laquelle il accepte le Concile de Florence , 8c condamne les erreurs des Calviinflies 8c des Luthé- riens ; après quoi le Siège Apoftoli. que ne manquera pas d'accorder tou« tes les faveurs 8c tous les fecours né- ceflaircs pour aflîfter VEglife de Conf- tantinople 8c la remettre fur un bon pié avec toutes celles qui font de fà 4é. pendance. VI I Que Sa Sainteté ne demandera point, nia lui, ni aux autres Prélats Grecs, d'autres conditions que celles qui ont été mifes dans les Décrets du Conci- Dd z cilio 214 RELATION TRE'S cilio Fiorentinoj par cbe , corne fin ad hora ha fatto la Chiefa Grteca , con- danni ^ anatematizzi le beftemie degl' Hereticî Settentrionali j corne Luîcrani , Calvimjli , è fimUi. Igitur Canacchio Rofll fponte fufie ■ perat , in Patriarche converfiom bene THcrcri de Ecclefia Romanâ. Cyrillus hominis miratiis audacïam , 13 rcfpondcre ^ 13 fihre pariter îimebat. 'Tanclctn^ quia Cardinalis ad ipfuni non fcribebat , fiatuit rem mgligere , £5? titrum patientia ipfiim hoc laïueo expediret , cxperiri. yît JefuitîE, qv.ibnshac modercttio mi- nus placebat , prcfentem ajfenfiim , 13 fubfct iptionem flagitare > Epifcopos ali- qiios ad faSlioncrn Ro'manam indu^os , ad Cyrilium Cathedra deturbandum invi- tare ; offerrc viginti mille Dallerioriim , fientifjiino operi irnpendenda , ftwdo unus ex iliis in ejiis lociim fiiffvceretur. Hac tempeflaie coaclus fuit Cyrillus fccedere , fjf latere donec amici rcvelaf- fent Magiflratiii myfterimn iniqiiitatis , latens Jiib hâc ncgotiatione ^ 13 qtias in- ftdias rebns Imperatoris Turcici firueret hac ( commoda Pontifici Romano ) rcmm Gracariim alteratio , qitod etfi ab amicis ejiis prajlitum , tamen , ( qua confuetu- do ejl hitjus Aidte ) ut Cyrilium expcdi- rcnt , fumptum fccerunt decem mille Dal- lerioritm. IMPORTANTE DES ile de Florence ; pourvu que l'Eglife Grecque condamne 8c anathcmatift , comme elle a fait jiifqu'à préfenc, les* blafphêmes des Hérétiques du Nord , tels que font les Luthériens , les Cal«- viniftes, & leurs femblables. Voila quelles furent les inftruétions données à Canacchio Rojft , qui li: char- gea volontiers de travailler à la rcu-« nion du Patriarche Lucar , pour fe faire un mérite 6c rendre ferviceàl'E* glifc Romaine. Cyrille fail'ant réflexion avec éton- nemcnt fur l'audace de cet Emiffaire,- trouva qu'il croit également dange- reux pour lui , de répondre 8c de gar- der le filence Mais enfin, aiant con« fidérc que le Cardinal ( Brandini ) neluiavoit pas écrit, il réfolut delaifle? pafler tout cela lans dire mot & d'ef. faier fi la patience ne pouroit pas le délivrer de ce piège. Mais les Jéfuitcs à qui cette mode* ration déplailbit , firent des inftances pour avoir la Confeflion 6c la figna- ture du Patriarche, £c incitèrent qucl< ques Evoques , corrompus par la fac- tion des Romains, à travailler pour la dégradation £c le banniflcment de Cy- rille en leur offrant vingt mille Rifda- les pour cela , à condition que l'un d'eux feroit mis en fa place. Cette tempête obligea Cyrille de fe retirer à l'écart , 6c de fe tenir caché jufqu'à-ce que fcs Amis enflent décou- vert aux Mugiftr.us le miflére d'ini- quité qu'on tramoit fourdement par cette négotiation , 6c les embûches qu'on tcndoit pour boulevcrfcr le Gou- vernement de l'Empire Turc : ( ces troubles 6c les dcfordres qui arrivent parmi les Grecs , étant avantageux au Pontife de Rome j ) mais quoi qae tout fut calmé par les Amis de 2^«- COMPLOTS DES JESUITES CONTRE LES GRECS.i I j Cyrille , il ne laifla pas , lelon la coutume de cette Cour , de leur en Tandera aîiquàndo fperabat p^ccm Pa- triarcha : fed ecce novum confilium in Collegio R(jm£ initiim. Inprimis fiipfos ait lus acchigere , £5? munire , antequam manum ctim inhnicis conférèrent , niittendunt Antipatriarcham^ qui à Papa abfolutam haheret potefiatem } jed titiilo tantum Siiffraganei Apoflolici , Ê5? ima ^cejîorem Ecckfiafiicum j yieque enim aujus fuijjet fanclus Petrui Gallico Legato nummos credere : ipfum tamen ils juiigendiim , propter ejiis ■zclum , £5" aii- thovituîem i§ Jefuitas propter confilium. Huic Triumviratui data facilitas edi- ficandi , erucndi , e'veUendi , nihil non iigendi quod cauftc Romante condiiceret. Praterea ad firmius fiabilimentum fta- tutiim , Romanenfes Epifcopos , ( artificio Tridenti fatis nota ) Smyrn^ , Naxi , -aliarumque Infularum titulo creare , qui Gracis antifitarent , eofque eritditionis fidgore prafr ingèrent : (jj tandem fiip. plant arent : qu£ Miffio magnam fiiftine- bat eKpeciationenu Circa Decembrem , anno Dontini i6z6. Naxum "venit fuffraganeus , qià Lcgatus Gallicus Epifcopiim loci mifit , cum dtiohui ']ç.^vi\XA% ^ qui ilU adventum gratularentur. coûter dix mille RifJales. Le Patriarche efpéroit enfin de vivre en paix : mais il fe fit d'abord un nou« veau complot dans la Congrégation de Rome contre lui. Ses Ennemis prirent de nouvelles meiures , 6c tra\ aillèrent à fe fortifier' plus que jamais , avant que d'attaquer derechef le Parti de Cyrille. Ils en- volèrent de Rome à Conftantinople un Antipatriarche, qui ne prenoitque le titre de Sufiragant Apoftolique ; mais qui cependant étoit muni d'un Plein-pouvoir du Pape. Il fut accom- pagné d'un Treforiei- Eccléfiaftique : car ce prétendu faint Pierre n'ofoic pas confier fon argent à l'Ambafladeur de France ; il voulut pourtant le faire agir avec ces deux Emillaires , à cauie de fon ardeur Se de fon autorité, fai- fuit auffi entreries Jéf cites dans cette Ligue , qui étoit faiteSc qui devoit fe conduire par leur confcil. Ce Triumvirat fut muni du pouvoir d'édifier , de détruire , de planter,, d'arracher , 6c de faire tout ce qui pourroit lervirau but de TEglife Ro- maine. Outre cela , pour faire un ctablifle* mène plus lolide , on leur donna le pouvoir, par un certain artifice du- Concile de Trente allez connu , de créer des Evêques Romains , fous le ûiXQ ait Smyrne , de Naxe , &c des au- tres liles, pour s'oppofer aux Grecs, Se pour les fupplanter par le grand bruit de leur Science. Cette Miffion donnoit de grandes cfpcrances. Vers le mois de Décembre de l'an 1626. , un SuflTragant vint de Naxe , vers lequel l'Amballàdeur de France en • voia auffi - tôt l'Evéque du lieu , ac- compagné de deux Jéfuites , pour Dd 3 Au' ii6 RELATION TRE'S IMPORTANTE DES ^l> mis Chiim ufque deducliis , ibique apparatu fpkndido exceptus ejl : jit ille quzrn par erat afperiiis £5? properantius officitim exercer c dépit. Expeëlaffèt pa- tcfieri , donec Gallici Patrocinij ala 0- bimibratns , fenfm i^ per gradus femet ftabilijfct. Plnrimos offendit h^c innovatio : ti- viebantlaici^ ne de fuo jure , i^ ( quem 'vocant ) Eccleftarum Patronatu , aliquid decederet.. ult'gurahantuY prudentiorcs , Chrijiia- n£ libertatis periculum , ^ per Patriar- che lattis omnes Ecdefias peti. ^lodfi qtia bine oriretiir offenfio ^ Turcam fontes i^ infontes , juxta habiturum j uipote vmnes Francos appellatos. ^iin Çj? ipft RcUgioft Romar^nfes , iam vicina poteftatis impatientes , Suf- fraganeum in conventibus fuis Hofpitio recipere noluerunt. Grcfciis Clertis , ^ authoritati fua , Csf fidei antiqute , fubverfionem luculen- ter profpiciebant : foU triumphabant Je- fuitx , 6? Orientem fpejam rcgebant. In bis difficuJtatibus , altis defperatio , eliis char i tas , animas addidit ^ ad ara- ritm (^ focorum dcfcnfionem. Igitiir po- tentium arniconim hortatu , opéra ^ in- terceffione , exitialis £5" imminens iSlus , occiipatus eft , £5? indicati Vifiero doli , quietè ^ fine fcandalo irriîi cejfere. le féliciter fur fon arrivée. Ceux-ci le conduifirent jufqucs à Chio , où il fut reçu en grande pom- pe 6c magnificence Mais cclui-ct com- mença à faire les fondions de la Char- ge avec plus de hauteur , 6c plutôt qu'il n'auroit fallu. S'il eût attendu à le faire connoîcre qu'il eût été fous la Protcftion de la France , il fe feroit établi infenfiblement & par degrez. Cette innovation choqua plufieurs pcrfonnes; les Laïcs craignoicnt qu'on ne leur fit perdre quelque chofe de leurs Droits , Se qu'on ne leur ôtât ce qu'on appelle le Patronat des Eglifes. Les plus éclairez augurèrent que la liberté Chrétienne étoit en danger , & qu'on en vouloit à toutes les Eglilcs, en attaquant le Patriarche ; que fi de là il arrivoit da fcandale , les Turcs s'en vengeroient fur les innocensSc fur les coupables également , c'eft à dire fur tous les Francs Bien plus , les Religieux Romains ne pouvant foulïrir une Puiflance Çi voifine , refuférent de recevoir chez eux le SufFragant. Le Clergé Grec voioit fans s'émou- voir le renverfement de fon Autorité, 6c de l'ancienne Foi. Les Jéfuites feuls triomphoient , & gouvernoient déjà l'Orient en cfpérance. Dans un fi grand embaras , d'un cô- té le defefpoir , de l'autre la Charité, anima le courage du Peuple à la dé- fcnlc des Autels & d'eux-mêmes. C'eft pourquoi , fuivant le conleil & l'exhor- tation des puiflans Amis , par leur moien & par leur intcrceiîion, ce coup funefte , 6c qui étoit prêt à frapper , fut détourné ; Se tous les nîaux que l'on avoir à attendre de la part du Vi- fir perfidement informé , furent heu- reufcmcnt , doucement , Se fans fcanda- le, réduits en fumée. Suffra- GOMPLOTS DES JESUITES CONTRE LES GRECS.ii/ Suffragamus danciiJum Je fubduxit. Epifcopl "tiiulares Romà emiffi , in car. cerem conjecfi : Pri-oilegiormu litene a- dempta , infrendente magno eoriim Pa trono , pr notât enim unde h<£C in- dignatio , nempe à libro contra Pontifias Romani fuprematum à Milefio Alexan- drie Patriarcha fcripto : fed eo furor ifie procejfit , ut fiibmonitus fuerit Meta- xa , fime , ni fibi caveret •■, ut in kilo eonfodereîur , aut in via , dum mcle ah Anglia Légat 0 ad fe rsmearet^ ^od qiiidem difcrimcn , i^ obni:< fed omni probatio- ne pariter ac probabilitate minores. Ncque tamen adhuc Vifierns fufpicio- neyn exuerat , quod Metaxam armorum bellique expertum cum Caujfacis confiUa commutare , fjf jinglie patrocinio fe fe dediffe audii-erat ; cum cjufdem Infignia Regia , fronti Libri préfixa ipft often- tarentur. Sed bai: dubia brcvi remota funt : jfudicio ad Mufti delato , fententia lata eft ., Dogmata contra Mahometis Infti- tura , non elle continuo blafphemiis, aut criminibus annumeranda. Cum- que permififlet Imperator Chriftianis dcftrinam fuam profiter! , ipfos non magis reos elle Typis mandando , quam pro concione prsedicando pu- blice, quid crederent : neque diverfi- tatera opinionum ; fed fcandalum le- gibus pœnifque obnoxios facere. Poft quam prima iïïa ^ palmaria ob- jeclio cverfa fuit , facile quidem catera eodcm ni>: nec inde quam fofi unum menfem ab Anglici Legati à.if- (éjfu prorcpere aufi funt. In horum gratiam ab Imperatore pe- tiit , ut Sacellanis fuis licerct mortuos fuos fepelire , y alias Officii fui partes exercere. ^lod cum obtinuifjet , divul- gatum niox fuit y eum Jefuitas rejîituijfe. At refiitutio hac que modo conftet , ut pernoris -y En 'verifftmum Mandati Im- peratorii Apographum. 'Tujudica utrum vulneris hujus labra , ita p rfetîè coaltie- rint , ut paffnn prdcdicatur. Sane rniil- tiim différant y "ùulniis fanare (j cul cm obducere. IMPORTANTE DES à l'avantage de la Religion Chrétien- ne , ni a celui de fon Maître : parce qu'il n'y a rien qui Ibit plus propre, ni qui contribue davantage à renver- fer les ttabliflcmens des Catholiques parmi les Turcs , que de changer quelque chofe dans les Régies , dans la Difcipline 6c dans les Privilèges dont les anciens Chrétiens ont jouï librement & en bonne confciencc. L'Ambafladeur de France s'imagi- nant d'être entièrement perdu s'il ne réparoit la brèche qui venoit d'être faite à fa réputation 5c à fon crédit , ne defcfpéra pas d'o1)tenir en quelque façon le rétabliilcnient des Jéfuites par l'expédient qu'il inventa de lama< niére fuivante. Il avoit chez lui deux Jéfuites qui b'ctoient venus jetter fccrétement en- tre fes bras. 6c qui n'oférent paroîtrc dehors qu'un mois après le départ de l'Ambafladeur d'Angleterre. Il demanda au Grand Seigneur , pour les favorifer, qu'il fut permis à fes Chapelains d'enfcvclir ceux qui mourroicnt dans fon Hôtel. Et cela lui aiant été accordé, le bruit fe ré- pandit auffi-tôt qu'il avoit réubli les Jéfuites. Mais afin que vous aiez une par- faite connoiflance de la nature & des conditions de ce rétablilîement , je vous donne ici une Copie authentique du Mandat Impérial. Vous jugerez, par là , fi la plaie dont nous vous avons fait voir l'ouverture , eft auflî bien refermée qu'on le publie de tous cotez. Certes il y a bien de la différen- ce , entre guérir une plaie , ou faire croître la peau par deflus. C0< COMPLOTS DES JESUITES CONTRE LES GRECS. 233 COMANDAMENTO Dcl Gran Signore indrizzato ad ASSAN BASSA Capitaneo del Marc , 6c al Cadi di Galaia. AL giimgere del EcceJfiffimo Segno Impériale, vifaranoto corne l'Am* bafciadore di Francia pr Ars mandato alla mia Felice Porta nCha falto inten- dere , chc non eflcndo la loro Lcgc Sc Religione fimile à quelle degli akri Chriftiani , che fom ncl m:o cullodito Impcrio , fecero pero pel pajjato , coa rimperial mia Licenza , vcnire dagli paeji di Francia, U Religiofi, nominatl Giefuiti, i quali da vinti-ci}iiue anni in quà^ fiando in Galata neUa Chiefa m- minata San Benedetto, à, loro deftina- ta , fer Jiniftrc informationi date , furono ejji mandati agli loro paeft y ^ daW ho- ra in quà, ritrovandofi la dctta Chiefa. ferrata , ne effendovi Religiofi che poffi- no ajfiflere aile cofe nece£'arie délie per- fone loro che vengono à morire. Per tanto fiippUcando che fi fia dato mio nohil Commandamcnto perche [ecccttuaii i Religiofi Ibpradctti man- dati via, & ahri de pacfî ■:^\ tU /icCfTiQtei «BfiM « CONFESSION DE LA FOI CHRETIENNE ORIENTALE. Au Nom du Pére^ £5? du Fils .^ ^ du Saint Efprit. CYRILLE Patriarche de Conftan- tinople , fait rExpofidon fuccinte de cette Confeffion , au nom de tous les Chrétiens en général , pour fatisfaire aux demandes de ceux qui veulent fça- voir ce que nous croions, 8c quels font nos fentimens touchant les Articles de Ja Foi Orthodoxe. Nous les dirons donc pour rendre témoignage devant Dieu & à toute l'Eglife. fans aucune diffimulation &: en bonne confcience. Gg 2 Ktf»- 238 CONFESSION DE FOI DES GRECS. '^J j C H A P I T R E I. I / • . .\ WiSfi» ayto9 oit . S" TiK-rÇoî ii ij" «lOfAi"- ï/jTï?. ?■. As. J/jTff. r. î. iVtfi'. f«. J. «•. «utÎç |Kî-. ^. «: y-teAi- l- ^- ^' ''*'''•*• ^v ftari. il. X5-. >JrïK. u. X. i:pif<- f^" *^- ^' .i3«(7:A. i). x^. p«fi. '*. Ay. ». V°« '"i""- "' iÇ. jJ-jÎ. «. «S-. "^ 7. ',3. «. <««"• f- C- f*''^- »«. i^. «. K"6^v. eT. ?■- ?■• £• «■• '*■»'• iS. KT. j«A«T. S', r. (i. ««&»»■ 'y- ''/• ' , î'axTîv,- « TB OTisiTit* »s «j<5y oVj- uiUfpi fî"- «b t^ «AA(^. t«Jtii ài)fû>^Ui Ciui-nfiy T «PO?iiiTi>(5» Aîjj» , â x«Aàî OTisT. ■n OTes«;t«i'«? *s A'J;»;!») ^ui'MTi m cw^^yic^ çjïAAw fiûXhi)! àtan'^f et'Oj -f lui xcx.'mreif 5, c«kA)iot« , « ^p s^i' i«^' T^aro a yratu^s vnvftitl®:' ifiâi iià'ufxirâ'ai , j$ vira «»- ifùitti , T }àf UtifâiTrn éj wytt'cti àu^^ii^tn KfttCfDioai , >^, cntatnn^ , »$ «7ia7i)S-iw«f. 4'3 m , 1 M 1 -• ./ . ^Tl- »^ > fttlTê. I. X. 7rg5t|. i£. X)). j«AiM. •. i«. «. wpo; ^torwA. /3. jy. f^ir. f. x. « xog<^. àutui-m^ ■afo 5' tiv eJ«ij'/"« àiixft!f>i?i>''^i ttiinti titaj tUij ysia» 71- rp tixittS/ji!i xé^pyinti KvSi^mQit , ai-n^v tM ^AAt^TzwIoj xt^TttjariF^. cIkti^i^uv ^^ Efïv à È^lr. «. «I!,. .3. 7I/48.9-. M, 5-. fufiuf, '/. 5-, y, y. 'taav. 1^. r. ^. fuftui, ti. xyi. r.6, zr^^. ly. fiv. f. 9e<»'«a. y. /3' =■/>«? ■n'71». «. ce. Ku- TU XnK, V, xcc, ^cCTÔ, ly, t, fix^n. 0, tx, îuxt. r. A^ y.t. tÇj t?, aÇ. fUfioj, («, Ç. fi Ttf/.eê, y3, lè, taocvt t, x^, /XXT0. is, ty, v, iùjxv» fi, w, ^5Rx. iy, X. jLixrê. X, is". pa^. ^. ^y, it}, î.7Ic-^«TOr». (£ ii(y.-m f3^ TO5 ày/iAix«ç Saua^w; , o'jjtra j T »jj(»M »^ m vsr' li^vn Af'jg^. ;„ j ^J. «■^ «^>"; i Tnir.T^f, lm>ir,Tt xxxS 7T7>ty,T^i ^lut,; Ephef. I. 4. 2. Tim. i. 9. Rom. 9. Ir. & 3. 9. & <;. 12. I. Cor. 4. 7. Eph. 2. 3. 2. Tim, 3. 3. Jean 17. 6. 9. Rom. 8. 28. 29. Aâ. 13.. 48. 2. ThelF. 3. 2. Tim. i. i. Luc 10. 21, Math. 13. 10. Marc 4. 11. Jean 6. 37. 44. & 12. 37. Rom. II. 7. 2. Tim. 2. 19. Jean 1.27. Math. iç. 13, I. Jean 2. 19. Apoc. 13. 20, Math. 20. 16. Rom. 9. 13. 18. Deut. 10. 14» & 7. 6. Pfeaum. 147. 9. Ad. 14, 16. Rom- II- 33- 34- 3Î- 36- CHAPITRE IV. NOus croions que Dieu en trois Per< fonncs, Père, Fils, Sc Saint Efprit, eft le Créateur de toutes les chofes vifi^ blés & invifibles. Par les invifihlcs nous entendons les Anges , & par les vifibles le Ciel , 8c tout ce qui eft au deflbus dvi Ciel : Et parce que le Créateur eft natu- rellement bon , tout ce qu'il a créé eft bon , & il ne peut jamais rien faire de G g 3. «l^aeîAa. 140 CONFESSION DE FOI DES GRECS. h-Ji'.oh^in'^iv')^^-^»^»'^- xatm yi^ î'n» ^Mjii mauvais j c'eft pourquoi , s'il y a quelque ^ ùàc^l^T^-, X».; T %, y.,^^3, A,c^ chofe de mauvais, cela vient du Démon, , , . , , V r^r. fie de l'Homme. Car nous devons tenir «..f«»s7s*, i-^ t . f. ■! pour règle certame que Dku n eft pas Au- 7«4.iî^^si3-«/ 7.»«. jgyr jjy jjjjI ^ gj. q^je 1j coulpe ne peut lui en être imputée par aucune jufte rai« fon. 'S'jia:. », ». lu»». ». ». KoAoor. », ir. xA>», ^. A. ^aXfC. i. ^. iaxàS. »i. y. iuM. /3;f»So3-«f a3(ll»ai»t > i)"»!»»» cit?ïi«'- Çall , «AA' CiÎt4 l^StÛ'Çut ûÇliXniO/l VZTfp tA// ^ftiii^y iaiw y.A-mXri^tt , f^l etwxfo/jei ù(p' accula» »KÇ/lbù>i Ê*? x.ciTZiXt^^iy T g/KzI»yi^ Ao^ •^AXfi., p.-/, ta. îtptir, », i». sïjjK. ». y, y,it,-ii. i. xê. E|!i!l\ Ç. y. Ç, liu.ir.X, iS. t», !^ jc^, », » -îïw^A, xflt, fit, y. /Sfidoï A. xb! xy. i«a. », t^, tù K», »ffl-«;', (. E. iûfoB)'. *('. *ie. .jif«|. /3. xy. )^ £>■. xÇ. p»|K. a. x^. !^ i», Xy, Ufifé, A/3. iS', JVsOtïj. x^. !tC. Ks^«Aa<«» f'. e-n -Tmg/iSÙv 'du) Jii»» àtnxh ri a 'itpiuç €xûaaf -rlal iteii'Tra'ng/iKV» »fi»fTi»» rri S^ii- ifo^m» cm i-7n^îfi rS-n. è xg; y-Xf^Si au- •ni ci» cù&»»naf an tu vZ» asù»i. 1 I Gen. I. I. Jean i. i. Colnïï". ï. i6. Pfeaum. 32. 6. Aâ. 17. 24. Gen. i. 27. Eccl. 7. 3a Pfeaum. y. 4. Jaq. i. 13. Jean 8.44. Deut. 32. 4- , I- de S. Jean 2. 16. CHAPITRE V. NOus créions que toutes chofcs (ont gouvernées par la Providence de Dieu, que nous devons l'adorer , fans rechercher témérairement fes voies , puifqu'elles fur- paûent nôtre portée & que nous ne pou- vons pas les comprendre de nous-mêmes; fur quoi nous reconnoiflbns que nous de* vons pliitôt garderie filenceen humilité, que de dire plufieurs chofes qui n'édi- fient point. Pfeaum. T13. 11. Ephef. i. 11. Hebr. i. 3. Math. I. 29. Exod. 7. 3., 2. Rois 12. 11. & 24. I., I. Paralip. 21. i., 3. Rois 3. 22. 23. Job. I. 12. & 21. EfaV. 10. f. Jean 19. n. Ad. 2. 23. & 4. 27. Rom. I. 24. & II. 33. Jerem. 32. 19, Deut. 29. 29^ CHAPITRE VI. NOus croions que le premier Homme a été crée de Dieu , qu'il eft tombe dans le Paradis , parce qu'en négligeant le Précepte divin, il a obéi au confcil frau- duleux du Serpent, & que le péché Ori- ginel eft forti de là 6c s'eft répandu fur fa Poftérité, de forte que perfonnenenait félon la chair qui ne foit chargé de ce poids , Se qui ne goûte fcs fruits en cet» te vie. cix»A)ir. Ç. A ftf/.af. ?. i?» il, iS"* ■vJi'vsA^K, f, r. iài«« I». a. )^ s. ii. iu»>. y. f. i^ir. Ecclef 7. 30. Rom. f. la. if. 19. Pfeaum- fo. 6. Job 14. 4)i & f. 14- Jean. 3 6. Eph. 2- /3. y. CONFESSION DE FOI DES GRECS. 241 «. u. Ictxû?. y.. S. viafoif'. ». 6. j'Ufi'^- C- V tit/flâ^ mot ^, (t c*«7K , jJj!)»!;9É»-Jœ , -mijifta. , 3. Genef. 8. 21. Rom. 8. 7. GaL 3. 22. Rom. 3. 9. & 26. Jean 3. 3. Ecclef. 7. 21. Rom. 3. 12. 3. Rois. 8. 46., I. Jean i. 8. Jaqu. 3. z. Prov. 20. 9. Rom. 7. 7. Rom. 6. 23. CHAPITRE. VIL NOus croions que le Fils de Dieu ; Nôtre Seigneur Jéfus Chrift , s'eft anéanti , c'eft à dire qu'il a pris la Nature Humaine en l'unité de fon Hy- poftafe , qu'il a été conçu du Saint Ef- prit, & fait Homme dans le feindc Ma- rie toujours Vierge , qu'il eft né , qu'il a fouffcrt , qu'il a été enfeveli & glorifié par la Refurre.HK, ». Xf. Philip. 2. 6. Math. i. 22. Luc. i. 35-. Galat. jax, i- i, (Ufi. . iî. y. fufi. J-. «£. « -nfiot, y. »f, Corinth. If. 3. Rom. 4. 25., i.Timoth. 3. 16., Ç -nfiiS. S.». z, Timoth. 41, fiîr.fiu/ tuai j È i3S"4f ift£t ûiTi/y^t{v, ft,o. ffui è fiisira , ijty è fi!»®' Kr,hia\ T ce iaaK. ?. te. fufcu^, ri, AÎ". « w««. y, £. *»(«)'. <3". «■. îoa». (. .9-. fiXTi, <*. X»!. è (î. 1^, laiiy. (r. "y. è jj. ty, OT?«|. î'. i/3. f«- ftof. s. «. È £. 5'. «?!-=■• SI (1). è y. (f. É?gj!i. CHAPITRE. VIII. NOus croions que Nôtre Seigneur Jtfus Chrift eft affis à la droite de Dieu le Pére.ôc que là il prie Sc intercède pour nous , faifant feul l'Office de vrai 8c lé- gitime Pontife 6c Médiateur , & que de là il prend feul tout le foin des liens , & prciide fur fon Eglile en l'ornant St rendant fertile par divcrfes bénédiétions. I. Jean. 2. i. Rom. 8. 34- > i- Timoth. 5. f,- Jean. 14. 6. Jean. 10. 9. Math. 11. 28. & 18. 19. Jean 16. 23. & 14. 13. AQ. 4. 12. Rom. S- i. & f. ç. Ephef. 2. iS. & 3. 12. Hebr. 4, 15- & f . 4. & 12. 22- & 7. 24. & 9.24. & 10, iz, 18. Gg4 Hii^X' 24i CONFESSION DE FOI DES GRECS. KfiJiaAaMo» S-'. ■ I \TCuef3/i ftithv» nî^iS-m avAi Tiiinai;, mil» '3 Ae'j?^ r!w ci XS^^'f' "l^^ ^" KAiSmM. lai l'irt Çi È o Jk»»]®^ if x-vgiln /LiUt, *, 1^, J&lûCV. S. XO, è K, A«, XUK. Î5, (fl6, r?tnA(v. X?. i^ir. S, n, (fii>^tw. a, xS; fu/n, t. €*. i^ir, V. i/S. è «, ly. fufiuf, x.. i?. M i««>i. J". (y. È y. (S', i^^tû, I, r.^, (Uf., i^, l, iX'Kcii?, et, r. lu»», y, jî x»XÙiQ-aj xi/'e^'®- xllpaXlia' 7^ «ïg/l- x»j "• * ■"/*'( '/. ce. X TT^rfu ly. iÇ. « >(S&"' ^' *• /^ îO&<'. E. X. >î i/3. (». «!*«»» Çaiù cicAsAfy/4''i'î *» 5^ xAij'j» ^ ^ ftift. >i. Kl). 1^ f. x.'/. iucw. r. Aï. As-, )^ 4o. Ao. ■a^u.^. fi. >A. È (>-. fî. n^iif. 0. y, X^x. xe6. x^. is^i, *o, »?. j«. ]ea„ j^ j^ & 6. 45-. Efai. ^4 iq Je- A*. uÇsx. <:.. ,i. tçi.-. «.-y. i«^. ,?, ,ç, rem, 31. 32. Ezcch. n, 19. Ephei; i. 13. Hh («ter. 244 CONFESSION lua». 'S-. «y. '««'^ /3. è ■Tit^l- /3. ir. OTf«J. (. /tS". <£ «y. /3. ■îït«|- «1. «1. « >"&<''• /î- '• « îua*. /3, xÇ. |j»|«. >). (• « KOô*'. '/3» C* fipir, J". S". j3 -ïs^AA. 2i«. <1. '*• h^tKi. Ç. xr. ('epi^. xy. <«. x«<" /3_-i. î ^ti'îi?, x^f #&77,g^«* «si^iraixHoi. oTrtj £7n ovfKtri , y.ctj m T?s «'ft»» xAfl'ctwç , ^hi(n(.\ ifiSi ùvrn * «A>?5fi«. «^i« 3 'I ÎWTOI' fir.^iifiùi '^'-■-■ru. «'»«« à» te? "S X&'fS ^K>«-n 7rafé)i!'« «y7I|K(c9-l'«» , Xa/ «;r«/ T- xT^ra/'V' '"«^' ^™« 'A?" f*»!"™?" DE FOI DES GRECS. Jean 14. 16. Jean 16, 13, Joël 2, & Ad. z. 16. Aét. 10, 44. & 13, 2. Ad. If, riS. I Co- rinth. 2, 10. i Jean 2, 27. Rom. 8, 9. i Co- rinth. 12, 7. Ephef. 4, 4. 2 Paralip. if, 3. Ju- ges 2, 12. 3 Rois 19, 10. 2 Paralip. 29, 6. Jerem, 11, 10, Daniel 9, 11, Efai, i, 21. Je- rem, 18, 18. Ezech. 7, 26 Jerem, 23, 11. & 2, 8. I Timoth. 4, i. 2 Timoth. 4, 3. Ad. 20, 30. I Jean 2, 18. 2 Thefl^ 2, 3. Rom. ir, 22. I Jean 4, i. Apec. 2, 2. Rom 3, 4. Ad, 5, 29. Ezech. 2, 18 Hofe'e. 2, i. Math. 7, if. I Their. 5, 19. Ad. 17, II. Math. 22, 29. Jean f, 39. Galat. i, 8; 2 Jean 9: Jean 8, CHAPITRE XIII. NOus croions que l'homme eft jufti^ fié par la Foi &; non par les œu- vres. Mais quand nous difoiis par la Foi, nous entendons auffi l'objet de la Foi, à fçavoir la Jullice de Chrift, que la Foi embralîe êc nous applique pour le Salut: Et nous rcconnoillbns que cela fe peut faire fans qu'il en arrive aucun inconvénient , & fans préjudice des bon* nés œuvres : car l'Auteur de la Vérité nous cnftigne lui-même que les bonnes œuviKs ne doivent pas être négligées , qu'elles font un moien néceflaire pour démontrer la vérité de nôtre Foi , & pour affermir nôtre Vocation. D'autre part, la fragilité humaine témoigne aflcz qu'il eft faux que les bonnes œuvres foient par elles-mêmes fuffifantes pour fauver les hommes , & qu'elles puillcnt être préfentécs devant le Tribunal de Chrift, comme fi elles méritoient le Sa- lut: mais la Juftice de Chrift étant ap- pliquée aux rcpentans , juftifie toute feu» le éc fauve le Fidèle. yt^ur. /S. (S. 5*i|««/. y. X» ««/ xt^aA. ?. Galat. 2, 16. Rom. 3,^20, & 4, 2. i Co« fi. a. xoe/«. «. A. x«( r. I». /3 xoôo. i. x«. rinth. i, 30, & 6, 11, 2 Corinth. f, 21 Efai» W'^- '"«»• «• SI-, 4> 5,6, I Fier. 2, 24, Jean i, 29, Math. xS'. f-Mti. IX. x«. î»i»r. f. M. ifgs" .9-. (/3. 20, 29, Jean 6, 11, Hebr. 9, 12, Ad, 4, 12, ^«|. l. I?. îfjjti. xy. 5-. »iei»'. ». Ç 'Çir. Hebr. 23, 6, i Jean i, 7, Ephef. i, 7, Rom. «. Ç. faficit. t. ê. fUfiM. I. î". j<»A«r. y. ». f, 9, Rom. lo, 4» Galat. 3, lO) Jacq. 2, 10, iujiti'Ç. j3. t. >«A«T. y. «y. »«i !?■. S". ^»<«>. 5-. <>!. fiKT^. !1.D.A«K. f. X, >^ s-, xy. JUt^a icisv >» , 1" î IffJcfHf/ ôi TtUi cim àia.^j»ijtïaj ii àv- ncisr Kfiafnai/ sic**, c* 3 tïÎç à>a^jt>i7i7at C^ TÎç ? -Tiaiiajiti finûftefl®^ ^e^>Q^ > Ç««" CHAPITRE XIV. NOus créions qae le Franc -arbitre eft mort dans les irrégénérez, par- ce qu'ils ne peuvent rien faire de bon , 8c que tout ce qu'ils font eft pé- ché ; mais que dans les régénérez le Franc-arbitre eft excité par la grâce du Saint Efprit 8c qu'il opère , mais non pas fans le fecours de la grâce. C'cft pourquoi la grâce porte Thomme à faire le bien, en prévenant le Franc-arbitre, ^«.^«.'<« iv ^ ^^'r«. ^xi'-^T^^^ iW qu',[a"s la grâce eft bleflc , cottime ce- 01 > ~. , - , ^ ,,.>.-,. , lui-la qui fut meurtri par les voleurs en ^ ^ '^ defcendant de Jeruiakm , de telle forte >csxz«x«,z.,«i,^v, içïf.,J^i|É«.ri-a..«. qu'il ne peut 8c ne fait rien de lui- <2S, ii ky^ZfS^. même. Math. 7, i8, Rom. ii, 24. Jean if, ^-j Rom. 8, 7, I Corinth. 2, 11, & 14, & 12, 3, 2 Corinth. 3, 5-, Ephef. 2, i, Colof. i, 21, Rom. 3, 9, Math. 16,. 17, Jean i, f,&6, 44, Ephef. j-, 7, Rom. 6, 17, i Fier. 2, 19, Rom. 14, 23, Ephef 2, 8, Jean 3, 3, i Pier. i, 3, Jean 8, 34, Rom. 6, 18, & 8, 2, Colof. i, 12, & 2, 13, Ephef 2, 5", 2, Corinth. 3, f, Pfeaum. 99, Ephef 2, 10, 2 Corinth. 5-, 17, Philip. 2, 13, & I, 29, Deut. 30, 6, Ezech. II, 19, & 36, 26, Jerem. 31, 33. & 32, 39, I Corinth. 12, 3, Jacq. i, 17, 2 Pier. i, 3, I Corinth. if, 10, Act. 16, 14, 2 Timoth. 2, 25-, 2 Corinth. 4, 6, i Corinth. i, S, Rom. 7, 14, If, &c. Galat. 5-, 17, Marc 9, 24, Pfeaum. 118, 34, 36, 37, & 142, ii, 12, & ôj-, 10, & 102, 2, 3. CHAPITRE XV. NOus croions qu'il y a des Sacre- mens dans l'Eglife Chrétienne, que Dieu en a été l'Inftituteur dans H h 2 ra, S TU ftUT), Z. l'tt faficii, in. y.o, luuv. 41. s, fu- ft«f. n. Ç. a, x«f. /3. <». li^ li, j^ j^. y. /3 xa- fi». y. f. £?!«•. ^. «. xoAaor ce, x,», fuuccf, y. ê. ftxri, (S". iÇ. /««v. a. s. È r. ftî'. î^s*-. l. Ç f"ft, r. iÇ. » TTiitis /S. <#. f4i^. (?. jcy. t^sir. /3. :i. iacw. y. y. a, -mT^a tt, y, iacw. «. aJ. fufc. r. »>!. è »î. j8. x.eXciiar. a. jj8. è p. «y. t<^£ir. /3 £. j5 x.c£/t». y. \ -J/*A«. p.9-. iî>£î-. .0. (. /S xeg^v, t. if. ÇiXi777!-. f. ly. x«( « xS-, îiSjTîf. A. î- ï'ÇsK. la. i9-. è Ar. fx. iï«M. A«. Ay, È Aï. AS. « r-o£/iv. i,3. y. («- itacï. a. jÇ. f îTÉTf» «. y. « >!«&<». <=. «. wÇ«|. W. ij. /S 7!£40. /3. x£. /S Xif^V. ?. S". « Xeg/»». A. )!. f«>«af. Ç. «. IS. J5- (Ç. (î). »^. K. X«. X.?, Ky. XÎ. XS. J«AXT. £, iÇ. ^:4?K. S-. xî'. -^nXu. fm. aJ-. Ar. aÇ. è (fiS. m. i,5. £ ?■.•, i. è (^. fi. y. Ï^MV 7B iixyfiKii gtixu c» Tto fj»y!l>Àx xày.ihx èùo êitcu, Tt- 146 CONFESSION "î©- È ■^ip/tln. iïvctf -n ir/p^yi^cti V a Jfu «inpaAâs. V»« 3 '"^"'" V "" f^-^'S^eA" •= o^'" xA;)/i«», ho« ffiwT^lp^iy tÏoJtx ^Iy-Im 'ù>.lu è ? xug/i» ««ai/ (i)r« ;i;^'5"*>"' ^'"f^ii ,«v '"- 5Tt)5 eJAixe^vas. Ït) i!?i»-P,UfS^r,( mi OTîia? "'S xV. 1^ I. /3. y. ;• ^^• ïucu. y. f. ficc^K. ir. ir. to^i. i. k/3. « "»- fu' TJî xA'ri Kanmleai CVK î^i f*^ §" ;j^irï- icft.(^i^â».■>''<■■ v- '>'■ '^«l- 1°^ 2,, 12, Galat. g, 26, Luc 3, 3, Aft. 2, ;3. A?. ««1 <. /«C- "«" *'• "■"• '^"'^ ''''■• '" '• 3S, & 10, 47, & 22, 16, Tit.3,y, Hcbr. 6,4. »^«('. r. 0. CHAPITRE XVII. NOus croions que l'autre Sacrement que le Seigneur a inlHuic eft ce- lui que nous appelions rEuchari- flie. Car la nuit en laquelle il fe livra foi-même, prenant le Pain, & le bénif- fant, il dit aux Apôtres , prenez , man- gez , ceci eft mon Corps; & prenant le Calice, il rendit grâces, & dit, Bûvez- en tous , ceci eft mon Sang qui eft ré- pandu pour vous. Faites ceci en com- mémoration de moi. Et Saint Paul ajou- te. Toutes les fois que vous mangerez de ce Pain & que vous boirtz de ce Ca- lice , vous annoncerez la Mort du Sei- gneur. C'eft là lafimple, la vraie & la légitime tradition de cet admirable S V ''™" fisffe éiWTl» 0 x!JeA®^> A«°à» â^m y-cti êiho- yKfcK , iy^-.y- ■"'; ^lîfïAi;!; , A«eE7t , ^ajfn , rS-n £fj -ri eiift* fin ti ijsrff if-ày c«;j;««o* fâ/liV. T«Tr TTSiù-n £(5 T ift,-^» ùvauv/iQn. XCtl a va-nt rS xvfia xtnttyfi».5Tî.. etii-m i?t» ij wi^Si àX-àJh X»! yMr,.e'yt!iAj{j Kai TnTi'^"- ,J , 1^^ iï i l^^^ijù(m îïxv! ^ihiax.{ fiîTH- Tium. 7nn^'fS/j «-^ T«5 Tnrùi fie-m^UftZax»- TKç cQ Tûj" J^fVva» 75 ffZûftet tS y.vfia nf^Sv ir,^ T^ij^vtai xaî ⻫eA(/e»7K; TiJ» y.nu>K7,-\:ii , k^o: Tvi 1^ Yfv^s «îdS'îîP"^ xottuf^fmç, 75 yi truy-A fS xv^ia dm Eçiv oTnç ov rtij juvipi^tu rotç i^J»?ift,(s7i O^Tll TE XCCl ^Ufi^cCUTZti , uX^' <>5nf in.!t,-nxSi « îtict; X«?«m» siyK(» 7sa^:- fW'i Ti x«i ^a<^£j. ojï» kAç^É; 'î" êc&i'Hi' ijfcas xuififn^fiy xa\ xtiimèi ii>»ijàt •m^itu.t^, iav n TH^icifS/i TratfTsç i)t««ç Ttiftp^g/a x«J),j «^(yat^. àr^hvéat 75 Tn-rn^my Triteiv ci Tiu yv- nseju iïttti 75 «(^,« 5ri»«» «Ai;5aî tk x:/gi« .<>*» ^ «y. y^ «y. j^ jÇ. i^ ►«. >^ |. T SWfiÛ-TU') la^i^VT.y.Cl , '0 wços ^"ï" > ^ ^o{ y,*my-S/lQii c^hifctït. ci®^ }àg itç sùg^V- y.îTOI iinB-viitrxaii , TiUfifi.oiat . ijnAstjwfw»^ ii cutoîÎJm i\Stx,tiuufifioi, ^diluai ft^ Tautatim- xûnvTzii xoiTuy-S^F^. om j 7raA(» cït4 ï^r.Mjâ- xamy-s^imi, é| » «ij'Aeir T «fe* xx3m=7>)ii<'« itî- Js», /t^" Si7i ifi.Zç rsiensi^j «AA' ci àAiiJri'a DE FOI DES GRECS. réception de Ton Sang , de même que cel- le de fon Corps; voila pourquoi ce Pré- cepte ne doit pas être divii'é, ni mutile, félon la volonté arbitraire des hommes, mais au contraire cette Inftitution doit être obfcrvée de la manière qu'elle nous a été prefcrite. Quand nous avons donc participé dignement 6c communié entié» rement au Corps 8c au Sang de Jéfus Chrift dans le Sacrement, nous tenons que nous femmes alors unis , réconci- liez, & faits un même Corps avec nôtre Chef, animez de l'efpérancc très-certai- ne d'être Cohéritiers dans fon Roiaume. Math. 26, 26, Marc 14, 22, Luc 22, 19, I. Coriiith. II, 2^, & 10, 16, Àâ. I, 9, & 3, 2i> Colofl". 3, I. kphef. 3. 17, Galat. 2, 20, i. Corinth. 12,13, 2,. Corinth. f, 7, Hebr. ti, i. Jean 6, 3f, & 53, & 5-6, & $-7, & 58, & 60. CHAPITRE XVIII. NOus créions que les âmes des morts font dans le fcjour des Bienheureux, ou dans celui des damnez , félon que cha- cun a vécu : car en fortant des corps el- les s'en vont d'abord à Jcfus Chrift , ou dans l'Enfer , parce que chacun eft jugé dans l'état oîj il fe trouve en mourant , attendu qu'il n'y a point de lieu à la rcpentance après la mort , 8c que le rems de grâce ne iê trouve que durant le cours de cette vie, c'cft pourquoi ceux qui font juftifiez fur la terre ne lubiront plus au- cune peine dans l'autre monde, Se ceux qui meurent fans être juftifiez font def- tincz aux peines éternelles. D'où il eft évident qu'on ne doit point admettre le Dogme controuvé du Purgatoire ; mais te- nir pour une vérité bien établie , que chacun doit fe repentir en cette vie s'il veut être fauve 6c obtenir larémiffionde fes péchez , par Jéfus Chrift nôtre Sei- gneur. Et c'eft ici que nous finiflbns l'Expofition de nôtre Foi. CONFESSION DE FOI DES GRECS. 249 tIuI TWJ-nii" raiitîw c.fA.t>.<:yiM i^St fi'î Nous prévoions bicti que cette Con. w^H-»» 'US^i miiXi-pi^of ■nKfCKfpifcsTu. 'h fcfîion abrégcc fera comme une bute de «^,-iv «Av..»5 if^Zi 5^™V«», ^ T^^ET^ç*» contradiftion pour tous ceux qui prcn. , ^y^ .,.•-«.■-„ • ~ ,,' nentplaifir à nous calomnier, & qui s'atta* Y-r-,^ _ chent anousperfecutermiuftement. Mais «^" P'"""/*-^- ^ V 1 ^ j^gyj mettons toute notre confiance en tf^' «BTWî'fV**'"''""^"- «« W^to; «(Ji^îV^ Jéfus Chrift nôtre Seigneur , en efpéranc Tiu) i«ôh> T Tnvu^Âjci^u» èm r xA.î^»i T qu'il n'abandonnera point la caufe de fcs ^^,, fidèles Serviteurs, & qu'il ne laifTerapas la verge des méchans l'ur l'héritage des juftes. >ârsx. iS". ly. i)V«/. »Ç. «. « Jeot. J. jy. f«- w«£f, iS". y,, fi K9Q^y, s, rf. :(r. S-, Ç-. ^-«rC. xï. (S. è x.t. ^b. £?255(, y. ^. xj5»sx. /3. i. « i«iu/. «. ^. è /3. «,. k^gj!!'. «.. y. <£ Ç. xs. è S-. (?., è x3. è xe. È I, ». zryi', TiT. ji. ly. « xog^». 5". l«. fnf.aj. y. x^. e'tifs', s. Xï. >jTîx. ci. s. a. xcg^f. i«. A., îarstf. ;£. y. l't't^- ''■• ^. 4' '',"• ^*' ^ f^-'^- if «i» 't^î à-7n}T{. ciX}.ci tuutk ■nmfâ/' , "* ïxas®^ yii^ > à-n ij 50515 lijKaii tXH"! f'ï" > ^ ° x'Jg^®' yiftS'J 'i';)'^a- 1^ n'iij'iWfT» •Moitiif ift,Zi tÎm iifiitt^t yvâfclur. eix t£tv Ttwi' cimo im'^ ttÏj àttiiipaïf , «©5- Hebr. 9. 27. Luc. 16. iz.Ecclef. ii.3.Apnc. 14. 13. Efaï. 5-7- I- , I- Theff. 4- 13. Rom. 14. S., 2. Corinth. f. i. Philip i. 21. 22., 2. Timoth. 4. 6. Luc. 2. 25-. &23. 42. Efaï. 5-5:, 6. Pfeaum. 31. 7., 2. Corinth. 6. Jcin. 9. 4. & II. 9. 10. & 12. 35-. Math. 25-. I. Ecclef. 9. 6. Math. 2f. 19. & 24. 42. Hebr. 3. 7.&4. I. & 10. 26. Gai. 6. f. , I. Corinth. f. 10. Math. 16. 26. Ezech. i8. 4. Pfeaum. 48. 6. , 1. Pier. I. i8. Abbac. 2. 4., i. Jean i. 7. & 2. i. Hebr. i. 3. & 7, 2f. & 9. 12. & 22. & 2J-. & lo. 10. Tit. 2. 13,, I. Corinth. 6.ir. Rom. 3. 24- Ephef. 5-. 2j-. Apoc. i. j-. , i. Corinth. i. 30. Jean 15-. 3. Ad. 15-.9. Pleaum. 31. & 102. 12. Efiï. 43. 25-. Ezech. 18. 21. & 36. 25-. Cololf 2. 13. Rom. f. I. & g. I. 30. 38. Jean. 3. 16. 36. & 5. 24. Nous avons maintenant donné cette Confeflîon en nôtre Langue Grecque en exprimant mot à mot le contenu de tout ce que nous avions cciit ci-devant dans l'Exemplaire Latin, en abrégeant les ma- tières , fans en faire un Traité aufîl ample qu'il auroit été nccelfaire dans une pareil- le conjonéture ; mais aiant renvoie de le faire dans la fuite, nous aurons foin de mettre au jour ce qui pourra convaincre tout le monde que nôtre Foi eft la mê- me que celle qui a été donnée par Jéfus Chrilt , annoncée par les Apôtres , £c cnfeignée par l'Eglife Orthodoxe. C'cfl pourquoi des Chrétiens qui ont de bons fentimens, nous aiant fait de nouveau cer- taines queftions , & demandé nôtre avis Hh 4 ï^^. ijo CONFESSION DE FOI DES GRECS. fur quelques Articles , nous ioignons à l'cx- pofition précédente ce qui fuit , comme vous le voiez. El 5'rt tIuj 'it^t •Lfiiipin xciiSi "Sr^^ ?niit» A'Ttix.g^Qif', 0«ASffJ» 01 OTfs'l TTzlfni %^iç>u,n'i tÙ v iîjj^i ^u((ir,i; otiSO- TTf. A«, isi. tiîfi. tj. y. i«»«. £. A.O'. iwaf. I, xÇ. x*i I). A«. A»x, »r. x9". K»i ?■. ir. ■7rf«|. »y. xÇ. xîii (S, x«. x«'i î). XII, x«i <^. i«. (i T.- ,««C, y. (S. p«,u«f, is. J". x«/ao3-. J. (r. « Jïs-- ff»A. s. xÇ. K («£«/. «. î'. r-M fi, ,5;. -.j'im'i. £. ty, liftfi. n. t. àn;e, ^, y. iacw. Ç'. jvâ-. /»z. i«. ►/3. iwar^". xy. ,y. x«i (=. ;?". « lauv. i. a, «, JiaxiiX. f. ,6. X. luM, 1^. y, xici -AU. Xtc. 'i/aXfi. fin. .9-. xai a. », /Z. ^xXfi. jt,,. «. Xin>. I», Xtj. iîntx. », y. PREMIE'RE DEMANDE. Si VEotiture Sainte doit être lû'é de tous les Chrétiens fans exception ? R E' P O N S E. TOus les Fidelles Chrétiens doivent fçavoir, je ne dirai pas toute l'E« criture Sainte , mais du moins tout ce qu'on doit nécclîairement connoître, pro« fefler 8c croire , pour être fauve : car on ne le peut apprendre que par le moien ,des Divines Ecritures, foitenles lifant, foit en retenant ce que nous en enten- dons lire aux Fidèles , 6c les explica- tions de ceux qui les interprêtent fincé* rement; parce qu'étant permis à tous les Chrétiens d'entendre la Prédication de la Parole de Dieu , on n'en doit auffi par confcquent défendre la le£ture à pcrfon- ne , car cette Parole efl: près d'eux , en leur bouche 8c en leur cœur C'ellpour» quoi fi on prive un Chrétien de la lec- ture de l'Ecriture Sainte, 8c fi on la lui défend de quelle condition ou qualité qu'il foit, on lui fait une injure criante £c un tort maniftfte ; car c'eft la même chofe de priver une ame de fa nourritu- re fpirituclle dans fon plus grand bcfoin, ou de lui défendre d'y toucher Se d'en goûter. Deuter. 6. 6. & 17. 18. Jofué. i. S.Deuter. 31. II. Nehem. 8. 31. Jean f. 39. & 10. 27. & 8. 31. Luc. 16. 29. & 4. 16. Adl. 13. 27. & I j-. 21 . & 8. 28. & 17. II., 2. Timoth. 3. 15-. Rom. IJ-. 4. Colofl'. 4. 16. , I. ThefT. f. 27., I. Jean i. 4. & 2. 12. Efaïf. 13. Jereni. 8. 9. Hof. 4. 6. Jean 7. 49. Luc 11. s 2- Math. 23. 13. & If. 14. , I. Jean 4. i., i. TheiT! >-. 19. 20. Jean 17. 3. & 21. 31. Pfeaum. 118. 9. cx I, I, 2. Pfeaum. 118. i. Lucii. 28. Apoc. CONFESSION DE FOI DES GRECS, lyi SECONDE DEMANDE. ■jj^mcmtTi î A'-;tox5<57ç, X,S 7a5 ovcxcXlcif , ci TO) y^fiff^Tj , tut, 1^ ua/j aùrri i^^Lù li» S^miaii. JV» i^ >y, I, lîfSft. A». Ay, iuav, f, ftî. fcoirê. i«. Xi. xi(p. ly. I». 1^ 15-, iÇ. Aïx. xS". (1«S. * <«»*. tel xÇ. » i^ç/ii, a, lit. J^ ff. C ''i '■^- V- /^ "CS" &"• «. 'y. ''à V' *• "^ 'y- ''^4'' ^- ''• '?'-'"• «. <Ç. xî^. y. jij3!« varo ? ircaici^iis ■aviifiAl'^ tpan(B-ei- «. « («a*. ». «■. p«i"«/. y. «. j3> •^"l- y- "'^• Ç. »£?>. xy. S-. (««T«. x/3. K.9-. f»'-?''. V "?• iuMi. y. A. et ^-Tt»- ^- '*• ■^K?"',"- ■'' ' ^; '^" xA)!(r, 1^. <. j«A«T. (t. »l. K£^. S". IS-. È y. 'S. « us ^7. ?■. 5-. J~<*t'7ïf. »/3. A/3. >*»»• "^^ "• '^' DE FOI DES GRECS. & nous les recevons principalement à eau* le qu'ils nous enfcigncnt une Doftrine di. vincment infpirce , qui fuffit pour inftrui- re, pour diriger, 6c pour perfeftionner celui qui embrafle la Foi. Nous croions- que le nombre des Livres Canoniques eft celui dont le Catalogue a été mis dans le Concile de LaodiLc'e 6c reçu jufqu'à préfent dans l'Eglife Catholique ôc Or- thodoxe de Jéfus Chrift, éclairée par le Saint Efprit. Mais les Livres que nous appelions Apocriphcs portent ce nom , parce qu'ils n'ont pas reçu la même au* torité 6c la même approbation du Saine Efprit, que ceux qu'on tient proprement 6c inco/neftablcmcnt pour Canoniques ; à fçavoir le Pentattuque , les Hagiogra- phes , 6c les Prophètes , qui font les vmgt- deux Livres de l'Ancien Teftament, que le Concile de Laodicée a ordonné de li< re. Ceux dont le Canon du Nouveau Teftament eft compofé , font les quatre Evangeliftes, les Adcs des Apôtres, les Epîtres de Saint Paul , 6c les Epîtres Catholiques , auxquelles nous ajoutons TApocalipfe du bien -aimé Difciple du Seigneur, 6c nous foûtenons que cesLi- vres là font ceux qu'on tient pour Ca- noniques, 6c nous confeflbns qu'on les appelle tous enfemble l'Ecriture Sainte. 2. Timoth. If. I6. , i. Pier. i.ii. , i.Tim. 4. io.,i. Jean f. S.Rom. 3. i. 2. Ad. 3.24. & 26. 22. & i.Corinth. i"). 3.4. Ad. 17. ii.Deut.4. 2. & j-. I. Jof. 1.7. & 23. 6. Math. 22.29. Marc 7. 27. Ephef. 2. 20., I. Corinth. g. lo. ii„ 12. Jerem. 23. 28. Jean 3. 30., i.Pier. 4. 11. Prov, 30. î". Ecclef. 12- 10. Galat. i. 8. &6. 16. & 3. \Si i.Cor. 4. 6. Deut. la. 32.Apoc. 22. 18. 19. t/*-. CONFESSION DE FOI DES GRECS. 153 Ci.UATRIEME DEMANDE. ni , ^ ' , , 7Ç ii^vm avù) ) è flffw cv t>î* y^ récent , s' S? «îj<» '!môftcil<^ ci rjj' (!o« y^^ji è^ujivï- id^, ace fti Xa^Ufop ànn tb XTirtf ^ 7my,Tiî tÈ T" «Siwç (p^atStnt ÀiXin iyiifiiju ^ â; Jft- fSpliM iliù Kx^fSa*. Ê Zw «» x^etos-st tS Je» c'v- K(««' »/4à; «■/«! CfioXeySiBfl. è-rv i^ 'yf^Çai «■uur.-^xfjp. Jiir, -^ i y.uQ^®^ nTf -nzîir.t ci 77»- ^(el doit être nôtre fentiment touchant les Images ? R E' P O N S E. NOus devons nous en tenir à ce que l'Ecriture Sainte nous enfeigne, puil- qu'elle dit expreflement , tu ne te feras point d'image taillée , ni aucune figure de tout ce qui eft en haut dans le Ciel, 8c en bas fur la Terre, ni de tout ce qui eft dans les eaux, 8c fous la terre; tu ne les adoreras point & ne leur rendras au- cun Culte , puifque nous ne devons pas fervir religieufement les Créatures , mais le feul Créateur, qui a fait le Ciel 6cla Terre. D'où il eft évident que nous n'im- prouvons pas les peintures faites par un Art qui eft noble & illuftre, puifque nous permettons à ceux qui le veulent , de conferver les Images de Jéfus Chrift Sc des Saints ; mais nous déteftons l'adora- tion & tout le Cuire qu'on leur rend : attendu qu'il eft condamné par le Saine Efprit dans l'Ecriture Sainte, pour em- pêcher que nous n'adorions , par igno-» rancc , les couleurs , les créatures , ou leurs ouvrages, au lieu du Créateur, qui nous a donné l'être 6cla forme que nous avons. Ceux qui ont des fentimens contraires font des miférables, que nous tenons pour des gens qui ont l'efprit aveuglé & le cœur entièrement endurci. On feroit bien mieux de fuivre les Commandcmcns de Dieu , que de fe conformer aux vaines traditions des hommes. Nous faifons cet- te Déclaration étant appuiez fur les bons témoignages de nôtre propre confcience; quoi que d'autre part nous foicns con- traints d'avouer que nous n'avons pas de forces fuffifantes pour arrêter le cours impàueux de ce grand abus. Voila tout ce que nous avions à dire par écrit tou- li 4 Ef.J-. 254 CONFESSION DE FOî DES GRECS, chant les demandes qui nous ont été faites , êc les réponfes que nous avons crû de. j. voir ajouter à notre Confcflion de Foi 6c * par lefquclks nous finirions. Dieu veuil- le par fa grâce donner à tous les hom- mes des fentimens Orthodoxes , 6c les moiens néccflaires pour agir en toutes chofcs félon la fincérité d'une bonne confcience. s. îj. Ki(p. kÇ iî. lîs-ai, fi i-1. y-'-ip- .«^. '3. È /Lif. i. ■7rf«|. 'Ç. 1.5-. fu/iii^. a. yS, a laav, s. x». lipifi- I. ». àSSux., /3. m, il'xXfi. fiy. (■=. ' Itictt, t. y.y. S'aiiTt^, r. ty. » ^«ai^, Ç y. è f£. i«. ^«3-S. h I. fuficci, I. ty. È », XI. Aaoy. f. in. ^K«A. (S. f. 1^ y-?. 1. s. ^«r^. «■. 6, Xax.. («. », (TVÇIλ (TsXofl.. <5. 15. Exod.io 4. Levit. 26. i.Deutr. 4. 15-. & f. 8.. &27. Ij'. Ifai. 40. 18. & 44. 12. , &c. 46. 5'.', &c. Aâ. 17. 29. Rom, f. 22., I. Jeanç. 21. Jerein. 10. 8. Habac. 2. 18. Pieaum 113.12., Jean 4. 32.Deut. 6 13,1. Rois 7. 3. Ifai. 63.16. 3 Rois 8 39- Pf. 49. If- & 75-. II. Math. 4. 10. Rom. i.2j'.& lo. 13. Galat. 4. 8., i. Corinth. 7. 23. Aâ. 10. 2<;. Coloir. 2 18. Apoc. 19. 10. & 22, 8. 9. Math. 6,9. Luc 11. i. Sag. 14. 12. Donné àConJlantinople le mois de Janvier X6z\, CYRILLE Patriarche de Conftantinople. Soufcrivant de ma propre main. INDICE ALPHABETIQ^UE DES PERES E T DES AUTEURS ECCLESIASTI Q^U E S, Dont les Témoignages fervent à confirmer la Doûrine contenue dans la Con« fefllon de Foi de Cyrille Lucar Patriarche de Conftantinoplc, 6c à réfuter les Canons du Concile dcjérufalcm de Tan 1671. , qui font contraires aux véri* tables fentimens des Grecs indépendans de l'Eglife Romaine. Les Témoignages de ces Pérès fi? DoSleurs Grecs t5? Latins , dont on trouvera les Cita' tions 6? divers Pajfages dans ledit Concile , font tirez des Ouvrages dont cet Indice 7narque la forme ■particulière. , avec le lieu (jf le tems de leur Edition . afin que chacun put je facilement trouver les pages dont on a fait des extraits , (^ qu'on a marquées dans le Corps de cet Ouvrage. A. Ambrofius, ex editione Frobenii, an- ALphonfus de Caftro, ex editio* no 1558. in folio, ne Afcenfiana, anno 1543.111 Amphilochius, IconiiEpifcopus. Lo- folio. cugr INDICE ALPHABETIQUE DES PERES, &c. ijj eus editionis non confiât Arethas, inApocalypfm, Grxcè, Ve- ronœ, anno 1531- in folio. Athanafius, Graeco-Latinus, Parifiis, anno 16x7. in folio. Auguftinus, ex editionibus Frobenii de anno 1528. & 1541- in folio. B. BAIfamon Fatriaicha. Baronii Cardinalis, Annales Ec- clefiaftici. Bafilius Magnus , Grsecè, Bafilese ex officina Frobeniana, t^S^- '" folio- Bafilius Seleucienfis, Grxco-Latinus, Parifiis anno i6tz. in folio. G. G. GEIafius Papa. Grcgorius Magnus , Epifcopus Romanus. Gregorius Nazianzenus, Grrecè 6c La- tine, Parifiis, anno 1650. in folio. Gregorius Nyflcnus , Grnzcè 6c Lati. ne, Parifiis, anno 1658. in folio. Gregorius Neo- Ccefarienfis, cogno« mento Taumaturgus , Grscè 6c La- tine , Parifiis, anno 1622. in folio. H. HIeronymus, ex editione Frobenii, anno ifiij in folio. Hilarius :r ex officina Frobenii, anno i5'50. in folio. Anones Apoftolorum, cum Con- Hiftoriae Ecclefiafl:ic£eScripto^cs,Gra^-i -■'■'- — editione Tigurinâ ce 6c Latine, Gencva;, anno 1612. Clins ex Geflhcri, anno 1559 in folio. Chryfoftomi opéra , Gr^ecè , ex edi- tione Eronicnfi , opcrâ Henrici Sa- vilii, anno 1612. in folio. Clemens Alcxandrinus, Grjeco-Lati- nus, Parifiis, anno 1641. in folio. Clcmentis Romani Conftitutiones. Cyprianus Martyr, Bafiic^, anno iji^. in folio. Cyrillus Alcxandrinus. Cyrillus Hierofolymitanus , Grieco- Latinus, anno 1640. in folio. D. DAmafcenus, Graecè 6c Latine, ex officina Henrici Pétri, Bafilcic, anno i5'48 in folio. Diony fins Areopagita Martyr , Gtxcc , Bafikx, anno 1539. in Octavo. E. EPhraera Syrus. Epiphanius Cyprins, Graecè, Ba- filcas ex officina Joh. Hcrvagii, an- no i5'44. in folio Eiifebii Ccefarienfis Demonftrationes 8c Pra:parationes Evangclicx, Pari- fiis apud Robertuni Stephanum , Grœcè, anno 1J44 in folio. in fol 10. IGnatii Martyris Epiftolas, GrascèSc Lftinè, cum nocis Vedelii, Ge- nevîe, anno 1625. in quarto. Johannes Chryfollomus. Vide, Chry- foftomus. Johannes Damafcenus. Vide fuprà ^ Damafcenus. Irenaeus Martyr, Bafilese, anno 1554. in folio. Ifidorus Pelufiota, Gra:cè 6c Latine, Parifiis, anno 1658 in folio. Juftinus Martyr, Grxcè, Parifiisapud Robertum Stephanum , anno 155"!. in folio. L. LEontii Ëyzantini Seftarum Hifto- ria , GrcEcè 6c Latine, Bafilerç ex officina Pétri Pernx, anno 157S. in Oclavo. M. MAcarius iEgyptius , Grcecc Ec La- tine , Parifiis anno i6z2. in folio. Marcus Monachus. Maximus Scholiaftcs. Meletius Alexandrinui. li y Na« 2^6 INDICE ALPHABETIQUE DES PERES, &c. N. Procopius. I^Azianzcnus. Vide, GregoriusNa- S. ianzcnus. CYnefiusCyrenenfis Epifcopus.Grac. s Lyi.inus, Bafilca:, anno 1536. «^ ce 6c Ladnè , Parifiis,anno 1640. zia Nicolaus . ^ in folio/ in folio. Nyflcnus. Vide fuprà , Gregorius _ T. Nyflcnus, npErtullianus, Parifiis, anno 1608. O in folio. OEcumenius in Afta & Epiftolas, Theodoretus, CyriEpifcopus, Groecè Gixcè , Veronae, anno 15-52. £c Latmè, Parifiis, anno i6.|.z. in in folio. folio. in folio. Oiigcnes Adamantius. P. TjHotii Bibliotheca, Grxcè, Augu. lio ThcophylacVus in quatuor Evangelia , Grxcè, Roma:, anno 1541. in fo- ûx anno 1 601. in folio. TABLE ALPHABETIQUE ET ETIMO LOGIQJJE De vingt différens Noms que les Pérès Grecs ont donné au Sacrement de la Sainte Cène. ■A"- i<« /iieJiSct4, ou y.y^Ks-fia-m. Les pClT- îiculcs faim es ou rompues. Voicz ce qu'en a dit Saint Chtyfojiome dans fes Explications du Z4. Chapitre de l'Evangile félon Saint Lut , fur le verfét 30. . A><«ir^«7K. Leschofesfan^ifices. Voiez Photius fur ce mot. S^mtChry/oJio- me fur le mot « :^7 Saint Ba/î/e 6c Saint Jean Damafccne fur les Ca- nons du Concile ù' Anche touchant ces Myftércs fanftificz. AçTo^ ÎTPii'rti©'. Pain Super-fuhftan- tiel. Voiez Cafauhon écrivant contre le Cardinal Baronius, 6c les Auteurs qu'il cite à la page 530. Voiez la première Epîtrc de Saint Paul aux Corinthiens, Chap. 11. verf zo. & l'explication des Pères là-defl'us. La Ce}ic du Seigneur. ASfst, & ^S^ a^!f.. Les ohlations fai»' tes. Voicz ce que les Pères ont dit touchant les Oblations des Fidèles dans les Ailcmblccs de la Primitive Eglife. . EtîAojVa, & K«A£j«!7jç. BénédiElion -^ £s? Confécration. Voiez les obfervations de Cafauhon contre Baronius , page 5ZI. & ce qu'a écrit Saint Cyrille dans fon Livre iz. Chapitre 39. fur l'Evangile de Saint Jean. . Ei^firi*. Actions de Gt aces. Voiez ce que Saint Chryfoflome a écrit fur l'E- timologie de ce nom, dans le Cha- pitre z6. de fon Homélie, touchant l'Evangile de Saint Matthieu , £c conférez ce qu'a dit là-deflus Saint Jnjiin Martir à la page 97. avec la page icj. de Saint E^ipbane , & les Stromates de Saint Clément Alexan. drin. 8. içiiiti». TABLE ALPHABETIQUE, &c. 157 8. i.» Kstxhttn»)i «JfETiiy'i; (ff»ii«V ci teti ^ TO» 5*141», ai xcci(£nes de ce Concile ., ^ les Papijles qui ont tant foie peu d'honneur ^ de confcience ne l'ont jamais nié : car il ne s'efi trouvé juf- qu'à préfent aucun Théologien ou Controverjifte de V Eglife Romaine qui ait ofé met- tre en avant , . £5? encore moins entrepris de foûtenir : que les Réformez ou Calvi- nifles n'ont aucune conformité de fentimens avec les Chrétiens de l' Eglife Grecque y. fur les Points fondamentaux de la Religion. Voila pourquoi tous ceux qui ont compofé y tous ceux qui ont produit les Dé- crets de ce Conciliabule de Jérufakm contre les Réformez , pour démontrer quelle eft la créance des Grecs , ont fourni très imprudemment , contre eux-mêmes .yfoixanté-dix témoignages y dont les Proteftans peuvent fe fervir pour démontrer que le Patriar- che Dofnhée , que fix Archevêques t3 foixante-lrois Curez ou autres Eccléftaftlques de l' Eglife de férufalem , ont été affez mal avifez pour approuver y par leurs figna- tures , les fauffetez l^ les calomnies dont leur Apologie Synodale de l'an 16 jz. eft remplie. Cela parottra clairement dans tous les A'ticles que nous en produirons ^ dont nous tirerons plufieurs concluf.ons i3 diverfes preuves irréfragables contre les Prélats de France (^ les Doêfeurs de Sorbonne ,. qui ont mis les Aéles de ce Conciliabule au rang des Pièces qu'ils ont voulu faire pciffer pour authentiques ^ propres à démon- trer la vérité (^ la perpétuité de leur Foi ; mais tout le monde fera convaincu du. i6i AVIS ET REMAUQ^UES. contraire par la feule leElure de ces faujfes Attcftaîions 6? fur tout • en voiant les contradiSllons manifeftt's , les noires calomnies , £s? les horribles itnpcjlures qui font ca^ chées fous ce pitendu Bouclier ^(? la Fui Orthodoxe. Il y a même plufteiirs de ces impoftures qui font fi groffiéres l^ fi ahfurdes qu'il ne faut qiiun peu de bon fens , 6? q'ielque grain de raifun , pour reconnaître que la mauvaifc foi des gens fa.is Religion ^ fans Confcience 13 fans honneur f n'a ja- mais rien forgé qui fit plus contraire à la "vérité ^ plus infoûtenable que ce qui efi contenu dans ce Concile. . Le Titre qu'il porte fujjit pour faire 'voir ^uHl rCa pas été affemblé fous les Aiif- pices de Jéfus ChriJÎ , mais à Vinfigation de rjnlechrlft , pour combattre laFéritéf t^ pour dreffer une Confcffion de Foi ^ non feulement- Ethérodoxe .^ ou er- ronée^ mais auffi entièrement contraire i^ incompatible avec tout ce qu'il y a de plus certain i3 de plus évident dans le monde. N'ejî-ce pas un fait très affuré , très manifefte £s? tout à fait inconteflable , que les Grecs Orientaux ont plufieurs Articles dans leur Confcffion de Foi très con- formes à ceux des Eglifes Reformées touchant le Myflére de la Trinité , celui de i'' Incarnation , Î3 tout ce qui efl contenu dans le Symbole des Apôtres , 13 dans le Décalogiie ? Tous les Chrétiens équitables en conviennent ; il n'y a point de Pa- fifle raifonnable qui Vofe nier\ cependant les Auteurs de ce Conciliabule déclarent hardiment qu'il n'y a aucune conformité touchant les chofes Divines , ou la Divini' té 'même , dans les fentimens des Grecs (3 des Réformez. Cette impojlure , qui n^a pas befoin d'-autre preuve que celle qui fe trouve dans la déclaration expreffe des trois dernières lignes du Titre de ce Concile , fuflt pour an- nuller entièrement les autres Articles qui font contenus dans fes Décrets , £5? pour détruire juridiquement tous les témoignages par lefquels ceux de la Communion de Rome ont prétendu que leur Foi étoit bien établie. Pour les en defabufer i3 pour confondre maintenant ici les Prélats de France £«? les Douleurs de S or bonne fur cet Article préliminaire , comme nous le ferons dans la fuite fur tous les autres , il ne faut qu'' ajouter .y à ce que nous venons de dire , les Axiomes du Droit qui font à la fin de ce Folume , ^ fur tout ceux qui concernent les termes in- jurieux , les calomnies , les impoftures 13 l^s faiffetez qui rendent les ASles nuU iâ les Témoins rêcufables. Le LeSleur trouvera ces Axiomes confirmezpar un très grand -nombre de preuves juri» diques , 13 expliquez par les plus fameux JurifconjnJtes dont nous avons cité les Ouvra- ges dans une centaine d'' Articles. On doit voir les trois premiers Axiomes i3 les trois der- niers qui fervent de bafe 13 de fondement à taus les autres , ^ pour ce qui efi de ceux dont on peut faire une app'Ucatiun particulière à la matière de ce Titre , on les trotivera fous les numéros 45". 48. jz. 68. 84. , 6? après cela le Lecleur doit encore voiries Axiomes 33-6? ^"^^ pour tirer çnfiiite la conclufion générale qu'il trouvera dans le 52. TOIS CONCILE DE JERUSALEM. 1^3 A TOUS TOIS ATANTAXOT THS ^ ^Xûa-tis , of>JV|«<ç iTTiFusTnii , «5sA- iîè'if >f '«îç TtKytii àyttttri roii if^Sf , c» KA I P O S Ts /«>.«» , È xi«f 05 ? «yô» ) ùmfù '(f^î-ffv. lùâjxri fui àCTjî > ff:j« , K«f«« 3 àutpcTifUt T«TO » , a»;/i;î zof A«y»

ifii , Ji«<. LES EVÈQUES ORTHODOXES Qiii font fur la face de la Terre , & de la Mer. A TOUS NOS FRERES ET COADJUTEURS Umis par le Saint Efpyit , £5? généralement à tous les Fidèles Chrétiens , nos Enjans bien-aimez en Dieu. Salut. LE Sage Ecclesiastf. donne avis qu'il y z un tems de fe taire {^ un tems de parler. Il nous fait connoî* tre par ces paroles qu'il )^ a de certains tems convenables pour faire chaque cho- fe dans fa propre faifon : comme s'il di» foit , il faut fe taire quand il n'eft pas abfolumcnt néceflaire de parler ; mais quand la néccfîké le demande , parlez. Il eft en effet très évident qu'on peut fe taire quand on n'eft interrogé de perfonne, & qu'on fait très mal de ne pas répondre fur les chofes dont on cft bien informé , quand il y a des gens qui font là dcflus quelques demandes utiles 6c nécefl'aires. Mais fi ces deman- des concernent Dieu même & ce qui a du rapport à fes Attributs & à la Reli- gion , comment pouroit fe difculper ce- lui qui par une impiété manifefte, aime- roit mieux garder le filence que de ré- pondre fclon ion devoir dans un tems fi convenable.? Nous avons toujours fuivi ces deux maximes, autant qu'il nous a été poffi- ble , lors que nous avons gardé le filen- ce & quand nous avons parle, enfîiivant les inrtruétions de celui qui a dit , // ré- glera [es paroles avec jugement. Nôtre re- tenue doit être d'autant plus grande que I > 3 r.«, i64 CONCILE DE JERUSALEM. »uf ùrj{t ^ ;f^', ««f ^M^ dcf quclqucfois le filence ; car il dit , E^ -, < ^ ;- AK' ^,fi>'3»r&' . è ^W A«A,«; qui font dans l'Ecriture, nous font con- . ' ^ - - ,• „;„'}„», .' noître que c'^cft le tems de nous taire ««TtTITIJSl'T®' , ipuiluJ quand il n'y a perfonne qui nous inter- roge , ou qui nous oblige de parler ; mais lors que nous y fommes contraints par quelques demandes , ou provoquez en de certaines occalîons^ , nous répon- dons incontinent , 6c fur tout quand il s'agit de la Fai , parce que nous faifons confifter nôtre devoir à travailler de tou- tes nos forces pour donner fatisfaftion à ceux qui nous demandent l'expofition des Articles de nôtre créance. a', 3 x«M «»t?eiW , ^«Jf''^w5«a>!5 71/05 syieit- Mais quand il y a des Hérétiques com- Asiif?» Tiap' 'i-n^oii^u> it^St , È it%'i a^'' mc ccux quj travaillent à établir leur ré- i».o ie-i^f"' •^Ç}^t7Ti,Ttc,, 4 ^« " <^vi- putation en détruifant celle d'hutrui par rr. - v> . s «L^.j. .„;. iA- leurs médifances , & en nous attribuant ^ . ,.' 0. ' quelques irapietez ou quelque Dogme er- >«5. -Tt li r HA«î «.*A»f»m5, 9^?^.7,ç- ^^^^^. ^,^^ ^j^^^ ^^^ ^^^^ entreprenons ^£y«j»f<,£V 0t;i5 «W»T.,«», ê mt^oms 7«^ j^ j^^j. j.^,pQn(jre avec plus de courage', f UftitiS^ 7Ù aùtà ciee.F*. ^i.^^,f(s^. des fentimens auffi vifs que ceux de Je- „ . , , . , , remie & que nous dilons comme lui , 717 y /^ CONCILE DE J >'.« ,çi« À|uS« ( •« A*» •^«*" <»"«;«"*«■>■«/ ^ •««^' «^T»} fi.luiuftx.-m. •' î^ c« ci«ïi»«<î ««• (l«»nA(M> M*W, (^eo»»» <» i»r« -sfe» 0f& uitét j A0J91;, «;&« £ Bvf}^ctfifioi.çif al tù^t. iftut xtfnjjj^îîV , 0 è fixXiftt «î vi (or&x.u. fSfitt ëf^ir i)/««« lirafiTÇu»^ > /«>)' àii-rti Stt eint «uSiit^M i>"n x«> itW »>^f «Tni; , m a*a- E R U S A L E M. 165 /?ar , mon cœur efl faifi de trouble au dedans de moi ; je ne fuis demeurer dans le filencs farce que fai entendu le [on de la trompet- te^ {3 le cri de la mêlée. Car un bruit venant de France , plus grand & plus étrange que celui des Trompettes , s'cft maintenant répandu jufqu'en ces contrées , pour nous effraier , & plût à Dieu que nous ne l'cuffions jamais entendu, puif- que les Calvinifies de ce païs-là fe font malicieujement avifez d'imputer , fans au- cune raifon, ànôtreSaintc Eglifc Apoftoli- que: c'eft à dire, aux GrecsOnentaux, leurs Hérêjîes touchant les chofes Divines (^ Dieu même. Tous ceux qui ont lu les Ouvrages de Monfieur Claude Aîinijire de Charcnîon , KAcwA'» ù(PnymTi! Ws c* K«Jf»7ii'i« , iCaVCnt lOTt bien que ces Calviniftes ne fc contentent pas de nous attribuer leurs fentimens er- ronez , par leurs difcours , mais qu'ils nous les imputent auffi dans leurs Ecrits. C'eft pourquoi nous avons entrepris cet- te Apologie avec d'autant plus d'ardeur , qu'outre cela nous voions auffi qu'ils ne fçavent pas ce qu'ils difent ni ce qu'ils affirment , & qu'ils n'ont pas même des égards pour ceux en préfence de qui ils ofent étaler ces menteries. REMARQU E. LE LeBeur doit appliquer à ce dernier Article les Axiomes Juridiques , marquez à la fin de Vavis qui fuit immédiatement le Titre de ce Concile £5? qui fi trouvent avec toutes leurs explications t^ leurs preuves à la fin de ce Folume fous les Numéros 45. 45-. 48. fi. 68. 84. Ces Axiomes fervent non feu- lement à réfuter les injures , les calomnies ^ les faujfetez qui font contenues dans ce dernier Paragraphe , mais aujfi à les rétorquer avant ageufement contre_ les Grecs , igmraas impofteurs , fjf auffi contre les Prelais de VEglife Gallicane qui ont fuborné (^ trompé ces Eccléfiaftiques Orient^aux , par leurs faux avis 0? p^r leurs demandes captieufes , fondées fur les impofiures dont il a été fuffifam - ment parlé dans l'avis précédent , c'ejl pourquoi nous finiffons cette Remarque qn: n^a pas befoin d'être plus étendue \ fi ce tCefi pour faire fçavoir en deux mots an Lecteur , qum doit bien pefer tout ce qui efl contenu dans ï Axiome 68 pour en faire une application toute particulière à ce qui concerne le Miniflre Claude d''Hne- façon fpéciak dans cet Article , y tous ceux de la Communion Reformée par rap- Kk 4 fort 26(5 CONCILE DE JERUSALEM. port à la conféquence général? qu'on peut tirer de toutes les régies Juridiques fur le [quelles cet Axiome ejl fondé. Voici maintenant la fuite de V Article précédent , y la première période far la- quelle les Docteurs de Port-Roial ont commencé l'Extrait qu'ils ont produit en Fran- çois de quelques Articles de ce Concile de Jérufalem , en aiant retranché la Pré- face que nous venons de donner , parce qu'ils ont bien prévît que les noires im- poflui es y les grandes abfurditez qu'elle contient , étant fi groffiéres , fi vifibles £f? fi pdpahles , tous ceux qui les verroieM ne manqueraient pas de recunuoitre que les- perfonnes qui ont forgé ce Concile et oient des gens fans lumière (^ fan^ roufcienri' y (^ que ceux qui l'ont produit comme une preuve certaine i3 authentique de la vé- ritable Rclinon des Grecs non Latinifez^ ont fait voir non feulement leur peu de fincérité i3 leur mauvaife foi ^ mais aufft combien les peuples de la Communion de Rome , qu'ils trompent de la forte , ont fujet de révoquer en doute ^ de rejetter les preuves- que leurs plus fçavans DoSleurs veulent faire paffer pour des témoignages irréfragables , de l'antiquité ., de la, bonté £5? delà Catholicité de leur Religion. On verra dans la fuite beaucoup d'autres Articles que ces Mejjïeurs ont auffi tronquez dans leur Ouvrage , parce qu'ils contenoient des fauffetez trop manifeftes i3 des vé- ritez y des faits dont les Reformez auraient pu tirer de quoi les combattre (^ les. confondre avec leurs propres armes , comme nous le ferons en produi fiant ces Articles chacun dans leur propre lieu. Voici donc celui qui fiuit immédiatement dans le Ma* nuficrit Original du Concile dont il s'agit. r ., . . .-^ n' . ;^^^ Y.,- Nous étant donc aflemblez , par la era« ,^ , T Q. ■ ~ ce de Dieu, pour la Uedicacede la Sain- ,S .™,^>A ^e^' ^r>c«i.^' -5^;-- -- te Eglife de Bethléem, lieu de la Naif- r- ci MM}/* .ç (:«?w 3)?'^»'^«? i^ (:"™?<^ fance , félon la chair , de Jéfus Chrift r>»» Xe^7if , "^ ©£«• " « x-^e/^ cuioiKsh- nôtre Sauveur & nôtre Dieu , que le „,>--«, ci T.7« 7rt>.M,c,, ri-n.i K'.^?<'~'i 5" SeigHCur a permis qu'on rebâtit dans ces J\«yf.5, ^c") ;t«e* , j^ ^'"^'î'' gicux & autrcs Chréticns venus en dé« ;^i^iuSf, çJ^>i4<, hif ci trvMi-^» -rloi .w' if.2, >ir>^My.i o«..A,«,'» x^T^j^- ^vons crû quc nous devions dire en abre. ., , . „ , ., . ^ . eé nôtre lentiment fur les chofes dont finirai, ttiMi d-min , iva x.m (!) nuav ) ri 7m- " f. .,-r. «r A n. I ' _^^ KO,- *> T- . - rL o" accufe lEgliie Apoftohque , notre (»h%,^ .sjV « x.Ê.«, x«, ..y,?vx%<^^ j^^j.^ nourrice, afin de rendre manifefte -a^ Tffl, -i^m^xut , è (^«A«x.9-«ra sr^^ ^ jq^ jg njonde la Foi que nôtre Sei« rat ùytut mt-A^av , •jii'ni zft£' ^ TO •«î'sïïJ®-, T^» cia*7i'«i« trcs ont préchée , que les Saints Pérès ont d.gj.}^'., fy.c^ „: ^(^«eJ'A'»'^^. ^ x««' gardée; & afin que l'itnporture des ad. .' , . ■ _ , '* _. 'ji ^ ,• ^ verfaires Ibit reconnue d'une manière con- . ~ ~ V . . X , ,„ . , , vamcante. CONCILE DE JERUSALEM. 167 $ ■'■"'' ^'«"' » «*>' f|£'n'»^i^5 *"'- J4V7ÏÇ > è îTtïtru '7mff7i9 «7!:AûJ^5 Ta* ïïi«5'A^»îîi' Il faut donc fçavoir que /« principaux de ces Hérétiques attribuent leurs erreurs à l'Eglife Orientale, fur ce qui concer- ne Dieu & les chofes divines, quoi qu'ils n^ignorent point la DoSîrine de cette Eglife^ mais ils l'accufent exprès pour tromper les ignorans. Car étant féparez ou arra- chez de la Communion des Occidentaux; y.x^iaiM •^fniYiirdj^oi ^ ixiffc^fS^'i , «»©• & aiant enfuite renoncé à toute l'Eglife ^ ..~ ; ■ ■ ' A • - • Catholique , & s'éteint élevez conifelle. ils , ., . , doivent être tenus pour Hérétiques , oC ^^»™«,. ...h « ^c,o, .cu,s, .«, y.x.i.. j^j^ g^ ^^j^g jg5 principaux Heréfiar- Jiy^«™» (£,■ /i« ,A„« t«5^b'9«« AV^^™ q^jçj. attendu que par tm excès d'amour »»^.^|«v) É;;?»W :^ ,^.x.•«* Pf« «^' .;^.v.^«i comme les Hérétiques, Se ne changent if^ài'c ;^^i<^ Jiii-/»/^'»? , c^ Tâi/ y.««' »>«? point de fentiment. Pour nous , crai- gnant que le tcms ne nous manque, fi nous rapportions les partages de l'Ecri- ture Se des anciens Pérès fur ce fujet , nous irons à nôtre but en déclarant ce qui s'cft palle parmi nous touchant ces dirputes. yJ^iniBpçn iinhil.<>fSfJ li iOQKti^oy. REMARQU E. CEs deux .Articles nous donnent lieu de faire trois réflexions très importantes. La première fervira pour confirmer tout ce que nous avons dît au fujet des ^ontradiftions manifcfks, qui fe trouvent dans plufieurs Chapitres £5? Paragra* phes CONCILE DE JERUSALEM. 173 phes de ce Concile. En voici deux qui fe fui'vent de fort près. Il ne faut que fça'voir lire ^ entendre le fens littoral de ce qu'on Ut , pour les découvrir. „ Il cfl: très évident [difent les Auteurs de ce Concile, dans le premier des deux „ Articles dont nous venons de publier le texte Grec ^ la Traduction Françoife] „ que les Calviniftes font inftruits de tout ce que l'Eglifè Orientale enfei- „ gnc : Et dans le fécond Article qui fuit immédiatement , ils répètent la même „ chofe en difant ^ que ces mêmes Calviniftes fçavent la Créance Orthodoxe „ des Grecs. „ Ils ne difent pas cela fans preuve , ni fans un très bon fondement , puis qu'ils „ déclarent en même tems ^ dans le premier Article^ que les Réformez fçavent „ cette Doétrine des Grecs par le moier. des Ecritures divines, 6c par la lec-. „ ture des Théologiens de l'Eglifè Catholique. „ Ils répètent encore la même chofe en des termes plus forts 13 plus énergiques „ dans le fécond Article. Nous difons [ajoutent ces Grecs dans un fens plus éten- „ du] que les Calviniftes fçavent fort bien l'Ecriture Sainte, la Doéhri- ,, ne des Pérès, celle de tous leurs Succefleurs, 6c nôtre Créance Ortho- „ doxe. f^oila un très bel ékge de la fcience (3 des lumières des Réformez , qui leur eji d'autant plus avantageux (3 plus honm-able qu'il fort de la bouche de leurs Ad- verfaires , £?* de ceux qui ne cherchent que des prétextes pour les calomnier; mais comment peut -on accorder cette parfaite connoiflknce de l'Ecriture Sainte, celle de tous les Pérès de l'Eglifè, celle de tous leurs Succelleurs, & celle des Grecs , avec l'ignorance que ces mêmes Grecs attribuent aux mhnes Reformez.^ dans un autre Article de leur Concile., puis qu'ils affirment dans celui-ci , qu'ils ont tant de leéture & tant de belles connoiflances? Puurquoi ces mêmes Grecs difent -il s, dans le Prologue de ce même Concile, que les Calviniftes ne fçavent pas ce qu'ils difent, ni ce qu'ils affirment quand ils- parlent des Dogmes de l'Eglifè Grecque, £5? que c'efl pour donner la connoif- fâiice de leurs véritables fentimens à ces Calviniftes, £?" à tout le monde qu'ils fe trouvent obligez de faire l'Apologie d.", la véritable Doctrine des Grecs Orien-- taux Orthodoxes ? Ces reproches d'ignorance , faits contre les Réformez, d'une manière fi outrageant te^ par ces mêmes Grecs ^ fe trouvent à la page z6f. de ce Volume^ fur la fin des deux colomnes du Texte de ce Concile., trois lignes avant la première remarque. Il n'y a rien de plus incompatible, ni dx plus contradiétoirc que ce que les Grecs de Jérufalem imputent aux Réformez dans cet Article ^ 13 ce qu'ils leur at- tribuent dans les deux autres , fur lefquels nous venons de faire cette Réflexion , . pour démontrer la mauvaife foi des Auteurs de ce Concilichide^ (3 celle des Doc- teurs de Sorbonne £57* de Port-Roial qui en ont cfé produire quelques extraits y (3 qui les ont mis au rang des preuves les plus authentiques q:!i fuient dans la grandir compilation des témoignages par, lejkuels ils ont prétendu déracnUer que leur Reli- ■ gion efl conforme à celle des Grecs C^ientaux^ On peut bien dire , après ce que mus venons de démontrer , que la plus grande conformité qui fe trouve entre les Eccléftafiiques de Jérufalem (3 le Clergé de France , confifie en ce que les uns i3 les autres font également menteurs , ^ en ce qu'ils s'accordent à donner leur Approbation aux impofîures les plus noires , (3 aux Ll 4, centr&'- 174 CONCILE DE JERUSALEM. rontraditlions les plus manifejles, comme il parott dans les trois Articles de letrr Conciliabule ^ mis en parallèle dans cette Remarque. La féconde Réflexion que nous devons faire , fur ces mêmes Articles , fera fort courte, car elle n'aboutit qu'à donner avis au L,e£ieur , qu'il ne doit pas manquer de prendre garde que les Grecs de J-érufalem , aprh avoir dit des injures aux Rê- fqr liiez , en ajoutant au nom de Calvinifes , VEpithete d'Hérétiques , leur font ame;ide -honorable i3 fe retraitent de ce faux préjugé , qui leur avait été mis dans la tête par les Do&curs de Port-Roial (^ de Sorbonne ; car ils déclarent ouver- tement dans le dernier Article ci-deffus , que l'Eglile d'Orient n'a point d'autre fjtntiment, ni d'autre Doctrine, que ïa Parole de Dieu, crijë de la manière qu'il faut. Tous ceux qui connoifj'ent bien la Religion Réformée , font perfuadez qu'elle n'a point aulVi d'autre fondement, que la Parole de Dieu, crue de la manière qu'il faut, ^ par conféquent fa Doêlrine n'ejî pas Etbérodoxe , ^ les Reformez y qui l'cnfcignent , ne font pas des Hérétiques, ni des Calomniateurs, comme les Prélats du Clergé de France l'ont voulu foîttenir , par la production de ce Concile de Jérufalem. D'oii il refaite que ce J'ont ces Prélats eux-mêmes {f? les Douleurs de leur Communion , qui font convaincus par cette déclaration des Grecs Orientaux ^ d'être coupables des erreurs l^ des calomnies qu'ils ont fauffe- 7nent ofé imputer aux Réformez , pour foùtcnir les Hérefies ^ les abus de l'Eglife Romaine. La troifiéme £5? dernière Réflexion, que nous devons faire fur cet Article, fer- vira pour l'infruêlion de ceux qui ne font pas bien verfez dans la connoiffance des matières qui concernent les difputes ^us les Réformez ont contre ceux de la Com- munion de Rome , touchant les Traditions Eccléjiafliques . Il y a eu plufieurs Controverftjles Proteftans très célèbres , qui ont fouvent dé- claré aux Docteurs du P apif me ., qu'ils ne refufoient pas de fe foûmettre, pour l'explication des points fondamentaux de la véritable Religion Chrétienne, aux Ecrits Dogmatiques qui font inconiejlablement reconnus des Sçavans , pour des Ou- vrages approuvez de tous les Saints Pérès , qui ont vécu pendant les trois pre- miers Siècles du Chriftiar.ifme. Et c'eft auffi le fens qu'on peut donner à ces pa- roles , par Icfquellcs les Grecs de Jérufalem déclarent dans l'Article du Concile dont il s'agit, que l'Eglife Orientale n'a point d'autre fcntimcnt, ni d'autre Doétrinc, que la Parole de Dieu, crue de la manière qu'il faut, & pieu- sement expliqjxf.'f par les Saints Pérès 6c les Traditions que les Apô- tres ont laifl'écs de bouche, & que les mesmes Pères ont gardées jufqu'à nous, par le moien de leurs Ec*-its qui fe font confervez jufqu'à préfent. On trouve dans le même Article , que les Grecs de Jérufalem , en parlant de ces Pérès, trois ou quatre lignes plus bas, leur donnent non feulement la qualité de Saints y de Pieux, mais auffi celle d'Anciens Père s. Ce qui fait voir qu'ils parlent de ceux qui ont vécu dans les premiers Siècles, (J pendant que k Cbriflianifme n'étoit pas encore corrompu , comme il l'a été par les fauffes Tra- ditions des Doêleurs qui ont fait des innovations depuis le quatrième Siècle. Si les Papifies, voulant combattre cette Théfe, s'avifoient de demander quelles font ces Traditions que les Apôtres ont laiflèes de bouche, fans les inférer iJans les Ecrits Sacrez Sc Canoniques du Nouveau Teftanicnt ? On pourroit leur répondre ^ leur démontrer qne ces Traditions font celles que les Réformez CONCILE DE JERUSALEM. 275 fjf les autres Chré liens reçoivent également ; comme , par exemple , P ancienne coutu- me de fe repofer de tout travail le premier jour de la Semaine , qu'on appelle lé Dimanche, £s? de le confacrer entièrement aux exercices de piétés au lieu du Sa* bat: rancienne coutume de manger du fang , & la chair des animaux fufib- quez: l'adminiftration du Baptême par afperfion ou infufion, au lieu de la triple immerfion qui était en ufage dans le Chriflianifme naijfant , ^f plufieurs autres cbofes à peu près de la même nature^ qui fe pratiquent aujourd'hui d'une Tnamére différente de leur premier établijfement ^ parce que les Anciens Chrétiens^ inftruits de bouche par les Apôtres , eu par leurs Difciples , ont adopté ces ufages »vec fappr ébat ion de toute l'Egîife Chrétienne ^ avant qu'il y eut des Schifmes com- me ceux qui font furvenus dans la fuite. Voila pourquoi cet Article du Concile de Jérufalem , bien loin d'être oppofé aux fentimens des Réformez , ejî au contraire très propre à confirmer leur Doclvine^ car il eft d'ailleurs très manifefle que pouf leur infiruclion^ ils ajourent à la Parole de Dieu , crue de la manicre qu'il faut, non feulement les pieufes interprétations des Anciens Pcres , mnis ai:lH les explications qu'en font tous les jours les Minières du Saint Evangile, 2c les Pafteurs des Eglifcs Reformées, dans leurs Sermons publics, dans leurs inftruâions particulières 6c dans leurs Commentaires, approuver, par les Sy- nodes Eccléftajîiques £5? par les Théologiens de leur Communion: De tout cela on peut conclurre qu'il y a une grande différence entre les Tradi- tions Apofloliques des Grecs y les Traditions humaines des Latins, parce qus les Chrétiens Orientaux n'établiffent pas de nouveaux Articles de Foi fur ces Tra* ditions , comme font ceux de l'Egîife Romaine , qui reçoivent ce qu'ils trouvent dans les Ecrits des Pérès de l'Egîife , tant Anciens , que Modernes , avec la mê- me déférence , £5? avec la même fourni ff on , que ce qui ejl contenu dans les Livres Sacrez i^ Canoniques de la Parole de Dieu , fuivant le premier Décret de la qua- trième Seffion du Concile de Trente^ figné par les Prélats de l'Egîife Romaine le 8. Avril 1546. Il paroît, au contraire, que les Grecs de Jérufalem, ne re- çoivent dans cet Article dont il s'agit, que les Traditions des Anciens Pé- rès comme des Explications dont on peut fe fervir utilement pour découvrir le vé- ritable fcns que les premiers Chrétiens donyioient à certains paffages de l'Ecriture dont on ne peut , quelque fois , donner auctini interprétation certaine fans connaître les maximes des Anciens auxquelles ces paffages font allufwn : comme lors que l'A- pôtre Saint Paul parle dans fa première Epitre aux Corinthiens^ Chap. x^.vcrf 29. de ceux qui font baptifez pour morts. On peut fort bien, en ces occaftons là, fe fervir des plus anciennes è? des meilleures Traditions, pour interpréter les paffages de cette nature, mais non pas pour en tirer quelques nouveaux Articles de Foi qui aillent du pair avec ceux qui font clairement révélez dans l'Ecriture y reçus depuis la naiffance du Chriffianifme jufqu'à préfent de tous les fidèles Chrétiens. Le Lecteur trouvera Fufage qu'il peut faire de cette Remarque contre ceux de TEglife Romaine, dans nos Axiomes Juridiques 7nis fous les numéros g. 6. 7. 8. 10. 19. 2X. Cff 44. Et pour ce que nous avons dit au fujet des Articles contra- diêîoires i^ incompatibles on doit y appliquer les Axiomes 11. 45. 48. 6? fur tout le 75". Foici la continuation du vtême Concile de Jérufalem 13 la traduSlion littérale M m ^f ^ 176 CONCILE DE JERUSALEM. des Jrtîcles quifuivent immédiatement ceux qui ont donné lieu à ces trois Remar- ques. MtTB ^ W7»«"TO 'i-n -f As^'j" f»'>'''«f . Cinquante ans après Luther , Martin » ^ T^ç.yf,; f T'-ii^n^U M«?7î.©- KfiS- Cr/(/?/w , 6c quclqucs autres fçavans Lu« ^ ^ „ ^ - j ' thériens de Tubinec en Allemaene, en- ^. ... ..... voiercnt des articles de leur créance a ceux qui gouvcrnoient alors l'Eglife de Conftantinople, afin de voir, comme ils 'iTTifi-^M m xKpù^ctjx -f cij^i(nui cwTùf -nS difoicnt , s'ils étoicnt dans les mêmes •n^i^;™ OT,A«A<«jy«»T: -ri -bAoTov -^5 ci K«»- fentimcns que l'Eglile d'Orient. Ce cé- lèbre Prélat leur écrivit trois fois aiant compofé des Difcours contr'eux , ou , . , „ , plutôt des 'traitez Dogmatiques ., où il ré- r-«., («5c«irm.Aïî5v) . 3 «„v<^c.^i,- fyj^jj jp^j^g^ j^^jj.^ Hércfics, d'uHc ma-. ,©- 7«f.5 ^k £W,«5, ^ x«r «e/v«» ^wn- „iére orthodoxe 6c théologique, ÔC leur ^à-i^a.Tc xiym , urav <«y^«77xà? >j»ïKg^- enfcignoit toutcs Ics opinions qui ont etti, -rminu» /^ ')iox<,^x.2<; yi, é^'^lo^m ixîf- été confcrvées dans l'Eglife d'Orient de- ;t&» «tî-rà» ai'i>im , ymmv 3 yn^fj-iit ùç)ih%n puis Un tcms immémorial; à quoinean» ^Kuji» iinxmtK(mmM t.," «varoAiieu" l>i.x.\n^ k ^içtf^si, a-mi-ni Tf rdOnCC a Ja piCtC. y /O t I If VJnhuct ;(;«)5-i<« j 1/ ùàSau R E M A R. Q^ U E. L£j Traitez Dogmatiques du Patriarche Jérémie ont été imprimez en Grec ^:' en Latin à Wirtemherg T an 15" 84. c'efi pourquoi le Lecteur ejl prie' de voir cet Ouvrage^ 6? il y trouvera juftement le contraire de ce que les DoUenrs de Sorhonne y de Port-Roial ont fait entendre aux Grecs qui ont forgé ce Conci- liabule de Jérufalem. Ceux qui Ti" auront pas le moien de confulter ce Livre pour- ront en trouver des Extraits dans la Réponfe que le Minijîre Claude fit aux deux Traitez de la Perpétuité de la Foi de VEglife Romaine. La Jeptiéme Edi- tion qui fut publiée à Charenton chez Antoine Cellier Van 1668. efi augmentée à la marge despajfages Grecs qui font citez dans le texte du Livre. Ceux qui ont cette Edition pourront voir de quelle manière le Patriarche Jérémie s''efl expliqué fur les demandes qui lui furent faites par les Luthériens de Tuhinge , £9" ils y trouveront de quoi fe convaincre que les Difcours de ce célèbre Prélat Grec ne font J'«j^ contraires aux fentimem des Réformez .^ 13 que par conféquent les Grecs de Jérufalem font des impofieurs très impudens dont les témoignages ne font pas honneur aux Prélats de France^ qui les veulent faire pa fer pour des preuves incontejîables is..l& vérité de la jR.cligion Romains, Un fcul paffage tiré du Chapitre 10. de la pre- CONCILE DE JERUSALEM. 177 Dremiêre Réponfe de ce Patriarche , fuffit pour confondre tous ces Docleurs fi célè- bres de VEdife Gallicane. Cette Réponfe qui concerne la grande 13 importante Contrôler fe de la Préfence réelle £5? de la Tranflubftanciation , foûtenuë par tous les Théolonens de VÈglife Romaine -^ porte très expref huent .^ que Jéfus Chrifl: ne donna pas à manger à fes Difciples la Chair qu'il portoit, ni fon Sang à boire Les propres termes Grecs dont le Patriarche Jcrémie jV/ fer'-ci dans ton- te cette Réponfe , font imprimez, dans VOwcrag» du Minifîre Claude //^r la fin de la paoe 455. é? dans celle qui fuit ^ oit nous r envolons le LeEleur pour abre» per cette^Retnarque , 6? pour pa fer aux autres qui font remplis de pareilles fauffe^ tez , fuggérées aux Grecs par les Docleurs de VEglife Romaine^ comme il paraître très évidemment par la fmple narration des faits £i-apris tirez de r Original de ce même Concile. Xiéi TitTS-re 'S y-'J^ Ï!;=u:S , luxttr,ç n^ît/ç a Stf^J®" o iJ" n£A«7rej(iiPK , |iti)7Ç«!raA(7))5 ta' ôvfnn'tf «JVPii^«» ) c'y cà e-tws^cc-^î nSei a UÇcif fTrleC 7^5 >($t9ïA(X;?ç <^XXA'Î57«4 y.v:pi^atv £1 èv Ttr/lvC 'TTKV'Jzi et CVcWTlOt iWo: j Ù Devant ce Patriarche Jére'mie , Jean Nathanadt Prêtre 8c Oeconome de Cou- ftantinople, dans fon Expofition de la Li~ turgie^ 6c après lui Gabriel Sévère, Ar- chevêque des Grecs de Venife, dans fon petit Traité des fept Sacremens de l'E- glife , ont rapporté fort clairement les lentimens de TEglife d'Orient. Et non feulement ceux là , mai^ en« core plufîeurs autres ont écrit fur le mê. me fujet depuis peu de tems , comme nous le rapporterons quand il fera àpro* pos. Puifque nos Adverfàires fçaventdonc toutes CCS chofes, 5c que la plupart de ces Livres font imprimez chez eux : vc« nant après à nous accufcr, il efb clair, que ce n'eft pas qu'ils ignorent nôtre foi, mais que c'eft par une grande im- pudence qu'ils tâchent , pour furpren- dre les plus fimples , de nous attribuer des chofes , qui ne nous conviennent point. Mais on leur peut bien dire ce qui eft certain, que la vérité eft fimple, au /.uxiih 3 ■" •J'-''. i>» «i xxxtt 3trt ut- licu quc le menfonge eft tout au contraire. S'fu-mi, ri -TmsKaiTiAj,,,, m-n,7s rtsii -^vJs^ C'eft pourquoi CCS gens fc doutant bien :« raS-for >«jA<« fOT»i?J4,c, -i^K„«,„5 que ce qu'ils avoient inventé à plaifir, ..^^$.«y.., i^^j!,,^, ^ ^^A.^^* ,s dément ds ont eu recours a une autre ■ ^ ^^ ^ entrepnfe très pemicieule ôc aulli mal Mm 2 ? AAA« K»XSi hîytTzif Tisj», » ^j è âAi)- 17% CONCILE D E J E R U S A L E M. ? fin -ùao mii'm^ T c* rvif Eùpaîr>I cTiarS» fS/Jui j .a&^ûf^airui T «r© ■nas-tl^HS'TI' l-mt ci K«>fM>7ivK7reA^ ■miT^ci.^^fnU'ru. Ko- v>» ifcoXcyicW '^éfiH/â^lM cV Ki(ptt.>^Mcii aî- imirx ^ijîf "f ewXT^ixvs 'ticxXiin-ia; , »t\* èlix.'usi litù eàarcMxliiù txxXJtria» cfui» 4'?°" tSiV f «iç £xs7vot ^^ovQciy, «AX sù^t^wnv Ê •jK-Tmaii K^'Jvsmv , ?^;);.9-ij'sm«f yl tov ©s'w ira- ITf «Tt» , 071 Kt/g/iA?i«» H^ynit -niSitti cyiia- e^cit i w*T)^ixvi Ux^Yis-U, «î-raf tîy«/ (fxni' e< tù-n^HS'y î'"'^ (yxtinn Tmimi i'tii tu xi^i ei^iV^ X eùd'nXixâ» , fii oityt V xxjvf^ixni ixxXriTiiM. wariAixiTs îxxXria-lcts ôitaXoytit. TtTïif To» , Ïti Jt/»!» Jû-rt^tn, r, àiCfclTon ù- TiiftTrîtf in «T«î «î «vaj-oAixo'i XSuspe^op» •rail TO x£ip«Ai»<« xaJjTu > «lys |K6ê o*x» 7reA_ Zy-Tt' : , EjW £k5e»i; m cAr/7/^ a dit queU- que chofe de cette nature a quelqu'un en , ,.-.-,. particulier, ou à pluiîcurs , ï/j«^- .Aj^»» T. ^^,, «^ ,| i, ,,^„ È KJe^»o„,. fçavent ce qu'ils difent. Il falloit , s'ils -^ È -M Ki,ô«'aak 7reA!X« ot^T» (JVî^j.^f'i» K«&»'/A» tf^l^, c* îï )^ TivtK è^Xôpài ■nJiXfSf) ci voient fe fervir du témoignage de ceux qui ont connu Cyrille dont il y en a encore plus de ^ix mille en vie. "Mais le fait cft tel , que , ceux qui ne con- noiflent point Cyrille , foûticnnent qu'il étoit dans leurs fcntimcns, qu'on regar» de comme des hércfies , & ceux qui ont demeuré plufieurs années avec lui , dans fes propres appartemens , & qui étant -dans fa confidence très intime , fçavoicnt tout ce qu'il faifoit 6c tout ce qu'il di. foit , aflûrent qu'il n'avoit point les opi- nions qu'on lui attribue, C'eft pour- quoi , on peut tirer de là cette conclu- fion, que Cjr/Y/f n'a jamais rien dit, par- mi aucun des Orientaux , de ce qu'on publie de lui, & on peut fuffifamment démontrer par le témoignage de ceux qui ont vécu familièrement avec lui , qu'il n'a jamais été reconnu dans l'Egli- fe Orientale pour un homme, tel que les Adverfaires ont la vanité de le vou- loir foûtenir. En fécond lieu , [ on démontre que leur prétention efl mal fondée] parce qu'il n'y a AUCUN Ecrit de la propre MAIN DE CE Patriarche, conte- nant QJUELQJIE CHOSE dc Ce qUC CCS Etherodoxes témoignent , qui ne foit fufpeft. iTroifiémcment, parce que nous avons, non feulement plus de mille témoins oculai- res dz la P I E T e' reconnue dc Cyril- le, qui ne lui ont jamais rien entendu dire qui ne fut orthodoxe; mais encore nous avons un grand Livre in folio écrit de la propre main dc Cyrille, dans le- quel on trouve les Homélies qu'il a prê- chées à Conftantinople les Dimanches êc jours de Fêtes , £c qui contiennent des chofes oppofces à ces Chapitres fup- pofez, c'eft pourquoi nous joindrons ici quelques extraits de ces Homélies pour confirmer cnticrement ce que nous ve- nons de dire. R E- CONCILE DE JERUSALEM. 2S3 R E M A R Ci U E. IL n'y a pas un mot ..^ dam ce premier Chapitre du Concile de Jêrufalem ^ qui ne fcrve à prouver d'une manière très folide ^ très évidente , que ceux qui l'ont compofé 13 f'g^^i <^^'i>' ?^' Vont fait forger i3 qui ont vfé le produire^ comme uns Confeffion de Foi ftncére des Grecs, font également coupables d'ignorance, d'cfFron« terie & d'impofturc. Nous avons démontré cela d'une manière irréfragable dans vos Remarques précédentes , 6? ceux qui voudront prendre la peine de jetter les yeux fur /f/ Manuscrits Originaux des vinct-sept Lettres du Pa- triarche Cyrille, Ij fur celui de fa Confeffion de Foi, que nous avons mis dans les Bibliothèques publiques de Leyde (3 de Genève , feront parfaitement convaincus que jamais on n'a vu dans VEgïife Chrétienne un fi grand nombre de faux té-» moins, qui aient eu Pirapudcncc de nier, comme font Meffieurs de Port-Roial , Cs? les auteurs du Concile de Jerufalem, des faits auffi inconteftables , que le font ceux dont ces Lettres Originales du Patriarche Lucar font remplies, de même que les ^«/r^j Manufcrits , ^ /ej autres Pièces authentiques que nous pro- éhiifons dans cet Ouvrage. Mais puis que les DoUeurs de Sorhonne £s? les Prélats de France veulent foûte- Kir ces noires impoftures, qui fervent de fondement aux erreurs £3* aux idola'» tries de VEglife Romaine , nous avons de quoi confondre maintenant ici tous ces fa- meux Controverftfies , en les combattant a/cc leurs propres armes, i^enprodui- fant conîr'eux les déclarations & les Atceftations de ces mêmes témoins qu'ils ont voulu faire paffer pour des Grecs Orthodoxes, irréprochables, £c non fuf- pe£ts, quand ils ont mis leurs Ecrits au jour , contre les Protejians £5? les Ré' formez. Voici donc ces mêmes Grecs irréprochables, qui rendent témoignage, dans les mêmes Ecrits, en faveur du Patriarche Lucar, ^ de tous les Réformez. Ils déclarent , dans ce premier Chapitre de leur Concile de Jerufalem , que ce Patriar- che n'a quitté le Siège d' Alexandrie , que parce qu'il fut élu pour occuper celui de Conflantinople, par le Confcntement unanime, Ôc par les Suffrages de 7 0UT LE Clergé' de ce Patriarchat. Ci? ne fût pas donc par les brigues & les cabales des Hérétiques : ce ne fut pas donc en faifant empoifonncr le Patriarche Timothée fon Prédécefleur dans un Fefïin chez V Amhaffadeur de Hol- lande : ce ne fût pas donc par des voies fimoniaques, ni en donnant de gref- fes fommes d'argent, prifes à ufurc des HoUandois, ni en donnant plufieurs bourfes pleines d'or au Grand Vizir, & aux Officiers de la Porte Octhoma- ne, ni aufli en extorquant tout ce qu'il pouvoit des uns & des autres, ni enfin par tics rnoiens obliques Sc par un excès d'ambition, comme l'ont pu- blié les Hiftoricns Papiftes, qui ont écrit la Vie de ce Patriarche, & les Doéleurs de Sorbonnc ôc de Port-Roial, qui ont foûtenu ces Calomnies, & qui en ont rempli leur Ouvrage de la Perpétuité de la Foi, comme on le peut voir dans les Extraits que nous en avons mis dans la Diflcrtation Pré- liminaire de ce Volume, depuis la page %. jiifqu'à la i6- &C en plufieurs autres endroits de ce même Livre. Nn Jl 284 CONCILE DE JERUSALEM. // efl auffi très évident que tout ce que ces Doreurs 6f Prélats de la Communion de Rome ont publié de nmivais contre ce Patriarche , font de pures Calomnies de leur invention, pmfque tous les Grecs qui l'ont bien connu, Se tous ceux qui ont converfc familièrement avec lui, plufieurs années, en ont parle très avan-. taeeufement // > a ^ien plus, c'eft que Tes propres ennemis, c'eft .,., , ci«^» 5 .A,V. è 5' >..5 «î^, K.'. nople devant le Cierge Se le Peuple. ^ • ■ , ^ ^ . Contre le premier Chapitre. EXTRAIT l« <«-, «5 -M ïfi«^« 5?^'"" •f'^'*^- ^^ T Homélie de la Nativité de Chriji. KAi b /fV »:» ■îjKîi' ^^'i » "■; ©t« fît Ïh'^ 3^ "^ ^°"^ ^'^'^^^ r^^ maintenant ' «^ ^'^\..ik r^-rit -TmTip. ^^ pourquoi il y a trois Perfonnes en . - 7, ^ V ' ~ V ~ . un feul Dieu; cc pourquoi le Père eft . - T 0' Père; ce le Fils ell Fus; cc le baint r.i« ^^;p fci,^ «,«,„^. i -^H «*««"« -v 3¥»«- prit eft Saint Efprit; Sc comment le Pé- 3^ mcTçW j«ô»», Ê 7î wiîjK» w-mféj- j.g fg^^ ç^ £-^j^g Principe, Se le Fils pro- mi -îo- •à't^P^ ^|^nii% Tmt%o%, E» CONCILE DE JERUSALEM. i8j duit du Père feul par la génération, ($ le Saint Efprit procédant du Péfe feuL EXTRAIT ir. -ni lii ■M nmtiiis^' o(*iA(W. De PHemelie de la Pentecôte. OmWf s» Ut ■;«?, è^ -T^-msûfat, «X- TE Pérc n'cft point le Fils, ni le Saint ^ X,«- -ri. f« , È ci.^f.c'4 - ^sï- *^ Efprit: mais il engendre le Fils, 8c . .. ,' . - z _„,,, * , ' produit le Saint Efprit. Le Fils eft en« '^ . , ^ , / .„;, voie par le Pérc & par le S Efprit : car le ^^. i ^ ..g.®-, y, - ^e.^« «.r. «^- gg- ^çyr jjif . £^ y^^^ £^^^Y w'^ envoie'. ^xrA f,i. -ri ■nvtiu» -^u^T^ -B^ ^rfos j^ Saint Efprit eft envoie pr le Père Ê ■/■» «3©5 àyitiirfc» 7^"ç KTJcroiî. iy.m^iûi'^ 5 g^ p^j. ]g pjjg^ pgyj. jjj fanftification des x« -ri ■T^auo. , «»' cru sKmftui, f2ar tout de même que l'Efprit envoie ; 3 -awTOf) mfCTTu fSfi ri» ^ii , è fiit^ u'tut' jg Fils, fâns qu'on puifle dire pour cela iûi'tKinfiii. qu'il l'engendre: de même auÂl le Fi!« envoie l'Eforit , & cependant il ne le produit pas. Mais h Père feul produit fiibjlantiellerhent le Fils , qui eft envoie de iâ part. R E M A R CL U E. LEs DoSteurs de Pmt-Roial (^ de Sorhme ont fupprimé ces deux Extraits des Homélies du Patriarche Cyrille, dans leur T'radunion Françoife mife au rang des Preuves authentiques dans le VIII. Livre de leur Perpétuité de. la ÎFoi, parce que la Doctrine de ce Patriarche dans ces deux Homélies efl conforme à celle de tous les Grecs non Latinifcz , qui foîitiennent q^tie le Saint Efprit ne procède que du Père feul par k Fils , 6? qui regardent cet Article de leur Créance comme Tun des principaux qui les oblige de n'avoir point de Communion avec l'Eglife Romaine. Les Proteftans ^ les Réformez regardent ce Dogme des Grecs comme une' opinion erronée , Kiaii cela ne nous empêche pas de nous en prévaloir contre les Auteurs du Concile de Jérufalem IS contre ce grand nombre de DoUeurs de Sorbonne ^ de Prélats de l'Eglife Gallicane , qui Vont produit contre les Réformez , pour la con- damnation de la Doéîrine du Patriarche Cyrille Lucar. Et voici comment on le peut rétorquer contr''eux. Nous difons , en premier lieu , que ces deux Articles des Homélies du Patriar- che Lucar inferez dans r Original Grec du Concile de Jérufakin , fervent à con- damtKr le Patriarche Dofithée £5? tout ce grand nombre de Métropolitains , d'E- véques, d'Abbez, de Moines 5? d'autres Ecckfafiques Grecs qui ont /igné ce Nn 2 Ma* 1^6 CONCILE DE JERUSALEM. Mcinufcrit Synodal^ fuifqiie c'eji par leur propre témoignage qu'on prouve juridi- quement qu'ils font des impojleurs ^ car il n'y a perjbmic qui puiffe maintenant s'inferire en faux contre la Cunfeffionde Foi du Patriarche Cyrille, ni contre cet- te grande quantité de Lettirs , toutes écrites de fa propre main i^ dont nous avons les Originaux comme il a éti démontré ci-devant j or cette Confefion de Foi ^ ces Lettres contiennent phcfteurs déclarations très exprefes que ce Patriarche a toujours enfeigné i3 foûtenu, que le Saint Efprit ne procède que du Pcre, (^néanmoins, les Auteurs du Concile de Jcrufalem accufent ce Patriarche d'avoir enfeigné le contraire dans le premier Chapitre de fa Confefion de Foi. Il n'y a rien de plus. faux ^ ni de plus mal fondé que cette accufation. On n'a qu'à voir ce premier Chapitre de la Confeffion dont il s'agit ^ à la page 158. de ce Volmne Q après l'avoir confronté avec le Manufcrit Original configné dans la Bibliothèque de l'A- cadémie de Leyde , ou fera pleinement convaincu que les Grecs de Jérufalem étaient des fourbes^ qui atteftoient .^ par leurs fignatures propres y tout le contraire de ce qu'ils fçavoient , pour faire plaifir au Clergé de France. Nous difons, en fécond lieu , que ces mêmes Prélats du Clergé de France , fonfi coupables de la même impoflare que les Grecs de jérufalem ^ ijf d'une autre qui eji encore plus contraire à l'équité (^ à la bonne foi. Car il paroît dans le Prologue du Concile figné par ces Grecs.) (^ dans la Legalization^ qui en a été faite par M. de Nointel, Ambajjadeur de France à la Porte Otthomane ., qu'il a été dreffé fur les Mémoires venus de Paris ^ avec la Relation de ce que le Minijlre Claude {j? les Réformez de PEglifi de Charenton enfeignoient . Or ce Alinijlre avoit produit quelques Articles de la Confeffion de Foi du, Patriarche Cyrille Lucar contre Mef- fteurs de Port-Roial , tels qu'ils avaient été extraits de l'Original même de cette Confeffion, qui fut imprimée à Genève ., &* rendue. publique en France., i§ parmi tous les Protefians £s? les Papiftes, de forte que ces DoEleurs de Port-Roial (^ les Prélats de France fçavoient fort bien que le Patriarche LiUcar ■ n'enfeignoit point une DoSlrine contraire à celle des Grecs de Jérufalan dans le premier Chapitre de fa Confeffion touchant la Pcrfonne du Saint Efprit., i3 par conféquent ces Contro- verfiflcs de France lui ont imputé des fentimens qu'il n'avait point ^ ont falfiffé ce premier Chapitre de fa Confeffion^ pour le rendre odieux aux Grecs dans tout l'Orient, afin qu'ils l'anathématifaffent comme ils ont fait ., fur ces fauffes accu-' fations des principaux Ecclefiafliques £3" Prélats de France ; c'ejl pourquoi nous avons raifon de dire qu'ils fe font rendus coupables en cela , d'une très mire im- pofture > £9" nous fsûtenons fur le même fondement qu'ils demeurent convaincus d'ui- ne autre qui n'efi pas 'moins grande^ puis qu'après avoir fait forger le Concile de Jérufalem fur cette fauffe té ., dont ils étaient les Auteurs ^ ils ont pouffé leur mau- vaife foi encore plus loin , en le produifant contre les Réformez , (^ en leur foûte- nant que c'était une Pièce très authentique , faite par des Grecs non fufpeSts., qui s' étaient portez de leur propre mouvement à rédiger par écrit leur véritable Croian» ce dans tous les Articles de ce Concile. Nous pourrions faire voir que ces deux inftgnes impof tires des Prélats de France font accompagnées de plufieurs autres fauffetez ; mais .comme nous aurons accaftoa de les mettre encore mieux en évidence^ dans un autre endroit de ce même Concile^, 6? qtis les bornes dans lefquellcs nous devons nous tenir pour éviter la prolixité , ne nous permettent pas de fairt cette Remarque plus longue , nous allons continuer l'Extrait C a N C I L E D E J E R U s A L E M. 287 V Extrait des antres Homélies du Patriarche Cyrille, en furcant mot à mot /'O- rigiiiaî du même Concile -^ dans lequel les Grecs de Jérufalem les ont inférées. On verra dans ces Extraits une cb'jfe étonnante^ c'ejl que les auteurs de ce Concile produifent des Homélies de ce Patriarche qui fervent à confirmer la Doctrine con^ tenue dans attt même Confeffion de Foi qiCils prétendent de condamner (^ de dé- truire, en marquant à la tête de chaque Article que les Extraits qu''ils y produi- Ccat rnnf rnntie les Chabitrcs de cette Confefhnn . /lu^ih dfftdnpnt ftav leur ntimpyr Kl/g*».*', EN f^ifi XfttB'tiJ 0 Xsyoifi/t:iS'fai f tXH c-tf tar ait <;i:;*t5 [Axs-n^av ^ àiii fi?rtp'f.? vu Tnçtu-^ç, msvfixn t^x-^i, Tn^'jotS^ tii o y^e'fi^^ bT&^ Ek 7« os lîiù Xg^tb! jîofjj:» aura ii^iXtetf, O EXTRAIT. Z)« Sermon de Cyrille pour le Dimanche fans Viande : c'eft à dire un Dimanche pendant lequel les Grecs ne mangenc point de Viande. Contre le fécond Chapitre. A Tant mis à part les raifonnemens qui ont du poids quand il s'agit des cho- fcs naturelles, venons maintenant aux matières de la Foi qui ne font pas éta- blies par le raifonncment mais par Pau. thorité. Car c'ell la Foi feule qui leur donne toute la certitude qu'elles ont: comme par exemple nous croions que l'homme a été formé de Dieu. Mais comment eft-ce que cela eft venu à nô- tre connoiflance, fi cen'eft par le témoi- gnage de Moïfe que nous îçavons n'a- voir pu mentir , parce qu'il a écrit par le mouvement Se l'infpiration du Saine Efprit ? Nous croions de même que le monde doit finir. D'où l'avons nous ap- pris , fi ce n'eft des Evangelijles qui noHs ■ l'ont cnfeigné? EXTRAIT. De VHomelie du même Cyrille fur la Na- tivité de Chrift. 'Écriture eft appellcc lé Ciel^ parce ^qu'elle contient la Lettre 5c VEfprit Nn (/ii^;î>.^ 2S8 CONCILE DE JERUSALEM. i-^,>.,i ïffxcc Sih^ -J!^ «*&•'« -"'i *"?•''« » qui portent le nom de Ciel. Le Seigneur , , . .' ^.-^ •' j Ji^ /»««. ; vr- en a donné une grande intelligence aux , . , . K- • - r ' •' ^ ^,/ laees , oc les autres en ont une moindre. :, ,. » T- - k, ■^•' • ' Ccft pourquoi 1 Ecriture dit /^Qf/«'?iraucS -vii n^slta \ aE quclIc manière eft-ce qu'il ap« î Bti tie^<.«ï i-'pelle? Cela fe trouve dans le Tré- «<5*6*rA. «^''«î. «»««r-«"5, J^«'*. <2«AW for de laSagefle de Dieu: la Prefcience, ., <.;-, ► „ - a;, 4, -I' ' la Predcftination , la Vocation, la Jufti- j , _ ,, „ ' . „ ncation , la Cjloire. Aucun de ceux qui ^ ©s^, x«, «,.(^ , <«x«<(»-. , on «,^^ „,^^Q,jç p^5 . pjçy p^j. cesmoiens , quel- (Tï. £.» iV» d£«^ »« .^ .« t;gj e que Saint ou Jufte qu'il foit, ou quelques îî» r ew x*s^*> ^ ^ Ti A»ya T«,. autres qualitcz qu'il puiflc avoir , il ne peut être fauve en aucune manière. Ce- lui que Dieu veut iauver il veut aufll qu'il ait fa Grâce Divine Sc le fecours de fa Parole. \ %K -f f<^ tîtù u-^aatt ôfu)i.ltK4 •ja-yo» TtiV^ > si» «A«ç , êÀtcriafta, Ur, (^ tiT «ùra Èot 73 xiAj'y. È J^»7i ««As^ !àA«)«î'ftlJ TRtp' l);«lî» , «5 %A%J' ©SK. o '^' ©£05. "S EXTRAIT 2)^ r Homélie après l'Exaltation delà Sain~- fe Croix. Contre le quatrième Chapitre. TOut ce que la Souveraine Bonté crée , elle le crée non feulement bon , mais aufll elle l'aime & le dirige au bien: autrement ce ne fcroit pas feulement un défaut de la Créature , mais aulH- du Créateur. C'eft pourquoi il veut que l'homme qu'il a créé bon , n'aie point d'autre but que celui d'être bon. Et pour cet effet , il defire d'être loué de nous , comme nous voulant du bien , 6c fouhaitant, par cette même raifon , que tous les hommes foient fauvez. Néan« moins ou void que l'homme a un pen- chant tout contraire à ce but , Dieu di- fant au 8. Chap. de la Genefe , Vefprit de Vbo'mme demeure attaché au mal des fa jeunejje. Il regarde comme naturel , ce qui eft contre la nature, parce que cela Nn 4 K-,' 2^0 CONCILE DE JERUSALEM. tend au mal , quoi que l'homme n'ait ja- mais reçu de Dieu ( qui eft bon com- me nous l'avons dit ) cette inclination au mal , attendu qu'elle lui eft venue du péché , par la tranfgreflion de la Loi Di- vine. K«î fc:r .'/.>. "Et un peu après. Gi^ii ù iMpiç àxbmci Tî i^'Kfu/'rit fTxv- Tu defircs dc fçavoir ce que c'eft f-„; ,à fc>^r:i Tti -mr,^, È ,k ùy,nûi T que porter la Croix ? Le voici en peu iù^.,, -M^. rr. .; «^™»Tr;f j£..v, ^e mots: c'eft haïr le mal & aimer Dieu, , , ., ■ p , . ( comme il eft dit au Pfcaunie 96. ) Fous ,. , , „ ' , ■„^ T^" , V*'^ aimez Dieu , haiMez le mal. -Car le "I i ;^nrr, i nfiiTt^. introduit par Dieu le Créateur , mais par le mauvais ufage de l'homme per» verti. REMARQUE. TOus ceux qui fe donneront la peine de lire le troifiéme £f? le quatrième Cha- pitre de la Confeffion de Foi du Patriarche Cyrille Lucar , contenus dans les pages 249. ^ iyo. ci-deffus , rcconnoiîront facilement que les deux derniers Extraits de fes Homélies^ que nous venons de donner au puhlic , ff? qui font ap- prouvez par tous les Grecs qui ont figné le Concile de Jérufalem , fervent à confirmer les Articles de cette Confeffion de Foi de Cyrille, contre kfquels'les Auteurs de ce même Concile ont prétendu qu'ils pouvaient fetvir : mais ces Grecs de Jérufalem aiant été trompez par les principaux DoSleurs £5? Prélats de France qui leur ont envoie une fiuffe Confefjion du Patriarche dans laquelle ils lui imputoient des fcntimens qu'il n'avoit point en eftet, il e fi arrivé que les Grecs de Jérufalem ont fourni divers Extraits des Homélies de Cyrille qui fervent à faire voir que la Confeffion de Foi de ce Patriarche , dont les Réformez ont voulu fe prévaloir , parce qu'elle efi conforme à leur c; éance , «V_/? pas contraire à celle des Grecs non Latinifez , puifque Cyrille a prêché publiquement cette Doctrine devant le Clergé {if le Peuple Grec de Confi ant impie ^ (ff que bien loin d'en être cenfuré , on voit qu'après fa mort le Patriarche f)ofithée de Jérufalem , avec tous les JMciropoli- îains , les Evéques ^ le Clergé de fa dépendance , produifent les Homélies dans lef- ^uelles cette Dodlrine efi contenue , pour démontrer qu'elle efi très conforme à ce qu'ils croient (^ à ce qu'ils enfeignent dans toutes les Eglifes Orientales des véritables Grecs. Voila par conféquent ., Mcfîleurs les Dofleurs de Sorbonne & dePort-Roial convaincus d'erreur & de fourberie par tous les Auteurs Grecs de ce Con- cile 8c par leur pioprc témoignage , puifqu'ils ont mis cette Pièce au rang de leurs preuves authentiques . Les Chapitns 5. £5? 7. de la Confeffion de Foi du Patriarche Cyrille ne con- tiennent CONCILE DE JERUSALEM. 291 tiennent pas des matières qui Cont conteflks entre les Grecs ^ les Latins, ni entre les Réformez 13 les autres Chrétiens^ c'ejî pourquoi les Auteurs du Concile de Jé- rufalem n'ont donné aucun Extrait des Homélies de ce Patriarche touchant le Dog" me de la Divine Providence , qui eft expliqué dans le f . Chapitre , ni touchant celui de V Incarnation &f ceux de la Mort , de la Réfurreëîion ^ de V Jfcenfion de Jèfiis Chrill, dont PExpofitiun a été faite dans le 7. Chapitre de la même Con* fejftm de Cyrille. Foila pourquoi, en fuivant le Texte de r Original du Concile de yérufalem, nous allons mettre ci-dejfous les autres Extraits qu'il contient fur quel- ques autres Chapitres qui 71' ont pas été pajfez fous filence par les Auteurs de ce Concile. Le Lc£leur doit fe fouvenfr de cet avis dans la fuite & n'oublier pas aufïï que tous les Extraits de ces Homélies que nous venons de donner, & ceux que nous donnerons ci-après, comme faifant une partie très eflcntielle du mcrae ConciJe de Jérulalem , en ont été retranchez , excepté celui de l'Euchariftie , fur le Chapitre 17. dans l'Edition Françoife du grand Ouvrage de la Per- pétuité de la Foi de Meffieurs de Port-Roial , parce qu'ils ont vu que plu» fieurs de ces Extraits étant conformes aux fcntimens des Reformez, fervoicnt à la condamnation de l'Eglife Romaine , 6c que plufieurs autres étant con- traires à la Doftrine de l'Eglife Grecque fervoient auffi en même tems à dé- couvrir que les Auteurs du Concile de Jérufalcm étoient de faux témoins , fubornez par les Agcns du Clergé de France , dont nous allons encore dé- couvrir beaucoup d autres nmpoftures dans le Texte qui fuit. u. Contre le Chapitre huitième. De l'Interceflîon des Saints. EXTRAIT \ cvfJ.n^i>m , 'iv TratTU 2^ lit îcy.ytuTiti » tp>ir,. ttSlxi-ni yi «» «« i2S& , à fti ai aù-nii, à; c lo-jjcij'A tS M«<7«-^j i^ cvx, Du Sermon fait par le même Cyrille /»«• chant Sainte l'heophanie. EN confidérant attentivement combien de fignifications il y a dans le Nom du Monde , Se \oiantque Dieu a donné aux Anges \ç.Nom d'une autre efpecede Mon- de 6c qu'il dit que toutes chofes ont été faites pour l'homme , on en peut con« dure que cet autre Monde eft pour lui , à fçavoir pour fon fervice. De forte que s'il nous manque nous ne pouvons pas avoir accès auprès de Dieu : parce que de même qu'il n'étoit pas permis aux Ifraèlites de parler à Dieu fans la Média- tion de Moïfe , nous ne pouvons pas aulîi Jui faire nos demandes , ni nos prières , que par le naoien des Anges. ^ do RE. 2pi CONCILE DE JERUSALEM. REMARCLUE. IL n'y a jamais eu aucune Confeffion de F oides Grecs , ni des Papiftes , dans ' laquelle on ait exclus Jéfus Chrifl de l'Office de Médiateur; (^ déclaré c[u'on ne peut adrefler des Prières à Dieu que par l'entremife des Anges comme les Auteurs du Concile de JérufaUm le font dire au Patriarche Lucar dans T Ex- trait de r Homélie ci-dejjus. Voila pourquoi il efi très évident que ceux qui ont /igné ce Concile ne fça-voicnt pas la véritable croiance de PEglife Orientale , ni celle de VEglife Latine^ non plus que celle des Reformez^ puifque tous les Chrétiens de ces trois différentes Communions s'adreffent à Dieu par POraiJon Dominicale , fans le Almiflére des Anges ^ que ceux de la Cotnuiunion de Rome & ceux de VEgli- fe Grecque , qui ne rejettent pas Vinterceffion des Saints ^ celle des Anges , comme les Reformez , concluent néanmoins tous les jours dans leur Office public , les priére$ Eccléjiafliques qu'ils font à Dieu , par le Mérite Sc par l'interceffion de Jéfus Chrift. Cela étant un fait inconteflahle , qui efl connu [^ avoué de tous les Chrétiens fans exception , comment efl-ce que les Grecs de Jérufalem ont été affez impudens £f? ajfez mal avifez que d'ofer produire contre les Reformez , une Doctrine que tous les Chrétiens détejlcnt également , y qui efi même condamnée par le huitième Dé- cret de ce Concile de Jérufalem dreffé par Us mêmes Grecs , qui , en cela , fe con» tredifent formellement , i^ fe . condamnent , par leurs propres témoignages , comme on le verra ci-après , quand nous produirons ce huitième Décret , par lequel ces mêmes Grecs établirent la Médiation de Jéfus Chrift feul , après F avoir entière^ ment détruite par l'Extrait de F Homélie dont il efi -maintenant quefiion. Cette même Homélie fert auffi à démontrer clairement , y d'une manière incon- tefiable, que les Do&eurs de Sorbonne , ceux de Port-Roial i^ les Prélats de Fran- ce y nont pas feulement fait paroitre leur mauvaife foi en fupprimant cet Extrait dans leur T'raduUion Françoife de ce Conciliabule de férufalem , mais atiffi en pro- duifant les témoignages de ceux qui l'ont forgé à leur folUcitation comme des preti- ves irréfragables de la Foi Orthodoxe de FEglife Orientale ■, £5? de la conformité de la créance des Grecs avec les Latins. Il n'y aura jamais perfonne de bon fins qui ne reconnoiffe fort bien en lifant ceci y que tous les fameux Théologiens ^ Controverfifies de l'Eglife Romaine , voulant tromper les peuples de leur Commu- nion y par ces faux témoignages des Grecs fubornez (^ corrompus, font tombez dans leurs propres pièges , 6? ont fourni des armes très propres à détruire tout ce qu'ils ont voulu établir contre les Réformez. Voila par conféquent ces fameux Doâreurs & tous ces Prélats , fi célèbres, du Clergé de France , confondus par leurs plus authentiques témoignages êc par les confèquences de tout ce qu'on en peut inférer &c rétorquer con- tr'eux félon les maximes du Droit contenues dans les Axiomes que nous avons mis k la fin de ce Livre fous les Numéros 11. 5z. 43. 48. 64. 75. 5*7. Kelfti CONCILE DE JERUSALEM. ip3 K*7K ? hKXTH Ki^Clili. KxTK ? hr-xTu ÏX.TX xîtpxXaia, 2^71 g$i7u;; é^« ij I't» c^hVs m^Tm^iméjci- Contre le Chapitre dixième. EXTRAIT 2)^ V Homélie du Publicain t^ du Pha- rifisn. LE Paftcur étant un homme ne peut pas veiller de fes propres yeux fur tout le Troupeau. Car il n'a pas d'au- tre moien de fecourir fes brebis que par la voix qui lui fert à les garder félon l'exemple du bon Pafteur, & du Prin- ce des Pasteurs Jéftis Chrift nôtre Seigneur, qui dit, Pére^ fai gardé ceux que tu ni" as donnez. Contre le Chapitre feiziéme. EXTRAIT De r Homélie du Baptême. IL y a trois fortes de Baptême , à fça- voir celui qui ctoit repréfcntc par l'ombre de la Nuée , le Légal & TE- vangelique. Le Légal £c celui de la Nuée font mis dans l'Ecriture comme des Ty- pes £c des Figures. Le Baptême Pré- panitoirc tel qu'étoit celui du Précur- feur , a tenu le milieu entre la Loi ôc la Grâce. Car il die: Pour moi jevous haptife dans Veau , tnais celui là baptife du Saint Efprit ^ de Feu. C'eft pourquoi Saint Paul au 19. des Aétes a comman- dé qu'on foit baptifé. Et Saint Pier- re au Chapitre premier dit , amendez "vous , i3 ^ue chacun de "vous fait baptifé au Nom du Seigneur Jésus, Pourquoi cela? Si ce n'cft parce que le Baptême de Jean étoit Iculemcnt Préparatoire : mais celui du Seigncureft l'Evangélique par lequel le péché Originel eft effacé. Oo 2, ^'H 2P4 CONCILE DE JERUSALEÎ^. Ka/ jKiT oAij«* £#■ «« ^^a après. K«/ i,>«î .V« ,<,.>(»i, ift»^-n.>\oi ê» K3'- Il cft cerrain que nous naifTons pécheurs- >.lctt fiHT^ii ficK, ^ -îiço ^ yiSvoi «^«fi^a*, du fciiî de nôtre Mcre, & que nous fom- ccfSfi x.a-m.hhnff.iriBfin 2^ lîuj m^ym-ne*' Hics jufVement condaiïinez par la Senten- *lw ifutf-Àa*, ^ tIw imicui -n fiâxlirftâ cc qui nous déclare coupables du péché ft«* lAij'.Jsfa-^ Originel avant que nous aions connu le péché ; mais nous fommes abibus de cette condamnation par le Baptême. R E M A R Q^ U E. CEs deux Extraits des Homélies inférées dans le Concile de Jénifalem /ewenf à confirmer de plus en plus la 'vérité de la Confeffion de Foi du Patriarche- Cyrille, Se fur tout /e contenu des Chapitres lo. £5? 16. quoi que ces Extraits aient été produits contre la DoSlrine de ces mêmes Chapitres , par les auteurs de ce Conciliabule. Leur ignorance paraît ici derechef ^ ^ même beaucoup plus grande £5* plus crafe que dans les autres Articles précédens, attendu que ces miférables aveu- gles fuborncz, par les Agens du Clergé de France ., ont figné tout ce qu'on leur a pré- fenté de plus abfurde Q de plus contraire à la vérité , fans fe donner la peins de V examiner. En voici une preuve démonjlrative ; c'eft qu'en parlant du Baptême ils difent qu'on trouve dans le premier Chapitre de Saint Pierre , amendez vous , 2c que chacun de vous foit baptifé au nom du Seigneur Jéfus. Or tous ceux qui ont quelque légère conmifjance de l'Ecriture Sainte n'ignorent pas que ces pa" rôles fe trouvent dans le 58 verfet du Chapitre fécond des Adcs des Apôtres, l^ non pas dans le premier Chapitre de Saint Pierre. Car cet Apôtre n'a écrit que deux Epi très Catholiques où ce paffage ne fut jamais , outre que les 'Théologiens ne les citent pas de la manière qu'ont fait ces Grecs ignorans du Concile, de Je-' rufalem. Il ne faut pas s'étonner fi les Douleurs de Port-Roial £5? de Sorbonne, votant de fi grandes bévues dans les Extraits des Pérès fs? dans les Pajfages de l'Ecri' ture, rapportez à faux par les Compilateurs de ce Conciliabule , n'ont pas ofé les produire y ^ fe font trouvez contraints de les tronquer , pour en dérober la con* noijfance tant au peuple de l'Eglife Romaine , qu'aux Miniftres Réformez , contre lefquels ils fe font contentez de mettre au. jour l'Extrait d'un Sermon de Cyrille , .ajii, î? KVftâiav, if 'jiUfrA »? 71SÎÏ ) 4' «»«/|»i; ras ÈiraTtg/CKSs iTniXK-(,5^t>nui "^ rS x.XÙh»^ , oïl iirùjyi jj. ■lAOi, ^ «.-J-ni OTjy Tri >r,i. EXTRAIT jDe l'Homélie fur ces paroles. LeVaifleau étoit agité au milieu des flots. QUand tu reçois la Communion, que vois-tu? Du Pain 6c du Vin. Ne diftingues-tu pas ? Si tu ne regardes que cela tu vois un Phantôme : mais fi tu ouvres les yeux de l'entendement tu vois auflî le Seigneur. Tu y appcrçois auffi la Chair du Seigneur. Regarde comme les Difciples en ce jour. Ils voient com- me un Phantôme & en vérité. Quand ils virent comme un Phantôme , ils fu- rent troublez: mais quand ils rcconnurcnC en vérité , ils furent alors confblez, par- ce qu'étant délivrez de la tempête , le Navire fut fauve & eux avec le Navire. EXTRAIT Du Sermon fur l'Evangile des Cimi Pains. LE Seigneur rompit du Pain trois fois. Premièrement, dans la Cène Myjîi- qtie Luc XI. où il ordonna que nous re- culions la Vertu infinie de laDi- vinite', dans la Tranffiibjîantiation du Pain. R E M A R Q^ U E. CE dernier Extrait contient l'explication du véritable fins que les Grecs donnent' au terme ftETan'ao-jç , que les Latins traduilent/)^r celui de Tranflubftantia- tion , £5* que ceux de la Communion de Rome expliquent ^ en difant qu' il fignific le changement total de la fubflance du Pain £5? du Vin en celle du Corps (f? du Sang de Jéfus Cbrifi. Mais il paroit ici , que les véritables Grecs ?ion Latinifez , n'en- feignent pas ce changement fubftantiel du Pain £5* du Fin dans le Sacrement [de- l'Eucharijîie., quoi qu'ils fe fervent quelquefois du mot nenvellemcnt inventé pour- fignifier la î'ranfjubjlantiation. Il -ne faut qiie voir l'endroit de cette Homélie que h Pairiafcbe Cyrille a pro-- Oo J, nmicée- 29^ CONCILE DE JERUSALEM. voHcée publiquement dans la première de toutes les Eglifes Cathédrales de l'Orient ,, en préjence du Clergé Grec de Conflanlinople , pour être convaincu que la créance de tous ces Ecciefiaf.iques Grecs ^ celle de tous les Peuples de leur Communion , eji entièrement contraire à celle de PEglife Romaine , ^ qu''elle eft tris conforme à celle deccux qui nient la Tranjpibjlantiation, c'eft à dire l'anéantillcmenc & la tranf» formation de l'Ellcnce Matérielle du Pain & du Vin , en celle d'un autre Corps : tf? c'eji auffi ce que les Grecs ne croient pas. Cela paraît très évidemment par ces termes dont le Patriarche Lucar s'ejî fervi en difant ( pour expliquer la Tranfllibilantiation ) que Jcfus Chrifl rompit du Pain, dans la Ccne Myftique, i3 qu'il ordonna de recevoir la vertu infi. nie de la D i v in i te' dans la Transsubstantiation du Pain : // ne dit pas la propre Substance du Corps de Jcfus Chrift ni de fon Huma- nité', mais la Vertu de la Divinité' , c'eji a dire [on Efficace , fa, Force , fon Mérite , 13 c'efi là précifément la Doflrinc des Reformez, ^ur quoi il efl tris important que nous faffions remarquer à ceux qui liront cet Extrait ^ que non feulement il efl conforme à la créance des Réformez ^ à la Doctrine du 17. Chapitre de la Confeffion de Foi du Patriarche Lax<:?lt ^ que Mejfieurs de Port-Roial £5? les Docteurs de Sor bonne ont voulu combattre; mais qu'outre ce- la ce même Extrait £f? le Dogme qu'il contient a été approuvé par tous les Ec- cléfiafliques Grecs aflemblez à Jcrufalem, & qu'ils l'ont inféré danslcurCon- cile, en foûtcnant que le Patriarche Lucar a toujours cnfcigné publiquement cette Doétrine, qu'elle eft très Orthodoxe, Se très conforme non feulement à la créance des Grecs du Patriarchat de Conftantinople & de Jérufalem ; mais auffi à la véritable Doétrine Chrétienne, de tous les autres Grecs Orien- taux , qui font profeffion de fuivre , fans aucune variation , tous les vérita- bles Dogmes contenus dans les Livres Canoniques , 6c dans les Ouvrages de ia plus laine Théologie des Anciens Pères de l'Eglife Chrétienne. Foila pur confequent le Dogme de la Tranflubftantiation de l'Eglife Romaine condamné .y par les Grecs de Jérufalem (^ par tous les autres Chrétiens Orien- taux de leur Communion. "Tous ces Docteurs i^ Prélats .^i fi célèbres., du Clergé de France ^ font auffi con- fondus par les mêmes Témoignages de tous ces Grecs de l'Orient qu'ils ne fauroicnt rejetter comme faux , ;// comme fufpefts , lans paflèr eux-mêmes pour les plus grands fauflaires du monde , puifqu'ils ont produit ces mêmes 'témoins contre les Reformez, en fontenant que leurs dépoftîions étoient conformes à la vé- i ité , y nue le Concile dans lequel elles font contenues était une Pièce Originale très uiuthentique. Les voila donc condamnez juridiquement Sc fans appel j voil^ leur Dogme de la Perpétuité de la Foi , touchant la T'ranfjiibftantiatlon , renver- fc 6c entièrement détruit : Les voila eux-mêmes convaincus par leurs Ecrits de la plus noire & de la plus horrible de toutes les impoltures qui aient ja- mais paru dans le Chriftianifme. On doit appliquer ici les Axiomes furidiques dont nous avons marqué les Num^r ras fur la fin de la Remarque précédente. Voici maintenant la Conclujion que les Grecs de fcriifalem ont mi Ce pour faire h clôture du premier Chapitre de leur Concile. CONCILE DE f ô» £57» , £)(ji's-a x£iJ>aA«/V ? "è 'i--«5-ii l^airiri ri» ■mm xnpx^ujsii , >^ £^ to /n^M-mvmt vsjî- yç«Ç!â»j. -otT» ^ ttS* !nîî*5 > 1 «*■!!; T>Oç tKxXiietx^xif àixyitajaf vm^sraç tiHj^jn è >(5(ir»ç -f lin^atti Aon;, i^ Tiïï» \JKr» 'J^ ttïA- xifâfiA y.i.r,^y.àt f/A-n^a-^if in tiii tÙi x^}lxa> T fi.iyih.Vi Jra Aa^n^a. » xâymi cV tiJ f:nayoà.-\'»i xXt;^yJi > J^<<'&<«^ > Qtilcn(^ fii'/tef pijTCiJ • Zvpf^Xàf y i ^ HctuzsXdn E JERUSALEM, ipp cette Copie eût été fignce par les mê- mes qui avoient figné l'Original. Car TOUT Ecrit concernant la Foi, ou quelques affaires Eccléf.ajiiques ^ MIS AU JOUR PAR LE PaTRXaR- CH E, DOIT ESTRE ^ YNOD AL, c'ejl à dire, T Air 8c signe' tarutje de-. LIBERATION Synodale, après un EXAMEN PUBLIC, 6C Cnfitl INSERE.' DANS LES Registres de l'Egli- se Patriakchalh. Mais les Cha- pitres qu'on dit être de Cyrille, "bien loin d'être écrits dans ces Cayers , ne font pas même connus des Evêques, ni des Eccléfiaftiques, 6c encore moins des Fi« délcs parmi le commun Peuple, fi vous en exceptez quelques-un'; Encore peut» on dire , que ceux-ci n'en ont eu con» noiflàncc que par le grand foin que nos Adverfaires ont pris de faire fçavoir au Peuple, Se de fe vanter de toutes parts, que ces Chapitres, fi fameux, conte- noient une Expofition de la Créance de J'Eglife Orientale, & ik ont publié cela "j-jour féduire les ignorans 6c les fiirc tomber dans l'erreur, comme il a été dit au commencement, & je ne cesse- rai point de le répéter plufieurs fois. Troifiémement , il faudroit que ces Chapitres de C;;-///*? eu fient été tranfcrits dans le Livre (du Regiftre) par quel- qu'un des Eccléfiafi:iques, & non pas in- difiéremment par quelque Secrétaire Laï- que. Mais il n'y a rien moins que cebj car aucun des Eccléfiafl:iques , ni aucu- ne autre perfonne , ne les a tranfcrits dans aucun Livre de la grande Eglife, comme on y voit la Copie des Décrets qui ont été faits par les Synodes, tou. chant ce qui concerne la Foi, ou la Dif- cipline Eccléfiaftique, & principalement ce que le Seigneur Jéremie a publié con- tre les Luthériens, qui efl; contenu dans le grand Cayer: 6c celui qui l'a écrit 6c figné eft très connu fous le nom de néodofe Zugomale , originaire de Napoli Pp lv«i 300 CONCILE DE JERUSALEM. fur les confins de la Alorée. »(«>©- y^3re Aifjw'f », » rauchnSf v^p/,TUjy ùXXà finit ï»o; tî^mj-i Tut Te/.ar , s'jTnj 135-0 KwgÎAA» £|£ji'.9i»j Xaâ-^ajat t^ Ji- La vérité de ce que nous difons pa« roîî , delà, claire comme le Soleil. Car fi Jé>e>/ije écrivant tout feul aux Luthé- riens, & non fynodalement, maisdefon; chef particulier, voulut en mettre une Copie dans ce Livré , & la faire fîgner par le Grand Rtcleur, afin de rendre ce qu'H écrivoit digne de foi, & hors de tout.- réprchenfion; comment Cyrille ïz{- fant une Confcfiîon des Points de la Foi, au nom de l'Eglife Orientale, n'a-< t-il pas eu foin de la faire tranfcrire 2c fîgner, dans ce Livre, par les Evêques, ou par les autres Ecclélîaftiques ? Il cft donc évident que ces Chapiti'es n'ont: jamais été ccrits par Cyrille, ou qu'il les- a faits en cachette 8c publié fraudulcu* fement , puifqu'au lieu d'avoir obfervé ces trois forma) itcz dont nous venons de parler, il ne s'y en trouve pas mê« me une. REMARQ^UE. NOus a-vons trois réflexions à faire fur ce fécond Chapitre , qui font de iris- grande importance ^ non feulement pour ce qui concerne la publication des Sx-buit Chapitres de la Doilrtne du Patriarche Cyrille; mais aufîî touchant les Ouvertures que les Grecs de Jérufakm donnent en cette rencontre fur les formali- tez qui doivent être néceffairement obfervées par tous les Patriarches y autres Ec* cléfiafliques Grecs des ÈgliTes Orientales^ quand il s'agit de donner quelques Ccn-^ fefjions de Foi par écrit , ou des Atteflations fur les autres matières qui concernent la Religion. On void en premier lieu que les auteurs de ce Concile ds Jérufalem redoublent encore pour la troifiéme fois cette même proteftation , fur laquelle nous avons dé- Tnontïé ci-devant^ qu'ils étaient convaincus d'une très grande impofture : attendu qu'après avoir déclaré (^ reconnu , comme ils le font encore ci-après , que le Pa-^ triarche Cyrille Lucar a été anathématifé plufieurs fois pour n'avoir pas voulu publier quelques Ecrits contre cette Confeffion de Foi qui fut cenfurée par la Fac- tion des Grecs Latin fez, ou ennemis de ce Patriarche ^ qui fe déchaînèrent contre lui fix années avant fa mort 13 qui le perfécutérent publiquement à caufe de cette Confeffion.^ en Vaccufant de l'avoir publiée dans tout V Orient , ces mêmes Gréa de Jérufalem après avoir avoué £5? témoigné tout cela par écrit, dans le premier Chapitre de ce Concile .^ foîitiennent maintenant dans celui-ci qu'il n'y a jamais €U aucun Evêque, ni aucun Eccléfiaftique, ni même aucune autre perfonne de CONCILE DEJERUSALEM. pr jfle l'Eglife Grecque qui ait eu connoiiTance de ces Chapitres, ou qui ait en- tendu que Cyrille en ait quelquefois parlé. Voila fans doute une f.xuficté qui furpafle tout ce que les plus effrontez menteurs & les plus grands impoftcurs ont jamais ofé publier de plus contraire à la vérité, fur une matière fi gra- ve & fi importante, à la face de ceux qui ont mille preuves du contraire^ tirées des propres Ecrits de ces mêmes impofteurs. Foiez la confirmation de tout cela. dans la Remarque ci-dejfus à la page 279. & 280. Secondement , // paroît aujji par les Extraits des Homélies du Patriarche CyriU le, inférez dans l'Original de ce même Concile , par les Grecs dont nous par- lons ^ (3 imprimez fur la fin du premier Chapitre ci-deffus ^ que fi la Doctrine du Patriarche Jcrcmie efi adoptée dans toute l'Eglife Orientale^ i§ que fi ce Patriar- .che y efi reconnu pour Orthodoxe , parce qu'il a fait tranfcrir? dans un Livre de la pande Eglife de Confiant inople les Réponfes qu'il fit aux Luthériens d' Allemagne : Jes Dogf7ies du Patriarche Lucar, ont été enregiftrez ôc reçijs d'une manière beaucoup plus authentique de tous les Grecs Orientaux^ puilqu'après les avoir prêchez publiquement devant tout le Clergé i^ le Peuple^ comme les Grecs de Jérufalem le déclarent exprcflement dans leur Concile , ces mêmes Dogmes ont été rédigez par écrit de la propre main de ce Patriarche dans un grand Folume in folio, qui cft ccnfcrvé dans les Archives de l'Eglife Patriarchale de Jérufalem .f félon le témoignage de ces mêmes Grecs. Or puis qu'il paroît ^ par les Ex- traits des Homélies qu'il contient, que la DoElrine de la Confefjion de Foi de Cyrille^ n' efi pas diff^crente de celle qui efi écrite dam ce Livre, les dix-huit Cha- pitres de cette ConfcfTion, font bien plus authentiques que les Réponfes du Patriarche Jéir^nie , puifqu'ils font non feulement enregiftrez d'une maniè- re beaucoup plus étendue dans une grande quantité de Sermons, mais qu'ou- tre cela ils font approuvez par tous les Prélats Sc par tous les E^cléfiaftiques Grecs qui ont figné le Concile de Jérufalem. En troifiémg lieu, on doit remarquer ici .y & ne pas oublier dans la fuite, que les Auteurs du Concile de Jérufalem ont fourni aux Proteftans , dans ce Chapi- tre, SOIXANTE-DIX TEMOIGNAGES irréfragables pour détruire toutes les Confeffions de Foi , dont les Dofteurs de Sorbonne & les Prélats de France ont fait une grande Compilation , dans le huitième Livre du troifième Vo- lume de leurs Preuves & Atteftations, qu'ils appellent Authentiques. Foie i la. pli's authentique de toutes ces Attefiations , qui fert à démontrer qu'il n'y en a pas une qui fait digne de foi dans tout ce même Volume. Car il n'y a aucu- ne de ces Atteftations , ou Confeftîons de Foi, qui foit approuvée fynodalc- ment & fignée par foixante-dix Eccléfiafiiques Grecs , comme l'eft le Concile de Jérufalem. Or ce Concile, qui efi approuvé non feulement par ces foixante- dix Evêqucs ou autres Ecclcfiaftiqucs Grecs , mais auffi par cinquante- fept Doftcurs ou Prélats de France , déclare que c'eft une Maxime fondamentale de l'Eglife Grecque Orientale, que tout Ecrit concernant la Foi, doit estre fait f. t signe' par une délibération Sy- nodale âpre' s un examen public, et q^u'il doit estre en- registre' dans les Cayers de l'Eglise Patriarchale. Voi- la donc un Décret Synodal approuvé par cent vingt-fcpt Prélats ou Eccléfiafti- qucs Grecs êc Latins , qui témoignent authentiquement eu faveur des Réfcr- Pp i niez. 30Î CONCILE HE J E R U S A L E NT. Mfz, que les Atteftations 8c les Confeffions des Grecs, produites dans VOtc* irage des Doreurs de Sorbome ^ de Port-Roial touchant la prétendue Perpétuu îé de la Fui de VEglife Romaine , font des Pièces qu'on doit rejetter comme nulles, & comme faites fubrepticement, par des Eccléfiaftiques fubornez 6c corrompus, qui n'ont obfervé aucune des trois formalitez que tout le^ Clergé Grec de Jérufalem a déclaré être absolument nécejfaires , pour rendre valides les témoignages & les déclarations qui concernent les Articles de la Foi Ortho- doxe & les Régies de la Diicipline Eccléfiaftiquc. On trouvera immcdiatemcnt après ce Concile^ une vingtaine de^ ces Confef- IJons de Foi des Grecs, qui n ont jamais été fignées par aucune délibération Sy- nodale , ni pajfé par aucun Examen Public , ni été enregiftrées dans les Cayers d'au- cune Eglife Patriarchale des Grecs Orientaux. C'eft pourquoi les Doéteurs & Prélats de France ne peuvent en aucune manière s'en prévaloir contre les Reformez, attendu qu'outre tous ces défauts de fonmlité , elles ont chacune en particulier divers autres- earadiéres defauffité-, que nous mettrons au jour dans la fuite. Cependant on doit appliquer au fécond Chapitre qui fait le [itjet de cette Remarque, les Axiomes Juridiques, mis à la fin de ce Volume, fous les Nume» ros 1. 5. <î. 7. 8. 9. 10. II. If. 18. 24.15-. 28. 58. 41. 44. 5-0. 53. 54. 5». 62. 6j. e-j. 74. 7)-. -](>. 84. 86. 87. 88. 89. 90. 96. 99. CHAPITRE TROISIE'ME; SI, après ce qu'on vient de dire , il paroît hors de toute Controverfe, qtre la Confcffion de Cyrille ne peut être cet- le du PacriarchedeConftantinopIe , mais que c'ell peut-être laCon.fcxlîon de quel- qu'autre Cyrille, qui- a voulu fe divertir fecrettement , puilqu'elle n'a point ce qiri eft eflèntiel aux Ecrits des Patriarches Grecs: Il eft encore moins poflîble, ou plutôt il eft abfolumcnt impoflîble , que ce foit la Confeflioii de l'Eglife Orieni- taie , ni qu'elle puiiîc porter ce tître : parce qu'il ne lui manque pas feulement les trois formalitez qui font nécellaires pour la validité des Patentes Synodales des Patriarches , mais auffi les approba- tions formelles, & lesfignatures des au» U'es Saints Patriarches , qui doivent in- tervenir dans une Confeffion de cette nature: 6c de plus il faut auffi qu'elle^ foit dreflée par le commun fuft'rage de" tout le Clergé, Se de tous ceux d'entre les Fidèles qui furpaflènt les autres en piété ÔC en fçavoir , de telle forte qu'il keaaaion r, ETI ù àvatiTi'ffi'mi tymçttf, TiMi'ifte?^a- * l^âAAov t'mûv TiàtTyi àût/yXTT» iftiXt^îcu/ sT- izSi truVâàÏKav tuai, çrbv 'TmT^ccp^ii yeuLi^â' rnf'1 fhfj T «èyTjAejîKTW. CONCILE D «wç £xs7»« iJiXnin! rmioi mr ai wn , xav 'pi- •niTi S^l^'P^f""'" ' '''^ ^ fiXfSilàutT-ify ; fii 'oTyi 'nveci&Ç t^f ùC,^^V7i^iÙ^ipUTUXATU7n^XvA^r,y^' E J E R U S A L E M. 303 n'y ait prcfqu'aucun d'eux qui contre» dife aux Articles de cette Confeflion. Parce que TEgliie Orientale nefecon* fie pas à un , ou à deux , ni même à plufieurs, d'autant que ce ne font que des membres particuliers qui n'influent pas fur tout fon corps 8c qui ne peuvent pas l'obliger à les fuivre par tout oîi ils voudroisnt la conduire : de quelque ca- raftcre qu'ils foient , non pas même quand ils ieroient les plus habiles Théologiens du monde, ou des Saints d'une vertu fi éminente qu'ils puflent reflufciter les morts; & fl ce font des ambitieux , ou des fourbes , qui lui tendent des pièges ^ 8c qui ourdiflent fecrettcment des toiles , comme les Araignées , pour les tendre dans un faux jour , où ils puillent at- traper ceux dont ils veulent le jouer , elle eft d'autant moins obligée de les fui- vre: car elle ne reçoit que les Confcf- fîons qui ont tous les Caraâéres Sc tou/- tcs les conditions dont on vient de par- ler. L'Eglife Orientale fe couduifaiTt de cette manière ne reconmit que le Saint Efprit pour fon Précepteur , &: n'a poinc de fentimens qui ne Ço\cx\t entièrement con- formes à la Parole de Dieu. 6c aux eri- leignemens des Apôtres £c des Patriarches. • REMARQUE, LEs DoEleurs de Port-Roial i^ deSoiUme reconmiffant fort bien que les dé- clarations faites par les Grecs de Jérufalem , dans ce dernier Chapitre y £s? dans le précédent , ferviroient à faire voir la nullité de toutes ces Attefta- tions mandiées, qu'il ont produites contre les Réformez, , n'ont pas manqué de faire ici la même fupe\-cherie dont ils fe font fervis dans toutes les autres oc- cafions, où ils ont rencontré, dans ce Concile ou ailleurs ^ des Décrets Syno- daux 6c des témoignages qui m leur étaient pas favorables. Ils ont éteint ces raions de lumière p^rjr le moien defquels on pourvoit découvrir leurs erreurs Cv leurs impiétez. Ils ont retranché dans leur Edition Françoifc de ce Concile de Jérufalem les deux tiers du troifiéme Chapitre qui fait le fujefde cette Rc- warque. S'ils n'avoient pas tronqué delaforte cette matière fi importante , cha- cun aurait pu reconnaître par la leëlure de cet Article , qu'il n'y a aucune Pa- tente, ni Attellatiou, fignéc par quelque Patriarche Grec, ou par quelqucs> Pp 3 Ee. 304 CONCILE DE JERUSALEM, Eccléfiaftiques , ou autres perfonnes recommandablcs par leur Pieté Sc par leur fçavoir, dans les Eglilès Orientales , qui foit «?' le Saint Efprit ., dont i\s fuivent la dire^ion comme celle de leur véritable Précepteur & de l'unique Maître qui peut les inflfuire parfaitement de tout ce qui ejl néccfj'aire pour leur falut. 11 refultc naturellement de tout ce que nous venons de dire fur ce troi- ficme Chapitre du Concile de Jérufalem, que les Réformez en peuvent tirer deux preuves irréfragables pour confondre les Douleurs de Sorbonne 0 les Prélats de France fur les deux principaux Articles de Controverfe qui ont donné lieu à la famcule difpute de la Prétendue Perpétuité de la Foi de V EgUfe Ro- jnaine. Le premier de ces Articles roule iur une queftion de Droit à fçavoir s'il y a quelque Pape, quelque Patriarche, ou quciqu'autre Prélat dans l'E- ^life Chrétienne, qui foit un DoEleur infaillible ^ ou bien fi cette Prérogative crt relervée au Saint Elprit, à l'exclufion de tous les hommes qui font main- tenant fur la Terre , quelle que foit leur Science & leur Sainteté. Ees Re. formez foûtiennent cette dernière l'hc/e , 6c les Grecs de Jcruniicm font du mê- me ientiment qu'eux, mais les Docteurs du Papifme qui enfcigncnt le contraire ^ Ce trouvent condamnez par tous ces Grecs Orientaux .^ dont ils ont produit les té- moi^naf^es , i3 p^f conféquenî ils font terraffez par leurs propres armes. Le fé- cond Article ne leur eft pas plus favorable fur une qucflion de /ri* qui fort de baze 8c de fondement à tout leur grand Edifice de la Foi de l'Eglile Ro« mai ne établie fur les témoignages particuliers de quelques Eccléfiaftiques ^ ou Moines., de certaines Êglifcs du Levant, car tous ces témoignages étant mis enfemble , ou confidérez fcparément , ne font point conformes aux véritables Attcftations que les Grecs reconnoiflent pour authentiques , quand il s'agit des matières de Foi , parce qu'ils ne reçoivent que les Explications de Dotlrine qui font faites avec les ftx conditions marquées ci-deffus dans le troiftéme Chapitre de ce Concile de Jérufalem; & comme il eft très évident que ces conditions ne fe trouvent point dans les Certificats, ni dans les Confelfions de Foi qui ont été pro- duitcs CONCILE DE JERUSALEM. 30J Milites contre les Reformez par les mêmes Docteurs & Prélats de TEglife Gallicane, il s'enfuit néceflliirement cy^c tous ces Certificats ^toutes ces Cv»- feffmis de Foi font détruites par ce Concile. Voila par conféqutnt une féconde preuve très évidente de la mauvaife Foi de tous ces fameux théologiens (^ Contro- verftfes de France, qui ont donné pour des Pièces Authentiques , des Ecrits qui n'ont pas une des conditions néccflaires pour démontrer avec quelque certitude les plus importantes véritez de la Religion. Cela doit apprendre à tous ceux qui ne veulent pas être trompez fur les matières de Controverfe y à ne fe fier jamais aux Doétcurs de TEglife Romaine , ni à ce qu'ils affirment de plus pofitif, ou qu'ils établiflent lur divers témoignages qui ont quelques caraftéres apparens de vérité, yî on n^ a pas le moien^de les examiner à fond (^ d'une manière Juridique : pullque nous avons démontré ici par des faits inconteflabks qu'un très grand nombre de ces Théologiens , & mè* me des plus fameux c^ù aient foûtenu la Religion Romaine, n'ont pas fait diffi' culte de fupprimcr tout ce qui pouvoit découvrir les plus importantes véritez , (^ de produire une très grande quantité de faufjès Pièces , forgées à leur follicitation par des impofteurs 6c par des gens fans confciencc &: fans honneur. Mais leur perfidie va être m.ife dans une évidence encore plus grande tant par les autres Cha- pitres de ce même Concile de Jérufalem , que par les nouvelles Réflexions que aous y ajouterons dans la fuite de ce Volume. CHAPITRE QUATRIE'ME. IL paroît de tout ce qui a déjà été- dit, que l'Eglife d'Orient cil au def- fus de tout ce que fcs adverfaireslui onr imputé. Car elle efi fo)t éloignée den''ê- tre pas fortement appui ée fur la Foi des- Apkres i^ des Prophètes, 6c d'être agitée par les vents tempétueux , comme les nuées fans eau ; puifqu'elle a pour Maî- tre 6c pour Guide le Saint Efprit. Que s'il étoit arrivé quelque chofe de fernblable à l'Eglife d'Orient, ce ne pour» roit être que la crainte qui l'auroit por- tée à cela. Or cette crainte auroit été ou fpirituclle, c'efl: à dire de Dieu, ou- bien elle auroit été humaine. Si elle a été de Dieu 6c fpirituclle, la Confel- fion de ceux qui avoient cette crainte , n'a pu être que conforme à la droiture 6c à réquité dans toutes fcs parties: car c'efl un très grand mal de confeffer de bouche le contraire de ce qu'on tienr pour afiliré dans le fond du cœur, 6c ce- la n'arrive jamais à ceux quiont la crain- 1 P .^ »<(,'<:« KEAAAI0N A, xAitoiae , TB t[i7n}iiot aà'iii i-rt^at ta l/jù , duvi ^7.- -Ac AiS'Sy. dans /'Iberie, aux environs du Pont-Eu- xm , autour de la Mer Caipie Se dans la Colchide ? Qu'eft-cc que craignent ceux qui vivent dans la Rufîîe Blan- che 6c Noire , dans tout le floriflanr Roiaume de la Mofcovie , 6c depuis les Confins de la Pologne jufques aux ex« trêmitez de l'Orient. Qucft-ce quecrai- g«ent ceux qui demeurent dans la Po- logne 6c dans les Ules de l'Etat de Ve- nize , dans la Lybie , 6c dans la Perfe , qui ne font point fujets des Empereurs d'Orient 6c qui profcflént la même Re- ligion } Mais nous pouvons encore ajouter ce- ci: c'eft que l'Empire Romain, qui a été déchiré 6c partagé entre divers Prin- ces, depuis l'an fix cens jufqu'en 1450. eft maintenant réduit dans un fi malheu- reux efclavage, que fes Sujets n'avcient Jamais été tirannifez par les Puiflances étrangères , comme ils le font aujour- d'hui. Néanmoins, les Grecs réfiftent fî c.^.?.f,.f. «Jr«5 x«,«^«v<.5 ^^.^^«.5, ti ..««. généreufement à toutes fcs plus eft'raian- ,„ - ^ V - A. . ,', >. .' , tes menaces, qu'on les void triompher ^' comme des Martirs, non feulement tous les jours 6c toutes les heures, mais auflî tous les momens. Puis donc qu'il n'y a rien qui empê- che Its Orientaux de croire 6c de con- feflcr ce qu'ils veulent, il elt impoffible, ^3- ^u'JTTUfyi'nti •^rajjî tij®- '*??C?î ^ ''"''s f|»"'E&<- ïiri» àveiiTifo: i (pieu, >^ t2> «T«^à» t «iîTE A»oi jKijiii) àns^ È ^s^rleai ^ tom/hz^hbv). I CONCILE DE JÉRUSALEM; 307 M^'«V«T(^ >-.«/ cr.fi.uuu «»« 5 îTrli-ÂJouv commc OH l'a dit ci-devant, qu'ils aient T,- ^pJiV- â».c K»,Sicc È ^.^■n £ «.,««'»<5 crû d'autres chofes dans leur cœur, que ui>l^ -Au ^»?5rv Wî K«9.A<«« ci.«A,^,W 1.'. ce qu'ils ont témoigné 6c confeflé de . ■ V ' „ v„; ««»>i...v^ ii S' bouche. Ils ont au contraire toujours ^ , , . o ■ V ■ • ' • cru , temoiene , oc proteiie publique* -''"■^ /; r r- j ment, comme ils le croient Se confeflent •i; «»7,3^&«W r«y w^^-Tip^ ^^^^^.^ aujourd'hui , ce qui a été reçu de, toute ancienneté dans l'Eglife Catholi- que, pour laquelle ils fou firent la mort avec joie. Ils ont par conféquent dé- truit , en tout cela , les calomnies de leurs adverfàixes. REMARQ^UE. NOus ne ferons ici qutîne très courte Réflexion , puis que chacun peut facilement voir , par la levure de ce quatrième Chapitre du Concile de -Jérufalem , que l'Eglife Romaine y efi formellement condamnée , ^ même d'une manière très fulmi- nante ^ fur toutes les innovations de fa Doftrine, fur fa conduite Tirannique, 8c fur le faux Principe de fon centre d'unité, qu'elle établit en la perfonne du Pape, qu'elle regarde comme fon Oracle infaillible, ou du moins comme le fbuverain Arbitre de toutes fes Difputes fur les matières de Religion. Les innovations du Papifmc, font condamnées d'une manière très expreffe , par les Grecs de Jérufalem.^ en ce qu'ils déclarent que l'Eglife Catholique doit tou- jours fe tenir fortement attachée à la Doftrine des Apôtres &; des Prophè- tes , fans fe laiffer emporter comme des nues fans eau par les vents tempétueux des faux Doéleurs , 6c que l'Eglife d'Orient n'a jamais rien crû , ni profcflé que ce -qui a été reçu & enfeigné dès la naiffance du Chriftianifme , ÔJ* qu'elle s'y tient encore aujourd'hui attachée d'une manière fi inviolable que tous les Fidèles de fa Communion fouffrent avec joie le Martire , plutôt que de s'en départir. Si les Grecs modernes ont quelqu'autre croiance que celle-là , 6c s'ils tic vivent pas tous de la manière que ceux de Jérufalem déclarent que les Fi- dèles doivent vivre, cela n'empêche pas que le Principe qu'ils ctablifîent, comme la Baze Se l'unique fondement de la véritable Religion Chrétienne» ne doive toujours être fuivi, comme étant l'unique régie de la Vérité, à fça« voir la Parole de Dieu. C'cft pourquoi les Réformez, qui ne s'en écartent point, obfcrvent, en cela, cette belle maxime de Jéfus Chrift, qui ordon* noit aux Juifs d'écouter les Scribes Sc les Pharifiens qui leur enfeignoient la Religion, telle qu'elle étoit dans les Livres de Moife Se des Prophètes, mais de prendre garde à ne pas fuivre leur mauvaife conduite, lorsqu'ih pratiquoient le contraire de cette DoiStrine célefte 8c divine. Le fécond Article, fur lequel ces mêmes Grecs de Jérufalem ont condara* né l'Eglife Romaine dans ce Chapitre de leur Concile, ell ce qui concerne le fouverain Tribunal du Pape; car ils déclarent formellement que le Saint ■ Efprit eft celui qui régit îk gouverne leur Eglife, Se qu'ils le regardent Qg comme 3o8 CONCILE DE JERUSALEM. comme leur véritable Précepteur, qui fait part de fcs divines lumières aux Fidèles, pour l'intelligence des Ecritures, qu'ils ont appellces le Ciel du Ciel dans le Chapitre troiûéme de ce même Concile , parce que Dieu feul en a la parfaite connoiffimce , dont les Dofteurs, les Partcurs 6c les Fidèles font rendus participans, félon les différens dcgrez de lumière que le Saint Êfprit leur communique. Voila par conféquent tous les Pafteurs 6c tous les fidèles Chrétiens, qui puifent la connoiflancc de la véritable Religion dans la même fourcc que le Pape même, & qui ont le moicn Sc le droit d'eu, juger aufli bien que lui, félon le fentiraent des Grecs, qui en cela confir- ment la Doftrinc des Réformez, Se condamnent la prétendue infaillibilité du- Pape. . , ^ . . En troificme lieu, on trouve dans ce Chapitre une defcnption très pathéti. que de la Tirannie de l'Eglife Romaine 6c de toute la Monarchie Papale. Elle y eft répréfentée comme travaillant continuellement à forcer toutes for- tes de perfonnes, Sc à violenter toutes les Nations de la Terre, par des fup- plices quand elle peut, & par des menaces eftraiantes quand elle n'a pas d'autre reflource, pour établir fon cruel Empire, £c pour faire recevoir fes Dogmes erronez Se fon Culte idolâtre: jufques là même que les Paiens Se les autres Nations étrangères, qui ont autrefois fubiugué les Peuples qui ontr vécu fous la domination des anciens Empereurs Romains, n'ont jamais exer- cé une fi grande tirannie fur eux que l'eft aujourd'hui celle des Papes, qui font fouffrir aux Fidèles qui leur refiftent, les plus cruels fupplices dont on fe foit jamais avifé parmi les Barbares Se les autres Peuples les plus inhu- mains qui aient paru dans le Monde. Voila le Portrait naturel que les Grecs de Jérufalem ont fait en peu de mots dans ce quatrième Chapitre de leur Con. cilc. Nous paflbns au cinquième, qui n'eft pas moins propre à condamner le Papifme , que les précédens. KEOAAAION E. CHAPITRE CINQUIE'ME. OY ftmy 5 T»« â/i,'vstT»» , iïi irtwî(pc,>,. ^^fO" fcuIcmcnt Ics OricHtaux n'ont «V K«A«;,.,; .; à,^r,x.^\ «^/« ^,'^- -t^ . jamais été dans les fentimens des . T " ^ Calviniues, en aucune manière; mais en- , ,■ , ' , . ,■ , core, outre qu lis anathematifent tous les ^^,...i r*„e<5"^«^'. È «,:„«^«5,e.-. ^^^ j^j IcoHomaques , Sc ceux qui nient les ^ tW Wf.» f^ ^.A«,5 f^f.*»,, .>«, ^ ^ j-^-^^^ Myjiéres, comme auffi ceux qui ne fc&i»» «Kî TuvoUx^i £^,'a«5-«* t^^xo, KveJiif fonj fidèles que de nom; ils ont procédé ■xeuiTt,y.^ree^. K«e» ^ l-TnZiirtuiiu. fi» dcux fois fynodalcment contre Cyrille y, ■75» tiJot» tùv )i£ip«A«w» ;jçi)'««-n tTùt s| , k^ par uu zèlc du Dieu Tout Puiflant. iinpaftifS/isf fii6' ofy.n fi-n «»«/ ciiHnii' f ¥ Car Cyrille aiant vécujîx ans après Tim- %i(pitXMi,» -Tmii^y,, fji.i.-n ftU -Au ci Toti xE- pejfion de fes Chapitres^ Se protefté avec , è t/«5 r «*«*^* ferment que ce n'étoit point fon Ouvra- «r» »^-A«„5 AAJ««™ .V ^.M..^, ge. 5c. qu'il n'approuvoitpas laDoan- , .,,,,„. ^ ne qu us contenoient, Sc quil ait enfei- TIT " '■"'^*^' f r?'* "T^""" eue publiquement dans l'Eglife des cho- ^.^©-. o^j ^„.i,Mj^s ^ l^, ç^ «,.. 1^ contraires à ces Chapitres, on a néan- CONCILE D ttix-n>.ty.ni oi«»A»9J« o>»At>«'c« Jfi'o^-'-raf , cV V^tfniig, fiiiK^a vous ferai tous y, mourir, dit-il aux Métropolitains , y? /?«?«« parlgr de vous de plus de fx „ mois : car il fçavoit qu'ils auroient beaucoup de peine à fe contenir un „ plus long terme. _ _ Tout ce que nous venons de rapporter dans ce dernier Article clt tue mot à mot des pages iiz. 8c iig. d'une Relation de l'Eglife Grecque qui a été dédiée au Roi de France par Monfieur d'c /^î Cm.v l'an 1695". Se imprimée à Paris chez Pierre Heriffant^ fous le Titre de l'Etat préfent des Nations (3 des Rr EgUfi^ j> 31(5 CONCILE DE JERUSALEM. Eglifes Grecque, Jrméniene l^ Maronite, en Turquie . Ce Monficur de la Croix dit à la féconde page de Ton Epître Dédicatoire : „ Je me fuis appliqué, SiVii, pendant plufteurs années- que f ai eu l'honneur de fervir Vôtre Majesté' à la Parle Ottomane, à rechercher dès Mémoi' res iusTES ^ véritables de la Créance (^ des Cérémonies des Eglifes Grecques. Us fo7it tirez. Sire, des conférences que f ai eues, durant mon _,,' Emploi , avec divers Patriarches , (^ autres Prélats réfugiez dans le Pa~ ^ lais de Votre Majesté' à Pera, qui efi leur azile oïdinaire. Ils „ m'ont appris qu'il y a des Roiaumes £5? des Provinces entières dans V Empira Ottoman, oit la source d e la Foi est presque tarie, y sur. 5» LE POINT DE SE PERDRE ENTIEREMENT Voila tout ce que nous venons de dire touchant la perverfion & l'Apo^ ftafie de la plupart des Grecs, qui ont donné de fauflcs Atteftations à Mzù iîeurs de Port-Roial, confirmé par le témoignage d'un Miniftre d'Etat du Roi de France, qui protefte à Sa Majefté qu'il ne lui dit rien qui ne foie fondé fur des Mémoires justes & véritables, fur quoi il eft bon que nous falTions fçavoir atout le monde, qu'outre ce que ce Miniftre d'E- tat entièrement dévoué au Papifme vient de fpécifier ci-deflus, il déclare en- core à la page 108. de la même Relation adreflée au Roi de France fon Maître, que „ Denis Métropolitain àt Philipopoli , Difciple àc Marc Eugène ^ „ Archevêque cVEphcfe profitant du crédit qu'il avoit auprès d'une Princef- ,,. fe, obtint par ces preléns, la Dignité Patriarchale que les autres difpu- j, toient dans un Synode aflemblé à Conftantinople : mais que fon Pontifi* „ cat ne fut pas de longue durée ; car foie par un reraors de confcience , „ ou à caufe qu'on l'accufoit d'ESTRE Juif, il fe retira dans un Convent „ au Mont Athos. Ne voit-on pas bien par là qu'on ne doit en aucune manière fc fier aux- témoignagcs des Prélats Grecs, non pas même de ceux qui font aftuelle- ment profefllon de la vie Monaftiquc dans les Eglifes du Mont Athos, qui font les moins fufpeébes de fomenter la Religion Romaine j fi on en veuc croire Mcfileurs de Port-Roial 6c les Prélats de France, puis qu'il paroît ici par le témoignage irréfragable d'un Miniftre d'Etat de leur Commu- nion 6c de leur propre Nation, qu'il y a des impies, des Ethérodoxes, des Renégats, des juifs, & des gens fans Foi Se fans Loi, qui fe réfugient dans ces Monaftéres 6c dans toutes les Eglifes Grecques de l'Orient, où la fource de la Foi eft prefque tarie 6c fur le point de fi perdre entièrement. Ceux d'entre les Grecs qui ne veulent pas s'aflujettir à vivre extérieure^ ment félon la Régie de ces Monaftéres, & qui fçavcnt mieux fe produire dans le monde, pour y vendre plus chèrement leurs fuftrages en faveur du Papifme , fe réfugient ordinairement dans le Palais de l'Ambafladeur de France à Pera de Conftantinople , comme on l'a pu remarquer ci-devant dans la même Relation de Monfieur de la Crois. Et fur cela nous devons ajouter ici que ce Miniftre d'Etat, y allure très pofitivement à la page 109. que „ Parthénius aiant fait de grands emprunts & des dépcnfcs extraordinai- „ res pour dcpofléder Dionifus , duquel le Peuple étoit très fatisf ait , réfolut „. après fon exaltation d'augmenter les Décimes fur le Clergé; mais que „ I'exce's CONCILE DE JERUSALEM. 317 J, I'exce's auquel ce Patriarche porta cette impofition^ fans avoir égard aux „ revenus des Eglifes, força ceux qui étoient /f'/^z de fe cacher pour fe garantir de cette injustice. Que Methodius ^ Ex-Patriarche, Se les Métropolitains à'Héraclée, de Cifiqiie ^ àt Nicomédie ^ à' Athènes., de Rhodes Se de Candie, fe retirèrent au Palais du Roi à Pera, où ils furent très fa- „ vorablemcnt reçiîs, & traitez de Monfieur de Nointel, pendant qu'ils don- nèrent avis à Panajotti^ Interprète de la Porte, de ce qui fe paflbit. (Et „ à la page lie.) Que cet Interprète, malgré le crédit qu'il avoit auprès du „ Gï%nà Fifir y trouva de grands obftacles dans l'efprit de ce Premier Mini- „ flre & des principaux Officiers de la Porte, q^ui éteient dans les intérêts de „ Parthènius, à caiife de [es préfenSy de forte qu'ils s'oppoférent fi fortement à „ ià dépofition , que tous ces pauvres Prélais étoient à la veille de voir triompher „ leur Persécuteur. Ce fût dans cette conjoncture qu'il iît aflembler le Synode dont il s'agit maintenant ici. Les Décrets de cette Aflemblèe, où fe trouvèrent les fix Métropolitains réfugiez chez l'Ambafladeur de France , 5c tous les puiflans amis de Parthènius , fignérent les Anathémes que cet ufur- pateur du Siège Patriarchal y prononça contre Cyrille Lvcar fon ennemi juré. -Les cinq Métropolitains qui n'avoient aucune fureté , ni aucun moicn de fubfifter que fous la protection, & par la faveur de l'Ambaf« fadeur de France , ne firent pas difficulté de figner les Décrets de ce Synode , dreflé par Parthènius , & par ceux de fa Cabale à la follici- tation de cet Ambafladeur, qui travailloit continuellement à faire forger des Pièces contre Cyrille Lucar, pour confondre les Réformez clui foûtenoicnt fa Doètrine. Nous découvrons quels étoient les principaux Ecclcfiaftiques de la faction de Parthènius dans une Lettre de cet Ambafladeur de France, nommé Olier de Nointel , dont les Docteurs de Port - Roial ont fait imprimer un Ex- trait à la page 493. du huitième Livre de leurs Preuves authentiques fur l'Union des Grecs avec ceux de Rome, cette Lettre eft dattée de Con- ftantinople du 29. Septembre 1671. Monfieur de Nointel y parle du Caté- cbifme Grec fait par le Moine CoreJJius, Difciple des Jèfuites & Grec Lati- iiifé, dans lequel fe trouve le mot de ft-irônnuT,-, ^ Tranjfubflantiation , & fur cela il dit que les amis de Parthènius vouloient inférer ce mot inconnu, & nouveau parmi les Grecs , dans leur ConfeJJlon Orthodoxe. Que Corydalc Prêtre Grec de Coiiftantinople s'y oppofoit, difant que cette parole }ie Je trou» 'voit point , ni dans les Pérès Grecs , ni dans les Conciles Oecuméniques , qu'elle était forgée par les Latins, (^ que les Grecs ne dévoient point fc fervir de ce rermc, ni de cette façon de parler. Mais qu'il y eût huit Métropolitains , & divers Officiers de la grande Eglife qui foûtenoient le contraire. Sur quoi Monfieur de Nointel ajoiite, que „ Methodius , alors Patriarche de Conftan* j, tinople , lui avoit aflurè qu'il avoit été témoin de toutes ces particulari- „ tez , parce qu'il affifta à l'Affcmblce où elles fe font pafl'ées l'année „ 1641. Qu'il écoit en ce tems là Supérieur des Prêtres d'une Eglife de „ Galata, &; qu'il fe fouvenoit fort bien de ceux qui opinèrent en faveur Rr i „ de 3iS CONCILE DE JERUSALEM. „de l'Eglife Romaine. Que les Métropolitains étoicnt Pachomc de Calcédoi- ne, Paribenius d'Andrinople , Daniel àz Serres, Grégoire de Larifle , Anthy. j, »/cde Cyzique, Cjri/ie de Nicomcdie , Joamiicius d'Héracléc, Macarius de „ Tornouë , 6c que les Officiers de la grande Rglife étoient Le/caris grand „ Logothctc , Philippe de Chypre Protonotaire , George Ecclcfîarque , JS'icolas Petit Logothétc. l ne Dcclaiation de cette nature, £ùte par un Ambafladeur de France , dans une Lettre qui a été mile au rang des Pièces les plus authentiques, par les Docteurs de Port-Roial Se de Sorbonne 6c par les plus célèbres Prélats- de l'Eglife Gallicanne: 1ère à prouver d'une manière inconteftable, que tous CCS fameux Controverfiftes de la Religion Romaine font les plus grands /?«- pojîeurs qu'il y ait dans le monde, puifque pour tromper ceux de leur Com» inunion, les Réformez, les Protcftans 6c tous les autres Chrétiens de l'Europe ; ils ont fait forger en Afie 6c dans tous les Païs du Levant, plufieurs faulles Attcrtations , par des gens fans confcience 6c fans Religion, entre lefquelson peut mettre dans le premier rang ces douze Métropolitains 6c ces Officiers de l'E- glife de Conftantinoplc qui ont toujours été de la faélion impie 6c Antichré* tienne du Patriarche P(î?//;f/vi«; leur abominable Chef On n'en doit pas dou- ter puifque le Tableau aflreux de tous ces Perfonnages fe trouve dans les. propres Ecrits de ces Doéteurs 6c Prélats du Papifmc que nous venons de citer, en marquant non feulement le titre de leurs Ouvrages, mais aulîî tou« tes les pages où ce que nous avons rapporté eft expreflement contenu. On doit mettre dans le fécond rang , à fçavoir dans la Clafle des Apoftats de la Religon Grecque ; tous ceux qui fc font réfugiez chtz l'Ambafladeur de France àPcra, d'autant qucMonficur de A^b/Vz/f/, ni aucun autre Amballa* deur de cette Couronne, n'a jamais entretenu, ni protégé à la Porte Otthoma- ne, les Grecs non Latinifcz, que l'on tient à Rome 6c en France pour des Schifmatiques, 6c que l'on pcrlécute à toute outrance pour les obliger à fc ranger dans le parti de ceux qui favorifent le Papifme, au préjudice dérou- tes les autres Communions des Chrétiens. Et fur cela nous avons démontré , parles mêmes preuves irréfragables, (\ne. Alethudias. Ex-Patriarche 6c fix autres Métropolitains nommez ci-dclliis , étoient Penfionnaires de Monfieur de AW«- tel Ambafladeur de France à Conllantinople. Voila donc dixhuit Patriarches ou Métropolitains 6c plufieurs autres Officiers de ce premier Patriarchat de l'O- rient, qui doivent être mis au rang des faux Témoins produits par Meffieurs de Port-Roial 6c par les Prélats de France contre les Reformez , fanscomp* ter un grand nombre d'autres Eccléfiaftiques Grecs , qui vivoient ious la Ju-i rifdiélion, ou plutôt fous la 7'irannie de ces Métropolitains 6c de ces ufurpa.. tcurs du Patriarchat de Conftantinoplc , qui ont contraint ces pauvres Moines & autres Eccléfiaftiques de leur dépendance , d'approuver par leurs fignatu- res, tout ce que la Gourde Rome, ou celle de France leur ont demandé con* tre les Reformez 6c les Proteftans. C'eft une chofe très remarquable que les feize Métropolitains 8c les deux ou trois Patriarches ou Ex-Patriarches dont nous venons de prouver incon- teftablement la perfidie , l'impiété , l'Apoftufie , la mauvaife confcience , lej mal- CONCILEDE JERUSALEM. 319 malverfationsfcandalcufcs , les infignes fourberies èc les horribles attentats, loicnt les principaux Témoins & les plus connus d'entre tous les Prélats Grecs , qui ont figné les deux Synodes tenus à ConftantinopleSc en Moldavie con- tre le Patriarche Lucar , comme on le peut voir par les foufcriptious qui font ci-après à la tîn des Décrets de ces deux Synodes. Tout cela étant mis hors de doute par des preuves de fait inconteftables 5c tirées des propres Ecrits des Dofteurs de Porc-Roial 6c des Minières d'Etat du Roi de France, nous pouvons conclure par une très légitime conféquen- ce 6c fur les plus folides fondemens qu'on puifle jamais produire fur de pa- reillcs matières, que les Doiftcurs de Sorbonnc 6c les Prciais de l'Eglife Gal- licane font convaincus, à la face du Ciel 6c de la Terre, d'être les premiers Auteurs de toutes ces grandes fourberies , de toutes ces noires importures 6c de toutes ces horribles 6c déreftables faulfetez dont leur grande compilation des Confeflîons de Foi des Grecs Orientaux ie trouve remplie. Le Concile de Jérufakm qui approuve tout le contenu de ces faux tc'moignages6c la con- duite de ces faux Témoins, qu'il canonife par divers motifs fondez non feule- ment iur CCS infignes fourberies des Grecs de Conftantinoplc, mais aulli fur plufieurs autres fauflctez de la même nature, doi;t les Grecs pervertis dans la Paleftine (ont les Auteurs avec tous ceux des autres Contrées de l'Orient , où il n'y a prcfquc plus de Foi ni de Religion félon l'aveu de ces mêmes Agcns 6c Miniftrcs d'Etat de France , dont nous avons rapporté les témoignages ci- dclllis: Gc Concile, dis-je, nepeut être regardé que comme un amas 6c comme un tiflu de toutes ces fourberies & de toutes ces impofturcs complices par le Clergé de France, 6c c'eft fur ce pied là qu'on doit lire les Décrets du Synode tenu à Conftantinoplc l'an 1638. fous le faux Patriarche Qr/Y/f de Béréc Grec Apoftat èc Latinifé. Ces Décrets ont été inférez dans l'Original Manufcrit du Con- cile de Jérufalem , dont voici la teneur mot à mot , avec quelques Rcmar- marques de nôtre façon. *H xKpxf^ujat Kfa«'»K 5 Aa^ftui 5" tiw. pitfcs Héfetiques de Cyrille Lucar, par çj^;i(ifici QiS ■pmTe/iit^^énv/17^ ci K«)/. la pemùffion Divine Patriarche de Conf, fuMmamXH. tantinople. TT- Ye.'a« t'^«^v.>,^. A«««'p ci tî,' xXnieufement dans Tinfcription de les T •B^i'ô^*'» «uVj xe<|i«A«/w £5npç<«(f jT ««A- Articlcs impies , que toute l'EglifcOrien» Çiïo- l<-r 5 ticlcs 3io CONCILE DE JERUSALEM. ticles , que nous avons mis ci-devant à la page 257. de ce Volume^ i3 on verra que le reproche d'impiété i3 d'héréfie fait contre la Do^irine de Cyrille peut être fait avec plus de juftice contre les Grecs de Jérufalcm Auteurs de cette dou. ble calomnie, £5? que l'Anathême qu'ils ont fulminé contre fa ^cxÇonns doit r et oni- ber fur eux-mêmes cornme fur des Calomniateurs , i3 fur les Docteurs de Porc- Roial 13 fur les Prélats de France comme fur des impofteurs , qui , en ratifiant toutes ces fan (Jetez , ^ en les rcndaftt publiques comme ils ont fait , fe font rendus beaucoup plus coupables que ceux qui ks ont forgées en fecret , dans un pais étranger. jCfs-J»? h[<^-n^<"T è OTîîuora il/j ? Anathême à Cyrille , qui cnfeigne 8c x^riT «^'«* <^>cA«n«* (^hp^id,u:v u;uf ^iv- qui croit que la Sainte Egliie de Jcfus '^5^. <*,ri ^^ ci tJ ï-.o^f« c^rS x.^.A.,>. Chrift peut mentir. Car il dit dans fon , ., , .„ leienee par le bamt blprit, mais par un «;^-;. «*.^f»-«. AV.?./... homme. Cet Anathême contient une faufleté auffi manifefte que le précédent , ^ outre ceb. une calomnie des plus atroces que les plus impudens menteurs ^ les plus cfil-cntez de tous les hommzs puiffent jamais inventer ^ puifque CjvïWq, bien loin d'avoir dit que VEglife de Jéfus Chrift puiffe mentir , tfi d'' avoir nié dans fon fé- cond Chapitre qu'elle fait enfeignée -par le Saint Efprit , // dit au contraire très cxpreffetnent (^ d'une manière fort claire ^ que le Saint Efprit étant l'Auteur des Ecritures Divines, y parle d'une manière inf^ullible, i£! que l'EgUfecft inftruite avec plus de certitude /"^r ces Ecritures que par tous les hommes qui peuvent fe tromper par ignorance i3 être trompez. REMARCLUE. MAis afin que perfonne ne s'imagine que nous avons peut-être fait quel- que changement dans les Articles de la ConfcÏÏîon de Foi de Cyrille , eC qu'il n'cll pas vrai-femblable que les Grecs de Jcrufalcm 6c tous les plus célèbres Doétcurs & Prélats de France euPcnt ofé avancer des fauflétcz fi évi- dentes 6c les publier comme des véritez inconteftables, fi les Réformez n'a- voienc pas mis au jour quelque ConfelTîon de Foi fous le nom de Cyrille Lu- car ., dans laquelle on trouve les Dogmes que les Grecs deJérufalemSc les Théo- logiens de l'Eglife Romaine lui attribuent, dans ces Anathêmes du Concile dont il s'agit. Nous donnons avis au public fur cela , qu'on peut défier tous les plus grands Critiques de l'Eglife Romaine 6c tous les plus habiles Doc- teurs du Chriftianifme, de produire aucun Manufcrit Original de cette Con- fefiîon de Foi , ni aucun Exemplaire qui en ait été imprimé jufqu'à préfent , dans lequel on trouve ces Dogmes ou ces Articles , que nous difons être fauflcment imputez à ce Patriarche , par le Clergé Grec de Jérufalem 6c par celui de l'Eglife Gallicane. On peut ajouter à cela, qu'il n'a paru dans aucun Ouvrage de Controver- fe, ni dans les Eglifes Orientales , ni dans les Occidentales,'' ni dans aucun en- C ON C I LE DE JE RU s AL E M. 311 endroit particulier du Papilme, qu'il y ait une autre Confeflîon de C)r/7/(?Z/;- car , que celle dont nous avons donné une fidèle TraJuftion dans cet Ouvrage, avec l'Edition du Grec, tel qu'il efc dans le Maiiufcrit Origi- nal que nous en avons , 6c qui efl: non feulement conforme à celui qu'on^a confervé dans la Bibliothèque de l'Académie de Genève , depuis que le Pa- triarche Lucar déclara par une de fes Lettres à feu Monfieur le Profeflcur Diodati , qu'il confentoit qu'il rendit cette Confefîion publique , mais qu'el- le eft aufîî la même dans tous les Exemplaires imprimez , qui fe trouvent dans plufleurs Bibliothèques publiques & particulières , dont les plus anciens font ceux de la première Edition de Genève, faite chez Jeaii Tuni^fins l'an i62'>. Voila pourquoi, n'y aiant aucune contcftation làdefius, les falfifications £c leS' impofturcs dont nous venons de convaincre les Auteurs du Concile de Jèru. falem 6c les Doéleurs de Port-Roial , avec tous leurs adhérans, font très ma- nifeftes , par les faits inconteftables fur lefquels nous venons de les établir 6c par le moien defquels nous allons auffi démontrer celles qui fuivent. Kvg;».?. Ji-/«a77'tçf.-m.Qi\ii , ^(Tua tMKs^of qui croit que Dieu très bon a élu quel- lU lil-M , È izo's^m h/"' ;t«ô«5. T»ç 5 ques hommes pour la gloire , avant la ^i J T- «/E^ ^sa?.>,^^a, a^'^cc fondation du Monde 6c qu'il les a pré- y^^,. A.«5.««. deftinez fans les œuvres ; mais que les ' ' ' autres ont été rejettez ( ou reprouvez ) /a^!s caafe, devant le commencement des lîécles. Il ya ««f nouvelle impofture dans cet Jmihême, dont les Grecs de Jérufaletn' ^5? ceux de Conftantinople ^ui en font les premie;-s Auteurs^ ne fe laveront jamais- non plus que les Docteurs de Port-Roial , qui ont voulu Je prévaloir contre les- Réformez des Décrets de ce Synode^ forgé Van 1659. par Cyrille de Bérée fj* par tous ces autres fcélérats de fa cabale , comme nous Pavons prouve' dans nôtre dernier Avertiflement. // n'y a perfonne qui ne puiffe facilement trouver de quoi fe convaincre qu'il n'y a rien de plus manifefte que cette impofture ^ fi on jette lcs> yeux fur le troifiéme Article de la Confeffion du Patriarche' Lncar , puifqu'au lien d'y trouver, que Dieu a reprouvé une partie des hommes sans cause ,. comme ces fauflaires de Confantinople ofent avancer qu'il l'a -mis par écrit dans cet- te Confeflon •■, on y trouve au contraire, que ce Patriarche déclare très expreffcment T^:„,. r„i i^ T~» ;- _..j: ; ' • . . -" '" pécheurs, mais que ceux qui font élus pour la gloire ne l'obtiennent pas par leurs propres mérites, mais par un effet de la mifericorde de Dieu , qui eft très bon, {p qui leur fait grâce, pendant qu'il exerce fa Juftice envers les autres- parce qu'ils font effeftivement très coupables. Foila qui fuffit pour démontrer r impofture dont il s'agit. Kvô<».« hyfi»^^»7i è -jn^iot-n, itr^Mr- Anathcmc à Cyrille qui croir & qui Rr 4 fcV«ç. 321 CONCILE DEJERUSALHM. i^fui àyoM j^ Mi'«î, ci ni h'^'f cmtS xi- enfcigiie , quoi qu'obfcurément 6c avec (^'«ab)'» , («« T»« «>««. Dieu, en diiant que Jélus Chrill cft le fcul Médiateur. N'eus n'aurions rien à dire fur cet article fi les Auteurs du Concile de Jérufa- lem^ après avoir ratifié ^^ approu-vé tous les Ancithêmes de ce Synode de Confiant tinople , ne fe contrcdifoient pas eux-mêmes, en déclarant formellement dans le huitième Décret du fixiéme Chapitre de leur jnéme Concile , qu''ils font profejfion de croire que Jéfus Chrift eft le Seul Médiateur, l'Avocat 8c l'intercef- feur des Fidèles , pour les péchez defquels il a fait la propitiation , en verfant fon propre iang , 6c en fe donnant lui-même pour leur rançon. riijîu'o^ T xv^ov i/iA l>!ov /^t-n-irlui }(^>î/aj , È 03«îk iiuniii h.vj%ii , £ ctint xi)J>- On trouvera ce Dccret fur la fin de ce Concile , fous le numéro 8. que nous vê- tions d'indiquer. Ce font les Grecs de Jérufalem qui Vont mis eux-mêmes dans ce rang, avec dix-fept autres Décrets de leur Confcfllon particulière qu'ils préten- dent être oppofec aux dix-huit Chapitres de celle du Patriarche Lucar : mais on voit déjà ici par avance , que ce VIII Décret /«;>/? /m conforme , ^que lien loin de la détruire , /'/ fert au contraire à la confirmer ^ à confondre les Auteurs de ce Concile par leur propre témoignage , de même que tous ces Dofteurs 8c Prélats de France qui ont mis ces Décrets contradi^oires au rang des preuves authentiques de leur Religion , au lieu qu'ils dévoient les mettre au rang des témoignages irréfragables de leur mauvaife Foi fff de leur aveu- glement , qui furpafjé tout ce qu'on en peut dire puis qu'ils nient avec opiniâtreté dans un Article ce qu'ils établiffent formellement dans un autre, comme il paraît dans ce quatrième Anathêrae comparé avec leur huitième Décret. Ku&fAA» îiiy^«7i^.j»7j .^ -m-nU^-n , ^li 7!zly- Anathêmc à Cyrille , qui enlcigne êc m u'.'i-^amy «.i-ni^nov «"v«j , à; éici.^yii ci qui croit quc touc hommc n'cft pas li- ■^ hxdra, uôri ^m?r« «4>«A«,'« , «AA^ brc , commc il cft clair dans fon quator- ,' . ,/. ., . '■,.„'-' a,- > ziéme Chapitre, 8c que chacun a la fa- . ^ . .„ culte ae pécher, mais non pas celle de "^ ' fkiirc le bien. Le Patriarche I,ucar enfeigne dans le quatorzième Chapitre de fa Confefio» , conmie on le peut voir à la page 145'. de ce Volume, que la Grâce de Dieu por- te l'homme à faire le bien, en prévenant le Franc-Arbitre, qui fans la Grâ- ce eft blcllé , comme celui-là qui fut meurtri par les Voleurs , en defcen- dant de Jcrufalem, de telle forte qu'il ne fait rien de lui-même de bon, s'il r'cft excité par la Grâce du Saint Efpric. Cette même Doctrine efi fort bien établie Yàx les Grecs dejérulalem, dans le quatorzième DccTCl du fixiéme Cha- pitre de leur Concile , que nous produirons dans fon rang ci-après. Le Leileur y trouvera cette propofition, à fçavoir qu'il eft ncceflaire que la Grâce prévienne l'homme régénéré , pour l'exciter à faire le bien fpiriluel , qui confifte dan^ les CONCILE DE TERUSALEM. 315 les œuvres falutaires, que la grâce furnaturellc produit dans les Fidèles, en telle force qu'ils ne peuvent rien faire d'eux-mêmes qui foit digne de la vie Chrétienne; «wP-i tî0^r«<^> 'i «so^fV'"» lîw ^^, un f^.-/iHt SCitS^ 1% tMnQ 4 «ç xa<îî» Foila deux autres preuves de l'aveuglement des Grecs de Jérufakm £î? de ceusi de Confianîinople y qui condamnent par le cinquième Anathéme du Synode de Cy- rille de Bérée, la Dodtrine qu'ils approuvent dans le quatorziérKe Décret de leur Concile ,, qui adopte ce même Synode, dont les Dogmes font entièrement incom- patibles avec ceux de ce Concile. Il s'enfuit par conféquent, qu'ils ont prononcé l'Anathéme ci-deJpiSf de même que les autres précédens , non pas contre Cyrille Lucar y ni contre les Réformez. ^ mais contre eux-mêmes , & contre tous ceux du Clergé de France 6c de l'Eglife Romaine, qui fe font rendus garans de ces jPecrets contradiiîoires. Kt;ô<'A^4) hyiictr,?,ovn ^ -mTfJotv , i*i fil- Analhémc à Cyrille, qui cnfeigne 5c «7©' Ic Vin Hon plus, ne font point changez. ' ' ' * ■ ••■._- «*>-"»» v«^<-K au vrai Corps de Téfus Chriil, par la «. . « ^ ' .*^' « bénédiction du Prêtre, & par l'avene- y,^^^T^ ^ cv TV» ;i...r«^i..»^^ T «/j^r. j„ej,j j^u s^j^j j.jpj.jj_ Puifqu'il eft k^^» xKpxXaf»». -ri mf<,cc S Kvg^n cCTi j'w écrit au dix-feptiéme de fes Articles hé- ♦Tiif c* tJ jtti/9)ei croient Timpanation , ou la Préfence réelle., conviennent égalensent, que la propre Chair 6c le véritable Sang de Jéfus Chrifi , ne font pas vifibles dans les Symbdes facrez du Pain Myftique de l'Euchariftie. 11 faut donc que ceux ^ut difent , que ce qu'ils voient des yeux du Corps , Se ce qu'ils touchent de leurs mains dans ce Sacrement, efi le Corps de Jéfus Chrifi ^ entendent quel- que chofe de bien différent de ce véritable Corps crucifié (^ rompu , que Jé- fus Chrift avoit dans le tems de fa Paffion, Se de ce même Corps glorifié qu'il a maintenant dans le Ciel , puifqu'il s'agit de ce qu'on voit ^ Se de ce qu'on touche en regardatit , Se en maniant le Pain Euchariftique , Se non pas de ce qui peut y être caché fous les efpéces ou accidens viables Se fufceptibles de toutes les propriétez qui ont du rapport aux lens corporels. // refaite par conféquent de tout cela que les Grecs qui ont compofé les. De- crets de ce Synode de Conjlantinopk ^ ne croi oient /iû/»/ la Tranilubftantiation, mt que s'ils l'ont crue, c'étoieni des Grecs Latinifez, qui étant mal inftruits des véritables fintimens de l'Eglife Romaine fur ce Dogme, ont crû que pour faire plaifir CONCILE DE JERUSALEM. ps plaifrznx Papilles , il f ail oit dire ^ avouer^ que non feulement le Pain Eu- chariflrique étoit changé au propre Corps de Jéfus Chrifl ^ mais qu'on voioit ce même Corps des yeux matériels ^ fans qu'il fut couvert d'aucun ^oile des acci. dens de ce Pain. Mais comme il n'y a perfonne de bon fens qui n'aioué que eeux qu't fe font de pareilles illufions, & qui raisonnent de la forte, ne mérim tent point de réponfe, nous finirons celle-ci /dtr une autre Remarque démonftra* tive de l'ignorance^ de la fiupidité ^ Sc de la mauvaife foi de ces mêmes Grecs. Ils prononcent Anathéme contre Cyrille Lucar, parce qu''il cnieigne 13 qu'il croit ce qui eft contenu dans les dix-huit Chapitres, Cs? dam les quatre Réponfe s de fa Confeffon de Foi. S'il efi "vrai que ce Patriarche ait cnfeigné £sf crû tout ce~ la-t pourquoi V'accufent-ils dans la Préface de ce même Synode, d'avoir été un fourbe qui faifoit lemblant de croire ce qu'il ne croioit point, & qui diflî- muloit ou cachoit fes véritables fentimens. Cette Préface fe trouve dans !'£• àition du Manufcrit de Léo Allatius , faite l'an 1 6^0. à Laurette par les foins du Jéfuite Pctra-Sancla, 13 la même chofe efi répétée dans la Perpétuité de 1» Foi des Doéteurs de Port-Roial , qui difent à la page 286. du quatriétue Li- 'vre de leur premier Volmne , que Cyrille n'ofoit pas faire paroître les IcntimeiTs. Voila donc un Anathéme prononce contre lui par des Grecs qui ne Iça- voient point ce qu'il croioit, ou ce qu'il ne croioit pas, 6c qui par conlé< quent lont des mal-avifcz 8c des téméraires, en ce qu'ils affirment non feule- ment ce qu'ils ne Içavcnt point, mais aulîî le contraire de ce qu'ils Içavent fort bien, car ils affàrent en même tems , £î? dans le même Article, que Cyrille cnleignoit diverfes Héréfies: or comment cela peut-il s'accorder avec ce que les Grecs de Jérulalem ont déclaré dans le premier Chapitre de leur Con- cile , oii ils ont dit fur le même fujet précifément tout le contraire. Voici comment ils en ont parlé dans le fécond i3 dans le troiftême Article^ que nous avons mis a la page 182. de ce Volume. „ 11 n'y a aucun Ecrit dé „ la propre main de ce Patriarche contenant quelque choie de ce que les „ Ethérodoxes témoignent , & on peut facilement démontrer par le tcmoi- „ gnage de ceux qui ont vécu familièrement avec lui , qu'il n'a jamais été „ reconnu dans l'Eglile Orientale, pour un homme tel que les adverfaires „ ont la vanité de le vouloir loûtenir: d'ailleurs, nous avons plus de mille „ témoins oculaires de la Piété reconnue de Cyrille , qui ne lui om jamais „ rien entendu dire qui ne fut Orthodoxe. Nous pouvons bien conclure far des témoignages fi pofitifs 13 ft évidens , que tous ces Grecs font des impolieurs , puifqu'aprcs avoir établi des faits diamé- tralement oppofez 8c entièrement incompatibles , les uns dans leur Concile, les autres dans leur Synode, ils ont néanmoins l'impudence & l'elfrontcrie de pro« tefter qu'ils lont parfaitement d'accord en routes chofes. Cela eft tellement faux, comme nous venons de le démontrer, qu'ils ne fe difculperont jamais de ces infignes fourberies dont nous les convainquons par leurs propres témoignages : car en fu-ppofant même que les Grecs de Conftanti- mple n'ont proucncé les Anathéme s de leur Synode contre le Patriarche Lucar , qu'après avoir été bien informez de ce qu'il enfeignoit ^ de ce qu'il croioit > nous avons toujours la même raijon de conclure , que les Grecs de Jérufalem 6c les Doc- leurs de Sorbonne, qui ont approuvé tous les Décrets contradiftoires des Sy- S f a nodes ii6 CONCILE DE JERUSALEM. nodes Se du Concile dont il s'agit , demeurent chargez de toutes les im. pofturcs qui y font contenues: ^ pour ce qui ejl des Grecs de Conftamino- pie, leur condamnation, en ce cas, eft auffi prononcée par les Docteurs de Port-Roial & par les Prélats de l'Eglife Gallicane , dans le 3, Livre du pre- mier J'orne de leur Perpétuité ^ à la page 189. oîi ils foùticnnent que ces Grecs de la faécion de Cyrille de Bérée n'ont point eu de légitime fondement pour Anathématifcr le Patriarche Lncar au fujet de ce qu'il a publié dans fa Con« feffion de Foi, touchant le Sacrement de l'Euchariftie 6c contre la Tranflub- ftantiation de l'Eglife Romaine , parce qu'il n'a rien dit fur cela qui ne puif* fc fort bien, convenir à la Doétrine des Eglifes Grecques de l'Orient. Foici de quelle manière ces Dateurs fe font expliquez, fur cet Article. „ On pourroic „ répondre au Miniftre Claude, difent-ils, que le Patriarche Lucar n'expli- 5, que point ce que c'eft que cette Tranflubftantiation qu'il rejette fous le ,,mot y.iTHF.wnii, qui n'eft pas celui dont les Grecs fe fervent ordinairement pour, jjl'expliquer; qu'il ne dit point que le Pain demeure; qu'il aflure qu'il con- „fefle la préfence véritable de Jéfus Chrift dans l'Euchariftie , quoi qu'il la „reduife à une préfence de Foi; ce qui eft équivoque, étant vrai qu'il n'y „.a que la Foi qui nous aflure de la préfence de Jéfus Chrift , quoi que ce »ne foit pas la Foi qui le rende préfent. Il eft très manifefte, fuivant cette Explication des Doéteurs de Port-Roial , que le Patriarche Lucar n'a été condamné par les Grecs de Conftantinoplc que Iflr un terme de fa Confeffion dont le fens peut également exprimer le fentimcnt des Grecs & des Réformez fur le Sacrement de la Cénc , ou celui des Proteftans , que plufieurs célèbres Théologiens de ces trois différentes Communions, regardent comme un Dogme tolérable. Voila par conféquent k Patriarche Lucar entièrement à couvert des Anatliêmes de ce Synode 8c la Doétrine des Réformez confirmée par les Grecs de Jérufalem , puifqu'ils difcnt être du même fentiment en toutes choies avec ceux de Conftantinoplc. Mais que deviennent donc ces Anaîhémes prono?tcez fans aucun fondement contre le Patriarche Lucar? 11 faut néceflairement qu'ils retombent fur ceux qui les ont fulminez, 8c iur ceux qui les ont fait fulminer. Les Doiïleurs de Sorbonnc Se les Prélats de France font dans ce dernier cas, puifqu'ils ont emploie ces /««j^^/rcj- de Conftantinople 6c de Jérufalem pour forger tous ces Décrets , pleins A'impofturcs , dont ils fe font, fervis non leulemcnt contre les Réformez, mais aufll pour tromper ceux de leur propre Communion, en faifant glifler les erreurs des Grecs Latinifez dans plufieurs. Confefiions de Foi , à la place de la véritable créance des Chrétiens Ortho-- doxes- de l'Orient. Tous les Grecs 8c- les Latins qui ont drefix les Articles de ce Synode Se donné leurs fignatures pour les rendre authentiques, font dans le premier cas, qui les foijmet eux-mêmes à la peine des Anathémes qu'ils ont prononcez contre le Patriarche Lucar .^ puifqu'ils l'ont fait fur de faufles fuppofitions. Se fans aucun légitime fondement, comme nous l'avons fuffifarament démon- tré. Mais pour en convaincre de plus en plus tous ceux qui voudront d'au-« très preuves de la mauvaife Foi de ces Grecs Sc du peu de confcience de ceux qui ont emploie leurs témoignages,, en voici un grand nombre de fort évidentes, & CONCILE DE JERUSALEM. ^17 Se qui ne fçauroient être plus authentiques, puifqu'ellcs réfultent des propres lignatures des Auteurs de ce Synode de Conlhntinople , fait ious la direc- tion du faux Patriarche Cjr;//^ ci? Bérée ££ par les intrigues de la faction de tous ces autres Ex- Patriarches 8c Métropolitains dont nous avons mis au jour les crimes énormes, & les attentats horribles, dont ils ont été convaincus dans l'Averriflement de ce Synode: nous y renvoions nos Leéteurs pour ne faire point de répétition inutile. Mais comme nous avons découvert une nou- velle preuve que le ViLiXAZxcht Mélrophane , l'un des plus fameux Chefs de cet- te cabale d'Apoftats , étoit entièrement dans les intérêts de TEglife Romaine, & Papifte outré, dans le tcms même qu'il étoit en pofleflîondu Patriarchat, nous allons produire ici ce témoignage que les Docteurs de Port-Roial nous en fournirent. Voici deux fortes preuves que nous avons pour démonrrer que c€ Métro' pham eftun Jpojîat, qui pour s'élever fur le Siège Patriarchal de Coniknti- nople s'ejî dévoué au fer-vice du Pape ^ de VEglife Latine , en abandonnant la véritable Religion des Grecs , dont il avoit donné au public une Confejfion de Foi, du vivant du Patriarche Lucar y que les Latins eux-mêmes trouvèrent confwme, dans fes principaux Articles , à celles des Eglifes Réformées 8c Protcftantes. G'eft pourquoi nous avons raifon de foûtenir que les DoéteuM de Port-Roial Se les Prélats de France nous fourniflent des Preuves authcn» tiques de VApoflafie de ce Patriarche Métropbane, par la Produétion du Sy- node de Conllantinoplc, dont ils ont fait imprimer quelques Décrets pour "la condamnation du Patriarche Lucar êc de ia Dcétrine, à la page i^^. du pre. mier Volume de leur Perpétuité. Car ces mêmes Décrets aiant été infères dans le Concile de Jérufalem avec toutes lesfignatures des Grecs de Conftan- tinople, qui ont anathêmatifé le Patriarche Liuar 8c rejette fa Doctrine , on- y trouve le nom de Métropbane Critopule Patriarche d'Alexandrie , qui ratifie tous ces fulminans Décrets, immédiatement après Cyrille de Bérée Patriarche de Conftantinopîe. Cette ratification ne pouvant être defavouée par ces Docteurs 8c Prélats àt l'Eglife Gallicane, qui la produifent contre les Réformez, il nous cft faci- le de prouver maintenant, à tous ces Doéteurs 8c Prélats, que ce Métropha^ ne Critopule n'eft en aucune manière digne de foi, fur ce qu'il attefte concer- nant la Religion des Grecs dans ce Synode de Conftantinopîe , puifqu'il a foûtenu très ouvertement 8c figné d'une manière fort authentique des^ jSrticks entièrement oppofez {3 contraires à ceux-là, dans la Confeffion de Vob qu'il compofa quelques années avant la tenue de ce Synode , 8c qui fut d'à-- bord publiée en Grec 8c traduite en Latin vingt-trois ans après , conwie ce- la paroît dans les Ouvrages des deux Auteurs très fameux dans le Parti de l'Eglife Romaine , qui nous fourniflent des preuves irréfragables de l'Au. tenticité de cette Pièce. Le premier de ces Auteurs cft le célèbre Dofteur iV/o?w, qnr s'en eltex-- pliqué dans fon grand Dictionaire Hifioriqtie de la manière que voici. „Méîrophane Critopule Auteur Grec, a fait uns Confeffion de Foi de VEglife \,àrec: i66i', S r 3 „Ce- 328 CONCILE DE JERUSALEM. „Ce Critopule ^Ytnà dans le Tître de fa Confeffion de Foi, la qualité de Pro- j.tofincellc de la grande Egliie de Conftantinople. Le fameux Cyrille Lucar „ Patriarche de Conftantinople qui vouloir connoître parfaitement l'Etat des Egli- „ fcs Proteftantes de l'Europe, le députa pour aller en Angleterre, afin de s'in- „ former éxaârement de la Daftrine de ce Pais-là. Critopuk aiant débarqué i „ Hambourg , parcourut une partie de l'Allemagne , & ce fût en ce pais là. „ qu'il compofa cette Cotifeffion de Foi ç^ui favorife la Religion des Protejlans. L,e fécond Auteur qui nous rend un témoignage authentique fur cette Con- feffion de Foi cft le fameux Richard Simon Prêtre de l'Oratoire , qui dit à la page fz. de Ion Hiftoire Critique de la Créance des Nations du Levant , que ^^Cyrille Z?/^'*??' aiant été élevé à la dignité Patriarchale, entretint fon commer. „ ce avec les Protcftans , fc fervant pour cela de Métrophane Critopule dont nous ,, avons un Ouvrage touchant la créance de fon Eglife ■, imprimé à Helmjiat. ,, Que ce Métropbane alla au nom de fon Patriarche en Angleterre & dans une „ bonne partie de l'Allemagne, où il s'informa le plus éxaftemcnt qu'il lui „fut poflîblc de l'Etat des Eglifes Proteftantes , dont il fit Ion rapport à Cyrille, l'étant allé trouver à Conftantinople. Les Anathcmes 8c les Décrets du Synode de Cyrille de Bérée , étant for- mellement contraires à cette première Confeftîon de Foi de Métrophane , on ne peut le tenir que pour un ^poflat de l'Eglife Grecque & pour un faux témoin , puifqu'il y a des preuves incontcftables , comme nous venons dcle faire voir, qu'il a figné tous ces Dogmes oppofcz 6c incompatibles. Voila pourquoi nous avons raifon de le mettre dans le même rang que Cyrille de Bétée £5? Parthénius ■) avec dix-huit Métropolitains & autres Officiers de l'E« elile de Conftantinople , qui ont aufil tous Apoftafié & vendu leurs fuffra- ges aux Partifans de l'Eglife Romaine & au Clergé de France, comme nous l'avons prouvé dcmonftrativement à la page 518. de cet Ouvrage. Ce font ces mêmes pcrfonnages £5? ceux qui étoient fournis à leur JurifdiSlion, CMi ont figné le Synode de Conftantinople & de vWûA/tîrà, comme on le peut voir par \t\iïi S oufcript ions o;nc nous mettons ici, telles qu'on les trouve dans le Manufcrit Original du Concile de Jêrufalem , immédiatement après les Dé- crets du Synode tenu par Cyrille de Bérée ^ qui y font inférez de la manière que nous les avons mis au jour ci-defius. Les Signatures de ce Synode de Conftantinople ne font pas toutes dans Je même rang, ni les mêmes, dans le Manufcrit Original du Concile de Jé- rufdeMy Se dans celui de ce Synode, que Léo AUatius, Bibliothécaire du Pape , cnvoia de Rome à Laurette dans la Marche d'Ancone , ol\ le Jéfuite Silveftre à Petra-Sancia le fit impi-imer en Grec, avec une traduction en La- tin l'an 1659. ^ "''^ l'Original dans les Archives de l'Eglife, oii eft le grand Tréfor, 6c le fameux Oratoire qu'on nomme la Chapelle de La»- rette. 11 y a huit Signatures dans ce Manufcrit de Léo Allatius , & dans tous les Exemplaires mis au jour par ceux de la Communion de Rome , qui ne font point dans celui dz Jêrufalem, lequel a auffi cinq autres Signatures qui ne font point dans celui de Laurette. Cela nous fournit un motif fuffifanc pour foûceuir que ces deux Manufcrits énni f peu cor/formes, dans une matiè- re CONCILE DE JERUSALEM. 3:9 te auffi eJjhitieUe que l'cll celle des Signatures, pour la 'validité dt toute forte à''Jcîes publics 6c de témoignages particuliers; ils ne peuvent en aucune ma- nière iervir de praeve juridique : mais au contraire qu'ils doivent être mis au rang des fauiles Atteftations ,, Se enaploiez contre les Docteurs de l'Eglifc Romaine, qui en ont fait la produârion, comme autant de preuves éviden- tes de leur raauvaife foi , puifque , s'ils n'ont pas forgé eux-mêmes toutes ces faufles Pièces , comme on le peut raifonnabicment préfumer, ils fe font ren- dus très coupables en les mettant au jour, pour tromper & pour féduire tous ceux qui fuivent aveuglement leur Doccrmc &; leur Direétion. Nous mettons ici toutes ces Signatures dans le même rang qu'elles ticrj. neni à la fin des Décrets de Cyrille de Bérée, inférez dans nôtre Manufcrit Original du Coneile de Jérufalem: & nous avons ajouté un chiffre, vis à vis de chaque Nom, dans nôtre Traduétion Françoife , pour marquer le numéro fous lequel chacun de ces mêmes noms fe trouve dans le Manufcrir de Léo Allatius , afin que tout le monde puifle connoître la différence qu'il y a entre ce Manufcrit & celui de Jérufalem par le dérangement 6c les va. riations qu'on rencontre dans la plupart de ces Soafcriptions. Celles qui font écrites en Caraétére Romain, dans nôtre Traduction ^ font conformes au Manufcrit de Jérufalem , & celles qui n'ont point de ;«i- mero ne fe trouvent point dans celui de Laurette : mais celles qui font en caractères Italiques fans aucun numéro, font tirées du Manufcrit de Leu Alla- tius, & ne fe trouvent point dans le nôtre. Pour ce qui eft des noms qui font écrits en petites Lettres Capitales, ce font ceux des Patriarches, ceux des Métropolitains £c des Officiers , qu'on doit mettre au rang des Grecs Latinifez, ou des Perfides êc des Âpoflats , dont nous avons parlé dans nôtre dernier Avertifément ci-defîus , oii l'on trouvera leurs noms tels qu'ils font dans ces Signatures, & les preuves de leurs criines Se de ]ç:ux mauvaife- foiy qui les rend entièrement indignes, de porter aucun témoignage fur les- matières de Religion, ni contre qui que ce foie, non plus que kurs Adhé' ransy 8c les autres Eccléfiafliques fournis à leur Jurifdi^ion. Voila pourquo? il n'y a pas un des témoins de ce Synode qui ne foit récufable, parce qu'ib font tous dans l'un ou l'autre de ces deux cas. Voici leurs noms après la datte de ce Synode. E» ETfl £wti,e«'a ^>.icr!? ii^ttomeçç Ta«c- L'année du Salut mille fix cens tnr." >{s^û iylia, ftUi Zizrl-ftSe^^t e/jcss-j? wTOf- tc-huit: le vingt-quatrième du mois de T^ , (KÎixTî*,®^ ^. Septembre. Indiébion fepticnie. Kve^».^ i dis BsppoiW Ixîu ©£« >f;y£5n'r- I. CyRILLE DE BhR e'^E , pSt la hé< jyi©- KtivriwTintmf^aii ,îcK Pa^ijç, >à ««»»- niguité dc Dicu , Archevêquc de Conftan- fSfitKsi Tnc^iùf^, lîu) ^ Kvt^>i.ii J A«r.«- tinoplc , la nouvcllc Rome Se Patriarche f£««r«<;*.VS-"»»* m:^h,i,nKvp£i,, -nS a**' Occutnénique , confirmant le Synode af- fii,,^^ ,.,%.^i%A„ ™'™ r ^' ' ' r fcmblé contre Cyrille Lucar , je foûmeta ^ ^^ , ,, a 1 Anatheme non ieulement fa Perfon. . , . , ^J . &''>"'« ne Se les Chapitres qu'il a cents , mai* S f 4 M?v^>- •at Vfsûctiu rtuS-m i^Jih^e eïtof. pour CONCILE DE JERUSALEM. auffi tous ceux qui les tiennent Orthodoxes. 2. MeTRopftANE, par la bénignité de Dieu , Pape Se Patriarche de la grande 330 TriXiui ïifuanXil*. O k^mn-nixtui Tla^ j ^ç na^B-în®' • O ZiffSt Aatilix. fOvTe ■ni iqir o^r.t'.u- o H^xXlicct UfSfiiat. ymTQ/.c6p^ç A Al* O A5>l»âiv Aawi'A. O AôTOM®'. o Ko&f'S'» ïuaimtp. , O ®iioî-e»A«HK>!5 K«AAivix®j. .0 Ka» luaytlu, ^ . .. ^ , '^ ^;t«< AAî|e«»Jj)ï(«f. O ÎIoAutï»; nofJiJg/C^. O X»Ax>iÎ!;y(^ Aiovfffi©', O Yâfiu A»S!,K®-. O TaXcfj-na Au^ô^®', 4. Parthenius D'ANDRINOPtE. Ville d'Alexandrie. 3. Thcophane , par la bénignité de Dieu, Patriarche de la Sainte Ville de Jérulalem. r C'cft Parthenius le I Vieux qui a été fait I Patriarche de Con- S ftantinoplc & fous j lequel fut tenu le I Synode de Jafïï en ( Moldavie. 5*. Grégoire deLarisse. 6. Daniel de Serres. C'eft Parthenius le Jeune qui fut Pa« triarche de Con-» ftantinople. 7. Parthenius de johanna. I Jérémie d'Hiraclée. 9. JOHANNICIUS DE BeRe'e. 10. Daniel de Didymotichc. .. T r Celui-ci a été Pa* 12. JOHANNICIUS )' • 1 J r^ _, Tj ■' , < triarche de Coa- d'Heraclee. In ■ , (^ Itantinople. 14. Daniel d'Athènes. Grégoire , de Praconefe. If. Benjamin, de Paronaxie. 44. Antoine, deDrilhe. 7.% Tofaphat de Corimhe. Sophronius de Syliriibrie. 17. Théophane, de Phanaric. Callinicus , de Thcll'alonique. 18. Joachim , dcr II a été Paped'A* Coron. i léxandric. 12. Parthenius, ci-devant d'Iconie. 19. Porphire de Poliane. Denis de Chalcedoine. ao. Antime de Samos. %i. Dorothée, de Talantion. o T^if- CONCILE DE JERUSALEM. 331 Gabriel , de Z^nove. Melece, ci-devant d'Ardamerion. ij. Melece Syrigue Hiéromona' que, c'eftàdire, Prêtre-Moine, ôc Pro« fefleur de la grande Eglife. 26. Nicolas C Claronzane. 1 II a été fait Pa-' Prêtre 8c Thcolo- \ triarchc d'Aléxaa* gien de la grande j drie. Eglifc. [ 28. Michel Veflarche, Prêtre 8c Pro» fcflcur, ( ouRcgcnt de la grande EgUfe. George Prêtre , grand Oeconome de la grande Eglife. Le grand Maître de la Chapelle de la grande Eglife. 27. Gabriel Blaife , Prêtre-Moine « Régent de la grande Eglife. Emaniiél, Prêtre, grand Archivifle de de la grande Eglife. 5r. Gabriel , grand Protocyncelle as. la grande Eglife; c'eft à dire , le premier Doraeftique du Palais Patriarchal. Benoît , Prêtre-Moine de Jérirfalem, Régent de la grande Eglife. 55. Michel , grand Reéteur de la grande Eglife. 52. Emanuël , Prêtre , grand Ar- chivifte, ou Préfet des Archives de la grande Eglife. 34 Le Prêtre, Théologien de la Cha- pelle de la grande Eglife. 55:. SophianuS) grand /'ro^err/w , c'eft à dire , Avocat Général de la grande Eglife. 36 Maamde , Primmicere, c'eft à di- re Diftributeur des Cierges de la grande Eglife. Il eft auffi nommé Lampadaire ^ parce qn'il a foin d'éclairer les Lampes. 59 Parafcevc , Prêtre, Tréforier des Rétributions. 57 Euftatius , Prêtre , grand Protor papas : c'eft à dire , grand Archiprêtrc de la grande Eglife. Euftathius , Protonotaire de la grandi Eglife, T t o ■îf»^ g<»T^ct*>i(, 1^ 5e»A»jj5 "f-^Ts^a^^ç AAî|««" utfâMi aoïKXTKrioK. O fi'-yxi ffUxlX^ag/iei "f f.tipaXrilîA. jilj/ïAii5 CMxXiricK ilS'àux.d.Xoç. O uiyitf fiiisif '3^ fii^aMi caxXiis-ica Mi. p"^*^ "^ f'i}.àXr,( iKKXriFi'cei Ilajjnr- O («Éyç iriwmtzcTmi "f filyiXfii lr.x.X.-/iirlci4 CONCILE DE JERUSALEM. 40. Philippe , ci-devant Protonotairc de la grande Eglilê. 42. Conftamiii , Scribe des Comuicn.. taires de la grande Eglife. 45". Michel , Redeur de la grande Eglife- 43. Seule, Logot hete dcsDomcûiqucSf c'eft à dire le Surveillant de la Famille du Patriarche. 44. L'Infpeâreur Général de la gran- de Eglife. Le nom de cet Infpecleur n'eft point dans nôtre Manufcrit de Jé- rufalem, mais il cft appelle m/^;,'a, Mi- chel , dans celui de Léo Jllatius. 46. Rhales, ChaufFe-Cire des Notai- res. 51. Ignace , Archidiacre de la grande Eglife. 47. Conftantin, Notaire de la gran« de Eglife. ni r!ct4 i7i.itrTni'to? -f fe«>«'A»ç £XKAii«-(«S Mi^«'A. O "i^^^ùxiiti 71)"? f-iiyxX/ii iy,KM,'.yx>.rii «exAije-;'»? "Siat^vâ- Sur les nople REMARQ^UE Titres îj? les Charges des Officiers de la grande Eglife de Conjîanti- , c'ejîàdire, de l'Eglife Cathédrale oh Je premier Patriarche ^e /'O- rtenî fait ordinairement [es fonctions Paftorales 6? Pontificales. Eux qui voudront fçavoir en détail tout ce qui concerne to Officiers Ec- cléfiaftiques ^ Séculiers de l'Eglife Patriarchale de Conftantinople , n'ont qu'à voir le Catalogue que le Père Boar Dominicain en a fait imprimer l'an- 1647. à Paris. C'eft un Religieux François , qui a été dans le Levant en qualité de Miffionnaire Se qui en a apporté divers Manulcrits qui con« cernent la Religion & les coutumes des Grecs. Mais comme ils ne font pas à nôtre difpofition , nous ne pouvons en mettre ici que ce qui a été publié fur celte matière par Monficur de la Croix Agent du Roi de Fran« ce, dans une i?f7^//o« dont nous avons parlé ci-devant. Ce Miniftre d'Etat nous apprend au Chapitre 57. de celte Relation, qu'a» vant la prife de Conftantinople tous les Officiers du Patriarchat étoient Ec- cléfiaftiques; mais qu'il n'y en a plus que quatre , lefquels à caufe de leurs fondions, n'ont pas pu èire féailarifez comme les autres, afin d'augmenter le revenu du Patriarche, & pour favorifcr Vambition des Séculiers, qui les briguent à force de préfens, pour fe difiingner èc pour avoir un rang plus confidéra,- ble dans l'Eglife 6c dans les Aflemblées. Ces Officiers affiftent le Patriarche dans fes fondions Spirituelles & Tempo- relles. Il y en a un très grand nombre , entre lefquels les Principaux fe nomment 2c qualifient comme on le va voir ici. Le CONCILE DE JERUSALEM. 333 Le Grand Econome , qui a loin des revenus ôc de la dépenfe publique du Patriarchat. Il affifte le Patriarche à l'Eglife & à fon Tribunal de Jullicc aux jours d'Audience, & il a la première voix dans l'Election des Evêques. Le Grand Maître de la Chapelle , qui affifte le Patriarche dans les Cérérao» nies Eccléfiaftiques , & lui préfente ceux qui alpirent à la Prêtrife. Le Grand Tréforier , qui eft gardien des Vafes Sacrez de l'Eglife Patriar- chale & des Ornemens Pontificaux, & qui a l'Economat des Evêchez vacans. Le Grand Officiai y qui connoît des matières bénéficiales, Se a foin de fai. re approcher les Prêtres quand ils doivent recevoir la Sainte Communion les jours des Fêtes folemnelles. Le Grand Logothéie , ou Chancelier qui fait les Harangues & garde les Sceaux du Patriarchat. Le Grand Référendaire , qui rapporte les affaires au Patriarche & qui eft le Porteur de fes Ordres. Le Grand ProtoHotaire , qui délivre les Brefs , les Mandemens , les Ordon- nances 6c les Décrets du Patriarche. Tous CCS Grands Officiers ont été Sécularifez, & ne laiflent pas néanmoins de tenir encore leur ancien rang à la Droite du Patriarche dans toutes les Céré- monies 6c les fonctions tant Eccléftajiiqucs que Séculières. V Archiprètre Communie le Patriarche dans les Méfies Solcmnelles & il ea reçoit la Communion enfuitc, 6c occupe le premier rang à fa gauche. Le Sur-Intendant de l'Eglife , garde & diftribuë l'Huile Sacrée dont on le fert en plufieurs occafions. Le Maître du Chœur qui eft le premier Chantre , porte le Bâton Paftoral du Patriarche dans toutes les Cérémonies Pontificales. Le Théologal eft un Profefleur en Théologie qui explique tous les Diman- ches l'Ecriture Sainte au Peuple. Ces quatre Dignicez leules ont été exemptes àt\iSécularité , parce que leurs fonctions font purement Eccléjiajîiques. Nous ajouterons ici, de nôtre chef particulier , tine autre Remarque pour ceux qui ne connoiflent pas la difiérence qu'il y a entre les Dignitez & les Charges de l'Eglife Grecque 6c celle de l'Eglife Latine : Car il y a une très grande difiérence entre celles des Grecs non Latinifez & celles du Clergé Romain , quoi qu'elles portent le même nom. En voici un exemple donc on pourra faire l'application à toutes les autres Dignitez. Le mot de Protonotaire fignifie autre chofe dans l'Eglife Grecque , que dans l'Eglife Latine : car dans l'Eglife Grecque c'eft le nom d'un des grands Officiers de l'Eglife de Conflantinople. On attribue à celui qui poflédc cette Charge les Privilèges fuivans. i. D'être dans le Sanétuaire auprès du Patriarche pour le fervir 6c pour lui donner de l'eau dans le tems qu'il va cé- lébrer les Saints Myftéres. 2.- 11 eft de fa Charge d'écrire toutes les dépê- ches que le Patriarche veut envoier aux grands Seigneurs. Il a droit de vi- fiter tous ceux qui font profcfiîon des Loix , & il fait cette vifite deux fois par an. 4. 11 a l'œil fur toutes fortes de Contraéts d'achat & de vente, fur les Teftamens, fur la liberté qu'on donne aux Efclaves; 6c il fait fon rapport de tout cela au Patriarche. Tt a Mais 334 CONCILE DE JERUSALEM. Mais dans l'Eglife Romaine l'on appelloit aunefois Protonotaire le prcmiet' des Notaires qui cioicnt chargez d'écrire les Aftesdes Martirs, 5c les circonH. tances de leur mort. Le Cardinal Baronius a parlé de ces Notaires en plu* fîeurs endroits de les Annales Eccléfiaftiques, & il en a même fait un Cha« pitre particulier au commencement de Ion Martirologe , où il remarque , fur le témoignage de l'Hilloire des Papes, qu'on lit fous le nom de Dama, fe , que S. Clément divifa les Icpt Régions de Rome à des Notaires qui re- cueilloient avec foin les Aétes des Martirs , chacun dans fa Région. Mais aujourd'hui le Protomtariat cft un titre d'honneur à la Cour de Rome , dont les principales fondions confiftcnt à fe tenir en de certaines occafions , dans la Chappelle 8c dans le Confiftoire du Pape, en habit de Cérémonie , parmi les Prélats, 6c fur tout lors qu'il s'agit de laCanonization de quelque pétendu Saint., dont ils drefîent les informations de vie & de mœurs , avec pluficurs autres Aéles dont nous avons parlé dans le dix-feptiéme Chapitre .iai ÀiK vây-m , y^ «iKs^otj's Trare^a^ . chevêque de Conftantinople , la Nouvelle i Rome , (^ Patriarche Oecmnhnqne. *H5 îi>à» jC-tTeis-niT©- s-iwc^kSç «?©'»«- ^vT^''"^^ médiocrité préfidant Synoda-' S-iîi4J>i?, .«o- >;,«£5 îxe^- nérablc Clergé de nôtre grande Eglifc ra" fiiyxXr.', cMxf^iiiAxi- a:C}ix^/,(m/ «'; «tira» Chrétienne, on a produit quelques Ciia- yiiipàhajà mu i i-!n^!/.(pWl-^vn'. ? ^ ifiav pitrcsdont le Tîtrc porlc le nom du Tt 3 7,i6 CONCILE DE JERUSALEM. ■mre^âfK^ yi?"-ni "■«? Kf&i»». -afe^" "'K'^- Seigncur Patriarche Cyrille le Vieux , •"> « X?^ '^'»""' *' ^'•""''^ ^'r^t^^ È nôtre Prédécefleur , £c on a demandé s'ils .«Xjv , è <;, ^ ^f.^-g^->' -«'^^"'« è >i«. doivent être tenus 6c reçus comme pieux . ;..,S 5 xe..." 0.«.,««. «*»Ve.« ^^.,. ou rejcttez comme peu convenables a no- „ ' ,. ^;„,î», «}'™ «««,, tre Eehfe Orientale Chrétienne ôcApof- ç(,7i£o^. ir ^ , „ „ tolique. Sur quoi aiant lu avec attention uir^v l^f^iXSi l^|sA?.m5_, «5 -r.:- ,^, -rt., ^ rcchercHc très Ibigneufcment le véri- y^«f..4'«' «•■««si»<«'7r?. £.> «<-™ m.,TO ^^^]^ ^^j^^ j^ ^j^^^^^j^ j^ ^^^ Articles en (r«é-îi>.« ^-7^,0 -^"5 K«Afm>.Î5 «<'«;^/4^'* particulier, tout ce Sacre Synode a été uifiojuç, Ê ''S 7n>yfumr^ W? ;^(5»«*«?5 t*» j'avis qu'ils font tous beaucoup éloignez ^'*T>A(»»» Sr^nmâtii iiTti^i-m. (3e la Religion Catholique des Orien- taux, excepte le feptiéme, 6c qu'ils con« tiennent l'Héréfie de Calvin. «. E» TZ.Î -îtçwT» ^ th) ùi^»v è ■J=re(px7i- i . Car daus le premier il établit que yjy) S" «?<'« ■anôf.x'm >^i>ohv c'-« ttotços »ô Ic Sâiiit Eiprit procède fubftantiellement ,« ^i..>«, .^ r'^f^i^^ -7. »;«-^.« du Père Se du Fils , contre la penice de 1 Eglile Catholique. OCKAîri«<, REMARQUE. CEt Article contient une très infigne faujfeté .^ puifque le Patriarche Lucar n'enfcigne point, dam le premier Article de fa Confcfîion de Foi, que Je Samt Efprit procède fuhflantiellement du Père 13 du Fils, comme on le peut voir à la page ^38 ci-deflus. , Il paroît dans fes Lettres mifcs au commen- cement de ce Volume, 8c dans les Extraits de fes Homélies inférez dans le Concile de Jcrufalem, à la page 284. que ce Patriarche foûtient précifément tout le contraire. Se qu'il ne s'cfb jamais éloigné du fentiment des Grecs, que les Réformez 6c ceux de la Communion de Rome rejettent également. Néanmoins , les Auteurs de ce Synode, tenu fous ParthénitiSy ont l'impudence d'attribuer à Cyrille par la plus noire de toutes hsiinpojl/ires, un Dogme entiè- rement oppofé à ce qu'il a écrit 6c publié fur cette même Doélrinc. Cette calomnie., fi évidente, fait bien voir que tous ces Grecs de la FaSîion fynoda- le de Parthénius étoient àç.% perfides 6c des gens /(^î;w honneur i^ fans confcience ^ puis qu'outre toutes les prévarications dont nous les avons convaincus ci-de- vant, il eft maintenant très manifefte qu'ils débutent ici, non feulement par la calomnie très infâme dont nous venons de faire voir Vatrocitê , mais auffi par DIX-SEPT autres impostures qui ne font pas moins évidentes , fi on îait attention à ce que nous allons dire. Chacun peut remarquer la liai fon des particules conjonctives qui fe trou- vent entre le Prologue de ce Synode 6c les dix-fept Articles qui font couchez immédiatement après, kfquels ont tous le même rapport avec ce Prologue que le premier dont nous venons de parler. Or il ell très évident que cet Article 6c tous les autres fuivans, attribuent aux Réformez \t% mêmes Dogmes qu'au Patriarche Lucar, puilque le Prologue de ces Articles dit expreflëment, que les Grecs afîcmblez fous Parthénius ont jugé que tous ces Articles conte- noient CONCILE DE JERUSALEM. 337 noient les Héréfies de Calvi», par lefquelles il eft certain qu'ils entendent les nent dix-fept. Ces faits étant inconteftables , nous leur prouvons , d'une manière très évidente, qu'il n'y a pas moins de dix-fept impoflures dans la Conclufion de ce Prologue par lequel ils débutent. Voici le principe qui lert à les en con- vaincre, par une démonftration qui eft à la portée d'un chacun: car il ne s'agit point de faire un examen ou une recherche T'héologique de l'Orthodoxie ou de V Etbérodoxie des Dogmes contenus dans la Confellion de Foi du Pa- triarche Lucar , ou dans celle des Eglifes Réformées, mais feulement de voir fi les Dogmes qui font attribuez ici tant à ce Patriarche qu'aux Réformez dans les dix-fept Articles de ce Synode^ font effeétivemcnt dans la Confeffion de Cy- rille Lucar ^ attendu que / on ne les y trouve point ^ les Grecs qui ont fatije* ment fiippofé tout cela dans ce Syiiode^ font par conféquent dis Impofleurs. On peut donc s'en convaincre, en jettant feulement les yeux fur ces Ar- ticles, puilqu'au lieu d'y trouver la Doétrine du Patriarche Cyrille^ dont il eft queftion, on n'y découvre par tout que des fourmilières de menfomes ^ ^ des Dogmes contradictoires , qui font diamétralement oppofez à la Confeffon de Cyrille Lucat , 8c à celle des Eglifes Réformées. Nous avons en tout cela au- tant de preuves de fait de ce grand nombre dHrnpoftures dont Parthenius & fes adhcrans de l'Eglife Grecque 6c de l'Eglife Gallicane le font rendus coupables .^ qu'il y a d'Articles dans le Synode fait par ceux de fa Cabale. On a déjà mis au jour dans le premier de ces Articles une preuve irréfragable de ces faujfetez. On produira les autres, chacune en particulier, dans les Articles fuivans du même Synode , qui par un aveuglement étrange fe contredit ôc fe détruit lui-même, puifquc Parthenius qui en eft le Modérateur, & les au- tres principaux Métropolitain^; convoquez dans cette Aflemblée, y mettent en délibération fi on doit tenir pour Orthodoxe la Doctrine de la Confeffon du Pa- triarche Lucar contre laquelle ils avoient eux-mêmes fulminé tous les Ariathê- mes contenus dans le Synode de Cyrille de Bérée , qui les avoit fait ailembler trois ans auparavant à Conftantinople pour le même fujet. Ils avoient déjà condamné alors, fans aucun détour, ni réfcrve, Cyrille Lucar 8c tous les Chapitres de la Doctrine, en fulminant un Anathcme fur chacun en particulier, mais dans ce dernier Synode, ils ne condamnent point là perfonne: ils ne prononcent aucun Anathême contre fa Doctrine: ils l'improuvent fi-ulcmcnt par quelques déclarations, fans faire aucune men- tion de leur examen, ni de leurs Cenfures précédentes , £c ils exceptent même de leur nouvelle condamnation un Article qui concerne l'Incarnation, la Mort , la Sépulture , la Réfurreétion 6c l'Afcenfion de Jéfus Chrift, qu'ils n'avoicnt point réfervé dans leur premier Synode, parce qu'ils étoient animez d'une plus grande fureur par Cyrille de Béree y que par Parthenius qui avoit des vues difllerentes. On voit néanmoins, au travers de toutes ces grandes Variations, q«: ficcs Grecs aveuglez 6c pervertis , ont eu plus de retenue dans ce dernier Synode T t 4 contre 33S CONCILE DE JERUSALEM. contre la perfonne de Cyrille Lucar que dans le premier, ils ont néanmoins fait paroître une plus mauvaife confcience ^ en pouflant encore plus loin leurs calomnies contre fa Dodrine, Se en redoublant leurs impoftures lur dix-fept Articles de fa Confeffion, qu'ils falftfient avec la plus grande effronterie du monde, comme chacun le pourra facilement reconnoître par la fimple IcC'* ture des Paragraphes fuivans, qui lont tirez mot à mot de ce Synode, tel qu'il cft dans le Manufcrit Original du Concile de Jérufalem. /3'. Ey 3 •^ S'^jT^^a) tlui 'âyian yçji(fiUj z. Dans Ic fccond Chapitre , Cyrille yjiUj) l^-^yictii, X -e Uy.>.y,:rUi àyim -rm-zi- Tccevant l'Ecriturc Sainte , fans les in-. ^., hyl,^®^, W r«7ç .;««^.,.*~, .«.il^., terprctations des Saints Pérès de l'Eglifc, n. ' ' ^ r^ ^\ ^-^i calomnie ce que les Conciles Oecuméni- ^ ' ^^ ques ont prononce par 1 inipiration de Dieu. Ceux qui fe donneront la peine de voir à la page 158. ^/i? ce Volume , le fé- cond article de la Confeffion de Foi dont il s'agit , y trouveront de quoi fe convaincre que les Auteurs du Synode de Moldavie font des impojieurs, puif- qu'ils accufent Cyrille d'avoir calomnie les Conciles Oecuméniques divine- ment infpircz, dont il n'a pas dit un feul mot dans le fccond Article de fa Confeffion que Parthénius 8c fes adhérans citent à faux. On pAit auffi les convaincre d'avoir mis une autre calomnie dans le même Article de leur Sy- node , touchant les interprétations des Saints Pérès , attendu que le Patriar- che Cyrille ne les rejette point abfolumenc comme ils le difent contre toute vérité. Car après avoir déclaré qu'il croit que l'Ecriture Sainte eft divine- ment infpirée, qu'elle eft infaillible 6c que fon autorité eft préférable à cel- le des hommes, qui fe peuvent tromper & être trompez par ignorance , il ajoute, en termes formels, au douzième Chapitre de fa même Confeffion , mis à la page 145. de ce Volume , que le Saint Efprit inlrruit l'Eglife que c'eft le Paraclet envoie du Père qui enfeignc l'a vérité aux Fidèles , en dif- fipant les ténèbres de leur entendement, qu'il n'y a que fa lumière qui les prélerve de l'erreur , mais qu'elle \c peut faire par le moicn des fidèles Mi- niftres de l'Eglife en agifliint fur leur efprit. Voila piéciféinent le contraire de ce qui eft imputé à Cyrille dans le fécond Article du Synode de Mol- davie, Se par confcquent une nouvelle preuve de fait inconteftable de I3 mau- vaife foi des Grecs qui ont avancé ces deux impoftures ^ Se de lit. fourberie des Dodeurs Se des Prélats de l'Eglife Gallicane qui ont voulu s'en prévaloir. -/'. E» j tJ T&«Vffl r Qih ■isDT.yinv ù^^ g. Dans le troifiéme , Cyrille attri- xffiTOTBv, Tv^mx^ :j^âf3fisi t^xriu, /xi,t, Af- buë à Dicu d'être très injufte Se d'uler '/^> rf JfAiiV^ ««V» Vï; fi: «; Jî|a* <îjô»s/;»»( . ^'un pouvoir tyranuiquc , en difant, qu'il r« 5 ^f«»f«« ;tt'A««., f,,^fcS, ^J iV P''^<^^ft'"^ les uns pour la gloire Se qu'il ,„ ~ , „ n' . ,0- inflige aux autres la peine des réprou- arSMUcv. s' TJ u» yMoiit «fîtes»?"'» j ' • ^- i • i •^ '^ ' vcz, par une détermination arbitraire de fa volonté, fans aucun égard au bien ni au mal. Peut-on dire quelque choie de plus impie que cela? Nous U^TUV OTx «J'7105 T xaxùv 0 Qsn. -^i tiérement contraire au précédent: car fi ^ .ix«'« 3fXr,fcx-n T^i ihxlftxi ivà -ri Kxyj, Dicu n'cft pas l'Autcut du mal, com- rT.«, i^iTTi-T^hi ajo-!»- "^^^^ pouffe-t-il volontairement les ré. prouvez 6c de propos délibéré, à faire ce qui eft mauvais? On ne trouve rien dans les Ouvrages des plus grands Impojleurs qui foie capable de poufler fi fortement à bout, 6c d'épuifer entièrement la patience de ceux qui ont le plus de vertu, comme le grand nombre d'infignes faiijfetez. qu'on rencontre dans tous les Articles de ce Synode. En voici deux qui font également infiiportahles par leur atrocité , 6c par le comble de V impudence des fourbes 6c àt% fcélérats qui ont eu ^effronterie de les ofcr publier, à la face de tous ceux qui ont des preuves très certaines 5c très évidentes du contraire. Ces preuves font dans la même Confeffion de Foi 6c dans le même Article que ces impojîeurs allèguent dans un fens entièrement oppofé à ce qu'on y trouve clairement expliqué, fans aucune équivoque, 6c fans qu'il foit fufcep* tible d'aucune autre interprétation. • On n'a qu'à voir ce quatrième Article, dont il s'agit, à la page 239. de ce Volume, 6c on fera parfaitement convaincu qu'il elt très faux que le Pa- triarche Lucxr y ait déclaré, oufuppofé, directement, ni indireftcment, que Dieu pouffe volontairement les reprouvez au mal, qu'il les incite de propos délibé- rt à ce qui efi mauvais , 6c les porte aèluellement à pécher. Car ce Patriarche y V V déclare 340 CONCILE DE JERUSALEM. déclare tout le contraire d'une manière très évidente & trèsexpreflc, en di- fant , que Dieu étant naturellement bon a créé toutes cbofes bonnes , qu'il ne peut jamais rien faire de mauvais^ d'où il s'enfuit que s'il y a quelque mal dans le monde il vient du Démon ^ ou de V Homme .^ puifquc c'efl une chofe très certaine que Dieu n'efi pas routeur du mal, & qu'o» ne peut jamais en aucune MANIERE, NI PAR AUCUNE RAISON, LUI EN IMPUTER LA COULPE. Voila de quelle manière ce Prélat s'en eft expliqué. Pcu:-on nier, après une déclaration fi exprefle , que les Grées qui onc attribué, non feulement à ce Patriarche, mais aufli à tous les Reformez, une Doctrine toute contraire à cette Confeffion de Foi, & à celle desEgli- fes Proteftantes , ne foient des impojleurs & des fauffalres , tels que nous les avons répréfentez au commencement de cet Article, 6c dans plufieurs autres de cet Ouvrage, & que les Docteurs & Prélats de France, qui ont adopté toutes ces noires calomnies dont ils connoiflbient encore mieux Vatrocité & les ■malignes influences que les Grecs, ne foient beaucoup plus coupables qu'eux: attendu principalement que ces Orientaux n'ont falfifié la Confeflîon de Cy-- rille, 8c déguifé les véritables fentimens Orthodoxes des Réformez qu'à l'in* ftigation de ces Docteurs 6c Prélats de l'Eglife Gallicane, qui vouloient ren« dre , par ce moien, tout le Protcftantifmc odieux. Mais la divine Provi< dence qui ne manque point de faire triompher la vérité, pour confondre les méchans, après qu'ils l'ont détenue quelque tcms en injuftice, nous fournit aujourd'hui dans ce Concile, de quoi prouver à tout le monde, que ce ta« blcau aftrcux par lequel ces impies font Dieu Auteur du Péché , 5c lui attri-» buent tout ce qui eft mauvais^ convient aux Grecs Apoftats 6c au Clergé Ro- main , puilqu'il ne le trouve que dans leur cerveau , dans leurs penfées , de- dans leurs Ecrits , dont nous venons de parler , Se qu'il n'y en a pas la moin' dre trace dans la Confeffion de Cyrille Lucar , ni dans aucun Auteur approuvé par les Synodes des Eglifes Réformées, ou Proteftantes. Voici une autre Doétrine blafphématoire qui n'cft pas moins horrible^ ni moins déteftable que la précédente, Sc qui ne fe trouve auffi que dans ce Sy- node de la faétion de Partbenius approuvé par les Grecs Latinifez de Jéru4- lem , 6c par les Prélats de France , dont la mauvaife foi fe découvre de plus en plus quand on entre dans le détail de toutes les calomnies qu'on rencontre dans les Déclarations de ce Conciliabule^ fur lefquelles ils ctublifl'ent leur créance 6c leur Religion. En voici une des plus f au ffès 6c des p\us impies- .qu'ils fuppofent être dans le cinquième Chapitre de la Confeffion de Cyrille, GÙ il ne s'en trouve pas un mot, quoi que ces perfides avancent hardiment tout le contraire en ces termes. I. E» 3 tJ ;n'/t5rTa) w 9!'«*"™?«|«y«''ï»?°'»<"<«'. j. Dans Ic cinquiémc , il parle mal de ts&Kalu» aÙT^ xveiui, è ^cnaf^:^! m it? la divine Providcncc , lui attribuant d'ê« ■a^'^;!?^?-!»" «i^s, ^ î? wnfà» «v-V™» ^""^ véritablement le premier Auteur de 71 >è ?^^.',«, ^i/dflx, i,. Il d> ym^y» tou^ ^^ mal que les Démons 6c les mé- „„p_,^,~ . rt, - x „ ■ ^ ' chans hommes font, par fa permiffion: ^ , "^ comme cela paroit dans les palîages qu il K^ Kipporte;6c cela furpaflè tout ce qu'on peut 'dire de plus blafphcraatoire. Ces • « CONCILE DE JERUSALEM. 341 Ces prétendus blafphémes ne fc trouvent que dans les paroles & dans les Ecrits des Auteurs Grecs 'èc des Approbateurs Latins de ce Synode, carie cinquième Chapitre de la Confeffion du Patriarche Cyrille parle de la divi- ne Providence avec le plus grand refpea & avec toutes les plus fages précau- tions qu'on en puille parler, comme on le peut voir à la page 240 de ce Volume, oii Cyrille dit, q^ue toutes chofes font gouvernées par la Providence de Dieu, que nous devons 1 adorer /jkj- rechercher témérairement y?j voies , pnif- qu'elles fiirpajfent notre partie , i^ que n-jus ne pouvons pas les comprendre de nous mêmes, /«r quoi (ajoute ce Patriarche) nous reconnoijjons que nous devons plu- tôt garder le filence en humilité , que de dire plufieurs chofes qui n'édifient point. Qu'y a-t-il de hlafphéntatoire dans ces paroles ? Ne font-elles pas confor- mes au langage des Auteurs Sacrez & à tout ce que les plus faints Dotieurs peuvent dire de mieux digéré fur cette matière ? Qiii eft celui d'entre les hommes qui fe peut vanter de connoitre les voies de la divine Providence ^ & de fçavoir tout ce qui fe pafj'e dans le Confeil éternel de Dieu? Ne vaut-il pas mieux garder un humble filence là deflus, que de parler à'unc manière qui ne fe- rait pas édifiante ? Cette fage retenue du Patriarche Lucar n'eft-elle pas loua* blc? Mais \ts pajfages qu'il rapporte, fi on en veut croire les Auteurs de ce Synode , ftirpafjent tout ce qu'on peut dire de plus blafpbcmatoire. Cela ell fi faux qu'il n'y a qu'à les lire fans aucun Commentaue, pour être convaincu qu'il n'y a jamais eu de plus grands menteurs que ceux qui ont écrit & pu- blié cette acculâtion. Voici tous ces pajfages en queftion dont le Leélcur pour- ra juger. Le premier cft au Pfeaume 115. qui félon la Verfîon de Genève fe trouve le 11 y. au verfet 11. en ces termes: „ Vous qui craignez r Etemel „ afj'ùrez vous fur lui , car il efl aide 13 bouclier de ceux qui font tels. Le fc- „ cond eft au premier Chapitre deVEpitre aux Epheftens , verfet 11. oli Saint Paul dit : „ Nous fommes faits l'héritage de Dieu en Jéfus Chrifi aiant été pré- ,, défi inez félon le ptopos arrêté de celui qui accomplit avec efiicace toutes chofes, „ félon le Confeil de fa volonté. Le troificmc eft au premier Chapitre de PE- pi'tre aux Hébreux au verfet 5. en ces termes: „ lequel Fils [Jéfus Chrift ] „ étant la refplendeur de la gloire £5? la marque engravée de fa Perfonne , [ à „ fçavoir de Dieu] 13 foûtenant toutes chofes par fa Parole puiffante : aiant fait „ par foi incme la purgation de nos péchez , s' eft affis à la droite de la Majcfiè „ dans les lieux très hauts. Le quatrième cft au dixiérae Chapitre de l'Evan- gile de Saint Matthieu au verfet 29. où Jcfus Chrift dit : „ Deux pafiereatix j> ne fe vendent-ils pas une Piîe ? (3 néanmoins Pun d'eux ne tombera point en i, terre fans votre Pér^, Le cinquième eft au fcptiéme de V Exode au verfet a. où Dieu parlant lui même dit: „ J' indurcirai le cœur de Pharao , i3 multi- „ plierai mes fignes i3 'i^es miracles au Pais d'Egypte. Le fixiéme cft au x. Livre des Rois, qui félon la Verfion de Gerieve cft le a. de Samuel, au Cha- pitre IX. verfet 11. où Dieu dit lui même: „ Foici je m'en vai faire fondre „ contre toi un mal de ta maifon , ^ /enlèverai tes femmes devant tes yeux , (3 „ les baillerai à ton domeflique. Le feptiéme eft au 24. Chapitre du même Livre au verfet i . où Aloife dit : „ La colère de l'Eternel s'embrafa dérccbej Vv X ,, contre 341 CONCILE DE JERUSALEM. „ contre Ifraél : tellement que David fut incité contr'eux à dire , va j nomire ' „ Ifraïl S Juda. Le huitième eft au Premier Livre des Paralipoménes., qui dans la Verfion de Genève eft le Premier des Croniques , au Chapitre ai. ver^ n [et I. où Moife dit que : „ Satan fe drejfa contre Ifraél , ^ incita David à „ nombrer Ifra'el. Le neuvième eft au 3. Livre des Rois , qui dans la Ver- fion de Genève eft le Premier Livre des Rois, au Chapitre 11. veifct zg. où l'Auteur Sacre dit que : „ Dieu fit lever un autre adver faire à Salomon , à „ fçavoir Rézon fils «^'Eljadah , qui s'en était fui d'avec fan Seigneur Hadad* „ hczcr, R.oi de Tfoba. Le dixième eft dans le Livre de Job, eu Chapitre premier verfet 1 1. où l'Eternel dit à Satan : „ Foila , tout ce qui lui appartient „ efl en ta main , feulement ne mets point la main fur lui. Et Satan for tit de „ devant la face de V Eternel. Et au verfet ai. où Job dit: „ Je fuis forti „ nud du ventre de ma Mère y ^ tout nud je retournerai là : V Eternel Va 5, donné, l'Eternel Va ôté : le nom de l'Eternel fait bénit. L'onzième eft au dixième Chapitre d'Efaïe, au verfet 5". où Dieu dit: „ Malheur fur Affur, ver~ „ ge de ma colère : bien que le bâton qui efi en leur main fit mon indignation. Le douzième eft dans l'Evangile y^te Saint Jean au Chapitre 19. verfet ii» où Jcfiis Chrift dit à Pilatc: „ Tu ti' aurais aucune puiffance fur mai^ fi elle ne „ fêtait donnée d'enhaut.^ pour cette caufe celui qui m'a livré à toi, a fait un „ plus grand péché. Le treizième eft infécond Chapitre des ./i£les des Jlpôtres^ au verfet 15. où Saint Pierre dit aux Juifs: „ Je fus Chrift aiant été livré par „ le Confeil défini £5? par la Providence de Dieu , vous Pavez pris (^ l'avez mis ,) en Croix, ^ vous l'avez fait mourir par les -mains des méchans. Et au Cha~ pitre 4. verfet i^j. 6c 28. où Saint Pierre 8c Saint Jean difent , en citant le Pi'eaume fécond: „ De vrai, contre ton faint Fils Jéfus que tu as oint, fe font af- „ femblez Hérode £5? Ponce-Pilate^ avec les Nations ^ les Peuples d'IJra'el^ „ pour faire toutes les chofes que ta main {5? ton Confeil avaient auparavant dé- „ terminées d'être faites. Le quatorzième eft dans le premier Chapitre de l'E" pitre aux Romains , au verfet 24. où Saint Paul dit : „ que Dieu a livré [ ceux „ qui ont changé fa gloire en la reflemblance de l'image de l'homme corrup- „ tible ] il les a livrez aux convoitifes de leurs propres cœurs. Et au Chapitre 1 1 . verfet 24. où Saint Paul s'écrie : „ 0 profondeur des richeffes , i^ de la fa~ „ pience 13 de la connaiffance de Dieu ! que fis jugemcns font incompréhenfibles j, 13 fies voies impaffibles à trouver ! Le quinzième eft dans le 52. Chapitre de Jérémie, au verfet 19. où ce Prophète s'adreflant à V Eternel des armées, lui dit: „ Tu es grand en Confeil y (3 abondant en Exploits : car tes yeux font ou* „ verts fur tout le train des enfans des hommes , pour rendre à chacun félon fon „ train, 13 felan le fruit de fes ailes. Le feizième & dernier eft dans le 29. Chapitre du Deuteraname, au verfet 29. où Moife dit: „ Les chofes cachées ap~ ■yy partiennent à l'Eternel nôtre Dieu : mais les chafes révélées font pour nous , (3. 3, pour nos enfans , à jamais. Voila tous les paffages de l'Ecriture qui font citez par le Patriarche Lucar dans le cinquième Chapitre de fa Confeflîon de Foi, où il dit que la PrO' vidence de Dieu gouverne toutes chofes. Qui eft-ce qui peut nier cela fi ce n'eft quelque Pyrronien ou quelque Athée: puifque les Auteurs Sacrez éta- bliflciit, fi folidement cette vérité dans les PaJJages dont il eft queftion. Le n.u .* CONCILE DE TE RUS A LEM. 343 Patriarche Liuar ajoute y dans le même Chapitre, que, nous devons adorer 1^ divine Providence , fans rechcrclxr témérairement ^j voies puifqu'clles y//r/)«/ fent nôtre portée , & que nous ne pouvons pas les comprendre de nous mêmes. Cela n'cft-il pas aufïï clairement expliqué & auffi fojidcment prouvé que tout le refte dans les mêmes Paffages? Celui de V onzième Chapitre de l'Epître de Saint Paul zux Rotmins , contenu en peu de paroles dans le verfct 5^. ne fuf- firoit-il pas, tout feul, quand on n'en auroit point d'autre, pour établir cette vérité? Puifque les jugemens de Dieu font incompréhenfibles 6c que y^i- voies font impoiîibles à /r^K^'^r , comme cet Apôtre le dit formellement; Caille Lu- car n'a-t-il pas eu raifon de dire qu'elles furpajfent nôtre portée, y que nous ne pouvons pas les comprendre de nous mé'mes, parce que, félon le témoignage de Moïfey cité par le même Cyrille^ £c rapporté dans les dernières lignes de l'ar- ticle précédent, les chofes cachées appartiennent à r Eternel, & il n'y a que cel- les qu'il lui plaît de nous révéler qui foient pour nous, attendu que nous ne pouvons pas les découvrir, ni les comprendre fans fon divin fecours. Voila pourquoi le Patriarche Lucar conclut , que nous devons plutôt garder le filence en humilité fur toutes ces chofes du Cmfeil (j' de la conduite de Dieu, qui fonc au defliis de nôtre portée, que de dire plufteurs chofes qui n'édifient point. Qu'y a-t-il de blafphématoire dans ces expreffions, ou plutôt que peut-oiî y trouver qui ne foit entièrement conforme à ce que Moïfe 6c tous les Pro- phètes ont dit, puifqu'il n'y a pas une feule parole dans cette Expofition de Cyrille Lucar qui ne le trouve dans le langage que ces Auteurs Sacrez , 8c di- vinement infpirez, ont tenu, en parlant de la divine Providence? Si ce Pa- triarche eft un hlafpbémateur , comme les Grecs du Synode de Moldavie le prétendent, parce qu'il a rapporté ces pajage s, il faut qu'ils accufent aufli diî même crime Jéfus Chriji lui même & tous fis Apôtres : il faut , par une con- féquence ncceflaire , qu'ils condamnent auffi, comme des blafphcmatcurs, les Evangelifies , puifqu'ils ont dit la même chofe que le Patriarche Cyrille ^ & que ce Patriarche n'a rien dit qui ne foit appuie fur Vautorité des Livres- Canoniques, approuvez par ceux là même qui l'accufent d'être, en ceci, le plus grand des blafphémateurs. Les Curieux pourront voir tous ces Paffages expliquez félon leur y?H; litté' rai 6c leur /m fpirituel , dans la 'Traduction Fra/açoife de la Bible des DoEleurs- de Port-Roial , où l'on trouve que ces fameux Controverfiftes ^ qui condamnent- auffi avec les Grecs de Moldavie 8c de Jérufale-m la Confeiîion de Cyyille Lu^ car; n'ont pas feulement rapporté ces partages tels qu'ils font dans le texte des Livres Sacrez, comme a fait ce Patriarche, mais que de plus ils y ont ajouté diverfes interprétations 6c plufieurs Commentaires, dans klquels il y a des termes Se des expreffions dont le fens pourvoit être mis au rang des Dogmes blafphématoire s avec plus de fondement que la fimple Expofition du Patriarche Lucar , puifqu'elle ne contient rien qui n'ait été diilé aux Auteurs Sacrez par le Saint Efprit^ au lieu que ces Doâleurs & Prélats de VEglife Gallicane^ débitent, fur cette nmtiére , les divers fentimens des Théologiens & des Auteurs prophanes , 6c différentes opinions incertaines, qui peuvent dtre les unes erronées & les autres blafphématoires. Cela fuffit pour juftifcr entièrement le Patriarche Cyrille , £c pour convain- V V 3 ne ■ 344 CONCILE DE JERUSALEM. cre de mauvaifc foi & à'impoflure tous fes Antagoniftes Grecs 8c Latins, auffi bien que tous les Adverfaires de la Religion Réformée. Voici maintenant un autre Article du même Synode Antichrétien. s-". Ti 5 4X71» 'î^xx«/j«)' ■miiiç ? KsV« ci-TT.'ii,' 75 ^^s Saints Se les bons offices des Anges ^ ^s««;« , «J. Ti-; cic;cA,i,'«* ;^„p«.;s tutélaires, mais auffi les Prières que ks " n Prêtres font pour tout le monde, &par le moicn delquelles nous croions que l'Eglife eft confervée. Il y a trois injîgnes faujfelez dans cet Article, qui font fi évidentes, que tous ceux qui fçavent lire peuvent les découvrir , en jetcant les yeux fur le huitième Chapitre de la Confeffion de Foi de Cyrille , dont nous avons mis le teste Original & la TradiiSlion Françoife à la page 141. de ce Volume. Ce Patriarche fe contente de dire ce qu'il croit que Jéfus Chrifl fait main- tenant dans le Ciel , en qualité de Souverain Pontife & de légitime Médiateur y fans parler en aucune manière de V Interccffton des Saints^ ni de la Charge des bons Anges y ni des Prières que les Pafteurs font dans les JJJemblées Eccléfiafli- ques pour tout le monde. On doit remarquer en même tems, qu'il y a une très grande différence de fuppofer, d'une manière très incertaine , que les Saints intercèdent /'ra/-ê/rr quelquefois en général, ou en dt certaines occafions , pour les Fidèles, & de croire ahfolument qu'il faut les prier, les invoquer £c leur dédier non feule- ment des Temples & des Autels^ mais auffi offrir à leur honneur des Sacrifices de tout ce qu'on a de Tphisfaint 6c de plus précieux, fans en excepter même \c propre Corps de Jéfus Chrifl, que les Prêtres de l'Eglife Romame fe vaM-' tent ^ font prof effion d'immoler, tous les jours, j5//^««.f fois à l'honneur de ceux qui ont été canonifez par les Papes. Le Patriarche Lucar, &: les Réformez qui condamnent ce Culte idolâtre de l'Eglife Latine, ne fe font jamais mis en peine de faire décider fynodalement ce qu'on doit croire de Vinterceffion des Saints, mais feulement d'expliquer ce qui conceriie le Dogme de l'invocation des Saints 6c des Anges, & le Culte' religieux qu'on leur rend dans le Papifmc , parce qu'il y%une différence très cfJentieUe entre ceux qui doutent fi les Bienheureux prient dans le Ciel pour l'Eglife militante, qui fouffre fur la Terre, 6c ceux (\vi\ font profcffion de croire' fans aucun doute , & même fous ^t'inc à' Anathéme , qu'il faut invoquer les Morts âc les Efprits Angéliques, ôc les fcrvir conjointement avec Dieu, par un Cuits y V 4- reii^cu» 34<5 CONCILE DE JERUSALEM. religieux 13 public. Voila pourquoi le Patriarche Lucar n'aiant rien dit fur ce premier Article douteux 6c incertain.) c'eft une calomnie très noire de lui imputer une Hércjle làdcflus, comme ont fait les Grecs de Moldavie 8c de ConfiantinopJe ,, & après eux les Auteurs du Concile de Jcrufalern Sc leurs ulf* probateurs de Port-Roial Se de Sorbonne dans l'Eglife Gallicane. Ces mêmes Grecs Orientaux^ avec tous ces fameux Doreurs & Prélats de France , n'ont pas eu honte d'ajouter à cette calomnie deux autres faujfetez très injignes , 6c qui font évidentes par elles mêmes. Car il n'y a peribnnc qui ne içache que les Miniflres Réformez font des prières publiques dans toutes leurs Eglifes, non feulement pour les befoins fpiritucis & temporels des Fidèles , mais aufii pour la convcrfion de tous ceux qui font encore pri- vez de la lumière falutaire de l'Evangile, ^ plongez dans quelques erreurs ou fuperûiitions, & qu'ils demandent auffi à Dieu en de certaines occafions qu'il lui plaife de camper V Armée de fes Saints Anges autour de ceux que fa divine Providence veut ccnferver par ce moien; comme il efl: arrivé quelque fois en faveur du Peuple à'Ifraély fehn les témoignages de V Ecriture, qui font mention de plufieurs apparitions de ces Efprits céleftes , envolez de la part de l'Eternel, pour le fecours, ou pour la confolation des Fidèles. Celte prière publique des Miniftres Réformez, 5c ce fecours des Anges ^ étant deux faits inconteltablcs dont les Protcftans, ni les Papilles ne difconvien- nent point, comment fc peut-il faire que Cyrille Lucar ait témoigné par fa Confcffion de Foi qu'il étoit dans les fentimens des Calvinifles en toutes chofes, £c qu'il ait rejette ces deux Articles que les Eglifes Réformées ne rejettent point? Pourquoi les Grecs Sc les Papiftes accufent-ils ce Patriarche d'enfeigner dans fa Confeffion ce qu'il n'y a jamais inféré? S'il y avoit mis ce que ces Grecs Se ces Latins lui imputent, il ne feroit pas Calvinifte , êc par confcquent ils fe- roicnt des impofleurs en foiJtenant qu'il l'ell entièrement, dans tous les Arti- cles de fa Doctrine. S'il n'y a pas mis ces deux Articles, comme il efl; en effet très évident qu'ils n'y font point, voila /o/« ces Eccléfiaftiques Orientaux 6c tous ces Prélats de PEglife Gallicane convaincus, par des preuves de fait irré- fragables .y à^xvow fauffement accufé Cyrille Lucar de rejetter deux Dogmes fur lefquels il n'a pas dit un mot. Qui ne feroit étonné après cela que des Doc- teurs fi fameux & des Prélats fi célèbres aient eu fi peu de retenue , fi peu èi'honncur , Sc fi peu de confidence que d'ofer publier dans tout le Chrifl:ianif- me de fi grandes faufictez 6c de fi horribles impoftures.) fous le -mafique de la vérité, pour féduire tous ceux qui ajoutent foi à leurs Ecrits? 11 n'y aura ians doute que ceux qui voudront s'aveugler eux-mêmes, ou être trompez par les autres, qui écouteront ces faux DoEleurs à l'avenir. Voici la fuite de ce même tiflu de falfifications, de mcnfonges, 6c de fourberies, qu'on dé. couvre dans tous les Articles de ce Conciliabule. «'. E» 3 ■"' ci"'»''? T^' m^i yuritlù t '/f- c). Daos le neuvième Article, Cyrille y^f rJ^in isTs/Kaîi»»}. «xa/ 3 -mùih/j c'sx, c(- aflûrc quc la Foi lauve fans les œuvres, .5?. i/iCTiftt, ànsit ? Xe.«s-» ftôvn 'i^ujif il- 6c qu'cllc n'eft point notre ouvrage, .xo/w.tO ï- «,.9^f«OT» i|# -? Ç*>«î i^ 5" 9a"«- mais celui de Dieu feul , qui nous jufti- T» ujùtS, V»» fci iiin è «/3-f«B-(3>- mtof -dJi fîe extérieurement, par fa Mort & Pa& CONCILE DE JERUSALEM. 347 wrS Ti rvfi^axsi^ (WTiffii**. fioiî, afin qu'il ne fcmble pas que l'hom» me coopère, par quelque chofe, à fon falut. Il y a quatre faiijjete% dans cet Article, 6c on peut les démontrer avec tant d'évidence, qu'il n'cft pas même nécefiaire d'examiner ce qu'il y a d'Ortho- doxe, ou d" Eihérodoxe ^ dans la Doétrinc, dont il s'agit, pour les prouver. Car il cft très manifefte que les Grecs ont mis dans cet Article de leur Sy- node de Moldavie les quatre Propofitions fui vantes, i. Que Cpille aflure, dans le neuvième Chapitre de fa Confeflîon, que la Foi fauve fans lesceuvres. a. ^e cette Foi ejl Pouvrage de Jéfus Chrifl tout feul. 3. ^e l'hornme n'efi juftifié qu'extérieurement , par la vie 13 par la mort de Jéfus Chriji. 4. ^te cela fe fait ainfi , afin qu'il ne fcmble pas que P homme coopère en quelque cho« fe à fon falut. La faujfeté . de ces quatre Propofitions , confifte en ce que Cyrille n'a pas dit un mot des œuvres fc parées de la Foi: ni de ce que Jélus Chriil: fait tout feul: ni de la Jujlification .extérieure : ni de la coopération de l'homme, pour ce qui regarde le falut. Ce Patriarche a feulement déclaré , qu'il croioit , que perfonne ne pouvait être fauve , ni plaire à Dieu, fans la Foi. Et que par cette foi, // entindait celle qui jujlifie en Jèfas Cl^rifi ^ {^ qui tire fon origine de fa 'mort ^ de fa vie. On peut voir le texte Grec, 8c la Verfion de ce petit Article, à la page 142. ci-dcllus, d'où il réfulte que les Grecs de Moldavie ont fait quatre fal- ftfications .i de très grande conftquence ^ dans ce peu de mots, 8c que les Doc- teurs de Port-Roial & les Prélats de France n'ont pas fait difficiilté de les approuver, contre le îéuioignage de leur propre confidence^ dans le deflêin de s'en prévaloir, en faveur de l'Eglife Romaine, & de foûtenir y<^x erreurs avec beaucoup plus de mauvaifie fioi que les Grecs, parce que ces Prélats de l'Eglife Gallicane n'ont pas adopté ces faujfetez par ignorance, comme la Îilûpart des Orientaux qui n'ont que des lumières fort bornées, mais de ro- onté délibérée , & avec une parfaite connoiflance de toutes ces rmpoftures qu'ils ont fait fervir à leur pernicicu.x deffein. En voici plulleurs autres dans ks Articles fuivans. ;. Ef 3 ttJ Ax«tj. -îi«" i-m-/.i>y è ■^\ ci jq. Batts Ic dixicmc Chapitre, Cyrille *£j(»oÎ5 &K»Ai!oj'««r nf^u, , -ni'» >^;yr{jniz))i. Confondant l'Eglife qui cft fur la Tcrrc , «*j«5«r tTnfur.av, ,^ i{ càiTif iA« -ri v ôk. avcc ccllc qui cll dans le Ciel, fupprime x/wi'** -«.Aâf^^. J a «» «', «;(j-mà')& È«« iL.Dans l'onzicfflc Chapittc, Cyrills «A,'•_»" -_ /- ' ^ tf-i.' pent aux Sacremens avec Foi, foient - , _, , . ^ v^rr ~» •' Membres de lEglifc Militante: mais feu. jr.,, f -,1^ r^ ^ lement les Elus , comme Paul , qui , ^, UKX,clc^i7risJ,, fce^(^Ui,n, ny,:^ j3„5 ]g j^^^ ^^^jj perlécutoit l'Eglifc, .;i eV .oiAi'as ««Ti» «(p»r&t'<^- r j i»î^<«/, en étoit Membre, parce qu'il étoic prc- iftcltii '»'■« Ao(7T5îç ^îiAws î^K««^«ç ixTîA»». dcûiné avant que de naître , & Judas «!, ;it,' ^iA®- «àTTs 7A««i«;7w ^Df««7i«»f. lors qu'il faifoit des Miracles comme les autres Apôtres, n'en étoit point cepen- dant un vériublc Membre. On peut voir ci-deflus à la page 245, que Cyrille ne parle point de /'£* glife Militante ou de ceux qui vivent dans une même Communion extérieu- re fur la Terre; ni de ceux qui participent aux Sacremens avec Foi: ni de P^potre Saint Paul: ni de la Perfécution qu'il faifoit fouflrir à l'Eglife : ni de fon EleElion dans le fein de fa Mérc , cm avant fa naifl'ance : ni de fudas : ni de fa Réprobation: ni de les prétendus Miracks. Voila par conféquent, HUIT Faussetez, dans trois, ou quatre lignes, de ce. Décret Synodal. „ Nous croions, dit Cyrille, dans fon onzième Chapitre, que les Mem- ;, bres de l'Eglife Catholique font les Saints, élus pour la Vie éternelle, 6c. „ que les Hypocrites font exclus des biens de cette Communion, quoi qu'il „ fe trouve divers fétus mêlez avec le bon grain, dans les Egliles particu-' „ liéres. Il n'y a pas un mot de plus, ni de moins, dans ce Chapitre que lesGr^^^ de Moldavie citent, en accufant Cyrille d'y avoir mis les huit Propofitions que nous difons être huit faujfetez, puifqu'il ne s'y en trouve pas un mot. Le Patriarche Lucar y parle des Membres de l'Eglife Catholique , qui com- prend tous les Fidèles de l'Eglife Univerfelle de tous les Siècles, tapt morts que Xx a vivans. 350 CONCILE DE JERUSALEM. •vh-ans^ Sc non ^^% feulement les Membres de VEglife Militante^ comme impOjQeitrs le font entendre par leur Ccnfure. Ce Patriarche y parle de Hypocrites , qui font exclus des biens de la Communion des Fidèles & des ,,, - - - -, E-glifiS particu- lières. Qui efl-cc qui peut railonnablcment nier cela ? Y a-t-il quelque Enlifè particulière^ ou quelque Société de Chrétiens fur la, Terre .^ qui puifle fc van* ter de n'avoir aucun Hypocrite dans {a Communion , ou qui puifle foûtcnir fur quelque légitime fondement, que tous ceux qui participent à fes Sacrc- mens. ;, reçoi'Dent infailliblement les biens fpitituels, îsf les grâces que Dieu com- munique aux Fide'les qui s'en approchent avec une i-eritabk foi? 11 n'y a. fans doute pcrfonne de bon lens, qui ne voie la grande abfurdité de ces deux Hypothéfes, 6c qui ne puifle fort bien reconnoitrc par la lefture de ce que nous venons de dire fur cet Articl(^, que ce n'efl: pas le Patriarche Lmar ni les Réformez, qui avancent ces propolîtions infoâtenables , t< ces fentimens auflî ridicules c\u' Ethérodoxes; mais, que ce font des fauffètez. inventées par les Auteurs du Synode de Moldavie, 8c ratifiées par le Concile de Jcrufalem 6c par les Prélats de France, dont la. mau-vaife foi fera reconnue de tout le monde, dans les Siècles à venir, quand on verra leurs infignes fourberies éfa-. lées dans ce Volume, 6c fur tout quand on trouvera qu'il n'y a pis moins de huit impoflures, dans ce feul yîrticle, forgé à leur inftigation, par les plus infgnes yippjlais 6c faujf aires qu'ils aient pu trouver dans les Contrées de l'Orient, parmi les Infidèles. Voici la continuation de leurs calomnies dans l'Article fuivant. î fi'raV^. Ji^.aKt^ p ^ v^-i ^ ^a*^^^ véritable, il ledit pourtant à mauvais ■m^iùf,^r(^ i u^xy,^U ,>^,, 4«.- ch. àu^ dcflcm , attendu que nôtre Eglife, qui v ^ ' . a. . • eft en eftet enfeicnéc par le Saint Ef- 0-5 ' ^ a ^ TT -^ pr't. n en reçoit pas es inftruétionsim- ^.._ * ^' ' V ■* .' T , meaiatemcnt , mais par le moien des ^^,™, È ^^A., c. -r ^0^, y ,.^« .,. ho„,mes , dont le Saint Efprit emploie ^.|«*«5 è^.^u.-n<;. x«,v, ^, xip> /«,V^v la langue 6c la main, puifque les Pro- >^pi^^. ei,^ ? ^£,;^.r(^, è %■«,, ^; phétes 6c les Apôtres, qui ont prêché l««5Ey êfi7ryi'» ïTr'i TKi iytjù', f -mt^h^i -rii 7to»t« pcut , non fculemcnt tout ce qui appir- XX 3 -TO, 351 CONCILE DE JERUSALEM. ■mt^c^f-àmu , iç' 'feuT^&i'ti "^'"- tient à U vertu 8c à la vie célefte, mais aufll tous les préceptes de l'Ecriture Sainte, qui exhorte les hommes à faire de bonnes œuvres, pour obtenir le falut. Le Chapitre 15. de la Confeffion de Foi de Cyrille, que les Grecs de Moldavie citent ici, £c que nous avons mis à la page 144. ci-deflus, tte dé- irult point la pratique des bonnes œuvres, ni Véxercice des Vertus Chrétiennes ^ puifque ce Patriarche y déclare très expreflement, que par la Foi jujîifiante , il entend tout ce que U Foi a pur objets de forte qu'elle embrajje la Jujlice de 'Je fus Cbriji , ^ rapplique aux Fidèles , sans préjudice des bonnes o E u V u E s , parce que l'Auteur de la Vérité enfeigne lui-même c^u' elles ne doivent point fstre néglige' es, Î3 qu'elles font un moien né- cessaire pour démontrer la 'vérité de nôtre Foi, ^ pour affermir nôtre Vo^ cation. v 1 tn n • Cette déclaration étant formellement contraire a la Doclnne que le Synode de Moldavie impute , fur cette matière , au Patriarche Lucar , pour avoir oc< cafion de le cenfurer, il eft très évident que les Auteurs de ce Conciliabule ^ & tous ceux qui l'ont publié contre ce Patriarche, & contre les Réformez, font des calomniateurs qui avancent trois infignes faujfctez dans ce Décret, en y falfifiant ce que Cyrille a mis dans fa Confeffion touchant la Foi juftifiante ^ touchant les bonnes Oeuvres^ Sc touchant Pobfervation des Préceptes de l'Ecri- ture Sainte. Voici une quatrième faufjeté dans l'Article fuivant. «y. To 3 TiTKjw .^ ^H»m K? ?«î«|a- 14. Dans le quatorzième Chapitre, «!» sp«T<.iim (^im -ùn^H^-m, -n J»^ ««'tos x£»- Franc-Arbitrc, s'efforce de renverfer la -m^îw ci tJ >.oyiy^<^ -n È ^n^sçi^. Nature humaine , dont l'Efleiicc confî- lle dans la raifon 6c dans la Liberté. Tous ceux qui fe donneront la peine de voir le Chapitre dont il s'agit, avec les Paflages de l'Ecriture que Cyrille rapporte fur cette matière, feront convaincus que les Grecs de Moldavie lui imputent fanffement ce qu'il n'a poinc dit. Il paroît ci-deflus à la page 245-, que ce Patriarche fait profeflîon de croire, que h Franc-Arbitre eft excité par la grâce du Saint Efprit dans les Régénérez, £5" f»'iL opère, mais non pas fans le fecours. de cette gr^ce qui porte r homme à faire le bien, en prévenant yô« Franc- Arbitre, qui est blesse'. 11 eil très manifefte que Cyrille ne détruit point la Nature humaine par £? Xe*5av C«« «I"» ffj?' c«T=Xfi7j«f. Voila de quelle manière la fcntence qu'ils ont prononcée contre Cyrille^ fert à leur propre condamnation. Mais ce n'eft pas tout. U y a ici un autre grief à pn-oduire contr'eux, qui eft: fondé fur ce qu'ils accufent ce Patriarche de renverfer par la Doélrine de fon 14, Chapi- tre l'EJfence de V homme ^ qui confifie dans la Raifon. Cependant, on peut leur foûtenir avec juftice , & leur démontrer par un fait inconteftable, que leur accufation eft delà même nature que toutes les autres impoftures dont ils ont été convaincus, lorfque nous avons fait voir qu'il n'y avoitpas un mot dans laCon- fêflion de Cyrille^ de ce qu'ils foûtenoient qu'il y avoit enfeigne. On n'a qu'» voir l'Article que nous en avons cité au commencement de cette Remar- que, & on fera perfuadé qu'// n^y a rien de plus faux que ce que les Au- Kuis de ce Synode imputent à Cyrille ,,= pour avoir quelque prétexte de le condamner, dans l'intention de faire plaifir aux Prélats de France qui fou-, haitoient d'avoir cette Cenfure , & de s'en prévaloir contre les Réformez,, quoi qu'ils fçûflent fort bien qu'elle n'ètoit fondée que fur les impoftures donc nous venons de parler. En voici cinq ou fix autres, dans les trois Articles- fuivans, que nous mettrons de fuite, pour ne faire qu'une feule Remarque à la fin, par laquelle nous découvrirons toutes ct% faujfetez en peu de mots pour abréger cette matière, car on fe lafTe de voir tant de fourberies dans ce Synode, & le LeéVeur n'auroit pas la patience de les lire, fi nous les met- tions au jour avec toutes les circonftances qui en augmentent l'atrocité. >i. & 0 tJ A^giTai yiiftTrlu m. mm ^ \^. D^ns le quinzième Chapitre,. Çy- t^K>^r,rîiK "i^y^TUf fcu^e/t» , mhi U^urjtluj ^ ville rejette cinq des Sacremens de l'JË- •A hftt fiii^ct, TO iùyjxa^n, w» a]« ■f fum- g^^c , à fçavoir l'Ordre , la Coiifirma- ,«« ilo^cA^V»". ef77>« ;«'««. P9"' l'Extrémc-Onétion, la Confefiiort jointe a la Pénitence, & Je Mariage qui eft; honorable. e^», it-m, Ht.', i.uio,', ^^ù'^Sç. Sacremens il les reçoit, mais il n'expli- tit lit»iti> mm> 4V.7i>«. ttS i^ .^ /3«5r1iV- quc pas bien cnfuite dans deux Chapi- yjtTi ù-m à:KUfi'^ oiiTzn lit ^»7rl^i,idfjey , ™» ^,' TiT^rv ïm 2tl^fi.'y»v- ly. Quant à cc qui concerne la Di* ei», ai ftrM' a.ùTyi hifo , (t fit -nini -^l/iA.v vinc Euchariftie, il la détruit tellement £'A«TOA«';r«r , i™,«' 'U t," ot.,* ? •^A*« êA«-^..',/4„. « j^. ^,„, Â.l^ ™««X6.- ^^^'^» comme fi nous étions encore atta- ,-« ûx,s,n, T cf«'^./,i is,i/d,c, u^^, , i% î^^"^^\ ^"'^'^ '^'= l'ancienne Loi fous . û., , , V. , „ , ^ ^ les Ombres. Car il dit, que ce Pain '^ ' conjacre qn on 'voit c? f « o« mange ^ n eft i«sa.=y w,;!;.. 4.««.to|.'^„, î W«,5 ««A.W pas le véritable Corps de Chrill, mais cuKTsKst,). feulement une conception de l'efprit , ou plutôt un Corps i»Agi)iaire , & cela cft tout rempli d'impi^. On peut bien dire, fans s'éloigner en aucune maniérej^ la vérité, que ces deux derniers Articles font tellement remplis de faulfetez, qu'elles fau. lent aux yeux de tous ceux qui fçavent ce que le Patriarche Lueur a décla- ré touchant le Baptême Sc VEtichariJlie ^ dans le i6. 6c le 17 Chapitre de fa Confeffton de Foi, qu'on peut voir ci-dellus, à la page 246, 8c dans les deux fuivantes. // ne dit point que ceux qui fc fouillent après |tvoir reçu le Bap-» tême ne peuvent jamais périr. On lui impute faujfement d'iyoir enfeigné quel doit être le fort de ceux qui pèchent après leur Baptêii^. // ne s'ejl point expliqué là dcjfus. Il n'a point affirmé que \cfalut de tous teux qui reçoivent \' Jblution extérieure du Baptême foit entièrement aJjYtyé : ni b'ils peuvent faire quelques aftions qui les dainnent : ni aflûrc que ce malheur ne peut leur arri-. ver en aucune 'manière. Il n'a pas non plus touché à ce qui concerne la ma- tière de Yuipoftafie & Vimpénitence fimle de ceux qui ne gardent pas la Foi jiifqii'aH dernier moment de leur vie. Il étoit même fi éloigné d'entrer dans la difcuflîon de ces fortes de matières, ^u'il fl'a pas feulement voulu s'expli- quer d'une manière décifive touchant la nature du mal qu'il peut y avoir dans la réitération du Baptême: car il s'eft contenté de dire tou: froide, ment là deflus, que, puifqu'il n'y a point de Commandement qui ordonne de le réitérer, // croit qu'il faut s'abjlcnir de cet in CQnvh-Hi est. Il finit ce Chapitre par ce terme vague qui ne marque point s'il y a du péché à rêi~ tcver ce Sacrement. C'eft pourquoi tout ce que les Auteurs de ce Synode imputent à Cyrille y fur cette matière, font de pures calotmiiss q^\ roulent fur des Dogmes imaginaires ^ forgez à plaifir par des Apoflats que le Clergé de France avoit trouvé le moien de corrompre 2v de pervertir comme nous l'a- vons CONCILE DE JERUSALEM. 355 fbns démontré ci-devanr. Cela paroîtra encore mieux dans la Remarque fui. vante. On ne fçauroit aâêz s'étonner de voir que les Auteurs de ce Conciliabule font fi peu de difficulté d'ajoiiter calomnies fur calomnies., ^ fauffctez Curfauf'. fêtez f dans tous leurs Décrets, qu'il n'y en a aucun dans lequel il ne s'en trouve quelques-unes. Celles que nous avons mifes au jour dans les Remar- ques des Articles précédens, ont été prouvées d'une manière inconteftable, mais en voici une qui eft des plus atroces Se des plus évidentes. Cyrille eft condamné dans le 17. Article du Synode de Moldavie^ fous prétexte qu'il a tellement détruit i^ nié toute l'efficace de V Euchariftie dans le 1 7. Chapitre de fâ ConfeJJlon de Foi .y qu'il ne laifle qu'une f.mple figure nue 6c dépourvue de tou- te vertu dans ce divin Sacrement, mais il efl fi manifefte qu'il a déclaré tout le contraire., qu'on n'a qu'à jetter les yeux fur la page 247. de ce Volume pour être convaincu que les Grecs de Moldavie., 6c ceux de Jérufalem, ne fe font pas contentez de condamner ce Patriarche à tort ^ mais qu'ils l'ont char- gé de tout ce que leur mauvaife Confidence leur a pu fuggérer de plus faux. Cyrille s'eft expliqué fiur l'efficace de ce Sacrement d'une manière fi forte 6c fî exprcffive , qu'il n'a pas fait difficulté de dire , qu'/7 croit la vraie (j" cer- taine préfience de Nôtre Seigneur Jéfius Cbrifi dans Vadmitiiftration de VEuchari- fiie^ non pas celle que la Tranjfubfiantiation témérairement inventée enfieig7ie ^ mais celle que la Foi offre {§ donne, de fiorte que les Fidèles mangent le Cori'S DE Christ dans la Cène du Seigneur, non pas en le broiant avec- les dents matérielles., mais en le recevant ^«r les facultez de VA/ne. Les Luthériens rigides, qui admettent la préfence réelle de Jéfus Chrift dans ce Sacrement, 6c non pas une firaple figure, ne parlent pas d'une autre maniè- re que Cyrille, 6c les Réfiormez qui ont un autre fentiment, ne laiflent pas de croire auffi, que le Pain Euchariftique n' efl pas une fiimple figure deflituée àe l'efficace £5? de 'la vertu du Corps 6c du Sang de Jéfus Chrift , dans ceux qui reçoivent ces Symboles facrez avec Foi, 6c qui s'appliquent fpirituelle- ment le Mérite de ce Divin Rédempteur, comme cela eft expliqué dans le 37. Article de leur Confeffion de Foi. D'oià il réfulte, que puifque tous ceux d'entre les Grecs qui ont condamné Cyrille , reconnoilîenr qu'// était dans les fentimens des Réformez, en tout ce qu' il a publié dans fia Confie filon, 6c qu'ils ne l'ont condamné que pour cela, cts 'mêmes Grecs ne peuvent pas lac* cufcr dans cet Article d'avoir enfeigné, dans cette même Profeffion de Foi, qu'il n'y avoit qu'une fimple figure toute nuë dans le Sacrement de l'Eucha» riftie, lans reconnoître en même tems qu'il n'étoit pas Calvinifte, comme ils l'ont afluré, 6c fans faire connoître par cela même qu'ils fonc des impofteurs, attendu qu'ils l'ont Aiiathém^tifié pour des Opinions qu'i/ n'avoit point , ^con- damné pour une Doftrine toute contraire à celle qui fe trouve dans fa Confefi- fion de Foi. Voila par conféquent tous ces Grec« 6c tous les Approbateurs de leurs Décrets, convaincus de n'avoir zucnne fincérité , ni confidence, 6c de lie publier aucune chofe, dans ec Synode, qui ne {bit altérée par diverfes faujetez. Nous en avons découvert un très grand nombre dans tous les Dc# crets précédens. Il ne nous rcfte plus qu'à faire voir qu'il y en a auffi dans le dernier Article , 6c que la conclufion de tous ces Décrets ne fert qu'à y y augmen* ,,6 CONCILE DE JERUSALEM. fusmenter le nombre des mpopres qu'ils contiennent par l'addition de troîs^ iÂnes menteries, qui fervent de Sceau à toutes les autres, comme on le ver- ra dans le texte fuivant, 8c dans la Remarque que nous y ajouterons, pour achever l'Analife de ce Synode. Voici la Cenfure par laquelle il finit. „' E^itw 3 7ra»TO.», hr\^(^é,ri Jif3î»5 18. Dans le dernier Chapitre, Cyrlîîs ' '. . , , ~, ~v «..,-iF- pour avoir un prétexte de reietter le feu "" „, , . -= , - du Purgatoire, s'attache fortement à fup- ^'«< .i^rv .V. ^T. >.'..^^^.., i.m^ -..^/«^ ^.^^^ ^^ ^;jj^^ j^ ^^^^ j^^ Comme-' «^««<>m,, ^' «•» .-A^-C^/^v -^'" «j;™"^ jQorations légitimes des Morts, par le ailci-^fxà^ '«>^ ©£« x«Ta7fî.«5n4 T »««- j^Qjg„ defquellcs nous efpérons que Dieu ^>-m> «tÎTSî cûtx^Sv.. leur accordera le repos Se la délivrance des amertumes qui les environnent. n^ij T»7s;ç'c*s4>a»ic&-)n«/ >^ «« W? «4'*" On a produit outre cela les Demandes ^«j'«(5 rz^&d^ny-i» /çiiTJjVjs- 1$ iyiifyy,(wt -ttÙt^ qui ont été jointes aux Chapitres de Cy< T, «>,'« ™.V, ^««ÔJ-^ «-^'v «^«e,v.» ¥ x.(f«- '■2// ticle dont nous parlons. Elle confifte en ce que ces mêmes ir,ipoJîeurs y fonc entendre que Cyrille Liuar cherchoit un prétexte pour rejetter la Doétrine de ceux qui enfeignent, qu'// y a du Feu dans le Purgatoire. Si cela étoir vrai, il faudroit que Cyrille eut dit quelque chofe de ce Prétendu Feu, maïs il eft très évident qu'z7 n'en parle m aucune manière, dans ce Chapitre, ni ail- leurs. Voila donc une féconde impsfure, dans la même Période. En voici une troifiéme, qui réfulte des deux précédentes, 8c par le moien de laquelle ©n découvre que ceux q^iii ca font les Auteurs, étoient fort éloignez de la ytritabh- CONCILEDE JERUSALEM. 3^7 ■véritable créance des Grecs Orientaux twn Latinifez. Cela paroît en ce que ces Grecs féparez de la Commufiion de V Eglife Romaine ^ bien lom d'avoir con- damné Cyrille s'il avoit nié le Purgatoire^ & le Feu, par lequel on prétend, ^ans le Papifme, que les Ames des Fidèles font tourmentées pour expier toutes leurs fautes vénielles^ ils auroient au contraire fulminé des Anathémes contre ce Patriarche, s'' il a^^ oit fait profeffion de fuivre cette Doctrine des Latins: parce que ces Grecs Antipapaux font fi éloignez de croire le Purgatoire des Latins, & fon Feu Prétendu , qu'ils enfeignent publiquement & d'un commun ac- cord dans toutes leurs Églifes, que les Ames des Fidèles décédez, n'entre- ront dans le Ciel qu'après le Jugement Univerfel, 6c après la Réfurreélion générale des Morts. Voila pourquoi ils ne font point de prières pour eux en vue de les retirer de ce Feu, pour les faire pafler dans le Ciel. Nous avons quantité de preuves inconteftables qu'ils font dans ce fenti- ment. Mais pour éviter la prolixité dans cette Remarque , nous n'en pro. duirons que deux ou trois, qui font tirées des Ouvrages approuvez des plus célèbres Auteurs de la Communion de Rome, qui ont écrit fur cette ma« tiére. Leur témoignage ne fçauroit être rejette par les Doéteurs de Sorbon- ne, ni par les Prélats de France que nous combattons, puifquc ce font les plus fçavans Hiftoriens de leur Communion 6c de leur Corps même, qui lîous les fourniflent. Le premier cft le fameux Doéleur Moreri^ qui dit très expreirément dan? fon Grand DiétionaireHiffcorique, en parlant de la Religion des Grecs, dans l'Article de la Grèce, qu'ils ne veulent point dire qu^il y ait un Pu rg a toi. R E , quoi qu'ils prient Dieu pour fléchir fa Miféricorde , qui , félon eux , m doit juger perfonne qu'à la fin du Monde. Le fécond eft Caucus, Seigneur Vénitien 6c Archevêque de Cor fou , dans le Livre qu'il a écrit touchant les Erreurs des nouveaux Grecs, adrefl'è au Pape Grégoire XIII. oîi il dit formellement, que les Grecs nient le Purga- toire, quoi qu'ils prient Dieu pour les Morts. Le troifièrae eft le Docte Richard Simon, qui en parlant de Caucus dans fon Hiftoire Critique de la créance des Nations du Levant , dit à la pa^e lo. que,yî Ton examine avec foin les Erreurs que cet Archevêque attribué aux Grecs d' aujourd'hui, l'on trouvera qu'il y a peu de perfonne s qui ks aient remar- quées avec plus cl'éxaditude. Il remarque auflî dans le même lieu , que le Pa- pe lui aiant ordonné de le faire , /'/ n'y a guéres d,' apparence qu'il eût voulu trom- per ce Pontife dans une affaire de cette importance , £5? que fa ftncérité paroît en tout ce qu'il a dit touchant cette matière. Sur quoi cet habile Critique, je veux dire Richard Simon, ajoute à la page zo. du même Ouvrage, ouc C A u c u s affirme , auffi-bien que plusieurs autres Ecrivains, que les Grecs nient le Purgatoire, & que cependant ils font des prières pour les Morts : qu'il faut entendre cela par rapport à l'opinion des Latins, qui éta- hliffent un lieu du Purgatoire £5? un Feu qui tourmente les Âmes. Aïais que /« Grecs nient l'un y l'autre. Nous pourrions encore démon- trer ici que ce même Caucus député du Pape Grégoire XIII. pour examiner la créance des Grecs non Lati7iifez, & le fameux Richard Simon, reconnoif- fent Se difent très expreflement dans les mêmes Ouvrages, que les Eglifes Yy a Onen- 35« CONCILE DE JERUSÀ LEM. Orientales , féparées de la Communion de Rome , ne reconnoiffent que deti}^ Sacremcm y comme les Réformez, voila pourquoi ces témoignages non fufpechi3 fort authentiques pourroicnt fervir à convaincre tous les Dofbeurs du Papifme; qu'il faut nécefl'airemcnt que les Auteurs de ce Synode de Moldavie fuflent At% Grecs Latinifez, des Apoftats^ & des gens farts c onf ci eue e , puifqu'ils ont cenfuré le Patriarche Cyrille dans leur quinzième Décret ci-defîlis , parc& qu'il rejettoit cinq des prétendus Sacremens de TEglifi; Romaine , que les vé* ritables Grecs ne reçoivent point. Mais nous réfervons ces preuves pour les mettre dans la fuite de cet Ouvrage, à la tête du dernier Chapitre du Con.» cilc de Jérufalem. Celles que nous venons de produire, fiifiifent pour con^ vaincre les plus obftinez 6c les plus incrédules, que les Auteurs du Synode de Moldai'ie n'étoient point des gens fmcéres^, ni qui fuflcnt dans les fenti- mens des véritables Grrcs , mais au contraire que c'étoient des fourbes 8c des impofieurs , fubornez. par les Prélats- de TEglife Gallicane, & par des Mini* flres d'Etat de la Cour de France, qui ont corrompu dans les Pais du Le- vant, & parmi les Barbares, qui n'ont ni confcience ^ ni Religion .^ des malheu- reux Apofiats qui ont figné aveuglement , pour de l'argent & pour faire plaifir. aux Papiftes, les Décrets de cette Aflembléc Anti-chrétienne ^ ou plutôt le. Eormulaire d'une Confeffion de Foi Chimérique , drcflee par Vimpie 8c Vaho-r^ minable Pauthenius, chaffé plufieurs fois de fôTi Eglife, & banni de fon Patriarchat, à caufe des crimes horribles £c des énormes forfaits dont il fut convaincu par les témoignages de plufieurs Métropolitains éc autres Ec« cléfiaftiques de Conftantinople, dont nous avons tait la produébion au corn» mencement de ce Synode. Voici les termes par lefquels il finit 6c la datte qui eft au bas, avec les Signatures de tous ctsfaux Témoins y à la fin def. quelles nous prouverons, d'une manière très évidente, qu'ils ne font point les Auteurs de ce pernicieux Ecrit,. mais feulement les Satellites de Parthé~- mus & les Adhérans des autres quatre Ex-Patriarches qui étoient cachez che^ PAmbafladeur de France à Pera, pour fe mettre à couvert des châtimens que- les Grecs Orthodoxes 8c les gens de borne confcience vouloient leur faire fouffrir^ en les livrant aux Miniftres d'Etat du Grand Seigneur j/pouv en faire Jujiice. Nous réitérons ici Y'A'vertifJhfient que nous avons donné à la page jap,. ci-devant, touchant les Signatures du Synode tenu à Conftantinople fousCy- rille de Bérée, dont les unes font en. Lettres Capitales, les autres en Carabe- re Romain, èc quelque»-unes en Lettres Italique y comme on le remarquera. en lilant ces foufcriptions, qui, par ce moien, donnent uue jufte idée da. tous les différens Caraftéres de ces Témoins. zlixliuri^y-ê -TM^ûmi^â^iA-i, i^ à.Y,i ixxMa-icK ■Jsn^ti. Eglifc , pour Ics rendre plus authenti* 4" liinii ^Ti ¥ i£g*.™;«H. >^;j5ujtw -ô -^o* ^"^^' ^P*"" ^"''^^ ^""^ ^^^ fignez de la x«Wtov x>.,s^xSh ' ' ^m^xe main des Saints Evêques & des vénérables Clercs de cette Aflemblée. E» «Vf. raine;» ^Ai^ro? *|:j;(sej«s-»«' «WA- Tcnuë l'an du Salut mille fix teni t55«î-»i JisOTif-, VI tiUMiujÇj bSmvSt^ <^rante-deux, auçaoisde Mai. Indic- â»<7?9^ 'tioo dixième. ii«£* i CONCILE DE JERUSALEM. 3^9 Parthénias, par la bénignité de Dieu Archevêque de Conftantinople , la Noir- velle Rome , & Patriarche Oecuménique. T f Celui-ci a été Pa- T^JoHANNicius < tri^rche de Con, dHeracle'e. [ ftantinople. 9. PachomedeChalcedoïne. 8. Grégoire de Larisse. 10. Daniei. de Serres, o Kvi^i'x» Aï3i/t(^. O U^liinn Xft/'mt»?!!;. o X>» Uftuiitf, o Atifttu Ij(»a7!^.' E»AÔj<(^ i-nieKtTnt Vnficui'n. AtitfâA.«?5, -^^ «^5 c» -?i w« étant dans le même fenument en toutes r"""'?' choies. A5«»«9J©* IÎkÇiW IximicTn; haKîTrue^a È Sl'AsJîp©- Ot/>L6f('T^<©" B5i»7i»iVx<©^ eVi- iVba; ferons une Remarque très impor- tante à la fin de ces Signatures , touchant V Approbation de ce Métropolitain , Exarque de tout le Patriarchat de Conjlantinople. 3. Athanafe Pufinas, Evêque de Luc- ko & d'Ouftiough. 4. Arfenius Zcliborfcius, Evêque de Leopol , de Luvow , & de Kaminieck dans la Podolie. j. Sylveftre Wlevitzius Bœutinfcius, Evêque de PrérniHaw 8c de Sendomir. 6. Coflbre de Miciilaw , d'Oczakow Se de Mazovic , ou Mohilow. Cet Ei'cque cft appelle Sylvcftrc Coflb- phe dans les Exemplaires de cette Ccnfure de Parthénius , qui ont été impri'mez à Paris ^ Van 1645. chez Sebaftien Cra- moify , en Grec 6? en Latin , fi;lon le Maniifcrit Original de cette Lettre Syno- dale^ qui eji rapportée par Léo Allatius de Perpetuitate confenfus^ page ioi8. Cet- te variation , qui cfl très conftdérable , peut donner lieu à beaucoup de réflexions; mais nous aimons mieux les laifler faire à tous ceux qui liront ceci, que de nous' arrêter à mettre par écrit nos conjcc tures. 29. Las CARIS, grand Logothete de la grande Eglife. Ceft le Chancelier qui fait les Harangues , 6? garde les Sceaux du Patriarche. 50. Chriftodulc Prêtre , grand Oe« conome de la grande Eglife. 51. Le Prêtre Théologien, Grand Maître de la Chapelle de la grande Eglile. gz. Euftathius , Prêtre , grand Ar- chiviftc de la grande Eglife. CONCILE D O fierai citxA;js-(«f;yi5 ■J^ (iiytMi ci<»;ftp-;«î A'STTreî. O ^Ksifof'Jhxi T^ç iitj^\r,i ly.>:Xti (f ■ > » rient. Le dernier fut tenu à Ji^ff) en . „ ,,=, jv A- . '^ „.»« / Moldavie, fous le Duc Bafde Buibonda, . , , , -, ■^ & le Patriarche de Conftantmople P A R. Te.«fx«. osé r^ -«-.««.?•? ^.«^J.«^««.. y^j^, y^g Lettre Synodale k ii^Iui im^M , iî(Ki,a; Uù'^n 1^ ç-uvilcf ^i-^lw cE Synode, l'Aflemblée crût qu'il •M •lin V..aj^UArmismh.iU6 iruuoilr.Uù i-m'^'Kluj SUTFISOIT DE SOUSCRIUE ET DE ■«i7jip^«4/«^ è piSai2"« '^^^' Et fi ce Synode aiant combatttr le» ;.,J„ ,• ^J,l« ,>.Wt.) rf« «ii^Tf'»"" 3 Calviniftes fur plufieurs autres chofes ^ kJ^«.« , «V ,' Ti« ci K„r^v..dxH n'a pas néanmoins prononcé Anathéme - contre Cyrille^ non plus que celui de Conftantinople dans fa Lettre Synodale». ce n'a pas été pour faire grâce à Cyril- le ^ [les divins perfonnages qui le com- pofoient n'étant pas des gens qui euflent égard aux perfonnes, ni qui préféraflènt les hommes , ou quelqu'autrc chofe à Dieu ; ] mais parce que Cyrille n'avoit jamais pafle pour Calvinifte dans l'Egli- fe d'Orient, ni pour avoir le moin- DRE SENTIMENT CONTRAIRE à ceux de cette même Eglife, comme oa l'a fait voir ci-devant. Le premier Synode a été fait fous , Cyrille de Bérée^ Patriarche de Conftan» . , ., v^„ tinople, 6c il a anathcmatifé Cyrille par ,« y ^-^ ^> %ie^^oo ««,«•'''_. -X 'j'"'^^ f^„ ^p,.opre nom; non pas qu'il le re- ^mo», « 5TB7t f>«ô^<^» «if-'^-ts'- «» '■"''- connut, ou l'eût jamais reconnu pour it, i7n?iic»*-m fSfi «*'w f.£™ ■^» xiÇi'aAa/av Hérétiquc ! mais parce qu'il fçavoit ■jiTTit àinMJTÙ('\l, è eiîsTw to| roljioV^s «<«- qu'aiant vécu fix ans après l'impreffion s« TWJÎ^Ytaw ■nli c* ïiuxunct. è, vuriif i^n- ^jg cgg Chapitres, 6c qu'aiant fçû les Qici , s^ -ji OT>»»«. ^éy»» x*A.w»îsw< iW troubles qui ctoient arrivez en Pologne «,*7.A.xiu; i^K}.„,rU> , ê^ii' i K4..îw»7i»«^'- 6c dans la Ruflîe parmi les Fidèles de M., „.^-^ ^-, 4.««;...,-, .V.^,..,., njh,. ce Païs-là. plufieurs difant que l'Eglife «,<;^..,^'... fci .>A?^ 3 -r.W,«., ^'> d'Orient etou Calvmiftc, depuis que le , . , , . _« \ Patriarche de Conltantinople avoïc fait «^.x«,., cp.^.,^>{^^^ . ««f- ^ ^^^^ ^^j,^ Confeffion, il n'avoit pas- ^^2, ^f»rçW^.5 « È ^i^x.«A«^51.®>', ^^^^^ ECRIRE CONTRE C F. S Cma, ■i;r«j «rfjW;T=^ ci 7z,r 7r./.^7f «^«A«,« , p^^j^^j^ gypi q^^ji fût prié & prcflc 2i^ 1^5 Im^Xxi nv'iii, ait -à ai Vinna «J^ Tjî itian>it»K £x»A:jot'o6 j^wcS-if»"/ . iJ sÇ T «, de le faire comme nous l'avons dit dans le Chapitre Cinquième. C'eft pour-» ^çctiiimi ték' î 7ra(f<»i'» àç i'J« , hefiaii tJ QUOI fè défiant qu'il n'étoit pas exempt i»«9î^»7i xamSaMi , h « «y (Mii t»i«t« de tromperie touchant la Foi Orthodo- •»j«fi^,« >«3j»i»/.à.-mu\ îi 7m', i m^'i îxmui xât tjTs TTUf îjftffl» c^Jijan/^ooi? . '»»' £^!): «t*- itAToXoL^i ÎKxXiioiiKf , ii •J/rfûS'®- 3 "'' ">»-- CONCILE DE JERUSALEM. 167 a» 5 «ffeîAï'jwaT®- yvàjj» (WfniiHTu. noîtrc la piété de l'Eglifc d'Orient , & le menfongc des Hérétiques. Nous y aïoûtcrons auffi quelque chofe pour l'e- clairciflemeiu des difîicultez, & en su- PRIMERONS QJl E L QJQ E PARTIE,, lorfqu'il fera néceflàire. Ces dernières paroles du Chapitre fîxiéme du Concile dejérufalem, doivent- faire tenir le LeSteur fur fes gardes^ puifqu'elles contiennent un Avertifj'ement qui ne laifl'e aucun lieu de douter ^ que ceux qui ont compofé les Décrets de cette Aflembléc, n aient retranché plufieurs chofes de la Confeffion de Foi de Cy- rille, pour en déguifer le véritable fens, ^ qu'ils tiraient altéré fa Doctrine- Orthodoxe^ pour avoir quelque prétexte de la condamner, félon le dcfîr ^ Pintention des Doâreurs & des Prélats de France. Nom ferons des Remarques moien d'ajouter les Tiennes au texte de ces Décrets, qui portent leur condam- nation avec eux-mêmes, par cette déclaration qu'ont fait ceux qui en font les Auteurs, d'y avoir mis non pas la. vérité toute pure ^ mais de Vzvou déguifée par des additions ou par des retranchemens de tout ce qui kur a paru contrai- re à l'exécution de leur pernicieux deffein, & au but. des Prélats de France, qui vouloient emploier contre les Réformez tous les faux témoignages de ces Grecs pervertis, qui ont mis à la tête de leurs Décrets remplis d^Erreurs, de Falffcations & d'Ifnpofitresh Lettre fui vante, qui fert de Prologue à toutes- leurs Menteries. AorQi^ i^é« @i^ TmreAiippcii UfonxvfcS, Dofthée, par la grâce de Dieu, Pa- rc7i içuTûm è s-Ky?a»<>4"«'5 -sfe* -nii în'çïais è tnarcHe dc Jérufalcm , à tous ceux qui- S-fumiia; t v^uài, ira ■i' ÀtxnMK^ç ïx- "ous interrogent, 6c qui ont envie de »Pni6-i«î, sros «V««T» «&*" -nTs «>9"^'^'|*< OTît«« fçavoir quelle eft la Foi Se la Religion A ". ' . ' ^ ~ ■ q. f des Grecs , ou de l'Eelife d'Orient , & .. . ~ v » - «i ■ ~ - / les fentimens quelle a touchant la Foi „ X - ■ ^ •' - ' ' ■ A Orthodoxe, au nom de tous les Chré- , ■ ■ tiens qui relèvent de la Junfdiélion de >^'-''-^ '"^ Orthodoxes qui viennent en dévotion à r-M'ri» a-twuSi ) u^àr. myrofti,} iy-cKi-^cui ccttc faintc 6c graudc Ville de Jérufa- iKÛTiuj «ç fix^ti^ti, «rço'î 7ï QîS , «fiî TE lem , avec lefquels VEglife Catholique mB-^iiim-/ àxix^ir» ruuihitr(, àS'f fiiù; iît^ cfi d'accord en toutes chofes , pour ce itormiiiau;. qui couccmc la Foi, Je préfente ctne ConfciTion abrégée fans aucune difTima* lation, êc avec une confcience fincére, afin qu'elle ferve de témoignage devant Dieu ôc devant les hommes. ^23. Noua 368 CONCILE DE JERUSALEM. Nous avons de quoi prouver ici, par foixante-douze témoignages, que les Décrets de ce Concile de Jérufalem ne font que l'Ouvrage d'un Auteur particulier. Ces témoignages font tirez des propres Signatures de ceux qui ont paraphé ce Concile, dans lequel on trouve que c'eji le Patriarche Doft- thés qui l'a rédigé par écrit fur les Minutes qui lui en furent données., par Mon- iiéur de Nointel , Ambafladeur de France à la Porte Ottomane. Cela pa- roît d'une manière inconteflable par la Légalifation de ce Miniftre d'Etat, qu'on trouvera ci-après, à la fin de toutes les Signatures de ce Conciliabule^ où cet Agent du Clergé de France atcefte que le Patriarche Dofithée étant venu lui-même de Jéruialem à Conftantinople pour lui donner cet Ouvrage, au mois de Septembre de l'an 167^. lui déclara qu';/ avait pleinement fatisf ait à ce que cet Amhajfadcur avait fouhaité de lui, suivant les avis qji'il EN AVoiT REÇUS PAR SES Lettres, £5? Pajllra qu'il avait l u i-m e s- ME rédige' par ECRIT CES DECRETS, £$? qu'il cfpéroit quc par sou TRAVAIL les Luthériens Ï3 1^^ Calvinijles feraient confondus. Cette Légalifation a été fupprimée par les Doéteurs de Port-Roial, dans leur Ouvrage de la Perpétuité de la Foi, où ils ont inféré les Décrets de ce Conciliabule qui leur étoient les plus favorables , êc retranché tout ce qui en pouvoit découvrir la fourberie, & fervir à leur condamnation. Mais au lieu de s'être mis à couvert par czne fupcrcherie , ils ont fourni, par cela mê- me, de plus fortes preuves de leur mauvaife foi ., puifqu'clles fe trouvent dans les mêmes Décrets dont ils ont voulu fe prévaloir contre les Réformez. Le Prologue que le Patriarche Dofithée a mis à la tête de ces Décrets, eft une féconde preuve très authentique de ce que nous avons dit, pour dé- montrer qu'ils ont été forgez par ce Patriarche tout feul. Cela paroît dans ce Difcours Préliminaire, par fa propre déclaration, car il dit très exprefle- ment que c'cfl lui-même qui a -mis par écrit cette Confeffon Abrégée, 6c quand il.nel'auroit pas dit, les preuves n'en feroicnt pas moins évidentes, puif- qu'clles fe trouvent dans les Décrets même de ce Conciliabule. Nous en pourrions produire un très grand nombre, mais il feroit inutile, attendu qu'il y en a de fi claires & de fi inconteftables , qu'une feule fuffira pour achever de convaincre les plus incrédules fur ce fait. Elle eft tirée du fé- cond Chapitre de ce prétendu Concile qu'on trouvera ci-deflùs à la page z^(^. où V Auteur des Décrets dont il s'agit, ne s'exprime pas au nom d'une Af- femblée Synodale, ou d'un Concile, mais comme un particulier qui invec- tive contre les Réformez , & qui après avoir dit qu'ils ont publié les fa- meux Chapitres de la Confelîîon de Cyrille Lucar pour féduire les ignorans, finit la cenfure de cet Article par cette proteftation, et je ne cesserai POINT DE LE REPETER PLUSIEURS FOIS. (>s Tmûazfxa^ .^ rUte 7n».ciKif xéyeiy ) Une pareille expreffion ne convient point à une Aflemblée, mais c'eft le langage d'un particulier qui dit fon fèntiment, èc non pas celui de plulleurs perlbnnes, car il fe fert de la première perfonne d'un verbe fingulier. Cela ne Içauroit être conteftc par ceux qui ont un peu d'équité, 6c quelque connoif- fance des Régies de la Grammaire. Cette preuve étant jointe à celles que pous avons tirées de la Légalifation de Monlîeur l'Ambafladeur de Nointel, 6c du Prologue de ces Décrets du Concile de Jérufalem, où le Patriarche Dofithée CONCILE DE JERUSALEM. ^6^ Doftthée fe vante lui-même d'en être l" Auteur^ il n'eft pas néccfiaire d'infifter plus long-tcms là-deflus, pour faire voir que ce Conciliabule n'eft pas une ConfeJJion de Foi de VEglife de Jérufalem^ ni dei véritables Grecs des autres Eglifes de l'Orient, mais «« Ecrit forge' clandestinement et frau- duleusement par cet Ex-Patriarcbe, qui après avoir fait ce coup àc per- fidie abandonna fon Eglife, pour le venir mettre fous la Proteftion de l'Am- bafladeur de France à Conftantinople, comme cela paroît dans l'Atteftation de ce Miniftre d'Et^ rapportée ci-defîus. Nous ne difons pas fans preuve que ce Patriarche étoit un pe;fide^ car nous avons de quoi convaincre tout le monde par fon p-opre témoignage qu'il étoit tellement perverti qu'il ne faifoit pas difficulté d'approuver des Dog-. mes & des Pratiques entièrement contraires à celles de''fon Eglife de Térufa» km, 6c incompatibles avec la Efcétrine 6c le Culte des véritables Grecs non Latinifez. Cela paroîtra manifeftement dans plufieurs Décrets des Articles fbivans , mais fans aller plus loin en voici une Démonftration très évidente, fondée fur une déclaration du Prologue de c& faux Patriarche qui eft la plus Ethe'rodoxe 8c la plus infoûtenable qui ait jamais paru dans les Ecrits des Latitudinaires , & des gens fans Religion. Cette Déclaration porte que l'Eglife Grecque d'Orient a les mêmes fentimen^ EN toutes choses quc les Fidèles q^iii vont à Jérafalem en pèlerinage par dévotion. Or chacun fçait que fans compter les Papiftes, qui y viennent en très grand nombre, & les Grecs Latinifez qui y ont des Convents , il y vient auflî de toutes les parties dû Monde, Se fur tout des Contrées de l'Orient, plufieurs autres Grecs qu'on appelle Melchites & Royal ifies ., Géorgiens & JbérienSy Colchidiens i^ Mengreliens , Indiens 6c Chrétiens de St. Thofnas Jacobites (â Monophyfites y Cophtes & Egyptiens, Jhyfiîns & Etbyopiens , Ma- ronites, Arméniens ôc Nefioriens, qui ont des Eglifes particulières, ou des Chapelles dans la Villedejérufalem, féparées les unes des autres, parce qu'ils différent beaucoup, tant dans leur créance que dans leurs pratiques extérieu- res de Religion, comme cela eft prouvé d'une manière inconteftable, par les diverfes Relations de tous ceux qui ont écrit touchant la Doéliine & les Coutumes des Nations du Levant; il eft donc très manifefte que le Patriarche Doftthée n'eft pas feulement un homme fans Religion, mais aufTi le plus i/upu^ dent Menteur 6c le plus grand Impofieur qui ait été parmi les faux Patriarches & \ci Apofiats de l'Eglife Orientale, puifqu'il débute, dans fon Prologue du Concile de Jérufalem, par une iwnterie qui eft prouvée par autant de témoi- gnages qu'il y a de perfonnes qui ont écrit fur cette matière. Ceux de l'Eglilé Romaine ne fçauroient difconvenir de ce fait, fans dé.. mentir plufieurs célèbres Hiftoriens de leur Communion, qui ont fait le CJfc talogue des Erreurs 8c des diffcrcns fentimens de tous ces Grecs, dont nous- venons de parler, lefquels ils mettent au rang des Schifmatiques & des Hé- rétiques. Cela étant, comment fe peut-il faire que tous les Grecs de ces dif-. fércntes SeBcf, c[m\ étoient dans la Ville de Jérufalem l'an 167a. fe foient trouvez du même fentiment que le Patriarche Dofitbéc en toutes cho- SES, Se qu'ils aient fîgné une Confefîîon propre a favorifer /V Papifme cm'Ws,- dêtefient Sc contre lequel ils fulminent des AnAthéines deux ou trois Vois toutes- les années , dans leur Office Public ? Z, z 4 II 570 CONCILE DE JERUSALEM. Il réfulte naturellement de tout cela , que toutes les Signatures qui fe trou» vent au bas des Décrets du Conciliabule A& Jéruialem, ont ht faites à plaiftr par quelque ImpoJUur.^ ou mendiées parmi les Grecs Latinifez Se Apoftats^ par le perfide Dofithée ^ Auteur de ces Décrets, remplis de /tî/z^/^z , Sk d^erreurs très groj/îéres, comme nous l'avons démontre ci-dcllus. 11 ne faut pas, après cela, s'attendre qu'un perfounage de ce Caractère qui a r effronterie d'ofer />«- blier que tous ceux qjh i viennent en dévotion a Jérusa- lem, SONT DANS LES MESMES 6ENTIMENS EN ^TOUTES CHOSES, fade me Confejfion de Foi finccre, pour témoigner fans déguifement rf ixv^ ■nuiTMoJ.io' I^TOus croions en un feul Dieu , Pé- I gS6, ^ «d'e^îî», -mcit^, ^à>, K)ic}iot JlN le, Fils 8c Saint Efprit Le Pérc •xnZfix,, TXKTr'gjk, «jijfo'viîTo» , foy j^^iit (,. f Ji'eft point engcndré , «e Fils efl cngen- ^^W ^\ ci^.», , „>,««o, ^•^. ^^~,|,^ dré du Père avant les Siècles & lui cft . v V ■ . , A , ^ Confubftantiel ; le Saint Efprit procède . „ . , , , - '^ ^ , . du Perc , £c eft Confubftantiel au Perc ,^^.^,«««.. ™.«, ™, ^„, -^^.i, ^ ^ gy pjj^. ^.^,^ pourquoi nous appel- fc..^ «..« ^«.«^«* rô.«.^ ^^;,f.J»^ . Jq,^5 ^^5 j,.oi3 perfonncs en une même wo ^^5 «r/«„; iei ,ù^<,yiif3^à» . ii|«^o. Eflcncc , la très Sainte Trinité, qui eft f^lu,, ^ i^rxtvjnid^U. continuellement bénite, glorifiée K ado- rée par toutes les Créatures. Pour ne faire pas ici une répétition inutile de ce que nous avons expliqué touchant la DoUrine de ce Décret dans une de nos Remarques fur le premier Article du Synode de Moldavie, nous renvoions le Leétcur à la page 536. ci- defîus, où il trouvera la réfutation de ce qui a hc fauffcmeut imputé au Pa- triarche Cyrille Lucar , au fujet de ce qu'il a déclaré par fa Confeffion de Foi, la dans l'es Lettres, que le Saint Efprit procède du Père par le Fils. Nous ajouterons feulement ici une courte rcfléxion fur le filence que les Auteurs de ce Conciliabule de Jéruialem ont girdé fur ce Dogme, car les véritables Grecs non ■ Latinifiz difent ordinairement que le Saint Efprit procède du Père SEUL, mais parce que les Latins ne s'accommodent pas de cette expreflion, ceux qui ont formé ce Dccrct ne s'en font pas fervis, parce qu'ils étoirnt Latinifez eux-mêmes, cependant ils n'ont pas jugé à propos de marquer ou- vertement , CONCILE DE JERUSALEM. 371 vertement qu'ils étaient dans le mime fenîiment que les Latins^ ni ofé dire que le Saint Efprit procède du Père £5? du Fils , attendu que cette déclaration au- roit été une preuve manifefte qu'ils étoient entièrement fèparez de la Commu- nion des Grecs, & véritablement unis à celle des Latins, lis n'ont pas non plus voulu dire que le Saint Efprit procède du Père par le Fils, comme les Grecs qm vinrent au Concile de Florence l'an 1459. avoient ofFert au Pape Eugène IV. de le mettre dans leur Confeffion de Foi , pour s'approcher des Latins , parce que le Patriarche Lucar aiant été condamné dans le Synode de Conftantino- ple fous Cyrille de Bérée , pour s'être expliqué de la forte , 6c les Auteurs du Concile de Jérufalem aiant ratifié cette condamnation , en adoptant ce Synode , ils né pouvoient pas s'en fervir fans fe condamner eux-mêmes; voila pourquoi ils n'ont point trouvé d'autre milieu que de garder le filence fur ces deux ex- preffions différentes; en laiflant à deviner quelle eft leur créance fur ce point do Foi, qui a tant caufé de troubles dans le Chriflianifme , ^ tellement animé les Grecs contre les Latins , que plulîeurs Conciles très nombreux , aflcmblez expreflement pour cela, n'ont pas été capables de les appaifer. Cette Rcfléxion nous conduit heureufement à la découverte de la plus INSIGNE FOURBERIE qui le foit jamais faite dans PEglife Romaine. Elle confifle en ce que tous les DoÉieurs & les Hifioriens du Papifine foûtiennent que les Grecs fe font unis à VEglife Latine fous Eugène IV. dans le Concile de Florence. Le "célèbre Docteur Moreri s'exprime là-deflus, en ces termes, dans fon Grand DiSlionaire Hifiorique , fur l'Article de ce Concile. „ Le Pape s'y „ trouva lui-même avec Jean Pakologue Empereur des Grecs , £c les autres „ Prélats de fa Nation. Là on difputa de la Proceflîon du Saint Efprit; Sc „ les Latins établirent fi bien cette vérité, , mais entiérènienc fuppriraé le véritable fentimentdcs Eglifcs Orientales, qui n'attribuent qu'ait Père seul la Proceffion du Saint Efprit, ils doivent être mis au rang de ceux que les Grecs non Latinifez. regardent comme des Criminels infanies , Se comme des Renégats & des Perfides qui trahifj'mt leur Religion pour fa-vorifer les pernicieux deffeins de l'Eglife Romaine. Cela paroît dans tous les Décrets fuivans qui font tellement conformes à la Doctrine du Papifme, qu'il feroic inutile de nous arrêter à faire des Remarques pour démontrer qu'ils ont été forgez par des Parîifans de la Gourde Rome, par des PenfionHaires des Am- bafladcurs de France, Sc par des fourbes fubornez 6c corrompus par les Emif- faires des Je fuîtes Sc des Prélats de l'Eglife Gallicane. Voila pourquoi nous avons réfolu de n'emploier que les témoignages des Anciens Pères Grecs, pour réfuter toutes les Erreurs de ces Décrets, 8c pour faire voir, en même tems, par un moien très abrégé ^ très efficace, que les véritables Grecs n'ont jamais- été du fentiment de ceux qui ont approuvé ce Conciliabule de Jérufalem. Voici quelles font fes Erreurs, condamnées par plus de cinq cens Pajfages très authentiques, dont on trouvera le texte Grec dans les Exemplaires des Editions qui ont été faites, la plupart, avec V Approbation & par les foins de ceux de la Communion de Rome, comme il paroît dans Y Indice Alphabétique de tous ces Auteurs 8c de leurs Ouvrages, marquez ci-dcfîus, depuis la page 25'4. jufqu'à la t^d. où le Lecteur trouvera le Titre Se la Forme de tous les Volumes dans lefquels il pourra vérifier toutes les citations que nous ferons-, pour réfuter les Décrets fuiwans,. 8c pour confirmer les Dogmes de la Confef. fion de Foi de Cyrille Lucar qui leur font oppofez. Se qui fervent en même tems à détruire la Do6tiine du Concile de Trente, & à établir celle des Egli- fes Réformées. o p o s b; d e g R E T I L r~TiîTv'.^ M Jtia» È U^> y^^U «Va,- I^Ous croions que l'Ecriture Sainte a I I JsoJ^'Atx-n», ^ ti^^rër» ■miT^à^jÙK^ XN été donnée de Dieu, 8C que par U -^^> «iik x^im^e^m -&%-^e'"- la gloirc , ccux qu'il a élus, & qu'il a ™ ^v; ït: 3 T^r«5 «'«.? .ie!-j.>,VJ^»ajà<«f » ^ïs au rang des damnez ceux qu'il a ^. , , . , - réprouvez : mais qu'il n'a pas voulu ré- ' trx; 5 --1 -3 VI prouver & damner ceux-ci , ni juftifier ceux-là, fans caufe. Les Théologiens Modernes de la Communion de Rome tiennent ce lan«" gage, mais les Chrétiens Orientaux 6c les véritables Grecs non Latinifez ont toujours enfeigné, que Dku jujiifie gratuitement les Elus qii'il a prédcftinez de toute éternité par nu pur effet de fa Bonté 13 de fa Miféricorde, pour les faire jouir d'un bonheur éternel , pendant que ks Damnez fouffriront les peines qui leur feront infligées par un effet de fa Juftice, tant à caufe du Péché Originel que. des autres fautes perfonnelles dont ils feront trouvez coupables. Voiez les Preuves de cette vérité dans les IX. Paflagcs fuivans des Pérès Grecs, qui confirment la Doétrine du Patriarche Lucar & celle des Réformez fur cet Article. I. Chryfoflom. Homil. i. in Epifiol. ad Ephef tonu ^. pag. -jGj. II. Idem: in Epift. ad Rom. tom. 9. Homil. 5. pag. 66- 6j. III. Idem. Homil. 1. in Epifl. ad Colojff. tom. 4. pag. 98. IV. Idem, in Pfalm. 116. tom. 1. pag. j6\}. V. Idem. Homil. 14. in Evang. Johannis. tom. x. pag. 610. VI. Theodoret; in t. Epift. ad Timoth. in Scboliis. pag. 774. VII. Photius. in Scholiis, in Epift. ad Roman, pag. 357. VIII. Idem, in Epift. ad Ephef pag. 615. IX. Oecumenius. in Epift. ad Romanes, cap. i . pag. x^6'.- o p o s A. DECRET IV. I^TOus croions que Dieu, en trois Per- I TT^js, 7i»ii«, 1^ -nayto» -miôftay OTiD- X^ fonncs , Pérc, Fils, & Saint Ef« TÎM uioi if^rSt-n Tnlimi >ç^ àt^Tuv. prit, cft Ic Créateur de toutes chofes, vifibles 6c invifiblcs. Il n'y a point de Controverfe- là-deffus entre les Grecs & les Réformez qui foit réelle, quand la véritable Doftrine des uns Se des autres eft expliquée fans déguifcment, c'eft pourquoi nous paflbns à un autre Article, fans nous arrêter à faire des Remarques inutiles ôc à citer des pafages qui feroient fu-- perflus. DECRET V. o p a s e: NOus croions que toutes cKofés, vi- fibles 6c invifîbles, font conduites CONCILE DE ©ta àireioji iiit^MTUi ÎK^aifi?aiii(t . _ JERUSALEM. 375 6c gouvernées par la Providence de Dieu; & qu'il n'eft point l'Auteur, ni la Caufe du Mal , confidéré dans fa mau- vaife qualité, quoi qu'il le prévoit £clc permette. Que les maux qui font déjà faits, font quelque fois xlirigez à une fin utile, par la fouveraine Bonté, qui ne les fait pas, mais qui fe fert des circon- ftances particulières de chacun, pour en faire réfulter quelque chofe de meilleur, C'efl: pourquoi nous devons adorer, SC non pas fonder les fecrets & les Juge- mens incompréhenGbles de la divine Providence. Quoi que nous puiffions rechercher par un bon deflein, ce qui nous en eft révélé dans l'Ecriture Sain- te; 6c ce que nous y en pouvons trou, ver d'utile pour nôtre falut éternel, 6c pour cet effet nous devons en faire , fans aucune hcCtation , des interprétations conformes aux plus excellentes notions que nous pouvons avoir des attributs de Dieu. Cette Do£trine des Grecs de Jénifahm , touchant les Jugemens incomprê- henfibks 6c les -voies infcrutahles de la divine Providence^ eft entièrement con- forme à tout ce que le Patriarche Lucar en a dit, au cinquième Chapitre- de fa Confeffion de Foi, qu'on peut voir à la page 140. de ce Volume. Les Réformez font auffi dans les mêmes fentimens, voila pourquoi ces mê- mes Grecs & tous les Approbateurs de ce Conciliabule de Jérufalera fe condam- nent aveuglement 6c fe confondent eux-mêmes par ce Décret^ attendu qu'ils ont adopté le Synode de Moldavie qui a cenfuré la Doétrine du Patriarche Lucar conforme â ce Décret, 6c foûtenu ^i/on ne fouvoit rien dire de fins hlafphcmatoire. On peut voir cette cenfure dans le 5*. Paragraphe qui eft ci-deflus-» à la fin de la page 340. 6c les Remarques des trois pages qui font immédiatemenr après, oîi l'on trouvera des preuves inconteftables de la maic-vaife foi des. Grecs de Jérufalem, 6c des falfifîcations que les Docteurs de Port-Roial oiit faites, en fupprimarit cette Cenfure du Synode de Moldavie, quand ils ont pro» duit, contre les Réforfuez,^ ce Décret du Concile de Jérufalem, qui lui eft op~ pofé, quoi qu'il ait été approuvé, comme nous l'avons dit, par ks Auteurs de ce même Concile. Il réfulte naturellement de tout cela, qu'il y a eu bien de Yaveuglemenî , de Yanimofiîé , 6c de la mauvaife foi dans tout ce que les Auteurs de ce Conciliabule ont forgé contre le Patriarche Lucar, 6c dans la conduite des Dodteurs 6c Prélats de France, qui ont emploie toutes ces faujfetez 6c ces Aaa 3 ' j-rnpoftii.- 176 CONCILE DE JERUSALEM. impotlurcs contre les Réformez, pour autorifer les Erreurs Se les Ahiis de l'Eglife Romaine. Ceux qui fouhaitcront de voir quelques Paffages des Pérès Grecs qui coa« fixmem la DoBrine Orthodoxe du Patriarche Liicar 8c celle des Réformez, fur cette matière, n'ont qu'à jetter les yeux iur les Ouvrages marquez par les cinq Numéros fuivans. I. Athanaf. in Sympfi Script. Sacra;. IL Bafil. Hamil. 7. in Ilexamer. pag^ 53. 111. Chryfoft. i/m/V. IJ- in ^.adCorintb. tom. ^. pag. 651. IV. Idena de incomprehenfibili. ad Jnomaos. Hom. \.tom.6.;pai. 592. V. idem. Momil. p de Providentia. tom. 6. pag. 878. .0 P O 2 r . (pc^iiat cir» Î7n i ts Jf'S^ «rÇijJ^»/»®^ > !^ >:*T £|»e/pi7tv /oj?» , «' 5 ©sa «»« a^àmi TUS Tizivut , ^Ai'iJ/flçj nifisunKai à(Q-iteîcif , àii'fcK » tÎktwk , È ttws tj ^f,v «T©- «;n», ci'TiTpa- pris la Nature Humaine en fa propre ^i -^i M 7™.5^.« M«s.'« au».^.9.W -^s^^^^S,^ ^- F-fP"^' ^^^-^'^ Homme dans le fein de ... .,^, ^ . « (1 , > Marie, toujours Vierge, fans avoir eau- ,„ î) ccoi,»i Tj ici , r^ f fv o, , ^^ aucun travail, ni douleur a fa Mère, T^pV**'""'-^? ;^,rtrr«,,^^Ji.Vw, ■ju(pi,. j^j donné la moindre atteinte, à fa Vir- ■m, àw^y-m i rri reÂr^ ifiégf. «? ^5 ginité par fa Naiflàncc: qu'il a foufîert, ^aipàs, ànxjiim «« ri; û^^ùi-, t y-uji^ô. été cnfévéli, & qu'il cft rcflufcité glo- fSfiov cit «J^liài- S'est? È 7totçW> °'' î^ -s^""' rieux le tioifiémc jour, félon les Ecri- itxS/dfi ix^aîfS/ie» KeAfctj jÇàvras È Hy.fi;. tures, monté au Ciel, & qu'il eft aflîs à la droite de Dieu le Père: & nous at- tendons fon retour quand il viendra juger les Vivaqs 6c les Morts. Tous les fidèles Chrétiens conviennent de ce qui eft contenu dans ce Dé- cret, à la réferve de quelques-uns qui ont des opinicJns un peu différentes touchant les douleurs 6c les travaux de l'enfantement de la Mère du Ré- dempteur, 8c touchant l'état de fa Virginité après la Naiffance de Jèfus Chrift. Mais il eft très évident que les Auteurs de ce Décret renverfent eux-mêmes ce qu'ils onx. établi dans le Décret précédent .^ o\x ils ont rais, d'une manière très précife, la Vierge Marie dans le rang de celles qui om foiiffert les douleurs de V enfantement .^ avec toutes les autres ^««w 6c infirmités commu- nes à tous les hommes. Cette contradiElion ., fi manifefle., dans laquelle on voit ici, que les Grecs de Jérufalem font tombez, dans deux Articles, qui fe fui vent immédiatement, eft i CONCILE DE JERUSALEM. 379 êfi: une preuve fort claire que leur crajfe ignorance, jointe aux diverfes paffions qui les aveuglaient , 6c aux remords de leur mawvaife confcience dont ils étoicnt bounelez, les avoient mis tellement hors d'état àc raifonner jujîe , Se de pren- dre garde aux bévues que nous venons de découvrir, qu'ils n'ont pas été ca- pables de mettre par écrit quelqu'un des Dogmes de leur Créance, fans faire des altérations, ou des omijjions très ejfentielks fur les Articles fondamentaux dont tous les Chrétiens conviennent, ôC fur ceux-là même que les plus ftu- ptdes & les plus mal inflruits d'entre les Neophites n'ignorent pas. Tel cQ:, par exemple , l'Article qui concerne la Mort de JcjOa Chrifi dont les Grecs de Jérufalem ne font aucune mention dans ce Décret VII. de leur Concile, oii ils font profcilion de croire que ce Divin Rédempteur f/ «/, qu'// a foiif- fert t qu'/7« été enféveli, & qu'il eji rcjfufcité le troifiémc jour, fans dire un fenl mot de ce qu'il a fouffert , Sc de ce qui cft exprimé dans les Confeffions de Foi des Chrétiens, qui déclarent exprefîement qu'il a été crucifié , ÔC qu'// tji mort. Ces deux Articles font fpécifiez dans le Symbole des Apôtres, & diftinguez l'un de l'autre, dans celui de Nicée, pour marquer d'une manière dillinctc, ce que Saint Paul a cnCeigné, touchant le point fondamental du falut éter« nel , 6c de toutes les confolations fpirituelles que Je fus Chrifi a méritées aux Fidèles par [■a. parfaite obéijfa7ice , que cet Apôtre fait confifter en ce que Jé- fiis Chrifi s'ert non feulement abaijjé par fon Incarnation, en prenant la forme de Serviteur, mais, outre cela, parce quV/ s'efi rendu obéijfanî 'yu'îqu'2. la rncrt Se même jufqu'a L A mort de la Croix, comme cela cft très cxprefle-» ment marqué dans le 8. verfet du i. Chapitre de la II." Epître aux Corin- thiens. Mais les Auteurs du Conciliabule de Jérufalem avoient l'efprit telle. ment offjtfqné par la fougue de leurs />.-î^Î6Kj- déréglées, ^ fi fort obfcurci par les Préjugez très ininfies dont les Prélats de Fiance leur avoient rempli la tête , par divers Mémoires tous farcis d'impofiures , contre le Patriarche Lucar, qu'il ne leur reftoit pas la moindre étincelle de lumière, ni la moindre o-Mbre de raifon, pour difiinguer le i;rai d'avec le faux, dans aucun point de Doctrine. Cela paroît fur tout en ce qu'ils ont avancé des propofitions fi contradiêfoires , Se adopté des Dogmes fi incompatibles, 2c ttWexnem contraires à leur but, qu'au lieu de fervir à la condamnation du Patriarche Cyrille, ou à celles des Reformez, fclon leur dcflein, ils fervent au contraire à les confon- dre eux-mêmes, Sc à condamner les Prélats de France, par une Ccnfure de leur propre Doftrine, Sc par une Approbation de celle du Patriarche Lucar 8c des Théologiens Réformez, comme cela paroît d'une manière très claire dans le Décret îuivant du même Concile. oposM. DECRETVIII. I n^iofB^ T xje^» i^s, u^s, X2.î:\ f.i- I^Ous croions que Nôtre Seigneur ( 1 v„ ^'.Â-riui )*p,îyc^, è îi.-m 'tauni, JJN Jéfus Chrift eft SEUL M E D I A- ^•JTÇ" ■a?s< miTui, -ni xaTOX/os;^;, ;^; J TEUR, qu'il s'cft donné en rançon pour î^'s «jV«ï®- mmnixitsti àntuint QtS i^ «»- tous , Sc qu'aiaut fait la réconciliation ^fÛTTut , È swiit xr,Ki^tt 7w» iSiai «»«/ cntrc Dicu 8c les hommes par fon propre Bbb L. 3So CONCILE DIE JERUSALEM. •m^K-M-ni , £ i;i««,. il ell l'A V o c A T qui prend un fom trè^ particulier des £ens. Nous avons fait l'application de ce Décret, au milieu de la page gzz. dé ce Volume, à l'occafion du Synode de Canfiantinople qui a prononcé Anatbé» me contre le Patriarche Lucar, parce qu'il a mis dans le huitième Chapitre de fa Confeflîon de Foi, que Jéfus Chrifi eft /e seul Médiateur giii frend foin des ftens. On n'a qu'à jetter les yeux fur U DoSlrine de ce Chapitre, qui eji à la pA- ge 141. ci-dejjm^ 6c la comparer avec la Cenfure de V^nathêine dont nous vc« nons de parler, & avec ce huitième Décret du Concile de Jérufalem, pour être convaincu que tout ce que le Patriarche Lucar a dit fur cette matière eJi confirmé par ce Décret de Jéruiàlem, & condamné par VAnathéme fulminé dans le Synode de Conftantinople contre la même Doctrine de ce Patriarche, d'où il réfulte que la Grecs de Jérufalem , aiant approuvé ce Synode^ d'une ma« niére très authentique dans leur Concile^ fe condamnent eux-mêmes par ce huitième Décret du même Concile, qui détruit ce Synode, pour approuver la Doètrine du Patriarche Lucar. Voila pourquoi les Doèteurs de Port* Roial Se les Prélats de France, qui ont mis ces Décrets contradiSoires au rang des preuves authentiques de leur Religion, fe trouvent condamitez en cela, par des témoignages irréfragables de leui mauvai/e foi, èc convaincus d'im- pofture & d'aveuglement, puifqu'ils nient ^wc opiniâtreté' dans plufieurs Arti- cles ce qu'ils établijjent formellement dans quelques autres, comme il paroîc très évidemment dans VAnalife que nous venons de faire des erreurs de ces Articles, comparez avec la DoSlrine Orthodoxe de ce huitième Décret, qui cft non feulement conforme à celle du Patriarche Lucar^ , 6c à celle des Réfor- mez , mais auflî à celle des Pérès Grecs S^ Latins qui n'ont reconnu qu'uN SEUL & UNiQjiE Médiateur entre Dieu (jf les hommes , comme on le peut voir dans les dix-fcpt Pajfages fuivans. I. Athanafius. Dial. f. de S. S. Trinit. tom. 2. pag. x^t,. IL Iren^us. liùr: 5. adverjiis h ^^«i-' 'J."- -^ ^e^-, «^ ^ t'r.^-°^" Dmnes laquelle opérant ;;{,«, of7.A« "1 _ • _ , par ]a Chante, c eft a dire, par l'obfer- «.'^, ;^,^ ^ 9^^ ^"«f'-î^-"/ -A'*'"- Ç,jio„ des Commandemcns de Dieu , nous juftific auprès de Jéfus Chrift, Sc fans laquelle perfonne ne peut plaire i Dieu- La Dodrine de ce Décret peut être interprétée d'une manière Orthodoxe , Se conforme à celle des Eglifcs Réformées, mais étant exprimée d'une façon qui eft aufli fufceptible d'un mauvais fens, nous ajouterons ici les propres termes de la Confeûlon de Foi des Réformez du Païs-Bas, qui en parlant de la Foi Juftifiante, dans l'Article XXIV. déclarent, „ qu'il ejî mpoffible que „ cette fainte Foi [oit oifctife en V homme , d'autant qu'il ne s'agit pas de la Foi vai-^ ,, «e , mais de celle que P Ecriture appelle Foi opérante par Charité : laquelle in- duit l'homrne à s'exercer aux œuvres qm Dieu a commandées par fa Parole, lef- „ quelles^ procédant de la bonne racine de la Foi ^ font reçues devant Dieu^ parce qu'elles font toutes fandlifiées par fa Grâce. Cependant , elles ne viennent point „ en compte pour nous juflifier -y attendu que c'efl par la Foi en Jéfus Chrift que ,, nous fommes juliifiez , avant même que d'avoir fait de bonnes œuvres. Voila quelle eft la véritable Foi, ftns laquelle perfonne ne peut plaire à Dieu , comme le Patriarche Lucar s'en eft auffi expliqué dans le 9. Chapitre de fa ConfciSon de Foi, qu'on peut voir à la page 242. ci-deflus, où il dit que cette Foi , fans laquelle perfonne ne peut être fauve , tire fon origine de la Mort 13 de la Vie de Jéfus Cbrijl. Ceux qui voudront fe donner la peine de chercher la confirmation de tout cela dans les Pérès Grecs Sc Latins., n'ont qu'à lire les vingt Pafjages que nous indiquons ici, pour donner un plusgrani nombi'e de preuves 6c A'éclaircijfemens fur cette matière. I. Bafilius. in Pfalm. iij. pag. 127. II. Idem. Moralium. Summâ. So.Cap. %z. pag. 437. III. Idem, in ^Jcet. minorib. Définit, iz. pag. 485". IV. Atha- nafius. 0>rt/. de Paffione 13 Cruce Domini. tom. 1. pag. 995'. V. Idem Epifi. ad fovinianum.^ de Fide. tom. 1. pag. 246. VI. Idem, a'dverfus eos., qui volunt ftmpliciter iis , qu£ dicuntur^ credendum ejfe ^ nec confiderandum quid conveniat ^ aut non conveniat. tom. z. pag. 525. & yiG. VII. Idem, adverfus eos ^ qui nec quarendum, nec loquendum ex Scriptura^ pracipiunt. tom. 2. pag. 295. VIII. Chryfoft. Homil. 17. in fohannem. tom. 2. pag. 624. IX. Idem. Homil. 74. tom. S", pc.g. 513- & 5'24. X Idem. Homil. 21. in Epift. ad Hebr. 2. pag. J59. XI. Idem. Homil. 8. in Epijl. ad Rom. tom. 3. pag. 60. XII. Idem. Homil. 9. in Epifi. ad Rom. tom. 3. pag. 66. XIII. Idem. Homil. 14. in Epifi. ad Rom. tom. l- pag. iij. XIV. Idem. Homil. 61- in Geuefm.tom. i. Bbb a pag. o r o s 381 CONCILE DE JERUSALEM fag. 489. XV. Idem, in PfaJm. 4. tom. i. pag. -^i,^. XVI Idem. Homiî. i. in Genefin. tom. i. /'^^. 10. XVII. Theophylactus. in Evmgelium Jo* bannis, cap. 6. pag. 441. XVIU. Marcus, Monaclius. Orat. 11. contra eos qui ex operikis fc^juftifcatim iri putant. cap. 17- XIX. Ifidorus, Pclulîota.. iil/r. 3. Efifiolarum. Epiflol. 73. pcig. i83. XX. Oecuraenius. in Epiji. Ja-j Cûbi. cap. 4. pag. 125. DECRET X. NOus croions que l'Eglifc qui cft' appcUée, ou plutôt qui eft véri* tablemcnt Catholique , Sainte 6c Apoftolique, contient tous les Fidèles en Jcius Chrift: à fçavoir ceux qui ne font pas encore arrivez dans leur Patrie, mais qui vivent encore fur la Terre: & nous ne confondons point l'Eglife qui eft en- core errante avec celle qui eft dans le Ciel, fous prétexte qu'il y a, peut-être i comme le difent quelques Hérétiques , des ouailles de Dieu, le Prince des Pa{- tcurs , qui font Membres des deux Eglr- fes, Se fanftitîccs par le même Saint Ef- prit. Car cela eft également abfurde 8c- impoffible, puifque l'une combat enco- l^ x=^«A,- J««, « ^,«7», , «iW5 i x/e.(^ rc en ^ ce Monde , 5c que l'autre a déjà reçu la recompcnlc de fes victoires, Sc qu'elle triomphe dans le féjour du Para* dis. Mais n'étant pas poflible qu'un hom* me mortel loit le Chef perpétuel & Uni- verfel de cette Eglifc Catholique, c'cfi: Jéfus Chriji ^ Nôtre Seigneur, qui en efi le Chef , ôc qui, en tenant le Gouvernail, la conduit par le Miniftére des Saints Pérès: c'eft pourquoi le Saint Efprit a établi des Conclnctetin 6c des Pajieurs dans toutes les Eglifcs qui ne portent pas ce nom à faux, mais qui font de véritables Membres de celle de Jéfus Chrift, afin que ces Conduéteurs y pré* fldent comme autant d'Evêqiics, en y faifant véritablement, Se non pas d'une maiiiérc abufivc , les mêmes fonftions que s'ils en étoient les Chefs, pmrim néanmoins qtCils jettent continuellement les yeux fur l'Auteur 6c le Confommateur ' . - de l^'JeSp liuJ M^/3/il'.'J , èvzt«- ûy.iiv- KctJv>^tKlcfj sÎKKXricisW , ■msTU; r)Si à» Xg^fw 5T3rfc5 •'y/'" ^inhtfiriczt^, fci!l)^fi£c j cvf-i-.t'J/j tIui cm tji ^aut UrSi X»/I555 f" xi(pnXn , È «.i-ni tbs ^ahtnx^ .i]# ^ é.y.ai ymiifut. y^ hà rS-n ojyifi^Vç 1 è Tni^M , ê oA«5 eiy, à» y-a-ra- «; '«5 «1/7JV TiV cicfyfiii* ■^ x^ tIjj r.lipttXLù CONCILE DE JERUSALEM. 383 de nôtre Salut, Se qu'ils lui rapportent TOUT CE Qji'iLS FONT en qualité de Chefs déléguez là fubalternes. Si on interprète ce Décret avec toutes les modifications que nous avons ex- pliquées ci -devant à la page 348. comme il eft très aifc de le faire, fans en tordre, ni altérer le fens, on trou-cera qu'il fert à confirmer la Doctrine des Eglifes Réformées^ conforme à celle du dixième Chapitre de la Confefllon du Patriarche Lucar touchant les prérogatii-es & les joncliom des Paflciirs légiti- mes des véritables Eglifes Chrétiennes .^ qui ne rcconnoifl'ent aucun autre Chef Univerfel que Jéfus Chrifl, le Souverain Pafteur Sc Prince des Evoques: du- quel ils ont reçu un pouvoir égal dans toutes les Eglifes particulières de la Chré- tienté, parce que tous les Paftcurs & Conducleurs de chaque Eglife fonr àTnJlhution Divine comme ce dixié-me Décret du Concile de Jérufdem le dé. clare très expreflement. Voila pourquoi tous les Réformez & Pi-otertans ont droit de fe prévaloir des joixante-dix Témoignages des Grecs qui l'ont ratifié pour confondre les Doéleurs de Sorbonne & les Prélats de France, qui en mettant ce Concile au rang àes preuves authentiquss de leur Religion, ont condamné leur propre DoUrine touchant leurs Dignitez Pontificales 6c leur Hiérarchie Ec- cléfiaftique , dont le Pape de Rome le dit le Chef Unique l^ Univerfel. Ils ont auflî condamné par ce moien, tous les Prélats qui ont figné le Concile de Trente^ Sc tout le Po.pifrne qui a recula Doélrine de ce Concile., ou l'on n'a jamais voulu fouffrir que les Evêques fulfent àéchrtz indépenda?is du Pape, ni que leur Inftitution fut reconnue comme venant immédiatement de Dieu. Pour ce qui cft de l'autre partie de ce Décret, où les Grecs de Jérufalem accufenc certains Hérétiques, qu'ils ne nomment pas, de confondre l'E^li- fe Militante avec celle qui triomphe dans le Ciel, il y a de Pa-ûihiguité^ûe Vt'qnivoque Sc de la mauvaife foi dans cette Accufationy 8c on ne fçauroit com. prendre pourquoi ces Grecs nient que le Saint Y.'î'^xw. fanctifie tous les vérita- bles Membres de VEglife Univerfelle, fans exception. Mais quelle qu'ait été leur penfée, il eft certain que cette Accufation ne peut tomber, ni fur le Pa- triarche Lucar ^ ni fur \cs .Réformez, attendu qu'ils né confondent point la So- ciété des Bienheureu.x qui-régnent dans le Ciel, avec les Jjjemblées particulières des Fidèles,, qui vivent encore dans l'Eglife Militante, fur la Terre. Il n'y a qu'à jetter les yeux fur la Confefpon de Foi des Eglifes Protefianies- Se fur le dixième Chapitre de celle du Patriarche Cyrille, pour être convaincu que ce qu'il y a de fau.v dans ce Décret du Concile de jérufalem, ne concer- ne point du tout les Reformez, non plus que ce Patriarche. Voila pour- quoi nous finirons cette Remarque en indiquant quarante-quatre Paffages des Pérès Grecs Sc Latins qui confirment la Doctrine des Réformez 8c celle dii -même Patriarche fur cette matière de l'Eglife Chrétienne , qui eft compol'ée de tous les Fi- dèles, Se qui ne reconnoît (\n'un feul véritable Chef Univerfel, à fcavoir Jéfus Chrift \e Prince sle tous les Pafieurs, qui dirigent les Eglifes particulières fé- lon les Régies que Dieu, leur Souverain Légiflateur , kur a données par écrit dans les Livres Canoniques, où les prindpaux ConduSieurs de V Eglife ont trouvé la Doctrine dont nous venons de parler, très folidement établie, comme cela paroît dans les Ouvrages fuivans. Bbb 5 I. Chry. 584 CONCILE DE JERUSALEM. I Chryfoft. Homil. lo. in Epifi. ad Ephef. tom. 5. pag. 814. II. Auguft. in Pfalm. x6 tom. 8. pag. 93. III- Cyrillus Hierolulym. Catechefi Illuminât, ij.'pag. 120. IV. Clemens Alexandr. Stro-m. libr. 7. pag. yif. V. Idem. Strom lihr. 5. pag. 45'7- VI. Idem. Pa:dag. lib>: 3. Vil. Liera. Padag. libr. I. VIII- Theophylaâus. in cap. 10. Johannis. pag. 486. IX. Bafil. in Procem mio in libr. Ethicornm. pag. 590. X. Idem, in cap. 2. Jef. tom i. pag 869. XI Greeorius Nazianzcn. 0?vî/. 7,1. tara. 1. pag. foi. XII Bafilius Seleu- cienfis Orat.z^- pag 14*. XIII. Ifidorus Pelufiota. //Z'r. 1 EpiJîolanim.Epift. 'i.'iK pag.^-j. 'K.IY. làcm. paulo poft. XV. Ep'iphiinms. H^rcfi. f^^. pag. ziy. XVi. Chryfoft. Homil. 5-4. in Math. tom. z. pag. 344. XVII, Idem. HomiL I. tn Pentecofi. tom ^ p.ig- 979- XVIII. Idem Hojnil. 8. in i. «^ Cor/w/^/f». ?(?«?. X. pag. Z93- XIX Idem. //o?«;/. 11 in i. ad Timoth. tom. i,. pag. 490. XX. Irenseus. adverfus Hxrefes. libr. 3 f<î/'. 11. pag. 15-6 XXI. Athanal'. 7« interprétât. Parabolar. Evangelii quafl. 8. /o»z. z /'«^. 495. XXII. Atha. naf Or«;. a- fo«/?vî Arianos. tom. i. /«^ 308. XXllI. Auguft. de Unitate Ecclefi£. tom. 7. cap. x. 6? 4-/'^^ 343- ^ 345'- XXIV. Idem. Epiji. ^j.tom. 2,. pag. zSz. XXV. Idem, de Verbis Domim^ fiiper Math. Sermone 13. tom. 10. pag. 85". XXVI. Idem, fuper Johan. Tradî. 124. cap. 21 /ow?. 9./^^ 472. XXVÎI. Idem. Retracl. libr. i- cap. 21. /o;». x. z-^^. 29, XXVIII. Idem, de Civit. Dei.libr. 18. cap. 5-4. /ow^. S- pag- 1133. XX IX Idem y7//>fr Johan. 'tra£î. 29. f«/>. 7- tom. 9. ^a^- 245'- XXX Idem. libr. 3. ^(? Baptifm. contra Donatijl. cap. 17. /o«^. 7- Z»^.?- 410- XXXI. Hilarius. libr. z. de S. S. Trinit. pa'^ 27 XXXII. Ambrofms. in Lucam. libr. 6. cap 9. tom. 5" pag. 89. XXXIII. Idem, in Epijî. ad Ephef. cap. 2. tom. 5-, pag. •343. XXXIV. Cy- prianus. de fmpUcitate Pr^latorum. pag. 163. XXXV. Photius. in Bibliuth. cap 280. Z)^^. 878. XXXVI. Theophylactus. in cap. 16. Matth. pag 68. XXXVII. Chryfoft. in cap. i. £/'//?• ad Galat. tom. 3. />^^. 723. XXXVIII. Oecumenius. XXXIX. Dionyfius Areopagita £/>//?. ^^ Z)f;»o//j. XL. Ma- ximus Scholiaft. XLI. Hieronymus. in Epifl- ad Evagrium. tom. 2. pag.o^zg. XLII. Concilium Chalcedonenfe, Canone 28. pag. 48. XLI II. Synodus Conftantinopolit. 3. qji'£ TriiUana dicitar. Canon. 36. XLIV. Concihum Ni- ccnum. Primum. Canone 6. pag. 11. orosiA. DECRETXI. j 'a^icfSjj (K.£>m TOS »«>>i«T©- A(K!)~» citxAite-i'sM'. ai-ri yif IAi quc cft inftruitc par le Saint Ef- ii» i «A>!3-i!5 mt^xMT^, à» vn.iiTH •a^ prit , d'autant qu'il eft le vrai Con- ? TOifoî i xeA^i'S Mâmr.i> T^i, àM:^{cu> ^ folateur, envoie du Père par Jéfus Chrifl-, è -ri p^T.i ^ -f t£, ■m^, s\sy>i»i ^^a- PO"»* enfcigucr la vérité & dilfipcr les . T- ■ ' - ^ .. A» - ,^ ténèbres de l'efprit des Fidèles. Mais la ' V ^ - . . Doélrme du Samt Efpnt n éclaire pas «^.'»,. «>^« A» ^v «,,., ^^f«., ^ ^. immédiatement l'Eglife Catholique, c'eft .»uj«^jW -^"j »0'9»^"'«« o^'-^'î'-w , .o^TOvAxi- pj,^ le Miniftére des Samts Pères &: des ^« -ri» cicKAïs-io*. ai ,'^ V wB'ra vgj.çif fV tt Conductcuts dc cette même Eglife qu'el- è xijfmi ^ij9', ? à-Y->i imiftart^, bx «n le eft éclairéc. Car de même que la àfiimi-izir' *iTSlxa>^r,^A, ««k' on lia' airS Sainte Ecriturc eft en cflèt la Parole de A« n:^ ^5ï>,«» Ê a&tprt-m,. ii'-w t li ùt- Dicu , comme elle en porte le tître , Bbb 4 ^x„„u 2%6 CONCILE DE JERUSALEM. »A«r.» . «È diatement par lui-même , mais par les k™«A«,. (Jv .«V.. «i .i.«^<-. «><«f Prophètes & pr les Apôtres; l'Eglifc ,^ . , , ^v „ , eft pareillement inftruite par le Saint ^/..>.,yn.7u, ru«.h, ) (« y. T«^ ^.«,««f ^^p^j^ vivifiant, mais il fe fert pour cela ^..e^^».îAeV«'.) <3u Miniftére des Saints Pérès fie des Doéteurs ( à qui les Conciles Oecumé- niques ont tenu lieu de Régie. ( CV/ ce que JE dirai mille fois.) Il a déjà été parlé trois ou quatre fois de cette même DoéVrine dans ce Concile: c'eft pourquoi nous renvoions le Lcéteur au Texte 6c aux Remar- ques des pages 287. 288 gio. ^58. $5'o. 551. On trouvera dans les Ré- flexions que nous y avons faites, des preuves convainquantes de l'ignorance &c de la nmuvaife foi des Grecs de Conjiaminoph ^ de Moldavie 8c de Jénifalem^ avec des témoigtiages authentiques des fourberies Sc des impufïures des Docteurs êc des Prélats de l'Eglife Gallicane, qui ont emploie toutes les mcnteries de CCS Grecs, pour Ibûtenir h. faujfe Dotlririe Sc les ^ùi/s du Piipifme furcettp matière. 11 y a dans les deux premières pages que nous venons de citer, (Jeux Ex- traits des Homélies du Patriarche Lucar , que le Concile de Jérufalcra dc-« clare contenir une Doctrine Orthodoxe , par laquelle ce Patriarche cnfeigne, fur de très bons fondemcns , que les matières de la Foi ne font pas établies par les raifonnemens humains ^ mais par Vautorité des Livres Canoniques ^ dont les JJuteurs ont été divinement infpirez y injlriùts immédiatement par le Saint Efpritj qui a atiffi donné .y par fis divines Lumières .^ une grande intelligence de ces Ecritures aux Sages , 6? une moindre au rcfle des Fidèles , qu'il a faits par- îicipans de la connoifjdnce des Véritez i^ des Miftéres du Salut ^ en telle forte néamnoins que Dieu seul a la r a rfa.i te intelligence de tout le fins fpiritiiel qui ejt contenu fous le fins littéral ou métaphorique de ces Ecritures Sacrées. La troifiéme citation d'un Article du Synode de Conllantinople, qui eft à la page 510. de ce Volume, fcrt à découvrir la plus noire de toutes les calomnies, par laquelle C) i ille ed fauj/ement accufé d'enfeigncr que l'Eglife <3e Jéfus Chrift n'eft point inftruite par le Saint Efprit, quoi que ce Patriar- che ait déclaré précifément le contraire dans le fécond Chapitre de fa Con- fcftlon de Foi , comme nous l'avons fiiit voir dans la Remarque de ce même Article. La quatrième citation, par laquelle nous avons renvoie le Lcéleur à la page 358 de ce Volume, lui donne le moien de voir deux autres impefures des Grecs de Moldavie, adoptées par ceux de Jcrufalcm, en ce qu'ils accu- fent Cyrille d'avoir calomnié les Conciles Oecuméniques, divinement infpi- rcz, dont il n'a pas dit un feul mot, 6c en ce qu'ils foûtiennent auffi que le même Patriarche rejette les interprétations des Saints Pérès, fans aucune modification, quoi qu'il paroiflc tout le contraire dans le fccond Article de fa Confeflîon qui cft à la page 2g8. de ce Volume. La cinquième citation qui indique les pages 550. 6c 3Ji. fe rapporte au J2. . - COKCILE DE JERUSALEM. jg/ i«. Chapitre de la Confcffion de Cyrille, où ce Patriarche s'efl expliqué touchant la Dodrine des Conciles 8c des Pérès, d'une manière que les Grecs de Moldavie ne cenfurent que fous prétexte qu'il a eu quelque mauvais dcf< lèin, eji étalant cette Doétrine, que d'ailleurs ils reconnoiflent être très or- thodoxe. Cet aveu fuffit pour démontrer que ce Patriarche n'a pas été un Hérétique, comme les Grecs de Jérufalem & les Prélats de France l'ont faujfement fo&tenu, par toutes les menteries dont plufieurs Impofteiin à leurs gages, fe font fervis, pour calomnier ce Prélat Orthodoxe Se tous les Réfor- mez, qui ont accufé les Grecs 6c les Latins de n'avoir été nifmcéres, .ni éqiii' tables^ dans leurs Caifares publiées contre la Doétrine dont il s'agit. On fera d'autant mieux convaincu, que le Concile de Jérufalem, dans le- quel fe trouvent les Cenfures, eft une faujfe Pièce forgée à plaif.r contre les Réformez 6c contre Cyrille, par le Patriarche Z)(?/7//^fV tout seul, fî on ajoute aux preuves que nous en avons donné ci-deflus à la page 368. & -569. celle que nous trouvons ici, dans la dernière Parenthéfe du douzième Décret de ce même Conciliabule. Ulmpojleur qui a drcflé ce Décret, s'efi: découvert lui-même par les paroles qu'il a laifî'é échapper de fa propre bou- che, quand il a répété ce qu'il avoit déduit pour favorifer l'Eglife Romaine fur lamatiére des Traditions humaines, 6c pour les établir comme une Ré- gie certaine de la véritable Doétrine: Sur quoi il s'efl expliqué, par ces ter- mes, (CV/ ce que je dik ai mille fois.) Ce Verbe Singulier n'eft pas le langage d'une Afferiiblée Synodale, mais l'affirmation d'un particulier, qui af- fûre ce qu'il l'eut dire mille fois, tout seul. Cela eft très évident, car les Députez d'un Concile ne fe fervent pas du Acerbe Singulier je dirai, mais du Pluriel nous dirons. Voila donc un Fourbe qui s'efl; fliit con- noître par fa propre voix, & qui a laifl'é tomber le Mafque dont il s'étoit couvert pour contrefaire les Aétes d'un Prétendu Concile. Nous finirons cette Remarque en oppofant à la fauffe DoSlrine de ce Con- cUiabiile XXXIII. Pafîages des Pérès Grecs £c Latins qui confirment tout le contenu du douzième Chapitre de la Confeffion de Foi du Patriarche Lu- car, Se ce que les Réformez enfeignent contre \tsfaujfes T'raditions de l'Egli- fe Romaine, Se contre \i prétendue Lifaillibilité à&s Papes 6c des Conciles. I. Athanafius, Epift. ad Serapionem. tom. i. pag. 175". II. Clemens Alexan- drinus. Strom. lib. j. pag. ^j/. III. Idem. P^edag. lib. 1. cap. a. pag. 80. IV. Idem, ibidem, lib. i. cap. f. pag. 08. V. Bafilius. Homil. de Pœnitentia. pag. 141. VI. Cyrillus Alexandr. de reBa fids ad T'heodofum. VII. Augufti- nus. contra Crefcent. lib. z. cap. ai. totn. 7. pag. 15^. VIII. Idem, ad Hiero- "fiym. Epift. .19. tom. z. pag. 44. IX. Idem. lib. z. contra Donatiftas. cap. g. tujn. 7. pag. z6i. X. Hieronymus. in Pfalm. 86. tom. 8. pag. 1Z7. XI. Auguftinus. Senm. igi. de tcnip. tom. 10. pag. 889. XII. Idem. E.pift. 48. tom. t. pag. 116. XIII. Cyrillus Hicrofolymit. Catcchefi 4. Illumin. de Spi- rit. S. pag. 30. XIV. Idem. Catechcfi iz. pag. 106. XV. Idem. Catecheji , i^. pag. ï6i. XVI. Ignatius. £/>i/?. 3. qua eft ad Philadelph. pag. ^\. XVII. Bafilius. in moralib/is. Définit, -jx. pag. 432. XVIII. Clemens Romanus. in Conftitut. Apoftol. lib.x. cap. 19. Hieronymus. in Jefai. cap. jz. tom, ^. pag. 190. XX. Àmbxofîus. //i. 6. in Evang. Luca,fuper cap. a. tom. f. pag. 84. G ce XXI. CONCILE DE JERUSALEM. XXI. Hicronymos. in P/aha. 153- tom. 8. XXII. Chryioftomus. in 1. ad 'fim Homïl XI. ton. 4. pag. 190. XXIII. Ircnxus. ad-uerfui H^ref. Itb. 2. cap II fdg. i$6 XXIV. Epiphanius. lih. 5. contra Haref pag. 467. XXV. Ada Concilii Africani. in Epiftol. ab omni Concilio ad Bomfactttm (3 m Epift. ejufdem Concil. ad P.i^y.m Cekfimiim XXVI. TertuUianus. adverfus Praxeam cap I. pag. 844. C5? Athanafius. in Epift. ad Solit. 'vit. agent, tom. i. pag. 8^7. XXVII. Concilium Conftaniinopolitanum III. feu VI. Univerfale. & m i. Epift. Leonis XI, Pap<£ ad Conftantin. Imperat. tom. 5. Concil. Colonie impref- forum anno 1606. pag. 114. b. XXVIII. Concilium Bafileenfe. XXIX. Niol. Lyranus. in Math. cap. 16. XXX. Genebrardus. in Chronohg. ad ini^ iiiim Seculi., X. Baronius, anno Chrifiiy 908. S. 4. XXXI. Alphonfus de Caftro. adxerfus H, aj^i ■f mais par une Foi qui opère , c'eft i dire, sn'fiaj Ê T £fj"'. par la Foi 6c par les oeuvres. Le Patriarche Lucar, ni les Réformez, n'ont jamais enfeigné qu'une Foi Korte judiûc , mais une Foi vive, c'eft à dire, une Foi qui opère par la Cha- rité dans les Fidèles, quand ils ont l'ufage de la raifon-, Se qu'ils fe trou* vent dans une fituation & dans des circonftances propres à l'exercice de» Vertus Chrétiennes. Nous avons fait diverfes réflexions fur cette matière dans une de nos Re« marques fur la VII. Lettre Anecdote du Patriarche Lucar, depuis la page 89. jufqu'à la ^6. de ce Volume, & à la page 5fx. où nous avons fait voir que ce Patriarche déclare très expreflement, dans le 13. Chapitre de fa Confef* iion de Foi, mis à la page 244. ci-deflus, que par la Foi juftifiante il tru tend tout ce que la Foi a pour objet , de forte Qu'elle embrajfe la jufiice de Je'~ fus Chrift , ^ rapplique aux Fidèles , sans préjudice des bonnes OEUVRES, parce que V Auteur de la Vérité enfeigné lui-même qu'elles ne dot' vent point être négligées .^ & qu'elles font un moien nécejfaire pour démontrer la •uérité de nôtre Foi, & pour affermir ?iôtre Vocation. Cette déclaration étant formellement contraire à la Doctrine que le Symtk ■ie Moldavie impute, y«r cette matière.^ au Patriarche Lucar., pour avoir occa- lîon de le cenfurer, il eft très évident que les Auteurs du Concile de Jérufa- km, qui ont approuve ce Synode, font des Calomniateurs , puis qu'ils fup- pofent tnalicieufiment trois infignes faujfetez dans le Décret dont il s'agit main- tenant ici, en infînuant d'une manière oblique 8c tacite, que le Patriarche .Lucar fie les Réformez attribuent la Jufiification à une Foi morte y qu'ils /?^«- rent les bonnes œuvres de cette Foi dans les Régénérez, & qu'ils aboliflènc l'obfexvaiioa »"^' ««•n^':9->î««'TO rfr I^Ous croions que l'homme tombé ) J -mf^^xiri, ■a^nu.'f.r.H^c^ tij iuiiu. ±/\ par Ic pcché , doit être comparé .^iû«( Ttii K-Hint: , TSTîfj» «BOtfja.s-iwaf è aux Bétcs avec Icfquelles il a de la ref- iHi ft^ô-ai-ni è àmtJiicK êK-xtetit , i fiLi È fembldncc : c'cft à dire, qu'il eft afibi« n? « ïto;^* -sa^i f ;^«j»ç 4j«&« 0=^ ipi. bJi & rendu fujet aux Paiîîons dont il ««ç. è ci.^,«.'« J|s^r..',Ly. ^,., y'» i-^ -à. h «l'eft plus le maître, quoi qu'il n'ait ps ^.^^\, è i^4''«^«r ;i.*^..^. o «.>.«. entièrement perdu les facultez qu'il avoit - V . . 0 . f -, reçues de la honte de Dieu, pour aeir ,, . . A -V >, . ,; J dans les chofes naturelles. Autrement xA,w. ^c, « x.A„ È «,.^. ô .j,.^.^ il „ç fçroit plus raifonnabie, & on pour- * v9.v»x«A„. «v»;?.,,?«, J, ï,« ^.iî „> j.Qij jjyg qyg maintenant il n'eft plus w,50««7iKsi' x«Ai, «;«r»').oe^7f."^. È «^« citTtAiiTjtj, f'i ïcMTi quand il eft régénéré la grâce lui cfb /4Jtu e;!:^,. vi 9tA«««f , ij/k'' 5*i^«<^''? -t^^*" tellement néceflaire pour le bien fpiri- rvfK»Ttfn^i>»!. tucl, qu'il faut abfolument qu'elle le prévienne, comme nous l'avons dit au fujct de la PréJcftination, de telle fon- te qu'i/ ne peut faire de. lui-mesme/, AUCUN BIEN, digne de la fie Chrétien- ne i quoi qu'il foit en fon pouvoir de confentir, ou de rcfifter à la grâce- Nous avons déjà fait deux Remarques fur cette matière, dans les pages 2-12. ôc ^^2. ci-dcflus, oii le Lefteur peut voir, que le Patriarche Cyrille fait profeflion de croire que le Franc-Jrbitre cjl excité par la grâce du Saint Efprit dans les Régénérez, £=? qu'il, opère, mais non pas fans le fecours de cette grâce qui porte rhomina à faire le bien , en prévenant fon Franc-Jrbi- tre , qui EST B L E S S e'. Or tfouvc ce Dogme à la page 24). de ce \'"olu« me, dans le 14. Chapitre de la Gonfeflion de Cyrille. On doit remarquer fur cela que ce Patriarche s'étant exprimé de la même forte que les Grecs de Jérufalem, dans leur 14.. Décret ci-deflus, ces mêmes Grecs n'ont pas pu ratifier, comme ils ont fait, les cenfures du Synode de Moldavie, fans fe condamner eux-mêmes , par leur propre Dodrine con* tradiétoire Se incompatible avec celle de ce Synode. Cela paroîc manifefte- mcnt en ce qu'ils y accufcrit Cyrille de rewcerfer la Nature humaine dont Pef- fence cmififte dans, la Raifon^ Sc en ce qu'ils y condamnent parleur 14. Ccn« fure, la Doélrinc qui ejl contraire au Fraw- Arbitre , 6c cependant, les Grecs de Jérufalem établiflent ici le même Dogme, dont ils avoient approuvé la condamnation & adopté la Cenfure. Voila pourquoi nous pouvons dire avec rai fon que ce Décret, dont il s'a* git maintenant ici, nous fournit une nouvelle preuve de la-mau-vaife foi des Grecs de Jérufalem, 8c un nouveau Grief contre les Prélats de France, qui ont porté les Auteurs de ce Conciliabule à déguifer la Férité, pour munir les Doéteurs de Port-Roial de plufieurs faux témoignages contre les Réformez. Mais toutes les menteries de ces Mapojleur s .Ce découvrent d'elles-mêmes par l'Analyfe de ces Décrets contradiéioires que nous venons de mettre au jour: & la vérité de la Doélrine du Patriarrche Lucar fe confirme toujours de plus en plus, avec celle des Réformez, par les témoignages que les. Pérès Grecs Se Latins nous fourniflent fur chacun de ces Articles de Controverfe. En voici XXXIV. qui condamnent les Partifans du Franc- Arbitre ^ èc qui prou- vent la nkcffité de la Giace 8c des Çeconrs fur naturel s:, fans Icfqiiels il eÛ. jm- poffible que les hommes fafient aucun bien., comme cela eft démontré par di- vers Paffages de V Ecriture ^ citez à la page 24^. de ce Volume, fur la fin du 14. Chapitre de la Confeffion.de Foi du Patriarche 6>/7/e, qui eft non feulement conforme à celle des Eglifes Reformées, mais aufli à la Dofthne des Pérès qu'on peut voir dans les Ouvrages iuivans, I.Athanafms. Oraî. 5. contra Jrrianos , tom. \. pag. 458. 459. 487. II. Idem. Oral, de. Incarnat, Chrijii. tom. i. pag. Ciy. 628. 111. Idem. Orat. in CONCILE D E JERUSALEM. 391 hac verba: Mihi omnia tradita funt à Pâtre, iom. i. pag. 15-0. ÎV. Idem. in quceft. refp. i8. to»/. ^- p^^g- 445'- V. Idem, in di^is ^ interpret. Paraho" lai: Evan". qiiceft. 11 g- tom. 1. p(ig. 429. VI. Ath^nzCius. Homil. de Incarnat, vèrbi. tm. i- P^i,- 59- VII. Clemens Alexandr. Strom. lib. 2. pag. 59g, VIII Idem. Strom. lib. 5. pag. 469. IX. Bafilius. de Baptif. pag. 582. X. Bafilius Seleucienfis. Ch-at. 59. qu^e eft de Annunciat. B. Firg. pag. 208. , zoo. XI- Wem. Orat. 3. qiLe cfi a. de Adamo. pag. 15. XII. Cyrillus Aie- xaniirinus. i« cap. 3. Malachite. XIII. Epiphanius. //^. a. Haref. contra Ori» "cn- P^"- *57- *5^- ^IV. Clemens Alexandrinus. Strom. lib. 7. pag. y^6. XV. Grcgorius Nyflenus. Orat. 3. ^/e beatiîudin. tom. i. /w^. ySf. 786. XVI- Idem. Homil. 5. /'« O^-.î/'. Domini:. tom. i. /i^^- 736. j^j. XVII. Gre- gorius Nazianzenus. Ora/. in Pentccofî. iom. i. /)rt^. 709.714. XVIII. Chry- foftomus. Hoîml 98. tom. f- />.'7_g. 645'. XIX. Idem. Homil. 3. /« Epift. ad Rom. tom- 3. p(ig- 17- XX. Idem. Homil. 7. i« £/>//?. «^ i?ow?. tom. 3. />^^. 45-. XXI. Idem. Homil. 2. ^e Pentecofte. tom. 5. /)a^. 610. XXII. Idem. Homil. 72. quie- ejî de Spirit. S. tom. 6. pag. 711. XXIII. Idem. Homil. i. itt Aêla. tom. 4. j5«g- 615. XXIV. Idem. Homil. 2. in Epifi, ad Coloff. tom. 4. pag. 98. XXV. Idem. Homil. 4. /« £^i/?. adEphef. tom. ■^.pag. 782. XXVL- Idcm. Homil. 2. ^e Pœniten. tom. 6. /i^^. 772. XXVII. Juftinus Martyr.- EpiJl.adZen pag. 2. XXVIII. Idem. Apologia 11. pag. 160. i6r. XXIX. Photii Bibliotheca. cap. 5-4. /i^^. 20. 21. XXX. Synodus Carthag. contra HcerefiH Pelagii & Cœkfiii. Canon. 3. pag. 103. XXXI. Ibidem. Canone 4. ■ XXXII. Ibidem. Canone 5. X X X I 1 I. Occumenius. £/>//?. «r/ Rom.- XXX IV. Bafilii Litiirgia. oposiE, DECRETX V. I |iît;X4'' TO 5Ù«>/"iX.!'.à ;M.»5>iô<« ci TiT ck- T^TOus croions qu'il y a fept Sacre i- I I x.M.»T- jj\ mcHs Evangéliqucs dans l'Eglifc^- 7»»« ,^ , i fiei^ii» -i^i^/M» fivpieJu! ci Ti," & nous n'en recevons ni un plus grand y. ci.«A,9T« cw ■/;b./4". It^J^^ " -a^T i^là T ni Un moindre nombre: attendu que ce „.^^';, ^,«f.i;, «jV.^..,". ^r»»^A^?««. E^V n'eft que par un effet du mauvais rai. W,.-. i 5=? -7«-iy^?'W->/:=^.« fonnement des Hérétiques qu oh s eu- „ ■ „ •'^ , . >, \t< ■ j tient a quelqu autre nombre qu au lep- ■ '^ ■' ^ ^ ' tenaire, qui elt établi dans lEvangile, r.-V!«'. i'fls « ^>> >»i^^'| i^- peuc être lauvé fans le recevoir, félon .j,;"è w^tOh, « ^,- «Va;^„ «V -tA/J^s*- ces paroles de Jéfus Chrift: Si quelqu'un „1,;«* rS, «e?»«'. 4 , w'^7? r^^fWc' d'eau ^ d'efprit^ il ne peut • J^> • -„ ,-^' ^1 ..--V, entrer au Roiaume des deux. Ce Sacre» ' ■ '- j> ....«i. s /5..j,'r„»^rs». j ment elt donc neceflau-e aux petits en- ■f, ; ., - ,^. fans, attendu qu ils iont coupables du •^ '^ Pèche Originel, ce qu ils ne peuvent eu ^tre purifiez que par le Baptême. Les Grecs féparez de la Communion de Rome n'établiflcnt point la néce/- fiié abfûluc du Baptême y Scne fe fervent pas de la Bible Vulgate ^ mais delà f^cr- fion Grecque des Septante .^ qui rapporte ces paroles de Jéfus Chrift, touchant le Baptême, d'une manière bien différente de la Fcrfion Latine: car dans cel- le-ci , ceux de la Communion de Rome font dire à Jéfus Chrift , que fans le Baptême perfonne n'entre dans le Roiaume des deux, qui eft le fé- jour des Bienheureux; mais dans celle-là le Texte Grec porte, que ceux qui ne font pas régénérez d'eau Se d'efprit ne peuvent pas entrer dans le Roiau- me de Dieu .y c'eft à dire, dans PEglife Chrétienne, qui eft appellée/^ ^w'<î«- ■me de Dieu au 41. verfet du 13. Chapitre de l'Evangile félon Saint Matthieu , que les Doftcurs de Port-Roial onc traduit en ces termes, dans leur nou- velle CONCILE DE JERUSALEM. 393 velle Verfion faite à Paris l'an 1697. Lt Fils de VHomtne cnvoiera fes ^ti- ges , qui ra-Mafferonî 6? enlèveront hors de son Roiaume tous ceux qui font des occafions de chiite £5? ^ fcandale , Î3 ceux qui commettent Viniquité , (^ Us les précipiteront dans Ufournaife du feu. Il eft certain qu'il n'y a pas des ^x{on'nç.% fcandaleufes dans le Giel, ni des gens qui commettent V iniquité dans le féjour du Paradis , & que par confequent on ne doit pas expliquer ce pafiage du Roiau;nc des Cieux , mais dti EgUfe -mlitante ; d'où il réfulte que puis qu'elle eft appellée le Roiaume de Dieu, dans ce dernier pafîîige que nous venons de citer, félon l'interprétation des Docleurs de Port-Roial : ces Meffieurs ne fçauroient difconvenir que le paf- fage du 3. Chapitre de S. Jean, rapporté dans le XVI. Décret du Concile de Jérufalcra , à l'occafion du Baptême, ne puifle aufîl fort bien être entendu de la même Eglife militante: puis qu'il s'agit également dans l'un 6c dans l'autre de ces paflagcs du Roiaume de Dieu.^ 6c non pas du Roiaume des deux. Voila pourquoi les Auteurs du Concile de Jérufalera aiant altéré le fens des paroles de Jéfus Chrift , en fe fervant de la Traduétion Latine de la Vidgate de l'Eglife Romaine, pour établir la néceffité abfolué du Baptême 6c pour faire entendre tout le contraire de ce qu'il y a dans leur Bible Grecque fur celte matière, c'eft une preuve très évidente qu'ils ctoient corrompus par ceux de la Communion de Rome, 6c qu'ils n'ont exclus du Roiairme des deux les petits enfans nez des Fidèles 8c morts fans Baptême, que pour fournir aux Prélats de France un Témoignage contre les Réformez qui ont des fentimens oppofez à ceux des Théologiens de l'Eglife Romaine, touchant la néceûîté indijpenfable de ce Sacrement. Mais fans nous arrêter plus long tems à faire voir que les Auteurs du Con- cile de Jérufalem étoient des Grecs Latinifez, 6c qu'ils fe font éloignez fur cet Article, comme fur beaucoup d'autres, de la véritable Doûrine des Chrétiens Orientaux, féparez de la Communion de Rome,- il fuffit d'indiquer maintenant ici les Témoignages des Pérès de l'Eglife qui ont enfcigné la même chofe que le Patriarche Lucar 6c que les Réformez, touchant le Baptê« me , enfuite de quoi nous prouverons à la fin de l'Epilogue , par des faits inconteftables , que les Grecs non Latinifez font fi éloignez de croire la néceffi- té abfoluc de ce Sacrement, qu'ils en négligent l'adminiftration fie la différent même plufieurs années, fous de vains prétextes, qui font également contraires aux maximes des Réformez 8c à celles de l'Eglife Romaine. Voici donc XXV. Paflàges des Anciens Doéceurs qui expliquent la véritable créance de l'Egli- fe Primitive fur cette matière, ôc qui confirment la Dodrine des Eglifes Réformées fur le même fujet. I. Juftinus Martyr. Jpol. x. pag. i^g. 160. II. Idem. Didog. cum Trypb. pag. 39. 40. m. Ephrîem Syrus. corttra eos qui i-erba Cyrilli reprehendunt . J.V. Chryfoftomus. Homil. i. in AHa. to-ra. -^^ pag. 613. V. Idem, in cap. ^ ad Galat. tom. 5. fag. 7.<« , tstÎ £îi" li e^ftÀ y.n. l| avTi? TJWUTTî , rSii êîi •" ajft^ ^« ti T»T» ci" T^ It^a^fix m?^ief3^ amtiiia^ ■"» xvg/H» ifn-ut IttrS» X&fW» a ■mnx.ài, is siiy- lia JïiTtiTU ? AÔyK r^ ,s!&xnf^ci v»"? '^■'^- >ii'«# àficCTaç f èj àfxitti h^â^xint. à».' àXvj- r.Sii t^ îrÇa/JttsiTixàf, an f<^ vj» âj^ttc-jai» è c* BijSAsfjii £x 7^5 àwjjwjj'»» , èoXTiicd-ri t/i Xft.'^IITaf Îk J^|(âi|l î ©£» )^ TJWTTf®', fii»^H *X"Jn vo"V ^ '"» '(s'-t*" Ç"'"** CONCILE DE JERUSALEM. 39J ««e** «vi^»' •■"/■ "f'^*'*''' •"''"• ^^ *''*"î"' fu^cité, qui a été élevé au Ciel, qui efl: affis à la droite de Dieu le Père, & qui ■doir venir lur les nuées du Ciel; 8c le Vin cft changé & tranflubftantié au mê- me 6c véritable Sang du Seigneur, qui a été répandu pour la vie du monde, lui étant attaché à la Croix. De plus, par ce mot de Tranflubftan- tiation, nous ne croions pas que lama* niére par laquelle le Pain 6c le Vin font -, -^U changez au Corps 8c au Sang du Sei« gneur, foit rendue claire 8c évidente; car c'eft une chofe que Dieu fcul con- noît , & qui convainc d'ignorance 8c d'impiété ceux qui s'imaginent de la comprendre. C'eft auffi une chofe très ridicule de raifonner comme font nos Adverfaires, qui concluent, de ce que quelques Prê« très ont le Saint Pain dans des boëtes de bois, pendues à quelque colomne, hors du Chœur 6c du lieu où ell le Saint Autel , qu'ils ne confeflent pas le . , , ^ o . , réel êc véritable changement du Pain au „..£« ivx,,.,,, orv. «ç,^/...,-». È y^ . xe^^î ç^ ^g j^^-^j5 chnft. Nous ne defa- ;y^ ù^'o A.V >i i-»?f^-?-' -^-«f . ««^« ra«ji» zQ-rn ù ospoxoo;; mctii- pgs honorc par des picrres 8c par des e». marbres; mais il demande de nous un efprit fain 8c un cœur pur. La même chofe cft arrivée à Saint Pfl«/, car il dit: Nous avatis ce l'réfor dans des vafes de terre. >5 àn?acu> î-mtpi^i. 9IM rSt luittif y-f!UKf3//*f i fin cfie^éyïi aùrisi «5 n rûfin T» y-vS/ii). c-n /âp p«'f nm tHi L'application que les Approbateurs du Concile de Jérufalem font ici des paroles de Saint Paul, tirées du 7. verlét du 4 Chapitre de la a. Epître de cet Apôtre aux Corinthiens, fert à découvrir 8c à prouver la craj/e igno- rance du Patriarche Dophée qui a compofé ce Décret d'une manière auflî feu judicieufe 8c auffi contraire à la vérité que tous les autres Articles de ce Conciliabule , dont nous avons fait voir ci-devant par des preuves incontefta» blés qu'il eft l'Auteur. Ces preuves font^ tirées du Prologue 8c du fécond Chapitre de ce même Conciliabule^ 8c ratifiées par une Patente de Monfieur de Noiniel, Ambafla. dcur de France, qui en a fait la Légalifation à la Porte Ottomane , corn'» me nous l'avons démontre à la page 268. de ce Volume. ^ Ddd Le 39^ CONCILE DE JERUSALEM. Le Prologue, que le Patriarche Dofithêe a mis à la tête de ces Décrets, dit très expreflcraent , que c'efi lui-même qui a rédigé par écrit cette ConfeJJion Abrégée, £5? qui la préfente à ceux qui r interrogent : c'cft à dire, aux Prélats de France qui firent ftiborner ce Patriarche, & pluCeurs faux témoins par Mon. ficur de Nointcl, comme cela paroît dans fon Acte de Légal ifation dont nous venons de parler. II eft à la fin des Signatures de ces Décrets , où ce Mi- niftre d'Etat & cet Agent du Clergé de France attefte, que k Patriarche Dofithêe étant -venu lui-même de Jérufalem à Conjlantimple , pour lui donner le Manufcrit de ce Concile, lui déclara qu\L av oit pleinement fatisfait à ce que cet Amlaffadcur avait foubaité de i.ui, fuivant les avis qu'il en avoit reçâ parfis Lettres, t^l'affura qu'ih avoit tui-MKSMEREDiGE'PAR ecritces Décrets, £5? quH efpêroit que t ak son travail, les Luthériens (^ les Cak'inijles feraient confondus. Voila qui prouve d'une manière irréfragable que ce Décret, qui favorifè le fentiment de l'Eglife Romaine touchant k TraHf'nhftantlatian, n'cfl autre choie que l'Ouvrage d'un particulier, à fçavoir de Dofiihéc , qui travailla. fur les minutes des Prélats de France , 6c fur les Lettres de Monfieur de Nointel, à dreflcr ce Formulaire de Confeffion, 8c à mendier des Signatures- pour le faire approuver à des ignorans qui ne fçavoicnt pas de quoi il s'agiC foit, & qui n'entendoient point la Controyerfe dont il étoit queftion, cora* me cela paroît en ce qu'ils ont approuvé xles Dogmes contradicloires , des Articles incompatibles & des fauffetez qui font très évidentes. Il ne faut que jetter les yeux fur les dernières paroles de ce Décret pour en être convaincu. On y voit que le Patriarche Dafthéc & ceux de fa Ca- baie étoient fi hébété?:, 8c fi w«/ injlruits, qu'ils s'imaginoient le plus gruffiérc- ruent du monde, que Saint Paul parloit du Corps 6c du Sang de Jéfus Chrifty. quand il difoit aux Corinthiens, qu'il partait un Trefor dans des vafes de terre^ Il n'y a point de jeune Caîbécuméne , ni de Néophite , tant foit peu éclairé dans le Chrillianifme, qui ne fçache que Saint Paul ne parlait pas, en cet- te occafion, de VEucbarillie, mais de V Evangile de la gloire de Jéfus Chrift , qu'il étoit obligé de prêcher , comme cela eft très clairement expliqué par ce même Apôtre, dans les trois verfeis qui précédent les paroles que Dofi- thêe cite dans ce Décret, pour établir la Tranffubjlaniiation. Car Saint Paul dit aux Fidèles de Corinthe, <\\iz,fefon Evangile cjl couvert , il eji couvert à ceux qui périffent , dont le Dieu de ce Siècle a aveuglé les entendemens , afin que la lumière de l'Evangile de la gloire de Chrift, qui eft V Image de Dieu, tic leur refplendit point. Car mus ne nous p-êchons point nous-mêmes, (ajoûte-t-il) mais Jéfus Chrift le Seigneur, car Dieu qui a dit que la lumière refpkndit des tené.- hres , eft celui qui reluit en nos cœurs , pour donner V illumination de la connoiffame de la gloire de Dieu en la face de 'Jéfus Chrift: mais nous avons ce l'réfor en des vaijfeaux de terre , afin que V excellence de cette force foit de Dieu , i^ non pas de -MUS. Quelle ignorance, quel aveuglement, 6c quelle prévention ne faut-il pas avoir pour appliquer cette inftruétion Apoftolique à des pots de terre , à des coffres de hais, 6c à des facs de toile dans lefquels on tient le Pain de l'Euchariftic dans les Eglifes des Grecs .> Si ces paroles de Saint Paul Tignu fient que cet Apôtre gardoit quelque Pain îranjjubftantié 6c réelkpient converti en CONCILE DE JERUSALEM. 397 «n la propre fubftance du Corps^ de Jéfus Chrift, dans des Pots de terre ^ nous confentons que ceux de la Communion de Rome difcnt que nous fommes des Hérétiques , des ignorans & des opiniâtres , parce que nous nions que ce Paffage doive être appliqué au véritable Corps de Jéfus Chrift , renfermé dans des boétes^ & confer'-jé fous les accidens de quelques Pains bénits y dans toutes les Eglifes des Grecs Orientaux. Mais fi tous ceux qui ont quelques lumières fur les matières de Religion, & tant fait peu de bon fens ^ reconnoiflent que le Patriarche Doftthée & fes jidhérans ne fçavoient ce qu'' ils difoient ^ quand ils par- loient d'une manière y? extrai-agante ^ ft peu conforme à la vérité; il faut aufli que Meffieurs les Doéteurs & Prélats de France confeffent qu'ils ont eu tort de vouloir faire palier les Dtcrets de ce Conciliabule du Patriarche Doftthée .y 8c fur tout celui dont il s'agit maintenant ici , pour une preuve certaine de la vé" rite 6c de la perpétuité du Dogme de la Tranjfubftantiation. C'eft néanmoins fur ce Décret ft abfiirde &c fi infoûtenable , que les Dofteurs de Port-Roial 6C de Sorbonne ont infijié plus fortement que fur aucune autre Décifion de ce prétendu Concile de Jérufalem, Voila pourquoi nous voulons bien que tous ceux qui font capables de quel- que connoiflance 6c de quelque raifonnement, jugent eux-mêmes, fi nous n'avons pas un légitime fondement de rejctter les témoignages rendus contre la Dottrine des Eglifes Réformées par des gcnsyî éblouis, qu'ils nefçavoient pas diftinguer le blanc d'avec la noir, ni la lumière de l'Evangile d'avec les té- nèbres du Paganifme, & /? idiots qu'ils n'ctoient pas capables de connoîcre la différence qu'il y a entre Ix Prédication fpéculative d'un Apôtre, 6c la Tyanffteb- ftantiation corporelle d'une matière très fenfible, ni mettre aucune différence entre un Tréfor de paroles divinement infpirées dans r entendement humain ^ 6c un Ti-éfor de véritable Chair prife d'un Corps déchire, 6c mis avec fon propre fang dans' quelques vafes de terre. Nous avons donc raifon d'infifter auflî de nôtre côté à foûtenir que ces Dogmes fi erronez^ produits fous le nom d'un Concile des Grecs de Jérufa- Jem, ne font que les vifvms 6c les extravagances que le Patriarche Dofithée s'eft avifé de mettre par écrit, n'étant pas capable de dire fix mots de fuite fans faire une demi-douzaine de grofîes bévûës. Nous en avons donné mille preuves inconteftables dans toutes les Remarques précédentes, 6c pour ce qui eft de la Théfe par laquelle nous foûtenons ici que cet ignorant a été le feul Auteur de ces Décrets, nous n'avons pas befoin d'en rapporter d'autres té- moignages que ceux dont nous avons fait mention à la page g68. de ce même Volume, puis qu'ils font confirmez par foixante-douze Signatures des Grecs de Jérufalem, qui ont fîgné aveuglément ces Décrets par lefquels Doft- thée protefte de fon chef partictdier , dans le fécond Chapitre Synodal qu'on peut voir à la page 199. ci-defî'us: qu'/7 inveSlivera toujours contre les Réfor- mez ^ parce qu'ils ont piibllé les fameux Chapitres de la Confeffion de Cyrille Lu- car, pour féduire les ignorans [à ce qu'il dit] et clu'il ne cessera point DE LE REPETER PLUSIEURS FOIS. Nous lépétcrons aufïï , avec beau- coup plus de raifon que lui, qu'// n'a pas fait confcience de mettre par écrit des menteries très abfurdes, 5c de faire forger plufeurs faux témoignages pour tromper ceux qui font afîez crédules pour ajouter foi à des impoflures aufli mal Ddd ^ fondées 398 CONCILE DE JERUSALEM. fondées que les fiennes. Mais afin que chacun puifle les reconnoître par ura moien court 6c facile, fans examiner un nombre preique infini de partages, de glofcs & de faits qui embarralîcnt cette matière, fur laquelle on a fait plu- fîcurs gros Volumes de Controverfe, nous mettrons ici le dernier Décret 6c la Conclu/ion de ce Concile, qui nous fournillent de nouvelles preuves dU' déguifemcnt 8c de la fourberie de fon Auteur Se de fes Approbateurs , 2c qui nous donneront aulti lieu de produire les derniers témoignages que nous avons pour confondre tous les Impofteios qui ont fabriqué, o\x p'-'hlié \ç.%fauf~ fêtez, dont ce Manufcrit eft rempli. Cependant on doit remarquer ici avant que ds pafTer plus outre , que le terme ^stst/wj;; qui fe trouve dans ce Décret a été inventé depuis peu , pour autorifcr le nouveau Dogme de la Tranflubftantiation. Car le fameux Richard Simon .f 6c les autres fçavans Critiques de la- Communion de Rome, n'ont pu citer jufqu'à préfent , contre les Réformez , aucun Auteur Grec qui s'en foit fervi avant, le milieu du. quinzième Siècle. Le premier qui s'en cft fer» VI dans l'Egliie Grecque, eft Gennadius, Patriarche de Conftanrinople, qui étant Laïque, fût élevé tout d'un coup à. cette Dignité par Mahomet IL d'abord qu'il fe fût rendu maître de cette Ville , 6c qu'après en avoir chaflo les Chrétiens , il forma le deflein de les y rappeller. Ce Patriarche travailla au Concile de Florence pour l'Union des Grecs avec les Latins, 6c fit enfuitc en faveur du Papilme, l'Apologie des cinq Chapitres contenus dans le De-« cret de l'Union, qui furent rejettcz de tous les Grecs Orthodoxes C'eft pourquoi il n'y a eu du depuis que les Grecs Latinifez , ou corrompus dans les LTniverfitez d'Italie, par l'Etude de la Théologie Scholaftique de l'EglifeRo. maine, qui aient emploie ce ternie bM'bare pour expliquer leur croiance tou» chant l'Euchariftie. Cela eft fi vrai, que le Patriarche Jercmie IL qui fut élevé fur le Siège de Conftantinople l'an l'yjz- & qui reçijt la Réformation du Calendrier Romain faite par le Pape Grégoire XIII. auquel il le fournit, comme cela paroît dans la Relation que le Doèteur Morcri en fait dans ion Grand DiiStionaire Hiftorique, ce Patriarche, dis-je, tout Papifte qu'il étoit,. n'a pourtant jamais emploie le terme de fiîTt,c-Ji^j7i, Tranfjiibjîantiation^ dans les Réponfes qu'il fit aux Théologiens de Wittcmberg lur cette matière. 11 paroît même que les Grecs qui ont été les plus animez contre le Pa* triarche Lucar , 6c les plus grands ennemis des Reformez, ont trouvé cette exprefiion fi ptu convenable à leur véritable ientiment, qu'/7i n'ont pas voiilu Vemplûier dans les Décrets de leurs Synodes de Conflantinople ôc de Molda-vic-^ tenus contre ce Patriarche, & convoquez à la réquiftîion des Partifain de PEt glife Romaine f pour calomnier les Reformez, en leur imputant, contre toute vérité de n'admettre opî' une finiple figure , defituée de toute i:er:i<-^ àzns\Q Pain Euchariftique. 11 ne faut que jettcr les yeux fur le T'extc Grec de ces deux Synodes, inférez dans ce Concile de Jérufalem, pour être convaincu que les Chrétiens Orientaux ont tellement en averfion le terme qui exprime la Tranfjubfiantiation inventée par les Papiftes, que les Ecclcfiaftiques Grecs, les plus dévouez à l'Eglifc Romaine, n'ofent pas mettre par écrit ce Dogme dans les Eglifes qui font indépendantes du Pape, crainte d'être dégradez de IcuK Charges & privez de kurs Emplois, comme il arrive ordinairement à ~ tous CONCILE DE JERUSALEM. 399 tous ceux qui favorifent ouvertement le Papifme. Voila pourquoi le Patriar- che Dofitbée fut contraint de s'enfuir de Jérufalem, & de venir chercher un azile à Conftantinople chez l'Ambafladeur de France , d'abord qu'il eût forgé le ManufcrU du Conciliabule dont il s'agit maintenant ici. La Légalifation de Monficur de NoJMel, que nous mettrons à la fin de ce Synode, avec une Remarque fur le voiage que cet Ambaflàdeur fit à Jérufalem , pour y appai« fer les troubles fufcitez à l'occafion ^ du Patriarche Dofiîhée qui vouloit s'y rétablir, prouvent ce fait d'une manière convainquante. Nous pouvons ajouter à toutes ces preuves, que ce terme de Tranjfubjlan- iiatio» ne fe trouve, ni dans les Liturgies y ni dans les Symboles des Eglifes Orientales , & que bien loin que la créance que les Latins expriment par ce mot foit reçue parmi les Grecs, on peut démontrer évidemment le contraire ^ par \z\iï Liturgie ^ où le Pain & le Vin ^ après même qu'ils ont été confacrezr & appeliez le Corps & le Scuig de Jéfus Chrift, font nommez, cnfuite, les jdyuitypes du Corps 13 du Sang de Cbriji. m a^-iQ^Tm f «j<« i^^^-xrQ^- r^ «;««t<^- ff Tout ce que les Théologiens de la Communion de Rome ont trouve de plus fort à objcfter contre cela, efl: tiré d'un Livre que l'Eglife Grecque de Rujfie fit approuver l'an 1642. à quelques Patriarches, & qui fut enfuite rendu public, fous le titre de la ConfeJJion Orthodoxe de VEgUfe Catholique y jipoftolique d'Orient. On y trouve ces paroles : oV*? « O^Érft; «>««|« lù. ^h, i uim. chfiU. ■!K)nf!)fiiiTaf fcift m ahi i-rrS tpaîtayToi , è t»t» )i5 ri/) 5-£i'a* il ni se eu iw. c'cft à dirC: lors que le Prêtre consacre les espèces/^ Tranjftibftantiation fe fait fit'-- hitement, (^ le Pain efi transformé au véritable Corps de Jéfus Chriji y comme Je Fin Vefi en fon Sang. Seulement les espèces demeurent telles qu'el- LES PAKOissENT; & ccla par la difpenfaîion de Dieu. Paroii nousvoions que les Auteurs de cette Confcffion ont emploie le nouveau terme de l'E, glife Romaine ft-in^^ium qu'ils n'ont jamais lu dans les anciens Pérès Grecs, qui fc font fervis de ceUx de fi,i-mti>4 & ^=7W5«'x«»'j:;, dans un fens métapho~ rique. ^ Mais la vérité cft, que les Grecs ne comprennent point l'état delà Con- parmi les L,atms, il y a tort peu d'Orientaux qui en aient une idée aflcz diftincle pour s'exprimer avec toute l'cxaclitude néceflàr- re fur cette matière. Le Pailuge que nous venons de rapporter nous en fournit une preuve très évidente. Les Dofteurs du Papifme l'allèguent corr- tre les Protcftans , &C ceux-ci le peuvent rétorquer contre ces" Dcfteurs de l'Eglife Romaine. Car les Orientaux difent par cette Confcffion de leur Egli- fe ^e Rufie , que le Prêtre confaae les espîces, & que ces mfsmes ESPECES demiurent après la confécration telles qu'elles parois- ses t. 11 cft certain qu'en difant que le Prêtre confacre les Efpéces^^ïh n'en- tendent pas qu'il confacre feulement' les accidents, ou les apparen- ces du Pain ta du Fin, mais la /iro/)?r subst an c e du Pain ^ du Fin. G'efl; pourquoi, en ajoutant après cela que les mesmes espèces oui ont Ddd j " été. 400 CONCILE DE JERUSALEM. été confacrées, demeurent telles qu'elles paroissent, ils font entendre fans aucun détour, ni ambiguité, que la mesme subst anc r (Y« Pain y du Fin, fur laquelle le Prêtre prononce les Prières de la Confécration > de~ meure après que ces Prières font faites: 8c que cette m es me substan- ce EST VERITABLEMENT ET RE' ELLE MENT CE QJj' ELLE PAROIT EST RE après la Confécration , 8c telle qu'elle était auparavant. C'eft ce que les Auteurs de cette Confeffion expriment, en difant, que ces Efpéces de< meurent telles qu'elles paroiflent. Il n'y a perfonne qui en doute, fi on entend cela des Accidens cxttrieurs oufenfibles^ 8c des feules apparences du Pain 6c du Vin, comme le prétendent ceux de la Communion de Rome. Chacun le voit afîez, 8c ce fcroit une grande folie de s'imaginer que les Grecs enflent h\t une Confeffion publique pour déclarer que les ylccidens du Pain 8c du Vin, que la couleur 8c \^ forme de ces Alimcns paroijjent après la Confécration telles qu'elles étaient aupara. "oant : que la /ïiwr , V odeur, 6c les autres qualitez fcnfbles n'en font point changées. Tous ceux qui ont des^raA-, des mains, une bouche 8c un fiez, peuvent s'en aflurer d'une manière très facile, par tous ces fens corporels, fans qu'il foit néccflaire d'avoir recours à la Doùlrine, ni à la Confejfon Orthodoxe des Grecs. Il n'y a qu'à regarder, qu'à manier, qu'à flairer, qu'à goûter ^ ces Alimens confierez pour reconnoître qu'ils ne font point changez. Les plus incrédules n'ont jamais fait difficulté de croire cela. Les Juifs, les Turcs 8c les Iroquais l'attefleront auffi-bien que les Grecs, quand il plaira à Mcflîeurs les Dodeurs de l'Eglife Romaine d'en avoir des témoignages au- thentiques, figpez par tous les Rabbins, £c par tous les Bâchas, 8c fécUez par le Mufti, 8c par le Grand Seigneur. Pourquoi eflr-ce donc que les Grecs fe font mis en peine de décider ce qui n'étoit révoqué en doute de perfonne, fi ce n'efl; pour faire fçavoir à tout le monde, p.ir une Confefjion publique de leur iieriable Foi, que bien loin de- croire la Tfranjubfianiiation, ils tiennent pour une choie très certaine que la Subftance du Pain 8c du Vin ne s'anéantit point quand un Prêtre cônfacre ces deux Efpéces-, c'eft à dire, le Pain 8c le Fin, mais c^u' elle demeure après la Confécration, telle qu'elle étoit auparavant, attendu que ces Efpéces fubflantielles ne ceflènt point d'être en ^elles-mêmes, ce qu'elles paroifoient être "avant la Confécration, 8c ce (\\i'c\\cs éioi&ni 'véritablement t!:.cjjeniiellement ô^'i.ns le fond de leur nature corporelle. On ne peut pas dire que les Efpéces que le Prêtre cônfacre ne font pas les mêmes, félon le fentiment des Grecs , que celles qui paroiflent après la Con- fécration, puis qu'ils difcnt formellement qu'elles demeurent telles qu'elles pa- roijfent, hc qu'ils les défigncnt par le même terme £Ï^\, Efpéces, devant & après la Confécration. On ne peut pas auilî foûtcnir raifonnablemcnt que le Prêtre ne cônfacre que la fmple figure , ou que les apparences extérieures du Pain 8c du Vin, car après avoir dit, Ceci efl mon Corps, en parlant de la fubftance du Pain unie avec tous fcs accidens, il adreflè une Prière au Saint Efprit par laquelle il demande que le Pain 8c le Fin foicnr changez au Corps 8c au Sang de Jèius Chrift. Cela n'eft contefté de perfonne. Voila pourquoi il eft très certain que par les Efpéces que le Prêtre cônfacre les Grecs CONCILE DE JERUSALEM. 401 Grecs entendent h propre fubftance du Pain & du Vin, avec tous les accidcns qu'on y apperçoit, & que par ces jnèmes Efpéces confacrées qui demeurent toû. jours telles qu'elles paroifent , ils entendent auffi h même fubfiance du Pain {^ du. Fin, revêtue de tous [es accidens. Ceux de la Communion de Rome, qui font condamnez fur leur Dogme de \^ tranjfubjlantsation par cette Confejffion deVEglife Orientale, ne gagneroienr rien de dire, qu'il y a des Exemplaires de cette ConfeJJion publique des Grecs dans Icfquels on lit, -^^^^ les Dons., au lieu de m uU^ ks Efpéces. Car outre qu'on pourroit leur foûtenir qu'ils ont corrompu ces Exemplaires, pour faire entendre que le Prêtre confacre les Dons, 6c non pas les Efpécei du Pain 6c du Vin , la conféquence que nous avons tirée de cette Confejfion de Foi, & les raifonnemcns que nous venons de faire touchant ces Efpéces viftbles qui font toujours les mêmes devant 6c après la Confécration , demeurent en leur entier, fi cela n'cft pas vrai, il faut néceflairement que les Papiftes avouent que les Auteurs de cette Confeffion fc îoiM jouez, non feulement de l'Eglife Romaine, mais qu'ils fe font mocquez de tous ceux qui leur ont demandé l'explication de leur créance louchant le Dogme de lu TCranffubflantiation ^ puis qu'au lieu de répondre que toicte lafihftance du Pain &c du Vin eft anéan- tie par la Confécration du Prêtre, ils déclarent feulement que les Efpéces du Pain ^ du Vin demeurent telles qji' elles paroissoient avant la Confécration. Nous difons encore une fois qu% fe macquent du monde en parlant de la forte, ôc qu'au lieu de répondre à la queftion dont il s'agit, ils ne difcnt rien que ce que les •çXusJlupides 6c les plus ignormis fçavent fore bien, i^ avouent dans toutes fortes de Religions 5? de Sectes, puifque perfonne ne s'eft encore avifé de nier la vifibilité de ces accidens du Pain 5c du Vin confacrez. Ils font fi vifiblcs, fi réels 6c fi palpables qu'ils font inipreffion fur tous les Cens du Corps humain. Mais nous avons quelque chofe de plus fort pour démontrer que par les Efpéces dont les Grecs parlent, ils entendent les propre éxifence du Pain 6c du Vin après la Confécration. Nous en trouvons les preuves dans le même Article de cette Confejfton publique où les Grecs ont emploie le mot y-iruvlur.!, ., 'Tranffubftantiation, parce qu'ils l'adouciflent quelques lignes après, en difant, que Jéfus Chrifi a donné fa Chair i3 fon Sang , pour viande 6? pour boiffon aux Fidèles , fous l' E n v e l o p p e du Pain £5? du Vin, KxAasrTvj's^'-». Par ce terme à! Enveloppe, ou de Couverture, les Grecs n'entendent pas les fimples accidens extérieurs féparez de leur matière^ ni des Phantomes , ou apparences, qui, n'aiant plus la matière réelle qui leur étoit propre, y/.'/^_/î/?c«/ par miracle , comme le foûtient l'Eglife Romaine, mais les Efpéces réelles ^ fibftantielles du Pain 6c du Vin, comme il paroît dans le même Article par les paroles qui fuivent celles que nous venons de rapporter» 8c qui dcfignent la matière qui doit être emploiée par le Célé-« brant, lors qu'il confacre 6c lors qu'il donne la Communion, à fçavoir: les deux Efpices, m o6<, uh,,. Les mêmes paroles font répétées onze lignes plus bas, dans la même Confefion de Foi. 11 n'en faut pas dav antage pour convaincre toutes les perionnes raifonna» blés, que ces termes par kfquels cette Confeffion marque les deux Espè- ces du Sacrement de la Sainte Cénc, ne peuvent s'entendre àcs fwiples ac- P d d 4 cideus . • 401 CONCILE DE JERUSALEM. cidens du Pain 6c du Vin, mais de la double sujîstance de ces ali- mens, puifquc leurs ^.alitez Jccidentelles furpaflcnt de beaucoup le nombre de DEUX, & ne peuvent être comprifes que fous plufieurs idées & fcnfa- tions très différentes, telles que font, par exemple, celles que nous avons de la dimenfion & de la forme des corps, de leur péfanteur ^ de leur dureté, de leur couleur f de leur odeur, de \ç.\iï faveur , de leur opacité, de leur tranfpa- rence îc de mille autres propriétez qui fe trouvent dans le Pain ou dans le Vin, comme dans les autres corps foUdes Se liquides, dont il n'cft pas poffi* ble de réduire tous les Accidens à deux efpéces, ni même à aucun nombre dé- terminé, quelque grand qu'il foit, parce qu'il n'y a point d'Atome fi petit,' dans lequel on ne puille imaginer un nombre infini^ de parties toutes difte- rentes, félon les diverfes proportions dont les Géomètres fe fervent pour dé* montrer cette vérité. Mais les Grecs font fi peu accoutumez aux démonjîrations évidentes, 8c fi peu capables de raifonner jufte fur les matières fpéculatives de la Théologie ticholafiiquc des Latins , qu'il eft prefqu'impofflble de leur faire comprendre Vétat de la Controverfe qui eft entre les Proteftans 5c ceux de l'Eglife Ro- maine, touchant la Communion au Corps (^ au Sang de Jéfus Chrijl. Car auflî-tôt que l'on tombe d'accord qu'// fe fait un changement Sacramental dans le Pain Euchariftique, ils s'imaginent que ce changement eft un changement de fubftance. Et on ne doit pas être uirpris qu'ils s'expriment quelque fois, fur cela , comme les Latins , puis que les plus fçavans d'cntr'eux étant éle- vez en Italie, comme nous l'avons prouvé ci-devant, y embraflcnt tous les Dogmes que les Conciles, approuvez en Orient, n'ont pas décidez , 8c que la pratique de leur Eglife ne fixe pas : Auffi les appclle-t-on , dans les Pais du Levant, quand ilsticnnent le langage de l'Eglife Romaine, Lfitimphrones , ou bien Grecs Latinifez, pour les diftinguer des autres. Car il eft conftant , que ceux qui ne font jamais fortis de la Grèce ne don' nent point dans cette nouveauté: Ou fi quelques-uns le font , ils agiffent contre leur propre Liturgie qu'ils attribuent à Saint Cbryfoftome , 8c que les uns 8c les autres reçoivent , quoi qu^ellc foit entièrement contraire an Dogme de la T'ranf- fubftantiation, comme il eft évident par ces mots, qui font à la fuite de la Confécration ; ylfin que nous tous , qui participons à ce V kxh, i^ à cette C o u« p E , pui fions être unis cnfemhle en la Communion du Saint Efprit , 6? non à pâtre damnation , ou à nôtre condamnation. h>«ç A' minai t»5 c« 'S Jms «jî-é,' i ^ -m- y.nmy-e/fix. Ccla s'accordc avec la penfée de Saint Paul , dans la première aux Corinthiens Chapitre onzième , où après les paroles que les Grecs 8c les Proteftans emploient dans la Confécration , 8c qui font aux verfets vingt- quatre 8c vingt-cinquième, il ajoute au vingt-fixiéme. Car toutes les fois que •vous mangerez de ce Pain, £?" que vous boirez de cette Coupe, 8cc. £^ au ver* fet ag. Car celui qui en mange ^ en hqit inclignement , mange Q? boit fa propre condamnation. Tous les Pérès Grecs 8c Latins ont explique ces paroles d'une manière qui condamne abfolument le Dogme de la Tranffubftantiation dont ils n'ont eu au- cme connoiffance , & qui confirme le fentimcnt du Pgtriarche Lucar 8c la Doc. trine i CONCILE DE JERUSALEM. 405 frine des Egliles Réformées pour Wnion ffirituelle des Fidèles a-vecjéfus Cfmft^ dans la réception du Sacrement de la Sainte Cène, & pour la Communion foiis les deux Efpéces^ qui eft encore maintenant en ufage parmi les Grecs ^ de même que parmi les Proteflans 6c les Réformez. Yo\cifoixante-dix Pa£'ages qui ren- ferment tout ce qu'il y i de plus^ ejfentiel dans l'ancienne Tradition Eccléfiajii^ que fur cette matière, qui cft répandue dans une infinité de Folumes, dont les principaux Auteurs 2c les plus Orthodoxes font ceux que nous indiquons ici. I. Juftinus Martyr. Apol. ii.pag. i6i. &* i6i il. Idem in Dial cumTry pJmie. pag. 58. &* 8z. III. Ignatius. Epijî. ad Philad. pag. 93. IV. ClemenS Alexandrinus. Pad^g Itb. 1. cap. 6. pag. 100. £5? 106 V. Idem. Padag. lik. %. cap._2..pag. iji. y 158. VI. Bafilius Epifi. 141. qute ejl ad Cxfarienfes. pag. 359. VII. Idem, in Pfahn. 1%. pag. 90. £5? 9Z. Vlll. Athanafius Orat. in illud.^ quicunque dixerit verbum contra Filium bominis. tom. 1 . pag. 97g. IX. Eufcbius. Ecclef. Theol. lib. 5. cap. 11. X. Cyrillus Alexandrinus. Anathema~ tif. Apoll. II. Concil. tom. i. part. z. XL Cyrillus Hierofolyraitanus. Cate- cbef Myflag. 5. pag z^f. XII. Idem. Catechef. Myfiag. 4. pag. z^j. Xllf. ïrenaeus. lib. 4. adverfus Hitrefcs. cap 54. pag. z'^j. XIV. Eufebius. Démon- ftrat. Eiangel. lib, i. cap. 10. pag. zj. XV. Idem Demoalîrat. lib. f. cap. 5. pag. 141. XVI. Idem. Dcmonfirat. lib. 8. cap. 1. pag. zi,6. XVII. Diony- iîus, de Ecclef. Hierarch. cap. ^. pag. 51. XVIII. Maximus Scholiaftcs. XIX. Chryfoftomus. Homil. 82. in MatJj. tom. z. pag. 510. 511. XX. Idem. Ho- mil. 47. in Joban. tom. z. pag. 750. jfx. XXI. Idem. Homil. 16. in Epifi. ad fiebr. tom. 4. pag. 518. XXII. Idem. Homil. 17. in Epifi. ad Plebr. tom. 4. pag. 5*25. XXIII. Idem, de Sacerdotio lib. 3. tom. 6. pag. 16. XXIV. Idem. Homil. 79. qua efl de prodit. Jud^e. tom. 6. pag. 560. XXV. Idem. /» Liturgia. XXVI. Idem. Homil. 14. in i. ad Corinth. tom. ^. pag. 297. 2ga, XXVII. Idem. Hcmil Sz. in Matb. tom. z. pag. ^i\. XXVIIl. Idem. Ho- mil. 79. to-m. f. pag. 56a. XXIX. Oecumcnius. in i. ad Corinth. XXX. Gregorius Nyflenus. Hcrnil. 8. in Eccleftafen. tom i. pag. 45:7. XXXI. Idem. Orat. 1. tom. i. pag. 58. XXXH. Idem, in Epithap. Sermons Gorgon. for. Orat. 11. tom. i. pag. 187. XXXIII. Idem Oiat. in Pafcba^ qux efl j^z tom. I. pag. 6gz. XXXIV. Theodoretus. Dialog. 1. immutab. tom. 4. pag. 17. 18. XXXV. Idem. Dialog. z. tom. /^. pag. 84. 85-. XXXVL Ephrxm. ut efl apud Photium. in Bioliotb cap. zz^. pag. 415'. XXXVII. GeîaGus. de duabus naî. in Chriflo. advcrf. Euth. ^ Neftor. XXXVIII. Ma., charius ./Egyptius. Homil zj pag. 614 XXXIX. Clemens Romanus. Con- flit, lib. jT. cap. 16. £5? lib. 6. cap. 23. XL. Concilium Conftantinopol. /« fTrullo.Can. ^z. pag. 135. XLl. Balfamon Patriarcha. XLII. Hieronymus. contra Jovin. lib. z. tom. z. pag. 73. XLIIT. Ambrolîus. lib. i. officioruw, cap. 48. tom. I. pag 37. XLW- Idem, de Sacramentis. lib. 4. cap. 4, ^ y. tom. j^- pag. 377. XLV. Idem, in cap. 10 Epifi. ad Hebr. XLVI. Idem. in Luc. lib. 10. cap. z\. tom. f. pag 164. XLVII. Tertullianus. //^. 4. <ïi^- •verf. Marcion. cap. 40. pag. 733. XLVIII. Idem. lih. de Refurreawne carnis. cap. ^y. pag. •ySo XLIX. Cyprianus. lib z. Epifi. 3. pag. 54. L. Idem. fib. I. Epifi. 6. pag. z6. LI. idem. Serm. de Cœna Dotnini. pag. 45-0. LII. Auguftinus. §uag. 154. LUI. Idem. E e e contra 404 CONCILE DE JERUSALEM. contra Maxim, lib. 3. cap iz. tom. 6. pag. ^zz. LIV. Idem. Epiji. Epifi.. 15. ad Bonifac. tom. 2. pa^- 5S. LV. Idem, contra. Âdimant. cap. la. tom. 6, ■pag. iz8 LVI. Idem, cle DoElr. Chriji. lib. .3. cap. 5. (J cap. 16. tom. g^ fag. 34. y 37. LVII. Idem. z« Pfal. 98. /o»2. 8. /i?^. 1 105". LVIII. Idem. de Ftde ad Petriim Diacon. cap. 19. tom. 7,. pag. 163. LIX. Idem traét 45". injohan. tom. 9. pag. 333. LX. Idem. ^ra3. zy. fi? a6. /« ^^/^lî». tom. 9. /i.^^ II 8 230. LXI Idem. tra5l. ^o. in yohan» tom. eod. pag. 368. 371. jLXII. Idem. ;■» i. Epifi. Johan. iraSl. i. tara. eod. pag. ^jj. 5-78. LXIII. Idem. Scrmone \^i. de tcmp. tom. to. pag. 937. LXIV. Idem. ibid. Serm^ 174. pag. 976. LXV. Idem. lib. ai. de Civit. Dei. cap. 15-. tont. ^. pag- i3iz LXVI. Idem. Sententia 339. tom. 3, ^^^. -j^-L. LXVII. lAtxa. tract, 26. /« 'Johan. tom. 9. /"^j;. 130. Pour la Communion donnée fbus les deux Efpéces à tous les Fidèles,' dans l'Eglifc Primitive, on peut voir: LXVIII. Juftinus Martyr, ^pol. z, ■ti^êh u^ra , >^ o',>« È u/«T®-. C'eft à dirc : Ci?«.v qu'on appelle Diacres, parmi- nous, dijlribuent à un chacun de ceux fui font préfetts le Pain, le Vin, 8ê ^'Eau , qu'on a cenfacré par aSîions de grâces,, afin que tous y participent, LXIX. Ignatius. Epifi. ad Philad. pag. 93. E»? yi «fT(^ ■n'ï', -Tmrtfîj-htpjtt , È a -m-ni^tt nXi, i'Avs ^i>iur,J>i. Un même Pain efi rompu à tous , £s? tine même Coupe leur efi difiri- buée. LXX- OiJt©' • .z^Ôtt^ tStu 'S Tm-me^n (■3^ eù^f^sA^xi) fiiy(^, uX.(^ (jA'15 tiTt» ùutTt- v!>u.i[iui «r©7n'»=-n mi xno~ir. Cclui-ci efi le fcul ufage de la Coupe ( de V Encharifiie ) tf il n'y en a point d'autre : -vous la donnez légitimement aux Peuples. On peut voir quantité d'autres Paffages, mais fur tout la dix-huitiéme Homélie de Saint Chryfofiome, fur la z. Epiire aux Corinthiens, tom. 3, pag. 6/^j. où l'oa trouvera que ce Doâreur de l'Eglifc déclare très expreflement que s'il y a. quelque différence entre celui qui préfide dans l'Allemblée des Fidèles 6c ces mêmes Fidèles, il n'y en a point en ce qui concerne ia Communion, parce que tous prennent le même Pain 6c la même Coupe que le Célébrant, ar« tendu que les Peuples., fous la Loi Nouvelle, ne doivent plus être ajfujettis aux cérémonics^ de \' Ancien T'cfiament qui avoit mis de la différence entre les Sacrificateurs & le Peuple, 6c défendu aux Ifraëiites de prendre les mêmes ali- •mens que les Sacrificateurs dans le tcms qu'ils immoloient les Viftimcs : mais que cette différence ne fe trouve plus dans l'Eglife Chrétienne, parce que. Uus les Fidèles participent aux mêmes O.blations, 6c aux mêmes alimem des Myfiéres Sacrez de VEucharifiie. R E M A R Q^ U E ^rh importante contre h Dogme de la l^ranjfiibftantiaîion'. IL y a deux raifons qui nous ont empêché de mettre à la fin de chaque Décret du. Concile de Jérufalem, le Texte Grec £5? Latin, ou la Tradiitiion Françoife de ce grand nombre de Pafiages , dont on ne trouvera ici que !'/«• iice des Auteurs 6c des Ouvrages qui détruifent les Erreurs de la Doéfrine .dci Qi-c£s modernes ott Laîimfizy, 4 ^^ confirment celle des Protefîans &: CONCILE DE JERUSALEM. 40^ des Réformer; parce qu'il faudroit plufieurs gros Volumes pour contenir tous ces Paflàges, qui ont déjà, été inférez dans quelques Ouvrages des plus fameux Controverfiftesyâwj beaucoup de fruit, parce que les Théologiens & les Doclcurs des différentes Communions s'accufent réciproquement de mauvai* fe foi, êc le reprochent les uns les autres que ces Paflagcs font tronquez ou falftfiez par des additions , ou mal traduits, ou détournez de leur véritable fensy ou enfin attribuez à quelques Pères qui n'en font pas les Auteurs. Tou. • tes ces chicanes , 6c plufieurs autres confidérations qui fe rapportent à ce même but, d'éviter les reproches des Cenfeurs de niauvaife foi, (^ la Critique mal fondée de plufieurs Controverfiftes de l'Eglife Romaine, nous ont fait prendre la réfolution de ne faire que de firaples indications de tous ces An- ciens Pérès, & de tous ces Témoignages qui fervent à la condamnation des Er- reurs Se des Superftitions du Papifrae. La féconde raifon qui nous a fait déterminer à renvoier nos Leétcurs aux propres Ouvrages imprimez, la plupart, par ceux de la Communion de Ro* me, comme on le peut voir par V Indice Alphabétique rais à la tête de ce Concile, c'eft afin que les uns 6c les autres apprennent beaucoup de véritcz & de circonftances que chacun doit examiner à fond , par la Icéture des an- ciens Exemplaires ou Manufcrits les moins fufpefts & les plus corrects qu'il cft poflïble d'avoir, pour fe convaincre foi-même des Dogmes 6c des faits hiftoriques dont on y trouve l'éclairciflement d'une manière beaucoup plys naturelle, plus claire 6c plus aifée que dans toutes ces nouvelles Compila- tions d'Autoritcz que les Controverfiftes produifent aujourd'hui, parce qu'el- les font toutes hériflces de difficukez qui naifîent des différentes VerCons des faufles glofes. Se des diftinftions métaphifiques 6c barbares de la Théo- logie Scholaflique de l'Eglife Romaine, qui rend prefquc toutes les Con- troverfes de fimple fpéculation problématiques. Voila pourquoi il faut néceflairement aller chercher la vérité dans fa /bur- .ce, qui eft l'Ecriture Sainte, 6c recourir pour ce qui concerne la Tradition aux Ouvrages des premiers Siècles du Chrillianifme , qui font écrits d'une manière plus fimpie 6c par des Auteurs plus fincéres que ne l'ont été ceux ^ui ont vécu darts la fuite, parmi les différentes Sectes du Chriftianifme. Nous en pourrions mettre ici diverfes preuves s'il étoit néceflaire, mais il fuffira pour l'exécution de nôtre projet d'en mettre quelques-unes des plus abrégées qui concernent la Doétrine du Chriftianifme naiflànt, ou celle des Premiers Siècles, durant lefquels la Traujfuhjîantiation étoit tellement éloi- gnée de la penfée des Théologiens 6c de la Créance de tous les Fidèles, qu'ils difoient ouvertement, &C fans aucun détour, la même chofe quiyî trouve dans la Confejfon de Foi des Eglifes Réformées, touchant le Pain 6c Je Vin de la Sainte Cène. Voici les propres paroles de Saint JuJUh Martyr, qui fe trouvent à la fin de fin Apologie , dans le paflage que nous avons indique fous le Numéro I. des LXX Citations fur le Décret de l'Euchariftie. k«/' ^ t^xpi «Jt»; y-xhùr» 7m<; •^ £> 7771 TJfg^»» 7»75 i>»i5 JVfi-E^ijTiî. // «'^j» <î ^«'««c C/jiî/j- ^^ NotTc Seigncuf Je fus Chrifi^ i§ un Sang qui a été répandu pour mm. De même il n'y a aujji qu'un feul Pain rompu, 6? ?«'une Coupe dijiribuée à tous. Saint Irenée, cité fous le Numéro XIII. dit: Eù;jag<7a» à,inyKi nm,- eÂ'oK , ft-iifilui Ê tifih ■ymfçf.^Hi àyn ■viT.t'i w?o«4'^'?"'' Cbrijl. a offert un Sacrifice pour Is Salut de ttous tous, {^ nous a laijfé un Mémorial qui nous tient lieu de Sacrifice, Ce même Docteur cité fous le Numéro X'V. dit : -rm^Ttc, ii^jr? »V»» è ««j-» , rs -n c»,a«7©* uùtS , è T» ni-nteÀa cuficiT®^ cùn-P,avTaj là. (/.v^/ioMt. Tous Ics Prétrcs répré(en« tent les Myftéres de fon Corps &f de fon Sang falutaire , par le moien du Pain & du Vin. Saint Cbryfoflome, cité fous le Numéro XX. dit: s«px,K^\ i, ^ w»/j,«K7!)'.àç. N'était -ce pas un doute bien groffier que celui de s'imaginer qu'il nous peut don* ner fa Chair à manger ? l'ouïes ces chofes charnelles qu'ail fallait entendre fpirituelle* ment & d'une façon miflérieufe. Car fV/««e nourriture fpirituellc: rç^<^,' ,^w ^/a- fr^'-i-nxii cela fe trouve répété plufieurs fois dans l'Homélie 79. de ce Père de l'Eglife^^ citée fous le 'i^umtïo'X.W.^ dans fon Homélie 17. indiqicée-fous /^Numéro XXII. il dit: crô âiislvj tvitImi , xaiHTTij o 'Sç^ySfil; ù».à ft.ivos àvàui7,m i^jaS,''u.îTa tj^icv;_ NoUS n'of~ frons pas une autre Viclime comme le Grand Prêtre , viais nous faifons feule.» . ment une commémoration de Sacrifice, Oecumenius cité fous le Numéro XXIX. dit: e'k Tra^à» yî ^(s'kxw/j l-m ■Tra^hiyfuiT®^ , à «»3-®- ■^'J\'^<^, C YiuHt; ^'i nj^Aol f| «ÛT-â 'S ivii f/.îiK\afi?x.iicvnz , yttia.î-m imftK Xg^js-î". Le P Clin, par exemple y <: fi fait ds- plufieurs grains , 13 nous qui fommes plufieurs devenons le Corps de Chrift en pre- nant de ce même Pain. Saint Grégoire de Nazianze , parlant du Pain ^ dit Fin de l'Euchariftie , dit, dans le paffage cité fous le Numéro XXXII. que es font \cs Antitypes du précieux Corps & du Sang de Jéfus Chrifl. A,r.-rj7m -n. y-la iT^fiHTi^ Ê tJ «iaar;^ tjî Xe^î-j?. DaHs Ic Paflagc du Numéro XXXIII. le même Père ajoute qu'il ne craint pas de dire, que, la Pâque Légale étoit un Ty« pe plus ohfcur d'un autre Type , Ï3 qtie n-ous participons encore maintenant d'u^ ne manière Typique, à cette même Pâque. humxr.-^ùfn-m A" rg -ttû^» vZi jâ/î -nm. it^®^. Theodoret, cité fous le Numéro XXXIV. dit tirs cxprcffétnent , dans. fon premier Dialogue : ci yi N ^i (pus-» mfM tnrct j^ «jto» «rÛo»j9^/jira;, xof au ■mlf^it tcui. lit âu,-!n>m cvifiâru! , tirai; izè c^îi/B^» cifciaX» -nj .Th mfisiToi y.c^ cnfiXTo; es&ini^S^a ■mifCtiKîy , * rlvj ^um» /.itTuQuxùv , «»« -riul ^ifi/.» -n ^vfh izsôsiSfixéç. Car celul ■ qul Ci appelle le froment t? le Pain fon- Corps naturel, 13 qui derechef auffi , s'efi nommé Vi- C;ne, celui-là même a honoré les Symboles vifibles du Nom de fon. Corps ^ dé fon Sang , non pas en changeant leur nature, mais en aïoiitant la grâce àla, NATURE, •7^ «jt» F|^-il jamais un Témoignage, ou plus grand, ou plus beau, ou plus digne dé foi que celui-ci. Premièrement, ce font trois cens trente-huit Evêqucs ajfcmblez^ c'eft à dire, la plus pure & la plus éclatante partie de l'Eglifc Orientale, un plus grand J nombre qu'il n'y en eût au premier Concile Général de Nicée. Seconde- m ment, ils s'expliquent d'une manière très clairej car ils difcnt que c'elt la ]| Subfiance du Pain., que c'eft un Type ^ Sc une Commémoration de la Paflîon de Jéfus Chrift, que c'eft une Image non trompeufe de fa Chair naturelle, Sc que Dieu en choififiant ce Type., 8c non une Effigie humaine ., a voulu éviter Voccafion de ridolàtrie. Qu'eft-ce que les Réformez pourroient dire qui fut plus contraire 8c plus oppojë à la Créance 8c au Culte de l'Ëglife Romaine tou- chant l'Euchariftie? De plus, ce font des Pérès aflemblez pour un autre fu- jet que celui de ce Sacrement, 6c qui de bonne foi, fans qu'on puifle foup- çonncr, ni la préoccupation, ni la contrainte, ni l'intrigue, nous apprennent par occafion le fcntiment général & commun des Chrétiens. Enfin, leurs plus , CONGILE DE JERUSALEM. 409 pins grands ennemis même qui furent depuis aflemblez à Nicée, reconnoif- fcnc qu'en ce point, ils ne fe font pas éloignez de la Foi Orthodoxe, bien qu'ils cenfurcnt, en pafl'ant, quelqu'une de leurs exprcffions; 8c les Dodteurs de Port-Roial avouent eux-mêmes â la page loi. de leur Réponfe impri» mée l'an 1704. qu'on ne peut pas dire qu'ils aient erré dans la Foi de l'Eu- ehariftiey parce que ceux qui rejettent leurs exprcffions dans le fécond Con- cile de Nicée, les déchargent de ce foupçon: Voila donc fans contredit le fèntiment de l'Eglife en ce tems là. On peut voir ce que les plus célèbres Hiftoriens ont dit touchant ces- deux Conciles, en confrontant les Ouvrages de Zonare^ de Théodore^ àç. Bal" famott, de Nilus 2c de plufieur» autres avec ceux à&Baroniu-s. A. c ^6^. 8c avec ceux de Bellarmin. lih. i. Concil. cap. f. qui fe plaignent de ce que tous ces premiers Hifloriens ont parlé avantageufement de ce fameux Concile des Grecs qui efl fî favorable aux Réformez , 6c de ce qu'ils l'ont placé entre ks légitimes 6c Oecuméniques. Baronius fe fâche fur tout de ce que dans la fîxiéme Seffion du Concile de Florence, qui fut tenue à Ferrarc , le Car« dinal fiiUen CcCa-rim ne s'oppofa pas à cela, en difputant contre Marc Eve- que d'Ephefe, qui vouloit faire condamner le VIII. Concile de l'Eglife Ro- maine, pour lui fubflitucr celui-ci de Contlantinople , tenu par des Grecs non Latinifezy en afllirant qu'il avoit été approuvé par le Pape Jean VI IL Voici le Décret des 538. Evêques Grecs qui a été inféré par les Latins danS' le fîxiéme Aéte du fécond Concile de Nicée. „ Latentur ^ exultent £5* fidiicialiter agant , hi qui vcram Chrifli Imaginem^ „ fmcerijfimoi anima faciunt , deftderant £5? offeritnt , quam ipfe facer perfeSlor fjf „ Deus , eam qua efi ex nobis uni-ver se majj'am ajpvmens jaxta tempus voluntari vfferri, non ii. „ gurantem hominis formam , ne Idololatria fubintroducatur. ^icuî ergp' y, quod fecundum naturam Cbrilîi Corpus eft , fanSlum efi ut dàfi.catum , ita li id „ manifefium efi de iJlo quod efi Inftitutione,y^« de fanêla f/;/j Imagine.»/ per „ QjiANDAM fàn(?;ificationem gratice deificata. Hoc enim molitus efi y ut .di- „ ximus, Domini'js Lhrifins ut ficut cartiem quam fufcepit propria. fecundmn natu- ,5 raiît fanftificiîtione ex ipfa uniane deificai'it -, fimiliter Ifj EucharifUn Panen„ y, Ut veracera Imagincm «.'t/«rrt/« Crtr«/; per adventum Sanéti Spiritus, fancti- ,., £catum diijînurn Corpus fieri voluit j mediante Sacerdote ^ oblationem ^x eoit» ,Eee 4 „ -uu-i*-* 410 CONCILE DE J E R U S" A L E M. „ MUN E adSanftum qjiid iransferente. Itaq!icChrifli,fecundmfinaturamfCti'- „ ro animata (5? intcUccitiaUs unfta eft Spiritu Sanfto ad divinitatem : fimili- „ ter y divinittts tradita Imago ejus, divinns fctlicet Panis, rcpletus eft Spi- „ ricu Sanfto, cum Calice vivifici Sanguinis lateris ejus. IIisc crgo demonftrata- „ cfl vera Imago difpenfatïonis Chrijii Dei noflri in Carne ^ quemadmodum fupra „ diSlHm eflt quant ipfe nobis vems natwa -àvificator ^ fa^or fropria. voce 5, tradidit. Voila plus de trois cens Pérès Grecs qui nous aflurent dans ce Concile Oecuménique , ^^e les Prêtres font l'Image de Jéfus Chrijl , dont ce divin Sau- veur leur ordonna de fe fervir pour célébrer la mémoire de fan Incarnation^ de fis Souffrances l^ de fa Mort. Et après avoir recité les paroles de 4'Inllitu- tion, ils ajoutent, ^le c'eft là /'image de fon Corps vivifiant.^ fait pré cicufe* 7Hent ^ honorablement ; que comme Jéfus Chrifl a pris la matière feule , ou la fubllance humaine, fans fubfiftancc perfonnelle; de même y il nous a comman- dé cV offrir une Image, une matière choijie, c'cft à dire, la substance nu Pain, n'aiant pas la Forme ou la Figure Humaine, de peur que l'Idolâtrie ne s'introduifit. Comme donc, ( difent-ils, ) le Corps naturel de Jéfus Chriji efl Saint , parce qu'il efl divinifé , il efi manifefie aufft que celui qui efl fon Corps par inllitution, /f^wir fa fainte Image, cfl rendu divin par Qji F. L QJ.I E SANCTIFICATION de Gracc. Car c'eji ce que -le Seigneur a eu deflein de faire , que comme en vertu de l'union il a divinifé la Chair qu'il a prife par une fancftification qui lui eft propre naturellement -y de même // a von- hi que LE Pain de PEuchariftie , conmie étant la véritable Image de fa G-Iiair naturelle, fut fait un divin Corps par l'avènement du Saint Efprit, rOblation étante par le moien du Prêtre, transfere'e d'un état commun à un état de Sainteté'. Ceft pourquoi la Chair naturelle de Jéfus Chrift , douée d'ame ^ 'd'intelligence , a été ointe du Saint Efprit, étant unie à la Divi- nité, ^ de même fcn Image, ^trj«>, le Pain divin eft rempli du Saint Efprit. Quelle apparence y a-t-il de pouvoir accommoder ces paroles au fens delà Tranffubftantiation? CesEvéques Grecs ne difentpasfeulemcntqucrEuchariftie eft une Image , ce qui pourroit être tourné au fens de Pafchafe , qui a dit que ce myftére eft vérité, êc ne laifle pas lï ètvc figure; mais ils difent, aue cette Image eft /.'ï sujsst an c e du Pain. C'eft , difent les Doéteurs de Port- Roial, [à la page 103. de leur Réfutation, qui eft dans la g. Partie de leur premier Volume in quarto de l'Edition de l'an ijo/^-] parce que les dons, lors même qu'ils font confacrez , retiennent avec raifoK le nom de la chofe dont ils confervent la figure i3 Ici reffcmhlance. Quelle fuite pitoiable ? Quand ces dons retiendroient le mm de Pain, ils n'en retiennent pas la Suhftance, félon eux. Et fi cette exprefllon eft bonne, pourquoi ne s'en fervcnt-ils pas com- me les Pérès de Conftantinople ont fait.? Pourquoi ont-ils tant d'avcrfion pour ceux qui difent que c'eft la fubftance du Pain. 'Quelle éirangc cxpli* cation eft-ce là, la fubftance du Pain, c'eft à dire, non la fubftance du Pain-, mais une autre fubftance, qui retient la figure l^'la rcffcmblance du Pain. Et que deviendra le langage humain, s'il eft permis de forcer ies termes par ces violentes expofitions .? Les COKCILE DE JERUSALEM. 411 Les Pérès Grecs difent, que nous offrons cette Image, ««* matière choifie, cette fubftance du Pain. C'eft , difent ces Doâieurs de Port-Roial , parce qu'on offre les dons avant qu'on les confacre. Ccft encore une fuite infoûtena- blc î car les Pérès de ce Concile parlent des dons confacrez , difant que cette Image répréfente & exprime le rayftére de l'Incarnation, que c'eft le Corps de Jéfus Chrift par Institution, fanilifié par la Grâce 6c par l'A- VENEMENT du Saint Efprit ^ comme il paroît par la fimple lefturc de leurs paroles. De plus , il faut remarquer qu'ils font une perpétuelle Oppofition du vrai 8c PROPRE Corps de Jéfus Chrift, au Pain qui eft fon Image, 2c qu'ils paflènt jufqu'à montrer les rapports qu'il y a de l'un à l'autre. L'un , difent- ils, eft la matière de la fubftance humaine^ fans fubfiftance perfonnelle; L'autre eft une matière choif.e^ fçavoir la substance du Pain, /ans avoir les traits de /éî Figure humaine. L'un eft /à» Corps ^^r Nature. L'autre eft yô» Corps par Institution. L'un eft Saint comme étant dii-inifé. L'autre eft rendu divin par qji e l qu e sanctification ^i? Grâce. L'un eft yi Chair qu'il a unie à foi, iy qu'il a Jan^ifiée d'une fancfification qui lui f/? p r o p r e félon LA Nature. L'autre eH fanctifté par la Grâce du Saint Efprit, lors que d'un état commun il paffe à la Sainteté', e'x t» y^di n-fô? tî a^^ùv. Et que veulent dire tous ces rapports établis de cette manière, finon, que le Pain de l'Eiichariftic, Sc le propre Corps du Seigneur, font deux fujets réellement ai fférem? Que fîgnifie cette doéle 6c élégante diftinclion des deux Corps, l'un, -ri r-a-rtl (^Zr.v ., &c l'autrc, il^irn, c'cft à dire, l'un par Natu- re, 6c l'autre par Institution, fînon, que l'un eft fon vrai 6cpro» PRE Corps, 8c l'autre le Sacrement de fon Corps , qui n'en a pas la Nature, mais qui en tient la place, ou comme parle Facundus , duquel Sirmond & Moreri font de grands éloges , qui ne l'eft pas proprement, mais qui en contient le Alyfiére. Ce Facundus étoit Evéque d'Hermiane en Afri- que, d'oii il vint à Ccnftantinople Tan de grâce ^\j. pour y affilier au Sy- node des trois fameux Chapitres , qui donnèrent lieu au Pape Figile de con- damner/ô;A-^«/e Propofitions , marquées par l'Empereur Juftinien, dans les Ecrits de 'Théodore de Mopfueftic, de Theodorct de Cyr, £c à'Ibas d'Edeiïc, contre Cyrille d'Alexandrie, quoi que ce Pape eut fouffert l'éxil pour dé- fendre ces trois Auteurs, qui avoient été condamnez par le V. Concile Gé- néral, aflemblé à Conftantinople l'an 55-5. ôc compofé Je 165. Evêques, de 16. Métropolitains 6c de trois Patriarches. Le Pape Vigile, qui avoit allé- gué contre ce Concile, le Témoignage des Papes Léon 6c Gelafe, pour faire voir que le Concile à'^Ephefe 6c celui de Cbalcedoine n'avoient point condam- né Theodorct, Ibas , ni Théodore, ce même Pape, dis-je, les condamna enfin pour fortir de fon Exil, 8c approuva les Aétes de ce Synode, qui fcrvirout de preuve dans tous les Siècles à venir, que les Papes de Rome ne font point infaillibles, puis qu'ils 7^ trompent allez lourdement pour figner des Dé- crets oppofez, 8c qu'ils font des Conftitutions entièrement contradiSîoires & incompatibles. Mais pour revenir à nôtre fujet principal, il faut encore conGdérer, que , par tous ces rapports^ que ces 338. Evêques du Concile de Conftantinople Fff établiflenc 411 CONCILE DE JERUSALEM. établiflcnt entre le Corps naturel de Jéfus Chrifl: 6c le Pain confacré de l'Eu« chariftie, ils veulent que ci; Pain, foit, alors, une Image & une Figure bien txprep du Myftére de {'Incarnation, félon la Doftriiie commune des Pcrcs que nous avons remarquée dans un très grand nombre de Pailages notiez ci-devant. C'ell pour cela que ces Pérès Grecs difent, ^i"il n'y a aucune- de Dieu, dans l'établiflement de rEuchanitie, a été de représenter ^ d'cKp'mer clairement aux bumraes le Myftére ûf^/ôw O e con om ie, c'eft à dire, de fon Incarnation. Et enfin, leurs dernières paroles font; Voila donc Ict VRAYE Image de l'Incarnation de Jéfus Chrifi notre Dieu. Mais comment feroic-ce une Image vraye 8c «o» trompeufe a-i'/L,h<; iUù« , du Myftére de l'In. carnation, fi \^ fubfiance du Pain étoit détruite & anéantie par \^ fan3.'.fication., ou par la confécration ? C'en feroit au contraire une Image bien trompeu- se, puis que la Chair de Jéfus Chrift n'cft point abolie par fon élévation i l'Union hypoftatique du Verbe de Dieu incarné. Enfin, il iaut remarquer ces paroles. Jefus Chrifl a commandé d'offrir une Image, une Figure choifle , c'eft à dire, la fubftance du Pain, qui ne répréfente aucune forme d'homme, de peur que /'Idolâtrie ne s'introduifit. Il cft impofli- ble d'accorder ces termes avec la créance de \z Prefence réelle, ..qui, félon l'a, veu de ceux de la Communion de Rome , efk mleparable de l'adoration. Suppofons le contraire, pour donner un plus grand jour à cette vérité. Fi- eurons-nous pour un moment que ces Pérès aient crû que l'Euchariftie ejl réellernent le Corps de Je fus Chrift, Sc qu'enluite ils l'aient adorée ; n'cft-ce pas la dernière de toutes les extravagances, que de dire que Jéfus Chrift n'a pas voulu donner à l'Euchariftie la Figure humaine, de peur que l'Idolâ- trie ne s'introduifit? Eft-ce donc que l'Euchariftie en cft moins adorée dans le Papiime, pour n'avoir pas la Forme de l'homme? Eft-ce que fi Jéfus Chrift y paroiiibit en fa 'véritable Forme , ce feroit une Idolâtrie que de l'adorer, au lieu que n'y apparoilfant que fous la Figure du Pain, ou plutôt que ne s'y faifant voir que fous le mafque d'une forme auflî trompeufe que celle des Phanîbmes accidentels du Pain anéanti, le Culte fou-vcrain que l'on lui rend eft légitime? Qu'eft-ce que fait la Figure d'hotnme, ou de Pain, pour faire d'une bonne Adoration une Idolâtrie, ou d'une Idolâtrie une bonne Adoration? A ce compte, les Apôtres auront idolâtré, les Anges 6c les Saints du Paradis, & tous les Fidèles du monde feront àts idolâtres , puis qu'ils ont adoré, Se qu'ils adorent encore, ou qu'ils adoreront un jour Jéfus Chrift, non fous la Figu- re du Pain, mais fous fa Figure naturelle d^homme. Afturémcnt, fi l'on fup- pofe que ces Pérès Grecs aient été Catholiques Romains, de la manière qu'on l'eft aujourd'hui , il faut conclure qu'ils avoienc perdu le fens ; & fi les Théologiens de Rome veulent que nous gardions pour eux^ l'équité qu'ils veulent qu'on ait pour les Auteurs du fécond Concile de Nicée, qui leurpa- roiflcnt avoir établi le Dogme de la "Franffubftantiation, détruit par ce Conci- le de Conftantinople, il ne faut pas fuppofer qu'ils aient adoré l'Euchariftie; car cette fuppoficion leur impute une erreur la plus folle & la plus extrava- eantc qui ait jamais paru dans le monde. On CONCILE DE JERUSALEM. 413 On dira, peut-être, que leur fens eft: que l'Euchariftie n'a pas la Figure humaine , de peur que les hommes ne prennent de là un exemple , ou un prétexte pour adorer les Images. Mais leur attribuer ce fens, enfuppofant ion- jours qu'ils ont crû la Préfence réelle^ eft leur imputer une plus grande imper- 'tinence que la première, fçavoir, que Jéfus Chrift a évité de fe faire adorer fousy* Forme propre .f de peur qu'on adorât les F/nages. Eft-cc que d'avoir Jé- fus Chrift en fa véritable Figure .^ eft une chofe qui induifit à fervir \c% Pein- tures ou les Statues? Au contraire, il n'y a rien qui retire plus les hommes de l'attachement qu'ils pourroient avoir à une Fmage ^ que la vûë £c la Pré- fence réelle de fon Original. Et je ne doute pas que li le Sauveur du Mon- de paroiflbit fur la Terre en fa Formt naturelle , on n'abandonnât bien-tôt tous les Simulacres qu'on lui a dreffcz. Outre cela ne voit-on pas tous les jours, que la Fortne de Pain., fous laquelle on prétend dans l'Eglife Romai- ne, que Jéfus Chrift doit être adoré, & à l'égard de laquelle on veut que l'Euchariftie foit une Image 6c un véhicule de fon propre Corps, n'induit pas moins les hommes au Culte des autres Images que le feroit la vraie Figure humaine de ce Divin Rédempteur. Il eft même certain que cette Forme du Pain Euchariftique, les y porte davantage; car les hommes défirent toujours de voir à découvert les traits humains de leur Sauveur, & que ne pouvant les appercevoir, ni les trouver au Sacrement, ils les cherchent dans les Portraits, & tâchent de fe fatisfaire par l'artifice du Pinceau, ou par les Ouvrages de Sculpture. Il n'y a donc rien de plus ridicule que le difcours de ces Pérès Grecs s'ils ont crû que l'Euchariftie [oit Jéfus Chrifl même .y fous la Forme empruntée du Pain. Mais fi on fuppofe, comme il efi vrai^ que l'Euchariftie eft une Image réellement àiftindîe du Corps de Jéfus Chrift qu'elle répréfente , leur raifonnement eft clair & folide, parce qu'il eft fondé fur ce principe que la vérité & l'expé- rience confirment également : à fçavoir, que Jéfus Chrift n'a point voulu donner à cette Image de fon Corps incarné, la rejfemblance humaine ., de peur que cette ressfmblancf, n'attirât les hommes à rendre à cette Image ce qui doit être réfervé pour l'Original, ou qu'elle ne les autorilât pour eu fai- re d'autres, à l'imitation de celle-là, 6c pour leur rendre un Culte qu'elles ne méritent pas. Faifons donc cette juftice aux Pérès de ce Concile/ nombreux^ 8c com- pofé des plus fçavans Prélats de toutes les Eglifes Grecques , de ne croire pas qu'ils aient été des infenfez^ fur tout en parlant d'un fujet qui étoitTiors de leur difpute, 6c fur lequel on ne peut les foupçonner d'avoir été préoccupez de quelque paflîon. Ils ont crû, fans doute, ce qu'ils ont dit, & puis que ce qu'ils ont dit, renverfe la franjfubflantiaîion ^ la Préfence réelle., 6c X Adora- tion du Sacrement de rEucharifîie , ce feroit un aveuglement fans pareil .^ 6c la flus infoûtenable de toutes les impojlures, que de leur imputer ces Dogmes erro- wz, 6c ces pratiques idolâtres, qui vendent maintenant le Culte de l'Eglife Romaine auftî difforme 6c aufll 2bominable que l'ont été les plus grandes im- fiétez du Paganifme, parmi la craffe ignorance des Siècles les plus ténébreux, les plus corrompus 6c les plus éloignez de la raifon 13 du bon fens. Nous ne nous attacherons pas ici à faire voir tout ce qu'il y a ^^ ridicule » Fffz 6c 414 CONCILEDE JERUSALEM. & de faux dans le fécond Concile de Nicée^ qui a cenfuré quelques-unes des ex- preffions de ce Décret du Concile de Conjlantinople que nous venons de produire & d'expliquer, attendu que nôtre Explication eft confirmée par ce Concile de Nicée, que les Papes Se tous les Théologiens de la Cour de Rome tiennent pour Légitime., Sc comptent pour leur VII. Concile Gcnéral. Us font plus encore, car ils avouent que dans la fixiame ScJJion de ce Concile, les Prélats afFeftionnez au Pape Adrien I.&cà Irène, Mère de l'Em- pereur Conjiantin, voulant étaùlir le Culte des Images 6c le Dogme de la Préfen- ce réelle, que le Concile de Conftantinople avoit détruit, établirent ce Prin< cipe contre le Décret de ces 538. Evêques Grecs, à fçavoir, que I'Imace n'eji pas réellement la chofe me s me dont elle eft Image, 6c que par conlequent rEuchariftie ne ferait pas réellement le Corps de Jéfus Cbrifi , fi elle était i-érita' hlement fon Image, comme ces Pérès l'avoient décidé. Les Doéteurs de Port-Roial 6c de Sorbonne qui reconnoiflent cette vérité, font tout ce qu'ils peuvent, dans la troifiémc Partie de leur Réfutation, pour en éluder la con« féquence qui détruit entièrement la Tranfubflanti^Aion , Se pour cet effet ils difent à la page 106 de leur premier Volume, quV/yè peut bien faire que ce grand nombre d'E^cèques ajfemblez à Conftantinople , trouvant cette exprejjion fi^ gurée fous le terme «/'Image, autorifée par des Anciens Pérès, s'en fiaient fervis parce quelle était favorable à leur deffein. Et qu'/7 fie peut faire aufifi que les Evêques du fiecond Concile de Nicée, (^ ceux de Francfort, en ne faifianî pas at- tention aux Paffages des Pérès qui l'autorisent, l'aient reprifie à caufie du. viauvais fins qu'elle préfente d'abord. Après quoi ces Doéteurs 6c Prélats de France ajoutent encore dans la page 107. de la même Réfutation, (qu'encore qu'il fait vrai que cette exprejfion, qui porte, que le Pain confiacré eft /'Ima- ge du Corps de Jéfus Chrift , fie trouve autorise'e par des Anciens Pérès y on ne doit pas néanmoins trouver étrange qu'elk fie fiait abolie , parce qu'il eft très facile y ^''i^-f naturel , que le Peuple étant maître du Langage , ait banni une façon de parler qui formait un faux feus , fielon le fiens populaire , qui eft celui ^«/ /ê p R E s EN T E d'abord. 11 y a quatre véritez très manifeftes dans ces paroles des Doéteurs 8c Pré- lats de l'Eglife Gallicane, qui confirment la Doélrine des Eglifes Réfor- mées, touchant ce qu'elles foûtiennent contre la perpétuité de la créance de la iranfifubftantiation. La première de ces véritez qui fert de fondement aux deux autres, cil, que les plus fçavans fie les plus fameux Théologiens de la Communion de Rome, déclarent ici par un Ecrit publie, que plu- fieurs Anciens Pérès de l'Eglife Chrétienne fe font fervis , en parlant du' Pain Se du Vin de l'Euchariltie, lors même que la confécration en eft faite, des termes de Figure, à^ Image, de Signe, de Type, 8c à' Antitype, comme cela pa« roît dans les Conftitutions du Pape Clément , 8c dans les Ouvrages de T'crtul- Uen à'Origéne, à'Eufebe de Céfarée, de Cyrille de Jérufalem, à'Eph'iem d'E« defle de Grégoire de Nazianze, de Dsnis le prétendu Arèopagitc, de Gau- dence, de Macaire , de S. Jérôme, de S. Ambroifie , de S. Chryfoftomc, de S. Awuftin, de l'headoret, de Procape, de Junilius, de Maxime, de Beda , dc iheodote d'Antioche, du Pape Gelafie, Sc dans l'ancienne Liturgie Latine. Ceux c^ui fouhaitcront de voir ce ^u'il y a de plus curieux Sc de plus oppofé CONCILE DE JERUSALEM. 41J oppofé à la Liturgie qui eft maintenant en ufage dans l'Eglife Romaine, doi- vent lire les Amiens Rites de TEglife Latine, imprimez à Venife l'an iji6. dédiez au Pape Léon X. & mis au jour par les Ibins de Chrijîopble Marcel^ Ar- chevêque de Corfou. Ces Rites ont été tirez d'un Manufcrit à'JuguJlin Pa- trice^ qui avoit été Maître des Cérémonies à Rome, depuis le Pontificat de Pie II. Ion Oncle, qui lui avoit donné le furnom de Picolomini, jufqu'à ce- lui à,'' Innocent VIU. fous lequel il corrigea le Pontifical Romain, 6c compofa ce Cérémonial^ pour conlerver la mémoire des anciens Rites qui furent abolis par cette Réformation ^ qui mérite plutôt le nom de Corruption , à caufe des inno-vations qui ont été introduites par ce moien dans tout le Papifme. Ceux qui ne pourront pas avoir cet Ouvrage , en trouveront un Extrait dans le dix-feptiéme Tome du Journal des Sça-vans de Paris, à la page 141. du fixiéme Article du Lundi 7. Mars 1689. Ils y verront que l'Offrande du Pain 13 Au Vin pour l'Euchariftie, était fournie par les Laitues de Vun 13 de l'autre Sexe. Que tous les Prêtres recitoient le Canon avec l'Evêque de Ro- me quand il célébroit l'Office Divin, i^ f ai/oient la Confècration avec lui, 6c communioient tous enfcmble. Qu'//j- emportaient deux portiancules du Pain con^ facré, pour s'en fervir lors qu'ils célébroient dans leurs titres, en mêlant une partie de ce Pain dans le Calice avec une partie de celui qu'ils confacroicnt: les Fêtes folennelles & les Dimanches dans leurs Eglifes, oi:i ils ne pou- voient célébrer l'Office de la Liturgie fans avoir reçu une portion du Pain confacré par l'Evêque. Que ce Pain confacré étoit appelle Levain, & que les Acolytes avoient accoiîtumé de le porter en ces jours aux Prêtres Titulaires de la Ville. Que ces Acolytes n'étoicnt que de jeunes Clercs , qu'on ordon- noit en leur donnant en main, non des Chandeliers comme on le pratique maintenant, mais un petit fac de toile, pour marque de l'Office qu'ils éxer- çoicnt tn portant rEuchariJîie dans ces petits facs, comme nous l'avons dit. On trouve auffi dans le même Céré-monial Romain , que l'Evêque commu^ niait debout fous les deux-Efpéces, avec tous les Minières Sacrez, & qu'aprè» cela on verfoit le rejie du Fin confacré dans un Calice, avec le refte du Fiiz non confacré, qui avoit été offert par le Peuple , & que c'étoit de ce Calice qu'on donnoit au Peuple pour la féconde cfpéce. Que les Acolytes avec deux Soudiacres s'en alloicn.t aux Evêques Se aux Prêtres , qui rompoicnt le Paitt facré fur des Affiettes, afin de le diûribuer au Peuple avec le Vin dont nous venons de parler. A l'occafion de ce mélange du Vin confacré ■xv te le Vin non confacré, Sc de la Cérémonie que l'on pratique encore maintenant dans tout le Papifme le Vendredi de la Paffion, c'eft à dire, deux jours avant la Fête de Pâques, cr»; mêlant dans le Calice non confacré une partie de l'Hoftie confacrée le jour précédent; ce Maître des Cérémonies du Pape fait une queftion, fçavoir fi l'on a crû anciennement que la Confècration du Vin fc fit par ce mêla'nge. Il traite cette matière avec beaucoup d'étenduè'j fur quoi il paroît que les fcn- timcns ont été fort partagez, 6c que plufieurs Eglifes ont tenu l'affirmative jufqu'au Siècle paflé, 6c que les autres ont. tenu la négative. D'où il infè- re qu'il n'a pas été mal aifé d'accoutumer le Peuple à ne recevoir dans la fuite que du Vin non confacré pour \' Ablution, au lieu du Vin confacré qu'il Fff 5 recevoit 4i6 CONCILE DE JERUSALEM. recevoir auparavant, & qu'enfin plufieurs des Communians aiant négligé de prendre ce Vin non confacré, & s'ctant contentez de le laver la bouche avec quelques goûtes d'Eau , la Communion fous la feule efpéce du Pain s'cft intro- duite comme infenfihlement ix. fam bruit -j ce qui cft arrivé au milieu du dou- zième Siècle, comme l'Auteur de cet Ouvrage le fait voir. Voila de quoi prouver démonftrativement , par des Témoignages & par des Ecrits non fufpefts à ceux de la Communion de Rome, que les change- mens qui fe font faits, /w^ à peu dans l'Eglife Latine, ont introduit infenfibk' ment l'opinion de la Prèfence réelle, la Communion fous une feule efpèce, & enfin la Créance de la Tranffuhflantiation, comme les Théologiens Réformez le foûtiennent. En voici d'autres preuves irréfragables qui font tirées du premier Volume de la Perpétuité des Dofteurs de Port-Roial, du Concile de Conftantinople 8c du fécond Concile Général de Nicée, qui a donné lieu à ces Dofteurs de reconnoître dans les pages 104 105". & 106. de leur Ré- futation, que le fins qui fe préfente naturellement à l'efprit, dans tous ces Paf- fiiges indiquez ci-devant, où les Anciens Pérès ont dit que VEuchariJlie eft Une Figure 6c une Image du Corps 6c du Sang de Jéfus Chrift, exclud non-feulement l'idée de la T'ranffnbflantiation , mais aufli celle de la Prèfence réelle. Les Doftcurs 8c les Prélats de la Communion de Rome qui reconnoiflent cette vérité, par les approbations ^authentiques dont ils ont muni cette Réfuta- tion dédiée au Pape Clément IX. font ceux que nous allons nommer ici, fé- lon l'ordre de leurs Signatures qui font immédiatement après l'Aveu fi favo- rable aux Réformez, que nous venons de rapporter, Se qui cft muni de plus de cinquante T'émoignages , dont il y en a XX VII. des principaux Evêques ôc Prélats de France, 6c XXIV. des plus fameux Docleurs de Sorbonne, dont voici les noms, ks furnoms 8c les qualitcz. Louis Henri de Gondrin, Archevêque de Sens. Charles, M le Tellier, Archevêque de Nazianze , Coadjuteur de Rbeims. Pierre de 'G>zn\tv ,' Evêque de Montauban. Anxo'xns, Evêque de Fence. Nicolas, Evcque d'Alet. Louis, Ev'éqtie d'Agde. Félix , Evoque fff Comte de Cbaalons. Gilbert, Evêque de Commenge. Biirnard , Evéque de Conferans. Antoine François , Evéque de Rieux. François, Evéque d" Angoulefme. Jean, Evéque clAulone. Roger de Harlay, Evéque de Lodêve. Henri, Evéque d"" Angers. Nicolas, Evéque (J Comte de Beauvais. Henri de Laval, Evéque de la Rochelle. Ciiarles, Evê- que ds Soifjons. Louis, Evéque de Tiilk. Michel Tubeuf, Evêque de Caftres. Toullàinc de Forbin de Janfon, Evêque de Marfcille. D. de Ligni, Evêque de Meaux. Pierre Jean François, Evéque de S. Pons. Guillaume, Evêque de Perigueux. Nicolus, Evêque de Euçon. Gabriel, Evêque cVAutun. Armand de Monchy d'Hoquincourt, Evêque (y Comte de Verdun. L'Evêque Duc de Laon. Du Frcfne de Mince, Doïïeur en 'théologie de la Maifon de Sorbonne, Doyen de la Faculté de Théologie de Paris. A. de Breda, Doéîeur en Théologie, ^c. Curé de S. André des Arcs 6?* Syndic de la Faculté de Théologie de Paris. N. Porcher, DoSieur en Théologie, (^c. A. le Vaillant, Doéleur en Théologie ^ i^t. Curé de S. Chrifiophe , ^ ci-devant Théologal de l'Eglife de Rbeims. Grc- nec. CONCILE DE JERUSALEM. 417 net» Dociear en Théologie^ (^c. Curé de S. Benoift. Henri du Hamel, />'-- îeur en Théologie^ ^c. Chanoine de l'Eglife de Nôtre-Dame de Paris. I Jj'Chaf- febras , Docteur en Théologie , (^c. Archi-Prêtre i§ Curé de la ^^^-gdeleinc . M. Que ras, Ducleur en néologie^ î^c. Vicaire Général de M. .' Archc'-cêque de Sens. T. Fortin, Docteur en Théologie ^ (^c. Provifeur du collège d'Arcourt. H. Au- guftin Delameth, Docteur en Théologie^ i^c. J- Bofîuet, Docleiir en Théolo» gie. Doyen de rEglife Cathédrale de Met'- N. Gobilion, Dccleur en TliéoU* gie, i^c. Curé de S. -Laurent. F, le Camus, Docleur en Théologie., i^c. Con* feiller £ c E s ^!£'oK rend à Dieu en prenant ce Pain consacre'. Si on ycuu fçavoir d'une manière plus particulière quel étoic le génie & le Caraftére de ccli- Ufurpatrice de l'Empire , qui fit aflembler les Prélats de fa FaEîion à Nicce l'aii 787. pour condamner cette Doftrine des Pérès de Conftantiuople, on n'a qu'à jctter les yeux fur l'Hiftone de fa Vie, dans les Ouvrages de Zonare , de Cedrenc .^ de Crants, de 'Theophane , de Genebrard y êc du Cardinal Baronius. On y trouvera que cette femme eut la cruauté de faire égorger deux Frères de fon Mari , Sc crever les yeux à l'Empereur fon Fils, pour régner toute feule., & que fon ambition démefurêe la porta à faire des actions fi infâmes & fi barbares, que le Dofteur Moreri ne fait pas diffi. culte dédire, fur le témoignage de T'heophane, que le Soleil fut éclipfé du. rant dix-fept jours à Conftantjnople, quand elle monta fur le Trône Impé- rial , où elle cmploia toute fon autorité pour détruire la Religion de fes Pré- déceflcurs, 6c pour abolir le Culte fpirituel qui avoit été jufqu'alors exempt des Idolâtries que cette cruelle Arnbitieufe fit approuver aux Prélats de Nicée, qui pour lui complaire Se pour favorifcr les pernicieux defleins du Pape Adrien I. établirent le Culte des Images comme nous l'avons dit, & con- damnèrent les Explications Orthodoxes des 558. Evêques qui avoient fait un Décret contraire à l'opinion de la Préfence rcellc £c au Dogme de la Tranffub' flantiation. Les Controverfiflrcs de l'Eglife Romaine ne gagnent rien de dire, avec les Dofteurs de Sorbonnc & avec les Prclats de France, que l'Aflcmblée de ces Evêques, tenue dans le VIII. Siècle à Conftantinople, ne doit pas être mife au rang des Conciles Oecuméniques, quoi que les Grecs foûcien- nent le contraire, auflî-bien que les Réformez, avec Zonare, Théodore, Balfx' mon, Nilus £c pluficurs autres célèbres Hiftoriens; parce (\\i'il fuffit que tous CCS Théologiens & Prélats de la Communion de Rome avouent, comme ils ont fait, que tous ces Evêques Grecs ont été condamnez par ceux qui fe trou- vèrent au fécond Conciie de Nicée, pour faire voir que la Doétrine de la l'ranfjubftantiation n'étoit pas reçue dans les Eglifes Chrétiennes de l'Orient, puis que les Evêques & les Pallcurs, qui en étoient les principaux Chefs, n'ont été cenfurez par ce Concile de Nicée , que parce 'qu'ils enfeignoient ^ fofitenoieni -çzr leurs Décrets Synodaux, une Doélrine qui cxclud la Pré- fence réelle , 6c qui détruit entièrement la Trafijfubftantiation. •> On dira tout ce qu'on voudra pour prouver que ce Concile de Conftan. 1 tinople n'a pas été alîemblé légitimement , que tous les Patriarches ne s'y font ■ pas trouvez, que le Pape n'y a point préfiJè, ni envoie aucun de fes Lé- " gats. Nous détruifons toutes ces objeElions en répondant qu'il n'eft pas ques- tion de cela, mais feulement de fçavoir quelle étoit la Créance des Grecs en ce tcms-là touchant le Sacrement de V Etichariftie , 8c nous venons de prouver, tant par la Réponfe des Doéteurs de Sorbonne 6c des Prélats de France, que par le fécond Concile de Nicée, qu'ils tiennent pour légitime 6c pour Univerfel, que trois cens trente-huit Efêques, c'eft à dire, un plus grand nombre qu'il y en ait jamais eu dans aucun Concile précédent, ni dans ce- lui de Trente, ont cnfcignc une Doctrine qui rcnverfe tout enfemble la Tranjfub- CONCILE DE JERUSALEM. 419 Trmjfuhjimtiation & la Préfence réelle , & qui condamne le retranchement de la Coupe ôc V Adoration du Sacrement de l'Euchariftie. Cela fuffit pour détruire ce grand & fanieux Ouvrage par lequel les Doc- teurs de Port-Roial & de Sorbonne , foûtenus par les Prélats de France, ont entrepris d'établir la Perpétuité ôc l'Univerialité de la Foi de PEglifc Romaine qu'ils appellent Catholique. Il eft manifefte & démontré par ce grand «ombre de Preuves Authentiques & irréfragables , produites dans ce Volume , que les Grecs non Latinifez, & tout ce grand nombre d'Evêques Anti-Papaux dont nous venons de parler, n'ont jamais eu des fcntimens conformes à ceux que l'Eglife Romaine a préfcntement fur ce Myftére, 6c que bien loin de cela, ils ont, au contraire .^ foûtenu la même Doélrine que les Théologiens Réformez enfeignent aujourd'hui touchant le Sacrement de la Sainte Cène, & approuvé l'ulàge qu'on en fait di;ns toutes les Eglifes Proteftantes. Au rcfte, pour lever entièrement toutes les difficultez qui pourroient reflet fur cette matière, £c pour réfoudre toutes les objeétions que font ordinaire- ment les Controvcrfiftes de l'Eglife Romaine, quand on leur foûticnt que les Paflàges de l'Ecriture Sainte & les Commentaires des Pérès de l'Eglife, qui difenc que le Pain de V Euchariflie efi le Corps de Jéfiis Cbrift & le Fin [on Sang, n'établiflént point la Tranjj'ubjlantiation , ni la Préfence réelle de la Chair de Jéfus Chiifl dans ce Sacrement, nous leur apprendrons en deux mots que s'ils trouvent mauvais que les Réformez donnent un fens méta- phorique à toutes CCS expreflîons, nous avons de quoi perfuader tout le mon- de que cette interprétation ne peut être défapprouvée par les Prélats de l'Eglife Gallicane, que nous combattons fpécialement duns cet Ouvrage, puis que Kc/re Explication , fur tous ces Paflàges de l'Ecriture & des Pérès, ejl entièrement conforync -àw langage de tous les Evêques & Prélats de France, qui condamnèrent un Livre iéditieux, dans leur Aflcmblée tenue à Paris l'an i6zf. pour établir l'Autorité des Rois, pour les élever au deilus de tous les hommes, & pour les faire vénérer comme des Dieux. Les Rois, difcnt ils, ne font pas feulement d£ Dieu, mais ils sont des Dieux. Et ce tiefl pas un Titre que la complaifance fervile des Payens ait im'enté. C'ell la V f- R I T e' iM e s m e ^ui le leur donne dans les Ecritures Saintes , si clairement que Perfonne ne fçauroit le niEKfans blasphème, ni le REVOQjiER en DOUTE fans SACRiiEGE. Puis donc qu'ils font appeliez Dieux, il s'en- fuit, qu'iLS LE SONT, non en Essence, mais en Puissance, non par Nature, mais par Grâce. Nous concluons donc avec raifon, fuivant V Explication de ces Doéteurs Se Prélats de l'Eglife Gallicane, qu'il en efb de même de \' Euchariflie dans le lens des Livres Sacrez, dans le fens des Pères de l'Eglife, dans le fens des 558. Evêques du Concile de Conftantinople. Quand ils ont dit que le Pain Eucharifiique efl un divin Corps Mn «îfs», ils ont luivi les expreflîons de l'Ecriture, qui ne dit pas feulement que ce Myftére foit de Jcfus Chrift, mais que c'efl fon Corps , & fur cela nous difons avec le Clergé de France, que ce n'efl pas un Titre d'honneur , inventé par les hommes. Que c'efi la Vi- rite même qui l'a donné au Sacrement de la Sainte Cène , fi clairement que per- fonne ne le fçauroit nier fans blafphérm , ni le révoquer en doute fans facrilcge. G g g Mais 4îo CONCILE DE JERUSALEM. Mais il nous doit être permis de tirer aulTi, de ces véritcz £c de ces Propon- tions, la même Coriféquence 8c la même Conclufion qui en cm été tirées par le Clergé de France, lorsqu'il a fuivi les lumières de la rai l'on 6c du bon fens, ■pour expliquer d'une manière Orthodoxe les termes de l'Ecriture , par lefquels \\ femble que le Prophète Roial ait voulu faire entendre que les Monarques re« vêtus d'un Pouvoir Souverain, émané du Ciel ^ ne font pas des hommes» raais des Dieux. M s'enfuit [difent ces Prélats £c Do£teurs de la Communion de Rome] <\uc puis qu'on trouve dans F Ecriture Sainte que les 'R.o'\s font ap- pellez Dieux par la Vérité mhne^ ils le font, non p as riir un excès d'infolence (J d'impiété , qu'il n'y a point de Prêtre fi chetif dans leur Hiérarchie Ecclcfiaftique, qui n'ait le pouvoir d'évoquer la Perfonne Divine de Jéfus Chrift triomphant dans le Ciel, pour l'affujettir au caprice des hom- mes dans tous les lieux de la Terre, i^ de faire ynontcr vers le Trône de Dieu les Âmes captives , en les tirant des liens Se des tourmens du Purgatoire .^ pour les introduire dans un féjour de bonheur 6c de gloire. Mais nous allons faire voir, dans l'Article fuivant, que cette dernière prétention des Eccléfiaftiques de la Communion de Rome n'eil pas mieux établie que la première, dont nous venons de rcnverfer tous les fonderaens, fur lefquels les Doftcurs de Port-Roial 6c les Prélats de France s'étoicnt imaginez de pouvoir élever le fuperbe Edifice de kur fauffe Religion. Voici CONCILE DE JERUSALEM. 411 Voici le dix-huiîiéme Décret & la Conclufton du Concile de Jérufalem qui nous fournit de nouvelles Armes fouy les combattre, & de nouveaux moiens très efficaces pur achever de détruire cette Tour de Babel .^ fondée fur un amaj prodigieux àt matériaux yJ mal conditionnez, que bien loin de pouvoir être uti. les à l'Eglife Romaine, ils fervent «?<î contraire, à rcnverfer de fond en comble tout \c pernicieux On-vrage qu'elle a eu la témérité de vouloir conftruire, dans le deflcin de battre en ruine les Eglifes Réformées. On n'a qu'a voir ce ^ui fuit pour être convaincu qu'il eft très propre à détruire le Papifme. oPosiH. DECRETXVIIL I l'T!'* ™' ^ xt.c«v,«=i^'«' ^•-■^"î «'«/ "VfOus croions que les Ames des morts i I «* ci «»£(7^ , i èi <î«»^, YMt' cTi iKct^i J.^ fout daus Ic repos ou dans lespei- «cTça|£». ^fae/t^afdfiof^ y> iin tS> rjucc-mv , ncs , fcloH que cHacuD s'eft comporté: rra'eiu-nKu. , d* ^05 sicp^ùmyLM , r, ^05 Av5ri« attendu qu'étant fépatécs des Corps, elles Ê -^^xyf^ov c^y.hfcny, i«.A,y»4,'>.ç ^'r« fi^- ^ont dans uu licu dc joic , OU bicn daiis ■mS^A«J«*rî, ^,'Ttr"y..'.-«>.5,'o«5 7T^««f. u" lieu dc triftcflc & de gémiflement; ^.«i ^ -M x^».V à,^^..,, i^ ,• -h^ ô«- n'aiant point encore reçu le comble en- 5.', ^ ™«». f.:^' è ...KS, i. ^n,S, .W,- ^ler de la félicite m celui de la damna- "^ , • ■, -, ,- - ', : « j tion. Car dans le tems que les Ames f , , ieiont reunies a leurs Corps , après la *" * " ' *^ Refurrecrion générale, c eft alors que chacun fera mis dans un état où il jcuï- ra d'une félicité parfaite, ou reHentira toutes les peines de la damnation fclon le bien ou le mal qu'il aura fait. Le célèbre Docteur A/oroi parlant de la Religion des Grecs, dans le fe^ cond Volume de fon Grand Di^ionaire Hiftoriqtie dit, qu'ils ne veulent point admettre un Purgatoire quoi qu'ils prient Dieu pour les Morts , dans l'intention de fléchir la Mifericorde de Dieu, qui ^ félon eux ^ ne doit juger perfomie qu'à la fin du Monde. Et le même Do£teur avoue auflî dans le même Article, qu'il y a des Grecs qui croient que plufieurs Chrétiens ne font condamnez qu'à ttti punis pendant un certain tems dans r Enfer. Le Jéfuite Dandini qui a fait un voiage au Mont Liban , en qualité de Nonce, (ous Clément FUI. Sel' Archevêque deCorfou, nommé Caucus , dans le Livre qu'il a adreflé au Pape Grégoire XIII. déclarent, aufiï-bien que plu- fieurs autres Hiftoriens de la Communion de Rome, qu'il eft très certain qu'il y a beaucoup de Grecs qui fuivent encore aujourd'hui dans les Eglifes Orientales, le fentiment d'Origénc, touchant les peines de l'Enfer, en croiant qu'elles ne feront point éternelles, & que le plus grand nombre de leurs Dofteurs modernes tiennent que dans cette prifon obfcurc qu'ils nomment Enfer, il y a de deux fortes d'Ames; les unes dont les péchez ne font pas fi énormes, qu'elles loient condamnées éternellement à fouftrir en ce lieu là; & les autres qui y feront éternellement, font véritablement condamnées aux Enfers. C'eft par le moien de cette diftinélion qu'ils expliquent les Litur- Ggg % gies 411 CONCILE DE JERUSALEM. gies 5c les paflages des Auteurs qui femblenc fuppoier que les Ames ne Çc^ ronc pas toujours dans les Enfers , £c qu'ainfi la peine des Damnez n'elt pas éternelle. Pour ce qui efl du Paradis^ les Grecs font dans cette perfuafion que les Ames ne jouïflent point de la félicité éternelle: 6c qu'elles ne font point punies des peines de l'Enfer , jufqu'à-ce qu'elles loient jugées au dernier jour du Ju- gement univerfel. C'eft pourquoi, félon le fentiment des Grecs, il fautdif- tinguer deux Paradis. Le premier qu'ils fe figurent eft ce lieu de lumière & de repos, dont il efl: parlé dans les prières de la Liturgie, oii lésâmes des Bienheureux rcpolent en paix en attendant le Jugement dernier. Ce lieu efl: appelle dans l'Office public que les Orientaux recitent pour les morts, k/ein d\Syaham , h Région des vivans , &c. Le fécond Paradis fera la félicité éter- nelle dont ils jouiront dans le Ciel , après le Jugement Univerlel j & ils croient que cette opinion efl: plus conforme au texte de l'Ecriture que celle des Latins. Garce ne fera, difent-ils , que dans ce jour là, que Jcfus Chrift, venant en qualité de Juge dira aux Elus : Fe/iez les bénits de -mon Père ^ pof. fédez en héritage le Roiaume ^ui vous a été préparé dès la fondation du monde^. Matth. if. 54. On peut remarquer fur tout cela, que les Grecs n'ont pas tant rafinc fur la Lumière de gloire des Bienheureux , que la plupart des Théologiens La- tins y 8c que cependant ils condamnent allez clairement le fentimcnt de l'E« glife Romaine touchant le Purgatoire , £c même touchant ce prétendu Miroir de la Divinité y dans lequel les Z«;fi«i prétenJent que les Saints voient dans le Ciel tout ce qui fc pafle fur la Terre : car il y a beaucoup de Grecs qui aflurent, félon le témoignage des Hifl-oriens de la Communion de Rome , citez au com« mencement de cet Article , que les Pérès Grecs nient que les Anges 6c les Bien- heureux voient l'Eflence de Dieu dans le Ciel ; 6c ils s'appuycnt fur ces pa- roles de Theodoret Dial.immuf., oii il dit , que les Anges ne voient point T Effen- ce Divine , laquelle comprend toutes chofes ■, l^ ne peut être comprife ^ ni conçue d'au* cime Créature y mais qu'ils voient une certaine efpece qui cjl proportionnée à leurna- îure. Ils confirment cela par le témoignage de plufieurs autres Pérès Grecs 6c La- tins dont nous citerons maintenant ici , félon nôtre méthode ordinaire , les Pafla- ges qui détruifent les opinions de l'Eglife Romaine, touchant le Purgatoire, 6c ceux qui confirment la Doctrine des Eglifes Reformées fur ce qu'elles croient du Paradis 8c de l'Enfer. La tradition Eccléfiallique nous fournit plu(îeurs milliers de témoignages qui confirment la Confeflion de Foi des Eglifes Protcftantes fur cet Article, mais pour n'être pas trop difius nous en indiquerons feulemenc LX. des plus authentiques 6c des plus précis. I. Juft:inus M^nyr. Refpons. ad Orthod. jf.pag.'^ô^. II. Dionyfius Areopa- git, Eccles. Hierarcb. cap. j.pag.éS. 6c 69 . III. Gregorius Thaumaturgus, Metaphraft in cap. 12. Ecckfiafl. pag. 95. IV. Athanafius. in ^i^ft. ad An- iioclmm. 19. tom. %. pag. 557- ^ ÎS^- V. Idem, de Firginitate. tom. i.pag. 105-6. VI. Gregorius Nazianz. Orat 10. in laudem Cxfarii. tom^ i. pag. 17?. VIL hnàrca.i, C^fariaCappadec.in Apocalypfm. cap. 6. VIII. Arethas. in cap. ijr. Apocal. pag. 95-9. IX. Origenes. lib. 6. contra celfum. X. Chry- fofliumus. Homil. 6y. in Math, tom, a. XL Idem. Homil 6i. in Johan. tom. CONCILE DE JERUSALEM. 423 r. pag. 819. XII. Idem. Homil. 56. in Gènes, tom. i. fag. 295-. XIII. Idem. Homil. 8. in Epift. ad Rom. tom. l- pag 5-8. XIV. Gregorius Nyfle-* nus Orat. confol. infm. Pukheria. tom. 7,. pag. 5-17. XV. Idem Orat fiin. (le Placilla. tom.^.pag 531. XVI. Augultinus, lib. de %-anit. fecnU.tom.cap. I. pag. 947. XVII. Idem Epifl. 80. tom. t. pag. 2z6. XVIII. Arethas! in cap. 6. Jpocal pe.g. 921. XIX. Chryfoftomus. Homil. 27. in Math. tom. 1. . XX Idem. Homil. 65. tom. 6. pag. 977. XXI. Idem. Homil 13. in 2. ad'^Corinth. tom. 3. pag. 624. XX II. Idem. Homil. 36. /ow. 5*. pag. 2^4. XXIII. Idem. i7w«/7. 40. /■« G(?««. /o»/. i. pag. 326. XXIV. Idem, //o- mil. 18. /'« ^/^rt'^- ^<'»^- "^-P-g- 630. XXV. Bafilius. i/ow/7. in 40. Marty- res/«^. 119. XXVI. Gregorius Nazianz. Orat. 10. qua efl in laudem Cic- farii. tom. i.pag. 170. XXVII. Dionyfius Areop. Hierarcb. Ecclef. cap. 7. pag. 74. XX VIII. Ambrofius. Ora/ /ww^. Valentini Imper at. tom. X. pag. 14. XXIX. Auguftinus Ouisjl. Exang. liù. z. cap.'^g. to>n. ^. XXX. FuU gentius. de Lazare. XXXI. Chryfoftomus. Homil. 83. tom. 5. ^»t?. c-o. & 5-71. XXXII. Aihanafius. Ora?. contra Omncs harefes. tom. i. pag. lojS. XXXIII. Procopius. /« cap. 43. Ifai.îpi. Nfs»e^T«/ fâfl yi ikJ? É'-nj 7?{ ro- \— /gument que les Hérétiques nous •«©««î ( ) Af^'.«i7t, ««;' Kâiff7«/, È fourniflent eux-mêmes. Car les Nejlo- » 414 CONCILE D »(K«»Te«, fcî K«/ KcifiTnir.iiç cl ctmZJa ^yii'ârî ittfCK^tMt f^ £71) ( ") -nii à» oû^K9' ''"- hifi'tK , à-Tnilàynnui •? x«.5-ÔAs c^KX>ia-la4 , Ê ■715 ^4 Târ» i!:%a.y.-nr.Kt T Cixni3/jix.â» laaaz ^ li^àf fcv^e/ia> , xa^ tiSt ù-nJj/Jom ifcïi ùvu- à', iipiiTai ) âneoTaç Tnfttiufft rr! x.a,Jj>hix.Yi cM' xXiiaici t â( J>ivei^j j vnuZ- E JERUSALEM. n>«i après l'an du Salut ( ) les armé- niens , les Cofbtes , les Syriens , ^ /« EthyopienSy qui demeurent fous la Li. gne Equinoxiale & au delà , vers le tropi- que du Capricorne , nommez par les Ha- bitans de ces Régions . Campejlens , qui font fcparez de l'Eolifc Catholique de- puis l'an ( ) 8c qui ont chacun une Hércfie particulière comme tout le mon- de ç. fçait par les A<5lfs des Conciles Oecuméniques , ces peuples font néan' moins tous d' accord a-vec nous fur le nombre & la fin des Sacremens , fie surtout C E QJl E NOUS AVONS DITJUS C^U E S ICI, ( à la rcferve de l'hcréfie particu- lière d'un chacun ) t? en ont les mê- mes SENTI M fi NS que PEglife Catholique ^ comme nous le voions de nos propres yeux toutes les heures , £c comme la converfation 6c l'expérience nous l'ap- prennent , dans cette Sainte Ville de Jé- rufalem, où il y a des gens doftes ÔC des ignorans de toutes les Nations donc nous avons parle, qui y viennent en Pèlerinage , ou qui y font leur fejour ordinaire. EnVAcros. icjist y.i b ■Tia.^c^iJ à Tti'jrLu tut af-n >J7i TTjiiiT.» tiit 6tcuiT.ui ?J^7»f àf KVfii©- . 6» ^ Xii* <£ 7î "gj'ros m Tfj-5 cùuicti -m» cuee- vuv. Au.Ij'. EPILOGUE. NOus pourrions dire pluficurs autres chofcs , mais celksquc nous venons de rapporter fuffiront pour détruire ce que nos advcrfaires ont inventé de faux contre l'Eglife Orientale, enmcttantau jour ce qu'il y a d'erroné, de mauvais 6c de douteux , dans les Chapitres de Cyrille. Mais le Seigneur qui a délivre l'Eglife Catholique de tout ce qui lui a été contraire jufqucs àpréfent, ne l'a- bandonnera pas. A lui ioit Gloire 8c Empire aux fîécles des fiécles.Ainfi foit-il. Nous n'entrerons point ici dans le détail de tout ce qui concerne les Erreurs particulières des Seéircs des Grecs, dont les noms (ont rapportez dans ce der- nier Article du Concile de Jèiufalcm , parce que nous aurons occafion d'en par- ler fur la fin de cet Ouvrage , lors que nous ferons voir ce qu'il y a de faux CONCILE DE JERUSALEM. 425 faux dans leurs différentes Confeffions de Foi , qui ont été forgées par des Grecs Latinifez, & produites contre les Proteftans , par les Controverfiftes de Port-Roial, avec l'Approbation de tous les Docteurs ôc Prélats dont nous avons marqué les qualitcz dans la Remarque précédente. Il paroît maintenant dans la Conclufîon de ce Concile , que le Patriar- che Dophk qui en a été le principal Auteur , fie les Grecs de fa Cabale qui l'ont figné, n'avoient pas une connoiflàncc allez exacte de la Créance des Nations du Levant pour en rendre témoignage, puis qu'ils ne fçavoientpas mêtive le tcms auquel ces Chrétiens, dont ils parlent, fe font féparez de leur Communion , puis que ce Patriarche fie tous les autres Grecs de Jérufalcm ont laiûé en blanc , dans leur Manufcrit , les Epoques déroutes les Seéles, qui ont pris naiflance dans le fein de l'Eglife Orientale. Les Doélcurs de Port-Roial , voulant couvrir l'ignorance de ces faux témoins ^ ont ajouté , par un trait de leurs impojiures ordmaires , une datte ptjur rem- plir levuidede cet Article du Concile de jérufalem, dans l'Edition Grecque fie Latine qu'ils en firent paroître l'an 1678. laquelle eft bien différente d'une autre qu'ils avoicnt publiée deux années auparavant , avec une autre verfion Latine très défeétutufe, que les Auteurs du Jourftal des Sçavans de Paris attribuent à un Moine Bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur, com- me on le peut voir dans le lo.Article du Lundi 13. Juin 1678. à la page Z55'. du lîxiéme Tome. Mais ce qu'il y a de plus remarquable dans la conclufion de ce Concile fie qui fert à prouver d'une ?naniâre inconteflable que tous ceux qui l'ont compo- fé ou approuvé , Se tous ceux qui l'ont produit contre les Réformez, n'étoient pas feulement des/(îa//îî/n'j fans Religion Se fans confcience , mais aufll des men- teurs izn% retenue , puis qu'ils ont eu {'impudence d'avancer des ?x\ls fi éloignez de la vérité , qu'on peut les convaincre d'avoir rendu autant de faux témoignages fie publié autant à'i/npojiures qu'il y a de circonflances particulières dans ces àcrrwtrcs Tbefes de leur Concile, par kfquelles ils ont V imprudence , de vou< loir foûtenir que toutes les Nations Chrétiennes du Levant sont d'accore» avec eux sur le nombre Se la fin des Sacre mens, fie qjj' elles ONT AUSSI LES MESMESSENTIMENS SUR TOUS LES AUTRES ARTI- CLES CONTENUS DANS LES Decrets precedens , fie en un mot SUR TOUT CE Qji' ILS ONT DIT Cil général i^ en particulier dans ce CON C ILE. Nous pourrions démontrer le contraire par mille preuves des Neftoriens ^ des Arméniens , des Cophles, des Syriens^ des Eîbyopicns^ des autres Grecs: pour eiucler les preuves tirées de ces fortes d Ouvrages , quoi qu us les pr duifent eux-mêmes contre les Reformez , nous avons réfoiu de n'eraploitr ici que des Pièces fie des Aéles dont aucun Controverfifte delà Communion de Rome ne fçauroit révoquer en doute Tautenticité , niicconrcnu, ians don- ner gain de caule aux Proteftans , par un aveu folemnel des Menîcrits fie àç.% linpojiures que les Nonces , les Légats fie l«s autres Mmijlrcs d'Et.it de la Cour de Rome mettent en ufagc, pour attejler des faujètez Cm IcsVomsCa- Ggg 4 picaux 41^ CONCILE DE JERUSALEM. pitaux de la Religion dans le deflein de tromper les Papes mêmes , 8c fans leconnoîtrc que les plus habiles Théologiens & les plus Sçavans Critiques, dont le Papifme fe fert pour réfuter les Ouvrages des Miniftres Réformez, fe laiflcnt dupper par ces fans témoins qui occupent les premiers rangs dans les Aflcmblées Ecclcfiaftiques de l'Eglife Romaine. Si les Doéteurs de Sorbonne 8c les Prélats de France avouent , que les Pa- pes 8c tout le Clergé de l'Eglifc Latine, que le Roi de France ScfesAm» bafladeursont adopté àtsfaiiffes Pièces, luippoÇées fraiiduleufement, par des Pré- lats revêtus du plus honorable caraébére qui loit dans toute la Hyerarchie Romaine, ils fc condamnent eux-mêmes, 8c on ne doit plus ajouter aucune foi à leurs témoignages, puis qu'ils demeurent convaincus, par leurs propres Ecrits, d'avoir certifié 8c public des infigncs faujfetez fur la plus importan- te matière du monde, 8c qu'ils ne peuvent les i^f^«/yir fans le rendre coupables d'une ylpoftafie qui entraîne dans des Erreurs damnables tous les Eccléafti- qucs 8c tous les peuples de la Communion de Rome, avec tous ceux des au- tres Communions qui fc laiflent fuborner par ces Faux Doreurs de rjnti- chriftianifme. Il faut donc nécefîairement que ces Dofteurs 8c Prélats de France, pour ne pas fe condamner, i^ confondre eux-mêmes , prennent le parti de foûtenir la vérité des Témoignages qui ont été rendus, fur ces matières de Religion, aux Souverains Pontifes de Rome, par des Légats 8c par des Miniltres d'E- tat qui ont été députez expreflement du Confiiloire Papal , 8c munis des Bulles Apofloliques, pour drelîér des Informations Authentiques, dans les Eglifes des Grecs Orientaux , fur tous les Articles de leur créance , 8c c'cft de ces informations là , qui font cnregiftrécs dans les Archives de la Propaga. tionde la Foi de l'Eglile Romaine, 8c dans un Manufcrit de la Bibliothèque du Roi de France que nous tirons les preuves irréfragables , par lefquelles nous allons faire voir ici, \-\fauj]eté de tous les Décrets du Concile de Jérufalem^ 8c la véritable créance des Grecs non Latinifez , pour détruire tout ce que les Doéleurs de Port-Roial 8c les Prélats de PEglife Gallicane ont publié èifaujfe. ment attefié fur cette matière. Nous commencerons cette déduite par un Article du Grand DiEîionaire Hiftorique du célèbre Doéteur Moreri , qui fervira de Prologue 8c de LégaUfa- tion h un des Mannfcrits de la Bibliothèque du Roi de France , qui détruit tous ces Décrets du Concile de Jérulalem , ^ qui confirme tout ce que les Miniftres Réformez ont foûtenu contre l'Egliie Romaine, xo\ic\\^nt la créance des Grecs non Latinifez. Voici mot à mot la Narration de ce fameux Théo- logien fur et Manufcrit , Sc fur fon Auteur. „ Antoine Caucus , Seigneur Vénitien 8c Archevêque de Corfou , niant ordre du Pape Grégoire XI 11. de rechercher avec foin les erreurs des Grecs , les a recueillies au nombre de trente-une, dans un Ouvrage Latin, qui eft dédié ,,au même Pape, 8c qui n'a point été imprimé. Il fe trouve en Manufcrit ■i^, dans la Bibliothèque du Roi, 8c il y a apparence que Richard Simon zti- ,,rc ce qu'il en a mis au jour dans fon Hiftoire de la Créance des Nations „du Levant. Léo yfllatius dans fon troifiéme Livre du Confentcment de l'E- „ glife Orientale avec celle d'Occident, traite fort mal Caucus. Cependant Ri- chard CONCILE DE JE RUS AL E M. 417 Xithard Simon l'excure, & a même pris la dcfenfe contre Léo ^llaiius , dans „ le Livre .cité ci-deflus. Il fait voir que ce que Caucus a remarque dans „ les Grecs de Corfou , est commun aux Grecsdes autres lieux. „ Il dit de plus que cet Archevêque avoit fuivi les ordres qu'il avoit reçus de Ro. „mc, fçavoir d'examiner la Créance des Grecs par rapport au Concile de „ Trente, &aux fectimens des Théologiens Latins: 6c que c'eftcc qui lui a „fait condamner d'erreur tout ce qui n'y étoit point conforme. Richard Simon ajoute que Léo ALlatius n'a pas toiijours gardé les régies de la modération dans la défcnfe des Grecs , qu'il a adouci beaucoup de chofcs dans leurs fentimens, par un efprit de conciliation , & pour être agréable au Pape Urbain VIII. qui avoit alors formé le deflein deréiinirlcs Grecs avec i'Eglife Romaine par des voies d'adouciflement. ( Aprh quoi cet habi- le Critique dit pour conclujion , à la page lo. de fa même Hifioire ) que fi l'on examine avec foin les erreurs que cet Archevêque attribué aux Grecs d'au- jourd'hui, l'on trouvera qu'il y a peu de perfonnesqui les aient remarquées avec plus d' exactitude, 6c qu'// eft hors de toute apparence qu'il eut loulu tromper le Pape dans une affaire de cette importance. Qu'il paroît au con- traire que la fincêrité de ce Prélat a été fort grande , 8c qu';7 s''eji informé pen- dant un long tems de ce que les Grecs avoient de commun avec I'Eglife Ro- maine, 6c de ce qui leur éto\t fmguUer , en reduifant tout ce qu'il a trouvé d'iricompatible avec la, "Théologie des Latins , (^ d'oppofé aux Décifions dM Conci- le de Trente t fous diverfcs Clafîes , dont voici l'Abrégé. I. Les Grecs rebaptifcnt tous les Latins qui fe rangent à leur Communion, & par conféquent font fort éloignez de croire que le Baptême imprime un caraétére qui ne peut jamais s'efiacer, en cette vie, ni même après la mort, £omme l'a décidé le Concile de Trente. II. Ils ne croient point que le Baptême des petits enfans foit d'une né- ceffité abfoluë pour leur falut, comme on l'enfeigne dans I'Eglife Romaine, puis qu'ils diftérent l'adminiftration de ce Sacrement jufqu'à cinq ou fix an- nées, 6c quelquefois jufqu'à dix-huit ou vingt , dans plufieurs Eglifes de l'Orient. III. A l'égard des Sacremcns, ils font dans cette perfuafion qu'il n'y a proprement que le Baptême ôc l'Euchariûie qui aient été inftituez par Nô- tre Seigneur Jéfus Chrift, 6c que les autres ne font que des Cérémonies d'inftitution humaine, dont le nombre 6c l'ufage font diftérens dans les Egli- fes particulières. IV. Ils font dans ce fentiment qu'on ne doit reciter qu'une fois par jour la Liturgie dans chaque Eglife, que la confécration de TEuchariftie ne con- iîfte point dans les paroles que les Prêtres de I'Eglife Romaine prononcent pour cet effet , mais dans l'invocation du Saint Efprit 6c dans quelques au- tres Prières. Ils n'ont point de refpeét, de culte, ni de vénération particu- liére pour ce Sacrement, dans leurs Eglifes, ni ailleurs. Ils le gardent pour l'ufage des malades, 6c non pas pour l'adorer: car ils le portent fans lumiè- re 6c fans convoi, dans quelque petite boéte , ou dans un fac qu'ils tiennent ordinairement pendu dans quelque recoin de leur Eglife où perfonne nejrttc les ypux. H h h V. 4i8 CONCILE D E J E R U S AL E M. V. Ils croient que le Pain confacré le Jeudi Saint , qu'ils célèbrent trois jours avant Pâques , efl: beaucoup plus efficace que celui qu'on confacrc dans un autre tems de l'année par la Liturgie ordinaire. VI. Ils ont une fi grande averfion pour les Eccléfiaftiques de la Commu- nion de Rome , qu'ils ne leur permettent point de faire le fcrvice Diviiï chez eux, & qu'ils lavent même les Autels fur lefquels la Mefledes Latins a été célébrée, parce qu'ils les tiennent pour fouillez , tant à caufe de la Confccration du Pain fans Levain, que par diverfes autres chofcs de la Li- turgie Romaine, qu'ils croient être remplie d'erreurs ôc de fuperfticions abominables. VII. Ils tieiment qu'il cft d'obligation Divine aux Laïques de Communier fous les deux Efpeces , & ils traitent d'Hérétiques les Latins qui cnfeigncnc le contraire. VIII. Ils aflurent qu'il faut donner aux enfans la Communion fous les deux Efpeces, avant même qu'ils fçachent difcerner cette viande d'avec une autre, parce que leur opinion eft que Dieu en a fait un Précepte: C'ell: pour- quoi ils la leur donnent immédiatement après le Baptême , 6c ils condam» nent les Latins qui font dans un fentiment contraire. IX. Ils foûtiennent qu'on ne peut pas contraindre les Fidèles , quand ils ont atteint l'âge dudifcerncmcnt , de Communier tous les ans à Pâques ; mais qu'il faut les laifler en liberté de Confcience. X. Ils donnent la Communion aux Laïques fans qu'ils aient auparavant con- fcfle leurs péchez à quelque Prêtre; Se cela parce qu'ils font perfuadez que la repentancc & la Foi font la feule £c la véritable préparation pour rece« voir l'Euchariftie. X I. Ils croient que celui qui a été une fois Prêtre , peut retourner à l'état de Laïque, & que l'Ordination n'imprime aucun caraélére qui nepuifleêtrc effacé par la dégradation. XII. Ils nient que le Soufdiaconat & les autres Charges inférieures de ceux qui font emploiez dans l'E^life, foient des Ordres Sacrez , comme l'a défini le Concile de Trente. XIII. Ils dilent que les Confeffions font entièrement Arbitraires , c*eft pourquoi on necontraint parmi eux ni les malades, ni ceux qui fe portent bien, à fe confefler tous les ans, 6c on ne les excommunient point , quand ils ne le feroient jamais. XIV. Ils prétendent que ceux qui font des Confeffions volontaires, ne font point obligez d'expliquer en détail tous leurs péchez, ni les circonftauces qui en changent la nature. X V. Ils ne mettent point au nombre des Sacremens l'Onélion que les Prê- tres font furies enfans, lors qu'ils les retirent du Bain, dans lequel ils les bapiifcnt par immerfion : & ils n'attendent point que les malades foient à l'extrémitié pour les oindre , car ils appliquent de l'huile bénite non feulement aux enfans Seaux infirmes, mais auffi à diverfes autres perfonnes, qui vont recevoir cette Onétion dans l'Eglife , pour diverfes fins. C'ell pourquoi les Grecs ignorent tellement ce qu'on appelle dans l'Eglife Romaine Sacrement de Conhrmation & d'Extrême-On£tion , qu'ils n'eu fgavent pas même le A. V il Hora. CONCILE DE JERUSALEM. 419 XVI. Il ne donnent point le nom de Sacrement au Mariage, & ils nient que ce foit un lien qu'on ne puifle rompre. C'eft pourquoi , ils accufent d'erreur l'Eglife Romaine qui enfeignc le contraire , 8c ils foûtiennent que l'Adultère le diflbut entièrement, Sc qu'il eft même licite de fe remarier ea ce cas là , comme ils le pratiquent tous les jours. XVII. Ik condamnent les quatrièmes Noces. XVIII- Ils n'obligent point les Prêtres à garder le Célibat , car ils fe marient prefque tous avant leur Ordination , 6c leurs Femmes tiennent le premier rang dans l'Eglife, & font fort honorées parmi tous les Orientaux. XIX. Ils fe moquent des abftinences que les Latins pratiquent les veilles des Fêtes folemnelles , 6c le Vendredi 6c Samedi de chaque Semaine , aufli- bicnque des Jeûnes des Qiiatrc-Tems Ils afïcélent même de manger ces jours là de la viande, pour témoigner le grand mépris qu'ils ont pour les Or- donnances de l'Eglife Romaine , 6c pour les Conftitutions des Papes. XX. Ils condamnent d'Héréfie les Latins, parce qu'ils mangent des Vian- des étouffées , 6c d'autres aliraens qui font condamnez dans le Vieux Tcfta- ment , 6c dans le Livre des Actes des Apôtres , félon l'interprétation qu'ils donnent au premier Concile de Jérufalem. XXI. Ils nient le Purgatoire, quoiqu'ils prient Dieu pour les morts, dans le deflein de fléchir la Miféricorde de Dieu en leur faveur , pour le jour du Jugement Univerfel: croiant que lésâmes n'entreront point , avant ce tems là, dans le Paradis , ni dans l'Enfer , mais feulement après qu'elles feront réunies à leurs Corps par la Réfurreètion générale. XXII Us ne veulent point célébrer les folemnitez de la Vierge 6c des Apôtres , ni les Fêtes des autres Saints aux mêmes jours , ni de la même manière qu'on le fait dans l'Eglife Romaine: parce qu'ils méprifent non feu- lement les Saints qu'elle Canonize , mais aufll le culte qu'elle leur rend. XXIII. Us difent qu'il faut abolir le Canon de la Mcfle , le Pontifical, le Rituel 6c le Bréviaire des Latins , parce qu'il y a quantité d'erreurs 6c de pratiques infupportables. XXIV. De tous les Conciles qui ont été célébrez dans l'Eglife Chrét ienneen divers tems, ils n'en reçoivent que fept, qu'ils tiennent pour Oecuméniques, dont le dernier , félon eux , eft le fécond de Nicée. Us ne reconnoiflent point du tout les autres, 6c ne tiennent aucun compte de leurs Décifions. XXV. Us ne reconnoiflent en aucune manière la Primauté des Papes de Rome, 6c ne font aucun cas de leurs Décrétales , de leurs Statuts , de leurs Bulles, ni de leurs Anathémes. XXVI. Us nient abfolument que l'Eglife Romaine loit la véritable Egli« fe Catholique, 6c qu'elle ait le droit de commander aux autres, ou de pré- fider dans leurs Aflèmblées Ecclcfiaftiques. Us préfèrent même l'Eglife Pa- triarchale de Conftantinopic à celle de Rome pour les Titres d'honneurs 6c ils excommunient le jour du Jeudi Saint , d'une manière très foicmnelle tous les Evêqucs Latins 6c le Pontife Romain , comme des Hérétiques 6c Schifmatiques. Les autres cinq Articles àxiManufcrit de la Bibliothèque du Roi de France, concernent l'opinion des Grecs, touchant la Procejfion du Saint Efpnt, il Hhh 2 'j:gr^ 430 CONCILE DE JERUSALEM. /b;«/Vrt/zo« des pcrfonnes libres , la Rejîitution du bien mal acquis, la Fraude, & VUfure , qui font des matières fur lefquelles il n'y a point de dif. pute entre ceux de la Communion de Rome 8c les Reformez; c'eft pourquoi au lieu de nous y arrêter, il vaut mieux que nous irifijlions pkts fortement fur les principaux Dogmes des Grecs que nous venons de rapporter feloiî^ l'Hiftoire Manufcrite de Caucus , reconnue pour authentique dans les Ouvrages des plus fameux Controverfiftes de la Communion de Rome, & que nous faflîons voir que Léo Allatm^ Bibliothécaire du Pape, n'a pas raifon à^accufe;- l'Arche vcque de Cor fou, Auteur de cette Relation , d'y avoir mis quelque chofe de contraire à la vérité. Voici des preuves irréfagables que tous les Grfcs non Latinifez font dans les fentimens que ce Prélat 6c Commiflaire du Pape leur attribue dans cet Ecrit, dont le fçavant Richard Simon a fait lui-même l'Apologie dans fon Hijîoire Critique de la Créance des Nations du Levant, o\i il dit très exprefle- ment à la page lo. Se dans les neuf fuivantes. „ Qu'il n'eft pas difficile de „ juftifier Caucus dans les opinions qu'il auribuë aux Grecs, Se de faire voir. „ que Léo Allatius a déguifé leurs véritables fentimens par un efprit de Con- „ ciliation, Sc pour faire plaifir au Pape Urbain VIII. qui avoit alors formé le „ deflein de les réiinir par voie d'adouciflement. Sur quoi nous pouvons dire, qu'il fit à peu près comme l'Evêque de Condom a fait l'an 1671. dans fa. fameufe Expofition de la Doctrine de VEglife Catholique, en palliant la Créance Se les pratiques de l'Eglife Romaine, pour tromper les Proteftans qu'il vou* toit lui ibûmettre. Premièrement, pour ce qui regarde la rebaptifation des Latins, il eft' „ certain (dit Richard Simon à la page 11.) qu'ils l'ont fait en d'autres en- ", droits que dans Corfou, Sc cela par inimitié qu'ils ont contr'eux, regardant toutes leurs Cérémonies comme abominables. C'eft pour cette même raifon, ',' Qw'ils condamnent auffi la MeJJe des Latins, qu'ils lavent leurs Autels après qu'un Prêtre Latin y a célébré la Méfie, comme s'ils axoient été profanez^ t:Z qu'ils confidérent les Pains Aziraes confacrez par les Latins, comme dei ,, cbofes impures. _ _ , ^ On en peut voir les preuves, non feulement dans nos Ecrivains, (ajou» te ce fcavant Critique) mais même dans le Droit Oriental, Se principalc- " ment au Titre premier dans la Réponfe des Patriarches , oîi la plupart de j. " Cas qui regardent les Cérémonies des Latins, ibnt propofcz. Se en même " tems réfolus contre ceux qui faifoient paroître trop d'averfion pour le Cul- " te des Latins. D'oii l'on peut voir, que le plus grand nombre des Grecs rC!- " icttoient les Cérémonies qui s'obfervent dans l'Eglife Romaine, comme im- " pures 13 profanes. Se qu'il n'y a eu parmi eux que quelques Pacificateurs^ qui ont tâché de modérer cette grande- avcrfion que les Grecs Orientaux ont pour les Latins. En fécond lieu, ce qui a fait dire au Prélat Caucus, que les Grecs ne "cconnoiflent point le Sacrement de la Confirviatiun Se de VExtrême-Onaiotij, c'eft, (dit le même Auteur) qu'il les a confidérez par rapport à ce qui s'obferve dans l'Eglife Romaine, où le premier de ces Sacremens eft don* né féparémentdu Baptême,- Se parce qu'^jourd'hui une des plus grandes occu* >5 CONCILE DE JERUSALEM. 43X „ occiipations des Evêques Latins cft d'adminiftrer dans leurs Vifites ce Sa- „ crement qui leur eft réfervé. Le fécond n'eft jamais donné dans l'Eglifc „ Romaine, qu'a ceux qui font à l'extrémité; d'oii cette Cérémonie a pris „ le nom d'Extrême-Ondtion. Mais les Grecs donnent ce premier Sacre- „ ment en même tems que le Baptême, Se l'Eglife Orientale s'eft toujours „ confervée dans cet ufage, qui eft bien différent de celui de l'Eglife d'Oc- „ cident, car les Grecs ne font pas cette Ondion fur le front de quelque Adulte, & n'impofent point les mains comme dans l'Eglife Romaine, mais ils appliquent le Chrême fur les yeux, le nez, la bouche, les oreilles, la poitrine, les mains, 8c la plante des pieds, comme dans l'Extrême-Onftion, en difant rt^^yiiib^ia^ ■m^j/.i.-c®- àyt». Reçois le fceau du Saint Efprit. Et ils n'appellent point cette Cérémonie du nom de Sacrement, ni de celui de Con- firmation, mais feulement le fceau des Dons fpirituels. L'Eglife Romaine a décidé par un Décret du Concile de Trente, que la Confirmation ne doit jamais être reitérée, & que c'eft un Sacrement qui imprime un Caractère indélébile, mais les Grecs croient tout le contraire, 8c le témoignent même pareffet, en ce qu'ils appliquent le Baume, dont nous parlons, à tous ceux qui ont erré ou Apoftafié, toutes les fois qu'ils font une nouvelle abjuration, afin d'attirer fur eux de nouvelles grâces. Et pour ce qui eft de l'Onétion des infirmes , que les Grecs appellent Euchclaion, Huile de Prière , 8c Apo- -murifmon, Compofition de Parfums : bien loin d'attendre que les malades foienu à l'extrémité pour les en oindre, comme il fe pratique dans l'Eglife Rc maine, tous ceux qui ont quelque infirmité vont à l'Eglife, où l'Evêque accompagné de fept Prêtres, fait la prière pour eux, en leur appliquant cet- îe Huile fur le front, fur les orerlles 8c fur les mains. On fait auffi la mê- me Onétion fur des perfonnes qui fe portent bien , mais qui font tombées dans quelque grand péché tel que l'Adultère, par lequel le corps 8c l'arae font également fouillez, 8c fi la Cérémonie fe pratique dans la maifon de quelque particulier, on applique auffi la même Ondtion fur tous ceux qui font préfens , 8c même fur les murailles de la chambre oii fe trouve l'Aflenï. blée, en y formant des croix avec cette Huile, pendant que les Eccléfiafti- ques 8c tous les Afiîftans chantent le Pfcaume 91. qui eft le 9c. de la Vul. gâte, dont le premier verfet commence par ces paroles: Celui qui fe retire dans VÂfyle du Très-Haut, demeurera fous la protection du Dieu du Ciel, ^c. Tout le contenu de cette Relation eft confirmé non feulement par l'Hi- ftoire de Richard Simon, mais auffi par la Relation de Monfieur de la Croix, Envoie du Roi de France à Conftantinople , par une autre de Lucas Holjîe- nius que le Cardinal François Barberin a fait imprimer à Rome , 8c par une iroifiéme du Jéfuite Dandini, qui fut envoie par le Pape Clément F III. en qualité de Nonce aux Maronites du Mont Liban. Voila par conféqucnt des faits bien avérez qui prouvent que les Grecs rebapriiènt les Latins, 8c que les différentes Ondions de l'Huile bénite dont ils fe fervent pour les nou- veaux baptifcz, pour toutes fortes de maladies, pour divers pécheurs fcan- daleux, 8c pour tous ccux^ qui fe portent bien, 8c qui défirent que leu?s corps 8c leurs chambres même foient munies de cette Huile, n'ont aucurt rapport avec les deux prétendus Sacremens que l'Eglife Romaine appelle H h h 5 Cûœ- 43Î CONCILE DE JERUSALEM. Confirmation & Extrême-Onction., & que les Grecs n'en connoiflent pas mê. me le nom, comme l'aflurent tous ces Hiftonens Papiflres que nous venons de citer. En troifléme lieu, pour ce qui eft de l'Adoration que les Grecs ne rcn- „ dent point au Sacrement de l'Euchariftie après la Confécration, il eft cer- tain (dit Richard Simon) qu'ils n'ont point cette vénération cérémonialc ", qui s'obferve dans l'Eglife Latine, parce qu'ils font demeurez dans leur „ ancienne finiplicité, 6c on ne doit pas les blâmer de cela, puis qu'on ne 3, trouve rien dans les Livres des Anciens Pères, ni même dans leurs Litur- \, gies, qui approche du Culte extérieur qui eft aujourd'hui en ufige dans 5, PEglife Romaine. C'cft pourquoi il ne faut pas s'étonner que Caucus aie „ afluré qu'il n'y a point de Nation qui rende moins d'honneur au Sacre- 5, ment de l'Euchariftie que les Grecs, 6c fi Metrophanes Critopuk , Proto- „ fyncelle de la grande Eglife de Conftantinoplc, reprend les Latins de ce ,, qu'ils portent ce Sacrement par les rués avec pompe le jour de la Fête- j, Dieu , 8c quand on le va donner pour Viatique aux malades. Voila de quelle manière Richard Simon s'eft expliqué dans les pages ig. 65- 6c 68. de fon Ilifioire Critique de la Créance 6c des Coutumes des Nations du Levant, mais nous avons beaucoup d'autres Auteurs de la Communion de Rome, qui confirment ce que ce fçavant Critique a dit pour la condamnation des Latins fur l'Adoration de l'Euchariftie, 6c qui nous fourniflent même des preuves beaucoup plus fortes 6c plus évidentes, du peu de refpeél que les Grecs ont pour ce Sacremtnt. En voici deux ou trois qui fufïîront pour convaincre de ce fait les plus incrédules. L'Hiftoire de Galamis qui a été imprimée à Rome l'an 1650 en deux gros Volumes in folio, aux dépens de la Congrégation Papale de la Propagation de la Foi, contient divers Aéles écrits en Langue Arménienne, 6c recueillis par l'Auteur dans la Colchide, dans l'Ibérie 6c parmi les Arméniens, avec kfquels il avoit demeuré plufieurs années. Ces Aéles, qui font très curieux, fervent à prouver que tous ces Grecs que nous venons de nommer 6c leurs Voifins, confacrent l'Etwhariftie dans des Calices de bois, 6c qu'ils la por- tent aux malades avec une grande irrévérence , fans aucune lumière 8c fans convoi. Que les Prêtres communient tous cnfemble, en recevant le Pain 8c le Vin que le Célébrant leur met entre les mairs. Que les Eccléfiaftiques ne recitent point le Bréviaire. Qiie le Prince les contraint d'aller à la guer- re, 8c qu'au retour de là ils exercent leur Miniftére fans aucune difpenfe de leur irrégularité. Qu'ils ne fe mettent pas en peine de recevoir le Baptê. me. Qu'ils fe confeifent pour la première fois quand ils fe marient, en di- limt feulement quatre mots en général. Qiie lors qu'ils baptifent quelqu'un ils lui donnent en même tems la Communion fous les deux Efpéccs, mais que les Adultes ne la reçoivent que rarement, 6c qu'il y en a même plufieurs qui meurent fans la recevoir. Qu'ils ne croient point de Purgatoire, parce qu'ils nient le Jugement particulier des Ames avant la Réfurrcéirion généra- le. Que leurs Prêtres font tous égaux en Jurifdiélion, 6c ne dépendent d'au- cun Patriarche, mais feulement des Seigneurs temporels 6c des Gouverneurs des Provinces. L'on CONCILE DE JERUSALEM. 433 L'on a inféré dans le même Livre de Galanus, une Lettre du Pctc yfvita- hliSi Clerc Régulier & Chef des Miflîonnaires , que le Pape Urùain FUI. cnvoia à ces Peuples là. Elle efl: de l'an 1631. Ce Religieux étant alors dans la Géorgie adrefTa cette Lettre à ce Pontife, 6c lui marqua fort éxafte- ment tout ce qui concerne la Créance 6c les Coutumes de ces Grecs Orien- taux. Le contenu de cette Relation eft confirmé par les Lettres du Prince des Géorgiens à Urbain FUI. qui font en Original dans les archives de Ici Comréga- tion de la Propagation de la Foi à Rome. Elles font auffi inférées avec une traduélion Latine dans le même Recueil de Galanus. Ce Prince dit, entr'autres chofes, dans fa première Lettre au Pape Urbain, que la Foi a été confcrvée pure dans fes Etats depuis Conftantin le Grand jufqu'à fon tems. Que tous les Grecs qui font dans la Géorgie ^ la Alingre^ iie^ YAvogafte, la Circajfte , la Cornanie, la Zuirie, 6c dans tout ce vafle Pais de Vy^/ie qui eft entre la Mer Noire, le Gurgiftan 6c les Montagnes du Cauca- fe , ont la même créance, avec cette différence néanmoins, que les Mcnrre' liens demeurant dans les Montagnes 6c dans les Bois, font fi ignorans dans la Religion, qu'ils ne fçavent pas même les paroles néceflaii-cs pour le Bap. tême, lequel ils adminiftrent à la manière des Géorgiens.^ fi ce n'cft que quel- ques-uns d'entr'eux, pour le rendre plus folennel, baptifent quelquefois avec du Vin fans eau , par une triple immerfion, 6c oignent enfuite prefque toutes les parties du corps du nouveau Baptifé, l'opinion de ces Peuples étant que le Baptême confilte principalement dans l'Onction de l'Huile confacrée, ce qui n'eft pas éloigné de la Doétrine des autres Chrétiens de l'Orient, qui appellent cette Onction la perfecîion du Baptême. Le Pcrc Avit abolis ., le Pérc Zampi , 6c les autres Miffionnaires du Pape, té- moignent par les Relations Authentiques de Galanus, qu'il n'y a aucun Prê« tre Grec, parmi les Nations dont nous venons de parler, qui puifle être afluré d'avoir reçu véritablement la Prêtrife, parce qu'il arrive fou vent que ceux qui font l'Ordination n'ont point été baptilcz, 6c que pour l'ordinaire ils font plus ignorans que les Prêtres qu'ils ordonnent fans fe mettre en pei- ne d*éxaminer leur capacité, mais feulement s'ils ont de quoi paicr l'Ordi- nation; ce qui fe monte à la valeur d un Cheval. Ces MiŒonnair-s aflurcnt aufll que les Prêtres de ces Païs-là, peuvent non feulement fe marier fclon l'ufage de l'Eglife Grecque, avant leur Or- dination, mais aufli pailér aux fécondes Noces en prenant de leur Doyen une difpenfe qui leur coûte une Piftole. Le Chef des Doj'cns , qui tienc le premier rang dans toutes ks Aflemblées Eccléfiaftiques, n'ordonne poinr auffi de Coreveques, ou Coadjutturs, qu'ils ne lui paient auparavant la fom^ me de 500. écus. Àuill-tot que quelqu'un efl malade, il appelle un Prê- tre, pour lui fervir plutôt de Médecin que de Pcre fpirituel, lequel ne par- le point à fon malade de Confeffion, ni d'Extrêmc-OncVion,- mais en feuil- letant un Livre avec beaucoup d'application, il fait fcmblant de chercher I* véritable cauie de la maladie, 6c ne la trouvant point il l'attribue prcfquc toujours à la colère de Dieu. C'eft pourquoi le Prêtre ordonne, que le malade fera quelque oftrande à fon Eglifc. Cette ofîrande confifte en bef- tiaux 6c en argent, & le Prêtre feul en profite. Hhh 4, Lr. 434 CONCILE DE JERUSALEM. Le Père Zampi, qui n'étoit pas moins rempli des préjugez de la Théolo* gic des Latins, que les autres Miflîonnaires du Pipe, fit plufieurs queftions à ces Grecs, par rapporta cette même Théologie. Il leur demanda cntr'au- tres chofes , fi lors qu'ils adminiftroient quelque Sacrement, ils avoient une véritable intention de l'adminiftrer? Et fiir cela il doute s'ils confacrent vé- ritablement le Pain 8c le Vin , parce qu'ils ne fçavent ce que c'eft que cet- te intention, & ne célèbrent que par habitude, & pour en tirer du profit. Circa rinttntione^ non fanno che fia^ folo per ufanza celebrano , è per T ekmofina . per cio fe fti valida la confecratione , nn rimetto à Dot tort. Il leur demanda de plus , en quoi ils faifoient confifter la forme de cette Confccration .^ Et aiant fait cette queftion à plufieurs d'entr'eux , il ne s'en trouva pas un qui le fatisfit. Ce qui mérite le plus d'être remarqué , eft la réponfe d'un Prêtre Mengrelien , à qui le même Père demanda, fi après la Confécration du Pain & du Vin, ce Pain 6c ce Vin étoient véritablement changez au Corps 6c au Sang de Jéfus Chrift ? A quoi il répondit , en fon- riant , comme fi jelui enjfe dit une plaifanterie ^ qui ejl-ce qui apporte Jéfus Chrifi du Ciel £5? le met dans le Pain ? Et comment peut-il y venir (^ demeurer dans un petit morceau de Pâte? Pourquoi veut-il fortir du Ciel pour venir fur la 'terre? On n'a jamais vu une pareille chofe. Voici les propres Paroles de ce Miflîon* naire Apoftolique: Interrogai uno di quefti Révérend i ^ fe fatta la Confecratione .del Pane e Vino , veramente dopo quel Pane e Vino fofc il Corpo c Sangue di Cbriflo ? ^leflo foridendo , corne fe gli haveffi detta una facetia , tlijfe Chi porta Chriflo nel'pane, (^ come puo venirvi ^ e corne piio Jiare in un picciolo pejfo di paffa y £5? perche fi vuol part ire dal Cielo per venir in terra ? m mai fi e •aifio fimil cor a. Le Père Zampi ajouta à ces queftions une autre demande fur la matière des Sacremens : à fçavoir, fi au cas que le Prêtre oubliât les Paroles & les Prières de la Confécration, la Méfie feroic valide? A quoi le même Papas répondit , pourquoi non ? Cela fcandalifa fi fort ce Mifîionnaire de Rome qu'il en donna avis au Pape 8c lui marqua dans la même Relation , de laquel- le nous avons tiré ceci , que les Papas Grecs de l'Afie ont fi peu de refpcct pour le Sacrement de rEuchariftie,qu'au lieu de le conferver dans des Vafes pré- cieux comme les Latins , ils le tiennent dans unpetitfac de cuir , ou de toile , qu^ils ont toujours attaché à leur ceinture , le portant par tout avec eux .^ pour s^nfervir dans les occafions , lors qu'il faut donner le Fiatique aux malades, ^^ils ne font même aucune difficulté de le donner à porter à d\iutrcspcrfonnes ^ fit homme ^ ou femme : 13 comme le Pain confacré , qu''ils gardent une année toute entiè- re , vient dur , ils le rompent en petits morceaux pour le faire tremper , fe 'mettant fort peu en peine des petites parties de ce pain corijacré qui tombent à l'erré , ou qui refient dans le fond du Vafe ou il a été détrempé. Toutes ces Relations , fi authentiques , H munies de l'Approbation du Pape Urbain VlTî. qui répondit aux Lettres du Princes des Géorgiens, Se aux Mémoires de ces Miflîonnaires que nous venons de citer , ôc dont les Ecrits fe confervcnt, comme nous l'avons dit , dans les Archives de la Propagation de la Foi à Rome , font voir d'une manière bien claire , que la Créance des Grecs f/? bien différente de celle de l'Eglife Romaine touchant les vingt- fix Articles dont nous venons de par- ler , ^ COKCILEDE JERUSALEM. 43^ In-, Se fur tout pour ce qui concerne le mm^ie, la matière. Informe & Pu- fagc des Sacremens, puis que de fept qui font en ufage dans le Papifme, les Orientaux font dans cette perfuafion qu'il n'y a proprement que le Baptême & l'Euchariflie qui foient d" Inflitution Divine^ comme on le peut voir dans la féconde Réponfe du Patriarche Jérémie aux Théologiens de Wittcmberg , Se dans les Ouvrages de tous ces plus célèbres Hiiloriens de la Communion de Rome, dont nous avons rapporté plufieurs témoignages, pour juftifier les propofitiorfô de Caticus touchant ce qu'il attribue aux Grecs. Nous aurions pu infiflcr plus fortement que nous n'avons fait, fur quel- ques-uns des Articles précédens, mais aiant fait réflexion que peur retrcerfer tout rOuvrage de la Perpétuité de la Foi de VEgUfe Ro-maine , il fuffifoit de faire voir que les Grecs non Latinifez ne croient ni la Tranfjubftantiation ^ ni la Préfen- ce réelle, Sc qu'ils n'adorent point le Sacrement de rÊuchariftic , par ce Culte idolâtre qu'on lui rend dans tout le Papiime, nous nous fommes contentez d'indiquer les Auteurs 8c les Paflàges qui confirment les autres Articles de la Créance Se du Service Divin des Eglifes Réformées, auflî folidement & avec la même évidence que ce que nous avons démontré par mille preuves irréfragables touchant le Sacrement de la Sainte Cène. Il n'eft pas même nécellaire que ceux de la Communion de Rome, qui voudront s'éclaircir de la vérité des Dog- mes 8c des Faits les plus importans dont nous avons parlé, en aillent cher- cher les preuves bien loin, ni dans des Ecrits fufpcfts. Ils en peuvent fa- cilement trouver d'aflcz claires 8c d'afiez fortes dans des Ouvrages qui font à leur portée, 8c mis au jour en Langue Vulgaire par des Auteurs de leur propre Communion qui font Içavans, 8c qui parlent d'une manière fincére: comme par exemple le doéVe Richard Simon .^ qui s'eft rendu fi célèbre par fes Ouvrages pleins d'érudition. Les plus idiots d'entre les Papilles n'ont qu'à voir la page quatorziétni de VHifloire Critique de la Créance ^ des Coiitumes des Nations du Levant , donnée au Public, en François, par cet habile Coniro- verfiftc, 8c ils y trouveront d'abord qu'il rcconnoît, comme une vérité in- conteftable, que les Réformez ont raifon de foûtenir que yéfus Chrift n'a in- stitue que deux Sacremens, qui font communs a toute l'Eglifc, à Içavoir le Baptême Sc la Sainte Cène, puis que les autres cinq que l'Eglife Romaine y ajoute ne font que des Cérémonies d'inilitution humaine, qui n'ont aucun fondement dans l'Ecriture, 8c que les Grecs les regardent avec autant d'in- différence que les ^utra pratiques arbitraires àcV3.'R.c]\g\on , qui dépendent des changemens 8c des variations de la Difcipline Eccléfiaftique, dont les Régies peuvent être différentes dans chaque Eglife particulière, fans que les Fiuclcs des autres Sociétcz de la Chrétienté foient obligez de les fuivre. Voila pourquoi les Grecs ne reçoivent point conme des Sacremens Di'vins, ceux que l'Eglife Romaine veut faire pajjer pour tels , fous le nom de Confir- mation^ de Pénitence ou Confeffion Auriculaire^ à'Extréme-Ontlion ^ à'Ordre 8c As Mariage , comme cela paroît dans la féconde Reponfe du Patriarche Jé- rémie aux Proteftans d'Allemagne, citée par Richard Simon ^ dans l'endroit que nous venons d'indiquer, 6c rapportée en Grec à la marge de fon Ou- vrage en ces termes. W x.V£/.û-reçy. x fiv:^e^iiv tÔ fiaTrliyux iC, )]■ eUa. ef7K. . . «»B Ê TCiïm- •miçihiKii i ExxAçnV, , m Miità. ip^tti «x&* ^ «"'îa. Ce mêmc Théologicn François I i i rapporte 4i6 CONCILE DE JERUSALEM. rapporte dans la même page, un autre témoignage de ce Patriarche, qui dit aux Proteftans dans fa première Réponfe: Fous fufitenez qu'il faut communier fous les deux Efpéccs^ i3 en cela vous avez raifon. <»*7tJ» in fi.i-m^«.iiZ»mt hî ê Ceux qui n'ont pas le moien d'examiner les Controverles dans leur four- ce, trouveront les autres Articles de la Créance des Eglifes Réformées, ÔC leur conformité avec les Points fondamentaux de celle des Grecs, prouvée dans le même Ouvrage, par des Ades 6c des Ecrits tirez des Archives du Pape y ou de celles de fes principaux Miniftrcs d'Etat Eccléfiaftiques. En voici deux Extraits, qui ferviront à ratifier toute la Créance des Réformez, en dé- tfiontrant pzr la Conclufion de ce Difcours, que les Grecs ne condamnent pas feulement le Culte de l'Eglife Romaine, mais auffi/î Doéîrine, par les A>ia' thèmes qu'ils fulminent tous les ans contr'cUe. Caverfion qu'ils^ ont pour ■fon Culte paroît dans V Pli foire du Concile de Florence , compofée par Syropule Grand Ecclcfiarque du Patriarchat de Conftantinople, 6c citée par Richard Simon qui en a tiré les paroles fuivantes. ^.and f entre dans quelque Eglife des Latins [dit cet Auteur Grec] je ne falu'é aucun des Saints que fy voi , parc^ que je nen cannois pas un. J'ai même de la peine à y reconnoitre Jéfus Chrifl , que je n'adore point auffi, parce que je ne fçai de quelle manière ils le répréfentent. Ç)Tcui «5 »«« àuix6a X»mm .^ « tza^muuii ma T àtc^n uyian ^ Èjrfi lîh yiue/i^a mx. Tin Xg/CjjV 'iraç fiôf'.a ■yvcoQ-i^n i àx^' »5"' cyxeïti» ir&axuuî! , ii «rs chi ttàl) Trû^ iTnyQ^ipiTzti. Richard Simotl qui rapporte ce Partage fur la fin de la' page 19. de fon Hiftoire des Nations du Levant l'a tire d'un Manufcrit très Authentique de la Bibliothèque du Roi de France, dont le Docteur i\/o? m fait mention dans fon Grand Diétionaire Hi- Itoriquc , fur l'Article de Syropule y qu'il dit avoir été fort éloigné des fenti- mens des Latins, comme il paroît dans ce Manufcrit de l'Hiftoire du Conci- le de Florence. Le dernier Article, qui concerne les Anathèmes que les Grecs prononcent contre l'Eglife Romaine, fe trouve confirmé par le /^«'^^•«a- Je fui te Dandiné qui fut envoie au Mont Liban .^ en qualité de Nonce À poil oli que , par le Pape Clément VIIL l'an i^pô. 6c qui à fon retour fit imprmier , dans la Ville de Ccfene en Italie, la Relation de fon Voiage fous ce Titre: Mifftone Apofloli- ca al Patriarcha è Maroniti del Monte Libano. Slampata Vanno lôfô. Ce Nonce Apoftolique dit au Chapitre 5-. de fa Relation dédiée au Pape: J'au" rois bien des chofes à dire y fi je voulois rapport rr tout ce qui concerne les Prélats Grecs, 6? déchiffrer la conduite des Prêtres 6c des autres Eccléfiaftiques de cette Nation j les motifs qui les portent à avoir tant d'horreur pour V Eglift Latine , £5? toutes les Malédictions 13 les Excommunications qu'ils fulminent contr''elle , dans les jours les plus faints, 6? lorsque nous priom Dieu pour leur Converfion. Tout cela prouve d'une manière bien évidente, 6c par des Ecrits dont les Papes, eux-mêmes , ont reconnu l'Authenticité , que les Nations Chrétien^ nés de l'Orient, 6c tous ces différens Peuples qu'on nomme aujourd'hui Nefta- riens, Ibèriens, Mengreliens , Indiens^ Arméniens, Ethyopicns , Melchites, Jaco- iites. Maronites, Cophtçs, 6c les autres Grecs dont nous avons parlé dans cet Ouvrage, foat tellement éloignez de la Créance de l'Eglife Romaine, qu'ils ne CONCILE DE JERUSALEM. 437 •ne fc contentent pas de condamner ouvertement fa Dodrine, mais qu'ils re- nouvellent auffi, tous les ans, plufieurs Ânathcrnes contre les Pontifes 6c contre tous les Eccléfiajllques Latins^ pour témoigner qu'ils les ont en abomination, & qu'ils déteftent par un faint zélé de l'ancien Chriftianifme, toutes les innova- tions^ fie toutes les impiétez qui défigurent TEglife Occidentale par une infinité d'endroits. Voila par conféqucnt tout ce grand nombre de Grecs non Latlni- fez, qui fournifîent aux Proteftans, de quoi convaincre tout le monde, que les Décrets du Conciliabule de Jérufakm 6c tous ces autres témoignages de même nature, qui ont été produits contre les Réformez, par les Docteurs de Port-Roial , avec l'Approbation des plus célèbres Prélats de France, ne font que àe faiijfes Pièces , fignées 6c produites par des Créatures du Papifme^ qui bien loin d'avoir quelque fincérité y n'avoient ni honneur, ni Confidence, ni Religion, comme cela paroît en ce qu'ils ont voulu établir la fau[fie Doctri- ne fie le Culte idolâtre de l'Eglife Romaine fur les impofiures des plus infignes menteurs 6c des plus grands fourbes qui aient jamais paru fur la Terre. Cela fuffit pour démontrer de quelle manière les Théologiens, les Docteurs ficles Prélats de l'Eglife Gallicane fe font appliquez à fiire forger toutes ces pré- tendues Confeflîons de Foi remplies de menteries , fie à compiler toutes ces faufi~ fies Pièces dont ils ont compofé quatre gros Volumes, pour faire entendre aux Peuples ignorans de l'Eglife Romaine, que la véritable Religion Chré- tienne a toujours été telle qu'on la voit aujourd'hui dans le Papifme, 6c que les Grecs ont toujours été, 6c font encore préfentement dans les mêmes m\- timens que les Latins; mais tout ce que nous venons de produire fait bien voir que les Réformez ont raifon de foûtenir le contraire, & que leur Théfe eft appuiée fur un fi grand nombre de preuves de Droit fie de Fait , 'à claires, Çïfiortes, fie tellement inconte fiable s, qu'il feroit inutile d'en ajouter quelques autres, bien que nous en aions plufieurs qui font également irréfragables, fie très propres à confondre tous ceux qui foûtiennent les Erreurs 6c les Idolâ- tries du Papifme, ou qui s'imaginent de pouvoir combattre la Religion Réfor- mée avec fiuccès. Nous avons encore beaucoup d'autres moiens fie beaucoup d'autres Pièces à produire contre ceux qui pourroient être aflez mal avificz que de former ce deflein chimérique; mais pour fuivre notice Plan dans tout cet Ouvrage, nous en dreflerons une Contrebatterie , pour détruire toutes cel- les du Clergé de France, après que nous aurons mis ici la datte 6e les Signa- tures du Concile de Jérufialem, qui nous a déjà fervi à battre en ruine les meil- leurs remparts de l'Eglife Romaine, 6c à démolir le plus grand Edifice que l'Eglife Gallicane fe foit jamais avifée de conftruire pour la défcnfe du Pa- pifme. Voici les noms de ceux qui ont plus fortement travaillé que tous les autres à cette pernicieufie entrcprifie. S» trn TJ ffUTVis/.a a. x ' ^ ■ fcUi Mceç-nM L'au du Salut 167!. le 1 6. du mois • 5-'. E» r^ â}iu, mxi isgamf^ifc. (Ic Mars, dans la làinte Ville de Jéru- fàlem. I Aeïijîos e'/Ew ©f« 7mre/.û^^i ■? a-jicu; Dosithe'e , par la bénignité de i«j«»kA);^ è -TOODs n«A«^îi'»;î5 , i^(f «/MfjK/ è Dieu, Patriarche de Jérufalem la Sain- ifio?,ty£ ikù-Hm (iyccj tW îti'çw V ctinTvMK-^f te, 6c dc toutc la Palcftine, j'affirme fie «i«»A)iW««. lii z I o nirjjsj 4^S CONCILE DE JERUSALEM. ~^ confcfle que celle-ci eft la Foi de l'E; glife Orientale. Dorothée de Petra , j'ai figné cette dé« claration. Partbénius , Métropolitain de la Sainte Nazaret. Jofaphat , très humble Métropolitain de Ptolemaide , de Polifidonc , & Pri- mat de Céfarce dans la Palcftine , j'ai fî« gné. Néophyte .f hurnblc Métropolitain delà Sainte Bethléem , j'affirme. Chriftoduk , humble Archevêque de Gaze , Se Coadjuteur du très faint Ar« eÀ y-A '™'"? '^f ■iOj.i^iV., è> rf! Ibériens ( dans le Gurgijlan ) Sc auprès des wu i?r,s^f o-uvi^f, hs/.mti vsrii^a^^ci. ttès illufl-rcs Princcs dc la ColchideSc de l'Ignurie, décidant avec le Synode delà Géorgie fupcrieure, j'ai foufcrit. Jojèph , Mparatafieincs , Prêtre-Moi* ne , Se Direéteur du Monaftére des Ibé- riens ( 0!( Géorgiens ) de Jérufalem , je fuis du même fentiment. Grégoire , Prctrc-Moine , Se Diredeur de la Sainte Bethléem , j'ai foufcrit. Abernius^ Prêtre-Moine, ScDireâ:eur du Monaftére Royal de l'Archange , j'ai foufaic. t 0 «*• + o 7K7n«o5 'i^^iyn ijxomi Tam', Xg/tîsos- ^SliTI y «;<» TB^a fteïiiî , TjETtp^a-y*, y^fS/iOi "f ci li^en?iûfi»ii fierai ra~y I»))^»») ■Ùîirf'^«4'*' C O N C I L E D ficcf. , , f^'- , . . , + O >Jrâ Vaj'<«. Naïm , comme aufti des lieux circonvoi* fins, j'ai foufcrit. i M». /«/îiV-iç. Sig. Arabicb. /4/,a/» àyig u'ai». Sig. Arab. ■j" O le Contrôleur Général des Statuts , des Cont> a£îs , des "Tejlajnens , ^ des Conventions qui fc font pour la délivran- ce ^w £/?/<îw/. Il afigné en Arabe. La fignature de cet Officier cft la dixième qui fe trouve en Arabe dans le Manufcrit Original de ce Concile. On trouvera mot à mot toutes ces figna. turcs , avec la véritable forme de leurs Caraélcrcs Arabes , parmi les fignaturcs des autres Témoins qui ont foufcrit à ce Concile en Langue Grecque , de la manière que nous l'avons repréfenté au naturel , par les gravures des trois Planches qu'on trouvera à la fin de ces fignatuies imprimées. Chacun pourra faire fes réflexions particulières fur les motifs qui peuvent avoir obligé ces dix Officiers , -ou Eccléfiaftiquts de l'Eglife de Jérufalem de figner en Arabe des Décrets qui font écrits en Grec littéral, comme s'ils n'a. voient pas entendu cette Langue. On peut fort bien en tirer cette confé- quence. Mais ce qu'il y a de plus certain , 6c que nous pouvons affiirer très pofitivcment , c'elî que tous ks témoins qui affirment le contenu d'un Aéle par des fignatures qui ne font point en la même Langue que l'Ecrit dont ils témoignent favoir la vérité de la teneur, font entièrement récufables , 6c tous les Jurifconfultes mettent ces Ecrits au rang des Pièces qui ne font aucune preuve , ôc qui ne font dignes de foi , pour quoi que ce foit. On en peut voir les preuves juridiques dans les Axiomes du Droit qui font à la fin de cet Ouvrage, fous le Numéro 27. confirme par les Aphorifmes des Numéros 5. 26. 47. 49. 59.63. 6>-. iS'ij/c'r, premier Diftributeurde la Cire. Anto'.ne , Dtilributeur de l'huile des Lampes du faint Sépulcre. RE, ^ COlSfCILE DE JERUSALEM. 445 REMARQUE TRE'S CURIEUSE. LA Charge du Céroferahc & celle du Lampadaire de l'Eglife du faint Sé- pulcre de Jérufalcm , nous fourniffent un julte fujet de rapporter ici le contenu d'une Relation fort curicufe & même très importante fur cette ma« tiére. Elle eft tirée d'un Ouvrage que Mr. de la Crois Secrétaire de l'Am* bafladeur de France à la Porte-Ottomane , dédia au Roi l'an 1695. , 8c fit im« primer chez Pierre Hérijfant à Paris , fous le tître de l'Etat préfent des Na- tions y Eglijes Grecque , Artnénieme , ^ Maronite en Turquie. Voici mot à mot le narré que ce Secrétaire d'Ambaflade fait à Sa Majellé, dans le Chapi» tie XIII. où il explique la Cérémonie du Feu faint en Jérufalem. „Le vulgaire des Grecs 5c des autres Chrétiens Orientaux, croit comme un „Article de Foi que le Samedi-Saint , Jéfus Chrift envoyé du Ciel dans foa „ faint Sepulchre un Feu nouveau, en mémoire de fa réfurrection , qu'ils nom* „ment un Feu faint. «Leurs Patriarches ne les delàbufent point > parce qu'il cft quelque fois i, dangereux de détruire certaines cérémonies indifil-rentes , lefquelles font ca-» „pables de caufer du rcfroidiflement dans la Religion ; 6c en effet, fi on „vouloit eflayerde delabufer les Chrétiens de la defeente de ce Feu , il feroit „ à craindre que cela ne leur donnât des fcrupules fur la vérité des Articles de „ la Foi, ou du moins ne ralentît leur dévotion pour les Lieux faints , ou ils „abordent tous les ans de tous les endroits de l'Orient, pourvoir ce qu'ils ne „ voient pas , 8c croient opiniâtrement. „La Cérémonie du Feu faint eft précédée d'une autre qui efi V effet de -la. ■„ H A I N E MORTELLE de P EgUfe Grecque i^ de [es Patriarches contre la „Ro.MAiNE ET LE Pape , que h Patriarche revêtu Pontificalement e x. „ c o M M u N I E p u B L I QJ.I E M E N T à la porte du faint Sépulcre , en des termes „iNJURiEUX y SCANDALEUX, qui font fuifis d' Une aéîion puérile £5? in- „ DECENTE , laquelle marque neamnoins la grandeur de leur animo» ,,site' déplanter un clou en terre à coups de marteau , en figne de male- „ DICTION, d'' excommunier ceux qui l'arracheront /ô//i des peines fpirituelles 0? ^ytemporelks .y d'amende, ^deciNQ^CENS coups de e aston ; 6? /';a,;. . ^tithcles , Référendaire, t o iyâjS^oi Hic-^ez-ii kJs^».o5 îsfo^o'- Cyrille^ Prêtre- Moine Direûeur dé' tap^i. Néochorc. t o >f;y,«^- Jofapbat , Prêtre -Moine, Archiman- x^meA'ç -TtH ""' ycxLuli-m-nv cùnty.^-n^ dritc du Saint Scpulcrc , & Apocrifaire, Mo^joCcw AAe|w, îuxsmc(f h^ôfiémpifi , -ùarL OU Nonce ^ delcgué vcrs Ic Sérsniffime P^«4,«, jilexis., Empereur de Molcovie. J'ai foufcrit. t To -Tm^h ai kut' a!liu%i ^ Jtoj^^v -ira- Dofitbéc , Patriarchc de Jérufalem; ^tc,^ TTOinjs T^ .7rf«-/,is«T!«< x«7î- Nous afîîrmons Se écrivons de nôtre pro- çpuTzci m-rl S y.»f y,ft^ iin^x,y.s ^^mx t-û- V^^ Hiain, que le prêtent Original a été Si.., ùç i.4,^1. «,-.W «^« ^ «.^..A«*<-, fnregiftré tel qu'il eft ci-defllis, avec fes- , , ^ . , , légitimes Signatures ce tout ce qui a ^ ' '* ^ "^ "^ ^ ete tait pour cette procédure, dans le ;^5 Acr.^o; iiJ^V ;e^s^' ;^«>»,4' È >^-7s4)«,-y<.. gjand Cayer de nôtre Trône Apoftoli- /«s^?w- que, pour en rendre la mémoire authen- tique à perpétuité, le 20. du mois de Mars de l'année M. D C. LXXII. II y a une Omijfion dans le Manufcrit Original de cette Signature, après le mot x.«.ii^c.i-nti , ôc devant le mot tuttS, entre leiquels il devroic y avoir ci. Cet« te faute , qu'on peut vérifier à la troifîéme ligne de la dernière page de la- troifiéme Planche des Signatures, gravées au naturel, prouve que le Patriar- che Dofithée rendant un faux Témoignage, contre le mouvement de fa propre Confcience., Sc après s'être laifle aveugler par l'Ambafladeur de France, ne pre- noit plus garde à ce qu'il écrivait^ faifant, comme on le voit ici, des fautes- d' Ecolier ^ contre les Régies de la Grammaire Grecque, dont il avoit fans doute la connoiflance depuis qu'il avoit fait fes études parmi les Orientaux. NeSlariuSy ci-devant Patriarche de Je-.' rufalem. J'affirme 6c confefle que ceci eft nôtre Foi & celle de l'Eglifs Orientale. Ce NeBarius fut chafîe de fon Siège Pontifical, par les attentats de Doft- îhéef mais efpérant de fc pouvoir rétablir par la faveur de la Cour de Ro- me, il figna ce Conciliabule^ pour fe mettre bien dans Pefprit du Pape. Locus Sigilli. Le Lieu du S ce au du Patriarche. Ne&arius , Moine, Regiftrateur, oa Archiville des Mémoriaux , dans rEglife de la fainte Réfurreétion de nôtre Chrift & Dieu. J'ai foufcrit étant du fentiment du. Saint Synode. ' Voila I.E S SIGIIATURBS ORIGINALES DM CEUX QUI ONT APPROUVÉ LE CONCILE ^4/' DE JERUSALEM^; TENU SOUS LE PATRIARCKE DOSITHÈE. L'AN M.DCLXXR. n>. %M90'.^Mx^^l^&r ^^ , r^^^^^fef^^ ;\^7/T^aVj^ ^ i/V^|ora^ cil.JlÇ/'al^ y^i/ls ,»ca,^. ! 4 0 to.^^>/o> /.^-poVrV'^/<;^^^^ ^ ^W^J^^^/^^5 ^r^ iMJ^^^Px 0(^)^(0^ 2^/^^ ®— ' / -• -, 4-' I >d2>- cr^c- -f- ounoc^ 'j^^^^^J^^ Y^^^» ^^S"^^^î i^^^S 7^3 yZS'' ^"hW» t:^vcp(0^ K^ r^f^L^^iOJJoyjup ^JuUnjoJJo] ^ I.AIM.ON deUm-aarit <&.«' ^N .«Tl ■ AV~^"^ ^v .P ^>- « V ^^ .>^v '■m-i«v>'- >/i\i\.\ p CONCILE DE JERUSALEM. 447 Voila neuf Champions Mitrez, vingt-fept Moines, 6c trcnte-fept diffcrens Perfonnages de \2. Fanion du Papifrae, qui ont entrepris de fecourir les Pré- lats de France contre les Réformez, en donnant fauffemeiU à entendre, par \tvix Conciliabule , qvte tous ks Théologiens Grecs de l'Orient étoient d'accord avec ks Doétcurs de l'Eglife Romaine, fur tous ks principaux Articles de la Religion Chrétienne. Mais ks Grecs non Latinifez s'étant apperçûs que les Auteurs de cent fatijje déclaration n'avoient travaillé à pallier ainfi les Erreurs & \cs Jbus de l'Eglife Romaine, que pour avoir un />///f.v/(? d' arracher les Cloux, qui ont fcrvi depuis long-tems à tenir affichées devant l'Eglife du S. Sépulcre à Jérufakm, les Cenfures Se les Excommunications que les Patriar- ches Grecs de cette Pille renouvellent tous les ans contre ks Papes, 6c contre tout le Clergé de l'Eglife Romaine, ces véritables Grecs, animez du zélé de kur Religion, incompatible avec celle des Latins, réfolurent de punir févé- rement tous ks faux témoins de ce Conciliabule , tant par la confifcation de kur Bien, en paiement d'une grofle amende, que par le rude châtiment des ciNQ^CF.NS Bastonnades, dont nous avons parlé ci-devant. Le Patriarche Dofithée , qui étoit le Chef de cette Cabale des Grecs Apa- Jlats, dévouez au fervice du Papifme, fut le plus épouvanté de tous, au bruit de cette Réfolution des Grecs non Latitiifez, craignant qu'on ne le fit paflcr k premier par ks Baguettes, 6c qu'on ne le chargeât plus fortement de coups que tous ks autres, comme il l'avoit mérité, puis qu'il étoit le pre- mier Moteur àc cette FaBion Antichrétienne, qui avoit entrepris de détruire la Religion àts véritables Giecs, pour élever fur fes ruines le maudit Edifice dit Papifme , que tous les meilleurs Chrétiens de l'Orient abhorrait & déteftent. Voila pourquoi ce Patriarche Renégat , voiant que fon /«-«/V/Va.v dejfein éio\Z non feulement découvert, mais aufli regardé de tous ks Fidèles, comme un horrible Attentat, qui l'expofoit à perdre la vie, réfolut de prendre la fti- te. Se de fe venir mettre fous la proteétion de l'Ambafl'adeur de France, qui étoit à Conftantinopk , Sc pour cet effet, il fortit incontinent de Jérufa- km, 6c aiant traverfé les Montagnes de la Palejline, 6c pluGeurs Golfes de la Mer Noire, il fe rendit enfin à Pera chez ce Miniftre d'Etat, qui \c réfugia. dans fan Palais , 6c k fit fubfifcr aux dépens du Roi de France , jufqu'a-ce qu'il eût trouvé k moien de le faire rétablir, comme nous le dirons, après que nous aurons produit ici une Patente fort authentique de cet Ambafl'a-^ deur, qui fert de preuve irréfragable pour confirmer la vérité de tout ce que nous avons dit ici , 6c dans les autres endroits de cet Ouvrage touchanc ce Patriarche. LEGALISATION Du Concile de Jérufalem , faite par Mr. de Nointel , Ambafiadaiy de France à la Porte Ottomane. NOus Charles-François Olier de Nointel , Confeilkr du Roi en fes Cox):» feils , en fa Cour de Parlement de Paris , 8c Ambafiddeur pour Sa Ma- jfellé très Chrétienne à la Porte Ottomane: Attcilons à tous qu'il apparcicn< Kkk 5 • dra,. 448 CONCILE DE JERUSALEM. dra , que le Sieur Doftthée ^ à prefcnt Patriarche de la fainteVilIe dejérufa. lem', aiant été obligé de 'ueriir à Conllantînople , Nous a déclaré c{\i' il aveit plei- nement faîisfait à ue que Nous avions fouhaité de lai suivant l e s a v i s propos impuicz, a iu>i ^^5"'^ k'" — — — ,— '. -"^ '—- lement diflîpez , qu'il n'en reftera que la contuhonaux calomniateurs qui les ont avancez. C'cft la confiance qu'il nous a témoignée , mus mettant entre les mains cf. présent Livre, qu'il nous a assure' avoir e'te' PAR LUI Rédige' et signe', auffi-hicn que par son Prédéces- seur, y les Prélats £5? autres de fan Patriarchat : ajoutant qu'étant fortifié par l'autorité Synodale , il efpéroit qu'il décidcroit abfolument ce qui n'a pu railbnnablement être mis en queftion. Et d'autant plus que nous voudrions bien à fa prière en rendre la vérité publique 6c conftante en France. C'eft doHc pour y fatisfaire que nous la confirmons , en y oppofant nôtre fîgna- ture , & la faifant féelkr de nos Armes , 6c contrefigner par nôtre premier Donné à nôtre Palais , fur le Canal de la Mer Noir-e , ce Septembre mil fix cens foixante-treize. Oliêr de Nointel. Jmhajfadeur pour Sa Majejîé très Chrétienne à la Porte Ottomane. P. res, après la datte de leur Profeffion de Foi, qui a été dreflec à Pera le 18. Juillet 1671. êc foufcrite par Barthélemi d*Héraclée, Jérâmie de Calcédoine, Métboditis de Pifidie, Métrophane de Cyzique , Aniùim d'Athènes, Joacbim de Rhodes, Néopbite de Nicomcdie. Il y a cinq de ces Métropolitains qui ont figné quelques mois après, une autre Confeflîon à Conlhntinople, dattée du mois de janvier 1671. Se ap* prouvée par une trentaine d'autres Métropolitains, par deux Patriarches 5c par trois Ex-Patriarches, qui atteftent le contraire de ce que huit de ces Mé- tropolitains avoient certifié dans l'Aéle précédent, que nous avons cité tou- chant les Livres Canoniques. Ils fe contredifent manifeftement dans celui- ci, en déclarant que, ions les Livres de l'Ancien Tefiament , qui ne font pas compris dans le dénombrement des Saintes Ecritures^ dont on trouve le Catalogue dans les Canons Jpoftoliques^ ne font pas pour cela entièrement rejettez comme Païens 6c profanes, & qu'ils ne doivent pas être entièrement négligez^ parce qii'il y a des inftruElions bonnes pour la vertu. Cet Article fe trouve dans le VIïI. Livre des Preuves Authentiques des Doéteurs de Port-Roial, à la page 45'4. confirmé par les Signatures de De. nis Patriarche de Conftantinople; de Paifus ., de Denis 6c de Méthodius Ex- Patriarches, ou Patriarches dégradez du même Siège de Conftantinople; de PaïfiHS Patriarche d'Alexandrie, 8c parcelles de Barthélemi d'Héraclée, Je. rémie de Calcédoine, Métrophane de Cyzique, Joacbim de Rhodes Se Néophi» te de Nicomédie, qui font les cinq Métropolitains qui avoient mis au rang des Livres Canoniques tous ceux dont nous avons fiit mention ci-devant, Se qui les dégradent maintenant ici, pour fe conformer au fuffrage des Métropo- litains de Nicée^ de Céfarée^ de PbilippopoUs , de Par os, de Serre ^ de Lacédé- mone y de Dryfte, de Sophie , à^ Athènes^ dcLarifc, à'Eiiripe, de Corinthe , de NatipaSte^ de Patres^ de Chriftianopolis ^ de Mélétine , de Corcyre , de Barri .^ à'Anchiale , à'Amafée , de Theffàlonique , ie Bérée , de Trébizonde , de Mefinére , deProilave, deFidonie, de Monembafie , deDidymotique , de Médie, &c d'Arnos. On doit remarquer trois chofes là deflus , qui détrtiifent entièrement cette Confeflîon de Foi, quoi qu'elle foit munie d'un fi grand nombre de Signa- turcs, parce que les cinq Prélats qui en ont rendu témoignage en qualité de Patriarches Sc les principaux Métropolitains qui l'ont fignée les premiers, Ibnt non feulement réciifables parce qu'ils étoient privez de leurs Charges, dégradez de leurs Dignitez, Sc réfugiez chez l'Ambafladeur d'un Monarque de la Communion de Rome, mais aufli pour les trois fuivantes, qui ^xom- yfa\.\'X mauvaife foi dt leur Procédé, 8c la »«///'// de tous leurs Témoignages. Piemiérement, il y a quatre de ces Patriarches Se fix de ces Métropolf- ' ' ' tains CONFESSIONS DE FOI. 4^3 tains qui ont été reconnus pour des perfides 6c même pour des fcélérats^ dans toute leur conduite, comme nous l'avons prouvé ci-devant dans les pages 6i. 6%. 65. 64. 72. 73. par des preuves tirées des témoignages des Doc- teurs de Port-Roial, par des Lettres de Mr. le Marquis de Nointel^ & par des Relations de Mr. de la Croix ^ Secrétaire d'Ambaflade, cnvoiées de Con- ftantinople au Roi de France. On voit dans toutes ces Pièces authenti- ques que les deux Denis Anti-Patriarches de Conftantinople , & les deux autres Ex-Patriarches de la même Ville, à fçavoir Parthénius & PaïfmszvQC les Métropolitains à'HtracUe^ de Cizique^ à.t Nicomédie ^ à? Athènes, àc Rhodes èc de Candie, fe faifoient une cruelle guerre, 6c qu'ils furent obligez de chercher tous dix un Azile, tour à tour, chez rAmbaflàdeur de France, à Fera, 6c qu'ils furent regardez, par tout ce qu'il y avoit d'honnêtes gens parmi les Grecs, pour des Apofiaîs fans foi êc fans Religion , 6c traitez comme tels par le Grand Vifir Hamer Kiopruli, qui étant intègre 6c Ama- teur de la Paix, leur impofa filence, parce qu'ils avançoicnt , devant lui, plufieurs /«/^/S2 , 6c qu'il les menaça de les punir comme des Impofteurs , s'ils continuoient à fe pcrféciiter les uns les autres par d'herribles attentats, par des fourberies , 6c par mille tergiverfations , qui prouvoient d'une manière inconteftable, qu'ils n'avoient ni Religion, ni Confcience , ni honneur , ni rcte- nu'é, mais des cœurs remplis du venin de toutes les plus fougueufes paj/îons qui font capables d'aveugler les hommes, 6c de les porter à tous les excès de la plus grande perfidie 6c à toutes les entreprifes de la plus Tioire malice. Il n'y aura fans doute pcrfonne de bon fens qui ne convienne que V abominable- conduite de tous ces Prélats , ne fourniflc des motifs plus que fuffifans pour rejetter leurs témoignages. Cependant , la prétendue Confefîion de Foi de ces Perfides étant, en apparence, la plus forte Pièce qui ait été produite par les Doéleurs de Port-Roial contre les Réformez, nous ne devons pas négliger les autres preuves que nous avons pour la détruire, 6c les dift'é- rentes batteries que ces Controverfiftes de la Communion de Rome nous fournifl'ent eux-mêmes, pour venverfer de fond en comble ce Rempart de Izur fa ujfe Religion. Nous difons pour cet effet, en fécond lieu, que toutes les Signatures de ces trente-cinq Métropolitains 6c des trois Ex-Patriarches de Conltantinople, ont été extorquées par la violence de l'Archevêque de Lariffe, qui occupoit alors d'une manière tyrannique le Siège Patriarchal de cette Ville, oîi tous ces Pré» lats furent contraints de fe rendre pour reconnoître ce faux Patriarche nou- vellement intrus, 6c pour lui paier les grofles fommes qu'il extorqua de ces pauvres Evêques abandonnez à fon indifcrétion par autorité du Grand Seigneur. Car l'éleftion de ce Patriarche eft bien plus en la puiffance des Turcs, qu'au pouvoir des Grecs; les brigues 6c Vor agiffant fur ceux-là, 6c ceux-ci étant dé~ chirez de FaHions. De plus , les dettes de l'Eglifc de Conftantinople furent tel- lement accumulées par les J ni i- Patriarche s 6c Ex-Patriarches , qu'on trouve à la page 106. del'Hiftoire du Chevalier i?/V^«^, qu'en l'année 1672. ces arrérages montoient à fcpt cens bources, c'cft à dire, à trois cens cinquante mille écus, qui font plus d'un million de livres. Sur cela, Monfieur de la Croix, Sé- *-crétaire d'Ambaflade, donne avis, dans la page m. de fa Relation de l'E. LU 2 glife 454 FAUSSETEZ DE PLUSIEURS glifc Grecque, dédiée au Roi de France, „ que le 17. de Septembre de l*an« „ née précédente 1671. un Commiflaire du Grand Seigneur fut chargé de „ drefler un Procès verbal des tttalverfations êc des éxatîioris du Patriarche de „ Conftantinople , qui avoit éxl'gé de grqfes for)2fnes de tous IcsEvêques &Mé- „ tropolitainsde fon Clergé. Queces Eccléfiaftiques prcfentérent auCaimacaK., „ [c'eft leGouverneur de Conftantinople] un état de toutes CCS éxaétions, deC- „ quelles ce Patriarche ne pouvant pas juftilier l'emploi , ils demandèrent fa dépo- „ fition, mais que tous ceux à qui ce Patriarche avoit fait des préfenss'y oppofé- „ rent fi fortement, que ces pauvres Prélats étoient à la veille de voir triom- „ pher leur Pcrfécuteur^ lors qu'un autre Denis Archevêque de Lari£e leur „ demanda leurs fuffrages, fe faifant fort de la dépofition de Parthénius par „ le crédit de Cara-Monftapha Pacha Caimacan. Que P humeur fiére ^fuper. „ bs de ce Denis, qu'ils connoilîbient parfaitement, les tint quelque tems en „ fufpens; Se qu'ils n'auroient point écouté fa propofition, fi le méchant état „ de leur afïiiire, ne les eût forcez de lui donner leur confentement , fur lequel „ il fit prcfent de trente bourfes à Cara-Moufiapba Pacha, qui extorc^ua „ l'agrément du Grand Vifir, qui étant un Miniftre integje 6c droit ne reçût >, Denis de LariJ'e que d'une manière pleine de dégoût, 6c avec des marques „ de fon chagrin du desordre âc de la mefintelligence de ce Clergé, diûnt „ d'un ton furieux aux Métropolitains qui accompagnoicnt ce nouveau Patriar- „ che : Chiens fa>is foi 6? fans loi , la zizanie , la difcorde 6c la jaloufie régne- „ r ont-elles toujours parmi vous , £5? fie cefjerez-vous jamais de vous perfécuter les „ uns les autres? Retirez-vous d'ici, race maudite, .je vous ferai tous mourir^ „ / f entends parler de vous avant fix mois : car il fçavoit fort bien [ ajoute Mr. „ de la Croix ] qn''ils auroient beaucoup de peine à fe contenir un plus long terme. Voila le Portrait naturel des Perfonnages qui ont figné la prétendue Confelli fion de Foi dont il s'agit. Ce n'efl pas nous qui l'avons tracé, par tous ces Caractères fi odieux ôc fi abominables- C'eft un Secrétaire d'Etat qui écrit au Roi de France fon Mnîtrc, qui lui marque au jufte les malvcrfations 6c la perfidie de tous ces Prélats , en témoignant à Sa Majcfté que le Grand Vifir ne leur a reproché, que fur de très bons fondemens, qu'ils étoient des gens fans Foi ^ fans Loi, parce que ce Premier Miniftre du Grand Seigneur étoit un homme intègre 6c droit. Cela étant établi d'une manière inconteflable par des 'ïéinoins irréprochables , de l'aveu même des plus zélez Partifans de la Re- ligion Romaine, tous ceux qui ont de l'équité conviendront fans doute que nqus avons raifon de rejetter le témoignage de tous ces Perfides 6c Impofteurs, dont la Faction Jntichrétienne n'étoit compofce que des malheure'iix Efclaves du Patriarche Denis 6c de quelques Ex-Patriarches , honteufement dégradez 6c contraints de fe ranger dans la Faction des Apoftdts de la Religion Grecque, réfmez chez l'Ambafladeur de France, qui étoit le principal appui de tous ceux qui vouloient le munir de quelque Confefllon de Foi conforme aux fentimens de l'Eglife Romaine. C'eft pourquoi le Patriarche Denis, qui prévoioit bien qu'il auroit befoin, quelque jour, de la Protection de cet Am- bafladcur, lui fit fa Cour en dreflant un Aftc de quelques Articles de Reli- tion, que fes Métropolitains, Sc fur tout ceux qui recevoient penfion du Roi & France, ou.de. la. Coût de. Rome,. O-'oférent refufcr de figner: enfuite de quoi CONFESSIONS DE FOL 455 quoi ce Patriarche en envoia VOriginal à Monfieur de Nointel, par trois Mé- tropolitains accompagnez de fon Référendaire , a^uec prières très infiantes £57" f o r x SOUMISES de le faire pcfjer entre les mains de Sa Majefté ^ la priant très hum- blement de "vouloir qu'il fut mis en dépôt dans fa Bibliothèque. C'eft Mr. de Nointel lui-même qui dit cela dans une Lettre qu'il écrivit au Roi le mois de Juillet 1671- dans laquelle cet Ambafladcur ajoute ces propres mots: Ceux qui m'ont porté ces paroles aiant eu un long entretien avec moi , je prends encore la liberté d'en faire tenir une Relation à Fotre Majefté. Cette Lettre efl: inférée dans le VI. Chapitre du VIII. Livre des Preuves Authentiques des Doâreurs de Port-Roial à la page i^^'y. Ces MefTicurs ont auffi mis à la page 497. du même Recueil, une autre Atteftation que le même Patriar-. che Denis figna en faveur de la Religion Romaine le mois de Juillet fuivanr,. c'eft à dire, fîx mois après la première. Ce qui fait voir combien il étoit éloigné de la Créance 6c des Maximes des Grecs non Latinifcz.^ qui anathémati~ fent le Pape i^ tout fon Clergé, avec mille imprécations, comme nous l'avons démontre ci-devant, Sc qui refufent conflamment de rendre aucun témoi^nags qui puiflc favorifer directement ou indireétcment le Papifne. Cela eft fi vrai, que Meffieurs de Port-Roia.1 nous en fournifll-nt eux- mêmes une preuve, fur la propre déclaration du Patriarche Denis dont il s'a- git, en faifant remarquer que fon procédé eft très différent de celui des vérita* blés Grecs. „ On doit d'autant plus cftimer (difent ces Meflicurs à la page ^, 448. du même Livre) l'Actcftacion du Patriarche jDra/V de Conllantinople , y que nous produirons ici, que quand il l'auroit refufce il n'y auroit pas fu- „ jet de s'en étonner. Les Grecs ne manquent pas de raifons pour ne pas „ accorder ces fortes d'Actes. 11 y en a qui s'imaginent qu'on leur fait tore „ de demander des alVurances de leur Foi. D'autres craignent que l'on ne s^en „ ferve pour avancer les prétentions de la Cour de Rome. D'autres peuvent ap- „ préhender de fe brouiller avec les Princes Proteftans en les condamnant. „ D'autres n'aiment pas à faire plaifir aux Latins , par la feule a v e r s i o Nf „ qu'ils ont pour eux. Enfin, ils peuvent prendre beaucoup d'autres pré-i „ textes pour s'en exempter. Cependant, le Patriarche nouvellement inftal- „ lé dans cette haute Dignité , étant prié par Monfieur l'Ambafladeur de „ donner cette Atteftation, n'a eu recours à aucune de ces cxcufes, mais „ la lui a donnée, de la manière du monde la plus folennelle. Et pour- quoi ce nouveau Patriarche s'eft-il montré fi complaifant à accorder en fa- veur du Papifme, ce que tous les Grecs refufent, fi ce n'cft parce qu'il avoit beaucoup plus à cœur les intérêts de l'Ambafiadeur de France &: de la Cour de Rome , qui lui avoient fourni de l'argent pour acheter des Turcs, le Patriarchat de Conftantinople, que non pas ceux de la véritable Eglife Grecque , oii il n'ctoit regardé que comme un Ufurpaieur & ua Tp-an? On peut ajouter à cela une troifiéme preuve de la mauvaife foi des princi- paux Auteurs de c&tlQ prétendue Confefiîon des Grecs, en failant voir que les autres Patriarclies ou Ex- Patriarches qui l'ont fignée Çc font contredits par leurs propres témoignages. Chacun peut s'en convaincre en jettant les ycuv fur le 14. Aiciclc d'une Confefiîon de Foi du Patriarche i1/f//W///^, que les- Lll 3 Doftcurs- 45(î FAUSSETEZ DE PLUSIEURS Dofteurs de Port-Roial ont inférée dans leur Réponfe générale, à la page fi, de leur premier Volume in quarto. Car ils y trouveront que ce Prélat affir- me qu'il met au nombre des Livres Canoniques qui font partie de V Ecriture Sainte ceux qu'il rejette à la page 4^4. du troifiéme Volume des Preuves Jti- memes. Nous avons enfin une quatrième preuve inconteftahk que non feulement ce Patriarche 8c les autres dix Prélats, Ex-Patriarches ou Métropolitains, réfu- giez chez l'Ambafladeur de France, étoient des Grecs Latinifez^ des Perfides ^ 5c des Fauffaires^ mais aufli tous ceux qui ont foufcrit avec eux les Articles de la ConfeffioH dont il s'agit. La déraonftration de ce fait iris important n'cft pas difficile. 11 eft queflion de prouver que cinq^ Patriarches & tren- te-cinq^ A/e/ro/'o///«i«j, qui ont tous flgné le même Aéle, font des Im- posteurs. Cela paroît dans leurs difcours même d'une manière affez évi- dente, fans qu'il foit befoin d'en produire aucun autre témoignage. Voici celui que les Docteurs de Port-Roial nous fourniflent, dans le VJII. Livre ds leurs Preuves ^authentiques , au Chapitre 6. de la page 45'4. où ils ont pro- duit l'Acte dont nous parlons, avec les Signatures de ces V. Patriarches 5c de ces XXXV. Métropolitains, qui parlent en ces termes fur la fin de leur Confeffion. Nous confervons avec grand foin la coutume tris pieufe ^ très utile de la VENERATION DES Images, comme étant en ufage de' s le tems DES Apôtres. Tous ceux qui ont quelque teinture de /-î Religion des Apôtres , ou quel- que connoiflance de l'Hiftoire Eccléfiaftique , peuvent juger fi tous ceux qui ont V impudence d'attefter une fi gnnàe faaffetc , ne font pas des Impos- teurs eu des Ignorans, qui ne font pas confcicnce de tromper le monde par leurs eaux Témoignages, en affirmant d'une manière très pofitivc le contraire de ce o^n' ils fçavent , ou ce qu'/7j ne fçavcnt point , êc qu'ils ne peuvent ignorer, ni dèguifer fans crime, puis qu'ils font revêtus d'un Carac- tère qui les oblige de connoître les veritez de la Religion 8c d'en rendre témoignage plus particulièrement ?C d'une manière plus jnftruélive que le commun Peuple dont ils font les Pafteurs. Mais bien loin de cela, ils ne font pas la moindre difficulté de prendre Dieu à témoin, pour affirmer yTî/w aucune modification, la plus infigne fanjfetc qui ait jamais cté publiée fur cette matière, car il n'y a point de Théologien, ou de Controvcrfide de la Communion Romaine, tant foit peu éclairé, qui Ibûticnne que le Culte Religieux des Images ait été en usage parmi les Fidèles de' s le TEMS DES A VÔTRE s. Voila pourquoi la Mente m e ?^ les faux Té- moignages de tous ces Prélats étant avérez de telle forte que perfonne ne fçauroit les nier, c'cft une chofe étonnante que les Doéteurs de Port- Roial aient eu Vijnprndence & la -manviife foi de vouloir en impofL-r à tout le monde par la produétion de la Confeffion de Foi de ces Grecs également ignorans ^ menteur s , & qu'ils aient emploie \cuy perfidie Se Icuys fauj/itez pour avciigler CONFESSIONS DE FOI. 4^7 aveugler tous ceux de l'Eglifc Romaine fur les matières de Religion. Ce que nous venons de dire fuffira pour détromper les Peuples qui ont été akt- fez jufqu'à prélent par ces fai'.x DoSieurs. S'il étoit néceflaire de f^ure voir par d'autres circonftances de ce même A£te , que ces Patriarches Se Métropolitains qui l'ont fîgné , que les Prélats & Doéteurs de TEglife Gallicane qui l'ont fait valoir comme la plus au. thentique Confeffion de Foi qu'on pût jamais produire touchant la Créance des Grecs , étoient frappez d'un fi prodigieux aveuglement qu'ils ont erré les uns & les autres, en compofant cmt faujfe Pièce, fur les chofes même que les plus mal verfez parmi les gens de Lettres n'ignorent pas: comme par exemple, Içs Epoques qui fervent pour la datte des Aétes. Cependant, tous ces Patriarches éc Métropolitains fe font trompez làdeilus, en marquant YJnditlion XX. au bas de leur Aéle de l'an lô/x. au lieu de Vlfidi^ionXI. qui félon le Calcul Impérial de Conftantinople diôérc de celle des Papes de Rome d'une Année; fans prendre auflî garde que jamais Y Indicîio?i ne fur- pafle le nombre de XV. Nous aurions de quoi faire un Volume entier, fi nous voulions relever toutes les autres bévues 6c toutes les ^mrcs faujfetez qui rendent cet Aéle nul. Mais pour abréger cette matière, autant qu'il eft pof- fible , nous ne nous attacherons qu'à découvrir les plus inftgnes ment'eries qui fe trouvent dans plufieurs autres Confeffions de Foi, que les Doéleurs de Port-Roial attribuent faujfement à des Grecs »on Latinifez^ &C qui ont été produites contre les Reformez, dans le même Ouvrage que ce fameux Aéle dont nous venons de mettre au jour les impofiures. En voici un autre de même nature, que les Doéteurs de Port-Roial ont lire d'un Manufcrit Arabe de la Bibliothèque du Roi de France , £c produit dans le XVII. Chapitre des Preuves Authentiques de leur troificme Volume, fous le nom de deux Patriarches d'Jntioche, 6c d'une cinquantaine d'Evêques ou de Curez. Le premier de ces Patriarches débute par un Prologue reni' pli de menteries en ces termes. „ Voici les nouvelles des Hérétiques qui fe trouvent à prefent dans le Pais „ de la Gaule , 6c qui fe nomment Calvinijies. Ils nient toutes les Traditions de-- „ VEglife d'Orient. Ils ojit changé ^ annullé tout ce que les divins Apôtres £s? „ les Saints Pérès qui fe font trouvez dans les fept Conciles Oecuméniques ont or-^ „ donné. 'Voici ce qu'a compofé le le très faint y très heureux Pere, le Sei^- „ gneur Patriarche Dom Ma-ckw^z , Patriarche de la Fille de Dicis. „ Antioche la Grande : 6c c'eil pour détruire leurs difcours téméraires. Ce Prélat met cnfuite XIII. Chapitres qu'il fuppofe fan£ément être la Créance des Réformez , 8c les réfute par des Réponfes qui font remplies d'abfurditez , d'impoftures 6c de fables. Comme , par exemple , dans le pre- mier Chapitre il attribue la Confécration de l'Euchariftie à des Paroles qu'ii- nomme fubfantielles , & qu'il n'explique point , au contraire, il s'exprime en- core plus obfcurément dans le Chapitre IV. , où il ajoute, fur le même fujeB, que les Calviniftes difent que celui qui reçoit les faint s Myjîéres , ne les reçoit pas véritablement y parfaitement. Ce font les propres termes qui fonc emploiez dans la Traduétion Françoife des Doéteurs de Port-Roial , êc qui H'ont aifens^m raifon., ni vérité .^ mais un gali;mtias d cbfcur qu'on n'y en- ^ LU 458 FAUSSETEZ DE PLUSIEURS trevoit autre chofe qu'une contradiilion formelle , en ce qu'ils dtfcnt , que, ceux qui reçoheaf les laints Myftéres ne lesrcçei-vent pas véritablement , ni par- faitement. Comment fe peut-il donc faire qu'ils les reçoivent 8c qu'en mê- me tcms ils ne les reçoivent pas ? C'cft ce que ces Docteurs de Sorbonne n'expliquent point , non plus que ce Patriarche. Où a-t-on jamais vu que les Reformez aient dit , que celui qui reçoit le Myftére de l'Euchariftie, ou le Pain de la Sainte Ccne , ne le reçoit pas véritablement.' En aucune part fans doute. Voila par confequent une pure calomnie. En voici une autre dans le Chapitre V. , où ce Patriarclie ne fe contente pas d'aflurer que les mêmes Hérétiques qu'il combat , rejettent tous les Jeûnes que Dieu a prefcrits j mais outre cela il foûtient hardiment,, que Dieu a ordon« né le Jeûne à Adayn , ôc ^ iVo/ , en défendant à l'un de manger des pommes , & à l'autre de boire du fang. Que Jéfus Chrifb nous a appris , ^ue toute pcr- fonne baptifée doit jeûner quarante jours. Que les Apôtres apes [on Afcenfmi dans les deux , firent une facrée Afjemblk dans Jérufalem £ï? y drefférent pliifieurs Canons , qui font connus , £s? entr autres , qu''ils y ordonnèrent aux Chrétiens de jeûner deux jours chaque femaine , favoir le Mécredi £î? le Vndredi , £5* otitre cela deux autres grands jeûnes de quarante jours chacun. Qiii eft-cc quia jamais rien vu de pareil dans les Aétes des Apôtres, où les Décrets du Concile de Jéru- falem font rapportez ? Comment eil-ce que des Dofbeurs de la Communion de Rome , auffi éclairez que le font les célèbres Controverfiftes de Port-Roial ont ofé produire contre les Réformez les chimères & les rêveries de ce Prélat ignorant , qui font auffi contraires aux fentiracns des Papiftcs , qu'à la créance de tous les Proteftans. D'ailleurs , tout le monde fçait que les Ré- formez ne rejettent pas toute forte de Jeûnes , puis qu'ils en font de publics 2c de particuliers en diverles occalîons , Se que ceux de la Communion de Rome ne tiennent pas qu'il faille jeûner trois Carêmes dans douze mois , ni deux jours par femaine, en veriu de quelque Concile des Apôtres: car il cft de notoriété publique qu'ils ne fondent les préceptes de leurs ablbnences que fur les Commandcmcns deleur Eglife , ou fur les confcils de leurs Dire£teurs. Voila donc encore trois ou quatre impoflurcs fur le compte de la prétendue Perpétuité de la Foi des Docteurs de Port-Roial, 6c voici diverfes Fables dont ils les ont accompagnées dans le même Chapitre de leur Ouvrage, que nous venons de citer , où ils font dire au Patriarche d'Antioche , pinr confirmer le Li:lte des Fmages que les Réformez rç/V/^tV/V „ qu'il a été autorifé par Jéfus ChrJft „ lui-même , Se cnfuitc par la Vierge Maiie fa Mcrc , & par les Apôtres. „ Par Jéfus Chrill qui peignit fon Portrait d'une façon miraculcufe, 5c l'cn- „ voia au Roi d'Edelîe nommé Abagarus , qui s'en fervit pour faire des Mi- ■ „ racles fans mefure & fans nombre. Par les Apôtres Saint Pierre 8c Saint „ Jean , qui aiant bâti une Eglife à la Vierge dans la Ville de Lyde , il y „ parut à 1 improvifte une image qui fit une infinité de Miracles pour la „ Converfion des Juifs &: des Gentils. Par la V\crgc Marie elle-même, qui 5, voiant trois de fes Images peintes par Saint Luc l'Evangélifte, (cmit à foû- „ rire 6c les bénit en difant, que la Grâce qui ef fortie de moi i^ qui était dans „ moi , foit fur elles i^ dans elles , enfuite de quoi ces Images ont guéri tou- M te forte de Malades , 5c font encore une infinité de Miracles , y en aiant „une, - i CONFESSIONS DE FOL 459: '' une , qui après avoir été apportée de Bérite de Syrie , dans le Monaftére Saïd , conftruit dans la Ville de Jérufalem , e/i devenue corps y chair , en telle forte qu';/ e» efi découlé continuellement depuis ce tems là , & qu'/7 en „ découle encore aujourd'hui, une jiricieufe liq^iieur qui opère des Prodiges admi- „ râbles. Ne font-ce pas là les plus grandes extravagances que puiflènt avancer des perfonnes dcftituées de bon fens ? Ce font néanmoins des chofes mifcs au jour ^ans le plus fameux Ouvrage qui ait jamais paru dans l'Eglife Romaine, pour combattre les Réformez, ou pour établir la Religion du Papifmc. Ce font les plus célèbres Doéteurs & les plus favans Prélats de l'Eglife Gallicane , qui ont produit ces Contes fabuleux , pour établir leur Créance. Si ceux qui pofi iedent maintenant les Dignitez Eccléfîaftiques , 8c les Chaires des Dodeurs de la même Eglife , ne dcfavouent pas ces faujes productions , ils doivent s'at- tendre d'être //^s; ouvertement de tout le monde , i§ parmi toutes les Nations, dans un Siècle auffi éclairé que Teft celui-ci. Et tous ceux qui liront cet Ou-, vrage , apprendront , avec étonnement , le peu de capital qu'on doit faire des témoignages des Grecs, & le peu d'eftime qu'on doit avoir pour tout ce grand nombre de ConfcfHons de Foi qu'ils ont données aux Prélats de France con* trc les Réformez , ou en faveur de l'Eglife Romaine , puis que celle dont nous parlons maintenant. Se qui eft remplie de tant d'impojlures^àe tant de fables , & de tant d'extravagances , fe trouve néanmoins confirmée par deux Patriarches & par une cinquantaine d'Evêques , ou de Curez, dont on peut voir les fignatures dans les pages f^i 555. 5'47. £c 5'48. du XVII. Cha. pitre du VIII. Livre du III. Tome des Preuves que les Doâ:curs de Sor- bonne & les Prélats de France ont voulu faire paflcr pour authentiques. Le premier Patriarche a figné en ces termes. Aloi le pauvre M a c a i r e , parla sniféricorde de Dieu très haut Patriarche d'jiutioche la Ville de Dieu 13 de tout VOrient. On voit dans le CacTiet de ce Patriarche Vlrnage de Saint Pierre aflls fur un Trône Pontifical , avec fon Nom en caractères Grecs d'un côté , & celui du Patriarche eft de l'autre , en lettres Jrabes. Enfuite font divers feings en cette forme. Cette croiance expliquée par la langue de nôtre Seigneur le Pa- triarche , efi la créance de nous autres Grecs , (3 f en rends témoignage -moi l'indi- digne &" l'abjet Grégoire nom;nè V Archevêque de Befra 6? du Pais de Hou- ran. Il y a enfuite les noms de quelques autres Evêques , avec diverfcs Epi- thétes , fort emphatiques , 6c après cela ceux des Curez, qui s'expliquent en ces termes. Cefi ici nôtre Foi £îf nôtre Créance , expliquée par la bouche de nô- tre Patriarche, alliez par Curé Mi fejfe avec notre Seigneur le Patriarche , que tous les Grecs conviennent en cela avec ia faintc Eglife de Rome , qui Pa pris de l'Ecriture Divine , à Vimitation des ./apôtres. Ce langage 8c ces Epithétes qui attribuent à l'Eglife Romaine d'être Sain- te , ne viennent pas, fans doute, des Grecs non Latinifez, qui anathématifent §C condamnent aux peines de l'Enfer , tous les Chrétiens du Papifme , 8c tout M mm le 4<5o FAUSSETEZ DE PLUSIEURS le Clergé Romain. Voici par conféquent des apoflats de la Religion Grec-" que 8c A^s fourbes qui mentent impunément avcckur Patriarche, lequel met, en- core une fois fa gnature à la fin de cet Ade rempli d'erreurs 6c d'impofiares , en atteftant que ce font des "vêritez faintes i^ indubitables de l'Ecriture Divine, de r Ancien 6? du Nouveau Teflamcnt , £sf que c'efl le témoignage qu'il a donné de fa propre main^ dans la Fille bien gardée de Sydon , le 5-. du mois de Décembre de l'année du Meffxe 1671. Ce même Patriarche donne enfuite une autre Atteltation de V 1 1 1. Chapi- tres, dont le premier commence en ces termes. „ Après avoir appofe nôtre „ Cachet , & figné de nôtre main l'explication que nous avons faite ci-dcflus, ',', nous avons ouï dire que les prévaricateurs dont nous avons parlé, ont aboli yy fufage du figne de la Croix, & qu'ils ne le font point fur leur front. Ne fça- vent-ils pas que c'eft une coutume prife du tems même de notre Seigneur Je- „ fiisChrift : car lors qu'il rompit le Pain il forma dejfus le figne de la Croix. „ Les Apôtres du Meflîe ont fait le même , fuivant les traces de leur Maître y „ 5c Saint Ignace le revêtu de Dieu , Patriarche de la Ville d'Antioche , a „ ordonné aux Fidclles d'en ufer ainfi , 6c c'eft par lui que cette chofc s'eft „ répandue par toute la terre habitée. Voila une autre preuve de l'ignorance de ce Patriarche , qui a fait atteftcr ce conte fabule hx comme les précédens , par fon Clergé , le 15. Novembre 1671. , fans prendre garde que fa Confellîon précédente eft du 5-. Décem* bre de la même année, c'eft à dire d'un mois après celle-ci , dont la datte eft antérieure, quoi que ce Patriarche y déclare très exprefTément, dans le premier Chapitre, qu'elle cft la dernière. C'eft par conféquent une faufleté qui dé- couvre hmauvaife foi des Prélats 8c autres Eccléfiaftiques Grecs quioni figné ces Atteftations , & l'aveuglement aufli-bien que la fourberie des Doébcurs gc Evêques de France , qui ont emploie ces faux témoignages contre les Réfor- mez , & pour déguifer la véritable Religion Chrétienne à tous ceux de l'Egli- fe Romaine. .,_,,,. ^ Si on defire de fçavoir par quel moien les Prélats de France ont obtenu; ces faujfes Atteftations , 6c quels ont été les principaux Agens qui ont travail- lé à les forger, nous en pouvons nommer ici deux, qui ont pris un foin très particulier'de mendier un grand nombre de témoignages parmi les Grecs , & de les fuborner en diverfcs manières , pour leur faire figner des Confeflîons de Foi contraires % celle des Eglifes Réformées. Ce font les Doéleurs de Port- Roial qui nous le découvrent eux-mêmes, dans le VIII. Livre de leurs Preuves Authentiques , à la page 558. du XVII. Chapitre, oii après les deux- Aâies remplis de toutes les fables Sc impoftures que nous venons de rapporter, nous trouvons une vingtaine de demandes , ou propofitions , qui ont été fai- tes au Clergé Grec d'Antioche , & données par écrit au nouveau Patriarche qui fut intrus dans cette Eglifc l'an 1673. , par la dépofition de l'autre Pa. triarchc nommé Macaire , dont nous avons produit la Confefiîon ci-deflus.. Voici le titre ÔC le Préliminaire de ces Demandes. „ Ceci eft une Explication abrégée faite fur des Demandes qu'on a pro« '„ pofécs pour établir & confirmer les Dogmes de l'Eglife Catholique, „ C'eft ce qu'a éclairci & démontré le Pér^ des Pérès , le très Saint élevé C O N F E s s I O N s D E F O I. 2^61 ^ parmi les hommes en "voix (^ en fcience^ le Seigneur Neophite, Patriarche de „ la Ville de Dieu la Grande^ £5? de VOrient. Il a dit, s'eft venu préfen- j, ter à nous le Père Michel Religieux Jéfuite , Prêtre théologien. C'c-ft le „ Grand 8c le très Haut Seigneur de Nointel^ qui eft Ambafladcur du Roi j, de France, la gloire des Rois Chrétiens, qui nous l'a envoie pour s'infor- „ mer de certaines chofes de la Foi , afin de faire voir que les Eglifes du „ Meffie en ont le même fentiment. Il ne faut pas s'étonner que Mr. de Noitiiel, qui étoit un habile Miniftrc d'Etat, ait emploie des Jefuites pour forger des Pièces propres à combattre les Réformez, car il fçavoit fort bien qu'ils font capables d'en faire pour tou- tes fortes d'entreprifes , comme ils l'ont montré par expérience dans les ma- tières qui concernent leurs intérêts. Ceux qui voudront des preuves de leurs artifices , de leurs fourberies 6c de leurs impoftures n'ont qu'à voir dans le pre- mier Volum£ de leur Morale Pratique , ce qui eft démontre fous chacun des Articles fuivans. I. Bulles 6c Contre-Bulles des Jéfuites obtenues ful/reptice~ ment. II Surprife de Lettres du Roi de France & d'un Mandement de TE- vcque de Strasbourg. III. Faux Expofez au Pape Grégoire XIII. pour avoir une Bulle d'Union d'un Prieuré. Impofition de faux crimes au Prieur. IV. paux Expoje au Pape Paul. V. Faux Séminaire^ artifices 8c calomnies fur le même fujet. VI. Exécution d'une Sentence non rendue. Information de faits inventez pour fe faire donner par l'Archiduc, en vertu d'une faufle Bul- le , ce qui ne lui appartcnoit point. VII. Infigne fourberie pour enlever l'Ab- baïe d'Aula Regia , le Prieuré de Veldbach , & plufieurs autres Bénéfices. VIII. Feinte pour enlever le Prieuré de S. Morand, & une Bulle fubrepîice pour en ufurper deux autres. Y:L. Infigne s fauffetez pour obtenir l'Abbaie de Nôtre-Dame des Hcrmites en Suiflc. Corruption des Juges par préfens. Cor- ruption de témoins. Plaintes fondées fur des mcnfonges ic furprife de Lettres du Roi. Calomnies êc recommandations pour des injuftices, X. Enlèvement de Titres 8c de Rcgiftres fait par les Jéfuites de Nancy, & leurs Procédures falfifiées en même tcms dans trois Tribunaux, avec des Bulles contre toutes les formes 8c contre les Conciles. X I. Infiigncs impoftures du P. Lamorman Jé- fuite, Confclîèur de l'Empereur, pour ui'urper des Abbaïes. Intrigues des Jé- fuites à Rome 6c leur hardicflé à décrier un Edit de l'Empereur 6cfon Confcil même, pour foûtenir que le Pape a une Puiflance extraordinaire de déroger à tout ce qui ne leur eft pas favorable. XII. L'Empereur trompé par les impoftures du Père Lamorman Jéfuite. XIII. Menfonges 8c fourberies de plu- fieurs autres Jéfuites pour s'emparer d'une Abbaïc des Bernardins en Saxe , ôc de trois autres qui furent ufurpées par un fcul de leurs Collèges. X I V. Vcnorme tromperie faite par le ReéVcur des Jéfuites de Mets aux Religieufes LIrfulines. Ses Eq^iiivoqiies ^ fcs Menfonges., fon Dol tc ii fourberie reconnue par un Arrêt du Parlement de Mets, rendu fur cela, l'an 1661. XV. Le .Mémorial préfentéau Roi d'Efpagne en perfonnc, par les Créanciers du Col- lége des Jéfuites de Seville, touchant les infigne s fourberies dont ils fe fervirent l'an 1644. 6c 1645'. pour faire une Banqueroute de plus de quatre cens cin- quaQtç mille Ducats, qu'ils enlevèrent à diverlés familles de toutes fortes de conditions. .X V \. Jls fe rendent maîtres de l'Univerlité de Prague contre M mm 2 les 46i FAUSSETEZ DE PLUSIEURS les Droits de l'Archevêque , en attribuant de faux Droits à l'Empereur; XVII. Ils dcihonorent le MiniJUre E-vangéli^ue 8c défigurent la Religion Chrétien- ne aux Indes, par leurs tergiverfations ^fourberies. Ils y portent fur eux les marques des Se6laires idolâtres , & publient faiifje-ment que le Pape le leur z. permis, en fe mocquant des Bulles qui déclarent le contraire, & qui les- condamnent. XVllI. Us trompent le Roi d'Omura dans le Japon, êc y font périr, de même qu'en Europe, divers Princes £c plufieurs Fidèles, contre- lefquels ils excitent de fanglantes perfecutions. XIX. Enfin , ils entretien- nent par tout des Emijfaires 8c des fourbes qui corrompent les bonnes mœurs- & la vérité. Leur Père Valentiay a été convaincu de cela devant le Pape Clément VIII. 5c en eft crevé de dépit IS de confufion. XX. Toutes ces maU 'verfationsic fourberies ont été lî folidement prouvées contre les Jéfuites, qu'ils- ont été cbaffez 6c bannis honteufement , en divers icms , par l'Autorité des' Puiflanccs Souveraines, de l'Empire Ottoman, duRoiaumede France, delà République de Venife, de l'IfledeMalthe, de Cochin 6c du Japon. Il y a une infinité d'Aétes Publics 8c de Relations yluthenriques faites par ceux de la Communion de Rome, qui contiennent des preuves irréfraga- bles de tout ce que nous venons de dire. Les chofes même dont les témoù gnages pourroient être fufpeéts en Europe, pour être venus des autres pari tics du monde les plus éloignées., fe trouvent dans les propres Ecrits des Jéfuites, comme, par exemple, leur banniflement du Japon, dont l'Hiftoire- cft écrite par Louis Gufman Jéfuite qui la fit imprimer lur-mêmc k yîlcala^ l'an i6ox. 8c qui rapporte dans le III. Chapitre du Livre II. „ Que la „ perfécution fufcitéc par l'Empereur du Japon contre les Jéfuites , 8c le fu* jet que cet Empereur difoit avoir de les bannir: c'cft qu'/7 avoit reconnu '„ qu'ils et oient des Fourbes £5? des Trompeurs, qui, fous prétexte de prêcher le falut, venoient pour brafler quelque trabifon^ contre lui 8c les „ autres Rois du Japon , dont plufieurs avoient déjà rcflentile^ pernicieux „ effets de leurs Tromperies: déclarant en même tems qu'il ne procès ,', doit point contr'eux en haine de la Religion Chrétienne.^ puis qu'il donnoic ,1 permiflîon, par écrit, aux Religieux de S. François de la prêcher dans „ tout fon Empire , Sc d'y établir des Eglifes 8c des Convents. Si quelqu'un après cela veut encore ajouter foi aux Atteftations que les Jéfuites ont forgées en divers Païs de l'Orient, pour détruire quelques-unes des 'ïbcfes que les Réformez foiitiennent contre le Clergé de France 8c les Doéteurs de l'Eglife Romame. Nous, le renvoions à l'examen des Maximes Juridiques 8c des Axiomes de la Jurifprudence que nous avons mis à la fia de cet Ouvrage, oîi les plus aveuglez 8c les plus incrédules trouveront de quoi fe convaincre qu'il n'y a que des aveugles^, des fourbes ., ou des infenjèz-, qui faflent paflcr pour de bonnes preuves les Témoignages rendus, ou pro« duits, par des gens qui fourniflènt eux-mêmes tous ces griefs énormes , 8c tous ces puiflans motifs de récufation dont nous avons, fait la déduite gé« nérale. Il eft tems que nous pafilons maintenant de cet Article des Jéfiùtes à ce* lui de Monfieur de Nointel.^ Ambafladeur de France, qui les a rais en pra- îjque Se envoie dans tout l'Orient pour fèâuire les Grecs , comme il a féduit lui- CONFESSIONS DE FOI. 46^ ïai-même ceux de Çonftantinople & des Ifles de l'Archipel , pour fe faire un mérite auprès du Roi Ton Maître, 6c pour féconder les pernicieux dcf. feins des Prélats de l'Eglife Gallicane, qui cherchoient divers moiens pour confondre ÔC détruire les Réformes, Voici la Copie d'une Lettre de ce Miniftre d'Etat , adreflee au Roi de France, dans laquelle il explique en peu de mots ce qu'il a fait pour cela. „ Sire, ce n'efl: pas feulement de ceux qui vivent dans la Foi Catholi- „ que du RHe Romain, que Vôtre Majcftc eft reconnue pour le Fils aîné „ de l'Eglife, Sc pour fon Protedcur. Car, fi étendue que puifle être TE- „ giife Romaine en plufieurs contrées du Monde, Vôtre Proteâion, She, „ va encore plus loin. Les Chrétiens Orientaux y recourent de tous cô. „ tez, comme à un azile afliiré: & l'on peut dire que Vôtre Majefté eft le „ centre où ils fe réunifTent en quelque façon au Chef, duquel ils font fé- „ parez, ou par une nécefllté malheureufe, ou par un refte d'opiniâtreté. „ Les ordres, Sire^ que j'ai reçus de Vôtre Majefté de prévenir ces Cbré- „ tiens affligez dam leurs béfoins , font exécutez, avec toute la ponSlualité qui „ m'eft poffible; 8c parce qu'ils ne s'étendent pas feulement fur le temporel y „ mais encore fur le Spirituel^ j'ai crû que je ne devois pas borner le xéle „ auffi puijfant que fecourable de Vôtre Majefté, à donner refuge à des Patriar- „ ches &■ à des Archevêques dans le Palais de France à Confiant inople : mais „ qu'il falloit encore les avertir de \z prétention d'un Miniftre Calvinifte, Suh. „ jet de Vôtre Majefté; lequel foûtient dans divers Traitez que les Grecs, „ les Arméniens Se les autres Communions Orientales, féparées de l'Eglife „ d'Occident, ne croient point la Préfence réelle de Nôtre Seigneur Jcfus „ Chrift dans l'Euchariftie, ni le changement réel 8c fubftantiel du Pain Se „ du Vin en fon Corps & en fon Sang, 8c qui s'opiniàtre fur ce principe à- „ foûtenir que les Orientaux n'adorent point du Culte de \^zx.nzjéftts Chrift „ préfent réellement dans l'Euchariftie. „ J'ai crû, Sire ^ ce Point de Fait fi important, que je n'ai rien oublié pour „ l'éclaircir; mais lors que j'ai demandé des Atteftations aux Patriarches „ Grecs, ils m'ont dit que les anciens Pérès de leurs Ëglifcs, les Confé- „ renées par lettres du Patriarche Jérémieavcc des Luthériens d'Allemagne , „ les Synodes tenus contre une prétendue Profeftîon de Foi de Cyrille Lu- „ cary la Confeftion Orthodoxe de l'Eglife d'Orient, 8c le Livre à'Jgapius „ étoient autant de preuves inconteftabks de cette vérité; 8c que l'imagina. „ tion contraire d'un particulier, ne les engageoit pas d'affembkr un Synode^ „ pour le defabufer. Ils n'ont pas laifle de me fournir plufieurs Pièces de „ conféquence, 2c entr'autres une Profcffion de Foi fur les points dont ils- „ différent des Latins, donnée par un de leurs Docîeurs. J'ai même obtenu' „ des Atteftations du Patriarche général des Arméniens 8c de celui de Con« „ ftantinople. J'en ai eu des principales Villes de V Archipel. J'y ai ajouté le .„ témoignage de plufieurs Ambaflàdeurs 6c Répréfenians , qui font en cette „ Porte. Et enfin , le Patriarche Dionifius avec trois autres qui l'ont précé- „ de dans la même Dignité , celui d'Alexandrie 8c trente- fix Métropolitains fe ,> font aflemblez 2c ont déterminé un Acle Synodal.^ qui cft dans le Livre dc- Mmm % ,^ Ja- 4<54 FAUSSETEZ DE PLUSIEURS „ la grande Eglife, où le point de l'Euchariftie 6c pluficurs autres étant ex.* ]] phquez, ils font voir clairement quelle eft leur Foi. „ Ceux qui m'ont apporté ces Ecrits aiant eu divers entretiens avec moi , „ je prends encore la liberté d'en faire tenir une Relation à Vôtre Majcfté. 5, Elle trouvera auffi , avec ces Pièces , une Atteftation du Patriarche Grec „ d'Antioche 8c une de celui des Cophtes. Et Elle jugera mieux que perfon* „ ne qu'on ne peut s'élever contre un fi grand nombre d'autoritez , lelquelles „ étant d'elles-mêmes très fortes deviendront invincibles , lors qu'elles fe „ trouveront fous la Proteétion de Vôtre Majefté, 8c qu'elle s'en fervira pour la gloire de l'Eglife. Vous en êtes , Sire , le Fils aîné. Ainfi fa défen. „ fe regardant particulièrement Vôtre Majefté , me fervira d'excufe fi j'in- „ terrompt fes grandes occupations , 8c de moien pour lui prouver le zclc 5, Se Je profond refpeft avec lequel je fuis , SIRE, DE VOTRE MAJESTE' Le très humble , très ohéijfant l^ très fidèle ferviteur £5? fujet , Oliêr de Nointei.. A Fera le 10. Juillet 1672. Nous pourrions faire des Remarques très avantageufes pour la caufe des Réformez , fur le contenu de cette Lettre , qui a été inférée dans le VI, Chapitre du VIII. Livre des Preuves Authcntiqi'.cs des Doéteurs de Port- Roial ; mais aiant réfolu de ne nous attacher qu'aux matières les plus eflen. tielles de ces Confcflions de Foi dont Mr. de Nointei fait mention , nous allons finir cet Ouvrage eu démontrant , en peu de mots , que celles d'en-, tre ces Confeffions de Foi prétendues , dont nous n'avons pas encore fait voir Izfaujfeté , ne font pas moins contraires à la véritable Créance des Grecs non Latinifcz , que celles qui ont été détruites par les raifons 8c les témoignages particuliers qu'on peut voir dans les Articles précédens , où nous avons dif- cuté cette matière plus en détail, que nous ne ferons ici, pour ce qui nous refte à dire touchant la nullité de tous les témoignages que Mr. de Nointei a mendiez lui-même, dans les IJIes de F Archipel £c dans celles des Princes. Cet Ambafladeur eft allé en propre perfonne dans toutes les Abbaïcs, dans tous les Monaftéres , 8c dans toutes les Egliics Paroiffiales de ces contrées là, pour en tirer quelques témoignages en faveur de la créance de l'Eglife Ro- maine , comme cela paroît dans trois ou quatre grandes Relations qui font inférées dans le troifiémc Volume de la Perpétuité des Docteurs de Port- Roial. On y trouve que ces pauvres Moines 8c Papas font fi fltipides 8c fi idiots^ qu'ils font toutes leurs fonétions Eccléfiaftiques par habitude y ou par routine , ne le mettant en peine que de fçavoir lire. Ceux de Mauromak ont attefté à Mr. de Nointei ,, que Saint Luc l'Evangélifte eft le premier qui „ a enfeigné l'ufage 8c le culte des Images. Un Papas de l'Eglife de Pnn- ,, kipo lui montrant /£■ Viatique dans un fac de toile ^ pendu dans un enfonce- „ ment de muraille, 8c étant interrogé du nombre des Sacremens qu'il croioir, „ lui répondit qu'il n'était pas ajj'ez habile potir fça-voir cela. Mr. de Noirdel >) s ci CONFESSIONS DE FOI. 46 y '„ s'étant informé dans une autre Eglife du même lieu, où l'on tenoitleVia. ^ tique , un Abbé lui dit qu'on le mettait en terre dans une bo'éte : & l'aiant „ conduit dans la cour de fon Monaftére pour le régaler , il lui préfcnta du „ fromage de chèvre 6c du pain cuit à demi avec tout fon fon , £c un verre 3, de vin à demi fait 6c tout bourbeux, dont il ne voulut pas goûter. Dans „ une autre Eglife il trouva le Caloyer , qui en étoit le Curé , ^ la porte „ du Veftibule oii il apprenoit à lire à des petits enfans , pour lefquels on „ lui donnoit pour chacun un Afpre par fêmaine. Ce Caloyer lui dit qu'il f, avoir afïèrmé fa Cure de l'Archevêque de Calcédoine pour la fomme de „ douze Piaftres par an , quoi qu'il n'en eût touché que dix cette année là; „ mais qu'il n'y prenoit pas garde de fi près , fe contentant de vivre avec „ quelque petite chofe qu'il recevoit pour l'adminiftration des Sacremens. „ L'Abbé de faint Dimiitre de Toufla dans l'Afie , étant en converfation- „ avec Mr. de Nointel y qui lui fit connoître que les Calviniftes ne reconnoif- „ fent que deux Sacremens , le Baptême 6c la fainte Cène , ne comprit pas ce „ que cet Ambafladeur lui vouloic dire , parce que ce mot de Cène lui étoic „ inconnu en matière de Sacrement, & ne fçûtlui dire quelle étoit l'opinion j, des Grecs fur cela. Il les trouva même fi malinftruits de ce qui concerne leurs j, régies de la vie Monaftique , qu'ils ne fçavent point en parler juftc ; c'efi: ^, ce que Mr. de No'mtel déclare lui-même dans fa Relation , à la fin de la* j, quelle il ajoute , qu'aiant voulu interroger un enfant de cinq ou fix années ^ dans le Village de Foufta , le Papas lui dit qu'il ne fçavoit encore rien ; j, & que lui aiant demandé s'il ne communioit pas , il lui répondit qu'oui, j, fur quoi lui aiant fait des reproches de ce qu'il l'admettoit à ce Sacrement j, fans lui donner aucune connoiflance de ce qu'il faifoit , fa réplique fût , jj qu'étant dans l'état d'innocence , il n'étoit pas néceflaire de lui donner deS' „ inftruétions dont il n'étoit pas capable. Des autres Papas fie Caloyers dir „ même lieu étant interrogez de l'endroit où ils tenoicnt le Viatique , répon- „ dirent à Mr. de Nointel , qu'on le gardoit dans le Sanctuaire , qui eft un „ lieu à part 6c féparé du commerce ; & que c'étoit le fujet pour lequel les- „ féculiers n'y venoient point prier; qu'il iioit feulement deflriné pour l'ulage „ des malades , 6c qu'on n'y tenoit point de lampe allumée devant : mais ces „ raifons ne fatisfaifant pas Mr. de Nointel , qui leur difoit qu'on ne dévoie „ point manquer de témoigner, par quelque culte ou vénération extérieure,. „ du refpeéb pour ce Sacrement, ils lui répliquèrent que c'étoit l'ufage reçu- „ parmi eux d'en agir de cette manière là 6c non pas autrement. Mr. de „ Nointel déclare aulÏÏ dans la même Relation, que plufieurs Abbez 6c Ca« „ loyers lui réfutèrent des témoignages de leur créance , les uns en dilant , „ qu'ils n'étoient pas capables d'expliquer les Myfl:ères de la Religion , 6c „ les autres en s'excufant qu'ils ne le pouvoicnt pas faire lans la permifiion „ de leur Patriarche. Mais un Caloyer de Tlflc de Prinkipo qui parloit à „ Mr. de Nointel d'une manière ù lui faire entendre qu'il étoit plus fçavant; „ que tous les autres Moines , 6c que le Patriarche même , fe voiant pref^ „ féde répondre aux demandes que lui fit cet Ambafladeur, ne manqua pas „ de fe munir d'une précaution, avant que de s'expliquer iur aucun article, „ qui fut de s'informer de Mr. de iVb/«/(r/ s'il étoit Papille j fur quoi lui aianc *^* M mm 4 „rc- i^66 FAUSSETEZ DE PLUSIEURS „ répondu qu'il étoit Ambafladcur de France, ce Caloyer lui dit qu'il croloit „ la Réalité de Jéfus Chrift au Saint Sacrement. Mais des gesis de la fuite „ de Mr. de Nointel lui aiant affirmé qu'ils fçavoient qu'il auroit parlé au* „ tremcnt fi l'Ambafladeur d'Angleterre l'avoit interroge, découvrirent qu'ii 5, avoit demeuré lon^ tems à Belgrade , & lui firent avouer qu'il y avoit „ donné une Coufeffion de Foi au Comte de Fincejîai , qui étoit alors En* „ voyé d'Angleterre dans ce Païs-là. Nous pouvons ajouter à ces Relations de Mr. de Nointel^ une de fes Let- tres , qui fert à confirmer , d'une manière très authentique , les preuves que nous venons de rapporter , toucliant le feu de cas qu'on doit faire des té- moignages des Grecs , fur les matières de Religion , non feulement à caufc de la crajje ignorance dans laquelle ils font f longez ; mais auffi parce qu'ils ne font aucune difficulté de déguifer leur créance êc d'affirmer publiquement le con- traire de ce qu'ils penfent , en faifant même des Exercices de Religion qui font entièrement oppoicz à ce que la confcience leur diAe , tant ils l'ont cau- térifée jufqu'au dernier nioment de leur vie. En voici une preuve , qui eft fans doute bien digne de remarque , tant par le caraSlére extraordinaire du Perfonnage dont il s'agit , que par la qualité des Auteurs qui nous la fourniflent. Ce font les Doéteurs de Port-Roial eux. mêmes , qui par un aveuglement étrange dont Dieu les a frappez , pour les pu^ nir de leur tnauvaife foi , fe font follement imaginez de pouvoir faire quelque ufage contre les Réformez , de la Lettre fuivantc de Mr. de Nointel , qui fe trouve fans datte , Se fans adrcfle , parmi les Preuves ^authentiques de ces fameux Controverfifles , fur la (m du Chapitre IX. de leur troifiéme Vo. lume , dont voici mot à mot l'extrait. „ Les defleins de l'etera Chef des Cofiques , qui s'étoit retiré dans un Mo. 5, naftcre en Moldavie , ont été renverfez par fa morr. Comme il vit qu'el- „ le approchoit , il fut combattu du defir de rendre publique fa Profejfion de Cut yytholique Romain^ en defa vouant la Profeffion Grecque ^u'il avoit fait pa- „ roitrc à V extérieur jufqu'alor^. Mais la crainte que revenant enfanté, cet- „ te aâ-ion ne nuifit à fa fortune , l'obligea de confervcr fa qualité de Dif. „ ciple caché de la véritable Eglifc. C'eft pourquoi il crût qu'il devoit pren. „ dre un milieu , qui même a été approuve' par des Catholiques Romains , „ E v E s Qju ES y Religieux, Sc par les principaux Grecs de VEglife , ce >, fut de fe confeflcr à un Francifcain , 6c profcflcr tous les points de la Crc.* ,, ance Apoftolique 6c Romaine, de déclarer qu'il y vouloir mourir ; ce qu'il „ témoigna non feulement à fon Confejfcur , mais encore au Ré fuient de Pologne. ), Mais comme il vouloit recevoir le Viatique , il l'envoia demander à l'E<» 5, glife Grecque , £5? mourut dans fa Coînmunion. il étoit fans doute bien tems 5, de quitter tout déguifement , au moins dans le moment de fa mort , 6c il n'y „ pouvoit plus avoir de prétexte pour le continuer. La vérité en cette oc« „ cafion , ne devoit point être mife en balance avec des avantages tempo- „ rels , d'autant plus que Tetcra avoit fait une donation de cent mille ccus aux )> Jésuites de Farfovie , & qu'apparemment il lui refioit peu de chofe à mé- » nager. On ne trouvera jamais un plus authentique témoignage de ce que les Grecs font' CONFESSIONS DE FOI. ^67 font capables de faire , contre les fenîimens de leur confcience , pour dèguifer leur Religion , en faveur de ceux qui les entretiennent dans quelques belles eipé-, rances, pour les biens temporels. Et puis que ce déguifement eft en même tems approuvé par des Evêques ^ Religieux Papijies , Se par les principaux Grecs de- toute une Fille , il n'y a plus lieu de s'étonner que Mr. de Nointel , avec les Jéluites & les Prélats de France , aient trouvé le moien d'avoir plufieurs Confeffions de Foi , des plus ignorans 6c des plus pauvres d'entre les Grecs , en leur donnant de l'argent, puis que , fuivant le témoignage que nous ve« nons de produire , les Jîfuites de Varfovie ont trouvé le moien d'arracher non lêulement une Profeâlon de Foi , en.fccret , d'un Général d'Armée qui n'ofoit pas abandonner ouvertement la Religion Grecque ; mais qu'ils l'ont même porté à leur donner cent mille écus , quoi qu'il ait toujours profejfé ex- térieurement jufqu'à la mort , une Religion contraire à celle de l'Egïifc Ro-i maine , dont il favorifoit les SeEfateurs en fecret , du confentement de plufieurs au- tres Grecs de confidération. Voila précitément ce qu'ont auffi fait quantité d'au» îres Orientaux dont nous allons réfuter les témoignages , non feulement par toutes ces raifons qui viennent d'être produites , mais auffi parce que ces Confeffions prétendues ont été faites dans des lieux où les Grecs Latinifex 8c dévouer au Papifme , font confondus avec ceux qui font féparez de la Com< munion de Rome. Nous avons de quoi le prouver très authentiqucment , 5c d'une manière qui détruit abfolument tous les témoignages des Grecs des liles de l'Archipel , dont les Doétcurs de Port-Roial ont produit, contre les Ré- formez , une dixaine de Confeffions de Foi , fignécs de quelques Papas ou Ca« loyers inconnus , Se qui ne font pas la millième partie de ce qu'il y en a dans ces Iflcs , qui font auffi peuplées d'un très grand nombre de Latins ou Papifes , comme on le verra par une Remarque fur la Lifte fuivante. Lifte des Hdbitms des Iftes deV Archipel ^ qui paient H&ï^tch, ou Tribut .^ par tête. San Torino en a , 8000. Policandro, 1500. Nio , 1000. Sichino, 2000. Nanfi, 1000. Eftoupalia, ijoo. Nixoro, 1500. Pattino,ouPatmos, 6000. Andro, ijooo. Zia , 4000. Termia i 5000. Serfou , aooo. Sifanto, gooo. Lindo, aooo. Argentaria , i5'oo. Milo , 7000. Efpecii, 1000. Idra , 1 000. Egena , 2000. Scopolo , jooo. Sciladroi, €00. Sangeorgio Defchiro, 3000. Plâra , 800. Naxia, 7000. Nicaria, 1000. Xamos, loooo. Parifî, 10000. Antiparifi , 500. Micono , Sira, Aijo ftrati , Samatrachi, Schiaro , Simo, Zoara , Taffij, Cazo, Scarpanto , 2000. 5000. 2000. 800. ij'oo. 2000. 5000. 5000. 5000, 4000. Scarpantoni , 2000. Niflero, Pifcopi , Morgo , Lero, 51500. 50700. 'En tout cent quarante-cinçi miJk bomms f femmes, Scenfans. Non 3000. 4000. 4000. 250Q. 42800. Ce 4«8 FAUSSETEZ DE PLUSIEURS Ce n'eft pas que ce calcul foit auffi juftc que fi l'on avoit compté les per- fonnes une à une: mais il eft auffi éxaft qu'on a pu le faire fiir les lieux tnc- mes, au rapport des Habitans, dans la conjonfbure donc le Chevalier Ricaut fait mention fur la fin du Chapitre XIX. de fon Hiftoire de l'Eglife Grecque, en ces termes. „ Il s'cft trouvédespcrfonnes de qualité & d'efprit, à qui leur haine pour les ;, 'Ttircs a infpiré le deflein de faire une Lignc^n\.xt\t%IJles de l'Archipel^ par oij „ elles s'obligeroient de s'entr'affifter mutuellement contre les Corfaires , & „ contre tout autre ennemi, qui entreprendroit quelque chofe, au préjudice de „ leur Liberté. J'ai été informé, que c'étoit-là un des projets du Marquis de „ Fleury, Gentilhomme Savoyard, qui a couru tout P Archipel, commandant j, un Vailîcau de guerre, monté de 60. pièces de Canon, 6c de 500. hom« „ mes. Il fit dans ce voiage, de curieufes Obiervacions fur la qualité, h fi« j, tuation, les Ports, les Denrées Sc le nombre des Habitans de ces Ifles. Un „ de fes amis m'aianc communiqué le Mémoire de ce Marquis fur le dernier „ Article, je l'infère ici, pour fatisfaire la curiofité des Leéteurs, & pour „ mieux répréfenter l'état de ces Ifles. Voici quelle eft la Religion de ces Peuples, félon les Mémoires du même Auteur inférez au commencement du Chapitre que nous venons de citer, 6c dont nous tirerons ci-après une conféquence pour nôtre but. „ Les Grecs de ces Ifles font extrêmement divifez à l'égard de la Religion. „ Les uns reconnoiflent le Patriarche de Conftantinople, & les autres fe foû- „ mettent au Siège de Rome. Ce dernier Siège y a même le dcjfus , à quelques „ égards. Les Grecs font pauvres ôc ignorans. Les Latins font en pofleflîon „ des biens de l'efprit & de ceux de la fortune. Davantage, la longueur „ des Offices Grecs eft auffi rebutante que la brièveté des Méfies des La» 3, tins eft attirante; de forte que plufieurs Grecs fe rangent de ce dernier Parti. „ Ajoutons encore, que tandis que les Vénitiens furent maîtres de ces Ifles, „ l'Eglife Romaine ne manqua pas de faire valoir une fi belle occafion d'y „ établir fa Puiflance. Elle opprima par tout les Grecs, dont la Religion „ alors languiflante alloit toiîjours en diminuant, faute d'être protégée, Sc „ par l'impuifl'ance de fc faire rendre juftice. „ A la fin, en l'an 1644. l'Evêque Métropolitain Grec de Chio, indigné ,, de tant d'ufurpations, réfolut d'en arrêter la violence. Il fe nommoit.^««- „ ce Neochori : homme d'un cfprit vif & agillant, que fes ennemis ont taxé „ d'orgueil, d'avarice & de fourberie. Pour venir à bout de fon deflein, il „ infinua fubtilement aux Turcs, qu'ils dévoient tout craindre d'une Socié- „ té de gens, qui avoicnt des engagemcns étroits avec les Vénitiens, & qui „ entretenoient une continuelle correfpondance avec les ennemis de la Porte. j, L'Evêque s'imagina, que cette feule confidération feroit caufe du bannifle- „ ment de tout le Clergé Romain, 6c que le rcfte des Latins, étonné par „ cet exemple, aimeroit mieux fe foûmettre à l'Eglife Grecque, & rccon* 5, noître la Jurifdiétion du Métropolitain, que de s'expofcr à l'éxil & à la ,j confifcation. Afin de mieux s'aflurer du fuccès de fon entreprife , il s'af- „ focia un Prêtre Grec, dont les qualitcz n'étoient pas communes, & qui „ entcndoit bien la Langue Turque. Il étoit vcrfé dans les Loix du Pais , _ Se » >» CONFESSIONS DE FOI. 4(^9 ^ 8c avoit tant d'habitudes parmi les Grands, que les Latins l'appelloienc ", par raillerie Papas Mujîapha. Une circonftance indifFérente d'elle-même, „ facilita la réùffite de leurs projets. L'Eglife Grecque de Chio devoit alors „ de l'argent à des Miniftres de la Porte. L'Evêque leur offrit le paiement „ de la fommc & des intérêts cxceffifs, pourvu qu'ils lui procurafient la „ réunion des revenus des Latins aux Eglifes Grecques. Frappez de cette „ oôre, & plus amateurs des richefles , que de la juftice, ils firent valoir j, leur crédit à la Cour: de forte que par leur faveur, TEvêquc obtint à peu „ près ce qu'il demandoit. „ lis répréfentérent fortement aux Miniftres les mauvaifes difpofitions des ;, Latins , leur répugnance pour la profpérité de la Couronne Ottomane , „ leur dangercufe correfpondance avec le Pape & les Vénitiens, Se leur ré- „ folution d'opprimer VEvéque Grec de Chio pour rendre Vlfle toute Latine. Ils „ ajoutèrent que dans cette dernière vue les Papiftes avoient fait des CoUec» „ tes en divers endroits de la Chrétienté; &: que le prévalant de la pauvre* „ té de rifle, ils avoient acheté de cet argent, la meilleure partie des Egli- „ fes qui avoient appartenu aux Grecs, ks unes pendant plufieurs années, „ & les autres durant des Siècles entiers. „ Les Latins^ avertis de ce rapport, qui tcndoit à les faire bannir, réfo- ;, lurent de rifquer tout, plutôt que de devenir efclaves des Grecs. Leur „ Evêque prit la route d'Andrinople, accompagné de dix Afîîftans, nommez „ pour le féconder en ce voiage: & ils partirent fulminant contre les Grecs ^ „ & les menaçant d'une terrible vengeance. Paflant à Conftantinople ils „ confultérent avec ceux de leur Communion qui y demeurolent, 6c fondé- „ rent les difpofitions du Patriarche. Dès que TEvêque Latin fut arrivé i », Andrinoplc avec fes Afliftans, on les jetta en prifon, comme des perfonnes -3 déjà convaincues, 6c on les tint quinze jours les fers aux pieds. La four- " i d'une fi grande rigueur étoit pourtant moins le defîèin de lÉavorifer les " Grecs, que celui de forcer les Latins à acheter leur liberté, car le Cai- " macan nommé Kara-Muflapba-Buchu aiant arraché des Grecs 4000. écus , „ fous promefle de faire pancher la balance de leur côté, & de punir leurs îj ennemis, en reçût 7000. des Z,<ï//«;, après quoi il voulut paroître neutre, 6c 5' marquaun jour pour la dècifion du diffèrent. Le jour écant venu 6c les par- " ties aflemblées devant les Juges, le Métropolitain Grec fulmina terrible- " ment contre les Latins-, les accufa de manque d'affeétion pour l'Empire " Ottoman j 8c ajouta, que pour lui, encore qu'il portât la Croix, il com- „ battroit en tout tems, fous le Croiflant; finiflant par plufieurs autres cx- »» preffions, aufli pleines de flaterie que de diflimulation. Les Latins protef- " térent de leur fidélité à l'Etat, 6c n'oublièrent rien pour faire valoir leur " droit de poflèfllon; alléguant que les Eglifes dont il s'agiflbit leur appar- ia tenoient, les unes en vertu des Capitulations, & les autres par acqueft, „ ou par une jouïflancc au delà de toute prefcription. „ Le Caimaca», amolli par l'argent des deux Partis, fut ravi de pouvoir ;, fe conduire avec une égale modération, à l'égard des uns fie des autres. „ // adjugea des lors quelques-unes des Eglifes aux Latins: Et comme fi les titres }, des autres euûent été douteux , il en renvoi* l'examen & la difcuflîon au N n n z „ B icha 470 FAUSSETEZ DE PLUSIEURS „ Bâcha 5c au Cadi de Cbjo. En même tems , il donna fous main aux Grecs „ un ordre particulier, qui obligeoit ce Bâcha £c ce CWi, de les mettre en „ poflefTion des Eglifes dont les Latins n'auroient pas joui plus de 60. ans : „ mais il s'en trouva un fi petit nombre cjue les Grecs perdirent beaucoup „ plus dans cette difpute qu'ils n'y ont pu gagner du depuis, car les Latins „ ont par ce moicn affermi leur pofleflîon lur un plus grand nombre d'E- „ gliies que les Grecs, dans Tlfle de C/w, 6c dans toutes les autres Mes de „ Y Archipel, & de la Mer Ionienne. Ceux à qui cette Relation pourroit être rufpeârc, n'ont qu'à voir ce que le fameux Doftcur Moreri a écrit, dans fon grand Didionaire, touchant les principales Illcs de la Grèce, .& ils feront convaincus qu'y aiant dans toutes ces contrées-là plufieurs Evêques Latins, avec un très grand nombre à.'Ecclé* fiajiiques & de Chrétiens, entièrement yô//;»/j à robeijjance de VEglife Romaine^ "les Proteftans ont un très jufte motif de rejetter les Confeffions de Foi que les Prélats de France ont fait forger dans quelques-unes de cesïlles, par des gens inconnus , 6c qu'ils produifent comme autant de témoignages de la Créance des Grecs non Latinifez , puis que ces Prélats de la Communion de Rome ne donnent aucunes preuves qui fervent à démontrer que ce font de véritables Grecs Anti-Papaux qui ont figrjc ces Dogmes , dont les Docteurs de Port-Roial ont voulu fe prévaloir dans leurs Controverfes contre les Eglifes Réformées. Nous trouvons dix de ces Confeffions de F«, dans le troifîéme Chapitre du huitième Livre des Preuves que ces fameux Controverfiftes de Port-Roial Sc de Sorbonne ont publiées en François, dans leur grand Ouvrage de la Perpé~ tuité. Sur quoi on doit remarquer, en premier lieu, qu'il y %■ cinq de ces Confeffions qui font tellement uniformes dans toute la matière de leur con« tenu, dans le nombre de leurs Articles & même dans les termes 6c les ex* prcffions Grammaticales , que c'eft une marque très évidente qu'elles ont toutes été copiées fur une feule Minute dreilèe par les Prélats de France, de laquelle Mr. de Nointel a fait figner plufieurs Exemplaires uniformes , aux Peuples de ces Iiles, dans le tems qu'il s'y ell tranfporté lui-même pouc en vifiter les Abbaïes 6c les Monaftéres , comme il paroît, tant par fes Re« Litions touchant ces voiages-là, defquelles nous avons donné ci-devant des Extraits, que par la datte des Confeffions de Foi dont il s'agit, puis qu'eu les font toutes de la même année que ces Relations. Cela paroit dans les Originaux Grecs qui font dans la Bibliothèque du Roi de France , 6c dont les Doèleurs de Port-Roial n'ont donné que des Tiaduclions en François, fans aucune Lègalifation , 6c fans qu'il paroiflc par qui elles ont été colla- lionnées, ni en quel tems ces Traductions ont été faites, car il y en a VIII. dont la datte eft entièrement fupprimée, 6c une dont l'année ell indiquée par hazard, fans aucune mention de jour, de mois, ni de lieu: mais il y 3 une de ces dix Copies au bas de laquelle ces Doèleurs ont laifle échaper dé leur plume une datte du zz. Juillet 1671. après le dernier Article de l'At* teftation de l'Eglifè d'Anaxia. C'eft précifément dans ce tems-là que Me de Nointel étoit dans les Ules des Princes oili il mendioit plufieurs Attefta- tions. Cela paroît dans le Chapitre V. des Preuves Authentiques du iroifiém^ Volume CONFESSIONS DE FOI. 471 Volume de la Perpétuité des Dofteurs de Port-Roial, où ils rapportent une des l^elations de ce: Ambafladeur, qui dit à la page 458. que le zi. du même mois & de la même année dont nous parlons, l'Abbé de Saint Geags de rifle de Prinkipo lui apporta une Atteftation de fa Créance, £s? ^ue c'eft le Jittl des Religieux de cette Ifle qui lui en ait i-oiilu donner. Celle que le même Ambafladeur a produit fous le nom des Eglifes de trois Ifles, à fçavoir de Cephalonie, de Zante 8c àPltaque^ n'efl: fignée que par une douzaine de Moi* nés, & par trois ou quatre Papas qui ont mis leurs noms tous enfembleyâ»- une mente feuille de papier , au bas des 'mêmes Articles , qui font au nombre de 15. de même que dans l'Atteftatioii de l'Ifle de Sifanto^ 6c dans celle ùHAn" dros, qui efl: une autre Ifle oîi il y a un Archevêque Grec tellement dé-- voué au fervice de TEglife Romaine , qu'étant haï de tous les véritables- Grecs non Latinifez^ fbn témoignage n'a été confirmé que par un feul Prê- tre de fon Archevêché, où il y en a plus de mille, fie par un Sacrifl:aia à'Jndros. C'eft pourquoi cet Archevêque ne trouvant que ces deux pauvres- miférables Eccléfiaftiqucs dans tout fon Diocéfe qui vouluflent fiener com- me lui , quelque chofe en faveur de l'Eglife Romaine, s'efl: avife de mcn-- dier le témoignage d'un certain Denis ^ ancien Archevêque de Milo^ c'efl à- dire, d'un Prélat dégradé & chaflc de fon Eglife. Cela paroît dans le Cha-- pitre III. du même Livre àes Preuves Authentiques de Port-Roial, que nous- venons de citer. Voila pourquoi ces Controverfifl:cs aiant honte de produire une Attefl:ation de cette nature, fe font contentez de dire à la page 415-. de- leur troifiéme Volume, que, Y'JttcJîation de TEglife d'Anàïos, contenant abfo- lument les mêmes termes que celle de Sifanto, ils n'ont pas jugé à propos de Fin-- férer az-ecles autres. On doit remarquer là-deflus , qu'il s'agit pourtant d'une- Ifie où il y a plus d'Eecléfiafl:iques Se plus d'Habitans que dans aucune au- tre des quarante-trois dont nous avons donné la Lifl:e ci^deflus, car on en compte quinze mille dans. celle-là toute feule, c'efl: à dire, plus qu'il n'y en a dans une douzaine des autres qui font aux environs de celle-ci. Les .autres cinq Confeflions de Foi qui ont feulement un Article de plus ou de moins que celles dont nous venons de parler, n'en font difterentes copi même Minute., parce qu'il y a pour le moins les trois quarts de leurs Articles qui ne différent pas d'une feule Syllabe., 8c que les autres contiennent aufîi les mêmes termes dont on a feulement changé la conftruftion en renverfant les- phrafes. Les Signatures n'y font pas en plus grand nombre que dans les au- tres, car l'Eglife de Tlfle de Micone qui a pour le moins deux mille Habi- tans , comme on le peut voir dans la Lifte ci-dcflùs , a donné une Attefia-- tion qui n'cft: foufcrite que par deux Moines 6c une demi douzaine de Papas, 6c la Signature de l'Evêque n'y a point été mife, quoi qu'il y en ait un- dans cette Ifle là, comme cela paroît en ce que l'un de ces Prêtres qui a mis fon nom au bas de ce témoignage , prend la qualité de Vicaire de l'E- vêque. Ce Prélat étoit apparemment enfévcli avec les Géans que les Poètes ont dit avoir été enterrez dans cette Ifle ,' quand ils furent vaincus par lier.» Nnn 3 cuk. 471 FAUSSETEZ DE PLUSIEURS aile. L'Atteftation de l'Ifle de Milo n'eft fignée que par une douzaine de Moines ou Prêtres, quoi qu'il y ait dans ce lieu plus de fepi mille Habitans. Et enfin celle de l'Ille de Chio , où les Géographes ont compté une trentai- ne de Filles., fclon le témoignage même de Moreri, n'eft pas munie d'un plus erand nombre de preuves que les autres, & bien loin qu'elles foient authen- tiques, il ne faut que jetter les yeux fur ces Signatures pour découvrir que ce ne font pas des Grecs , mais des Latins 8c Papifles qui ont mis leurs noms au bas de cette prétendue Confeffion de Foi. Comme font, cntr'autres, les Signatures de ceux qui s'appellent Jean , Jittoine , Michel., George , Ga- kriel, Conftantin^ Clément, & trois Nicolas., qui font des noms que les Grecs n'impofent prcfque jamais à ceux de leur -Nation. On les trouve néanmoins très fouvent eraploiez. dans toutes ces Confeflions de Foi des Ifles dont nous parlons, car dans l'Attcftation à'Anaxia., il y a auffi trois Nicolas qui ont fiené tous de fuite, 8c qui font peut-être les mêmes qui ont approuvé celle de Chio. Ce qu'il y a de certain, 8c qui eft reconnu des Hiftoriens mo« dernes, c'eft que cette dernière Ifle, dont le circuit eft d'environ une tren. taine de lieues, eft en fi mauvaife réputation, pour le génie de fes Habi- tans, qu'il y a un commun Proverbe dans la bouche de tous les Grecs voi. fins de ce Païs-Ià, qui dit, qu'un homme de bon fens , (i? un cheval verd , font également rares à Chio. (p^tn^-oi atS^^u-mn >ù, tt^ostijo «»5j?. Si on pafle de toutes ces confidérations particulières , à des circonftances plus générales, qui fe trouvent également dans toutes ces dix Confcffions de Foi on en rencontre d'abord trois qui prouvent la nullité de toutes ces Pié« ces ,' 6c la faiijfeté des témoignages qui ont été rendus par tous ceux qui ont fig-né ces formulaires de Dodrine, conformes aux fentimens de l'Eglife Ro- maine. Car en premier lieu , ces pi-étenducs Confeffions de Foi ne font approuf xces par aucun Ad.e Synodal. Et ceX^feul , fournit un jufte motit pour les reiettcr entièrement, comme des Certificats fuppofez par des fauffairesi^ des ira' folhurs. Les Doéteurs de Port-Roial 8c les Prélats de France ne fçauroicnt •difconvenir de cela, puis qu'ils ont approuvé le Concile de Jérufalem, qui dit formellement, dans le fécond Chapitre qu'on peut voir à la page 199. de ce Volume , que , „ l'ouï Ecrit concernant la Foi , ou quelques affaires Eccléfia- ftiques mis au jour pour fervir de preuve , doit être fait (y figné par une dé- " libération Synodale , après un examen public i^ inféré dans les Regiflres de VE- " vlife Patriàrchale. Les Auteurs de ce ConcWt fùtiennent outre cela , contre ''les Réformez , au commencement de leur troifiéme Chapitre mis ci-devant à la page 20Z. ,, ^l'aucune Confefion de Foi des Grecs Orientaux ne peut être valide fans V Approbation formelle iy les fgnatures de tous les Patriarches ; 6? " que de plus il fiut aujfi qu'elle foit dreffée par le commun fuffrage de tout le Clergé £5? de tous ceux d^'entre les Fidellcs qui firpajfent les autres en piété (^ en fç avoir , de telle forte qu^il n'y ait prefqu' aucun d'eux qui contredife aux Ar* „ ticles de celte Confefion. Puis que les Prélats de France ont emploie les Décrets de ce Concile con- tre les Réformez , ceux-ci peuvent bien s'en fervir à leur tour contre ces Çrélats , 8c leur foûtenir fur le ténjoignagc du Patriarche 8c de tout le Cler- gé de Jérufalem , qu'il n'y a dans tout le grand 8c fameux Ouvrage de h^ Pçr- CONFESSIONS DE FOI. 473 Perpétuité ( Prf7 après cela d'autres preuves de la nullité & de la fauffeté de ces Atteftations produites contre la Doètrine des Eglifes Réformées par les Prélats de France. Mais aiant le moien de poufler encore nos démon, llrations beaucoup plus loin , en faveur de ceux qui n'étant pas du même goût que les autres fur la matière des Témoignages , ibnt dans l'opinion qu'on ne doit jamais négliger , dans les afiaires litigieufes , ce qui peut fer- vir à prouver les mêmes véritez , dircâement , ou indireétement , par une furabondance de Droit , nous allons encore ajouter ici deux autres Remar* ques générales , qui ferviront à convaincre les plus incrédules même , que tous ceux qui ont fignè ce grand nombre d'Atteftations dont il s'agit, étoienr des impofleurs , & voici comment nous le prouvons par leurs propres décla* rations. Ils parlent en général 8c en particulier de fept Sacremens , d'une juaniére fui ne convient point à la Doctrine qui eft reçue parmi tous les Grecs non La- tinifez ; car ils ne reconnoijjent que deux Sacremens d'injlîtution Divine , comme nous l'avons prouvé ci-devant , par divers témoignages irréfragables , 8c en« tr'autres par toutes les Relations des Mijffionnaires 6? Nonces des Papes , qui ont écrit fur cette matière , 8c dont les Extraits de plufieurs Ouvrages très au- thentiques fe trouvent dans l'Hiftoirc Critique de la Créance des Natio'is du Levant , mife au jour par Richard-Simon , l'un des plus Sçavans 8c des plus célèbres Théologiens de la Comnmnion de Rome, qui ne dit rien en cela de fon chef particulier , mais en établiflant tout ce qu'il avance , touchant cet- te créance des Grecs , tant fur écs preuves incontejlables , que fur des faits con- Nnn 4 nus 474 FAUSSËTEZ DE PLUSIEURS nus de tous ceux qui ont voiagc dans l'Oricnc. C'cft pourquoi les Pcrfon- fiages inconnus qui ont écrit, ou attefté le contraire , dans les Confcflîons de Foi dont il s'agit , ne peuvent être que de faux témom , êc on reconnoît leurs impojlures non feulement en ce qu'ils admettent fipt Sacreuiens proprement dits , mais aufli en ce qu'ils les nomment tous dans le même ordre & par les mê- mes termes étimologiques dont on fe lert dans TEglife Romaine , quoi que ce foit une vérité incontcflable , que les noms de Confirmation , de Pénitence & d'Ordre t ne font point reçus dans les Eglifes des Grecs pour exprimer yOnêlion que les petits enfans reçoivent chez eux en même tems que le Bap« tême , la Confejfion de quelques adultes , & Vimpojition des mains qui fê tait non feulement pour l'Ordination des Prêtres Grecs ; mais auffi pour celle de leurs Doéteurs. C'eft auffi une chofe inufitk parmi les Grecs de célébrer tous les jours la Liturgie , cependant ils déclarent formellement dans le premier Article de la Confeffion de l'Eglifc de Milo , quV/^ confacrent tous les jours , 6c dans le iixiéme de celle de Sifanto , qu'il faut que les Chrétiens invoquent la Sain'» te Vierge Se tous les Saints qui font dans le Ciel: ce qui eft entièrement con-» traire à leur Doétrine Théologique, qui n'établit ni Paradis y ni Enfer ^ juf» qu'au jour du Jugement univerfel. Ils difent la même chofe dans le fîxieme Article des Confeffions des Eglifes de Céphalonïe , de Zante , 6c (ï'Itaque , en y ajoutant de plus , que ceux qui prient la Vierge 6c les Saints qui font dans le Ciel , rendent à Jéfus Chrifl Vhonneur qui lui cfl dû , ce qui eft une propo^ lîtion auffi fauffè qu'aùfurde , puis que fclon la diftinétion qu'ils font dans toutes ces Confeffions entre le culte de Dulie pour les Saints , 8c celui de Latrie pour Jéfus Chrift , ils ne rendent pas à ce Divin Rédempteur , le Cul- te qui lui eft du en priant la Vierge i^ les Saints , à moins que cette prière ne foit un véritable Culte de Latrie ^ 6c c'eû juftement tout le contraire de leur Doétrine , 6c une opinion qui renverfe de fond en comble cette vaine diftinc- tion de Culte de Dulie &c de Latrie , dont l'Eglife Romaine fe fert auffi pour palier fes Idolâtries; mais la voila condamnée par cette Confeffion des Grecs, qui fe confondent auffi eux-mêmes par leur propre déclaration. Leur mawvaife foi fc prouve encore d'une manière inconteftable par dix autres Articles , qui font le fiijet de nôtre dernière Remarque générale fur toutes les Confeffions de Foi de ces Eglifes Infulaircs dont nous parlons. On trouve dans ces dix Articles, qui font les derniers de chacune de ces Confeffions de Foi, que les Livres de T'ol^ie, de Judith , de VEccléftafte, de Baruc, 6c des Alaccaîces, quoi qu'Apocriphes chez les Hébreux, font néan» moins partie de l'Ecfiturc Sainte, dans la Créance de ceux qui ont figné ces Attellations. C'eft néanmoins une vérité très connue , que tous ceux d'entre les Grecs qui font féparez de la Communion de Rome , ne mettent point ces Livres au rang des Canoniques, 6c qu'ils n'en font point d'autre ulîige que celui qu'on en fait dans les Eglifes Réformées. Nous pourrions mettre ici diverfes preuves incontcftables de cette vérité, mais pour en con« vaincre, en peu de mots, les Doéteurs de Port-Roial Se les Prélats de Fran* ce, qui ofent nier ce fait; nous les renvoions à ieur propre Ouvrage de h Perpétuité de leur Foi prétendue , dans lequel ils cm produit CQiUi fameufe Con* feffiott'^ CONFESSIONS D E F O I. 47; feffioH de Foi de cinq Patriarches & de trente-cinq Métropolitains Grecs, de laquelle nous avons fait TAnalyfe ci-devant, depuis la page 451. jufqu'à la AfA. ils y trouveront que tous ces Prélats ont décidé cette queftion d'une manière bien différente de celle des Moines , & des Papas des Ifles de l'Ar- chipel : car bien loin de foûtenir , que ces Livres font partie de l" Ecriture Sainte t ils ont dit, au contraire , que s'ils ne les rejettent pas entièrement com- me Païens 6f Prophanes, f'e/? parce que les Canons Apofioliques 13 l^^ Conciles de Laodicée (3 de Carthage , en aiant fait divers Catalogues , cela donne lieu de ne les négliger pas entièrement. Voila le propre langage de ce grand nombre de Patriarches & de Métropolitains Grecs, qui avoicnt fans doute une connoillancc plus exacte du véritable fentiment de toute l'Eglife Orientale, touchant ces Livres Apocryphes ^ que ce petit nombre de pauvres Moi- nes Infulalres^ qui les ont mis au rang des Canoniques ^ pour faire plaifir à l'Ambafladcur de France , lequel mit toutcnœuvreçour les portera fîgncr aveu- glement toutes ces faujfcs Attejiations , qui fe dctruilcnt d'elles-mêmes , par tout ce que nous avons rapporté ci-devant , 6c outre cela par cette dernière Con« fcffion de Foi, dont ce Miniftre d'Etat & les Prélats de l'Eglife Gallicane ont fait un fî grand cas, dans la proJu£tion des Ecrits & des Témoignages, par le moien dcfquels ils ont entrepris d'établir les Dogmes erronez. Se les pratiques idolâtres de leur Eglife. Mais au lieu de cela, ils ont forgé des Ar« mes pour fe détruire eux-mêmes, comme il paroît dans tout le contenu de cet Ouvrage. Les Controverfiftcs qui ont entrepris la défenfe de l'Eglife Romaine con- tre les Réformez, ne doivent plus fe vanter d'avoir remporté quelque viétroi- rc par la production de toutes ct% faiijfes Pièces^ ni s'imaginer de pouvoir encore tirer quclqu'avaniagc de ce que nous ne fommcs pas entrez dans le détail de toutes les Attcftations qui font contenues dans les quatre gros Vo- lumes de leur Perpétuité : car aiant fait voir que les plus conlîdérablcs font remplies àe faujfetez & à'impojïures, on ne doit plus ajouter foi à celles dont les témoignages font beaucoup plus fufpects, 6c le contenu rempli de faits & de circonftances entièrement incompatibles avec des véritez très folidement établies, ou reconnues parmi tous les Chrétiens Grecs Se Latins. Telles font, par exemple, les preuves que les Doftcurs de Port-Roial ont tirées d'un Ouvrage publié fous le nom d'un certain Moirie, nommé Agapius ^ qu'ils prétendent avoir été un Grec non Latinife. Car la preuve que ces Alcf. fieurs en donnent, n'a aucun autre fondement que la Signature àe. fept Moi' nés inconnus^ dont quatre fe difent Religieux de quatre difierens Cloîtres du Mont Athos, Se les autres trois ne difent point de quelle Communauté ils font. N'eft-cc pas fe mocquer du monde que de mettre un Certificat de cet- te nature au rang des preuves authentiques de la véritable Créance des Grecs tion Latinifez? Qui peut fçavoir fî ces pauvres Caloycrs étoient dévoue?; fe- crétement au Papifrae, ou s'ils étoient Anti-Papaux? Ils peuvent même avoir été Mahométans, ou Juifs, ou Païens, fans qu'il foit pofllble de le découvrir en Europe, ni même quand on s'en iroit au Mont Athos pour s'en informer; car il s'eft fourré divers Hérétiques dans ce lieu là, depuis Tan 14^0. à l'oc- calion des grands troubles qu'y fufcita ^Empereur Michel Paléologue ^ lequel Ooo pour 47^ FAUSSETEZ DE PLUSIEURS pour des raifons d'Etat, Se pour foûtenir fon Empire chancelant, introduifit parmi les Grecs les maximes de l'Eglifc Romaine, Se la Primauté du Pape de Rome en plufîeurs lieux de l'Orient, où les Latins le font maintenus juC qu'à préfcnt. Et fans cela même, qui elt-ce qui pourroit découvrir quel a été le véritable cara&ére & le génie de cz% pauvres miférabks Valets de Couvent, qui étant fans renom, fans fcience & fans Dignité, n'ont fans doute fait au^ cane figure confidérable , parmi /a'^ mille Moines^ qui habitent dans les Crt- vernes de cette Montagne, qui ne dépendent d'aucun Patriarche, 6c qui en- voient ordinairement, tous les ans, deux mille de ces Caloyers, ou Pando* ^iies, faire des quêtes à Gonftantinople , à Smirne, en Bulgarie, en Servie, en Candie, 8c dans tous les autres lieux où l'Eglife Orientale a des Seéta- teurs? On ne doit pas être étonné que ces Moines foient en fi grand nom- bre puis qu'ils occupent feuls une Montagne qui a cinquante-trois lieues de circuit, qui eft habitée depuis fon plus haut fommet jufques au bas, aiant dans fcs Vallées une vingtaine de grands Monaftéres, qui paient au Grand Seigneur un Tribut de mille écus par mois. Le premier e(l Sainte Laure^ taxé à iio. écus. Le z. eft Caral-, taxé à 25. écus. Le 3. Pùilothée; exempt de taxe. Le 4. eft 3ero; taxé à Sf. écus. Le 5. eft Stanvonichetas ; taxé à i8. écus. Le 6. eft Pantochratora\ taxé à 5*7. écus. Le 7. eft Contlomoti' fes; taxé à 5-5-. écus. Le 8. eft Batopedi; taxé à iio. écus. Le 9. eft Si- meno; taxé à 25". écus. Le 10. eft Chiliadar-y taxé à 100. écus. Le ii. eft Zograpb; taxé à gf. écus. Le 12. eft Caftonomcnico y exempt de taxe. Le 13. eft Dochiaros; taxé à 30. écus. Le 14. eft Zenoph; taxé à go. écus. Le 15", eft Ronfco; exempt de taxe. Le 16. eft Xeropotame , taxé à 5-6. écus. Le 17. t'iï' Grégoire ; taxé à 25-. écus. Le 18. eft Simopetra-, taxé à 54. écus. Le 19. eft Denis; taxé à 60. écus. Le 20. eft S. Paul; taxé à 35-. écus. Toutes ces fommes ne font que 900. écusj mais les Moines des Couvents taxez fc cottifent des cent écus qui manquent pour faire la fomme de mille écus. Nous fommes entrez dans ce détail pour faire voir que ce n'eft pas fans connoiflance de caufe que nous avons dit qu'il y avoit ordinairement fix mil- le Caloyers fur le Mont Athos^ en y comprenant deux mille Pandoqucs ou jeteurs qui fortcnt tous les ans de là pour aller mendier de part & d'au- tre. C'eft pourquoi il n'y a rien de plus facile que de faire figner à ces pauvres ignorans tout ce qu'on veut, en leur donnant quelques aumônes, qu'ils extorquent à force d'importunitez, £c en faifant toutes fortes de baf- fefles: parce que d'abord qu'ils font de retour chacun dans fon Monaftére, celui qui apporte le plus eft fait Supérieur des autres, pendant une année. Voila pourquoi ce ne font pas les plus fçavans, ou les plus pieux, qui occu- pent les premières Charges dans ces Communautez, mais ceux qui ont été les plus habiles à giieufer 6c à tromper dans tous les Pais ctrangei s. Qui ne s'étonneroit après cela de voir les Doéteurs de Port-Roial 5c les Prélats de l'Eglife Gallicane, faire une fi grande parade, dans le plus fameux de leurs Ouvrages de Controverfe , de ce que parmi fix mille de ces Mendians^ ils en ont trouvé une demi-douzaine qui ont attefté, avec le Supérieur de ContlO' vieufes, que le Mme Jgapius a vécu autrefois, fur cette Montagne, d'une vie ' CONFESSIONS DE FOI. 477 vie exemplaire, 6c qu'il a fait imprimer à Venifc un Livre intitulé, le Salut des Pêcheurs, dans lequel il parle des fept Myjléres de la Foi ? Voila, félon Vimagimtion échauflee de ces Meilleurs , une preuve irréfragable de la Vérité & de la Perpétuité de la Créance de l'Eglife Romaine fur tout ce qui con- cerne la matière des Sacrcmens, parmi tous les Chrétiens, & dans toutes les parties du Monde. Si cette fenfée, ou frètent ion, n'eft pas la plus chiméri- que £c la plus extravagante qui puilTe monter dans le cerveau creux des plus ignorans & des plus aveugles d'entre les hommes, pour ne rien dire de plus, c'eft au moins une producîion des ténèbres , qui fait connoître que le génie des Doéleurs & des Prélats qui l'ont mife au jour n'ctoit pas propre à éclaircir les vérkcz de la Religion, Sc encore moins à renverfer celles qui ont été établies par les Théologiens Réformez, fur les plus folides fondemens qu'on puif- fe jamais trouver dans le Chriftianifme. On fe tromperoit fort fi on s'imaginoit que ces fameux Controverfiftes de l'Eglife Romaine, ont peut-être mieux réuffi & fait un meilleur choix lors qu'ils ont produit des 'Témoignages, ou des Confeflîons de Foi des autres Peuples de l'Orient, qui fuivent le Rite Grec, cC fur tout quand ils ont mis en lumière des Ecrits faits ou fignez par des Patriarches 6c par des Pré. lata d'un grand renom. Ceux qui pourroient avoir cette pcnféc feront bien- tôt convaincus qu'il n'y a rien de meilleur, dans aucune des productions, dont CCS Prélats de France ont fait tant de bruit & tant de cas, s'ils fe don» nent la peine de jetter les yeux, pour un moment, fur celle, d'entre tou- tes CCS Confeflîons de Foi , qui a fait une plus grande imprefîion fur l'efprit de quelques Miniftres d'Etat en Europe , & qui a même ébloui" quelques Réformez de confidération, 8c donné prétexte à l'un d'entr'eux fort connu £c renommé dans le monde, à fc jetter dans le Parti de l'Eglife Romaine. Le grand Maréchal de Turenne avoit toujours eu du penchant pour la Religion Romaine, fi l'on en croit quelques perfonnes. Mais des motifs particuliers l'avoient obligé de diffimuler fes fentimens. Enfin, réfolu de fc déclarer, il fe rendit aux remontrances qui lui furent faites. Entre ces re- montrances, il n'y en eût point qui femblât avoir fait de plus puifiantes im. prefTions fur lui que la confidération de la conformité prétendue des Orien- taux avec l'Eglife Romaine, dans tous. les points controvcrfez entre cette Eglife 8c les Proteftans, Pour l'en convaincre, on lui préfenta une Confef- ilon de Foi du Patriarche d'Arménie, & de quelques-uns de fes Evêques, qui avoit un grand rapport avec les fentimens de l'Eglife Romaine. Mon- fieur de Noinîel, AmbaflaJeur du Roi de Franc* à Conftantinople, avoit obtenu fans beaucoup de peine, les feings de ces Evêqucs Se de ce Patriarche qui étoit chaflé de fon Siège à'Ermiazin; par la faélion du Doéteur Eleazar, autrefois Evêque de Jérufalem: comme ce Patriarche dégradé le dit lui-mê- me dans le Prologue de fa Confcflion. Nous en avons copié l'Original, qui eften Langue & en caraétcrcs Arméniens, dans la Bibliothèque de Saine Germain à Paris, & l'aiant fait traduire littéralement, par une perfonne qui entend fort bien cette Langue , il ne nous a pas été difficile de reconnoître que cette prétendue Confeffion n'eft autre chofc que l'Ouvrage de quelque ^ Moine Latin; car les penlécs, le ftile, la forme, & le plan de toute cette - .. O o o z Pièce 478 FAUSSETE!Z DE PLUSIEURS Pièce en découvrent manifeftement l'Auteur. Cela paroît en premier lieu; parce qu'il n'y a pas un feul mot dans la Langue Arménienne qui réponde au terme de Sacrement y Sc qui puifle donner les idées qu'on en a parmi les Latins: néanmoins, les Doétcurs de Port-Roial l'ont mis très cxpreflemenc dans leur Traduftion Françoifc & Latine, parce que \c prétendu Auteur Jr^ ménkn leur en a fourni le prétexte par des cxpreffions barbares 6c inintelli-. gibles , qui peuvent fervir de Paflcport à mille Sacremens fi on veut les tirer de là. En fécond lieu, la Doétrine univerfelle de l'Eglife Arménienne por* te , qu'il n'y a point d'autres Saints dans le Ciel que la bien-heureufe Vierge &2 le Prophète Elie. Mais la Confeflîon dont il s'agit, y place tous ceux de l'Eglife Romaine. En troifiémc lieu, il paroît dans l'Hiftoirc de ces Armé^ nicns, impriméeà Rome l'an 1650. par Galanus ^ qui a demeuré long-tems parmi eux & travaillé par ordre du Pape à les réunir avec l'Eglife Romain ne, qu'ils font fi éloignez de recevoir la Doélrine des fcpt Sacremens des Latins, que leurs Doéteurs qui font beaucoup plus habiles Se plus eftimez que leurs Evêques, ôc que leurs Patriarches, n'ont pas la moindre connoif* fance de la Confirmation Se de l'Extrémc-Onclion: & cependant, on trouve dans la Confeflîon dont il s'agit, tous les prétendus Sacremens du Papifme,, Se même la fupériorité du Pape établie par defllis tous les Eccléfiaftiques, ca ce que les Auteurs de cette Confeflîon, nient dans le quinzième Article que tous les Prêtres foient égaux par l'Inftitution de Jéfus Chrifl:. Cette quef» tion qui a tant fait de bruit dans le Concile de Trente, où les Papes ne voulurent jamais permettre qu'on déclarât VEpifcopatd' Inftitution Divine , n'a jamais été décidée parmi les Grecs. Voila pourquoi il eft très évident quo cet Article 6c tous les autres dont nous venons de parler, étant contraires Se oppofez à la Créance des Arméniens, la Confeflîon de Foi qui les établit ne peut être qu'une faufe Atteftation de quelques Impojleurs, dont Mr. àtNointel avoit mendié les Signatures, pour éblouir les ignoians, qui ne font pas capa* blcs de faire réflexion aux circonftances, ôc aux faits que nous venons de remarquer; On peut même dire qu'il y a plufieurs perfonnes fort éclairées qui n'ont pas crû qu'on pût détruire ce grand nombre de témoignages, dont nous avons fait voir la nullité ^ fans y emploier une infinité de raifonnemens Sc de Pièces authentiques, dont on ne fçauroit être muni en Europe, fans les faire venir à grands fraix 6c avec beaucoup de peine, de toutes les contrées des Pais Orientaux: mais celles que la Divine Providence nous a fait tom« bcr entre les mains, étant jointes avec tous les Jdminicules que nous tirons des propres Ouvrages dont les plus fameux Controverfifl:es de l'Eglife Ro* maine fe font fervis pour combattre les Réformez; nous avons trouvé, coni« me nous le faifons voir ici par expérience, qu'il n'y a aucune de ces Pièces que les Dofteurs de Port-Roial appellent Juthentiques dans leur Ouvrage de la Perpétuité t qui ne puifle être détruite par ces moiens, lors qu'ils font joints à une Critique judicieufe êc bien éxaâe. Nous en donnerons enc&re un exemple , fur une Atteffation que Mr. de Nointel dit avoir obtenue,- de Iz. Communauté des Terotes à Conftantinople , 8c que les Doétcurs de, Port-Rpiiil *Dt produit , fignéc de XIX. Grecs non^ Latini' CONFESSIONS DE FOI. 470 Latmfez , à ce qu'ils prétendent , comme on le peut voir à la page 467 de kur VIII. Livre des Preuves de leur troifiéme Volume. Pour détruire ces dixncuf témoignages, donc la moitié femblent être confirmez par les fignatu- res des Magiftrats & Confcillers de la Communauté des Grecs de CtMiftan- tinople , il ne faut que comparer leurs noms avec ceux des principales Fa- milles qu'on fçait, par des HHloires 6c par des Relations Authentiques, être établies dans cette Ville là , où les Grecs non Latinifez ont des Privilèges par- ticuliers , qui leur ont été accordez par le Grand Seigneur, dans des Capitu* lacions publiques. Monfieur de la Croix Secrétaire de l'Ambafladeur de France , qui a eu foin de faire un Recueil de tout cela , pendant qu'il étoit à Conftantinople, & qui l'a dédié au Roi fon Maître , dans VEtat de VEglife Grecque , dont iî a été parlé ci-devant, nous fournit à la page 4. du fécond Chapitre de ce mê- me Ouvrage hLip de toutes ces Familles Grecques Se A^obles , qui font au nombre de vingt , appellées , Juliani , Rofetii , Diplomatachi , Mauro^ Cor- dati , CrifofcuU , Flajii, Cariofili, Ramniti, Mamenadi ^ Cupraghioti , Mufeli- mi, Succi, Feneli , Ciucbidi , Contaradij , Mauradii , Ramaîeni , Francidi , & Frmgopoli. Il n'y a pas un de ctsfurnoms dans l'Atteftation dont il s'agit. Car on n'y trouve que les fuivans , Daperiis , deux Vérone , trois Negri , Tefta , Grilloy deux Navone , Fontana , Darie , fumma , Gei-achi , Jndrca , Fornetti\ Baroni , Cuper &c Tarfxa , qui cft peut-être parent de ce Tarfia fameux Apof- îat , dont nous avons rapporté l'Hifloire ci-devant. D'oii vient qu'il n'y a pas un de ces Grecs Nobles de Conftantinople , qui ait figné la Confcffion de Foi de ces autres Grecs prétendus de la même Ville fi ce n'eft que ceux de la Communauté des Verotes font prefque tous Latinù fez , & affiftent aux Offices de ceux de la Communion Romaine dans le Fauxbourg de Péra , où rcfide l'Ambafladeur de France ? Voila pourquoi ce Miniftre d'Etat a obtenu l'Atteftation de ces faux Grecs qui vivent fous fa fauve-garde , & qu'il n'a pas pu avoir une feule fignature des véritables Grecs qui ont leur demeure dans la propre enceinte des murs de Conftantinople où le Grand Seigneur ne fouffre point les Fapifes , ni les Grecs qui leur adhérent. Cela font des faits de notoriété publique, & qui rendent par con, féquent nos preuves , touchant la faujfeté de cette prétendue Confcfîon de Foi • inconteftables. ' On s'étonnera , peut-être , qu'un Miniftre d'Etat de la Cour de France, & que les Prélats de l'Eglife Gallicane , aient agi de concert , ^onx fubvrnel plufieurs centaines de témoins, écipour tromper , autant qu'il leur a été poftîble, tous les Chrétiens de l'Europe , tant dans le Papifme , que parmi les Refor- mez. Mais cet étonnemcnt ceflera bien-tôt, fi on fait réflexion aux maximes politiques des gens de Robbe & d'Epée, qui fe trouvent dans une fituation |)ropre à faire leur Cour aux Puillances qui travaillent à conferver £c à étendre le Papifme, fous divers prétextes, ou par divers motifs qu'il n'eft pas queftion de publier maintenant ici. 11 fuffit, pour nôtre but, de donner une preuve bien convaincante des calomnies & des impoflurcs que Mr. de Nointcl n'a pas fait difficulté de mettre en ufage, pour détruire, non-feule- ment la Religion Réformée, nwis aufïï l'honneur & la réputation des Puif- Ooo 3. fanccs- 4€o FAUSSEtEZ DE PLUSIEURS fances Souveraines qui la fuivent 6c la protègent, félon touces les régies de l'équité Se de la confcicnce. Car au préiudice de tout cela, Monfieur de Nointel % fait fcrvir fon Ca. raétérc d'Ambaflndeur pour autoriier, de fa propre Signature , la plus noire ca- lomnie Se la plus inftgne faufcté dont il fe foit pu avifer, pour faire à croire à tout le monde, que les Seigneurs Députez aux Etats Généraux des Provinces- Unies des Pats-Bas, avoicnt plus à cœur leurs propres intérêts temporels, que ceux de leur Religion , Sc que cela paroiffoit en ce que pour faire réuffir leurs defl'eins touchant quelque Commerce dans la Turquie, ils avoient fait imprimer à leurs dépens, des Livres très préjudiciables à la Religion Réfor- mée, pour en régaler des Miniftrcs d'Etat à la Porte Ouomane, Sc entr'au- tres, un célèbre Favori du Grand Seigneur, nommé. Panajotti qui étoit Grec de Nation , 6c Interprète de l'Empereur d'Allemagne , à Conflantinople. Voici Vimpojlure dont il s'agit, dans une Lettre de cet Ambafladeur de Fraa» ce, de laquelle les Doéteurs de Port-Roial ont publié très impudemment un Extrait, avec l'Approbation des Prélats de France, dans le VIII. Livre de leurs Preuves contre les Réformez, à la page 491. du quatorzième Chapi* tre, dont voici les propres termes, au fujet d'un Livre intitulé, Confeffion Orthodoxe de VEglife d'Orient , qui contient divers Articles propres à combat» tre la Doctrine 6c la Créance des Eglifcs Reformées. „ C'eft une chofe admirable, (dit Mr. de Nointel, ) non pas que ce Li- „ vre ait été imprimé en Hollande, puis que tout s'y imprime mdiffércm* ment par le dcfir du gain : mais que l'Impreffion s'en foit faite par Vj^u- torité Publique, gratuitement Sc avec tant d'éxaébitudc. Il efl: vrai que le defir d'acquérir l'amitié de Mr. Panajotti y a contribué. Mais l'on peut croire auffi que comme fans une confidération aurti forte que celle-là, Mef- fiems les Etats n'auroient jamais confcnti à fournir des armes contfeux-mê' mes. Dieu a permis qu'ils y fuflent comme forcez par des vues temporelles, „ afin que le remède fut rendu public par ceux-mêmes qui avoient contri. „ bué au mal. Le Réfident de Hollande, nommé. Cornélius Âga, avoit corrom- „ pu Cyrille Lucar. 11 en avoit tiré une ProfefTion de Foi Calvinifte, fous „ le nom de l'Eglife d'Orient. Il avoit donné à ceux de fa Se5le un moien „ d'éloigner d'eux le reproche de fingularité dont ils font accufez; Se com- ,, me il ne fe pouvoit vanter tout au plus que d'avoir un Patriarche Sc quel;- „ ques Evêques participans à fon Héréfe, il commettoit une fauffeté , Sc „ faifoit une injure à l'Eglife d'Orient, en lui imputant l'Opinion d'un Pa« „ triarche Sc de quelques particuliers. Cette manière d'agir étoit d'autant „ plus injujle, qu'il fçavoit bien que /o« argent avoit fait parler ces Meffieurs „ comme il avoii voulu. Ainfi il étoit raifonnable que h réparation ea fut authentique. Il a fallu que la condannation de ces principaux Articles Calvi- nifles ait été réduite en forme de Catéchifme.^ „ Il n'y a point d'Imprimerie Grecque à Conflantinople. Celles qui fè pourroient trouver en Valachie ou en Moldavie , ne font pas aflez correc- tes. // y aurait eu du danger à fe pourvoir en Mofcovie. Ceux de l'Egli/ê Latine n'auroient peut-être pas voulu confcntir d'imprimer un Livre qui ne contient pas des fentimens Catholiques touchant la Proctflion du Saint. „ Efprit, 55 ]> S> 55 55 55 55 )> » CONFESSIONS DE FOI. 481 „ Efprit , 8c quelques autres points. Ainfi il ne reftoit plus que les Protef- „ tans ; & je ne doute point que Dieu n'ait permis la rencontre de toutes ces „ difficultcz , afin qu'on fe trouvât dans la néceffité de fe fervir des Hollan- „ dois , & qu'ils réparafent ainfî Vinjiirc^ qu'ils ont fait à l'Eglifc d'Orient. „ Et comme leur Réfident y avoit donné lieu , qu'il Tavoit iramée , Se qu'il „ y avoit emploie fon induftrie & fon argent , on ne peut pas defirer une répa- „ ration plus exprefle qu'un dé(ai:eu de fes Calomnies par ses Supérieurs, „ qui font imprimer à leurs dépends un Livre qui découvre \z faitjjcté qu'a» „ voit avancé leur Réfident. Il avoit corrompu un Patriarche 6c quelques par-» ,, ticuliers^jr argent : èc fes MAÎTREsyê«/ forcez par une conduite ad* „ mirable de Dieu , de fe fervir de leur argent pour rendre public le contrai* „ re d'une Confeffion de Foi toute 'vénale. Il prétendoit cacher une vérité de jt fait par des vues toutes humaines , voulant authorifer à quelque prix que ce „ fût , une chofe qui favorifoit (a Religion ; 6f d'autres vues humaines con'» „ TRAICNENT MESSIEURS LES EtATS GeNERAUX DE DESAVOUER „ LEUR Ministre, 6c pour cet effet , ils font imprimer a leurs „ DEPENS CE Livre qji i condanne leur Religion, i^ il leur „ en coûta qjjatre mille francs pour en remplir des ^laiffes , & leur „ Réfident aiant été nommé en ce tems-là pour venir à Conftantinoplc, Mes. „ sieurs les Etats /;.'/ ordonnèrent de fe charger de ces ^.aifj'es £5* d'en „ faire préfent au Sieur Panajotti. Monfieur de Nointel ne garde aucunes mefures dans cette Lettre. II fc fert par tout, de termes choquans ^ injurieux contre la Religion Réformée, contre l'Ambafladeur des Etats Généraux, Se même contre leurs Hautes Puissances. Il leur attribue par tout , des vues hujnaims ^ £c des deffeins préjudiciables à leur propre Religion. Il les accufe d'avoir forgé des armes contre leurs Eglifes , par des intérêts temporels , 6c d'avoir contribué au mal par lequel leur Ambafladeur a corrompu un Patriarche êc des Evê- ques par argent. Il répète cela plufieurs fois , Se dit ouvertement , que cet Ambafladeur des Etats Généraux a fait liére des Saints Livres , en tirent aflurémcnt un fruit de fiikit trèscon- 5, fidérable. Cai- elle eft comme un chemin qui conduit d'une manière fur- „ naturelle ceux qui courent droit à la gloire éternelle , 6c qui leur donne 5, une heureufe fin : puis que , félon l'Ecriture , celui-là eft heureux qui „ s'occupe nuit 6c jour dans la Loi du Seigneur. „ C'en: pourquoi confidérant que la leéture de cette Do6trine peut être „ fort utile, qu'aiant été compofée il y a quelques années par des Docteurs „ Orthodoxes , reçue 6c confirmée par les vénérables Patriarches qui nous „ ont précédé, 13 imprimée quelque tems après par les foins , le travail.^ 6c aux „ DEPENS du très fage 6c très Orthodoxe Seigneur Panajotti , premier „ Drogtnan des Empereurs d'Orient 6c d'Occident , nôtre très cher Fils fpi. „ rituel , plein de piété 6c d'un zèle Divin , on en a diftribué gratuitement „ des Exemplaires de tous cotez aux Chrétiens , pour l'utilité commune ; 6c „ que tous les Exemplaires aiant été euiploiez à cette diftribution, plufieurs 5, perfonnes qui demandent tous les jours avec empreflèment une Pièce Ci „ utile , n'en peuvent avoir : nous avons crii qu'il étoit de nôtre devoir de „ foigner à cela , 6c de foUiciter ce même Seigneur de fiippléer à ce défauc „ par une féconde inipreffion , lui repréfentant qu'il s'aquerroit par là une ré- „ putation non feulement égale à celle qu'il a déjà par toute la terre , mais „ une meilleure 6c qui la furpafle de beaucoup , qui eft celle par laquelle „ les belles aétions deviennent immortelles. Et comme il a un zélé ardent „ pour le bien public, il n'a pas négligé nôtre confeil ; mais au contraire il j, l'a aufiî-tôt exécuté avec l'aide de Dieu , 6c par une féconde imprefiion a „ donné de nouveau aux Fidèles un nombre confidérablc de Livres , rendant ' Ppp „ ainfi 484 FAUSSETEZ DE PLUSIEURS „ ainfi un fervice important à celui qui en étoit l'Auteur , en ne laiflant pas „ obfcurcir fon Ouvrage. Car le Sieur Mélét'ms Syrigus Dofteur de lagran- „ de Eglife a travaillé avec beaucoup de foin , par ordre du Patriarche 8c du „ Synode , à revoir 6c à mettre en ordre ce prcfent Livre. C'cft pourquoi, „ Chrétiens Orthodoxes , recevez-le favorablement comme pieux & utile aux „ âmes. Rendez-en grâces a ce commun Bienfaiteur, Se confer- „ vez-le fans en négliger jamais la leéture falutaire; car on trouve la vie éter- „ nellc dans la méditation des Saintes Ecritures , laquelle je fouhaite que nous „ aquérions tous en Jéfus Cbrijl nôtre Seigneur , à qui foit gloire dans tous „ les Siècles. Ainfi foit-il. L'an 1672.au mois de Juillet, Indidion V. Denis de Constantinop lb. ,,//>' a à la fin du Manufcrit a« ^£îe de légal ization ^e i^/r. /'Ambafladeur, , „ qui rend témoignage de la irrité de cette Attcftation du Patriarche Denis , „ en ces termes. „ Nous, Charles-François O/zÊ-r (^i? Nointel ^ Confeillcr du Roi en fes Con- „ feils , en fa Cour de Parlement de Paris , 8c Ambaffadeur pour Sa Ma- „ jefté très Chrétienne à la Porte Ottomane , certifions 8c atteftons , que le „ préfent Manufcrit Latin 8c Grec, intitulé , la ConfeJJion Orthodoxe de VE- „ glife d'Orient , nous a été mis entre les mains par le Sieur Panajotti premier „ Interprète de la Porte : qui nous aiant aflurc qu'il ferviroic puiflamment „ à établir la vérité du Livre du même titre , imprimé par Jes foins , puis „ qu'il en eft l'un des Originaux , 8c que les fignatures des Patriarches s'y „ lui fait ent, nous a priez par le zélé de venger fon Eglife des outrages qu'on it , de faire en forte que Sa Majefté aie la bonté de l'agréer pour la )» confuilon de ceux qui en voudront douter. Et comme il s'eft fait un „ point de confcicnce 8c d'honneur , à l'imitation des Patriarches 8c Prélats „ de fon Eglife , de mettre le fait contcfté dans toute l'évidence poffible , il „ nous envoia l'année pafl.ee une Approbation de ce même Livre j9ar le Pa- „ triarche Denis , tenant alors le Siège de Conftantinople , que nous avons „ mife à la tête de ce Manufcrit. Toutes ces vcritcz étant conftantes , nous „ ne faifons pas difficulté , afin que perfonnc n'en doute , de les confirmer par „ nôtre fignature 13 fceau de nos Armes , 8c le Contrefeing de nôtre premier „ Secrétaire. Donné à nôtre Palais fur le Canal de la Mer Noire , le on-* „ ziémc Septembre 1675. Olier de Nointel. Amhajfadeur four Sa Majefté à la Porte Ottomanel ■ Par mondit Seigneur , l e P 1 c a r d. Voila toutes les impoftures de la Lettre de Monfieur de Nointel détruis TES par VAtteftation du Patriarche Denis , Ratifiée par la Légalization de ce même Ambaffadeur, 8c autorifée par le mauvais ufage qu'en ont voulu faire les Dofteurs de Port-Roial £c les Prélats de France, contre les Etats de MoLiANDE i^ contre tous tES Seigneurs Députez aux Etats G«r CONFESSIONS DE FOI. 485 Généraux 6? au Conseil d'Etat des Provinces-Unies des P aïs-Bas. Toutes cesimpojlures avoienc pour fondement que cette Préten- due Confeffion de Foi, qui renverfe la Créance des Eglifes Réformées, avoit été imprimée far les foins & aux dépens de ces Puissances Souve- raines au préjudice de leur propre Religion , 6c par des vues d'un intérêt temporel l^ fordide : Mais il paroît au contraire, comme nous venons de le ■prouver d'une manière irréfragable , que ce pernicieux Ouvrage n'a été mis au jour que par le Sieur Panajotti, Interprète de l'Empereur d'Allemagne au- près du Grand Seigneur, & que c'eft ^piar fcs foins , par yè« travail, & a ses PROPRES FRAix ET DEPENS qu'H en a fait faire de ux Editions, dont il a diftribué lui-même tous les Exemplaires aux Chrétiens des Pais Orientaux. Nous ne nous arrêterons point ici à faire voir quel étoit le Génie de ce Perfonnage, ni quels fentimens il avoit en matière de Religion; parce que toute fa conduite donne aflez à connoître qu'en faifant profelfion extérieure- ment d'être de la Communion des Grecs, il étoit dans le fond du cœur aulîi bon Papifte que le fameux Tarfia, Chef des Cofaques , dont nous avons parlé ci-devant. Nous ne faifons point un jugement téméraire en mettant ce Pa~ najotti au ran;]; des Grecs hypocrites, fourbes 8c dijfirnulateurs, qui ne fe tien- nent féparez de l'Eglife Romaine que pour lui rendre des fervices plus effi- caces , en efpiant dans les Aflemblées des Grecs , qui les tiennent pour Con- frères, toutes les occafions qui peuvent favorifcr les defleins du Papifme. Le Sieur Panajotti, qui étoit un fameux Interprète 6c un habile Courtifan fort attaché à V Ambaffadeur de France, ne lui rcfufoit jamais rien de ce qui pouvoit lui faire plaifir tant pour les matières de la Religion que pour cel- les d'Etat. Nous avons des preuves authentiques de cela, dans cette Rela- tion de Monfieur de la Croix, Secrétaire d'Ambaflade pour le Roi de Fran- ce à Conftantinople, que nous avons citée plufieurs fois fur ces matières. On y trouve fur la fin du XXXV. Chapitre la déduite de toutes les dé- marches que Mr. Panajotti fit à l'occafion des quatre Ex-Patriarches Sc des fix Métropolitains qui étoient réfugiez chez Mr. de Nointel , pour fe mettre à couvert de la punition de leurs forfaits , pendant que Dfw/;- Archevêque de Larijfe faifoit tous fes efforts pour monter fur le Trône Patriarchal de Con- ftantinople, que ces dix perfides cherchoient d'obtenir par la faveur de i'Am- bafladeur de France Se par le crédit du Sieur Panajotti, qui agiflbit de con- cert avec Mr. de Nointel, pour faire accepter au Grand Vifir quelqu'un de ces Jpoftats Latinifez, félon le defir du Clergé de l'Eglife Gallicane, 6c de la Cour de Rome qui fourniflbient de l'argent pour cela. Un véritable Grec n'auroit fans d,oute pas travaillé pour faire réiiffir les pernicieux deffeins de ces Créatures du Papifme, ni diftribué dans tout l'Orient, la Confeffion de la Doftrine erronée qu'il fit imprimer deux fois, à fes fraix y dépens, comme nous l'avons prouvé, par la Lettre du Patriarche Z)f«/i , 6c par l'At. teflation Authentique de Mr. de Nointel. Ceux qui voudront fçavoir pourquoi ce Patriarche donne tant d'Eloges à l'Auteur de cette faup Confeffion , n'ont qu'à voir le Portrait que Mr. de la Croix en a aufTi fait, 6c ce que nous en avons inféré depuis la page 45 1. ci« » devant jufqu'à la 457. On y trouvera des preuves incontcftables que ce Pa- Ppp 2, finrch'' 4^ FAUSSETEZ DE PLUSIEURS triarche n'étoit pas moins attaché au Papifme que fcs Rivaux dégradez cher Mr. de Nointel^ & qu'il ne remporta la vidoire fur eux que parce qu'il ctoit plus /(?«?•/'£■, Y^Mi entreprenant ^ plus hardi, pins Jier, plus rkbe , & plus accrédité chez le Grand Vtfir & auprès de Cara-Mouftapha Pacha Caimacan, auquel il avoit fait préfent de trente bourfes, c'cft à dire, de quinze mille écus, évaluez à quarante-cinq mille livres. Voici la Copie delà Patente qu'il obtint du Grand Seigneur, traduite de l'Arabe mot à mot. „ L'Ordonnance & le Décret de la Noble 6c Roiale Signature du Grand „ Etat, 6c du Siège Sublime du beau fein Impérial , qui force tout T Univers y „ qui par l'aififtance de Dieu, ôc par la protcftion du Souverain Bien-fai* „ teur, ejl reçu de tous cotez, 6c auquel tout obéît, comme il s'enfuir. „ Le Mcrropolitain de Larijfe nommé Denis, qui a entre fes mains ce „ bienheureux Commandement de l'Empereur, eft par la vertu de ces Pa^ „ tentes du Grand Etat, créé Patriarche Oecuménique du Trône Pontifical „ de nôtre grande Ville de Conftantinople. Ce Métropolitain aiant paie à „ nôtre tréfor le droit ordinaire de neuf cens mille Afpres ( ils valent douze j, mille écus) je lui accorde le préfent Baratz, comme une perfection de féli- j, cité. C'eft pourquoi je lui commande d'aller être Patriarche de tous les „ Grecs qui relèvent de la Jurifdiétion du fufdit Trône Patriarchal, y qui „ vivent félon leur ancienne coutume, en obfervant leurs, vaines ^ inutiles CérémO' „ nies -y Voulant 6c ordonnant que tous les Grecs de ce reflbrt, tant grands „ que petits. Métropolitains, Evêqucs , Prêtres , Moines 6c autres, faifant „ profellîon du Rite Grec, reconnoiflent ledit Denis pour leur Patriarche; „ que dans toutes les affaires qui relèveront de lui, ôc appartiendront à fa „ Charge, on s'adrefle à lui, fans fe détourner àts Sentences légitimes c{\x'ï\ „ aura rendues; Que de même perfonne ne trouve à redire, que félon fes „ vaines 6? inutiles Cérémonies, il étahliffe ou dépofe des Métropolitains, des „ Evêques , des Prêtres , ou des Caloyers , comme il jugera qu'Us V auront mé- „ rite , ou quils ne l'auront pas mérité ;.Qu'zucun Eccléfiaftique ne préfumt ^, d'exercer aucunes fondions des Charges qu'il a préfentemcnt, ou de celles ,, qu'il pourroit avoir à l'avenir, contre la volonté, ou fans la perrniffion de ce j, Patriarche. Que tout Teftament qui fera fait en faveur des pauvres Egli« „ fes par quelque Prêtre mourant , fera bon 6c valide fi ce Patriarche le juge „ ainfi. Que s'il arrive que quelque femme Chrétienne de la Jurifdiétion „ de ce Patriarche quitte fon mari, ou qu'un mari quitte fa femme, perfonne „ que lui ne pourra ni accorder le divorce, ni fe mêler de cette affaire. En. „ fin, il poflederales Terres, les Vignes, les Jardins, les Vergers, les Prai« „ ries, les Barques, les Moulins, les Convents, 6c les Villes de fon Eglife, „ auffi-bien que les Legs pieux faits aux Eglifes. Et il jouira de ces Privilé* „ ges de la même forte que ceux qui ont été avant lui les ont poflédez. On J, ne pourra le troubler ni l'inquiéter à cet égard, en quelque manière que J, ce puifle être. Ce qui foit connu à tousj 6c foi foit ajoutée à cette noble „ Signature. On comprendra facilement par le contenu 6c la forme de cette Patente,' qu'il n'y a point de tirannie que les Patriarches Grecs, établis avec une pa« reille autorité, ne puiflent exercer impunément fur tous les Chrétiens de, leur. CONFESSIONS DE FOI. 4^7 feur Jurifdiction, & fur tout envers les Eccléfiaftiqucs: puisque la dégrada- tion des Métropolitains, des Evéques, des Prêtres, des Caloyers ou Moines, dépend abfolument de la feule volonté de celui qui occupe le Siège Patriarl chai; Se qu'outre cela il peut même diflbudre les Mariages, annullcr les Teftamens, & fe faifir des Revenus de tous les Prélats fie autres Eccléfiafti. ques ou Moines qui lui refufênt une oheijfance aveugle^ fie en un mot par» ce qu'il peut fe faifir du bien des vivans fous divers prétextes, & de celui des morts par la révocation de leurs Teftamens, fie par le droit qu'il a fur toutes les donations qui font faites aux Eglifes 6c aux Monaftéres. Voila pourquoi il^ n'eft pas étonnant qu'il y ait un fi grand nombre de ConfefTions àc Foi différentes parmi les Grecs, attendu qu'il y a beaucoup d'Eccléfiafti. ques 2c de Moines, qui, pour ne pas être dégradez 6c privez de tous leurs biens, fe lailî'ent entraîner ù la volonté de leurs Patriarches, dont les uns fa- vorifent l'Eglife Romaine 6c les autres lui font contraires félon que leurs in- térêts particuliers les y engagent, car il eft très évident par toute la condui- te des Grecs modernes tant Latinifez, que non Latinifez, qu'ils n'ont aucun Syftéme de Religion, 6c qu'ils ne font pas confcience d'adhérer à tous ceux qui leur donnent, ou font efpérer de plus grands émolumens que ceux dont ils jouïlîent. On peut même dire qu'il paroît dans toutes leurs Hiftoires les mieux circonftanciées que ces Peuples ont toujours eu Vame plus vénale 8c un plus grand penchant à dégnifer leur Religion 6c à mentir^ que toutes les au- tres Nations de la Terre. Ceux de l'Ifle de Crète rendoient tant de faux témoignages du vivant de ce fameux Epemenides dont Saint Paul a cité un Aphorifme dans le premier Chapitre de fon Epître à Tite, que cet Apôtre ne fait pas difficulté d'aflurer ^ue le Témoignage de ce Poète , qui affine que ces In~- fitlaires font toujours menteurs, eft véritable. Deux autres Poètes de grand re. nom ont dit la même chofe de toute la Grèce fans exception , en afluranc qu'elle mérite l'Epithéte de menteufe 6c à& fabuleufe tout cnfemble. C'eft Ju. vénal dans fa dixième Satire, 6c Nmms dans le premier Livre de fon Poémc Héroïque, qui ont affirmé cela, l'un depuis dix-fept Siècles, 6c l'autre depuis douze cens ans.^ Cicéron, qui eft un Auteur fort grave 6c très expert fiir la matière des Témoignages Juridiques, parlant des Grecs, dans le commen- cement de fon Plaidoié touchant Flaccus^ Précepteur des Neveux de l'Em- pereur Augufte, dit que, /o«/(? la Nation des Grecs eft naturellement portée à mentir , is^ qu'elle ne s' eft jamais appliquée à rendre des témoignages véritables (^ de bonne foi. ^ic ces Peuples là ne fçavent point quelle eft la force , V autorité i^ la conféquence des Preuves, ^e c'eft une maxime reçue parmi eux de dépo-- fer toujours en faveur de ceux qui leur ont rendu le même fervice dans leur befoin. ^e cela eft connu dans tous les Pais étrangers de ceux-là même qui ne fçavent point le Grec, ^le par conféqucnt il faut prendre gardi à leur air, à leur con-- tenance iâ à tous leurs deportcmens pour connoitre s'ils parlent ftncérement. Qu'ils- ne répondent jamais d'une manière précife aux demandes qu'on leur fait. Qu'ils penfent beaucoup plus à blâmer ceux à qui ils veulent nuire par leurs témoignages , qu'à prouver ce qu'ils avancent , 13 que fuivant le deffcin qu'ils ont de prtjudicicr à quelqu'un^ ou. de lui rendre fervice .^ ils penfent uniquement aux piroks ou cir-- ,conftances qui peuvent fervir pour cela , £5? non pas au ferment qn''ils font de din ■ Ppp 5 ■ U- 488 FAUSSETEZ DE PLUSIEURS la vérité , dont ils ne fe fondent en aucune manière , pourvu qu'ils puijfent éditer la confufion d'être vaincus ; de forte que cette Nation perfide ne choifit pas des té- inoins équitables , ou intégres y mais ceux qui fçavent déguifer toutes chofes par beaucoup de paroles , ou qui ont la hardiefjé de mentir impudenment. Voici les propres termes dont Ciceron s'eft fervi pour faire le Portrait des Grecs, Se pour laifler à la Poftérité un Monument très authentique de hfiufeté de tous leurs témoignages. „ Hoc dico de toto gencre Grtecorum , tribuo illis literas, do multaruna , artium difciplinam , non adimo fermonis lepôretn, ingcniorum acumcn, dit , cendi copiam: deniquc etiam, fî qua llbi alia fumunt non rcpugno. Sed ', Teftimoniorutn religionem, & fidem nunquam ifta Natio coluic; totiuique \, hujufce rei quce fit vis, quce autoritas, quod pondus ignorant. Unde il. , lud eft, Oa mihi teftimonium mutuum? num Gallorum? num Hifpano. „ rum putatur? totum iftud Grarcorum eft: ut etiam qui Grœcè nefciunt, „ hoc quibus verbis à Grœcis dici foleat, fciant. Jtaquc videtc quo vultu, „ quâ confidentiâ dicant: tum intelligetis quâ religione dicant. Nunquam 5, nôbis ad rogatum refpondent, femper accufatori plus quàm ad rogatum: „ nunquam laborant , quemadmodum probent quod dicunt , fed quemadmo- „ dum fe explicent dicendo — Grascus teftis cum câ voluntate proceflit, ut „ Ixdat, non juris jurandi, fed la:dendi verba meditatur. Vinci, refelli, „ coargui putat efle turpiffimum, ad id fe parât, nihil aliud curât. Itaque „ non optimus quifque, nec gravifllmus, fed impudeptiffimus loquaciffimuf- „ que dcligitur. .... . . Si les Prélats de l'Eglife Gallicane s'unagmoient de pouvoir tirer quelqu'a- vantage d'un petit mot qu'il y a dans ce paflage , oii les François ne font pas mis au rang des faux témoins de la Grèce ; ils doivent prendre garde que le but de l'Auteur n'a pas été de faire le Portrait de ces Abbcz & Prélats de Cour que nous combattons, dont \t5 déguifemens font bien plus rafinez que ceux des hnpofteurs de la Grèce , qui n'auroient fans doute pas été capables de jouer tant de perfonnages comme eux, pour éblouir les plus clair-voians, 8c leur enlever les plus riches Bénéfices de l'Europe. D'ailleurs, ils doivent prendre garde qu'ils ne font pas tous à couvert du reproche qui a fouvent été fait aux perfonnes de leur Caraélére , fur la matière des témoignages qu'ils font fouvent mettre au bas de leurs Aéles de Réfignations, ou d'Jn- veilitures, en écrivant à leurs Confrères , ^e vous prie de me prêter vos Té- moins pour quelques jours : 6c que ces gens officieux comparoiflant devant ceux qui les ont fait venir fans les connokrc de viîë, Se qui leur demandent de quelle prpfeflîon ils font, répondent, Monfieur, je/?/;.)- 'Témoin à votre fervice y & ma Fidélité eft connue de Mr. l'Evêque N., de Mr l'Abbé N., ôc de plu- fieurs autres Prélats & Ecclcfiaitiques tant Séculiers que Réguliers. Ceux qui auront la curiofité de voir le Catalogue d'une partie des faux /mow.f qui ont été cmploiez par des Eccléfiaftiques de France, dans une Ab- baie qui a fait une cruelle guerre aux Cordeliers à grande manche , n'ont qu'à jctter les yeux fur le FaElum que les Religieufcs de Provins en Cham- pagne , préfcntérent au Roi pour avoir d'autres Aumôniers ôc Dircéteurs. Ceux qui ne pourront pas avoir cette Pièce , dont la plupart des Exemplai-f res CONFESSIONS DE FOL 489 res ont été fuprimez, trouveront des preuves encore plus fortes , Se en plus crrand nombre , fur la matière des faux témoignages rendus , ou emploiez par divers Prélats 5c Eccléfiaftiques de France , dans les procédures qui furent produites au Parlement de Paris , lors que le Clergé de Nôtre-Dame de cet. te même Ville , foûccnoic par des Bulles Authentiques 8c par des Actes publics^- que le véritable Chef de Saint Denis étoit dans le Reliquaire de leur Eglife, 6c que l'Abbé 6c les Religieux de Saint Denis en France , foûtenoient aii contraire que c'étoit eux qui avoient non feulement le véritable Chef de ce même Saint , mais auffi fon Corps tout entier. Sur quoi la Cour de Parle, ment aiant confidéré le grand fcandale que pourroit caufcr dans l'Eglife Ro- maine la punition exemplaire 6c publique qu'avoient mérité tant de faux té- fitoins Eccléfiaftiques , en certifiant par leurs fignatures des faits entiéremenc incompatibles , 6c voiant que les Bulles des Papes , les Atteftations des Cardi- naux, 6c les certificacs de plufieurs Prélats très célèbres , étaient formellement contraires , les Prélîdens 6c Conleillers de cette fameufe Cour de Parlement, trouvèrent le moien d'aflbupir ce grand Procès, de dangereufe conféquence pour tout le Papifme , en inventant une plus inftgne faujjhé que toutes celles qui étoient dans les Procédures 6c les Aéhcs de ce Procès. 11 déclarèrent , pjir un Arrêt définitif, que ceux deTAbbaie de Saint Denis avoient le Corps tout entier defaint Denis V Athénien , 6c ceux de Nôtre-Dame avoient le Chef àefaint D e k i s le Corinthien. Tellement que chacun fe contenta de cette Dé- àfion, fondée fur une Dijîinction dont aucune des Parties ne s'étoit avifee , 8c pour laquelle il n'y avoit aucunes preuves , ni témoignages. Mais ni les uns ni les autres ne s'en mirent pas en peine , attendu que \2. fauJJ'eté de leurs prétendues Reliques n'étant point découverte , ni les offrandes de ceux qui leur viennent rendre un hommage Religieux diminuées, ils furent ravis de la dé- couverte d'un fi bon expédient , mis en pratique par un nouveau genre d''im- poflurc , qui peut fervir pour la Canonization de tous ceux que le Papilme voudra faire entrer dans le Ciel , fans qu'ils aient jamais été fur la terre , ni même dans le rang des créatures , en aucun endroit de l'Univers. Si les AU leraans de Ràtisbonnc qui fe vantent d'avoir auflî le Chef de Saint Denis , fuflent intervenus dans ce Procès , le nombre des Aétes fuppofez , des fauflès Bulles , Se des témoins fubornez par des Eccléfiaftiques , auroit été beaucoup plus grand , 8c s'ils n'avoient pas été d'auffi bonne compofition fur les ma- tiéres de Foi que les Prélats 6c les Eccléfiaftiques de Paris , il y auroit eu bien de la difficulté à les accorder. Il auroit peut-être fallu déclarer que Saint Denis étoit un Cerbère à trois têtes : ou bien prononcer des Sentences de condannation contre plufieurs /^«x témoins Eccléfiaftiques , comme celles dont il eft parlé dans le premier Livre du Recueil de Mr. Papon ^ tître i. Arrêt 5. Se 6. Ceux qui fe donneront la peine d'examiner ce que Mr. l'Ambafladeur de Nointel , autrefois Confeiller du même Parlement de Paris, a fait forger en Orient contre les Réformez , 8c produit dans fes Lettres , ou fous le nom du Sieur Panajotti 8c des autres Grecs qui ont figné les prétendues Confeffions de Foi f qui nous ont obligé de faire ces Remarques , trouveront qu'il n'y a pas un feul témoignage dans toutes ces Piéces-là qui ne foit entièrement faux y Ppp4, 8&. 490 FAUSSETEZ DE PLUSIEURS & dont les impoftures ne fe découvrent d'elles-mêmes. Nous l'avons prouvé dans tout cet Ouvrage d'une manière irréfragable par les propres témoignages des Docteurs de l'Egliic Romaine , & par VJnalife particulière de toutes les principales Pièces dont les Controverfiftes 8c Prélats de France ont rempli leurs quatre gros Volumes de la prétendue Perpétuité de leur Créance. Si nous ne nous lommes pas attachez à faire voir en détail toutes les faujfctez. qui font dans le Livre dont le Patriarche Denis de Conftantinople fait l'éloge dans fa dernière Lettre du mois de Juillet 1671. que nous avons publiée ci-def« fus , pour confondre Mr. de Nointel Sc les Prclats de France fur les ivipoftti- res dont ils fe font fervis contre la, Religion Réformée ^^ 8c contre les PuiJJances Souveraines des Provinces-Unies des Pais-Bas , c'eft parce que tous les princi- paux Dogmes de ce Livre, intitulé, Confcffion Orthodoxe de VEgUfe d'Orient ^ étant les mêmes que ceux de cette Confellîon de Foi fi fameufe , des qua* tre Patriarches , ou Ex- Patriarches de Conftantinople , du Patriarche d'Ale- xandrie 6c des trente-cinq Métropolitains , ou Evêques de la faélion de ce Patriarche Z)?»/V , le Chef de ces Perfides^ Apofiats ^ dont nous avons détruit les Atteflations £5? renverfé tous les témoignages , dans une douzaine d'Articles .ci-deflus , qui font depuis la page 445". julques à la /^^j. , il feroit inutile de répéter ici la même chofe. D'ailleurs, il eft très évident que l'Ambafladeur de France Mr. de Nointel , le Patriarche Deiiis de Conftantinople , 8c le Seigneur Panajotti , Drogman de l'Empereur d'Allemagne , agiflbient de concert en Orient pour y féduire les Grecs 6c pour forger des Atteftations contre les Réformez , félon le defir du Clergé de France Sc de la Cour de Rome. Tout ce que nous avons produit des Relations , des Lettres Sc des témoignages de Mr. de Nointel & du Patriaiclie Denis , prouve cela d'une manière fi claire & fi forte, que les plus incrédules de tous les hommes n'en douteront plus s'ils fe donnent la peme de les lire avec quelque peu d'atten* lion. Mais pour ne laiflcr rien en arriére de tout ce qui peut contribuer à diffi'> per l'aveuglement des Papiftes , & à mettre au jour les impojîures de ces fa- meux Perfonnages , dont le Seigneur Panajotti a été le Truchcinent , dans tou* te la Turquie & la -Grèce ; voici deux articles contenus dans une de les Let« très à Mr. de Nointel ^ qui méritent d'être joints à nos Remarques précéden- tes. Cette Lettre fe trouve en Latin parmi les Preuves Authentiques des Doélcurs de Port-Roial, dans le quatrième Chapitre de leur huitième Livre. Le Sieur Panajotti y tient ce langage contre les Réformez : Si Grtscorum Ec clefi£ fidei Confejfionem fcire cupiuut , quare eam folummodo à Cyrilli, quater oh fufpicioncm hserefeos, fede Patrianhali à Gracis expulfi, Confeilîone petunt? C'eft à dire , fi les Réformez défirent de fç avoir quelle efî la Confeffion de Foi de VEgUfe des Grecs ^ pourquoi la cherchent-ils feulement dans la Confejfion de Cyrille , qui a été chaffe quatre fois par les Grecs , de fon Siège Patriarchal ^ parce qu'ils le tenoicnt iulpeél d'Hèréfie > Cela eft une des plus noires calomnies qu'on puill'e jamais inventer. Le fa« mcux Richard-Simon , tout Papiftc qu'il eft , foùtient précifément le contrai* re , dans fon Hifloire Critique des Nations du Levant. 11 attribue toutes les Perfècutions faites contre Cyrille & fes quatre diffcrens exils , à la fureur des Jéfuitcs CONFESSIONS DE FOI. 491 yéfiiifes qui étant animez & foûtenus par l'Ambafladeur de France , & par une puiflante faÊtion des Créatures de la Cour de Rome , foûlcvcrent le Peu-, pie contre ce Patriarche , ibus divers prétextes, & Paccufércnt même de quel-» qucs crimes de Léze Majefté pour obtenir plus facilement fa dépofition. Nous avons mis au jour les Preuves Authentiques de ces fatijfes accufations des Jéfui» tes , & de leurs coynplots pour la perte des Grecs , depuis la page aoo. juf- ques à la x'1,6. de ce Volume. Les Doéleurs de Port-Roial font leur poffiblc pour difculpcr les Jéfuites de tous ces horribles attentats dont ils font accufcz par Richard-Simon ôc con- vaifuus par ces témoignages irréfragables que nous avons inférez dans cet Ou- vrage. Richard- Simon dit , que durant la vie de Cyrille le Calvinifme triom- phoit dans Conftantinople , & qu'«« trh grand nombre d'Evéques (^ de Prélats Grecs le foûtenoient ouvertement avec ce Patriarche. Le Sieur Panajotti déclare qu'il ctoit feulement foupçonné d'Hércfie , & les Doéteurs de Port-Roial prétendent qu'il en a été pleinement convaincu , qu'on le fit mourir fur le rivage de la Mer, 6c que fon corps y fut jette à la voirie. Mais le Doéteur Morcri détruit ce coûte fabtdenx , dans Çon grand Di£îionaire Hiftorique , 8c donne un/olennel démenti à ces Meilleurs , en mar- quant d'une façon très cxprcflc , que ce Patriarche eft mort dans fa prifon. Ces Meffieurs de Port-Roial , Âloreri ., Richard-Simon .^ 6c pluficurs autres cé- lèbres Docteurs de l'Eglife Romaine , fe contredljent formellement , furplufieurs autres Articles touchant la DoElrine , les Alœtirs Se les diverfcs Cataflrophcs de la vie de ce Patriarche , comme nous l'avons prouve dans la Dini'rtatjon Préliminaire de cet Ouvrage , depuis la page 8. jufqu'à la i6. , où chacun pourra trouver les Pièces juftificatives de tout ce que nous venons de remar- quer fur cet article. La dernière preuve que nous avons à mettre ici , pour démontrer que le Seigneur Panajotti n'a pas dit la vérité à Mr. de Nointel , en lui faifant en- tendre que Cyrille Lucar a été chaulé quatre fois de fon Siège Patriarchal , pour CAuCe à' Heréfie ; c'eft que le Concile de Je'rtifalem déclare le contraire , d'une manière très expreflc , dans le Prologue , qu'on peut voir à la page 178. ci-dcfl'us , 6c dans le premier Chapitre à la page x8i. 6c iSz. Le Pa- triarche Dofithée 6c tous ceux qui ont figné ce Concile foûtiennent , „que „ jamais l'Eglife d'Orient n'a connu Cyrille pour tel que fes Adverlaires di- „■ fent qu'il étoit. Qu'il n'y a que ceux qui veulent le calomnier qui le di- „ fcnt. Que tout le Clergé de Conftantinople l'aianc élu par les fuffrages que „ chacun lui donna d'un confentcment unanime , il fut élevé fur ce Siège „ Patriarchal, fans avoir enfeigné dans aucun Concile, ni dans l'Eglife , ni „ dans la maifon de quelqu'un , 6c en un mot, ni en public , ni en parti- 5, culier , la moindre chofe de ce que fes adverlaires lui attribuent. Qii'il „ n'y a que ceux qui ne l'ont jamais connu qui lui aient attribué des fen- „ timens erronez , ou des Hèrèfies ; mais que ceux qui ont demeuré plufieurs „ années avec lui , dans fes propres appartcmens , 6c qui étant dans fi con- „ fidence très intime , içavoicnt tout ce qu'il faifoit 6c tout ce qu'il difoit f „ aflurent qu'il n'avoit point de mauvaifes opinions , £c enfin , les Auteurs j, de ce Concile déclarent qu'il y avoit encore , dans le tems qu'ils ccrivoienc Qqq »cela, 49Z FAUSSETEZ DE PLUSIEURS „ cela , plus de dix raille témoins oculaires de la piété reconnue de Cyrille, „ qui avoient convcrlé familièrement avec lui, Se qui ne lui avoienc jamais „ rien entendu dire qui ne fut Orthodoxe êc de bonne édification. Voila plus de dix mille témoins oculaires d'un fait qui détruit les calomnies du Sei« gneur Panajotti , & dix mille preuves inconteftahles , que c'étoit un trtis infi- gne impofieur , dévoué au fcrvice de l'Eglife Romaine , de même qu'à celui de Mr. à^Nointcl ^ pour favorifer les Prélats de France, dans leurs pernicieux dejfeins contre les Réformez, Mais comme ilai-rive très fouvent que les /car- hes 6c les malintcntiennez fe découvrent eux-raémes , £c forgent des armes qui fervent à détruire tout ce qu'ils ont mis en œuvre , par un principe d'iniqui- té, contre toutes les régies de la juflice ; cela fe rencontre précifémcnt dans le fécond article de la même Lettre du Sç.\gntnr Panajotti , qui nous fournit une Pièce très forte & très propre à détruire entier emeiit tout ce qui pourroit encore refter fur pié , dans quelques endroits du fameux Ouvrage des Doûeurs de Port-Roial , que nous venons de renverfer. Cette Pièce , que nous mettrons tout à l'heure au jour , fut envoiée par le Seigneur Panajotti à Mr. de Nointel à Conftantinople , le zo. Décembre 1671. , comme il paroît fur la fin du Chapitre IV. des Preuves Authentiques. du troifiéme Volume de ces Meffieurs de Port-Roial, où le fameux Panajot' ti dit à cet Ambafladeur de France , Mitto nunc Excellenti<.s vofira Litteram Neètarii PatriarcbtS Hierojalymitani nuper ad Païfium Alexandriniim Patriar- chara fcripta. Je vous envoie la Lettre que NeElarius Patriarche de Jérufalem a écrite dernièrement à Vaiftus Patriarche d'Alexandrie. Voici l'Extrait que les Doéteurs de Port-Roial en ont mis au commence- ment du Chapitre X. du huitième Livre, du même Volume que nous venons de citer, & l'Avertiflement que ces Meffieurs ont rais à la tête de cette mê. me Pièce. „ La Lettre que nous allons produire efl toute d'un autre genre que les „ Aétes que l'on a inférez jufques ici dansée Livre , c'eil: pourquoi elle mé- „ rite une réflexion particulière. Elle n'eft pas d'un Grec ami des Latins , „ mais d'un homme qui paroît très envenimé contr'eux, & fi peu porté à la „ complaifance , qu'il outrage fans fujet celui qui lui avoit demandé une „ Profelîîon de la Foi des Grecs. "Extrait d'une Lettre du bienheureux Patriarche de Jérufalem Neftarius , a:i. bienheureux Seigneur Paifius Patriarche d' Alexandrie. „ T^TOus avons reçu par deux fois des Lettres de vôtre Béatitude , dont j^ JAI les unes étoient pour nous recommander de certaines perfonnes arri» „ vèes ici pour la vénération des Saints Lieux : les autres fur difierens fujets, „ contenoient entr'autres chofes quelques Articles touchant le Frère Lazare j, de la Congrégation des Capucins ; dont le premier efl: , qu'il demande une „ ConfeJJîon de Foi par écrit de vôtre fainte main , pour témoigner les fenti* •„ mens qu'a l'Eglife Orientale fur les faints & fierez Myftéres. Le fécond , „ qu'il doit , par cette Confeffion , convaincre un Luthérien demeurant en „ France , 5c qui tourmente les Papilles , prétendant que l'Eglife d'Orieni: « n'eff.- 1 C O N F E s s I O N s- D E FOL 493 '„ n'eft point d'accord avec les Latins fur le fujet des Sacremens. Le troi- „ fîérac, que ce Luthérien a entre les mains une Confeflîon de Foi Origi. „ nalc, à ce qu'il dit, de Cjr;7/^ autrefois Patriarche de Conftantinoplc. Le „ quatrième , que , comme il dit , les autres Patriauhes ont pour ce fujet en- „ voiét en France, chacun leur Confeffion de Foi. „ Commençant donc par le dernier de ces Articles, nous finirons par le „ premier, allans à rebours avec ceux qui ne fçavent pas marcher droit. „ Nous répondons donc à ce dernier, az-ec affttrance , n'aiant pas moins „ d'envie de nous délivrer des dejfeins malicieux .^ 6c de la langue impudente „ de ce Lazare , que de le convaincre publiquement de Menfonge fur ce fujet , „ afin que vôtre Béatitude puifle connoîtrc clairement les Sophifmes fraudu- „ leux avec lefquels les Latins qui viennent à nous, tâchent de nous fur- „ prendre, ^'il difc ^ ce bon homme Lazare .^ qui font ces Patriarches? Etl ,, quel tenis , en quel lieu, & en quelle manière ils ont fait cg qu'il dit? Si c'efl: „ celui de Conjlantinople , ou à'Jlntioche, ou de Jérufalem? En quel tems , 6c „ en quelle Fille ? S'ils fe font ajfemblez tous trois avec leurs Synodes , ou fi „ chacun en particulier a écrit (^ envoie cette Confeffion ? Qu'il en montre les „ Originaux ou au moins les Copies. Mais il ne peut en aucune manière rien „ montrer de cela. Seulement il veut faire pafTcr pour véritables des chofes y, qui n'ont jamais été., ôc qui ne font pas même venues dans la penfée des Pa- „ triarches. G'eft pourquoi ne pouvant pas montrer la vérité par des preuves „ de fait., il tâche de nous tromper par des paroles. Non, Sacrée Se Divi- „ ne Tête; non, vos Confrères les Patriarches , n'ont point donne' „ AUX Latins des Confessions de Foi par écrit, le Menteur ,, qui avance cette Fausseté' en dût-il crever. Si cela étoit arrivé dans „ le tems de nôtre Patriarchat, comment Vaurj^ns nous pu ignorer , puis qu'il „ me femble que nous faifons quelque figure dans l'Eglife d'Orient? Si ee- „ la eft arrivé devant nôtre Patriarchat, nous n' avons jamais entendu parler de „ cette aHion , ou plutôt de cette fiction- C'efl: un jeu plein de diffimulation „ 6c d' hypocrifie , que tout ce qu'a dit Lazare. [ Il y a dans ces Paroles une alUifion au mot o^ua, Aélion , qui fignifie auffi une Pièce de Théâtre. ] „ Vous vous êtes donc fort prudenment délivré de ces fourbes ., en leur mon- „ trant cette Confeffion fi Orthodoxe Se fi bien conçue : mais en ne la leur „ donnant point., pour les affliger davantage, en rendant leurs fourberies inu- '„ tiles. „ Et quant à ce qu'on dit que ce Luthérien., pour paflef du quatrième i, Article au troifiéme , le fert de la Confeffion de Cyrille Lucar , autrefois ,; Patriarche de Conftaminople, cela ne nous a point touché, ni ne nous „ touchera jamais, parce que plufieurs font en peine fi elle eft vérital)lement „ de Cyrille , 8c parce que quand même il auroit donné une telle Confcf- „ fion, il ne s'enfuit pas que toute l'Eglife d'Orient ait fuivi fcs fentimens. „ Touchant le fécond Article, o^ç. Lazare fçache là deflus, que fi les i, Cahiniftes-Luthériens difputent avec les Latins fur les Sacremens, ils ont „ tort de demander nôtre témoignage. Qu'ils foient premièrement d'accord j, entr'eiix fur tous les Dogmes de la Foi, ^ alors ils trouveront en nous, _,, non feulement des Témoins, mais des Perfonnes de mesme opi- '^ Q.S*î * N ION, 494 FAUSSETEZ DE PLUSIEURS „ N I o N , 6c qui comhaltent pour la mesme cause. „ Mais il eft manifeftc que les Calviniftes-Luthéricns ne font point d'ac» „ cord avec nous en toutes chofes. Les Latins affiirent que nous fhmncs d'ac» „ cord m'ec eux, qjioi que nous ne trouvions point cette conformité qu'ils- „ prétendent. Si donc les Latins & les Luthériens le combattent les uns leS' autres, fur cela, qu'ils combattent tant qu'ils voudront, puis que leurs Hcréfics font toutes forties de l'Eglife Latine , & qu'ils nous laiflent conferver en repos les bons fentimens que nous avons, car à chaque jour fuffit fou mal. „ Le premier Article cft celui de tous qui nous a femblé k moins fiippor» table. C'eft pourquoi nous l'avons laiH'é le dernier de peur de manquer de force dans la fuite, étant accablez de fa pefanteur. Car, qui -eft ce Moi- ne Lazare, pour demander fi impudenmcnt à vôtre Béatitude, vous qui „ êtes Pape & Patriarche d'Alexandrie, 6c comme je l'ai montré, avec trom- l',perie & diffimulation, une ConfclTion de Foi.^ ce que le Pape de Rome n'a- „ OBTENU que lors qiiil l'a demandé dans une pressante neces* „ s I T e'. „ Au NOM DE Dieu, Divine (^ Sacrée Tête^ ne vous laissez pas „ PERSUADER par celui-ci, ni par aucun autre semblable, quand „ IL NE vous DEMANDEROIT PAR ECRIT QUE l'O R A I S O N DoMI-- „ N I c A L E : car ils ne viennent pas avec sin cerite', mais avec d i s s i m u— „ L AT ION, afin que s'attachant à quelque petit mot, tel que ce foit, car „ -ils font, gramls obfcrvateurs de mots , ils médisent de ce qui nous re«- „ garde. , er^A r • ■ „ Pardonnez -moi. Divine â? Sacrée Tête, u j'ai parlé fi long-tems : car. , on ne devoit pas faire autrement que de convaincre fort au long, cet; ," Emiflaire là fie ceux qui l'oiît. envoie, de Fourb e i^ r/^ Tromperie.. Dti ij. Novembre lô/iv Nectarius ci-devant Patriarche de Jerufalem; Cette Lettre fi extraordinaire, fi bizarre fie (\ fuhninante contre le Papifinc-' a été légalifce par Monfiçttr de Nointely Ambafladeur de France, dans urïi Témoignage écrit 8c figné de fa propre main, dont l'Extrait a été mis à la- fin du Chapitre XI. des Preuves Authentiques du troifiémc Volume de la Perpétuité des Dodeurs de Port-Roial , en ces termes. „ Paifius, Patriarche d'Alexandrie, auquel ctoitadrcfie l'Or/^/w^/ de la Let- „ tre de NeSîarius, Ex-Patriarche de Jérufalem, a leconnu la Copie que je vous „ ai envolée, pour, lui être entièrement conforme, fie il a promis de lai-mô' „ me-, lors qu'il feroit à Alexandrie, d'en donner l'Original à. Mr. le Conful „ de France , pour me le faire tenir. Cette Pièce eft très digne de remarque fur plufieurs circonftanCcs que nous laiflerons à part, afin de nous attacher au principal fujet de fon corn tenu. Chacun pourra faire fcs réflexions particulières fur le ftile enfé dont ce Patriarche NeUarius accompagne toutes fcs expreflions. Sur les éloges ou- irez CONFESSIONS DE FOI. 495 irez qu'il donne à Païfiui 6c à tous les Prélats Grecs. Sur les termes inju- rieux dont il fe fcrt en parlant des Eccléfiaftiques de la Communion de Ro- me. Sur la méfiance 8c Ui crainte qu'il témoigne avoir pour \c\iY% Einbucbes y leurs Feintes, leurs Diffimiilations , leurs Meufonges , leurs Sophifmes, leurs- Fourberies, leurs Imfoflm-cs &: pour tous leurs mauvais dejeins. Ce Patriar- che fait voir que les plus habiles d'entre les Grecs, ne connoiflcnt point afrez les matières de Controverfe qui font agitées parmi les Chrétiens Oc- cidentaux, puis que lui-même confond très grofliérement les Reformez avec les Proteftans, en les nommant Luther iens-Cal'-cini fies. Mais cela n'empêche pas qu'après avoir dit quel'Egliie Grecque ne convient point en toutes chofes avec Jes Papiftes , ni avec les Proteftans , // n'emhrajfe la Créance de ces derniers , fur plu- fieurs Articles qu'il n'explique pas en détail: fc contentant de protefterque fi ceux qu'il appelle Calvimfies- Luthériens étoient d'accord cntr'eux, fur tous les Dogmes de la Foi, ils trouveraient alors dans VEglife Grecque, non feule- ment des Témoins contre le Papifme, mais auffi des Perfonnes de me s. me opi- nion, £f? qui combattent pour la mesme cause. Voila une Déclaration qui cft fans doute la plus avantageufe de toutes celles que les Réformez & les Proteftans fçauroient jamais délirer de l'EgU- fe Grecque pour leur défenfe contre le Papifme, Se pour détruire la confort mité prétendue que les Latins fe vantent d'avoir avec les Grecs, puis que ce Pa- triarche témoigne d'une manière fi évidente qu'ils combattent pour la nic^ me caufc que les Réformez, & pour la défenfe des mêmes opinions, contre VEglife Romaine. Mais voici pluficurs autres déclarations, contenues dans la même Lettre de ce Patriarche, qui font bien plus dignes de confidération, puis qu'on peut en tirer des conféquences qui font de la dernière importance pour le but de nôtre Ouvrage. Il s'agit de faire voir que toutes les Confeftîons de Foi, dont les Doéteurs de Port-Roial êc les Prélats de France fe font fervis pour combattre les Réformez, & pour donner à entendre que la Créance de tous les Grecs eft conforme à celle de l'Eglifc Romaine, font de faujfes Pièces y mendiées par- mi les Grecs Latinifez, ou forgées clandefiinement dans le Papifme, par quel- ques Impofteurs. Nous avons dcja démontré cela par un très grand nombre de Preuves inconteftahles ,^ tirées des propres Ouvrages des plus fameux Docteurs de l'Eglife Gallicane, & des Pièces les plus ^authentiques dont ils fe font fer- vis pour combattre les Réformez. Mais entre tous ces Ecrits qui ont été ap- prouvez par les Do fleur s de Sorbonne 6c par les Prélats de France, il n'y en a point qui ferve mieux à confirmer toutes nos preuves que cette Lettre du Patriarche Netlarius de Jérufalem , Icgalifce par l'Ambaflàdeur de France à Conftantinoplc, en préfence du Patriarche Paifius d'Alexandrie, & inférée avec les meilleures Âtteftations que les Défenfeurs du Papifme aient pu faire venir de toutes les contrées de l'Orient. Ce ne font plus les Réformez feuls, qui foûtiennent que tous les Témoi- gnages que les Agens de la Cour de Rome Se de France , ont fait venir de ces Pais-ld font entièrement faux, Sc que ce ne peuvent être tout au plus^ que les déclarations de quelques /owi'w, Sc les Signatures de quelques i)i!po- ,^eurs. Voici un Patriarche Grec qui l'affirme lui-même , 8c gui en donne Qqq 3 às&i 49<$ FAUSSETEZ DE PLUSIEURS des preuves authentiques^ en proteflant qu'il fçait fort bien qu'aucun des Pa- triarches 8c des Prélats qui font quelque figure comme lui, dans l'Eglife Orientale, n'a rendu des témoignages, ni donné des Confclîîons de Foi par écrit, en faveur des Latins. „ Non, non, dit-il, en s'adrcflhnt à Païlius, „ NON, Sacrée t^ Divine tête ^ Vos Confrères les Patriarches, qui font dans les mêmes fentimens que Vous, n'ont point donne' aux Latins DES Confessions de Foi par t.cv.n; \i Menteur qui avance cette Fausseté' en dût-il crever. Si cela étoit arrivé dans le tems de nôtre Patriarchat , comment V aurions-nous pi ignorer., puis qu'il me femble que „ nous faifons quelque figure dans l'Eglife d'Orient? Si cela eft arrivé de- „ vant nôtre Patriarchat , nous n'avons jamais entendu parler de celte Fiction : „ c'eft un ''Jeu plein de 'tromperie. C'eft une imitation des Pièces de Théâtre. „ Que ce fourbe de Lazare qui a l'impudence d'avancer ces faujfetez , dife qui „ font ces Patriarches qui ont figné ces Atteftations ? En quel tems, en quel „ lieu, 8c en quelle manière ils ont fait ce qu'il dit? Si c'eft celui de Cofi* .^., Jïantinople , on à'Jntioche, ou de Jérufakm? En quel tems, 6c en quelle „ Ville? S'ils fe font aflemblez tous trois avec leurs Synodes, ou fi chacun „ en particulier a écrit ÔC envoie cette Confcffion? ^i"il en montre les Ori. „ G IN AUX, ou au moins les Copies. Mais il ne peut en aucune „ MANIERE, RIEN MONTRER DE CELA. Il tàchc, au Contraire ., défaire „ pafler pour véritables des chofes qui n'ont jamais été y & qui ne sont „ PAS MES ME VENUES DANSLAPENSe'e DES PATRIARCHES. C'eft „ pourquoi ne pouvant pas montrer la vérité par des Preuves de Fait, il cflaic de nous tromper^^^ des Paroles. Vous vous êtes donc fort pru. " denment délivré de ces Fourbes en leur montrant une Confeffion Orthodo* xe, mais en ne la leur donnant point, pour les affliger davan- " tagcy en rendant leurs Fourberies inutiles. On voit bien par là que cet Emi (faire du Clergé de France, qui deman« doit une Confeffion de Foi au Patriarche à' Alexandrie ^ n'ofoic pas feule- ment, avec toute fon impudence, lui montrer aucune Copie de celles que les Dofteurs de Port-Roial fe vantoient alors d'avoir obtenues, 6c qu'ils eurent même la hardiefle de mettre au jour en ce tems là, dans leur Ouvrage de k Perpétuité, contre les Réformez. Mais c& Capucin nommé Lazare fe garda bien d,'en dire la moindre chofe à Païfius, car s'il lui avoit donné quelques Copies ou Extraits , de ces Prétendues Confefllons de Foi , ce Patriarche en au- Toit d'abord reconnu la faufleté, 6c n'auroitpas manqué d'en donncravis à fes Confrères, 6cà tous les Prélats des Eglifes Orientales, qui fe feroient infcrits en faux contre t*ites ces Atteftations, 6c auroient fait voir qu'elles étoient fa- briquées par des Renégats, par des Eccléfiaftiques //(?gr^^f2 , par des gens /^/« aveu , par des Latins 6c par des Impofleurs. Cela eft très manifcfte par tout ce que nous avons produit fur cette matière dans cet Ouvrage , 8c en voici mainte- nant la confirmation, dans cette Bulle authentique, par laquelle le Patriarche NeHarins a mis au rang des faux AEîes toutes ces Confeffions de Foi dont les Doéteurs de Sorbonne 8c les Prélats de France ont voulu foûtenir l'Authen. ticitc. Il y en avoit un très grand nombre de fabriquées dans le tems que Neélarius demandoit qu'on lui en montrât quelque Copie, fi;ns qu'on aitofé Ib CONFESSIONS DE FOI. 497 le faire par la crainte qu'on avoic de révéler ce Myftcyc d'iniquité qu'on avoic tramé fourdement dans le Papifme depuis long tcms. Car c'cll fur la fin de l'année 1671. que ce Patriarche de Jérufalem foûrenoic que fes Confrères à'Jutioche , de Confiantinoplc ,^ & des autres Eglifes Grecques d'Orient , n'a. voient donné aucune Confeflîon de leur Foi par écrit, Se cependant les Doc* teurs de Porr-Roial en font paroître aujourd'hui une quaratuaine , dans leur Compilation de la Perpétuité , qui font toutes d'une datte antérieure à cette année là , 6c qui portent le nom des Patriarches à'AntlocJjz , à' Alexandrie ^ de Conftantinople , 6c de toiitei les plus célèbres Eglifes des Grecs , que le Pa. triarche de Jérufalem aflure , n'avoir pas feulement eu Ici penfée de donner , en ce tems-Ià , le moindre certificat fur cette matière. Il eft par conféquent très manifefte qu'on doit mettre au rang des fwx té- moignages , toutes les Atteftations de ces Grecs prétendus , que les Prélats de V ïdLnce fippofent , avoir été fignées avant la fin de l'année 1671, En voici le Catalogue fondé fur le témoignage de Neéîarius Patriarche de Jérufalem donc nous avons produit la Bulle en forme de Lettre. Ce témoignage eft d'au- tant plus irréfragable que cette Lettre qui le contient , eft légahfée par Mr. de Nointel Ambafladeur de France , & raife au rang des Preuves Authenti- ques des Doéteurs de Port-Roial , confirmées par les Approbations des plus célèbres Prélats de France. On doit, ( félon la Bulle de ce Patriarche , ) tenir pour une fauflc Confef- fion de Foi. I. Celle qui a été fabriquée clandeftinement fous les noms em- pruntez des Grecs du Patriarchat à'Antioche , & fignée par quelques impof teurs , à la réquifition d'un Capucin nommé Juftinien. Les Doéteurs de Porr- Roial l'ont fait paroître avec la foufcription d'un grand Vicaire, & de cinq Prêtres à'Alep, dattée du 4. Janvier 1668.. IL On doit ranger dans la mê- me Clafl'e des fauffes Confefions , celle du Patriarche des Syriens nommé An^ dré , & de l'Archevêque de Surinam^ fignée par onze Prêtres , ou Moines à la réquifition du même Capucin 2i Alep le lo. Février 1668. III. Celle d'un Patriarche d'Arménie nommé David. Signée de trois Evêqucs , Se de huit Prêtres , à la réquifition du même Capucin , & d'un Conful de France x\ovs\mt François Baron ^ à Alep le i. Mars 1668. IV". Celle des Neforiens ., donnée à Mr. de Nointel à Conftantinople par le Métropolitain , & trois Prêl très de la Ville de Diarherker le 24. du mois de Nifan 1669. ^- Celle du Patriarche des Cophies donnée au même le 18. du mois à'Hafur i6jo. VI. Celle du même Patriarche , donnée au même Amb.ifladeur le 5". du mois de Alefein 1670. VII. Celle du Patriarche Arménien à'Ermeazin , figncc à la réquifition de Mi-. de Nointel , par l'Archevêque Arménien de Conllantino- ple , le li. Avril 1671. VIII. Celle du Patriarche Arménien àç. Cis, nom- mé Cruciador , fignée en Cilice par deux Archevêques , & enfuite à Alep par un Archevêque £c par fix Eccléfiaftiques ou Laïques , le 21. Juillet 1671» IX. Celle des Arméniens àUlfpahan , adrcfiée au Roi de France l'an 1671. par deux Archevêques , & fignée par treize Perfonnages , qui fe difent Doc* teurs , fms déclarer s'ils font Eccléfiaftiques , ou de quelqu'autrc condition, X. Celle du Patriarche à'Anliofhc nommé Macaire ^ fignée par l'Archevêqus' de Befra , par un Evêque de Kerarama , un de Sydon , un de Damas &c 498 PAUSSETEZ DE PLUSIEURS pnr treize Curez, légalifée par le Seigneur Gondoles Maître de l'Artillerie du Château de Babylom , le 20 Oélobre 1671. XI. Celle du même Patriar* che , d'un Archevêque , & de trois Curez , fignce la même année 1671. XII. Celle de Métbodhis Patriarche de Conftantinoplc , fignce chez Mr. de N oint cl ^ Ambafladeur de France à P/ra , le 10. Juillet 1671. XIII. Celle de fept Archevêques d'Orient, fignée chez le même AmbalTadcur à Péra le i8. Juillet 1671. XI.V. Celle de \\\i\x. Pandoq^ues , ou Moines Quêteurs du Mont-Athos , lignée chez le même Ambafladeur à Péra le i6. Avril 1671. X V. Celle de l'Eglife de Siphanto fignce à la réquifition du même Ambaf- fiideur , par un Archevêque & par fîx Ecck'fiaftiques , l'an 1671. XVI. Celle de l'Eglife d'Andros fignée de même , par un Archevêque dégradé , £c par deux Prêtres , l'an 1671. XVII. Celle de Siphanto accordée fur un •autre Article, 6c fignée comme la précédente l'an 1671. XIII. Celle de l'Eglife di'Jnaxia, fignée par fept Papas, Sccinq Caloyers, l'an 1671. XIX, Celle de l'Eglife de Céphalonie. XX. Celle de l'Eglife de Zante. XXI. Celle de l'Eglife à'Itaque , fignée conjointement avec les deux précédentes, par un Archevêque , Se par trente-deux Papas, ou Caloyers, l'an 1671. XXII. Celle de l'Eglife de Miloy fignée par un Archevêque, 6c par dou. ze Papas, ou Caloyers , l'an 1671. XX III. Celle de l'Eglife de Chio , fignée par un Archevêque , & par dix Papas , ou Caloyers , l'an 1671. XXIV. Celle de l'Eglife de Mycone , fignée par fept Papas , Sc par trois Caloyers , l'an 1 67 1 . Le Prologue de cette Confeflîon de Foi commence par ces paroles: Nous fo!i(figncz Ei;êques (^ Prêtres , Scc. Il n'y a cependant aucun Evêquc qui l'ait iignéc. On trouve de même plufieurs contradinions fur beaucoup d'Articles des autres Confcflîons précédentes , des Eglifes des Iflcs de V Archipel ôc des Princes. Nous n'y avons point mis les dattes des jours, ni des mois, parce qu'ils ne fe trouvent point dans la Traduction des Doéleurs de Port-Roial , qui ont feulement noté au bas de la dernière , le mois d'Octobre de l'an 1671., & déclare à la tête de quelques-unes de ces Confeffions, , qu'il y en a dont les Articles font écrits une partie en Grec littéral , 6c une partie en Grec vulgaire. C'cft à dire qu'elles ont été compofécs par des gens qui n'é« tant pas capables de drefler une Article tout entier , le faifoient achever par quclqu'autre qui parloit une langue différente. Cela fait voir combien ces Attcuations font peu dignes de Foi. Il femble aufli d'ailleurs, que les Doéteurs de Port-Roial ont voulu fe jouer du monde en produifant divcrfes autres Confeffions qui ne font fignées que par un fini CzXoy&r , ou Moine, comme il paroît en XXV. lieu, dans celle du Monafl:érc de Saint George , fignée le 20. Octobre 1671. , ôc dans ks fuivantes , qui au lieu d'être foufcntes par quelqu'un, n'ont point d'au- tre fondement que ce qu'il plaît à Mr. de Nointel de dire , que lui ont dé* claré verbalement quelques Moines idiots & Jliipidcs , comme il l'avoue lui- même en parlant de la' Créance de ceux des Eglifes que nous allons nommer en continuant les ?;//?.'.'f'r6'j de nôtre fupputation. XXVI. Maiiromale. XXVII. Batkchekbii. XXVIII. Calcédoine. XXIX Prota. ■ X X X. Bouiouk. XXXI. Prinkipo. XXXII. Calchit. XXXIII. Pyrcgos, XXXIV. 2o/#^. XXXV. 4retfium. XXXVI, Foufia , l'an 1 67 1 . Les CONFESSIONS DE FOL- 499 I.CS Dofteurs de Port-Roial ne font pas difficulté d'ajouter aux Confef. fions verbales de ces Pcrfonnages inconnus &C fans Nom, celles des ^gens des Républiques foûmiTes à la Tyrannie du Tribunal de Vlnquifition: à fçavoir la déclaration d'un Vénitien, nommé ^ùnno ^ & celle d'un Génois, nommé Fiefchi , auxquelles ces Doéleurs ont encore ajouté le Témoignage de ce fa- meux Apoftat nommé Tarfia, dont nous avons parle ci-devant, & rapporté une Lettre de Mr. de Nointel, par laquelle il paroît qu'il fit une Confeffion de Foi Papijîe, 6c donna cent mille écus aux Jéfuites de Varfovie. Cela fc trouve fur la fin du Chapitre lo. du Livre 8. des Preuves, qui font dans le troifiéme Volume de la Perpétuité des Docteurs de Port-Roial. Ces trois dernières Confeffions de Foi, fignces par des gens de la Com- munion de Rome, à Péra de Conftantinople, chez l'Ambaflàdeur de Fran- ce, font confirmées par une quatrième, d'un A'(?«i;(? du Pape nommé i^/a'o.^Ai, fignée àConftantinople le i. Août 1671., laquelleétant jointe avec ces trois là, & avec les XXXVI. précédentes, achève le nombre des qjuafanth faus» SES Pièces que nous avons dit être toutes d'une datte antérieure à la Lettre du Patriarche NcHarius de Jérufalem, (\ui foûteuoit au Patriarche d'Alexan- drie PaifiHs , que toutes les Confeflîons de Foi que les Latins fe vantoient alors, d'avoir obtenues, n'étoient point fignécs des véritables Grecs ou Pa- triarches qui étoient dans les mêmes fentimens que lui, &: que les Emiffai- rcs de la Cour de Rome & du Clergé de France, qui lui en demandoient une, ne pouvoient pas lui produire les Originaux, ni même les Copies d'aucu- ne de ces prétendues Confeffions, parce qu'il nétoit pas feulement venu dans la penfée des Patriarches de donner le moindre témoignage là defl'us en faveur du Papifme. Quand on aura bien pefé tout ce que nous avons dit , 8c bien examiné tout ce que nous avons produit dans cet Ouvrage, pour démontrer \z faujje. té de toutes ces Jttcftations .^ on ne s'étonnera plus d'y rencontrer les Signa* tares de plus de ci nq^cens Imposteurs & d'y voir l'A pprobation des plus célèbres Docteurs de Sorbonne, y des plus fameux Prélats DE l'Eglise Gallicane; puis que la Cour de Rome & celle de France y n'ont pas feulement emploie dans ce grand Combat contre les Réformez., les Apoflats qui ont abandonné la Religion Chrétienne pour fe jetter parmi les Turcs, les Grecs Latinifez, qui font dans toutes les contrées de l'Orient, & fur tout parmi les Arméniens Sc aux environs de Conftantinople; mais aufli des perfonnes entièrement inconnues, 5c même les plus grands foirrùes èz les plus impudents menteurs qu'ils ont pu trouver dans les Pais étrangers, parmi les fcélérals 8c les impojieurs dont nous avons découvert les Crimes & démontré la Perfidie par une infinité de preuves, tirées des Relations Authentiques des plus fçavans Hiftoriens de la Communion de Rome, 6c des propres Ouvrages des plus /«?«??« Controverfiflcs dont le Clergé de France s'efi fervi, pour combat- tre les Réformez 6c les Proteftans. Tous CCS Dofteurs 6c Prélats ne fc font pas contentez de faire intervenir dans cette grande Controverfe tous les faux témoins qu'ils ont pu trouver dans la Grèce, la Macédoine, la Thrace, l'Albanie, VEfclavonie, la Croatie, la Bulgarie, la Natolie, la Sourie ^ la Tnrcomanie , la Moldavie, la Falachie, la Rrr Tran- joo FAUSSETEZ DE PLUSIEURS T'ranfylvanie , les Ijles de la Mer Egée & les trois Jr.ibics ; mais ils en ont Cd'» core fait chercher dans le fond de V Egypte Se dans la Grande Riijjie. Qui ne croiroit après cela, qu'ils n'ont pas manqué de trouver dans ces vajies Régions pluficurs millions de perfonnes, qui n'aiant aucun Syftême de Religion, leur auront fourni pour de l'argent, ou par d'autres motifs, toutes les Atteftations qu'ils leur auront propofé de figncr aveuglement, contre les- Dogmes ou les Maximes de ceux qu'ils ne connoifllnt point. Il ne feroit pas étonnant qu'il y eiJt dans ces Païs-là des gens de mauvaife foi , ou ca- pables de fc laifler entraîner aux follicitations des Emiffaircs du Piipifme, comme il arrive par tout ailleurs: cependant, il n'y a rien moins que cela, puis que les Dofteurs de Port-Roial 6c les Prélats de France fe font trou- vez réduits à la fàcheufe extrémité de ne pouvoir montrer aucune Confefllon de Foi de ces Peuples, qui foit conforme aux fentimcns de l'Eglife Romai* ne. C'efl: pourquoi Mr. de Nomteî parlant de la prétendue ConfeJJion Ortho- doxe des Grecs, dans une de fes Lettres à Meilleurs de Port-Roial, dont nous avons mis l'Extrait à la page 480. de ce Volume, leur die que le Seigneur PanaJQtti ne trouva pas qiiii fût fur de la faire imprimer en Mofcovie. Et pourquoi , fi ce n'cft parce que les Grecs de ce Païs-là n'auroient pas man- qué de faire raier , ou corriger les Articles de cette ProfeJJion de Foi qui n'é- toicnt pas conformes à leur Créance Sc à celle des Grecs non Latinifez ? Mais les Prélats de France voiant qu'ils ne pouvoient tirer aucun Ecrit de ce Païs- là, qui pût autorifer leurs Dogmes erroncz êc couvrir leurs impoftiircs, fc font enfin déterminez, par le dernier de tous les avcugletnens , à forger dans Paris même le témoignage d'un Egyptien fous le nom d'un Gafpar, qui fc dit Prêtre yfrménicn du Grand-Caire, & celui d'un Mofcovite nommé Jrva- nouvitz, qui prend la qualité de Prêtre 8c figne un Article amhiga, de la Doftrine de l'Eglife Romaine qu'on lui préfente dans le Cloître des Domi- nicains, le 29. Octobre 1668. Parmi quelles Nations a-t-on jamais vu, que des Témoignages de cette nature, foient dignes de foi, 6c que des Attefiations fignées clandeftinement par quelques Peifonnages inconnus, 6c fans aucune formalité Juridique, mais plutôt contre toutes les Régies de la Jurifprudence , doivent être tenues pour des Pièces Authentiques ? C'eft néanmoins \-x prétention injujle, 6c la T'héfe déraifonnahle des Doébeurs de Port-Roial, foûtenuë par tous les plus fameux Prélats de France , dans ce grand Ouvrage que nous venons de détruire. Mais afin de les defabufer entièrement de toutes les efpérances qu'ils pourroient avoir d'en rétablir quelque partie, foit en y emploiant quelques nouvelles preuves, ou en s'cf- forçant de faire valoir par quelques chicanes, celles que nous avons réfu- tées, nous allons renverfer ici de fond en comble toutes leurs vaines préten- tions, en leur démontrant qu'il n'y a pas une Pièce dans tout leur Ouvrage qui foit fondée fur des Témoignages Juridiques, 6c que toute cette grande Compilation d'Atteltations qu'ils appellent yluthentiques ne contient rien qui puifle fcrvir de preuve valable, mais que bien loin de cela, tous ces Ecrits Se tous les témoignages qui s'y trouvent font entièrement nuls, parce qu'il n'y en a aucun qui ne foit contraire à quelques-uns des Axiomes du Droit ^ CivU CONFESSIONS DE FOI. joi Civil ou Canonique, dont nous allons mettre ici l'Explication fie les Preuves, afin que chacun en puiflc faire l'application à la matière dont il s'agit, pourre- connoître \\faujfeti & la nullité à& tout ce qui a été produit contre les Réfor- mez dans les quatre gros Volumes de la Perpétuité àt'i'Dodizm'iAç. Port-Roial. On doit remarquer ici, pour l'intelligence 6c l'ulàge des Axiomes fuivans, qu'il y a deux confidérations principales qui nous ont porté à les donner tous de fuite, fous la forme de plulîeurs Jphorif-mes Juridiques. La première de ces confidérations roule fur ce que les Doéteurs de Port- Roial aiant donné le T'iire de Preuves Juthentiques aux Ecrits fie aux Attcfta- lions dont ils ont fait une grande Compilation dans les quatre Volumes de Jeur Ouvrage de la Perpétuité ., 8c fur tout dans le huitième Livre du troi« iîéme Tome, qui eft rempli de Certificats munis de plus de cinq cens 'Témoi- gnages : il nous a paru néceflaire d'en faire voir la nullité d'une 'manière Juri- dique: parce que toutes les Pièces qui portent le Titre à! Authentiques , ne peuvent être mieux détruites que par des Prcuies DémonJ^ratives qu'elles ne ibiU point conformes aux Régies prcfcrites dans les Loix Divines fie Humai* nés, ni aux Maximes fondamentales de la Junfprudcnce. Voila pourquoi nous produifons ici les principaux Aphorifmcs dont les plus fçavans Jurifcon- fultes fe Çcvvcnt pour faire voir quels font les Ecrits £5? les Témoignages contraires au Droit Civil ^ ou au Droit Canonique. 11 ne faut que les confronter avec tout ce que les Doéleurs de Port-Roial ont produit contre les Réformez, pour être perfuadé que ces Doéleurs fe vuntcnz , fans aucun légitime fondement , d'avoir remporté une fignaléc vi-â:oire & chargé d'une confufion éternelle tous les Proteftans, puis qu'il n'y a rien dans toute cette Production qui ne foit contraire à quelques-unes de ces Régies de l'équité 6c de la Juftice, par lef- quclles chacun pourra facilement juger qu'il n'y a aucun de ces témoignages de l'Ouvrage de la Perpétuité de la Foi Prétendue de ces fameux Controverfilles de l'Eglife Gallicane, qui ne foit entièrement ;?«/, ou entièremcntyiîa.v. La féconde confîdération qui nous a fait produire ces Axiomes, eft fondée far ce que nous avons remarqué en diverfcs occafions que les Ecrits des Théo- logiens fie fur tout ceux des Controvcrftftes .^ n'ont bien fouvent que des preuves très défeâlueufes , qu'ils veulent cependant faire palier pour des Démonftrations très évidentes, faute de prendre garde aux maximes très équitables que les Ju. rifconfultes fuivent pour ne pas fe laifîer tromper fur la matière des témoi- gnages .^ ou des preuves, qui fervent de fondement à toutes leurs dècifions. Or il eft certain que les Controverfiftes n'y ont point aflèz d'égard lors qu'ils difputent fur des faits dont la certitude ou la connoillance dépendent entière- ment des témoignages par écrit, ou des déclarations verbales des perfonncs qui en ont une parfaite connoiflance , fie dont Icsdifférens caraéléres , les ta- lens, lesFacultez, les Relations, les habitudes, les préjugez, les intérêts, les inclinations, fie tous les motifs bons fie mauvais, doivent être foigneufement examinez: puis que les Difputes Hiftoriques fie les Queftions de Fait , qui concernent les matières de Religion , ne doivent pas être jugées avec moins de précaution ni avec moins de connoiflance que celles qui roulent fur les affaires temporelles, que les Magiftrats équitables ne décident jamais fans confulter ,les ylxiomes fuivans f qui devroient aufll fervir de Régie aux Controverfiftes. Rrr a EXPO. EXPOSITION SUCCINTE D'UNE CENTAINE DE REGLES ET DE MAXIMES FONDAMENTALES, Sur la matière dês Preuves Juridiques; Pour dilmonirer celles qui ne font point conformes aux Statuts du Droit Civil , ni aux Décrets du Droit Canonique ; (^ qui par conféqacnt fourniffcnt une centaine d" Axiomes inconteflables , qui fervent à prouver Ju- ridiquement , dans toutes les parties de ce Livre , La nullité des Aû:es , & la fauffêté des Atteftations , dont Meflîciirs de PorCi Roial , £c les Dofteurs de Soibonnc , ont muni leur grand Ouvrage de la Perpétuité de la Foi de l'Eglile Romaine; j^n préjudice de lu DoSlriMe des Eglifes Réformées, l^ de la Créance dès Proteftaas , qui fe trouvent conformes , fur la matière des Sacremens , avec tous ceux d'' entre les Grecs qui ne font point infeélez. des erreurs du Papifme , comme il paraît dans ce "Traité. PREMIERE REGLE DE LA JURISPRUDENCE, Dont l'application doit être faite dans les endroits où le Loueur efb renvoie au Numéro I. de cette Expofition. •^nr^ a pas indiqué toutes les autres Régies y dans le cours de cet Ouvrage; mais feule* ment les principales , attendu que chacun en peut faire V application dans les endroits oit elles conviennent , qui font en très grand nombre. I- r M-vOus les Ecrits de Controverfe , & toutes les Pièces qui font cm* I ploiées dans les caufcs litigieufes , ne font jamais propres à terminer J. abfolument aucune difpute ; parce que les Théologiens 6c les Jurif- «onfultes ont droit de les examiner , 6c font obligez en diverfcs occafions d'en faire l'Analife 6c la Critique , pour les approuver ou les rejetter , félon les Régies de la Jurifprudence , jufques à ce que les perfonnes qui ont l'au* torité compétente , dans l'Eglife , ou dans l'Etat , pour vuider ces différens, aient jugé en dernier reflbrt de tout ce qui en peut réfultcr. La vérité de cet Axiome fe trouve particulièrement établie dans le 12. Livre du Digefte , depuis le commencement du 'Titre 3. jnfqu'à la fin du ^. ^ {3 dans les Ecrits des plus célèbres Jurifconfultes , que nous indiquerons dans la fuite , par te moien des citations Latines 13 abrégées qui font en ufage dans le Barreau. IL II n'y a point d'Aétes , ni d'écrits, contre lefqueîs on ne puifle allé* guer quelques Exceptions , tant pour la matière que pour la forme , & fur tout à l'égard des claufes générales ou particulières ^ Se des termes ambigus us EXPOSITION SUCCINTE DE, êcc. ^3 ou équivoques , comme aul^ par rapport à tout ce qu'il peut y avoir de con- tradiâoire ôc de faux , ou bien de douteux Se de problématique : car on peur railbnnablemcnt faire des objections fur tout ce qui n'cfl: pas entièrement in- conteftable. Voila pourquoi , à la réfervede quelques Principes conformes aux premières notions dont les perfonnes judicieufes conviennent , on ne fçau-. roit faire aucun écrit ni difcours , qui puifîe être à l'épreuve de toute forte de Critique, & qui ne fe trouve fufceptiblq.de plufieurs difficultez, que tout le fçavoirdes plus grands génies , toutes les glofes des plus fameux Jurifcon- fuites , routes les diftincirions métaphiliques &: toutes les difputes rafinées des plus habiles Controverfiftes , ne peuvent jamais bien réfoudre , ni entière, ment diffiper. Fidc DD. in l. Scripîmce. C. de fide injîrtimentonim. C. in p\-e. fentia extra de probationibas. bal. Cous. z^'^. l'ol. i. Salie, in l. exemple. 7. C. de probat. fpec. de inftrum. edit. §. infirum. num. i.l. fi ChyrograpJjum 24. hoc tiîul. ferrar. in for. opp. contra infirum. per totum. Lanfr. in cap. qtwniam ,ad z-erb. infirum. circafinem de probat. DD. in l. admonendi de jurejur. l. in borncfidei. C. de rébus credendendis. Joan. Andr. de tefi. Cap. pio de except. lib. 6. bald.in ru- hic. C. de prob. t3 in diS. L le&a fi eertum pttatur.foc. conf. 39. vifis nur,}. 10. "ùol. I. per doclrinam. glojfa ad verb. dubitatur in lib. fi vero. 5*. §. qui pro rei ubi Jof. num. 14.. £5? i5'. qui fat is dar. cog. ut in tutotit. Af. digeft. i^ Cl. Publia depof l. fcripturas , ii. C. qui potior in pig. bal. 1. 1. m Aath. de in- firum. Caut. 13 fide. III. La Raifon 6c la Jurifprudencc obligent également tous ceux qui doivent porter leur jugement fur le contenu de plufieurs Aéles ou écrits , faits pour l'explication du mênie fujet , de bien examiner & approfondir tout ce qu'on y peut trouver implicitemcRt , ou en termes formels , tant ilir le principal que fur racceflbire, avant que d'adopter aucune des Propo* fitions générales ou particulières, dont le fens renferme des idées qui ne font pas allez bien développées , pour connoître ce qu'elles ont de conforme ou d'incompatible avec les vérirez relatives qui en doivent faire toute l'cfléuce. Vide Bart. in l. cof ff. ad legem Corn, de falfis. item ^. fi poflcriores ^ ff. de kg. cum concordia. I V. On peut annuler toutes fortes d'écritures , en produifant des témoins irréprochables , qui s'accordent à dépofer , avec connoiflance de caufe , le contraire de ce que ces écritures contiennent , quand même elles feroicnc rédigées en forme authentique , par des Notaires , ou par des Greffiers pu- blics. Vt l. in ixercendis C. de fide infirum. ^ in C. cum Joannes. extra de fi- de infirum. ut per fal. in d. l. in e.xercendis. in 5. colo'm. ^ fecundum Innoc. in d. 1. in 4. col. V. Les véritez & les faits qui font conteftables , ne fe prouvent jamais par des Atteftations faites ou produites fans obfcrver les formalitez juridi- «jues , puis que tous les Aéles Se tous les Ecrits qui font fabriquez contre les régies ordinaires du Droit Civil ou Canonique , doivent être mis au rang des fauflcs Atteftations Sc des pièces inutiles. Ut not. in av.th. fed Ju- àex c. de Epifc. y cler. ^ l. quinquagiuta c. de probat. 13 l. fi quando c. de tcfi. è3 Bart. l. 1 . §. qui in rationibus. ff. de fcl/îtate. VL Toutes les Atteftations qu'on met dans les Archives publiques, 6c R r r 5 tous J04 EXPOSITION SUCCINTE DE tous les A(5tes qu'on fait enregiftrer dans les Greffes, fans les avoir fait drcf. fer êc publier en préfcncc des Parties qui peuvent y avoir quelque intérêt, ou qui s'y trouvent lézées, ne fervent en aucune manière de preuve, parmi les Jurifconfultes, ni de témoignage devant aucun Tribunal, pour décider les caufes litigieufes, ni pour terminer les différens de quelque nature qu'ils foicnt. Fuie glojf. in l. geffa C. de re judi. ^ mt. in l. 5. ff. qu.s in frau. cré- ai, fecundum Ricar. Mal. i3 î^je not. Bartol. in condufione. fpec. in tit. de iujlr. edi. §. rejlat in îext. in l. i. C de bis qui in ccclef. manumit. fer Dû. in d. C. quoniam contra falfam y i3 Bart. poft. gloJf. in l. fi. C. de re judic. VII. Toutes les^ Copies, les Traduélions & les Extraits des Aâ:es, ou des autres Ecritures qu'on fait fans aucune formalité juridique, ne fervent de lien pour prouver ce qui s'y trouve contenu, jufqu'à-ce que l'on ait démon, tré, par une Lcgalifation faite félon toutes les Régies du Droit, leur con- formité avec les Originaux authentiques dont les Exemplaires uniformes em- pruntent toute leur force Sc leur valeur /. z. l. ult.tit. \ Authen. fi quis.de eden. glofi'. ad verb. monumenta. Bart. nuni. 5. Cafir. num. 4. Bald. num. z. (^ iz. in Atith. fil quis in aliquo. C. de eden. glofifi. in l. fiicut. i. ad ver. facile. C. eo. DD. in d. Juth. fit quis in aliquo C. de eden. VIII. Les Patentes des Evêques, les Lettres êc les Cayers, dont on ne trouve point d'Exemplaires authentiques, dans les lieux oii l'on conferve les Manufcrits de grande conféquence, qui doivent fcrvir de témoignage ôc d'inftruélion à la Poftérité, ne font point rcceyables comme des Pièces di- gnes de foi, s'il n'y a pas d'ailleurs quelques démonftrations ou preuves cer- taines de la vérité de leur contenu. Marcellus in l. cenfius. ff. de probatio. (jf in authcn. ad l-nec. C. de fide inftrum. (^ C. pofi cejfiionem, de prob. c. ciim à nobis. de tefi. fied Judcx C. de Epificopis i3 Ckricis. IX. Les Statuts, les Décrets, & les Réglemens des Conciles & des Sy- nodes qui ne fe font point en prefencc des Peuples, ou d'une manière folen- nelle, doivent être certifiez par des témoins non fufpefts, & irréprochables, au défaut de quoi on les tient pour des Ordonnances injuftes ou fuppofécs par des perfonnes qui ont trouvé le moien de les forger clandtftincment, pour favorifer leurs propres intérêts, au préjudice de ceux qui n'auroicnt pas manqué de s'y oppofer, s'ils en avoient eu connoiflance. Ita ienet fipccul. in titut. de inftr. edi. in §. reftat i-idere quibus inftrum. in 6. col. t? D.D. in d. C. quoniani contra falfiam. 6? Bart. poft. glofi'. in l. fi. C. de re judic. allegant ^ in avum. text. in l. \. C. de bis qui in Ecckfiia manumit. £5" Bald. in additione fpecul. lerfi. quoniam de inftrumentis. ^ glofi'. in c. fiicut extr. de Sent, excom- munie. X. Tous les Ecrits de main privée qu'on trouve dans les Monaftéres ou dans les Collèges, Se toutes les Lettres, les Déclarations 6c les avis de ceux qui font amis ou ennemis, ne peuvent jamais fervir de preuve juridique fi ce n'cft contre ceux qui en font les Auteurs, 2c contre ceux qui les produis fent en jugement ou dehors. Tit. 4. ff. ^ /. Publia, depofi. l. Scripturas , 11. C. qui potior in pig. bab. t. t. in Auth. de inftrum. Cant. (^ fide. Bald. Cod. eod. in Rub. -num. zz. ^ Jafi. in l. admonendi 120 de jurejnr. l. Publia iS. §. fi, depofi. Autb. fil quis C. qui potions .y Bald. in Dici. Rubr. num. 3. , X I. CENT AXIONiES JURIDIQUES. 505 X I. Quand il arrive que l'une ou l'autre des Parties , qui ont des difpu- tes fur quelque matière, fonde fcs raifons fur des preuves contraires, ou s'a- vife de produire des Aâes & des Ecrits qui contiennent des faits ou des cir- conftanccs contradiftoircs on n'y doit ajouter aucune foi, parce que toutes les écritures & tous les témoignages qui font de cette nature fe détruifent réciproquement. /- Scriptura. de fide inflrumentorum. Bald. C. de prohat. l^. in diêl. l. kSla.Ji cerîum petatur. ^ c. de falf. caiif. adjeSfa. 6? iti l. intereft. fpec. §. I. ». "jeriint. lid. luhricum Ungua ff. ad l. Jtil. Majefi. l. famofi. XIII. Il ne faut point fe laiflcr éblouir ou entraîner par le grand nombre des témoignages, ni s'attacher à la multitude des témoins, mais avoir uni. q,uement cg.ârd à la dignité , à l'autorité, à la capacité, & à la probité des perfonnes qui dépofent clairement, ÔC fans aucune paffion ni intérêt, fur les chofes qui leur font parfaitement bien connues, & dans une néceflité très urgente, êc fur ce fondement le Droit veut qu'on fafle plus de cas des At- teftations de deux ou trois vénérables témoins circonfpeéts Sc intégres , que non pas de celles d'une très nombrcufe Populace, 6c qu'on préfère la fim- ple déclaration de quelque Prélat intègre, fçavant, 8c irréprochable, à tou« tes les proteftations 6c Certificats de plufieurs Eccléfiaftiques remplis d'or- gueil, & deftituez de lumière, de vertu, Sc de mérite. /. 3. i3 ideoqae diiwis. (^ §. ejufdem. (s> l- 0^ carmen. %. fi tcjles.y ff. de îefi. ubi îextus ekgans canoni- zatur 4. quafl. i. %. fi autem ei rei. c. in vejîra, extra de teft. ita Bald. in L tefiium, in penidt. col. C. de tcjl. y in l. bmi^e fidei, C. de rébus credendis. aile- gat gloff. in l.ff. de tefl. %. fin. in Auth. de Clericis ^ Monachii. Et iftud vo- luit gloff. in. d. c. in vefira. 6? i» d. L tertia, §. ejufdem inverbo numerits. adde l. fipliires. ff. de accnfationibiis. ubi Barto. XIV. On n'ajoute pas tant de foi à plufieurs témoins qui dépofent avec plaifir, 6c de leur propre mouvement, qu'à deux perfonnes qui ne le font qu'à regret, 6c en conféquence des citations qui leur font faites en vertu du Droit Civil ou Canonique. Innocent, in c. fuper hoc. extr. de rcnitnc. Bald. in l. obfervare §. profifcifci, i-erf. 13. ^^ritiir.ff. de offi. Procon. XV. Tous les Prélats, les Evêques, les Curez, les Chapelains, les Prédi- cateurs , les Moines 6c tous les Eccléfiaftiques Séculiers Se Réguliers qui font aggregez dans un même Chapitre, Collège, ou Cloître, ne peuvent rendre aucun témoignage valide ni compétent pour fervir à la dccifion juri* diquc de ce qui concerne les prérogatives, les ufages £c les intérêts qui leur font communs, ou bien les chofes qu'ils prennent fort à cceur Se qu'ils foû- tiennent par ua efprit de Puni 6c de Cabale, ou par un point d'honneur ï>: Rrr 4 pai- 5o^ EXPOSITION SUCCINTE DE par quelque paflion qui peut les aveugler. Salice in §. univerfis.in L omnibus. in a. col uni. de tefi. Innoc. in cap. infuper de tejl. Nell. de îeft. num. 13. Alhcric. îiiwi. 56. Bulr. 6? D. D. in cap. cum tiuncius de îef.ib. ut in l. quoniam de Ieft. Alberic. Mal. in fuo traii. in 12. coltim. in i. part, (y nota in l. eos , c. de teft. pcr Don.. i$ not. 4. q. 3. verf. idomi. fpeEl. in tit. de teft. "oerf. excipitur qtiod eft Alonacbus. Jacob de Bel. in Aiith. fi dicatur de Monachis , §. cagilandum ^ ibi glojf. Ï3 Ant. de Butr. in répertoria, col. %. in fir.c. not. in Auth. fi dicatur c. de teft. in lerb. fratr. minor. converfi. pradicnt. in cap. nuper , l£ ibi Abb. tit fer. ^ojf. in c. fraternitatis , de teft. Auth. fied Judex de Epificop. i3 cleric. Bald. in l. t. f. qtioâ cujufque univerfiit. not. in cap. leniens , ^ cap. dileili. de elctJ. (^ L confoil'n. L de repud. XVI. Les Notaires, les Procureurs, les Sindics , les Economes, les So. liciteurs 8c les autres gens de ce Caraftcrc , ne doivent jamais être reçus à témoigner aucune choie contre les Perfonnes, les Familles, ouïes Commu» nautez qui leur ont donné des pratiques Se confié le maniment de leurs af- faires. Gloff. in l. déferre. §. idem dccreverunt , ff. de jurefifc. Joann. Andr. in cap. quoniam de probat. Abb. in cap. cum à nobis , in 5. col. de teft. Innoc. £s? Anton, de Butr. in capite in Jupcr de teft. domini de Rota concluf. 373. ijg. ^ 181. Bemd. in d. ca. infuper ^ i3 apoftil. in l. déferre ., ff. de jure fifc. Innoc.de reprobat. tertium in 5. col. Joann. Monach. (^ Arcbi. in cap. fin. de tefti. libr. 6. ubi Joan. Andr. in Novel. {^ domin. de fan. Gemin. l. ff. fin. de teft. ^c. Ro- mana. co tit. lib. 6. falicet. in l. omnibus, c. de teft. Lanfran. de tefi. num. 66. l. ille à quo. §. tempefti-vum. ff. ad fenatus confuUus. XVII. Il ne faut pas ajouter foi aux dcpofuions de ceux qui rendent quelque témoignage fur ks matières qu'ils ont jugées eux-mêmes , ni fur celles qui ont été décidées à leur follicitation , ôc dont ils peuvent recevoir quelque profit , quelque honneur 8c quelques louanges ; ou qui peuvent au contrai- re leur caufer de la perte 6i du deshonneur , ou bien leur attirer du blâ- me & du mépris. Abb. in c. cum à nobis , //; 5. (3 4. col. de teft. fpcc. in tit. de teft. §. i.ver. Imol in c. cum à nabis, de teft. Gaid. de Suza fuper gloff. in d. 1. fi. i^ z. q. b. c. ftatucndum , ut per D06Î0. in l. ne , in arbitr. c. de arbit. ^ gloff. in l. déferre. §. idem decreverunt , ff. de jure fifc. Anton, de Butr. in d. cap. infuper .f alleg. Joan. Andr. in addit. fpcc, in verfifed pane. l. nullus idomeus. 10. ff. hoc. tit. XVIII. On n'eft point obligé de s'en tenir aux dccifions de ceux qui por- tent leur jugement définitif fur quelque chofe , fans alléguer les preuves ju- ridiques fur lefquelles ils fe fondent , ôc fans produire les Pièces authenti- ques dans lefquelles ces preuves font contenues. C. de prob. l.fin. £5? de fide inftrum.l. comparaiiones. S cap.fcripta. Ang. in Auth. de har. ^ falc. §. 1. in fine. Argum. l. fi manumiff. c. de libcrt , i^c. de probat. XIX. Pour juger équitablement de ce qu,i eft en conteftation , il ne faut pas toujours s'en rapporter au témoignage de ceux qui raifonnent d'une ma* niére qui fcmblc conforme à la vérité, parce qu'on rifque de fe tromper fi on ne fufpend pas fon jugement lors qu'on a le moindre fujet de craindre que les perfonnes qui affirment quelque chofc n'aient pas de la fincérité 6c de la droiture , ou qu'elles foicnt mal informées de ce qu'elles alîurent pofitive-^ ment. CENT AXIOMES JURIDIQ^UES. 507 ment. Fid. not. per Barto. in l. Lucius. ff^ de bis , qui mt. infam. 6? ff. de tefiibus. l. 3. §. tu magisfcire potes, in Aidh. de tejl. %. fi vero quis y inl. 1. §. quomodo.ff.de quafiio.l- \. ideoque divus y ff. hoc titul.glojf.inl.'^.in verbo quanta fi de s. XX. Quand on veut avoir quelque connoiflance certaine des maximes ou des coutumes qui font introduites parmi des Nations étrangères , on ne doit point fe fier aux perfonnes qui foûtiennent l'affirmative , contre ceux qui en doutent , quand on fçait d'ailleurs que certain point d'honneur 6c des vues de politique ou d'intérêt , engagent ceux qui rendent ce témoignage , à donner une bonne idée de ces maximes & de ces coutumes , pour les faire approu^ ver autant qu'il leur cft poiîîble à tous ceux qui les rejettent. Innoc. in c. in- fuper , de tejl. iîci Alberic. Malu infuo traSl. de teft. in 1. part, in 5'. col. idem. Abb. in d. c. per tuas. Col. i. fic in c. infuper in ult. col. l^ domin. de Rota, concl. if^. decis. 585. in nov'is.^ alii Do£îores in c. olim de accttf. £5? in cap. cupientes de eleclio. libr. 6. XXI. Tous ceux qui foUicitcnt des témoins , ou qui les portent à faire quelques déclarations en leur faveur, ou pour le fervice de leurs amis , font entièrement exclus de rendre témoignage fur le même fujet. Decifione 148. domin. de Rota. l. fin. ff. eod. Jrebellian. l.fiplures.ff. de pa3. l. nemo. c. de affcjfo- rib. c. final, de tefi. l. b. Alberic. Malu. infuo tracl. de te fi:, in i.part. in 5. col. XXII. Les preuves douteufes & les Atteftations oii il y a de l'ambiguité , ne fervent de rien pour terminer les difputes. C. de cond. indeb. l. pro dubicta- te. ff. de lib. hom. exhib. l. g. §. is qui. ff.de reg.fiir.l. non débet. %. in re obfcura.^ c. extra deprobat. c. in prafcntia. XXIII. Les Confeiïîons de Foi 6c les déclarations faites verbalement ou par écrit , fur quelque matière que ce foit , ne doivent point être mifcs au rang des preuves juridiques , attendu que les Jurifconfultes ne les regardent que comme des ouvertures qui concernent des véritez fpéculatives , ou com- me des expofitions par le moien defquelles on avoue certains faits , dont la certitude 6c les preuves doivent être tirées de quelqu'autre fondement plus folide que celui des opinions arbitraires ou problématiques. Fide Bald. in L ea quidem. c. de accufat. (^ in 11. qu^fi. de Epifc, £5? cleric. £î? gloff. tn l. Lucius. ff.\ de cond. i3 demonflr. 13 ita not. Abb. fie. in Rubr. in fine de prob. 13 Joann. Andr. in c. borue. in z. col. de eleil. 13 text. l. \. ff.'l3 c.de cenf. in 1. publia in fi. ff. depofi. Bart. in l. qui in aliéna. §. libertos. ff. de neg. gefi. XXIV. Il y a une très grande différence entre les dcpofitions juridiques,' êc les Atteftations extraordinaires, parce que celles-ci ne confiftent que dans une fimple déclaration que font des perfonnes qu'on n'examine point , 6c que bien fouvent on ne connoît pas ; mais les dcpofitions font des témoignages rendus fur la foi du ferment , par devant des Juges ou des Magiftrats , qui examinent toutes les bonnes 6c les mauvaifes qualitez de ceux qui font citez pour comparoître devant eux , & qui obfcrvent de près leur contenance 6c péfent foigncufemcnt tous leurs difcours. Voila pourquoi on rejette , félon les ftatuts du Droit , les Atteftations faites fans aucune formalité, 6c on n'a- joute foi qu'aux dépjofitions juridiques des témoins irréprochables. Je.xtus in ,/. 3. §. Sabino , ff'. de lefiib. (3 in L 1. in princ. ff. ad legem cornel. de falfis, Sff Joàn». jo8 EXPOSITION SUCCINTE DE Joann. de Imoîa. in cap. cim oîm, mm. 6. di dole, 6? conlum. Barbât, in c.te~ fiim. mm. 2. Ù in c.num. yu.de prohat.ghff. in l.Lucius ff.de cund.^ demonftrat. XXV. Les témoins dont les dépofitions ne font fondées que fur les Ac- tes , ou fur les Ecritures qu'ils ne peuvent ni produire, ni faire lire, à ceux qui ont intérêt de vérifier leur contenu , doivent être mis au rang des per- fonnes qui ne rendent témoignage que fur les rapjports d'autrui , & qui par conféquent ne font en aucune manière dignes de foi , parmi les JurifconluU tes. Specul. in titn. de teft. §. mmc videndum. ver. cauîum.l3 ita not. falic.pra- diSl. omnia in d. l.jurisjurandi. in 3. Ç5? 4. col. Ang. in Auth. de h compatibles dans leurs témoignages, fourniflent en cela même, un motif qui oblige de rejetter comme faux , ou comme incertains , tous les articles qu'ils y atteftent. Ut.'ff. de re judic. l. illa duo. C. de fid. infir. l. fcript. ff. de tefi^ l. uhi repiignantia. 3. ^uafi. ^. puta ^3. q. 7. quod atitem. ^ in c. foUcitu- dinehh CENT AXIOMES JURIDIQUES. jip^ dinem. ^ fradicla. I. dm pec. ^ 4. cap. 4. q. 5. §. item in cri. verftc. fi tefies, glojfa circa contrarietaiem. lit 2. qu. 4. Can. nuUam. ut 5. q. 9. Can. pura £f? fimplex. Ut hahetur f de rébus dubiis l. fi is qui ducen. §. utrum. ^ ff. de con-- dit. £s? demonfiration. l titia. ut d. l. qui falfa. ff. de teft. ^ l. eos de fal. cum fimil. LXXVI. Lors que plufieurs témoins dépofcnt far les mêmes articles, ca' cmploiant chacun dans fes Atteftations particulières, les mêmes termes & les mêmes expreffions , depuis le commencement jufqu'à la fin , en telle forte que toutes leurs propofitions fe trouvent auffi conformes dans tous les mots- Se dans toutes les fillabcs, que dans le fens, c'eft une marque très évidente que des gens intéreflez ont cabale pour cela , 6c fourni à chacun de ces té. moins une Copie du même Formulaire qu'on leur a fait figner. Voila pour- quoi les Jurifconfultes n'ont aucun égard pour ces Atteftations mendiées, qui n'ont point d'autre fondement que les témoignages rendus fur les infor. mations d'autrui, & à la follicitation des Médiateurs, qui félon les Régies du Droit font toujours fufpeds 6c recufablcs, quand ils interviennent dans les formalitcz juridiques, ff. de prob. l. teft. in pr.inc. y 4. quaft. 3. verf. eadem lerba pnuntur. arg. C. de pœnis. l. qui fententiam. Bald. in l. cordi. in princ. C. de fum T'rin. 13 fide Catho- (3 in l- teftium. in -uerf, ideoque. ff. de teft. y /. 2. §. tu magis. Angel. in l. fi quis ex arg. %. 1. ff. de edend. uibbat. ^ Ant. in c. îiihil. i3 Papa Ckmens ut refert Specul. in fit. de teft. §. nunc traêîand. i-erfcau- ium quoqtie efl , ^int. in d. c. nihil Feder. de Sen. Conf. 429. incipicn. Veritatis amie. Jacob, de- Amelia in 1^. c. de teft. Andr. in c, intelligentia. §. nihil obftat- de i-erb. fign. LXXVII On doit rejetter les déportions de tous ceux qui s'attachent à faire de longs difcours fans néccffité & fur des fondemens peu folides, oit établis fur leur imagination particulière, lors qu'il eft queflion de rendre uir témoignage naïf, de certains faits qu'ils pourroient expliquer fort claircmenc- cn peu de mots. Arg. C. de precib. Imper, offer. l. fina. è? de hoc nota. C. de teft. l. folam. in fin. glojf. C. de poftul. l. quis quis. (^ C. veritatis., de jurejur. hoc communiter tradunt DD. ad quod facit lerf. contra lerbofos noli contendere- i-erbis nam loquaàtati raro deeft mendacium, l. ultim. C. de donca. LXXVI II. Les témoins qui parlent inconfidérément, 6c ceux qui font paroitre quelque légèreté ou ignorance dans leurs raifonnemcns , ne méritent pas qu'on ajoute foi à leurs Atteftations. Ut in c. in omnibus i. q. 5. 6? gjoff'. in d. c. omnib. 6? not pracicla Abb. Sien, in c. licet. in z. col. in fin. de prob at. Cs? Innoc. in c. quoniam. eod. tit^ 13 gloff. 5. q. j. §. fed aliud. (^ Bart. in Mar- ga.f I. §. teftis. 8. col. LXXIX. Tous Jes Jurifconfultes conviennent qu'on doit rejetter les té- moignages des perfonnes errantes, ou inconnues au Juge 6c aux Parties, 6c qu'il ne faut point s'en tenir aux dépofitions des gens qui étant de fort bafle naiflance, mènent une vie rampante 6c ne s'attachent qu'à des chofes viles 6c méprifablcs. Ut in Authen. de teftib. §. fandmus. (3 l- fpadonem. %. fina. ff. de excufi. tut. vid. text. Inft. de fiifpeEi. tut. in %.fin. 13 Specul. in tit. de teft. §. 7. 'cerfi item quod eft art if ex. DD. in l. g. /. de teftib. (3 per Alb. in fuo traEl. ■ iolum. 69. Î3. text. in L ob carmen. §. / ea ff. de teft, ut not. in c. cum caufam. Ttt 3 ^ J20 EXPOSITION SUCCINTE DE ^ ibi per Abh. in 7. col. iS glojf. in l. 3. in verbo quanta fide s. ff. hoc tit. Cf Novel. l. de bar. cr falcid. fi vero abfunt. cr pr text. in prxallegato §. fi z-ero ignoti in "jerf. fieftinantes , in Jtith. de tefiib. LXXX. Les perfonnes qui font dans une grande indigence ne peuvent rendre aucun témoignage valide fur les matières civiles, parce que les Statuts du Droit déclarent qu'on peut foupçonner de corruption tous ceux qui n'ont pas au moins la valeur de cinquante écus d'or , en tout ce qu'ils pofledent de bien dans le monde, ff. de acciif. l. nonnullis. ut in d. §. 4,. cr //. de fuf. pedl. tut. l. dicitur in tttto. cr Spec. de teft. ver. item qttod eft pauper. ut ff. de tefl. l. aElione. §. in perfonam. de fufpecî. tut. Ifufpertum. in Autb. de teft. §. i. cr §• fancimus. Cyn. in l. 2. 5. 7. ?. C de rébus credi. Ky l.'^. in princip. ibi. vel egens. ff. boc tit. arg. L cum ij. 8. %■ fed O- perfonarum. 1 1. ver. in perf.ff. de tranfaa. vid. Alex. conf. if vol. 3. LXXXI. Tous les Moines Prof es dans quelque Ordre mendiant, 6c ceux qui fe trouvent engagez à porter la Croix fur leurs habits, ou d'autres marques par lefquellcs ils démontrent qu'ils font une pénitence publique, ne doivent point fc mêler de rendre témoignage fur les matières de Reli. gion , non plus que pour les affaires du monde, parce qu'ils ont fait vœu d'obéir aveuglement à leurs Supérieurs, yirt. in Autb. de Monachis. §. cogitan. dutfif col. I. CT* in autb. de teft. §./ vero dicatur. col. •} . cr %. fi qtùs autem. cr ff. qui teft. facire pojf. l. qui tefta. in princ. 13. qu^eft. a. fuper prudent, in fin. "a. quieft. 7. plaçait., tibi dicitur qiiod Monacbi funeftam vocem baient, cr e.xtra. de juram. colum.c. i. in fin. Cr extra de pofiul. c. ex parte, ix. qu^eft. i. non dicatis. 16. qu^eft. i. Monachi. z. in fin. Cr Specul. in titu. de tefie ., §. i. verftc. quid de portantibus Cruces. extra, de jurejur. c. cr fi Cbriftus, in fin. cr extra. ne Monacbi. quafi per totum. 16. qu(jsft. in., c. Mon.icbi. z. cr c. placuit, 2. ubi dicitur., placuit noflro communi Concilio: ut nullus Monachorum crc. idem ftatue- runt Pontifie. Innoc. 3. cr Honorins 3. in Conflit ut. cap. 5". de tefiibus. LXXX II. Les gens de mauvaife réputation , & tous ceux dont les mœurs paroiflent manifeftemcnt corrompues, font récufables en tout ce qu'ils attef» rcnt: de même que les perfonnes dont la converfation eft fcandaleufe, ou très mal édifiante. Et. e. licet ^ de foro compet. c. teftimonium., de teft. (^ c. fuper eod. £5? in autb. eod. tit. § quia ita. i^ §. quarta. C. ad l. Falcid. autb. fed cum teftaî. c. forus^ de verb. fign. §. tcftis. autb. z. q. 7. C. teftes. ita Specul. tit. de tell. §• I. col. 35. verf. item mod non eft probat Anathémes , Excommunications , Malé- didions & imprécations des Grecs, con- tre l'Eglife Romaine, 41 Anathémes que les Grecs de Jérufaleni re- nouvellent tous les ans contre les Papes & contre tout le Papifme , 436. 437 443 Anathémes fuivis d'emprifonnemens & d'é- xils* 2 Animoiïtez qui naiflent des querelles de Re- ligion , donuent lieu à une infinité de faux témoignages, 5-17 Annulation des preuves qui femblent au- thentiques, par quels moiens elle fe peut faire, 50$ Antime , Antipatriarche Grec de Conftanti- nople* , çj Antioche, deux Patriarches & quarante E- véques Grecsdece reflbrt là, lignent des fables & des opinions les plus extravagan- tes du monde , ^j-p. 460 Antipatriarche envoie de Rome à Conftanti- nople ,poury ufurper le Pontificat. Quels ont été fes attentats. 21$- Apocryphes, les Grecs défignent par ce nom les mêmes Livres qui font rejettez du Ca- non des Ecritures Divines par toutes les Eglifes Réformées , & ils les rejettent- auffi, 4^2, Aphorifmes de la Jurifprudence , dont une centaine font emploie? dans cet Ouvra^^e fur la matière des faux témoignages, de- puis la page 5-02. jufques à la page 5-28. Apologie du Patriarche I,«f(7>- , faîte par Mr. àtNoi/ttel ^ ^Q Arabe, Remarque furies fignatures qui fe trouvent en cette Langue dans le Concile dejérufalem > tenu l'an 1672. fous le Pa- triarche Dofithée, 4^j Archipel , combien grande eft l'ignorance des Moines Grecs qui habitent dans les If- les de cette Mer là, 464.465' Arméniens , le Portrait de cette Scfte de Grecs fait par un Patriarche , 1 5-4. Fauf- fetez contenues dans trois Confeffions de Foi qui portent leur nom. 4^8 Aruauld à.'And'iUi , fameux Antagoniftedes Réformez. Ce qu'il leur a foûtenu tou- V vv 4 ch.inc TABLE chant la Créance des Grecs * , 4 Arrérages de ce que l'Eglile Grecque de Conltantinopledoit à caule des Extorfions de les Patriarches , Antipatriarches , & Expatriarches , qui lurpallem la fomme de trois cens mille écus, 4^3 Articles de Doûrine rejettez par un Patriar- che Grec, 212 Arts libéraux inconnus aux Grecs dans l'E- gipte, ^ ^ , 46 Aliémblée du Clergé de France qui autorife laDoèlrine des Réformez contre laTranf- fubftantiation , par l'explication métapho- rique d'un paflage très remarquable. 419 Affemblées de Juifs & de Grecs dans le Chriftianifme naiffant * > 2 Affemblées Eccléfiaftiques de mauvais au- gure, 126 Alibmption de la Vierge Marie niée par les Grecs de Jérufalem, 377 Attentats des Papes contre les Grecs &leur ambition démefurce , 19 Atteflations données en faveur des Puiffan- ces Souveraines , ou des Eccléfiaftiques conftituez en Dignité , font très fufpeâes , Atteftations qui fe trouvent dans les Archi- ves publiques , en quels cas elles ne font pas dignes de foi , 504 Atteftations fignées par plus de cinq cens faux témoins * , 30 Anhert!yi Miniftrc , détruit le Dogme de la Tranffubftantiation * , 4 Averfion extraordinaire des Grecs pourl'E- glife Romaine , démontrée par une céré- monie très remarquable des Excommuni- cations qu'ils fulminent tous les ans con- tre les Latins à Jérufalem , ,428. 443. 44^. 45'J'- Avertiffement touchant deux Synodes con- voquez contre le Patriarche Lw^^îr par des Prélats Grecs Simoniaqucs , perfides , aflàf- fins , apoftats , , 311 Aveuglement prodigieux des Grecs alTem- blez dans deux Synodes à Conftantinople, 324'.45'6. Etdans un Concile, 379 Avis & Remarques fur le Concile de Jérufa- lem tenu l'an 1672. fous le Patriarche Do. fithée , 261 Avitabolis , Miffionaire Papal en Orient, témoigne que plufieurs Prêtres Grecs ne font point babtifez , 433 Auteurs dont les Ouvrages font fuppofez B ALPHABETIQUE. dans toute la Tradition Eccléfîaftique fé- lonie fyftûmc du Pcre Ardoain * , 20 Autorité des Patriarches Grecs n'eft pas moindre que celle des Papes de Rome pour les chofcs fpirituelles , 138. Le Gouvernement de leur Clergé eft Ariftro- cratique, 147 Axiomes Juridiques emploiez dans cet Ou- vrage * 29. & f02. , & dans les pages 26f . 271. 27f. 281. 292. 196. 302 AymonCraveta, Ptiblms ^ Seigneur de Ge- niole & fameux Jurifconfulte. Ce qu'il a écrit dans fes Mille Confeils touchant les Ecrits & les Témoignages qui ne font pas dignes de foi, yaS Airam, Baffa, fait mourir le Patriarche Lucar*, IX BalzM , s'excufe de faire l'Epitaphe d'un Réformé , 18 Baniffement des Jéfuites de tous les Etats da Grand Seigneur» 229. Des Etats de Ve- nize, deMalthe, deCochin, du Japon, & de plufieurs Roiaumes & Provinces de l'Europe , à caufe de leurs impoftures > fourberies , malverfations, attentats & cri- mes énormes , 46a Baptême , n'.eft pas eftimc abfolument nécef- faire aux petits enfans parmi les Grecs, 427 Baratzdu Grand Seigneur. Formulaire de cette Parente, qui contient les Privilèges qu'il accorde aux Patriarches Grecs dans fcs Etats , 486 JS^ro^/'/w a falfifiéTHiftoire des Cophtes tou- chant leur union prétendue avec l'Eglife Romaine, comme l'allure un Patriarche Grec d'Alexandrie , 189 Barfahas , Doéleur Grec Arménien , fon ignorance & fes fottifes , ij-j- Béatitude. Quatrevingt & huit opinionsdif- férentes làdelfus , 114 BeUiirmin. FaufletezdefaDodrine recon- nues parles Grecs, 185- 187 Benoifl , Miniftre, fon Hiftoire de la Révoca- tion de l'Edit de Nantes très propre à dc- mafquer le Papifme, & à découvrir les menées & les foûterrains les plus cachez du Clergé de France*, 6 Berllle & deux autres fameux Emiffaires du Pape, leurs impoftures contre un Patriar- che Grec *, 9. & 210 Bernard^ Miniftre , ce qu'il a foûtenu dan5 fon Journal de la République des Lettres , contre TABLE ALP contre Mr. Arnaud , touchant le fouve- rainbien, 112. 113 Bévues des Grecs qui ont figne' le Concile de Jérufalem l'an 1672- fous [le Patriarche Dofithée , 2,73. 280. 267. 269. 273. 280. 287.292. 300.310. 311. 322. 323. 32f. 337-339 340- 344' 346- 35'3- 355-- 35'7- 363. 36J-. z66. 375-. 377. 37^- 379- 38°' 385-. 3S8. 390. 448- 45-î- 473- 474- 47î- Bouffon, emploie par un Àmballadeur de France & par les Jéfuites de Conftantino- pk, pour faire valoir une de leurs plus grandes impoftures auprès du Grand Vi- ïir, 220 Bouffonneries des Grecs de Jérufalem , dans une Cérémonie Religieufe de leur Office public très remarquable , 443. 444 Bourfes dont les Grecs font prefent au Grand Viïir , ce qu'elles valent , 4'; 3. 4S6 Bra»dini , Cardinal , fes fourberies contre un Patriarche Grec, 210 Brigues des Aflemblées Eccléfiaftiques pour & contre les défenfeurs de la vérité , 126 Bruit public venant des Pais étrangers, en quel cas on y doit ajouter foi , 5-10 Bulles &: Contre- Bulles des Papes de Rome , contenant diverfesfaufletez , produites en jugement par les Jéfuites, 462. & parles Prélats de France dans une AlTembléc du Parlement de Paris , 489 £«//, célèbre Dofteur Anglois, fon nou- veau liftcme de la Jullification, propre à multiplier les difficultez des Théologiens far cette matière qui a fort embaraflé un Patriarche Grec , 89. 90 Burnet , Doâeur Anglois & Evcque très célèbre , réfute folidement & bien à pro- pos , 26. Méthodes de Controverfe > mifes en ufage contre les Réformez > par le Clergé de France * , 6 C. CAbales étranges des Théologiens Grecs & Latins*, 2 Cafmacan > ou le Gouverneur de Conftan- tinople. Ce qu'il fait pour les Chrétiens duRiteGrec, & pour les Papiûes, 3.63 Calomniateurs ne font point dignes de foi fur aucune matière , f 1 7 Cahin, ce qu'en a dit le Patriarche L«c<îr , & la grande eftime qu'il faifoit de fa Doc- trine ^ de fon fçavoir , 5 Canon de la Méfie des Latins , plein d'er- reurs, & infupportable félon les Grecs, 4^9 HABETIQUE. Canoniques. Les Grecs appellent de ce nom les mêmes Livres que les Réformez tiennent pour Divins, 4^^ Carache. Tribut de Capitation que les Grecs paient aux Turcs, 105 Caraftéres indélébiles des Sacremens rejet- tezpar les Grecs, 427. 428. 429' Cara-Moulbpha- Pacha Caimacan, reçoit des Grecs trente bourfes. Pourquoi , & ce qu'elles valent, 62 Catalogue des Patriarches de Conftantino- ple, depuis Cyrille L«far jufqu'à P^r- thJnius le Vieux , qui ne le trouvent point dans Moreri ^ ni dans aucun Hi- ftorîen, 314 Catechifme Arabe , compofé en Latin par Bcllarmia , & envoie de Rome dans tout l'Orient pour pervertir les Grecs, 190 Catechifme des Grecs Latinifez. Ce qu'il contient, & le Portrait affreux de fon Auteur, Difciple des Jéfuites, 70. 71. 72. 73. 108. 109. Cducus , Nonce du Pape Grégoire X I IL Le Portrait qu'il a fait de la Religion des Grecs modernes , contenu dans vingt- huit Articles, la plupart conformes aux fentimens des Réformez, 427. 428 429 Célibat des Prêtres rej etté desGrecs,429. 43 3 Cène du Seigneur. Créance du Patriarche d'Alexandrie & des autres Prélats Grecs de fon reffort, entièrement conforme là deffii s à celle des Réformez , 181. 183 Cérémonial Romain Ancien, qui prouve le fentiment des Réformez touchant la Communion des Laïques fous les deux Efpeces , & le changement infenfible qui efi arrivé dans l'Eglife Romaine fur l'Opi- nion erronée de laTranfiubftantiation,4i 5- Cérémonies de l'Eglife Romaine tenues pour impures & rejettées comme abomi- nables par tous les Grecs, 429. 430 Charges des Officiers Grecs de l'Eglife Pa- triarchale de Conftantinople, 332. 333 Charivari etFroiable des Grecs de Jérufalem dans une ProceiTion folennelle qu'ils font tous les ans la veille de Pâques, 443. 444 Chef véritable de l'Eglife Univerfelle, c'eft Jéfus Chrifl: tout feul , félon le X. Dé- cret du Concile de Jérufalem fous Dofi~ thce^ 382. 383 Chiaouï Bâcha, conduit avec une grande pompe les Patriarches Grecs de Condan- tinople dans le tems de leur inHallation, 63. Xxx Chio. TABLE ALPHABETIQJJE. la Mer Egée, habitée par Conditions nécellaires à une ConfelTion de Foi des Grecs, félon la déclaration Chio. Illc de des Grecs dont plufieurs font Latinifcz Ce qu'il y a de plus remarquable, 68- Proverbe Grec très digne de confidéra- tion fur le pauvre génie des Habitans de ce Païs-là , 472- Chorévéques. Quelle efl. leut Dignité par- mi les Grecs, if^ Ciceron. Le Portrait qu'il a fait des Grecs , & ce qu'il a dit de leurs faux témoigna- ges & de leurs impoIlur.es, 487. 48S Circonftances de tout ce qu'il faut exami- ner dans les Ecrits de Controverfe , foj. Et dans les Témoignages, fii Claude Miniftre. SaRéponfe aux Préjugez de Mr. Nicole, *. 5. à la Perpétuité du 'Do&.em Arnanld, *. 17. Tous les Mi- nières fe liguent avec lui, *. 19. Mau- vais fuccès de cette Ligue, *. 20. In- fultes des Prélats de France, auxquels tous les Adhérans de ce Minière & mê- me tous les Théologiens Proteftans font expofez, *. II. Projet du Sieur Aymon Miniftre pour les défendre & pour char- fer de confufion tous ces Doâeurs & 'rélats de l'Eglife Gall'cane * , 22 Cloux affichez dans une Eglîle des Grecs de Jerufalem pour marquer toutes les Excommunications qu'ils fulminent con- tre l'Eglife Romaine, & les Papes La- tins, ^ 443 Combinaifons néceCTaires pour connoître la vérité *, 23 Communion fous les deux Efpeces donnée aux Laïques , parmi les Grecs modernes dans tout TOrient, 428 Gomplimens d'un Patriarche Grec fur la politeffe & l'efpritdes Hollandois, 1-73 Complots des Jefuitcs contre les Grecs de Conftantinopîe , 201 Conception immaculée delà Vierge Marie niée par les Grecs, - 377 Concile de Florence. Diverfes impoftures des Latins là-defTus, 122 Concile d'Ephefe. III. Général. Ce qu'il a décidé pour empêcher la multiplication des Articles de Foi , 1 37 Conciles de l'Eglife Romaine font tous re- jetiez par les Grecs , depuis le fécond de Nicée, 429 Conciles où îès Prélats fc battoient & foû- tenoient des Sièges *,. 2. Conciliabules des Grecs» Les ûnpoftures «ju'ils autorrfertf 5, 49 du Concile de Jerufalem, tenu l'an 1672. fous Dofithée^ 299. 300. 301. 302.303, 304. Conférences d'un Secrétaire d'AmbafTade de France avec plufteurs Grecs dans les Païs Orientaux. 315 Confeffion Auriculaire rejettée par les Grecs , 428 Confefîïon de Foi des Eglife Grecques Orientales , drefTée par Cyrille Ltuar^ Patriarche de Conftantinopîe , 237. jus- qu'à 2 5'4. ConfeiTion Orthodoxe des Grecs. Preuves que ce fameux Ouvrage n'a été compofé que par unDifciple des Jefuites, le plus infâme & le plus perfide de tous les Su- pôts du Papifme, 72. 73. 74 76. & li- gnée par des Impolleurs , 451. jufqu'à- 45 7- & 49Û- Conteflîon publique des Grecs entièrement oppofée à l'Auriculaire &Sacramentale prétendue de l'Eglife Romaine, 187 Contenions de Foi des Grecs, produites par les Dofteurs de Port-Roial , au nom- bre de plus de quarante. Leurs faullètez & leurs nullitez prouvées par deux Dé- crets du Concile de Jerufalem tenu l'an ^672. fous le Patriarche Dojithe'e , 298'. jufqu'à 305-. & par divers autres moiens , 497. 498. 499. Contenons de Foi fous divers noms em- pruntez des- Eglifes Grecques , lignées par plus de cinq cens faux témoins * , 30. Cela eft prouvé depuis la page 497. jufqu'à 5-01. Confirmation rejettée par les Grecs, 428. 430. Plaifante Hifloire des Indiens du Rite Grec qui rejettent cette Cére'mo- nic , 82 Conformité de la Doârinedes Grecs&des Réformez fur plufieurs Articles de leur Créance, 365-. 17/. & fur tout dans les pages 427. 428. 429. Congrégation de la Propagation de VI>ifidi- lité ^ où elle eft, ôt ce qu'en dit un Pa- triarche Grec, 11^ Confécration de rEuchaTiftfe,felon îesGrecs ne confifte point dans les paroles de Jé- fus Chrift, Ceci eft mo» Corps ^ 427 Cbnféquences de toutes fortes d'Argijmens, en quels cas elles font fauffes , 5^09 Confiance Huygens^ femme d'elpritconful-. TABLE ALPHABETIQJUE. """'■ ' "'"" '"" ^■''° préfence des Parties & légalifez juridî- quement par des Magiftrats non fufpeéts quand on s'en veut fervir hors du P; ' tée par Defcartes , qui a peut-être tiré d'elle une partie de fcs nouvelles décou- vertes , 1 ^9 ConfuWtantiarion. Son Origine & fes pro- grès *, 4 Contagion qui fit mourir quatre cens mil- le perfonnes, en peu de jours, dans la Ville du Grand Caire, fans que le nom- bre de fts Habitans en parut diminué, -comme l'a remarqué un Patriarche Grec , 196 Contari^ Difcipledes Jefuites, fameux Im- poftcur & Simoniaqae , par quels moiens il a ufurpé le Patriarchat de Conftanti- nople & tyrannifé les Grecs *, 10. & 311. 34<5- 377- 473- Conteftation entre les Grecs & les Latins , qui produifit un furieux combat entr'eux dans une Eglife de Jerufalem, ou quel- ques-uns relièrent morts fur la place, Contradiflions qui fc trouvent dans les Décrets du Concile de Jerufalem, tenu l'an 1672. & dans plufieurs Confeflions de Foi publiées fous le nom des Grecs Orientaux par les Prélats de France, 267. 269. 273. 280. 287.292.300.310. 322. 323. 325-. 337. 339- 340- 344- 35-3- 3f^- 35-7- 363- 565.366.375-. 378. 3«o. 385. 388. 390.448. 45-5-. ... 474- 47f- Contradiâions qui fe trouvent dans les Ecrits ou dans les témoignages, de quel- le nature qu'ils foient, les rendent en- tièrement nuls & indignes qu'on y ajou- ta aucune foi, fOf Controverfes d«s Prélats de France mal tournées *, ç Controverfiftes de très mauvaife foi *» j Converlion de Mahomet Second , par quels moiens un Pape en fit les tentatives au grand deshonneur de tout le Chriftianif- me, 20 Cophtes Grecs , de quelle manière ils trom- pèrent Pie IV. 42. Le Portrait de cet- te Seéle de Grecs très nombreuie fait par un Patriarche d'Alexandrie, 15-7. L'Hi- ftoire de leur Union préteiKluë avec l'E- glife Romaine felfifiée par le Cardinal Baronins , félon le même Patriarche, 189. Copies . Traduftions , & Extraits des Piè- ces Authentiques ne prouvent rien fans être collatiottnez fur les Originaux , «n , „ . , ais ou ces Ecritures ont été faites, ^04 CoreJfiHs, George, fameux Grcc'Apoflat Difciple des Jefuites. Son Portrait fa Dodrine , & fes Maximes Antichrétien- nes, 70- 7i-7i. 73- loS. 109. u8 CorydaU, Moine Grec. Hiftoire très re- marquable fur fa Doftrine oppofée à cel- le de la TranfTubftantiation , 72 Créance de trois cens trente-huit Evêques Grecs affemblez dans un Concile, entiè- rement contraire au Dogme de laTranf- fubllantiation , & à celui de la Préfence Réelle, 408. jufqu'à 418. Culte des Images condamné par tous les Prélats Grecs du même Concile , 408. 409. La Créance de tous les Grecs réduite en XXVIII. Articles, 427 428. 429. Le Formulaire qu'en a dreJTé le Patriarche Lucar en XXII. Articles , depuis la pa- ge 237. jufqu'à 254. Ceux qui ne fe- ront pas contens de cela , peuvent voir une autre Confeffion de Foi des Grecs des Indes réduite en XVI. Articles dans l'Hiftoire d'AUxis Meaefes , Chapitre 20. & dans celle de Richard Simon, Cha- pitre 8. page 104. qui condamnent entiè- rement l'Eglife Romaine, fur tout ce qu'elle contefte aux Réformez, 82 Crimes énormes de plufieurs Patriarches & Evêques Grecs, 63 Cruautez du Papifme, exercées fous pré- texte de Religion, ij- Culte du Sacrement de l'Euchariftie rejet- té des Grecs , 427. 432 Cyrille de B/re'e , Ufurpateur du Siège Pa- triarchal de Conflantinople , s'unit au Pape de Rome par une Apoftafie mani- fefte , & convoque un Synode contre le Patriarche Za(r<7r, 312 Cyrille Lucar , Patriarche d'Alexandrie, & ' enfuite de Conflantinople. Sa Vie par Mr. Smith *, 8. Par les Dodeurs de Port-Roial *, 11. &c. ?zt Richard Si- mon, & par Moreri *, 14. &c. Ce Pa- triarche eft cruellement perfécuté à Con- flantinople & à Galata par les Jefuites animez & foûtenus par un Ambaffadeur & par un Nonce du Pape, i. & depuis la page 201. jufqu'à 232. Il eft exilé à Rhodes, 3. Et rétabli honorablement, y. 116. Il envoie fa Confeffion de Foi à Xxx 2 Mr TABLE ALPHABETIQJJE. Mr. Diodatl ProfefTeur à Genève, 30. '^ '" Il en figne divers Exemplaires pour la rendre Authentique, & les envoie par tout l'Orient, 31. & à Rome, 179. Il en foûtient le contenu devant l'Ambaf- fadeur de France , les Agens de Ragufe & plulîeurs Ecclefiafliques , 31. 32. 33. L'effet qu'elle produit, ici. Amis de ce Patriarche en Angleterre , & le pré- fent qu'il leur fait , 3f. Il eft juftifiédes accufations de fes Adverfaires par Mr. de Nointel^ 39. Sa patience dans fon Exil , 5-7. Sa conftance & fon intrépidi- té, 77. Les pièges qu'on lui tend pour l'enlever & le conduire à Rome, 78. 79. Ce qu'il dit de l'Antechrift & de ^zs Emillinres, 4. z8. loi. Quelles efpc- rances il a d'une bonne Réformation, 117. Il écrit diverfes Lettres à des Ré- formez, 9 171. Il méprife toutes les chofes mondaines , & n'eftime rien tant que la Science & la Vertu, 174- Il fait du bien à fes Perfécuteurs , 229. Son Orthodoxie, & fa Piété, font atteftées par plus de dix mille témoins Grecs , & reconnues par le Concile de Jerufa- lem, tenu l'an 1672. fous le Patriarche Dofithée, 383-384 D. DAndtni , leiuite , Nonce du Pape Cle- mcnt VIII. Son Hiftoire du Mont- Liban, qui prouve la Conformité des Points eirenticls de la Créance des Grecs avec celle des Réformez , 431 Décifions d'un Synode Grec de Conftan- tinople, 319. jufqu'à 329 Décifions qui n'ont pas un fondement fo- lide , ne prouvent rien , 5'o6 Déclarations Extrajudicieiles, ne font point une preuve authentique, 5'07 Découvertes faites par un Patriarche Grec , dans les Livres des ProteAans , 174 Décrets de deux Synodes Grecs de Mol- davie & de Conftantinople , faits par un Patriarche tout feul, & fignez. par une Cabale de Scélérats. Diverfes remarques là-deffus, 3x9. jufqu'à 363 Décrets d'un Concile de Jerufalem , tenu l'an 1672. fous le Patriarche Do/ithée, & diverfes remarques là-defTus , depuis la page 370. jufqu'à 45'i. Décrets Synodaux des Grecs , falfifieï par les Doàeurs de Port-Roial, 267. 269. 270. 271. 285-. 238.291.2.92-^44.302. 303. 30î.42f. Déguifemens rafinez des Eccle'lîaftiqnes de trance, 488. Leurs Procès & Difpu- tes pour de faufles Reliques , 4,%<) Déguifcment de la Religion des Grecs, approuvé par les Prélats de la Commu- nion de Rome. 466. a^j Démonftration de plufieurs Dogmes falfi- fiez par le Concile de Jerufalem, 367 Denis , Patriarche de Conftantinople. Une de lis Lettres emploiée pour l'Apologie des Etats Généraux des Provinces-Unies des PaVs-Bas , contre les accufations d'un Amballàdeur de France, fur des matiè- res de Religion très importantes, 483. 484, Dépolitions qui ne font qu'a la charge des Parties, ne prouvent rien , yio. Celles qui ne font fondées que fur des Ecrits qu'on ne produit point font nulles, 508 Députez du Pape vers le Patriarche Lucar , pour le fuborner & pervertir, 6^ Defpotifme de l'Empire Papal *, 5 Dignitez & Charges des Officiers de l'Egli- fe Patriarchale de Conftantinople, 333 Difpute de deux fameux Antagoniftes *, 4 Difputes des Jefuites, avec ies Grecs- de Conllantinople, 2,02 Diverfité des Signatures de plufieurs Grecs , fur deux Manufcrits d'uir même Synode, 328. 329 Divifion des Grecs des Ifles de l'Archipel fur les matières de Relidon, 468. 469 Dodeurs & Prélats de l'Eglife Gallicane dont les témoignages font propres à con- firmer la Doârine des Eglifes Réformées contre la Tranffubflantiation & la Pré- fcnce Réelle , par le Commentaire qu'ils ont tait fur divers Paffages des Pérès & fur un Concile de 338. Evêques Grecs», 414. 416. Doftrine des Grecs & des Réformez, con- forme fur plufieurs Articles , 36f Doûrine des Grecs, fondée fur la Parole de Dieu , 272. 274 Dodrine des Grecs modernes , contenue dans XXVIII. Articles, drelTez par des Nonces &Minillresd"Etat du Pape, 427- 42S. 429. Doârine de. trois cens trente-huit tvêques Grecs, afTemblez dans un Concile qui condamne le Dogme de la Tranifubflan- tiation & le Culte des Images, 408. juf- qu'à 418. Dogmes du Papifme, reconnus faux par un Patriar» TABLE ALPH patriarche Grec, S Dufithée, Patriarche de Jéruftiem drefTe tout feul les Décrets d'un Concile par lefquels ilfallifie plufieurs Dogmes de la Créance des Grecs, 369. 370. 387. 396. 397. 44S. 449. II le trouve obligé à cau- le de cela d'abandonner fon Siège & de prendre la fuite pour fe retirer àConflan- tinople chez un Ambailadeur de France qui l'avoit induit à forger ces Décrets crroncï, 447- 445. 449 Droit Oriental contenant des preuves irré- fragables pour démontrer que tous les Grecs non Latinifez tiennent la Dodri- ne de l'Eglifc Romaine pour Antichré- tienne & fon Culte pour impur & abo- minable, 430 E. ECck'fiaftiques Grecs , tous plongez dans une cralfe ignorance , 161 Ecclélîaftiqaes fufpendus ou dégradez, ne font point dignes de Foi, 5-21 Ecries concernant la Foi. Quelles font les formalitez & conditions nécelTaires pour les rendre valides parmi les Grecs, fé- lon le Concile de Jérufalcm, tenu l'an 1672. fous le Patriarche Dofithéc ^ 299. 300. 301. 302. 303. 304. Ecrits de main privée. En quels cas ils ne prouvent rien, f04 Ecrits & Pièces inutiles pour décider les Controverfes , fans quelque Autorité Ju- ridique, foz Ecrits faits ou fignez en diverfes Langues. En quels cas ils ne prouvent rien, 5-08 Ecriture Sainte , eft l'unique fondement de la Créance des Grecs , 272. 273 Edifice le plus conlidérable des Controver- lifles & Doâeurs de l'Eglifc Gallicane, renverfé & détruit, 298 Edits Sanguinaires contre les Réformez *, 6 Eglife Grecque. La defcription qu'en fait un Patriarche, dans laquelle on trouve quel eft fon Etat temporel, 130. Ce qu'elle fouffre ,132. Quelle eft fa Con- feflion de Foi 1 135'. Ce qu'elle foûtient contre les Latins touchant la Proceffion du Saint Efprit, & les railons qu'elle en allègue, 136. 13S. 139. 140. 141. 142. LaDoôrine & l'ufage de fes Sacremens , 1-42. 143. 144. 14') • 146. La Commu- nion des Laïques fous les deux Efpéces, 147. Sa Difcipline & fon Gouvernement ' Ariftoctatique, 147. Le nombre de fes ABETIQUE. Patriarches & leurs prérogatives , I48. Leur Tyrannie & leurs malverfations, 151. Les Cérémonies de leur inftallation, if2. Le Sacre des Evêques , 15-3. La Dignité des Chôrévêques , 15-4. Les dif- férentes Sedes des Grecs & leurs Herelies, ï5'4- Iff- Les principaux Articles fur lefquels tous les Grecs non Latinifez con- viennent & fe trouvent prefque entière- ment conformes à la Créance des Réfor- n}ez, 42.7.428.429 Eglife Romaine tenue pour Antichrétienne parles Grecs, 429 Eglife Grecque réduite dans un miférable état , 2. Elle ne veut point avoir de Com- munion , ni de relations avec le Papif-' me,. 2^ Egypte. Les Grecs n'y difputent point fur la Religion. 4^-.. Elogedelafciencedes Réformez fait par un Concile Grec de Jérufalem, 272.273 Eloges que lesPapiftes refufent aux Réfor- mez , 1 1 Emillaires du Papifme. Ce qu'ils font en Egypte contre les Grecs , 4^ Empire des Grecs , offert à Mahomet Se- cond par le Pape P/> Second, 19 Empire Tyrannique de la Papauté condam- né par un Concile Grec de Jérufalem , 306. 308 Ephefe. Ge qu'on y a décidé de très remar- quable dans un Concile Général qui borne tous les autres, 137 Epicureïfme d'un Grec Latinifé fameux à\Ç-. ciple des Jefuites. Diveffes réflexions cri- tiques fur cette matière, depuis la page iio.jufquesàlan4 Epîtres de Saint 'Jaques > & de Saint j'a^^. Ce que le Patriarche Z,7/fflr, Luther, Mr. Jurieu , Richard-Simon , & les plus fa- meux Critiques anciens & modernes, en ontdit, S6.87. bS Erreurs du Papifme , qui fe répandent par tout, 161 Efpéces confacrées de l'Euchariftie, fîgni- fient \iifnhJlaKce du Pain & du Vin , félon les Grecs , 399. 400. 401- Efpérance > crainte & autres motifs qui ren- dent les tanoignages nuls , 518 Etats Généraux des Provinces -Unies dés Païs-Bas , calomniez fans aucun fonde- ment, par un Ambafladeur de France, tou- chant des matières de Religion , 480. 481 . Et juftifiez de toutes ces fauffes accufa- Xxx 3 tions,. tions , TABLE ALPHABETIQJLIE. par des preuves très autentiques & Favoris ,Courtifans, Familiers, Aflbciez> Penfionnaires , Beneficiers , DomelHques, Crcanciers , & autres qui ne peuvent pas rendre des témoignages dignes de foi » entièrement irréfragables, jSz. 483.484 Evangiles Apocryphes recueillis dans un Vo- lume ou il y en a plus de cinquante. Re- marques là-dellus. 89 Evêques & Dodeurs de l'Eglife Gallicane qui confirment la Dodrine des Egliles Reformées contre laDodrine de laTranf- îubftantiation , font plus de cinquante, nommez à la page _ 416 Evêques Grecs mourroient deftim fans les changeraens fréqueus de leurs Patriar- ches , 64 Exadions des Patriarches, Evêques, Papas ôcCaloyers, 104 Exceptions qu'on peut alléguer contre tou- tes fortes d'Aftes, d'Ecrits, de Témoigna- ges , & de preuves , 5° ^ Excommunication que les Grecs fulminent tous les ans contre les Papes & contre l'E- glife Romaine, 43^- 437- 443- Explication métaphorique d'un Paflàge par lequel une Affemblce du Clergé de France autorife le Dogme des Réformez contre la Tranffubftantiation , 4i 9 Expreffions v.igues & indéterminées qui ne prouvent rien, S 09 Extorfions horribles des Patriarches Grecs de Conftantinople , 457. Celles d'un Métropolitain Grec , 3 Extravagances & fables confirmées pardeux Patriarches, & par cinquante Evêques & autres Eccléfialliques Grecs, 45-9 Extrêm£-On£lion rejettée par les Grecs, 418.450 F. FAbles que les Grecs adoptent en matière de Religion, 4158. 45-9. Celles de la Vie de Saint Gfor^e, félon un Patriar- che Grec, 181 Fa£tion & perfidie de plufîeurs Métropoli- tains Grecs, " 317- 31S Faâionsdes jéfuites contre les Grecs, de- truites à Smirne , à Alep & en d'autres lieux» ^^9 Faits très importans pour la Religion conte- nus dans les Lettres &les Relations d'un Ambafladeur de France , dont les extraits font dans les pages , 463.464.465- Falfificationde plufieurs Décrets, faite dans le Concile de Jérufalem, tenu l'an 1672. fous le Patriarche Dojlfhe'e , 367 , &c. Falfification du Concile gênerai de Nicéc fé- lon les Grecs, 137 I 5-Z2.S23 FaulTetez foutenuës pai- les Dofteurs de Port Roial*, II. 12. 13. Leurs mentbnges &impoftures, 38. i9-'i-6z. 16'^. 266.169. 271. 17s. 2S0. 2S3. 2S 357 Feu Saint du Sépulcre de JefusChrift, dont le Patriarche de Jérufalem retire vingt mil- le écus tous les ans. Remarques très cu- rieufes là-defTus , 443.444 Fidèles , à l'exclufion de tous les autres , font les véritables & feuls Membres de TEdife, félon la Doârine du Concile de Jérufalem de l'an 1672. qui en cela & en plufieurs autres chofes , eft conforme à la Créance des Reformez, 385" Figure toute fimple du Corps & du Sang de JefusChrift dans l'Euchariftic, reconnue par vingt-fix Prélats, & par vingt-quatre Doâeurs de l'Eglife Gallicane, 416 Filiation des Hcrefies , fur quoi elle eft prin- cipalement fondée, 48 Flatteries de deux Conciles Généraux pour étendre l'Empire Papal , 189 Fleuri., Marquis Savoiard. Sa Relation tou- chant les Ifles de l'Archipel , & les débats des Grecs de ces Païs-là avec les Latins pour la Religion , 468.469 Foi des Grecs établie fur l'Ecriture Sainte & non pas fur les Traditions humaines > 288. 289.290 Foijuftifiante, en quoi elleconfifte, félon les Grecs de Jérufalem, 381.388 Formalitez necefifaires pour la validité d'une Confeffion de Foi des Grecs , félon la dé- claration du Concile de Jérufalem tenu l'^an 1672. fous Dafahée, 299. 300.301. 302. TABLE ALPHABETIQ^UE. 30Z. 303. 304. 47i. 473- Forme de la Confecration de l'Euchariftie parmi les Grecs, n'eft point attachée à un certain nombre de Paroles, comme dans l'Eglife Romaine, 434 Fourberies de la Seâe des Cophtes envers les Papes de Rome , 189 Fourberies , impoftures & malverfations des Jefuites, miTcs en abrégé dans un Cata- logue de vingt Articles , 461- Fourmilières de menibnges & de dogmes contradictoires dans un Synode des Grecs de Moldavie, J37 Franc- Arbitre , nié par les Grecs de Jeru- falem , 390 Franciscains , Moines Papiftes de Jeruûlem, réjouïs du banniffement des Jefuites. qui voulorent leur enlever la Garde du S. Sé- pulcre , 230 Fureur d'une Cabale de Jefuites contre les (arecs, G. 206 G/Jlanus. Son Hilîoire imprimée à Rome l'an lôfo. aux dépens de la Congré- gation Papale de la Propagation de la Foi , contient diverfes preuves authentiques que la Religion des Grecs Arméniens , & celle de ceux de la Colchide, de l'Ibérie & de plufîeurs autres Nations Chrétien- nes du Levant, eli beaucoup plus con- forme à celle des Réformez qu'à celle du Papifme, 432 Geans enterreï dans l'Ifle de Micone avec un Patriarche Grec , dont quelques Moi- nes ont donné la Confeffion de Foi aux Dofteurs de Port-Roial, 471 Gens de baffe extra6Hon qui mènent une vie rampante, & qui n'ont pas de quoi vivre , font trcs fufpeârs dans leurs témoi- gnages, yi9 f20 Gens privez de leurs Charges > de leurs Em- plois , ou de leurs Dignitez , pour quel- que malverfation , ne font point dignes de foi, en ce qu'ils atteftent, fii Gens fans vertu & fans fcience, font éga- lement récufablesen ce qu'ils atteftent en matière de Religion, 5-20 Grand Seigneur a un pouvoir exhorbitant & defpotique, fur toutes les Eglifes des Grecs établis dans fon Empire , 64 Grecs. Dans quels Païs ils font maintenant difperfez, 8. Ils parlent avec éloge des Miniftres Réformez , 16. Il n'y a plus de , iaï parmi eux dans plufîeurs Roiaumesà H' Provinces, 61. Ils rejettent le Concile de Florence , & font des imprécations contre tous les Grecs qui y ont aflifté, 123. Quelle eft leur ignorance & leur ftupidité, 130. 45-9. 460. 464- 465-. Ils ne font aucune difficulté de déguifer leur Religion, jufqu'à la fin de leur vie , pour des intérêts temporels , 466. 467. Fauf- fetez & impoftures contenues dans une «juarantainc de leurs Confeffions deFoi, 497. 498. 499. Et dans tous leurs Ecrits dont il y a quantité d'Extraits accompa- gnez de Remarques depuis la page 262. jufqu'à yoi. Grégoire à'Àr/iafie, Anti-Patriarche de Con- ftantinople , f€ foûmit au Pape pour ob- tenir cette Dignité , & fe rendit exécrable parmi les Grecs à caufe de cela, &pour divers autres fujets *. a H. Abitans des Ifles de l'Archipel , au nombre de cent quarante-cinq mille , parmi lefquels la Religion Grecque eft prefquentiérement confondue avec la La- tine, _ 467 Hûga^ Corneille , Ambafîàdeur des Etats Généraux à Conlfantinople , durant la vie du Patriarche Lncar. Son Eloge tait par ce Patriarche, 6. Remarques fur le mérite, les talens, & la Religion de ce- Minirtre d'Etat, 21. 22. 23. Magnifi- cence de fa réception à la Porte Ottoma- ne, 24. 2f. Les fwears particulières que le Grand Seigneur lui fit, 26. Cet Empe- reur & tous fes Vizirs le confultoient dans leurs plus importantes affaires, com= me l'affure ce même Patriarche Grec, 30 Haine mortelle des Grecs contre l'Eglife Romaine & les Papes, marquée par des Cloux afEchez dans une Eglife de Jeru- falem , 44 j Mardonin^ Jefuite, détruit toutes Tes Tra- ditions des anciens Pérès , eflimant qu'el- les font trop favorables à la Religion Re- formée *, 2J Hattercherif, ou Patente du Grand Sei- gneur, accordée aux Latins j aupréjudi- ce des Grecs qui maintiennent leurs droits à force de coups de bâton dans une Egli- fe de Jerufalem , 450 Hcréfies du Cardinal Bellarmift, reconnues & notées par un Patriarche Grec d'Ale- xandrie, iSy Hiiremie ^ Patriarche Grec dit Conftatrtîco— Xxx 4r pl«vr TABLE ALPHABETKiUE. pie, entre dans des Projets du Papifme, 211. Et foûtient pourtant qu'il n'y a que deux Sacremens, 435- 436 Hollandois. Gens d'efprit & fort experts en beaucoup de chofes , comme le témoigne un Patriarche Grec, 172, Holftcmus, fon Hiftoire des Nations du Levant imprimée à Rome , par les foins du Cardinal Barberi» , condamne les er- reurs du Papilme, 431 Houran, dans l'Arménie. Deux Patriar- ches & quarante Evcques , ou autres Ec- clcflaftiques Grecs, de ce Païs-là, ont ligné des fables & des opinions les plus extravagantes du monde , pour contenter les francs Arméniens Papilles, & les Pré- lats de France qui ont voulu s'en préva- loir contre les Réformez. 459 I. JAcobites. Le portrait fort remarquable de cette Sefte de Grecs , fait par un Pa- triarche d'Alexandrie, 15-4. 15-9 Janfeniiles , détruifent l'Autorité del'Eglife Romaine * , s Jaques Apôtre. Ce que les Grecs & les La- tins difent de fon Epître, de fd Liturgie, de fes Reliques, & de S. Jaques Frère de JefusChrift, 96.97.98.99 Jaques Premier, de ce nom, Roi d'Angle- terre. Ce qu'il a fait pour favorifer les bons deiïeins des Grecs , en matière de Religion, 47 Idolâtrie condamnée , dans toutes fes Ef- peces, par les Grecs, 191 Jefuites. Leur cruelle Perfécution contre le Patriarche Lucar, 15-. &c. Leur in- duftrie, leurfagacité, leur Puiffancepro- digieufe & l'Encyclopédie de leur Mora- rale, 12. La condannation de leur So- ciété & de leurs Ouvrages, 13. Ce qu'ils font pour fcduire les Grecs, 29. Ce qu'ils confeillent au Pape touchant le Patriar- che Lucar , 6f. Ils donnent foixante mille écus pour le faire dégrader, 66. Les violences qu'ils exercent contre tous les Grecs qui leur réfilknt, 162. Pour- quoi ils fe mêlent des affaires publiques , 192. Dans quelle vûë ils établiflent un Collège à Gonffantinople, 202. Ils em- ploient diverfcs rufes & enfuite les plus noires impoftures & la force tyrannique des Turcs pour détruire ceux d'entre les Grecs qui leur rélilloient, 204. 20 j Ils font emprifonnez à Conllautinople & jet- iez dans un Cachot avec les fers aux pieds , 228. Et après cela bannis honteufement de tous les Etats du Grand Seigneur , 229. Challez pour divers crimes de Malthe , ide Venize, deCochin, du Japon, d'An- Îleterre & de plulieurs autres PaVs , 462. ^eurs fourberies, leurs impollures, leurs perfidies & leurs malverfuions indiquées dans un Catalogue de vingt Articles, 462 Jeûnes & abUinences des Grecs. En quoi ils les font principalement confiller , & de quelles Oeuvres de piété ils les accompa- gnent, iSf. 186. 1S7 Ignorance prodigieufc dans laquelle l'Eglilc Grecque eft plongée , 29. 46. 379 Images & leur Cultecondanné par un Con- cile de trois cens trente- huit Evêques Grecs, 408. 409. Ce qu'un Patriarche d'Alexandrie en a dit, 194- Les contes fabuleux de quelques Patriarches moder- nes & de plufieurs Grecs Latinifez qui ont voulu favorifer les erreurs du Papif- me fur cela, 45-6. 4f 7. 45'8 Impofitions que les Grecs paient annuelle- ment aux Turcs, 103 Impolleurs inconnus , dont il y en a plus de G inqcensqui ont rendu divers faux témoi- gnages contre les Réformez à la follicita- tion des Prélats de France. 499 Impollures des Grecs de Jeruftlcm & des Doâeurs de Port-Roial , mifes en ufage contre les Réformez par les Prélats de France, 39 4o.z6i.z6^. z66.z69.z71. 27S.2S0. 2S3. 2S(î. 28 S. 292. 297. 310. 311. 31S. 319. 320. 321. 32"?. 32(î. 33(5. 337- 338. 339- 340 34^. 34<î. 347- 34?. 349. 3'io. S'îi. 3'^i-3'i3- 3S4.3'i')- SS*- 3')7-3'iS- l^^-l^'^- 166. 371. 377. 379; 380. 3S6.3SS.44S. 4S4- 4';') 45<î 457- 4'j9. 4(50. 473- 474. 479- 49o. jufques à 501. 11 y a plulieurs fauflètez bien démon- trées, contre CCS Prélats, dans chacun de ces Articles, & même quelques-uns dans lefquels on en trouve des douzaines entiè- res,qui ferviront à les charger de confufion dans tous les liécles à venir. Indes habitées par des Chrétiens du Rite Grec. Les horribles cruautez du Papif- me contre ces Peuples & leurs Evêques, S0.81. 82.83 Infaillibilité des Papes & des Dodeurs , niée par les Grecs , 303. 304 Infection de l'Eglifc Romaine. Ce qu'en dit un Patriarche Grec , ap In- TABLE ALP Injures mal fondées rendent nuls les témoi- gnages de ceux qui outragent d'une maniè- re palïïonnée ceux contre lelquels ils dé- pofent, yi3-fi7 Innovation touchant le Dogme de laPrefen- ce réelle , celui de la Tranfîubftantiation & tout ce qui en dépend, faite infenfible- ment dans le Papifme , comme il paroît dans un ancien Cérémonial Romain très remarqi:able, 415' Inftallation des Patriarches Grecs. Ce qu'elle coûte , 64 Inftitutions humaines , indiffe'rentes parmi les Grecs, ■• 146 Inftrudions & avertiflèmens donnez aux té- moins , rendent leurs déportions nulles , • si6 înftrumens dont le Papifme fe fert parmi les Grecs*, 6 Intention de confacrer n'eft point connue des Prêtres Grecs» 434 Intérêts particuliers , ou généraux qui con- cernent les témoins de quel caraâére ou condition qu'ils' foient, rendent leurs té- moignages nuls , 40$- Interrogatoires & Réponfes entièrement uni- formes dans tous les termes , rendent les dcpofitions des témoins nulles , ' f 1 6 Intimation de vingt-lix Méthodes de Con- troverfe, faite aux Réformez par les Agens du Clergé de France dans les Alïemblées Conliftoriales *, 5- Jre'ne, Mère de l'Empereur Conllnntin. Ses Cruautez , fes Idolâtries & fa Tyrannie parmi les Grecs, 418 Ifles de l'Archipel & des Princes. Quelle eft la Religion des Grecs qui y demeu- rent, & la crafïè ignorance de tout leur Clergé, _ _ 4'54-4<5j- Jugement d'Autorité qui doit intervenir dans les difputes importantes , faute de quoi on n'en voit prcfque jamais terminer au- cune dans leforeEcclélîaftique, non plus que par devant les Tribunaux Civils > ou Criminels , " foi Juges, Avocats, Procureurs, Confidens, Solliciteurs, &c. en quels cas leurs té- moignages ibnt nuls, fo6 Juricii , Miniftre. Ses Préjugez Légitimes contre les Papiftes * , 6 Juftification du Patriarche Lucar ^ fe trou- ve dans un Ecrit de Mr. de Nointel ^ Ambafladeur de France , 39 Juftificatiou par la Foi fans les Oeuvres, HABETIQ^UE. enfeignée par les Grecs. 24^ K. ^^ KAra-Mnflapha-Bacha , trouve le moien d'arracher quatre mille écus des Grecs & fcpt mille des Latins dans le Jugement d'im Procès , où il ne décide rien pour les uns , ni pour les autres , 469 Kerarama. Confeffion de Foi d'un Evêque de cePaïs-là, 497 Kioprtili, Hamer ^ Grand Vizir, Amateur de la Juftice & de la Paix. Ce qu'il fait pour terminer les querelles de plufieurs Patriarches &Evêques Grecs, 61.62. 63 Kurek-Acheffi. Ce que c'eft parmi les Grecs & les Turcs. 103 L. LEgalifation d'un Concile de Jerufalem, tenu l'an 1672. faitepar Mr. de ATo/»- tel ^ AmbafTadeur de France à Conftan- tinople , 447 Le^cr , Miniftre à Pera de Conftantinople Son Eloge fait par un Patriarche, 3. 4. Ç. 115-. Ce qu'il dit de fa Doârine & de fes Vertus, 116. Remarques touchant fon commerce de Lettres avec le Patriar- che Z^c^r, 9. Touchant fon établilîe- ment à Genève & la Charge de PrdfefTeur que l'un de fes fils, dépofitaire de ces Lettres, y exerce maintenant, 10 Léo AUatius ^ Bibliothécaire du Pape, Men- teur outré dans fes Ecrits contre les Grecs & les Reformez , félon le témoignage de plufieurs fameux Kiftoriens Papiftes , 426- 427. Lettres Anecdotes du Patriarche Z-Kf ^récri- tes à des Réformez avec diverfes Remar- ques fur leur contenu, depuis la page i. jufqu'à 200. Lettres très importantes de deux autres Pa- triarches Grecs, l'un nommé Denis de Conftantînople , & l'autre Ncétariiis de Jerufalem, 4S3. 4S4. & 492.493. 494 Lettres de Mr. de iVo/Wf/, Ambalfadeur de France & celles de quelques autres Mi- niftres d'Etat, avec les Mémoires de ceux qui ont écrit aux Doâeurs de Port-Roial & à d'autres perfonnes , concernant la Re- ligion des Grecs, 11. 12. 13. 14. if. 38. 39. 61. 62. 63. 71' 73. 74 75". III. 113. 168. 201. 211. 214. jufqu'à 236. 313. 3if- l^S- Sr?- 368- 371- 399-40^.406. 407. 414. 41$". 419. 426. 427. 428.429- 430. 432. 434- 435"- 436 4J7- 44?-4-t4- 447. 449. 4^0. 451, 4f4. 455. 45T- 4S»- Yyy 460. TABLE ALPHABETIQUE. 460. jafqii'à 470. 472.- ■476. ■479- 4S0. jufqu'à 5-01. Ligue d'un Pape, d'un Ambafladeur & des Jéfuites contre les Grecs, aif Lille de cent quarante-cinq mille Habitans des Ifles de "l'Archipel, où la Religion des Grecs eft prefqu'entiérement confon- due avec celle des Latins, 467 Lifte de fix mille Pandoques , ou Moines Quêteurs du Alont-Athos, & du Tribut que vingt de leurs Gonvents paient tous les mois au Grand Seigneur, & l'état de la Religion de ces Caloyers Grecs, 476 Lifte des familles nobles des Grecs qui lia- bitent dans la Ville de Conlbntinople , & qui ont refufé de donner leur Confef- iion de Foi aux Do6teursdePort-RoiaI> qui en ont produit une fauffe à la place, 479 Liturgie des Grecs n'eft recitée qu'une fois par jour dans chaque Eglife, 427 Liturgies Grecques attribuées aux Apôtres. Ce qu'on en doit croire , 99 Livres Canoniques de l'Ancien & du Nou- veau Teftament. Leur dénombrement félon les Grecs , 25-1. C'eftlemêmeque celui des Réformez, 457 Livres envolez à un Patriarche Grec par Meflîeurs les Etats Généraux des Païs- Bas Réformez, 163 Loix en faveur des Grecs abolies dans plu- iieurs Roiaumes , 162 Luthériens de Tubinge. Leurs Conféren- ces par écrit avec le Patriarche Grec de Conftantinople, nommé Hiérémie. 276 M. MAcaire, Patriarche Grec d'Antioche. Ses impoftures découvertes, 4f7. Son ignorance & fes bévûës , en matière de Religion , 45-8 Magiftrats de Genève. Ce que leur a écrit le Patriarche Lticar^ i. 2. 3.4. 5-. 6 Mahométans plus modérez' que les Papi- ftes. If. 222 Maifon de S. Thomas , Apôtre. Ce qu'on en dît à Jerufalem parmi les Grecs , qui ont inventé une fourberie là-defliis pour leur profit, 97. 98 Malabar. Les Grecs 3e ce Païs-là abhorrent le Papifme, 84 Mal nécefTaire de l'ignorance, ou des dif- putes, f2 Malverfations des Jéfuites & leurs fourbe- ries , indiquées dans un Catalogue de vingt Articles , 462 Malverfations des Patriarches Grecs de Con- ftantinople, 4j-.i Manducation Spirituelle du Corps de Jefus Chrift dans rEuchariftie^ enfeignee par un Patriarche Grec d'Alexandrie,! 8 1 . 1 83 Manufcrits de la Sainte Ecriture , fallîfiez parmi les Orientaux, p.ir diverfes perfon- nés, & dans quelle vûë, 194. 19^ Manufcrits d'un mcme Synode, lignez di- verfement par les mêmes perfoiines , 328. 3^9- 330. 331- Manufcrits Originaux, fur lefquels on a compote ce Livre , mis eu dépôt dans la Bibliothèque de l'Univerfité deLcydc, & dans celle de l'Académie de Genève * ,. Mariage , n'eft pas Un Sacrement parmi les Grecs , 4^9 Mar-Jofepb , Evêque Sirien du Rite Grec , enlevé à Cochin par les Jéfuites , & en- voie prifonnier à Rome , 80 Mallacre de cent mille Chrétiens dans l'A- fie, fous prétexte de Religion, 16 Maurice , Le-Leu de Wilhem , Préfident de la Cour de Brabant à la Haye , &c. s'eft: privé , pour le bien public , des Lettres du PatriarcheXai^iïr, t^f Mauromale. Ce que les Moines Grecs de cette Ifle de l'Archipel ont attefté de fa- buleux touchant le Culte des Images , à un Amballadeur de France, 464 Mauvais augure de tout ce que difent les Moines > 5-21 Maximes fondamentales des Preuves Juri- diques , emploiées dans cet Ouvrage, fous la forme de cent Axiomes ou Aphorif- mes de la Jurifprudence, depuis la page •<;02. jufqu'à la page foS. Médiateur entre Dieu & les hommes > c'eft Jefus Chrift tout fettl , félon la Créance des Grecs , 241 . ^79. 380 Membres de l'Eglife font 1 es /fa/j Fidèles, comme l'enfeignent les Grecs dans l'on- ïiéme Décret de leur Concile de Jerufa- lem , tenu l'an 1672. fous le Patriarche Dvftthe'e^ 38^ Mémoires des Prélats de France tous rem- plis d'impoftures , 379. &c. Metiefes ^ EvêquePapiftc. Les cruelles Per- fécutions qu'il fit aux Neftoriens du Rite Grec dans les Indes, 82. 83. 84 Metaxa, Imprimeur Grec, cruellement per- fécuté par les Jéfuites, & parun Anibaf- ûdcur TABLE ALP fadeur de France à Conrtantînople ,217 Me'thode inufitée parmi les Théologiens , emploiée dans cet Ouvrage * , 29 Me'thodes de Prefcriptiou du Clergé de France *, . 5 Me'trophane Critofule , Auteur Grec, a fait une Confeffionde Foi très favorable aux Proteftans, 37- Et après cela il en afi- gné une autre toute contraire, 327.328. Cependant il blâme les Latins de ce qu'ils portent l'Euchariftie avec pompe > & de ce qu'ils la font adorer , 432 Métrophane , Patriarche Grec de Conftanti- nople , fut excommunié pour avoir témoi- gné du penchant pour la Religion Romai- ne, 123 Métropolitains Grecs , Réfugiez chez l'Am- baffadeur de France à Conltantinoplc,font les Auteurs de deux Confeflions de Foi , produites par les Doâeurs de Port-Roial contre les Réformez , 451. Raifonspour lefquellesplulieurs autres Métropolitains & Ecclélîaftiques Grecs ont été contramts de figner diverfes autres Confeffions de Foi, contre leur véritable Créance, 45- j-. 486. 4S7. Michel ., Jéfuite , fameux Emillàire du Pa- pifme à Antioche , y fuborne plufieurs faux témoins , 461 Mifuons de plufieurs Evéques de Rome, pnrini les Grecs Orientaux, 2rf Mo^ilas , Exarque du Patriarche de Conftan- tinople, découvre que les Décrets publiez fous le nom d'un Synode Grec de Molda- vie, ne font que l'ouvraged'un perfide & d'unfcélérat, 362 Moines Grecs. Comment ils deviennent Patriarches, 66 Moines Profez & Mendians font récufables en ce qu'ils atteftent, ç 20 Moldavie. Synode Grec de cette Province ligné par des perfides qui en ont approuvé un autretout contraire, 328 Mollachs , Juges des Turcs. Leur Senten- ce rendue contre des Jéfuites perfécuteurs des Grecs, 223 Mont-Athos , habité par fix mille Moines Grecs , dont il y en a deux mille qui vont tous les ans mendier dans toutes les con- trées de l'Orient. Quelle eft leur Religion & leur ignorance, & quelles bafTeflès ils font en gueu fant , 476 Monumens Authentiques de tout cet Ou- vrage*, 25. Ceux de la Tyrannie Papa- HABETIQ^UE. Ya\K Ce"î de la Religion des Grecs, &de lafeufleté deplulieurs Confeffions de 1-01 des Orientaux produites contre les Théologiens Réformez parles Dodeurs dePort-Roial, & par les Prélats de Fran- ce, Pagei.jufquesàyoï. Morale Evangélique rendue problématique par les difputes des Cafuïtes , j-j Moreri , fameux DoSeur Papifte. Pour- quoi il n'a pas fait le dénombrement de tous les Patriarches Grecs de Conftanti- nople, dans fon grand Diélionaire Hifto- rique, 315-. Ce qu'il y a mis de faux tou- chant les Grecs qui affilèrent au Concile de Florence, oyj Mufti , Chef de la Religion des Turcs , a rendu très équitablement une Sentence fa- vorable aux Grecs , & même à tous les Chrétiens , cohtre l'attente & les inftances des Jéfuites, & d"u.n Ambafladeur de Fran- ce à Conftantinople , 223 Multiplication des Articles de Foi défendue parletroifiéme Concile Général, qui en cela eft très digne de remarque, 137 Multitude de témoins & toute une nombreu- fe populace qui dépofe tumultuairement ou en commun, ne prouve rien, ^oj-. fr^ Myfléres de la Religion qui font expofez à toutes ks contradiâions & difputes des hommes*, 22 N. Nx\rrations qui ne font pas claires & en- tières, furlefujet qu'on ;doit expli- quer en jugement , ou dehors , nedoivent jamais être mifes au rang des preuves foli- ^des, J.12 Neophite , Patriarche de Conftantinople , exilé par le Grand Sultan *, ^ Nicole. Ses Préjugez légitimes contre les Réformez * , ^ Nœud de l'amitié .Philofophique. En quoi ilconfifte, içg Nointel \ AmbafTadeur de France à la Porte Ottomane. Faits très importans concer- nant la Religion & les maximes des Grecs, contenus dans fes Lettres & Relations , dont on peut voir les Extraits dans les pa- ges 463. 464.465-. 466. Les contradic- tions manifeftes qui fe trouvent dans les autres Lettres, ou Atteftations de cet Am- bafladeur, 39. 280. 317. 318.365.366 447. 448. 449. Ses calomnies atroces contre les Etats Généraux des Provinces- Unies des Païs-Bas : fes invedives contre Y y y 2 les TABLE ALPHABETIQJJE. indiquez à la pag iesHollandois , & fes outrages contre la Religion Rcformce, 480.481. Retuta- tien de toutes fes impoftures , tirée des propres Ecrits de ce Minilîrc d'Etat , & des Aiftes les plus Autentiques dont les Dodeurs de Port-Roial & les Prélats de France ont voulu le prévaloir contre les Réformez, 4^}-J^Î-4U- . . . _, NuUitez des Contcflions de l'Oi, « taulle- tez des Atteftations qui ont été produites contre les Proteftans & contre tous les Antagoniftes de la Religion Romaine , par les Dodeurs de Sorbonne & les Prélats de l'Eglife Gallicane, fous les noms de plus de cinq cens impofteurs des Sociétez Grecques de l'Orient, comme on le dé- montre par une centaine de Preuves Juri- . diques, depuis la page 5-02. jufqucs à f2,8. O. • OEcuménique&Univerfel. Quel Juge Grec prend maintenant ce titre, S O'fficier du Patriarche de Conftantinople, qui découvre fa crafle ignorance en fignant les Décrets d'un Synode, 33S Officiersdel'EglifePatriarchaledeConftan- tinople ,& leurs ditférentes Charges, 332. o 3 '^ Opiner félon le témoignage de fa confcience n'ell pas prouver que ce qu'on croit eft vé- ritable , mais feulement qu'on le penfe de la forte , fj i Opiniâtreté des Grecs à nier que le Saint tf- pritprocédedu Filscommedu Père, 371 Opinions Arbitraires fur les matières de Re- ligion exprimées par des déclarations ver- bales , ou par écrit, de quel poids elles font parmi les Jurifconfultes , S07 Opinions extravagantes du Patriarche Dofi- îhce de Jérufalèm , & de fes adhérans tou- chant unPaflagede Saint Paul , 397 Opinions des Grecs modernes , contenues dans vingt-huit Articles,, dreffezpar des Nonces & par des Agens de la Cour de Rome, 42.7-4^8.429 Opinions des Latins touchant le Dogme de la Conception immaculée de la Vierge Marie, & fon Aflbmption en Corps &en Ame dans le Ciel , niées par les Grecs , 344. 376.377. Opinions touchant les chofes fpirituelles , & toutes celles qui font hors de la portée des fens corporels , ne fe prouvent point par des témoignages 5 fH Originaux manulcrits de tout cet Ouvrage c», 26.29 30. &î6f.. 201. Origine de tous les maux & de tout ce que les Théologiens comprennent fous l'idée du péché. Quel a été le fentiment du Pa- triarche Lucar là delfus, 239. Paflages de l'Ecriture qu'il rapporte fur cette matiè- re , 240. Calomnies d'un Synode de Moldavie contre lui pour cela ,339. 340. L'Apologie de laDodrinede cePatriarché par les mêmes Paffages de l'Ecriture , mis tout au long en François, dans les pages 441 . 442. 443 • 1 & par ceux des Pérès citez à la page 376. & confirmez par le Concile de Jcrufalem . tenu fous Dofithée l'an 1672. dont le Décret concernant l'origine du péché ell à la page 3 76. P.. P Ai on y Miniftre, attaque les Préjugez de Mr. Nicol-e*, ^ ^ PaUologiie , Empereur des Grecs. Pourquoi il vint au Concile de Florence, 123 Pamijotti ^ Drogman Grec, rend trois faux témoignages contre les Etats Généraux Réformez desPaVs-Bas, 61. Il fait dé- grader un Patriarche par vengeance, 63. Et autorife les calomnies d'un Ambaflà'- deur de France, 48s. 486. 490.491 Pandoques du Mont-Athos. Quelle eft la Religion de lîx mille Moines Grecs men- dians de ce lieu là , ^y^ Pape. Preuves que ce nom fe donnoit au- trefois à tous les Evêques , y Papilles allarmez de la Confeffion de Foi du Patriarche Lz/Ciz;-, 31. 33 Parole de Dieu non écrite , rejettée des Grecs, _ _ 174- Paroles énonciatives & accidentelles, ne prouvent rien dans un difcours, fo^- Parthcmns ufurpe le Patriarchat de Con- flantinoplc par un afiàffinat, & par Simo- nie , & en ert chafle trois fois à caufe de fes extorfions tyranniques & de fes crimes fcandaleux ; cependant il fit convoquer en Moldavie un Synode contre le Patriar- che Lucar , 313. 314 Particules des Saints. Combien il y en a, & ce que c'ell parmi les Grecs, 14c' Paflàge fort remarquable, flir lequel une Aifemblée du Clergé de France a donné une explication métaphorique , qui détruit le Dogme de laTranfiubftantiation & ce- lui delà Préfence Réelle, 419 Paffages des Pérès Grecs & Latins , au nom- bre TABLE ALP bre de cinq cens, qui font contraires aux Décrets du Concile de Jerufalem, tenu l'an lôyz. fous le Patriarciie Dofithée ^ 373' &c. Paflages tireï des Livres Canoniques de l'E- criture Sainte, qui fervent de fondement à tous les Articles de la véritable Créan- ce des Grecs , ou embaraffant , & ce qu'on leur arépondu , 48. 49. ^o Sophronins j Métropolitain Grec , enfeignant la même Do£lrine que les Réformez, 116 Sottifes & fuperllions qui deshonorent la Re- ligion parmi les Grecs & parmi les Latins , 445" Spécifications nècefliuVes dans les tcmoi TABLE ÀLPHABETKiUE. Chrift après la ConfécnuioH fans qu'il fe falTe aucun changement cîe la fubftance corporelle de ces alimens j félon la Doc- trine de trois cens trente-huit Evêques Grecs anèmblez dans un Concile du hui- tième Siècle , qui ont nié la Tranlfubilan- tiation , comme les Réformez la nient maintenant. Les preuves de ce Concile font depuis la pagc4o8.jufquesà4i6. Et les Pcres de l'Eglife qui ont enfeigné for- mellement la même choie fur ce Dogme ' contraire aux fentimens du Papifme , font citez dans les pages 403.404 40f.406.407. Symbole de Saint Athanaj'e fallîhé par les La- tins, félon le fentiment des Grecs, 14Z Synodes convoquez contre le Patriarche hu- car , par des Aflalïïns , des perfides & des fcélérats, 311. 312. 313. 314. T. TAblaturedes Inquilîteurs. Ce qu'elle ordonne pour ternir la réputation des Réformez, 18 Talifmans en ufage parmi les Grecs moder- nes, 53. Ce qu'en ont dit de plus folide & de plus curieux divers Auteurs anciens , &' les Philofophes modernes , avec ce qu'on en trouve dans l'Ecriture Sainte, 5-4. ff. 5-6. ^ 'TarqinH jéluite écervele. Ce qu'il entre- prit à Rome contre les Grecs, 117 Témoignages quels qu'ils foient , ne doivent jamais être reçus pour valides, lorsque ceux qui en font les auteurs , ou les appro- bateurs , fe trouvent fufpefts, ou chargez de quelque mauvais reproche, s'ils ne s'en juftifientpas. 5-05' Témoignages rendus par plus de cinq cens faulfaires qui ont calomnié lesRéformez *, 30. & 497. 498. 499. Témoins officieux qui dépofent volontaire- ment, ne prouvent rien, jcf Tenedo. Ifle de l'/^rchipel , où il y a des Grecs. Ses particularitez » 5-9 Teneur des Ecrits n'étant pas entièrement connue , rend nuls les témoignages de ceux qui en parlent, 50S Termes généraux emploiez dans les Attcfta- tions , ne fignifient ordinairement rien de pofitif, fij T'ctcra, Grecdenaiflance , & fameux Chef desColaques, déguife fa Religionenfa- veurdu Papifme, reuddetaux témoigna- ges à la Ibllicitation des Jéfuites, & leur flonnecent mille écus par tcftament , 466. 467. Théologie fcholaflique des Latins inconnue £MX Grecs, 401 Tintamare cftroiable des Grecs de Jérusalem dans une Proceffion fuperfiicieufc qu'ils font tous les ans , avec mi lie bouffonneries & hurlemens de pofTédez , 443. 444 Traditions de l'Eglife & des Pérès. Quelles font celles qu'on doit rejetter , & celles qui font reçues de tous les Chrétiens , 174. 27f. Quelles font celles que les Grecs im- prouvènt,i27. 174 277. Et celles qui font favorables aux Réformez, ouquidétrui- fent le Papifme félon l'opinion d'un fa- meux Jéfuitc * , 2^. Ce que les Grecs de Jérufilem en difent fe trouve conforme aux fentimens des Réformez , 373 Tradudions & Extraits des Aftes faits fans aucune formalité juridique, ne font point dignes de foi , 5^04 Tranifubftantiation. Son origine dans l'E- glife Romaine* . 4. &4if. Hiftoire trîs remarquable fur les grandes conteftations que ce nouveau' mot barbare a caufé parmi les Grecs , d'abord qu'il a paru dans un de leurs Cathéchifmes Grecs, 72 73.74.7f. Ce terme nefe trouve point dans les an- ciens Auteurs Grecs, 398. Deux Syno- des Grecs tenus contre le Patriarche L«- car , & inférez dans le Concile de Jéruf.i- lemdel'an 1672. l'ont rejette , &laCon- felîion Ortliodoxedes Grecs le détruit par fes explications, 399. Les PalTages des Féres y font aulTi contraires) 403.404. 405'. 406. 407. Ce que les Grecs mo- dernes entendent parcemotdeTranlîub- ftantiation, 295-. Le nouveau Dogme que l'Eglife Romaine a établi par ce ter- me efl rejette des Grecs, 181.183. 323. 324. Il fût déjà détruit dans le huitième Siècle par un Concile de trois cens tren- te-huit Evêques Grecs, 40S. 409. Et les Doâeursde Port-Roial & les Prélats de France n'en difconvienncnt pas eux- mêmes, comme on l'a prouvé depuis la page 41a. jufqu'à 416. Trélor précieux dans des vafes de terre. Craffe ignorance & fentiment très abfur- de des Grecs de Jérufalem qui ont appli- qué au Sacrement de l'Euchariftie, ce que Saint Paul dit là-deffus du Tréfor de l'Evangile, 397 Tribunal de la prétendue InfluUibilité du Pape & de l'Eglife, n'a aucun fondement dans TABLE ALP dans l'Ecriture , félon les Grecs de Je- rufalcm , 306. 307. 30S Triomphe chimérique des Jeluites , parmi les Grecs en Orient, 216 Trophées imaginaires du Dodteur Âr>!anld & des Prélats de France, fur les matiè- res de Controverfequ'ils ont agitées con- tre les Réformez * , 4 Tropologie touchant le Sacrement de la Sainte Ccne, rcçûë par cinquante Prélats & Docteurs modernes de l'Eglife Galli- cane, d'urte manière conforme aux fen- timens des Réformez contre la Tranlfub- ftantiation ■■ 416 Turcnne , Maréchal de France. Ce que ce fameux Général d'Armée a fait à l'occa- fion d'une Confeffioa de Foi des Grecs, - 477 Turretlii ^ Profeflèur à Genève, dépohtaire d'une Lettre du Patriarche Lucar , adref- fée à feu Mr. £)/*.-/«;/, ir Turrien^ Jefuite, s'efforce inutilement de foûtenir les Décrétales fuppofées par des impoftcurs, fous les. noms des Papes de Rome * , 25- Tyrannie de l'Eglife Romaine, reconnue & condannée par les Grecs , & par le Concile de Jerufalem, tenu fous le Pa- triarche Dofithée^ 306. 307. 308 Tyrannie & vexations des Patriarches Grecs que le Grand Seigneur favorife, par fes Barats & Patentes, 486 V. VAlets de Chambre d'un Patriarche Grec , qui fignent les Décrets d'un Synode, &fontdegroiresb£vûésparignorance,5.3.ç Validité de laConfécrationde l'Euchariftie & de l'adminiftrationdes Sacremens par- mi les Grecs, ne dépend, ni de l'inten- tion du Prêtre, ni d'aucun Formulaire, ou nombre précis de paroles, 434 Validité des témoignages, dépend abfolu- ment des raifons par lefquellcs il paroît qu'ils ne contiennent rienqui nefoittrès véritable, fii Variations dans les Témoignages. Quel examen elles requièrent , 5 10 Variations des Signatures de plufieurs Grecs, fur deux Manufcrits d'un même Synode, 328. 329. 330. 331 Varie'té des Dogmes de la Religion, tort étrange dans tous les Siècles, D'où elle procède * , i VeccHSf Patriarche Grec de Conftantinople , HABETICJUE. de quelle manière il s'expliquolt touchant la Proceffion du Saint Efprit, & pour- quoi Il tut dépofé & envoie en exil, 371 /^^«^^.//r. Théologien Grec, Laîitudinai- re, cenluré par un Patriarche d'Alexan- drie, fur fes fentimens pour la tolérance des Hérétiques, 178.180 Vénération du Sacrement de l'Euchariftie ^ejettée des Grecs, 427. 432 Vérité. Quand elle eft altérée ou fupprimèc par des témoins dans quelque partie ds leurs dépolirions, ils ne doivent point être crûs fur le refte, j-j^ Violences du Papifine contre tous les Grecs qui lui réfiftent, 162, Vilions & extravagances du Patriarche £> ^'7'- Loi, p. 96. 1. 31. quinousparoît fuffifante lîic- qui .NE NOUS PAROÎT PAS SUFFISANTE pour réfoudre le doute du Patr'iirche Lucar, mais très propre à faire fentir les difficultez de la contrariété apparente &c p. 167. I. 3J. de W'ûhtm^ ajoutez Fils de David Le-Leu de Wilhem, Prélident' &c p. 1S4. 1. 8. iîXTW TTirxhy 7 l'fiz xamt c-zrtfSy,» , ibid. 1. 13. SutntTomiti-nit , lij'cz O!;(rr,î«r«*oijrs» ' p. 185". I. 18. viîîTTK, lifez rÀçHx., ibid. x-ay-cv, lifeZ y.nKSit , ibid. i^K« , ///^^ ^^vii, ibid' ÏTnâ-vfiUo) lifez imS-ufiiei, ibid. •vJ'jOj"» , liJeZ ij'jCl'â'î, ibid. sÙ3-fsç hy-rei, ItfcZ i'J^Açhxroc ibid. 1. 24. 25. 26. 27. uAyxK, ///>« «A.)-.K, ■7Ik3-», ///>C •TO.S-iTs, rae^a, ///^^ y.oyety ^ liJ''ezyr.s,-:-P,,xcy.:-,, p. 241.1.-^ 5)0», Ufez iih , p 242. 1. 4- E'"> lifez Ait, ibid. 1. 6. aionarey^ Uf'Z iciujJX.Tct, ^ ibid. I 22 fujviii, lijez u."^^y.Xy^Knut , Uf'Z >inK>.>!^^iiTui , p. 2fO. 1. l6. i Tnix. , lij'ez iinKoi, p, 2s 3 J. 6. a-awTtç, Ufez TranTO?, p. 256. 1. 28. «;«T»>>, IfeZ àyt^nt , p. 2f7. 1, 2». Sl*,t?,x^, Uji-^ (Aa.9-«>!<, p. 263.1. f. àya-mi T»?? , lifeZ àyiTmîi , ibid. 1. 10. î'Jciyy.ii , lifez eWj^î, p. 264 J 2. cte, /(/e^ écoute, ibid. 1. 20. iyx ftiâx. , Ufez lySu.-A^ , p. 266. 1. 2. i-eterMn , Ufez .9-«»T«T», ibid. 1. 7. & 8. qu'il fut embelli, Ufez qu'elle fut embellie denouveau àdon'^ née, p. 272. 1. 4. a.a-u'i, Ufez w;-^?, p. 274. 1. 2f. plufieurs Controverlîftes , Ufez iti Controverfiftes, p. 278. 1. 12. & 13- -^T'uiGK-mc-.ii, Ujez ^a^TUTTZf.^.v , p. 2S7. 1. 17. êiTu^. »?5, Ujez A» ,«!! >-OTfi^'ç, p 289. 1. 8. ô-ir-H, Ufez .9-.=A«, p. 292 I. 31. les fam.eux Théolo- giens, ///i-x les Théologiens , p.zç3.\.';.(pù:>lvjTc^, Ufez (P'^'-;:, o-a^ , ibid.r,^é|>i, Ujl-z^^i^-^,, ibid. 1. 7. de fecourir les Brebis que par la voix, Ufez d'aller au fecours de fes Brebis' qu'en entendant leur voix; ibid. 1. if. »i«s. Ufez ■"iu-n, ibid. 1. iS. i^-^zr-ni-^a ^ Ufcz3:tz;T.- Ts?-*, p. 29 V 1. 7. citx-r, Ufez ,Qai , ibid. 1. 4. iV.ari , lifcz ix-x-rij., ibid. 1. 12. ;îfi*''a, Ujez ^i^ofS, p. 290. 1. 8, y.i-]^Khtux. , Ufez y.i^puXiun. , p. 305-. I. 3. ci», lifez èim , ibid. 1. 16. ar^-icr, Ufez «^Aje, ' p. 306. 1. 23. u>!i)>(jor , lifez »37j>C5o», ibid. 1. 28. Touy-cc^ar. ^ UfeZ ^-auax^ysi ^ p. ->C9. I t' cchYt^ii, lij'ez à>r,r5i^ p. 32I. 1. 27. l6y).,Ufez 1638. p. 322. 1.12. iy.^)i , Ifez iiiS,\ ibid. 1. 13. T», lifez ràv, p. 323. 1. 4- àxv^-r,',, Ufez àXrM',, ibid. 1. 29. Proteofe, Ufez Protefe, p. 32S. 1, 44. cinq, Ufez quatre, p. 334. 1. 43. &46. Protocincelle, life\?To- tofyncelle, p. 338. 1. 36. ««t^, Ufez ««V», p. 342. 1. 4. oùMoïfedit, Ufez où l'Auteur Sacré dit, p. 3fl. 1. 4^^ TTjtjaft-^., lifcz -^«1=!»'», p. 366. 1. 27. h^,.-,, Ujez ^»|?î, ibid. J, 36. (ffXaTT-raf, lifez (s', Itfcz. lim^ys' 1 ibid. 1. Itf. Ï5-<»<, /«y^C o ^ lifez y.»Jt,My.y,, , p. 4iff. 1. 43. a tiré, lij'ez en a tiré, p. 4^8. 1. J4- excommunient, lifez "ex- communie, p. 434- 1. iî- cpra, //Jf^ cofa, p. 4î5- 1. 4Î. ^«'^I"^,''* ^i/î/""'''^ ^' k5'»«»''«, p. 43